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Prenez garde, gentlemen européens, à l’automne grec.

Transmis par le collectif de Nîmes

Par Agnès Barad-Matrahji professeure de français – conceptrice aux Éditions FRANÇAIS PLUS.

Elle nous écrit de l’île de Lesbos où elle est rentrée, après avoir assuré des cours d’été à l’Université de Genève. Elle reprend ses activités auprès de l’association Syniparxi-Coexistence. Elle a rédigé l’article suivant, après une réunion, hier soir, avec le directeur du camp de Moria. Elle y exprime notamment le dépassement du seuil de tolérance des habitants et fait part de la détresse des « aidants », exténués et désespérés… Elle y dénonce l’incapacité du gouvernement grec à payer des employés pour surveiller les camps de nuit ou le dimanche.

La misère et la rage s’installent.

Prenez garde, gentlemen européens, à l’automne grec. Là où en est arrivée la Grèce avec le fardeau migratoire.

Après un été où s’oublient les problèmes, septembre revient sur le devant de la scène avec une multitude de problèmes. Les avoir négligé durant la période estivale ne les a pas fait disparaître mais les a aggravés. Il n’y a pas d’été pour ceux qui attendent dans des camps en Grèce depuis plusieurs mois que leur demande d’asile soit acceptée pour un pays meilleur que celui qu’ils ont quitté. Il n’y a pas de trêve à l’angoisse de l’attente, de la faim, du sommeil sous une tente. Les esprits et les nerfs sont surchauffés sous le soleil de plomb des lieux de détention où ils s’entassent.

Lieux de détention, de rétention ? Pour cette Europe frileuse de respecter ses engagements et qui laisse à la Grèce la gestion du fardeau migratoire.

Début septembre, on dénombre 60 000 migrants sur le sol grec, dont 20% se trouvent sur les îles de Samos, Chios, Lesbos. Sérieusement, peut-on les déporter en Turquie comme le proposent les accords européens ?

La situation actuelle à Lesbos est explosive.

Les camps de Moria, conçu pour 800 personnes, avec plus de 4 500 migrants et de Kara Tépé acceuillant 1 000 migrants ont atteint leurs limites. Il faut savoir que 60% y sont des femmes et des enfants. Dimanche 4 septembre, 156 personnes sont arrivées dans des embarcations de fortune sur l’île. Lundi 5 septembre, 136. Les chiffres sont quotidiens. Les possibilités d’hébergement sont épuisées et les conditions de vie difficiles. Difficile de fournir de l’eau, de l’alimentation, des premiers soins. La moyenne d’attente de l’étude d’un dossier et de sa résolution est d’environ quatre à six mois.

Les migrants se savent piégés en Grèce.

Leurs espoirs se transforment en colère. Les épisodes de rixes sont désormais courants. Chaque jour, à la moindre étincelle, se déclarent des incidents sérieux. Les craintes sont grandes pour le directeur du Centre de Moria, Monsieur Kourtis.

Dernièrement, il a recherché en vain un ophtalmologue à l’hôpital pour un jeune syrien. Les rendez-vous s’éternisant à l’année prochaine, il a déniché un spécialiste qui a diagnostiqué que le jeune homme était en train de perdre la vue. Suite à un bombardement dans son pays, chimique, sans aucun doute. Ce drame personnel a explosé en colère violente de tout un groupe de jeunes syriens dans le camp de Moria.

Ils ont tout supporté dans leur pays, mais là en Europe, c’en est trop.

Des jeunes mineurs s’en sont pris les uns aux autres dans leur malheur d’être enfermés. Ils sont 116 dans un périmètre de sécurité, c’est-à- dire avec des grilles et des portes cadenassées. Il y a 3 jeunes filles également. Pas de place pour les mettre ailleurs. Alors les Afghans sont pris pour cible par les jeunes syriens et eux-mêmes prennent les jeunes du Bangladesh pour responsables de leur situation.

La promiscuité des diverses nationalités active les querelles.

La police a laissé faire ce soir-là parce qu’elle était en sous-nombre. La situation est sous contrôle lorsqu’il y a l’armée. Pas de personnel de nuit dans le camp, ni le dimanche. Les employés ne peuvent pas travailler à ces moments-là suite aux restrictions budgétaires imposées par l’Europe.

L’argent fait défaut pour payer les salaires mensuels de 430 euros. Á ce tarif, allez-vous risquer de prendre des coups en tentant d’interrompre une émeute ?

Une quinzaine de blessés ont été soignés à l’hôpital, hémorragies, pansements, huit jeunes migrants ont pris la fuite en pleine nuit, passant par les portes des containers détruites comme les fenêtres. Ils ont été retrouvés le lendemain par la police. Le directeur du camp confisque désormais tout briquet et même papier afin que personne ne remette le feu. Personnellement, il lui est arrivé plusieurs fois d’arrêter un début de feu dans le camp. Son plus grand problème restant les appels à l’aide qui restent lettres mortes auprès des autorités locales et gouvernementales.

Il se tourne alors vers les agences humanitaires sur place, engoncées dans leur protocole et leurs missions spécifiques, nécessitant trop de temps pour référer des difficultés à leurs hiérarchies siégeant à Genève ou New-York.

Pendant ce temps, les problèmes s’enflamment. Il est fait appel à l’association locale Syniparxi, Coexistence, pour gérer l’urgence, comme le dit Monsieur Kourtis les membres de l’association sont les « pompiers » de la situation. Depuis deux mois, l’association offre des excursions hebdomadaires aux mineurs enfermés, véritables soupapes à l’échauffement de l’été et des esprits. Le directeur du camp a aussi besoin de payer un plombier, de réparer les lieux, il fait appel à l’association, pas à son ministère de tutelle. Cela fait des mois que cela se passe ainsi. Des besoins urgents sont couverts ainsi rapidement par l’association et ses membres qui organisent également des fêtes, musicale pour la journée de la paix le jeudi 1 septembre ou religieuse pour la fin du Ramadan. Il est encore fait appel à l’association pour trouver en urgence un logement à ces jeunes filles qui ne peuvent rester dans le camp au milieu des jeunes mineurs. Il faudrait d’ailleurs des possibilités d’hébergement pour les autres qui vont arriver… Le directeur du camp de Moria le déclare :

« Dans les prochains jours, les migrants ne pourront passer la nuit que dans des sacs de couchage, à l’extérieur du camp ».

Autre problème de taille sur l’île de Lesbos, la réaction de certains habitants. Le lundi 22 août, au nord-est de l’île, l’ancien maire de Molivos interdit à un bus d’excursion avec des migrants de laisser ceux-ci descendre dans les rues de la petite ville touristique. Il fait très chaud, des touristes apportent des bouteilles d’eau aux passagers du bus, dont une femme et un jeune homme blessés. Les heurts se poursuivent avec quelques habitants et l’arrivée de la police. Les migrants n’auront pas foulé le sol et repartiront dans les camps.

Les hurlements de « qu’ils retournent d’où ils viennent » fusent de quelques membres d’Aube Dorée…

L’immense problème des flux migratoires qui affecte la Grèce, transforme le territoire des îles en des camps de lutte. Lutte entre ceux qui sont enfermés, lutte de ceux qui n’en peuvent plus d’essayer de gérer un problème qui les dépasse. Lutte de se sentir démunis, de se sentir abandonnés par l’Europe.

Mais immensément fiers de parvenir à rester humains, les Grecs ont réussi là où les autres Européens auraient échoué.

TraSans moyens mais en restant humains. Fin de l’été, voilà où en est arrivée la Grèce, pliant sous le fardeau migratoire. Dévastée par les difficultés de tout ordre, la rage a refait son apparition dans ce pays appartenant à l’Europe. La rage et toutes les autres rages ensemble.

Grèce : L’ambivalence des dirigeants vis-à-vis de l’ordre financier et de la dette

Publié sur le site du CADTM le 7/9 :L’ambivalence des dirigeants vis-à-vis de l’ordre financier et de la dette malgré des débuts prometteurs de la lutte

Entretien avec Éric Toussaint, porte-parole et un des fondateurs du réseau international du Comité pour l’Abolition des Dettes illégiTiMes (CADTM). Propos recueillis par Benjamin Lemoine |1|

Cet entretien fait la généalogie de la lutte anti-dette, des plaidoyers pour son annulation, comme de la création empirique, au service des combats politiques, des concepts d’« illégitimité », « d’illégalité », ou du caractère « odieux » des dettes publiques.

Cette cinquième partie aborde l’expérience grecque entre 2010 et l’accession de Syriza au gouvernement en janvier 2015.

http://www.cadtm.org/Grece-L-ambivalence-des-dirigeants

Scènes de guerre en zone de paix

ARIS MESSINIS PRIMÉ À VISA POUR L’IMAGE :   Le photographe de l’Agence France-Presse (AFP) Aris Messinis, de nationalité grecque, a remporté le Visa d’or « News » du festival international de photojournalisme Visa pour l’image de Perpignan, pour son travail sur l’arrivée massive de migrants sur l’île de Lesbos (Grèce) en 2015. « J’ai documenté leur lutte pour une vie meilleure », a déclaré Aris Messinis en recevant le prix samedi 3 septembre à Perpignan, lors de la soirée de clôture de la semaine professionnelle du festival.

Aris termine par cette phrase : « Il faut que le monde entier voie cela. Ça ne va pas s’arrêter. Ils vont continuer à arriver, en risquant tout. La météo ne va pas tarder à s’aggraver, et ça va devenir bien pire avec l’hiver. Peut-être que si on continue à montrer ces images, quelque chose changera. C’est mon espoir. »

Voir le site : https://making-of.afp.com/scenes-de-guerre-en-zone-de-paix    Cela vaut la peine d’y aller

Il faut avoir le courage de lire en totalité cet article et le diaporama et après les larmes… la honte et la colère

 

 

Sur les réfugiés

02/09/2016   180 personnes sont arrivées en 24 heures sur les îles grecques : 57 à Lesbos, 56 à Chios et 71 à Karpathos. Kathimérini fait état d’une agitation à la frontière entre la Grèce et l’ARYM. Des centaines de réfugiés irakiens et syriens auraient tenté hier de bloquer l’axe routier allant de Thessalonique à Evzoni, mais ils auraient été refoulés par la police. Selon une source de la police,  50 à 200 personnes par jour seraient arrêtées dans le département de Kilkis, pour tenter de traverser la frontière vers l’ARYM. 

31/08/16 Revue de la presse hellénique 

Kathimerini relève que la situation sur les îles grecques est « hors contrôle » en raison de l’augmentation des flux migratoires ces derniers jours. Les autorités locales et la police portuaire appellent à l’adoption de mesures immédiates pour désencombrer les îles la situation étant devenue « ingérable ». Le journal souligne que les rapatriements vers la Turquie sont arrêtés, y compris pour les personnes n’ayant pas le statut de réfugié. En outre, le fait que le gouvernement envisage de créer des infrastructures fermées sur les îles afin d’héberger les migrants soumis à l’accord UETurquie démontre, selon le journal, qu’il y aurait un « blocage » en ce qui concerne les rapatriements.  Avghi relève que, selon les données officielles, 462 nouvelles arrivées ont été enregistrées hier tandis que le nombre total des réfugiés et migrants se trouvant sur les îles s’élève désormais à 12.120, dont 5.226 à Lesbos, 3.309 à Chios, 1.339 à Samos, 726 à Leros, 1.354 à Cos, 31 à Kalymnos, 92 à Rhodes, 19 à Megisti, 23 à Karpathos et 1 à Mykonos.  Le nombre total des /2016réfugiés et migrants se trouvant en Grèce s’élève à 59.160, dont 12.120 sur les îles, 16.967 en Grèce du nord (Macédoine – Epire), 2.406 en Grèce centrale, 11.436 en Attique, 245 en Grèce du sud, 7.786 dans des infrastructures mises en place par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, tandis que 8.200 personnes sont portés disparus après leur enregistrement officiel en Grèce. Enfin, 3.601 réfugiés et migrants sont arrivés en Grèce depuis la tentative de coup d’Etat en Turquie.
Ethnos note qu’après la fermeture de la « route des Balkans » les réfugiés et migrants ont trouvé des nouvelles voies vers l’Europe. Ainsi les nouveaux itinéraires d’immigration clandestine sont transférés vers Bogdantsi et le Lac Doïran aux frontières entre la Grèce et l’ARYM. Le journal relève qu’environ 3.500 réfugiés et migrants par jour tentent de traverser les frontières. La plupart d’entre eux sont repoussés vers la Grèce par la police et l’armée de l’ARYM. 

Grèce – Turquie : Kathimerini et Avghi relèvent qu’un procureur turc âgé de 50 ans qui serait poursuivi par les autorités turques après la tentative de coup d’Etat en Turquie est entré illégalement en Grèce. Il est arrivé hier sur l’île de Chios dans une barque transportant des réfugiés syriens. Le procureur a été arrêté pour entrée illégale en Grèce a déposé une demande d’asile politique.

 

Publié sur Libération le 28/8/16  Chios : «La situation sur l’île est explosive»

http://www.liberation.fr/planete/2016/08/28/chios-la-situation-sur-l-ile-est-explosive_1475147

Publié le 20/8/16 Migrants: Ankara exige l’exemption des visas

La Turquie ne « pourra pas continuer de stopper » les flux migratoires vers l’UE sans l’exemption d’ici octobre des visas pour les Turcs, a mis en garde le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, dans un entretien au quotidien grec Kathimerini publié aujourd’hui.

Le ministre turc a une nouvelle fois lancé cet avertissement aux Européens après l’enregistrement, par les autorités grecques, entre lundi et mardi matin, d’un nouveau pic de 462 arrivées de migrants partis des côtes turques. « La Turquie a fait sa part » pour couper ces flux, après le pacte migratoire conclu en mars avec l’UE, et attend désormais des Européens « qu’ils tiennent leurs promesses » faites en contrepartie, dont l’exemption des visas Schengen pour les Turcs, a relevé M. Cavusoglu.

Si l’UE n’honore pas ses engagements, « la Turquie ne peut pas continuer à stopper à elle seule la migration irrégulière » vers l’Europe, a-t-il mis en garde. « Nous attendons une libéralisation des visas pour les citoyens turcs au plus tard en octobre », a-t-il insisté. Athènes comme l’UE redoutent que la Turquie ne rouvre les vannes migratoires en Égée, alors que la dérive autoritaire du régime turc après le putsch raté du 15 juillet a jeté le froid sur ses relations avec les Européens.

Se comptant par milliers l’été dernier, les passages par l’Égée sont tombés à une centaine en moyenne par jour, après le pacte UE-Turquie prévoyant le renvoi de tous les arrivants après le 20 mars. Mais ils ont légèrement augmenté après le putsch raté en Turquie, avec ponctuellement des pics, dont le dernier entre lundi et mardi est un record pour cet été. Les autorités grecques se gardent pour le moment d’interpréter ces variations et s’emploient à maintenir la coopération avec Ankara.

L’interview d’Alexis Tsipras

 Revue de la presse hellénique 30/08/2016
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Real News (et reprise par la suite par l’ensemble des médias de la presse audiovisuelle et écrite), le premier ministre , M. Tsipras s’est référé aux négociations en vue du deuxième revue du programme grec.
« Nous ne revendiquons tout simplement pas mais nous exigeons et nous attendons conformément à l’accord que nous appliquons, les mesures concrètes qui rendront la dette viable. Ces mesures doivent évidement prévoir la réduction d’excédents primaires après 2018 qui ouvrirait de façon substantielle la voie au redressement de l’économie », a-t-il souligné. Il a estimé que « l’allègement de la dette pourrait même se réaliser d’ici l’achèvement du mandat du président américain, M. Omaba », en soulignant que « la voie est déjà ouverte depuis la conclusion de la première revue du programme grec ».
« La Grèce a respecté l’accord et attend maintenant que ses partenaires fassent de même », at-il ajouté.
Répondant à la question de savoir si le gouvernement qualifie de positive la participation du FMI au programme, M. Tsipras a souligné que « ce qui est le plus important pour la Grèce et de dissiper le climat d’incertitude ». « C’est pour cette raison que nous demandons à toutes les parties impliquées de faire clairement savoir leurs intentions le plus rapidement possible. En tout cas nous insistons sur le fait qu’un accord, c’est un accord, et qu’il doit être appliqué par tous indépendamment des élections qui sont organisées dans leur pays», a-t-il ajouté.
Sur la réduction des objectifs sur les excédents primaires après 2018, il a déclaré que cette décision est liée à la décision que prendra l’UE sur l’ allègement de la dette et il a rappelé que l’Europe s’est engagée en ce sens après l’accord de juin dernier et la décision de Eurogroupe du 25 mai qui serait concrétisée d’ici la fin de l’année, date à laquelle le FMI décidera de sa participation ou non au programme grec.
Sur la deuxième revue du programme grec, il a souligné que la ligne rouge du gouvernement était de ne pas céder à des mesures qui dépassent l’acquis social européen.
Sur le retour de la Grèce sur les marchés, il a souligné que « l’étape la plus importante sera l’adhésion de la Grèce à l’assouplissement quantitatif de la BCE en soulignant que cela interviendrait dans les prochains mois ». « A ce moment-là la Grèce pourrait retourner sur les marchés mais cela devrait se faire d’une façon sérieuse et réfléchie »,  a-t-il déclaré.
Sur sa participation au Sommet de dirigeants européens à Paris, le 25 août dernier, M. Tsipras a comparé  l’Europe à un « somnambule qui se dirige vers le gouffre » et souligné que « le Brexit soit éveillera les dirigeants européens soit constituera le début de la fin de l’UE ».
Il a ajouté que Berlin continue à fonctionner en tant que « caisse d’épargne » de l’Europe, avec des excédents excessifs, des salaires gelés, et un taux d’inflation faible au moment où le Sud, déficitaire, a battu tous les records en termes de chômage et de décroissance. «Si cela continue nous aurons des résultats désagréables lors des prochaines élections et référendums en Europe », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Si la doctrine de Schäuble en faveur d’une Europe à plusieurs vitesses et des zones économiques spéciales n’est pas abandonnée, l’Europe risquera la décomposition ».
M. Tsipras a estimé que les pays de l’Europe du sud doivent se regrouper et s’organiser en coopération avec d’autres pays de la région européenne, parler de la nécessité d’une convergence sociale en prenant des initiatives urgentes en faveur de la croissance et de l’emploi. Il s’est référé aux conséquences des décisions des gouvernements sociaux démocrates qui ont choisi de s’aligner, au cours des années 90, sur la droite et le néolibéralisme. Il a toutefois ajouté que le fait qu’on réalise désormais que ce choix a mené à l’impasse, est extrêmement positif car il créé des perspectives pour l’avenir. Il a ainsi qualifié d’extrêmement important le fait que les socialistes européens aient accepté sa proposition en faveur d’un débat pour rechercher un terrain commun de coopération avec la Gauche et les Verts.
Il a souligné par ailleurs que la question de l’Europe n’est pas seulement idéologique mais aussi une question de différentes vitesses.
Il a souligné, enfin, que les pays du Sud doivent désormais rechercher des moyens plus efficaces pour intervenir dans la politique européenne.
Sur ELSTAT (Office national des statistiques) et l’affaire Georgiou, il a souligné que ce dossier est entre les mains de la justice et n’appelle aucun commentaire de sa part. Il a toutefois déclaré que cette affaire a créé une grave tension interne au sein de la Nouvelle Démocratie.
Sur la Nouvelle Démocratie, il a estimé que le parti suit une stratégie d’opposition « constamment furieuse et incohérente » et ajouté que, si le parti continue ainsi, il aura des grandes difficultés pour se construire en tant que milieu politique sérieux.
Sur l’éventualité d’un remaniement après le congrès de SYRIZA il a déclaré que le souci constant de son gouvernement était la meilleure coordination et l’efficacité. « Le reste sera discuté le moment opportun », a-t-il souligné.
Il a insisté sur les réparations allemandes en déclarant qu’en aucun cas la Grèce renoncera de ses droits. Il a qualifié cette question de question nationale en soulignant : « nous élaborerons une feuille de route dans le but de clore cette question de la façon dont celle-ci devrait être close ».
Il a par ailleurs déclaré que le gouvernement suit de près les évolutions en Turquie et estime que le retour à la normale sera bénéfique pour tous. Il a qualifié de positif le fait, qu’après la tentative de coup d’Etat, les relations entre la Grèce et la Turquie n’ont pas été perturbées et il a déclaré que l’accord UE-Turquie continue à être appliqué.
La presse (in.gr, Avghi) relève que l’interview du PM a suscité de vives réactions au sein des partis de l’opposition. Ainsi,  la ND a estimé que « M. Tsipras conduit le pays vers la paupérisation et la marginalisation tout en restant accroché au pouvoir et en tentant de contrôler les institutions et les médias » Pour le PASOK « Tsipras perd son temps, il ne peut pas continuer à tromper les Grecs, le peuple a compris». La Rivière a qualifié M. Tsipras de « meilleur élève du vieux système politique qui a conduit le pays à la faillite ». Enfin le KKE a souligné : « le conte de M. Tsipras ne peut plus convaincre le peuple ».

Polémique entre Bruxelles et Athènes sur les statistiques grecques

 Bruxelles réaffirme que les statistiques sur le déficit grec qui ont déclenché la crise en 2010 étaient exactes. Alors que la justice grecque tente d’établir si ces chiffres ont été artificiellement gonflés, Athènes s’insurge contre cette prise de position de la commission européenne.

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/polemique-entre-bruxelles-et-athenes-sur-les-statistiques-grecques-594115.html

Sur les réfugies

26/8/16 Le droit au secours des réfugiés: entretien avec François Cantier 

En juillet 2016, François Cantier, président d’ASF France, est allé en Grèce avec une équipe d’avocats à la demande de Médecins du monde pour apporter une aide juridique aux migrants qui continuent à arriver – au péril de leur vie – sur les côtes grecques. Il explique pourquoi l’accord UE-Turquie est une violation du droit européen, et un péril pour l’avenir de l’Europe.

https://blogs.mediapart.fr/edition/patriotes-de-tous-les-pays/article/260816/le-droit-au-secours-des-refugies-entretien-avec-francois-cantier

23/8/16 Selon Frontex, la garde côtière grecque a tiré sur des bateaux de migrants : 

Le Site The Intercept a révélé des documents de l’Agence européenne FRONTEX qui prouve que des gardes côtiers grecs ont tiré sur des bateaux de migrants. L’ un des incidents décrits par la publication en ligne a eu lieu il y a deux ans en Mars 2014, quand un petit bateau transportant 13 réfugiés syriens a essayé de rejoindre l’île de Chios dans la mer Egée orientale. Un total de 16 coups de feu ont été tirés, trois passagers ont été blessés.
Selon le site The Intercept qui a révélé l’histoire et a publié les documents FRONTEX, « après ce tir, l’ un des officiers de la Garde côtière impliqués a été arrêté. Selon les rapports de la cour, il a admis avoir tiré 30 balles et rechargé avant de continuer à tirer. Devant la cour, deux autres officiers à bord le lui ont reproché, en disant qu’il a agi de son propre chef et non pas sur les ordres de son supérieur. Le tir a été traité comme un événement isolé « .
Moins d’un mois plus tard, un tribunal grec a jugé que les officiers de la Garde côtière, y compris celui arrêté, n’ont rien fait de mal ; ils ont tiré pour arrêter un trafiquant présumé.

Un incident isolé?

Une série de rapports d’incidents de FRONTEX qui opère aux côtés de la Garde côtière, obtenus par The Intercept , révèle « une tactique grecque et européenne plus large de l’ utilisation des armes pour arrêter les bateaux de passeurs présumés – et en blessant ou en tuant des réfugiés dans le processus. »
« Les documents qui ont été expurgés pour protéger les détails opérationnels, mais qui ont été par inadvertance libérés par FRONTEX, révèlent plusieurs cas d’armes à feu utilisés contre des bateaux transportant des réfugiés, » note The Intercept
Les rapports couvrent une période de 20 mois à partir de mai 2014, deux mois après la fusillade de Chios, jusqu’à Décembre 2015. « Chaque cas d’armes à feu utilisée – même dans les cas où quelqu’un a été blessé – a été décrit comme faisant partie des règles standards d’engagement pour arrêter les bateaux en mer, » écrit le journaliste de The Intercept.
L’histoire complète , y compris les documents FRONTEX et la carte des incidents sont ici sur The Incercept : https://theintercept.com/…/coast-guard-fired-at-migrant-bo…/
Document vidéo issu d’un reportage de la télé allemande Deutsche Welle : https://www.youtube.com/watch?v=PpZierI8l_g

Photo: carte des incidents élaborée par The Intercpet

 

23/8/16 Le figaro Grèce: 54.000 réfugiés bloqués sur le territoire

La Grèce a annoncé aujourd’hui avoir conclu le recensement de la quasi-totalité des réfugiés et migrants bloqués sur son territoire après le verrouillage européen, 54.000 personnes, dont nombre de Syriens éligibles à l’accord de répartition dans l’UE.

Ce total a été établi par le ministre adjoint à la politique migratoire, Yannis Mouzalas, à l’issue d’une procédure de pré-enregistrement lancée en juin par le service d’asile grec et le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU.  L’opération a permis de « commencer à ordonner le chaos » provoqué en février par la fermeture de la route des Balkans par laquelle avaient transité depuis 2015 plus d’un million d’exilés de Grèce vers l’Europe du nord, s’est prévalu M. Mouzalas dans une conférence de presse.
Le décompte établi par M. Mouzalas inclut les quelque 11.000 réfugiés et migrants retenus sur les îles grecques depuis l’entrée en vigueur le 20 mars de l’accord UE-Turquie qui prévoit leur renvoi dans ce pays.

Cette population mise à part, les recensements établis signifient que le pays va devoir prendre en charge dans la durée plus de 40.000 réfugiés et migrants, avec des délais pour conclure les procédures d’asile devant courir sur au moins un an, a commenté pour l’AFP une source gouvernementale. En particulier, la procédure de pré-enregistrement menée depuis juin a visé 27.592 demandeurs d’asile, dont 43% sont des femmes et 46% des mineurs.  Plus de la moitié (54%) sont Syriens, 27% sont Afghans (27%) et 13% Irakiens. « Environ 75% » de cette population peut prétendre à l’asile, que ce soit en Grèce ou dans l’UE, a souligné M. Mouzalas.

23/8/2016  Kathimerini fait état à la Une du plan élaboré par le gouvernement pour désengorger les îles grecques, prévoyant :

-la création d’infrastructures fermées sur les îles dans lesquelles seront détenus, jusqu’à l’achèvement des procédures pour leur départ de Grèce, les réfugiés ou migrants ayant enfreint la loi ou fait preuve d’agressivité. Toutefois les réactions des habitants risquent de retarder ce projet.

-le transfert à Athènes des migrants ou réfugiés ayant commis des infractions pénales : ils seront détenus dans des centres provisoires avant leur départ de Grèce.

– le transfert vers la Grèce continentale des réfugiés et migrants dont les demandes d’asile auront été examinées en première instance et dont l’examen en deuxième instance reste en suspens.

Par ailleurs, un nouveau centre d’accueil sera opérationnel à Thèbes dans quelques jours : y seront transférés dans un premier temps 400 à 600 réfugiés et migrants se trouvant sur l’île de Chios qui est confronté au plus grand problème de surpopulation en raison du manque d’infrastructures. Dans un deuxième temps, 400 réfugiés et migrants se trouvant sur l’île de Lesbos seront également transférés vers ce nouveau centre.

Toujours selon Kathimerini, depuis le 13 août 1.138 nouvelles arrivées ont été enregistrées sur les îles grecques notamment Lesbos, Chios, Samos, Cos et Leros. Le nombre total des réfugiés et migrants se trouvant actuellement sur les îles s’élève à 11.343, contre une capacité d’accueil de 7.450 personnes.

Visite en Grèce du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés : Avghi relève que Le Haut-Commissaire des Nations Unies (HCR) pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, effectue à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 25 août une visite en Grèce. Il aura des entretiens avec le Président de la République hellénique, M. Pavlopoulos, le PM grec, M. Tsipras ainsi qu’avec des membres du conseil des ministres. Il se rendra dans des centres d’accueil des réfugiés en Attique et en Macédoine centrale.

Revue de la presse hellénique 22/8/2016 

Selon Ethnos, les réfugiés ont trouvé une nouvelle voie vers l’Europe via la Bulgarie (frontière entre la Turquie et la Bulgarie) et l’Evros afin d’éviter de se trouver bloqués dans les îles grecques. Sofia demande ainsi l’aide de l’UE pour la surveillance de ses frontières avec la Turquie. Par ailleurs 300 personnes tentent, en moyenne, de passer chaque jour les frontières entre la Grèce et l’ARYM, selon le journal.

21/8/2016  Il faut tenter de passer en pleine nuit une frontière des Balkans pour imaginer la peur de ceux qui n’ont pas de papiers. Les faisceaux des lampes torches le long des voies, les aboiements des chiens tenus en laisse près des roues des wagons, les voix qui se répondent dans une langue inconnue fabriquent ensemble une terreur que l’aube n’arrivera pas à effacer. Il faudra la foule d’une grande ville pour se sentir à l’abri à nouveau, dans le mouvement des milliers de visages habitués à ces rues qu’on découvre, on recommence un peu à croire en sa chance, en se disant qu’on pourra échapper aux patrouilles arrière des garde-frontières. Belgrade, Skopje, Sarajevo. La route des Balkans est devenue pire qu’un dédale de capitales jusqu’à l’Autriche. La Slovénie est un passage et plus au nord, Berlin redevient un point de convergence, le centre de gravité d’un continent si riche qu’il prétend nier le droit de fuir des victimes que la guerre à ruinées.
Qu’avons-nous appris si nous laissons les polices d’Europe monter la garde d’une forteresse barricadée ? Nous savons depuis longtemps qu’au Liban et en Turquie, les camps de réFugiés par millions sont un mouroir. Comment lutter ? Le plus simplement du monde. En tendant la main à ceux qui fuient. En ignorant les lois qui veulent maintenir le malheur de l’autre côté de nos frontières. Il y a urgence.

20/8/16  Réfugiés Chronique de Tieri Briet à Θεσσαλονίκη, Thessaloniki.

Elles sont dangereuses, les paroles d’impuissance. Parce qu’elles acceptent la soumission à des lois meurtrières.

Dans la non-vie des réfugiés à l’intérieur des camps, c’est l’ennui sans remède des enfants qui érode l’espérance. Leurs parents sont épuisés, malades d’angoisse, traumatisés à vie d’avoir vu la mort assénée autour d’eux. Et puis j’ai croisé Vesna et Peter hier soir. Elle est Croate, il est Autrichien. Ils sont clowns tous les deux et font le tour des camps de Thessalonique, entourés partout d’une meute d’enfants qui attendaient de rire depuis des mois. Oussama les a pris dans ses bras. J’ai fait une photo pour envoyer à ses parents, qui sont restés en Syrie vendre tout ce qu’ils ont. Pour envoyer un peu d’argent à leur fils. Le seul de leurs enfants qui n’ait pas été tué par l’État Islamique. Enfermé aujourd’hui dans un camp en Europe.

20/8/16  Constant Kaimakis  Migrants, les dures réalités de l’été 2016 : 

Avant l’été, les accords passées entre l’UE et la Turquie se voulaient annonciateurs d’un apaisement de la crise migratoire en Grèce. Les deux mois d’été ont fait volet en éclats tous les espoirs. Tout d’abord, le flux des arrivées, s’il avait un peu baissé il y a quelques mois, est reparti de plus belle notamment depuis le « coup d’État » en Turquie. Les autorités grecques estiment que plus de 300 nouveaux arrivants sont passés en 48h sur les îles du Nord de la mer Égée (Lesbos, Chios, Kos, Samos etc…). Les derniers naufrages de migrants témoignent de ce regain d’activité des passeurs. Plus inquiétant encore , les nouveaux itinéraires empruntés avec l’exemple de ces 70 réfugiés qui s’étaient cachés sur les îles rocheuses au Sud de Méthoni ( Péloponnèse).
Avec un nombre total de réfugiés et de migrants vivant à travers la Grèce de 58 123 personnes, on commence à atteindre les limites du supportable pour un pays par ailleurs en extrême tension sociale. Plus de 10.700 migrants vivent sur cinq îles grecques, qui ne peuvent en accueillir que 7450, selon des données du gouvernement. Le pouvoir en a conscience et il souhaite mettre en place de nouvelles mesures pour réduire la surpopulation dans les camps de réfugiés sur ses îles afin d’apaiser les tensions et d’y améliorer les conditions de vie. Ces mesures sont d’autant plus urgentes que des tensions existent et se sont développées cet été en Grèce.
Il faut d’abord noter les divers mouvements de protestation dans les camps contre les miséreuses conditions de détention des réfugiés dénonçant les conditions d’accueil sur le plan sanitaire et alimentaire. Ils témoignent de la lassitude des migrants face à des procédures administratives lentes et humiliantes.
Ces derniers jours, le Métropolite Markos de Chios a enflammé les esprits avec des déclarations racistes et provocatrices contre le gouvernement qui a autorisé la construction d’une mosquée à Athènes, et déclarant : « Il n’y a pas de réfugiés, ce sont tous des immigrants illégaux » !
Les municipalités aussi sont souvent victimes de cette montée de la xénophobie et des tensions engendrées par la concertation de migrants. Dernier exemple, le refus de la municipalité de Loutraki-St Théodore ( Près de Corinthe) d’accueillir les 1100 réfugiés initialement prévus sous prétexte de « manque d’eau » mais surtout refusant la cohabitation des réfugiés avec les touristes, le maire déclarant : « Vous iriez vous avec vos amis vous baigner sur une plage où sont des centaines de réfugiés? ».
Significatif par exemple, la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux grecs montrant sur une plage « glamour » de Mykonos l’apparition subite d’une trentaine de migrants escortés par des membres de la Garde Côtière au milieu des transats de luxe… cf Photo
Vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=mNKUDRIiTtA

19/8/16  Le ministre de l’Intérieur exhorte toutes les régions de la Grèce d’accueillir des réfugiés dans le but d’aider les îles  ANA-MPA

Les réfugiés et les migrants devraient être distribués aux municipalités à travers le pays pour alléger une partie de la charge supportée par les îles de la mer Egée orientale,  a déclaré vendredi le ministre de l’Intérieur Panayótis Kouroumblís, lors d’une visite à Lesvos.
« Nous savons tous que cette île [Lesvos], ainsi que d’autres îles comme Chios, Samos et Kos,porte le plus grand poids du problème des réfugiés et des migrants, » a déclaré le ministre après une visite au camp de Kara Tepe.
« La question soulevée est que Lesvos et ses habitants ne peuvent pas continuer à porter cette charge par eux-mêmes. Par conséquent, suite à la décision de l’Union centrale des municipalités, toutes les municipalités, en fonction de leur population, devraient accueillir certaines de ces personnes qui sont aujourd’hui piégés dans Mytilène et les autres îles « , a-t-il ajouté.

 

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