L’interview d’Alexis Tsipras

 Revue de la presse hellénique 30/08/2016
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Real News (et reprise par la suite par l’ensemble des médias de la presse audiovisuelle et écrite), le premier ministre , M. Tsipras s’est référé aux négociations en vue du deuxième revue du programme grec.
« Nous ne revendiquons tout simplement pas mais nous exigeons et nous attendons conformément à l’accord que nous appliquons, les mesures concrètes qui rendront la dette viable. Ces mesures doivent évidement prévoir la réduction d’excédents primaires après 2018 qui ouvrirait de façon substantielle la voie au redressement de l’économie », a-t-il souligné. Il a estimé que « l’allègement de la dette pourrait même se réaliser d’ici l’achèvement du mandat du président américain, M. Omaba », en soulignant que « la voie est déjà ouverte depuis la conclusion de la première revue du programme grec ».
« La Grèce a respecté l’accord et attend maintenant que ses partenaires fassent de même », at-il ajouté.
Répondant à la question de savoir si le gouvernement qualifie de positive la participation du FMI au programme, M. Tsipras a souligné que « ce qui est le plus important pour la Grèce et de dissiper le climat d’incertitude ». « C’est pour cette raison que nous demandons à toutes les parties impliquées de faire clairement savoir leurs intentions le plus rapidement possible. En tout cas nous insistons sur le fait qu’un accord, c’est un accord, et qu’il doit être appliqué par tous indépendamment des élections qui sont organisées dans leur pays», a-t-il ajouté.
Sur la réduction des objectifs sur les excédents primaires après 2018, il a déclaré que cette décision est liée à la décision que prendra l’UE sur l’ allègement de la dette et il a rappelé que l’Europe s’est engagée en ce sens après l’accord de juin dernier et la décision de Eurogroupe du 25 mai qui serait concrétisée d’ici la fin de l’année, date à laquelle le FMI décidera de sa participation ou non au programme grec.
Sur la deuxième revue du programme grec, il a souligné que la ligne rouge du gouvernement était de ne pas céder à des mesures qui dépassent l’acquis social européen.
Sur le retour de la Grèce sur les marchés, il a souligné que « l’étape la plus importante sera l’adhésion de la Grèce à l’assouplissement quantitatif de la BCE en soulignant que cela interviendrait dans les prochains mois ». « A ce moment-là la Grèce pourrait retourner sur les marchés mais cela devrait se faire d’une façon sérieuse et réfléchie »,  a-t-il déclaré.
Sur sa participation au Sommet de dirigeants européens à Paris, le 25 août dernier, M. Tsipras a comparé  l’Europe à un « somnambule qui se dirige vers le gouffre » et souligné que « le Brexit soit éveillera les dirigeants européens soit constituera le début de la fin de l’UE ».
Il a ajouté que Berlin continue à fonctionner en tant que « caisse d’épargne » de l’Europe, avec des excédents excessifs, des salaires gelés, et un taux d’inflation faible au moment où le Sud, déficitaire, a battu tous les records en termes de chômage et de décroissance. «Si cela continue nous aurons des résultats désagréables lors des prochaines élections et référendums en Europe », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Si la doctrine de Schäuble en faveur d’une Europe à plusieurs vitesses et des zones économiques spéciales n’est pas abandonnée, l’Europe risquera la décomposition ».
M. Tsipras a estimé que les pays de l’Europe du sud doivent se regrouper et s’organiser en coopération avec d’autres pays de la région européenne, parler de la nécessité d’une convergence sociale en prenant des initiatives urgentes en faveur de la croissance et de l’emploi. Il s’est référé aux conséquences des décisions des gouvernements sociaux démocrates qui ont choisi de s’aligner, au cours des années 90, sur la droite et le néolibéralisme. Il a toutefois ajouté que le fait qu’on réalise désormais que ce choix a mené à l’impasse, est extrêmement positif car il créé des perspectives pour l’avenir. Il a ainsi qualifié d’extrêmement important le fait que les socialistes européens aient accepté sa proposition en faveur d’un débat pour rechercher un terrain commun de coopération avec la Gauche et les Verts.
Il a souligné par ailleurs que la question de l’Europe n’est pas seulement idéologique mais aussi une question de différentes vitesses.
Il a souligné, enfin, que les pays du Sud doivent désormais rechercher des moyens plus efficaces pour intervenir dans la politique européenne.
Sur ELSTAT (Office national des statistiques) et l’affaire Georgiou, il a souligné que ce dossier est entre les mains de la justice et n’appelle aucun commentaire de sa part. Il a toutefois déclaré que cette affaire a créé une grave tension interne au sein de la Nouvelle Démocratie.
Sur la Nouvelle Démocratie, il a estimé que le parti suit une stratégie d’opposition « constamment furieuse et incohérente » et ajouté que, si le parti continue ainsi, il aura des grandes difficultés pour se construire en tant que milieu politique sérieux.
Sur l’éventualité d’un remaniement après le congrès de SYRIZA il a déclaré que le souci constant de son gouvernement était la meilleure coordination et l’efficacité. « Le reste sera discuté le moment opportun », a-t-il souligné.
Il a insisté sur les réparations allemandes en déclarant qu’en aucun cas la Grèce renoncera de ses droits. Il a qualifié cette question de question nationale en soulignant : « nous élaborerons une feuille de route dans le but de clore cette question de la façon dont celle-ci devrait être close ».
Il a par ailleurs déclaré que le gouvernement suit de près les évolutions en Turquie et estime que le retour à la normale sera bénéfique pour tous. Il a qualifié de positif le fait, qu’après la tentative de coup d’Etat, les relations entre la Grèce et la Turquie n’ont pas été perturbées et il a déclaré que l’accord UE-Turquie continue à être appliqué.
La presse (in.gr, Avghi) relève que l’interview du PM a suscité de vives réactions au sein des partis de l’opposition. Ainsi,  la ND a estimé que « M. Tsipras conduit le pays vers la paupérisation et la marginalisation tout en restant accroché au pouvoir et en tentant de contrôler les institutions et les médias » Pour le PASOK « Tsipras perd son temps, il ne peut pas continuer à tromper les Grecs, le peuple a compris». La Rivière a qualifié M. Tsipras de « meilleur élève du vieux système politique qui a conduit le pays à la faillite ». Enfin le KKE a souligné : « le conte de M. Tsipras ne peut plus convaincre le peuple ».
rédaction

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