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Archives de catégorie Luttes- Changer le système

Grenoble : Convoi solidaire pour les lieux autogérés en Grèce

A l’occasion de la tournée du film « Nous n’avons pas peur des ruines » en présence du réalisateur Yannis Youlountas le jeudi 04 avril 2024 à 20h15 au club à Grenoble Voir l’annonce une collecte est organisée à destination des lieux autogérés en Grèce. Le camion se tiendra à partir de 18h30 à proximité du cinéma le club.

Voici la liste des besoins

Les travailleurs des centres d’appel grecs montrent au monde entier comment faire grève

Les travailleurs des centres d’appel grecs se sont mis en grève le mercredi 13 mars, rejoignant ainsi leurs collègues français. Cette grève portait sur les salaires, les conditions de travail et, surtout, sur le traitement raciste et discriminatoire des travailleurs immigrés dans les centres d’appel grecs.

Avec une nouvelle grève massive, les travailleurs des centres d’appel en Grèce ont exigé des augmentations de salaire, des contrats collectifs et la fin des pratiques esclavagistes avec le « visa à usage spécial » pour les travailleurs migrants dans les centres d’appel, où des milliers de migrants travaillent aux côtés de collègues grecs :
Les travailleurs migrants des centres d’appel grecs sont moins bien payés que leurs homologues, ce qui a suscité des pancartes de colère lors des grèves.

En fait, après la création officielle de deux nouveaux syndicats représentant les travailleurs des entreprises Teleperformance et Webhelp, les grévistes d’hier étaient encore plus déterminés dans la bataille qu’ils mènent, surmontant les menaces et les chantages exercés par les employeurs.

Il est significatif que nombre d’entre eux aient fait grève alors même qu’ils sont soumis à une « évaluation » de leurs performances, c’est-à-dire qu’ils sont « pris en otage » par l’employeur. De plus, de jeunes travailleurs qui n’avaient pas franchi le pas lors des deux grèves précédentes ont également participé, envoyant un message aux employeurs pour leur montrer que leur lutte n’est pas désamorcée, mais qu’elle s’intensifie au contraire.

Le slogan « Trop c’est trop » a été entendu à maintes reprises.

Les travailleurs grecs et les travailleurs migrants l’ont exprimé d’une seule voix, que ce soit lors des rassemblements organisés devant les bureaux des entreprises à Athènes ou devant le Parlement.

Trop c’est trop.

C’est là que les grévistes des centres d’appel grecs se sont retrouvés, répondant à l’appel à la grève lancé conjointement par le syndicat sectoriel des télécommunications et des technologies de l’information (SETIP) de l’Attique et par les syndicats nouvellement créés de Teleperformance (SETEP) et de Webhelp (WUW) :

Ferhat Tum, président du syndicat grec des travailleurs des centres d’appel de Teleperformance, a déclaré

Nous avons mené une nouvelle bataille malgré le chantage des employeurs à l’arrêt de la grève. Aujourd’hui, nous leur avons donné une autre réponse. Qu’ils viennent maintenant discuter du contrat collectif.
En même temps que leurs collègues grecs, les travailleurs de Teleperformance et de Webhelp en France se sont mis en grève :
Ils ont été rejoints par les travailleurs de Majorel, avec une lutte qui a donné un nouvel et important élan aux luttes du secteur.

Source https://www.thecanary

Communiqué des VioMe

Traduction automatique de leur message du 15 mars 2024 sur leur page Facebook (texte original en grec)

BIO.ME. Coopérative
Les travailleurs de BIO.ME, en lutte et libres des patrons, nous résistons, malgré toutes les pressions et les procédures « secrètes » qui ont lieu. Nous insistons sur le fait d’être des travailleurs, et à l’intérieur de l’usine avec notre revendication de base « les usines et la gestion des richesses, à ceux qui produisent ».
Avec toutes les propositions, mais aussi avec des actions dans la participation quotidienne, et avec une information constante selon ce que nous avons co-décidé avec la société qui nous entoure, nous continuons. Notre drapeau est notre liberté absolue, car nous n’attendons pas les jours meilleurs qui nous sont promis, mais nous avons décidé ensemble de rendre nos jours meilleurs nous-mêmes. Aujourd’hui, pour nous, mais aussi en tant que proposition à la société concernée.
Nous avons décidé de ne pas céder la partie de l’usine qui nous appartient à quiconque tenterait de porter atteinte à ce que nous avons décidé et proposé à la société, aux partis politiques et aux ministères.
Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour trouver une solution globale à la question du fonctionnement de l’usine, avec des propositions dans toutes les directions, sans entendre  aucune  ojectionopposition ou contre-proposition.
Ainsi, quoi qu’il arrive à partir de maintenant, la responsabilité absolue incombe aux autorités et à nos représentants « démocratiques ».
Nous persistons à nous battre pour le droit au travail et à la dignité.
Nous insistons sur la lutte pour le droit au travail et à la dignité.
Les produits que nous, les travailleurs de cette usine, fabriquons sont porteurs d’un message… Le message d’une vie différente, de la façon dont nous travaillons à notre relation avec l’environnement.
C’est pour cette raison que nous avons choisi de produire des produits d’entretien et des produits d’hygiène entièrement et exclusivement naturels et écologiques, en soutenant les voix qui affirment que pour nettoyer nos maisons ou nos lieux de travail, nous n’avons pas besoin de nuire à l’environnement, ni de nuire à notre santé ou à celle de nos enfants.
Nos grands-mères et leurs grands-mères savaient comment combiner les différents matériaux qu’elles avaient dans leur cuisine pour nettoyer efficacement. Face aux grandes industries et à leurs campagnes publicitaires, qui tentent de nous convaincre que le plus important est la longévité du parfum de l’églantine, nous répondons que le plus important est de ne pas souffrir de maladies cutanées ou respiratoires ou de problèmes de santé résultant de l’utilisation chronique de produits chimiques, ne pas avoir à rincer un e vaisselle pendant 10 minutes en gaspillant des litres d’eau précieuse, ne pas avoir à abuser de la machine à laver pour nettoyer ses vêtements et, surtout, ne pas avoir à s’affamer pour faire la lessive,  donnant un salaire quotidien pour acheter des détergents.
Plus important encore, le message que véhiculent nos produits est que les travailleurs et les chômeurs doivent prendre leur vie en main, lutter résolument contre la brutalité de la réalité moderne, se libérer de siècles d’exploitation et d’oppression.
Dans le VIOME coopératif, nous méprisons ces parfums lourds qui sont généralement nécessaires pour couvrir la puanteur de l’exploitation et de la misère du travail. Nous choisissons la solidarité, le contrôle de la production par les travailleurs, l’autogestion par le biais d’assemblées de travailleurs et la démocratie directe dans les décisions, en montrant un chemin difficile mais nécessaire.
Le temps est venu, le lieu est là et la lutte est en train de changer nos vies.

Le texte original en grec :

ΒΙΟ.ΜΕ. Συνεργατική

Οι εργαζόμενοι/ες της ΒΙΟ.ΜΕ. αγωνιζόμενοι/ες και ελεύθεροι/ες από αφεντικά, αντιστεκόμαστε, παρ’ όλες τις πιέσεις και τις «μυστικές» διαδικασίες που γίνονται. Εμείς επιμένουμε να είμαστε εργαζόμενοι/ες, και μέσα στο εργοστάσιο με βασικό μας αίτημα «τα εργοστάσια και η διαχείριση του πλούτου, σε αυτούς που παράγουν».

Με όλες τις προτάσεις μα και τις πράξεις στην καθημερινή συμμετοχή, και με διαρκή ενημέρωση σύμφωνα με ότι έχουμε συναποφασίσει μαζί με την κοινωνία που μας περιβάλλει, συνεχίζουμε. Έχουμε σημαία την απόλυτη ελευθερία μας μιας και δεν περιμένουμε τις καλύτερες μέρες που μας υπόσχονται, αλλά αντ΄αυτού αποφασίσαμε όλοι μαζί να κάνουμε εμείς οι ίδιοι τις μέρες μας καλύτερες. Σήμερα για μας, αλλά και ως μια πρόταση προς την πληττόμενη κοινωνία.

Αποφασίσαμε να μην παραδώσουμε το τμήμα του εργοστασίου που κατέχουμε σε όποιον και αν δοκιμάσει να κάνει ζημιά σε ότι έχουμε αποφασίσει και προτείνει προς την κοινωνία και προς πολιτικές παρατάξεις και υπουργεία.

Εμείς κάναμε ότι περνούσε από το χέρι μας για μια λύση συνολική προκειμένου να λυθεί το θέμα της λειτουργίας του εργοστασίου με προτάσεις προς κάθε κατεύθυνση χωρίς να ακούσουμε κάποιον αντίλογο ή αντιπρόταση.

Άρα ότι και αν συμβεί από εδώ και πέρα την απόλυτη ευθύνη την έχουν οι αρχές και οι «δημοκρατικοί» εκπρόσωποί μας.

Επιμένουμε αγωνιζόμενοι/ες για δικαίωμα στην εργασία και την αξιοπρέπεια.

Τα προϊόντα που παράγουμε εμείς, οι εργαζόμενοι/ες σε αυτό το εργοστάσιο, κουβαλάνε ένα μήνυμα… Το μήνυμα μιας συνολικά διαφορετικής ζωής, από τον τρόπο που δουλεύουμε, μέχρι τη σχέση μας με το περιβάλλον.

Για το λόγο αυτό, επιλέξαμε την παραγωγή εξ ολοκλήρου και αποκλειστικά φυσικών – οικολογικών καθαριστικών και φυσικών πρϊόντων προσωπικής περιποίησης, στηρίζοντας τις φωνές εκείνες που δηλώνουν πως για να καθαρίσουμε τα σπίτια μας ή τους χώρους εργασίας μας δε χρειάζεται να επιβαρύνουμε το περιβάλλον, δε χρειάζεται να επιβαρύνουμε την υγεία μας ή αυτή των παιδιών μας.

Οι γιαγιάδες μας και οι δικές τους γιαγιάδες γνώριζαν καλά πώς να συνδυάζουν διάφορα υλικά που είχαν στην κουζίνα τους, καθαρίζοντας αποτελεσματικά. Απέναντι στις μεγάλες βιομηχανίες και τις διαφημιστικές τους εκστρατείες, που προσπαθούν να μας πείσουν πως το σημαντικότερο είναι η διάρκεια στο άρωμα αγριοτριαντάφυλλου, εμείς απαντάμε πως σημαντικότερα είναι να μην υποφέρεις από δερματικές ή αναπνευστικές παθήσεις ή προβλήματα υγείας που προκύπτουν από τη χρόνια χρήση χημικών, να μην χρειάζεται να ξεπλένεις ένα πιάτο 10 λεπτά σπαταλώντας λίτρα πολύτιμου νερού, να μη χρειάζεται να κακοποιείς το πλυντήριο για να καθαρίσεις τα ρούχα σου και, κυρίως, να μη χρειάζεται να πεινάσεις για να πλυθείς, δίνοντας ένα μεροκάματο προκειμένου να αγοράσεις απορρυπαντικά.

Κυρίως, όμως, το μήνυμα που φέρουν τα προϊόντα μας είναι πως οι εργαζόμενοι/ες και οι άνεργοι/ες πρέπει να πάρουμε τη ζωή μας στα χέρια μας, να παλέψουμε αποφασιστικά ενάντια στη βαρβαρότητα της σύγχρονης πραγματικότητας, για να απαλλαγούμε από την εκμετάλλευση και την καταπίεση αιώνων.

Στη Συνεργατική ΒΙΟΜΕ περιφρονούμε τα βαριά εκείνα αρώματα, που συνήθως χρειάζονται για να καλύψουν τη δυσωδία της εργατικής εκμετάλλευσης και εξαθλίωσης. Επιλέγουμε την αλληλεγγύη, τον εργατικό έλεγχο στην παραγωγή, την αυτοδιεύθυνση μέσω της συνέλευσης των εργαζομένων και την άμεση δημοκρατία στις αποφάσεις, δείχνοντας ένα δρόμο δύσκολο μα συνάμα αναγκαίο.

Ο χρόνος είναι τώρα, ο τόπος είναι εδώ και ο αγώνας γυρίζει το γρανάζι για να αλλάξουμε τη ζωή μας.

Source https://www.facebook.com/SEVIOME

Malgré le vote de la loi sur les facs privés la lutte continue

« Chaque semaine à Thessalonique, se déroule depuis plusieurs mois une manif de l’éducation, assez massive »

Comme on pouvait s’y attendre, le projet de loi sur les facs privées une fois déposé au Parlement a été voté le 8 mars par la droite, qui détient la majorité absolue des sièges (pour 41 % des voix exprimées aux législatives, soit 20 % du corps électoral).

Lors des débats, on a pu entendre des choses aberrantes de la part des bradeurs de la richesse publique (la vente des biens publics aux entreprises privées continue, comme désormais pour le port de Thessalonique), et cela pour justifier le fait que la droite grecque vote une loi contraire à la Constitution (l’article 16 interdit la création d’universités privée…) : Mitsotakis a osé dire que la réglementation européenne est supérieure à la Constitution. On a beau savoir que ce politicien ultralibéral n’a aucun autre principe que celui des profits, on ne peut que trouver indécente une telle affirmation de la part de ce Premier ministre : il y a quelques semaines, le même, mettant en avant ses fameux 41 % de voix aux élections grecques, disait tout son mépris de la condamnation de ses pratiques anti-démocratiques « orbanesques » par une large majorité du Parlement européen (seuls une petite partie du PPE, parti de la droite européenne, et les députés fascistes ont voté contre !)…

Le premier bilan qu’on peut tirer d’une séquence qui n’est certainement pas achevée, c’est que la formidable mobilisation universitaire, reposant avant tout sur le mouvement étudiant, a non seulement fait de la victoire espérée par la droite un bien maigre succès, aucun autre groupe ne la suivant, mais a créé un véritable sursaut démocratique. En effet, la fermeté de la mobilisation sur la gratuité des études et le caractère exclusivement public de l’université a non seulement entraîné une foule de prises de positions du monde politique et des expertEs, mais elle a aussi fortement pesé dans la société, qui sous le poids d’une propagande effrénée des médias ultralibéraux, ne voyait pas jusqu’alors que la fac privée, c’est la sélection et l’exclusion renforcées et la suppression accentuée des moyens pour le service public…

Ce qui a rendu cette mobilisation exemplaire, c’est sa lucidité sur la nécessité vitale de refuser les facs privées, mais ce sont aussi ses formes d’organisation, avec AG et occupations.

Pour nous donner une idée concrète de cette organisation, une camarade militante d’AREN (Unité de Gauche), un des groupes les plus unitaires de la gauche anticapitaliste, nous explique ci-dessous la mobilisation dans sa section universitaire, à Thessalonique. Ce qu’elle nous dit ne peut que nous engager à être solidaire de leur lutte pour le service public d’éducation, aujourd’hui comme demain car, quelle que soit la forme qui sera décidée, la lutte contre les facs privées continue !

« Depuis des semaines, notre faculté est occupée à la suite des décisions de l’assemblée générale de l’Association des étudiantEs en droit. L’assemblée générale est l’organe syndical suprême de la section universitaire. Chaque étudiantE en droit peut venir, discuter, prendre position et ensuite voter. En tant qu’AREN (= Unité de Gauche), nous considérons l’assemblée générale comme un espace vivant de fermentation politique fondé sur le dialogue et l’échange de points de vue. Les tensions et les confrontations sont une réalité de ces processus. Certes, il est arrivé que la confrontation entre les différentes forces politiques parte en vrille, parce que l’enjeu est fort et qu’il existe une tendance au repli organisationnel. Cependant, le jour où la fraction étudiante gouvernementale s’est pointée à une Assemblée Générale, nous avons pu formuler une proposition politique et répondre dans l’unité. Mais ce qu’on constate chaque semaine, c’est qu’au lieu de tenter une formulation commune, des propositions politiques différentes sont proposées lors des assemblées générales, l’Association est appelée à choisir celle qu’elle juge préférable. Du coup, il me semble qu’au fil du temps, le fossé entre les diverses forces se creuse, alors qu’en réalité les vrais désaccords politiques ne sont pas si nombreux.

Après l’irruption des forces de police et l’évacuation de notre section universitaire, on aurait pu s’attendre à ce que les diverses forces se rassemblent davantage autour de notre objectif commun. Il y a actuellement 6 à 7 forces politiques de gauche sur notre campus et pour notre part, nous avons réussi à travailler de manière cohérente avec 2 d’entre elles. Mais en dernier lieu, ce qui est encourageant, c’est de constater que dans la section, la plupart comprennent la nécessité de l’unité et de la lutte commune : on a bien remarqué que les actions unies reçoivent un plus large soutien.

Une fois prise la décision d’occuper la section, un comité de coordination de l’occupation est formé avec pour tâches de surveiller le lieu, de décider des questions concernant la section et d’organiser des actions dans le cadre de l’occupation, afin que la lutte soit massive et l’école bien vivante. Vu que nous sommes étudiantEs en droit, nous avons jusqu’à présent organisé des débats avec des professeurs sur l’inconstitutionnalité du projet de loi sur les universités privées, mais aussi sur d’autres questions telles que le nouveau code pénal, qui est encore plus sévère, et le récent projet de loi sur l’égalité dans le mariage (il y a encore quelques jours, le mariage entre personnes du même sexe n’était pas autorisé en Grèce). En plus de ces débats, nous mettons au point nos banderoles, nous jouons à des jeux de société, discutons et réfléchissons ensemble. Nous voulons que l’espace de l’occupation soit un espace de politisation et de socialisation.

Par ailleurs, il est évident que les étudiantEs que nous sommes ne restent pas enfermés dans leurs sections ! Chaque semaine à Thessalonique, se déroule depuis plusieurs mois une manif de l’éducation, assez massive. Et le 28 février, les associations d’étudiantEs ont participé en masse à la grève panhellénique déclenchée pour le premier anniversaire de la collision ferroviaire à Tèmbi, qui a entraîné la mort d’au moins 57 personnes. Quant au projet de loi, il va être voté cette semaine. Le 8 mars, une manif panhellénique de l’éducation est prévue à Athènes. Les Associations étudiantes de toute la Grèce marcheront jusque devant le Parlement, pour montrer concrètement que la société s’oppose et s’opposera à ce projet de loi. »

Propos recueillis par A. Sartzekis

Source NPA

Nouvelles de Grèce : faits nouveaux, analyse et comparaisons avec ce qui se passe en France parallèlement

Par Yannis Youlountas 24 février 2024

Sommaire des articles :

Un pouvoir de plus en plus autoritaire et répressif mais une belle victoire à Exarcheia ! Un nouveau code pénal pour réprimer les opposants – Une novlangue inversant ce qui est vital et ce qui est mortifère- Le retour progressif de la censure – Le renforcement de la surveillance – La crise qui ne dit pas son nom – La Grèce, Reine des leurres médiatiques – Des manifestations nombreuses dont personne ne parle- Une belle victoire à Exarcheia : La colline de Stréfi est libérée – « Le jour d’après » sur la colline d’Exarcheia.

Dans le détail et les photos : Sur le blog

À Athènes, une manif géante pour refuser les facs privées !

La journée nationale de mobilisation du 8 février restera dans les annales. À Athènes, la manif, qui avait regroupé le 25 janvier au plus fort 10 000 manifestantEs, a dépassé cette fois les 20 000, atteignant peut-être 25 000

On s’attendait à une grosse manif, comme le méritent les réponses de Mitsotakis à la très forte mobilisation universitaire contre son projet ancestral de facs privées : répression (charge sauvage des flics à la fac de droit de Komotini à la suite apparemment d’une demande des étudiants de la droite de Mitsotakis contre la décision majoritaire d’occupation !), menaces de procureurs contre des étudiantEs, des enseignantEs, des présidentEs d’université, calomnies officielles et médiatiques sur une « minorité » qualifiée de « voleurs de l’université ». On n’a pas été déçus.

En tête, derrière une banderole claquante (« La majorité a parlé : Non aux facs privées! Gratuité des études, valorisation de nos diplômes! »), les étudiantEs de Komotini et d’une fac de Salonique victime elle aussi de la violence policière. Quelques milliers d’étudiantEs sont venuEs de plusieurs villes du pays (gros cortèges de la Crète, de Patras…), même si s’y déroulaient en même temps de belles manifs. Un des slogans résume et la situation et la combativité de masse : « L’histoire, nous l’écrivons avec les AG, les occupations, les manifs ». Et cette fois, les enseignantEs étaient très nombreuxEs, des centaines avec OLME (syndicat unique du secondaire) et POSDEP (idem pour l’université), mais défilaient aussi des délégations de soignantEs de l’hôpital, d’avocatEs…

C’est un tournant évident dans cette mobilisation qui est évidemment difficile : la gauche radicale et révolutionnaire et le KKE soutiennent pleinement le mouvement et y sont engagés. Même si une délégation de Syriza était présente dans le cortège athénien (ainsi qu’une délégation du groupe de députés Nea Aristera, qui ont quitté récemment Syriza), certains de ses députéEs ne cachent pas qu’ils sont pour les facs privées (avec tout le blabla sur leur respect pour les facs publiques !). Et le Pasok prétend s’opposer au projet de Mitsotakis sous l’angle constitutionnel : il ne faut pas contourner l’article 16 comme voudrait le faire Mitsotakis, il faut une révision constitutionnelle, mais pour le reste, le Pasok voit d’un œil favorable les facs privées ! Pourtant, ce qui apparaît plus clairement semaine après semaine, c’est que cette bataille historique peut être gagnée face à un gouvernement en difficulté (mobilisation croissante des agriculteurEs, vote cinglant du Parlement européen cette semaine condamnant les graves atteintes à l’État de droit sous Mitsotakis défendu par – pas toute ! – la droite et l’extrême-droite européennes (divergences internes, etc.).

Un projet à long terme

Le ministre de l’Éducation Pierrakakis a enfin présenté le projet : des facs étrangères seraient autorisées à créer des annexes en Grèce sous statut privé, avec droits d’inscription et diverses pseudo-obligations qui ne peuvent cacher l’essentiel. La clientèle visée (car il s’agit de cela !) ressemble à un catalogue à la Prévert, et l’objectif immédiat, qui peut faire douter du succès de l’entreprise, ce sont des lycéenNEs ayant obtenu des notes faibles aux examens d’accès à la fac publique…mais pouvant débourser des dizaines de milliers d’euros pour s’inscrire dans un établissement privé dispensant « des services universitaires », dont les diplômes seront reconnus par l’État grec.

Pour l’heure, le seul projet évoqué concrètement est celui d’une fac privée chypriote qui voudrait créer une annexe en médecine, avec semble-t-il le soutien d’un groupe financier américain qui contrôle déjà des hôpitaux privés grecs ! On a donc du mal à percevoir l’intérêt et l’objectif profonds d’un projet explosif et de toutes façons miné par l’article 16 de la Constitution, très clair sur l’impossibilité de créer en Grèce une fac privée, alors que par ailleurs la législation européenne (prétextée par Mitsotakis) n’oblige pas un état à autoriser la création de facs privées.

Il semble que l’objectif est double. En passant par-dessus la Constitution, la droite veut certes offrir d’immédiats profits à ses amis patrons : dans le cas de la fac privée chypriote participerait aussi Lamda Development, un des principaux groupes grecs d’investissement immobilier, sans oublier, pour admirer encore une fois le réseau familial, que la fille de Mitsotakis a travaillé dans le groupe américain comme « manager »… Et surtout, le projet de fond semble être d’affaiblir toujours plus l’université publique : manque de moyens (les enseignantEs de l’université Polytechnique d’Athènes soulignent qu’en quelques années, ils sont passés de 750 à 450), financements en baisse, mensonges sur son niveau et ses coopérations internationales, alors que celle-ci est partout engagée depuis longtemps dans des projets et des liens à l’international… Et cette politique a pour but de pousser à aller vers le privé, qui aura droit par des combines à des financements publics. Tout cela en masquant la réalité : si on regarde les classements internationaux (et quoi qu’on pense de ceux-ci !), le bilan est sans appel pour les actuels « collèges universitaires » privés qui existent depuis pas mal de temps et qui pourraient bientôt avoir droit à la reconnaissance académique de leurs « diplômes » grâce au protocole de Lisbonne : toutes les universités publiques sont loin devant le premier de ces collèges, dont la plupart sont dans les abîmes des classements ! Pour essayer de rendre « attirantes » les facs privées que veut imposer Mitsotakis, une seule solution pour lui : casser complètement l’université publique.

Les étudiantEs ont tout compris !

Or, les étudiantEs ont immédiatement compris le danger. Dans un contexte d’affaiblissement continu des moyens, le danger est moins la « concurrence immédiate » du privé que l’aggravation accélérée de la sélection sociale et des problèmes de l’université publique, qui sera peu à peu soumise au régime du privé. Ainsi, à côté de mesures comme des « réformes » managériales des organes de direction, viennent d’être décidés des frais d’inscription pour les étudiantEs étrangerEs. À terme, c’est l’exclusion du droit aux études pour les enfants des classes populaires, et l’étouffement des libertés pédagogiques.

L’enjeu de la bataille en cours ici nous renvoie aux débats en France en 1984, où seuls des courants autour de l’École émancipée ou de la LCR exigeaient la nationalisation de l’école privée, précisément pour éviter qu’à terme, ce soit l’école privée qui gangrène et fasse périr l’école publique ! On voit où se trouve aujourd’hui l’école publique en France, au bord de l’effondrement, alors que se multiplient les cadeaux au privé… Ce qui commence à devenir désormais clair pour beaucoup en France au bout de quarante ans, est immédiatement perçu ici par le mouvement contre les facs privées. Ainsi le Conseil des présidentEs des départements de la Faculté méditerranéenne en Crète déclare-t-il : « Nous considérons que la discussion sur l’enseignement supérieur devrait se concentrer sur l’avenir des universités publiques, sur les grands problèmes qu’elles rencontrent et principalement sur le soutien effectif de l’État », appelant le ministère à ne pas déposer de dispositions de loi pour fonder des facultés privées en contournant l’article 16, mais à prendre immédiatement de substantielles mesures de soutien aux universités publiques (cité par le quotidien Ef Syn). De même, le regroupement Syspirossi des enseignantEs du supérieur déclare : « La seule université libre est l’université publique » (idem) ! Sans oublier que des facs comme celle de Patras refusent d’organiser les examens à distance que veut imposer le pouvoir pour casser le mouvement étudiant ou la déclaration unanime (y compris le courant de la droite) du congrès de POSDEP de condamnation du projet de facs privées. Avec une conscience des enjeux aussi nette et fort massive, le mouvement non seulement peut résister aux attaques continuelles de la droite et de ses médias aux ordres, mais il est une invitation à ce que la question de l’école publique soit (re)posée au niveau européen : le catastrophique libéralisme dans le secteur de l’éducation s’appuie sur des directives européennes, telles la « stratégie de Lisbonne » ou « processus de Bologne »…

Dans les jours ou les semaines qui viennent, le mouvement étudiant et universitaire et ses alliéEs veulent accentuer les mobilisations pour gagner, et cela alors que plus de 250 départements universitaires sont occupés. Ils devront bien sûr veiller à éviter les divisions internes. Après les manifs de jeudi s’est tenue la coordination nationale, en présence de 2 000 étudiantEs, mais dans une autre fac se tenait une coordination à l’appel du courant de la KNE (JC grecque, dont le courant syndical a remporté les élections universitaires). Cette division, agrémentée d’ailleurs de quelques échanges de coups dans la manif entre KNE et un groupe d’extrême gauche, est d’autant plus malvenue que les revendications sont unanimes, facteur de confiance pour tout le mouvement. Même si la KNE et quelques groupes de gauche radicale veulent inclure Syriza dans leurs condamnations, la lutte se concentre sur l’objectif de renvoyer à la poubelle un projet porté violemment par la droite, qui gouverne depuis 2019 et attaque frontalement la jeunesse scolarisée et les personnels de l’Éducation….

Un des axes sur lesquels tout le monde s’accorde aussi est le lien aux luttes des travailleurEs, et le mouvement voit ainsi comme une étape importante la grève de la Fonction publique appelée pour le 28 février par ADEDY (Fédération du secteur public) et aussi par des branches du privé et des unions locales. Mais sans attendre, un objectif dans cette situation brûlante devrait être contre la marchandisation de l’enseignement incitée par l’Europe libérale, la grève de toute l’Éducation nationale : les attaques contre l’enseignement secondaire (bachotage permanent pour les élèves, inspections sanctions contre les enseignantEs…) et le manque de moyens (fréquentes chutes de vieux plâtres dans des classes…) exigent une riposte urgente de tout le secteur.

Et bien sûr, un facteur clé sera aussi la solidarité internationale : contre l’Europe du capital et de l’école privée, les étudiantEs montrent la voie en Grèce, pour une Europe des jeunes et des travailleurEs, pour l’école publique et gratuite, le droit aux études pour toutes et tous, et pour le plein emploi avec respect de tous les droits sociaux !

Athènes, le 11 février 2024

Source NPA

Mobilisation agricole de la Grèce à l’Espagne

« Les revenus, c’est le point central » : de la Grèce à l’Espagne, partout des mobilisations agricoles

Les mobilisations des agricultrices et agriculteurs dépassent les frontières françaises. Que ce soit au Portugal, en Grèce, en Espagne, le mouvement demande une régulation du marché et un meilleur accompagnement dans la transition écologique.

« Les revenus des agriculteurs, c’est le point central. L’année dernière, avec l’inflation, ils ont chuté. C’est toujours plus difficile pour les agriculteurs d’avoir les conditions de vivre dignement. » Vitor Rodrigues est le président de la Confédération nationale de l’agriculture du Portugal (Confederação Nacional da Agricultura), qui représente surtout l’agriculture familiale dans le pays.

Au Portugal aussi, les agriculteurs et agricultrices se mobilisent. Le mouvement y a débuté il y a quelques semaines. « Il y a un mouvement fort du secteur. L’élément qui a peut-être le plus contribué à la mobilisation ici, ce sont les coupes dans les aides de la Politique agricole commune (Pac). Mais ces coupes arrivent dans un contexte où les agriculteurs subissent depuis quelques années de fortes augmentations des coûts de la production, des aliments pour les animaux, des fertilisants… et où les prix payés aux producteurs par les chaînes de la grande distribution sont très bas. C’est cette conjonction qui a poussé les agriculteurs dans la rue », poursuit Vitor Rodrigues.

Le mouvement agricole qui a touché la France en début d’année est en fait européen. Des protestations ont eu lieu en Allemagne, en Belgique, en Roumanie, en Pologne… et dans le Sud de l’Europe, en Italie, en Grèce, au Portugal. Les éléments déclencheurs sont différents selon les pays : la fin d’un avantage fiscal sur le diesel a mis le feu aux poudres en Allemagne ; l’import de blé ukrainien en Pologne… Partout, la question des revenus, trop bas, est au cœur des revendications.

« Le problème, c’est le coût de la production »

« Nous demandons un prix garanti pour nos produits », souligne Thomas Moschos, éleveur bio dans le nord de la Grèce, président de l’Union des agriculteurs de Kastoria et représentant de la Coordination européenne Via Campesina. En Grèce, les mobilisations agricoles ont débuté en janvier. « Cela a commencé par trois ou quatre blocages, on en a aujourd’hui plus de dix. Les grandes exploitations et les petites se mobilisent ensemble, tout comme les éleveurs et les céréaliers, et aussi les pêcheurs. Le problème, c’est le coût de la production », nous dit au téléphone l’éleveur, alors qu’on entend ses moutons et chèvres en fond de conversation.

« Nous n’avons pas en Grèce de prix spécial sur le diesel pour les agriculteurs comme dans d’autres pays européens. On veut un prix sur le diesel. Et nous demandons une réforme de la Pac qui inclut les agriculteurs dans les discussions. Le gouvernement grec nous a aujourd’hui promis une aide temporaire pour le diesel et moins 10 % sur les factures d’électricité pendant sept mois. Mais nous voulons un prix permanent sur le diesel. Nous nous opposons aussi à l’accord de libre-échange avec le Mercosur [qui regroupe plusieurs pays d’Amérique latine, ndlr] et voulons sortir du Ceta [l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada adopté en 2017, ndlr]. »

Des tracteurs avec le slogan "Sein camp no hay vida" écrit sur une pancarte.
Une manifestation d’agriculteurs début février à Bilbao, en Espagne/ © LVC

En Espagne, les manifestations ont débuté le 8 février. « La mobilisation est très importante, elle touche 30 sites dans l’ensemble du pays. Et une mobilisation nationale est prévue à Madrid le 26 février pour coïncider avec la réunion du Conseil des ministres de l’Union européenne, nous explique Andoni Garcia, du Comité de coordination des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs en Espagne (Coordinadora de Organizaciones de Agricultores y Ganaderos, COAG). La question des revenus est essentielle. Il y a beaucoup d’incertitudes sur les coûts et les prix payés aux producteurs, ce qui provoque une insécurité, un malaise et une frustration face à des politiques néolibérales appliquées au secteur agricole et alimentaire qui ont pour conséquence la destruction de milliers de petites exploitations. »

Les accords de libre-échange pointés du doigt

En plus des augmentations des coûts, les agriculteurs espagnols ont également souffert de la sécheresse des deux dernières années. « Ce point est aussi au cœur des revendications, dit Andoni Garcia. Il faut une garantie de revenus pour les agriculteurs qui n’ont pas produit pendant deux ans à cause de la sécheresse. »

Les organisations espagnoles demandent elles aussi l’arrêt des négociations de libre-échange avec le Mercosur et la régulation des marchés. « Une Politique agricole commune qui prévoit un budget plus important pour la transition agricole vers des modèles plus durables, et la limitation des investissements des fonds d’investissement et des grandes fortunes dans les terres “agricoles” », liste aussi Andoni Garcia parmi les revendications. Il ajoute : « Nous espérons que la réponse du gouvernement sera à la hauteur des problèmes. »

Au Portugal, le gouvernement (mené par les socialistes) a répondu aux mobilisations par des propositions, concrètes, mais pas suffisantes selon Vitor Rodrigues. « La réponse de notre gouvernement a été d’annoncer un retour en arrière sur les coupes des aides de la Pac. Mais ces mesures ne s’attaquent pas au marché. Il y a des problèmes structurels de la Pac et du secteur agricole, ce ne sont pas quelques millions qui vont les régler, défend-il.

« Il faut lutter contre la spéculation »

Pour lui, « il faut garantir qu’aucun producteur ne soit pas payé en dessous des coûts de production. Et il faut lutter contre la spéculation. Sans une intervention sur le marché pour résoudre ces problèmes, nous pensons que la Pac ne pourra pas garantir que les agriculteurs et agricultrices puissent vivre dignement de leur travail. Le problème fondamental de l’agriculture en Europe, c’est d’avoir plus de gens qui travaillent la terre et puissent vivre dignement de ce travail. Je pense que c’est évident pour tout le monde dans la population que la situation actuelle n’est pas satisfaisante. » Et Vitor Rodrigues conclut : « Les agriculteurs sont en grande difficulté financière, mais les gens vont au supermarché et voient que les produits sont toujours plus chers, pour des raisons en partie complètement spéculatives, car les grandes chaînes de grande distribution font toujours plus de bénéfices. »

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L’actuel mouvement agricole qui traverse toute l’Europe pourrait-il enfin changer la donne, au sein du monde agricole et au-delà ? « Vous savez, la plupart des agriculteurs qui protestent aujourd’hui en Grèce ont voté pour le parti de l’actuel gouvernement », de droite, se désole Thomas Moschos en Grèce. « Ils ont voté pour les capitalistes. »

Rachel Knaebel

Photo de une : Une manifestation d’agriculteurs le 7 février au Portugal/©Confederação Nacional da Agricultura

Source Bastamag

En Grèce, malgré les menaces, le mouvement étudiant se renforce !

Le mouvement des étudiantEs mais aussi des personnels des universités contre le projet obsessionnel de la droite grecque de créer des facs privées (voir l’Anticapitaliste du 18 janvier) semble avoir pris au dépourvu le gouvernement de Mitsotakis qui s’illusionne après sa victoire électorale de juin sur sa capacité à faire passer toutes ses mesures désastreuses contre le camp des travailleurEs et des jeunes.

Ses réactions, après trois semaines de très grosses mobilisations, prouvent avant tout sa peur des mauvaises idées que le mouvement pourrait donner à toute une série de secteurs – des mobilisations paysannes ont commencé, et les paysans de la région de Larissa, sinistrée après les inondations de l’automne, ont eu droit aux charges des Mat [l’équivalent des CRS].

Disqualification et répression du mouvement

La réaction du gouvernement est de deux ordres. D’abord, il tente de faire passer la mobilisation pour un mouvement minoritaire et violent. Quitte à faire s’embrouiller ses piliers : pour la manif du 18 janvier à Athènes, la police indiquait 5 000 manifestantEs, mais la chaîne de télé Skaï, chien de garde de la droite, osait n’en voir qu’à peine 1 000 ! Du coup, la police a pris les devants pour la manif du 25, en annonçant pour Athènes 1 000 manifestantEs pour un cortège bien plus gros que les deux semaines précédentes : au moins 8 000 dans la rue ! Ces derniers jours, les journaux de la droite titrent sur les « Assemblées générales de la terreur » ou sur les « Occupations par quelques-uns » opposées aux « Examens voulus par la majorité ».

Ensuite, le gouvernement lance le chantage aux examens qui de fait s’inscrit dans une ligne répressive croissante : le ministre de l’Éducation veut contourner le mouvement d’occupations en obligeant les directions des universités à organiser les examens semestriels, si nécessaire en distanciel (ce qui avait été catastrophique pendant la période de la pandémie !). Et comme bien sûr un certain nombre d’administrations rechignent (elles savent elles aussi le danger de la création de facs privées), les menaces sur des baisses de financement sont proférées.

Face à cela, les présidents d’université viennent d’affirmer que les examens doivent être passés « d’une manière ou d’une autre », mais la réponse sur cette passation, qui n’est pas une mince question dans une période de chômage jeune restant très fort, viendra certainement des équipes enseignantes et des AG. En dernier lieu, la répression vise avant tout les jeunes : présence policière suffocante, intervention policière ou judiciaire contre telle ou telle occupation, et même convocation à la police de collégienNEs dénoncéEs par leur directrice pour participation à l’occupation de leur collège en Crète. Sans oublier les agressions fascistes : une lycéenne membre de l’organisation des jeunes de nos camarades de NAR a été agressée au Pirée, ce qui a entraîné une manif de riposte antifasciste.

Une mobilisation qui fragilise le « gouvernement des 41% »

Début janvier, le porte-parole du gouvernement affirmait que le projet de loi « Université libre » (!!) serait déposé pour être voté fin janvier. En cette fin janvier, le gouvernement n’a toujours pas déposé ce projet, ce qui est déjà une première victoire. Cela tient sûrement à deux raisons. Tout d’abord, même si depuis deux ans, la droite a pu avancer dans son projet de privatisation/marchandisation, elle bute sur l’obstacle de l’article 16 de la Constitution, qui est formel : l’enseignement supérieur est public et gratuit. Elle tente donc de le contourner en s’appuyant sur un autre article, mais personne n’est dupe, et plus le gouvernement qui voulait passer en force tarde à déposer son projet, plus la fragilité constitutionnelle de son bricolage sera connue et risque de faire désordre. Le porte-parole parle désormais de fin février pour le vote, et la mobilisation, dont les manifs athéniennes s’achèvent de manière spectaculaire devant le parlement, vise à empêcher le dépôt du projet.

L’autre raison renvoie à une évidente difficulté de Mitsotakis dans la période. Montré du doigt y compris au sein des instances européennes pour ses atteintes aux droits (scandales des écoutes, attaques contre la liberté de la presse, comme vient de l’illustrer un procès mené par son neveu, ex-numéro 2 du gouvernement, contre le journal Efimerida ton Syntakton et d’autres médias), il a besoin, sur fond de mécontentement croissant contre la vie chère (en un an, la bouteille d’huile d’olive, base de la cuisine grecque, a plus que doublé son prix), de soigner sa prétention à se faire passer pour moderniste libéral.

L’un de ses actuels projets, annoncé lors de sa campagne électorale, est de faire voter le mariage homosexuel. Or, la droite grecque, liée très fortement à une église orthodoxe (religion d’État) très réactionnaire, se divise, avec une fronde interne très forte – le tiers de ses députéEs ne voteraient pas une telle loi – et on assiste à des coups tordus étonnants. Alors que l’un des ministres issus de l’extrême droite, Voridis, ex-dirigeant des jeunesses de la junte militaire (1967-74) a fait savoir qu’il ne voterait pas un tel droit, un autre ministre d’extrême droite, Georgiadis, connu pour avoir publié des textes bêtes et odieux contre l’homosexualité, tente quant à lui de convaincre la partie réticente de la droite de voter le projet… Mitsotakis pensait peut-être faire passer son projet de facs privées comme un élément de sa politique « moderniste », mais vu la grave tension que provoque ces jours-ci le projet de mariage homosexuel, il est peut-être plus prudent pour lui d’attendre un tout petit peu pour éviter l’extension à une grave crise politique. Même si la gauche reste non crédible dans les sondages, ce sont 58 % des sondéEs qui se déclarent aujourd’hui mécontents de la politique de ce gouvernement…

Consolidation du mouvement

Les étudiantEs en sont bien conscientEs : la situation est difficile, face à un gouvernement disposant de tous les moyens pour salir et réprimer le mouvement, et d’autant plus dangereux qu’il se sait actuellement en difficulté. Mais fort de mobilisations répétées depuis 2019, fort aussi de l’affaiblissement de la droite étudiante (qui était première aux élections étudiantes jusqu’à peu), le mouvement s’est bien préparé à s’opposer à un projet de loi qui rendrait encore plus fragiles le droit et les possibilités de poursuivre des études.

Même chose du côté des personnels enseignants et administratifs : dans la manif athénienne du 25 janvier, ils et elles étaient plusieurs centaines dans la rue, renforcés par l’arrêt de travail déposé par les deux fédérations du primaire et du secondaire, DOE et OLME. Les enseignantEs du supérieur multiplient d’ailleurs les réunions et textes d’information sur ce que signifierait pour la Grèce l’introduction des universités privées. Et dans le secondaire, ce sont non seulement les enseignantEs mais aussi les élèves qui se mobilisent, et contre le projet de loi universitaire, et contre l’état déplorable et dangereux de nombreux établissements publics. Le 25, ils et elles étaient en nombre à Athènes, dans un cortège très décidé et très animé !

Ce qui fait la force de la mobilisation actuelle, ce sont trois éléments : d’abord, la participation aux AG. Prin, le journal de NAR, donnait des chiffres : dans de nombreux endroits, on a eu des AG de 600 à 900 étudiantEs. Et ce n’est pas la « terreur » dénoncée par la presse de droite qui y règne, mais la volonté de s’informer et de décider. Même la droite vient parfois y participer, ce qui se conclut par un rejet de ses propositions. Mais l’autre atout du mouvement, dans la grande tradition des mobilisations jeunes en Grèce, ce sont les occupations : ce sont bien plus de la moitié des départements universitaires qui sont aujourd’hui occupés, et dans ce contexte, le chantage aux examens perd en efficacité face à la priorité : « Non à la dévalorisation de nos diplômes, gratuité des études ! Les étudiantEs ne sont pas des clientEs! ». Et bien sûr, les trois journées nationales de manifestations ont été des temps forts, d’autant qu’à côté des grandes manifs à Athènes, Salonique ou Patras, les étudiantEs sont descenduEs dans la rue dans toute une série de villes moyennes dotées de départements universitaires. Enfin, même s’il y a des obstacles, la tendance est à la coordination du mouvement, gage d’efficacité.

La prochaine journée nationale de mobilisation aura lieu ce jeudi 1er février, a priori sous les mêmes formes. Étendre le mouvement, peut-être déjà à toute l’Éducation (nouvelle tentative de la droite d’imposer aux enseignantEs du primaire et du secondaire des évaluations sanctions), lier cette lutte à d’autres secteurs, font partie des discussions sur la suite de cette lutte difficile mais massive et porteuse d’espoirs sur la dynamique qu’elle contribue à créer.

Solidarité avec la mobilisation des étudiantEs contre la marchandisation de l’éducation!

A. Sartzekis, Athènes, le 30 janvier 2024

Source NPA

Protestations contre les universités privés

Des milliers de personnes défilent en Grèce pour protester contre les universités privées

Des milliers d’élèves, d’étudiants et d’enseignants se sont rassemblés à Athènes et dans d’autres villes grecques pour protester contre la création d’universités privées. Les manifestants ont marché de l’université d’Athènes à la place Syntagma en scandant des slogans et en brandissant des banderoles en faveur d’une « éducation gratuite pour tous » et de »l’éducation n’est pas à vendre ».

Les enseignants et les professeurs ont observé un arrêt de travail de trois heures afin de pouvoir participer au rassemblement.

La grande manifestation s’est déroulée pacifiquement jusqu’à ce qu’un groupe d’une cinquantaine de personnes mette le feu à des poubelles, endommage des vitrines de magasins et se heurte à la police près de l’université polytechnique.

Des rassemblements de protestation ont également eu lieu à Thessalonique, où le média local thesstoday.gr a rapporté que la police a surveillé le rassemblement à l’aide de caméras portables. Les étudiants sont déterminés à poursuivre leurs protestations par des rassemblements et des occupations d’universités.

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