Niveau de vie : les Grecs tout en bas de l’échelle européenne

Un coût de la vie élevé, des revenus faibles : en termes de niveau de vie, les Grecs figurent parmi les moins bien lotis de l’Union européenne, selon Eurostat. Seule la Bulgarie fait pire.

Le « miracle économique » grec, comme le vante Kyriakos Mitsotakis, n'est pas encore une réalité pour une large partie de la population.
Le « miracle économique » grec, comme le vante Kyriakos Mitsotakis, n’est pas encore une réalité pour une large partie de la population. (Nurphoto Via AFP)

Par Basile Dekonink

Une inflation alimentaire à deux chiffres, des salaires qui peinent à suivre, des loyers qui flambent, l’essence à plus de deux euros le litre… et un constat : au sein de l’Union européenne (UE), les Grecs figurent parmi les plus démunis en termes de niveau de vie, selon la dernière étude d’Eurostat.

D’après l’institut statistique européen, la Grèce disposait en 2023 d’un PIB par habitant exprimé en standard de pouvoir d’achat équivalent à 67 % de la moyenne européenne, soit la 26e place des 27 Etats membres – seule la Bulgarie fait pire.

Immenses disparités

Cet outil statistique est fréquemment utilisé par Eurostat pour évaluer la richesse réelle des citoyens européens, en gommant les différences de prix entre les pays. De quoi mettre en évidence d’immenses disparités parmi les Vingt-Sept : les Luxembourgeois, en tête de classement, ont par exemple un niveau de richesses 2,4 fois plus important que la moyenne européenne.

Les Français se situent presque exactement dans la moyenne, tandis que les Grecs ont un PIB réel par habitant un tiers inférieur, à l’avant-dernière position. Pour le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis, dont le bilan économique est le premier actif, la statistique est cruelle.

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En Grèce, un « miracle économique » à deux vitesses

Forte d’une croissance supérieure à la moyenne européenne (2,2 % en 2023), sur la voie du désendettement, la Grèce regagne en effet la confiance des investisseurs, et le Premier ministre hellène n’hésite pas à en faire un argument électoral. « La Grèce a passé la dernière décennie à s’éloigner de l’Europe, elle passera la prochaine à converger avec elle », confiait il y a quelques semaines aux « Echos » Alexis Patelis, le conseiller économique du dirigeant.

L’embellie est telle que le pays est sorti de la catégorie des « obligations pourries » de deux des trois grandes agences de notation (S&P et Fitch) et a été sacré « économie la plus performante de 2023 » par le magazine « The Economist ».

Mais le « miracle économique » grec, comme le vante Kyriakos Mitsotakis, n’est pas encore une réalité pour une large partie de la population, qui souffre d’une décennie de dépression historique et d’austérité. En 2009, avant la crise, le PIB réel par habitant des Grecs mesuré par Eurostat s’élevait encore à 95 % de la moyenne européenne.

Coût de la vie élevé

En 2024, le salaire minimum vient tout juste d’être rehaussé de 780 à 830 euros brut (la deuxième augmentation en deux ans), mais le salaire annuel moyen est toujours 25 % au-dessous du niveau d’avant-crise. Les retraites, elles, souffrent encore des onze plans de baisse successifs.

Le coût de la vie est par ailleurs élevé : si les Grecs figurent parmi les plus pauvres de l’Union européenne, la Grèce est en revanche en 18e position en termes de niveau des prix parmi les Vingt-Sept, toujours selon Eurostat.

Le gouvernement ne parvient notamment pas à endiguer l’inflation des denrées alimentaires, en hausse de 6,7 % sur un an en février. Le prix des carburants est également en hausse tandis que les loyers ont flambé de 20 % depuis 2018, selon la Banque de Grèce. Conséquence : 26,3 % de la population, soit 2,7 millions de personnes, est exposée au risque de pauvreté. Un chiffre stable depuis 2010.

Basile Dekonink (Correspondant à Athènes)

Source https://www.lesechos.fr

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