Un pouvoir de plus en plus autoritaire et répressif mais une belle victoire à Exarcheia ! Un nouveau code pénal pour réprimer les opposants – Une novlangue inversant ce qui est vital et ce qui est mortifère- Le retour progressif de la censure – Le renforcement de la surveillance – La crise qui ne dit pas son nom – La Grèce, Reine des leurres médiatiques – Des manifestations nombreuses dont personne ne parle- Une belle victoire à Exarcheia : La colline de Stréfi est libérée – « Le jour d’après » sur la colline d’Exarcheia.
LE « RASSEMBLEMENT EUROPEEN NEONAZI » appelé par les nazis d’Aube Dorée à Nei Iraklio, banlieue d’Athènes a été annulé par le mouvement antifasciste.
Le 1er novembre 2023, l’organisation néonazie grecque « Aube dorée » a tenté d’organiser un « rassemblement néonazi paneuropéen » à Neo Iraklio, banlieue au nord d’Athènes. L’objectif était d’organiser une cérémonie devant le site où deux membres de l’Aube dorée ont été assassinés le 1er novembre 2013, il y a dix ans.
L’événement « paneuropéen », annoncé et planifié par A.D., a échoué lamentablement pour une seule raison : la mobilisation massive du mouvement antifasciste. Des organisations anarchistes, antifascistes, des partis politiques de gauche et des syndicats étaient présents.
BREVE NOTICE DU CONTEXTE POLITIQUE Le 7 octobre 2020, le mouvement antifasciste réussit à faire condamner l’Aube Dorée en tant que « organisation criminelle » à travers un procès juridique historique, qui a abouti à l’emprisonnement de plusieurs de ses membres. Cependant, nous nous réservons de considérer cet événement comme une « victoire » absolue, notamment parce que les événements de ce 1er novembre nous emmènent à une et seule conclusion : le néo-fascisme et le néo-nazisme s’écrasent dans la rue grâce à la contre-attaque antifasciste, organisée et solidaire. Le mouvement antifasciste doit donc lutter contre les fascistes et les nazis agissant sous le couvert de la police, mais pas que : La police grecque, ayant par le passé voté pour l’Aube dorée à 50 %, non seulement autorise les actions de l’extrême droite, mais les soutient dans les bureaux de vote comme dans la rue, de vrais nazis en uniforme.La banlieue de « Neo Iraklio », a été pendant plusieurs années le deuxième plus grand siège de l’Aube dorée à Athènes (420 avenue Neo Iraklio/ Λεωφόρος Ηρακλείου 420 – comme par hasard situé à côté du Commissariat de la police) qui servait comme base pour toute le secteur nord d’Athènes. Leur siège va fermer le 25/06/2014, grâce à l’opposition du mouvement antifasciste. Or, les nazis de l’A.D. vont continuer leur activité de manière plus discrète, tandis que d’autres groupes (principalement les nazis de l’organisation « Propatria ») se forment en absorbant des anciens membres de l’AD. La perte de l’axe parlementaire de l’A.D., ainsi que d’une partie de sa branche armée, sera la conséquence de la mobilisation massive du mouvement antifasciste. La dissolution a été un coup fort pour l’organisation de l’A.D. qui a été obligée de trouver de nouvelles façons de s’organiser. Les élections de 2023 nous ont montré que la lutte contre le fascisme est loin d’être fini : le parti de « droite extrême » et néolibérale « Nouvelle Démocratie » triomphe contre le parti opportuniste de SYRIZA, tandis que plein d’autres partis de l’extrême droite entrent au parlement. L’un d’entre eux, « Spartiates », fonctionne sous les ordres du nazi emprisonné Elias Kasidiaris, ancien membre condamné de l’A.D. Les attaques fascistes se sont multipliées au cours de la période écoulée. En août 2023, deux cents néonazis du Dynamo Zagreb profitent d’un match de football entre le Dynamo Zagreb et l’équipe grecque AEK, qui a lieu dans la banlieue de « Nea Philadelphia », à Athènes (elle avoisine à la banlieue de Néo Iraklio dans sa partie nord-ouest) pour attaquer les supporteurs d’AEK, connus pour leur antifascisme combatif. Ce soir là, ils ont assassiné l’antifasciste Michalis Katsouris, fan de l’équipe de football « AEK », et ont blessé aussi un autre garçon de 13 ans.
L’ANNULATION DE LA « FIESTA » À l’approche du 1er novembre et en raison de la mobilisation du mouvement antifasciste, la police interdit les rassemblements, afin de rendre plus difficile la réalisation des réunions antifascistes. Le 20 octobre au soir, des antifascistes détruisent le monument mis en place pour les néo-nazis assassinés à Néo Iraklio. Le 28 octobre au soir, après un concert antifasciste réunissant plus de 2000 personnes, la police grecque intervient de manière très provocatrice et procède à plusieurs interpellations. Le même soir, à Néo Iraklio, la police attaque violemment des membres du mouvement antifasciste, et en laisse plusieurs blessé.e.s. Une antifasciste de 16 ans a été tabassée par la police et reste toujours hospitalisée dans un état critique, en même temps que les médias systémiques tentent de nuire à la personnalité et l’engagement de l’antifasciste. La tension se propage à d’autres régions du pays et des affrontements avec la police éclatent un peu partout. Le soir même, une marche est organisée en hommage à l’antifasciste de 16 ans gravement blessée. Elle se termine sur la place Syntagma et, de là, se rend à Exarchia, où des nouvels affrontements ont lieu. Le 1er novembre , la situation s’aggrave encore. Les néonazis, après avoir « tenu » un « rassemblement » d’une soixantaine de personnes devant leur »monument », échec énorme par rapport à la vision d’organisation d’un ‘rassemblement paneuropéen », déferlent dans le centre-ville d’Athènes,avec la bénédiction policière . A la station de métro Monastiraki, quarante nazis de « Propatria » agressent des personnes revenant de rassemblements antifascistes, ainsi que de personnes racisées et sexisées, avec la « tolérance » de la police qui se trouvait à l’extérieur de la station. Les nazis de Propatria , munis d’extincteurs et de bidons d’essence, ont attaqué violemment les personnes dans les wagons. Ils vident des bidons d’huile sur elles en criant notamment des insultes sexistes et les menaçant de leur brûler vives, en présence de la police. C’est clairement une intimidation meurtrière par des pogroms fascistes contre des personnes racisées, sexisées et des immigrées. Les force de l’ordre « DELTA » et « DIAS » arrivent sur les quais, non pas pour protéger les victimes et arrêter les agresseurs nazis, mais pour procéder à des interpellations d’antifascistes. Ailleurs à Athènes, des affrontements ont eu lieu entre les antifascistes et la police, à Thiseio, Victoria, et d’autres quartiers de la ville. Le mouvement antifasciste grec a bien montré ces derniers jours que les nazis ne sont pas tolérés dans l’espace public et a répondu de manière combative aux provocations et aux attaques de la police et des nazis. Aujourd’hui la tension règne toujours, de nouvelles provocations sont attendues. Solidarité et soutien avec le mouvement antifasciste en Grèce ! Solidarité avec nos camarades blessées ! Solidarité avec nos compagnon.nes de Grèce et avec nos compagnon.nes antifascistes dans le monde entier!
Mise au point concernant les événements de ces derniers jours à Athènes.
LES MENSONGES DU GOUVERNEMENT GREC, LA COM BIDON DES NAZIS ET LA RÉALITÉ SUR CE QUI S’EST PASSÉ
Tout et n’importe quoi a été dit sur ce qui s’est passé à Athènes depuis quelques jours : mobilisations paneuropéenne des fascistes et des antifascistes, manifestations dans plusieurs quartiers de la ville, affrontements violents, interventions de la police, arrestations préventives…
LES MENSONGES DU GOUVERNEMENT GREC
Le pouvoir se drape une fois de plus dans l’habit du chevalier blanc : dans les médias, le gouvernement prétend avoir été neutre, face à deux extrêmes qui « se rejoignent dans des mêmes pratiques violentes » et avoir essayé au maximum de protéger la population athénienne de ces « hordes barbares ». En réalité, comme le montrent les vidéos que nous avons publiées, la police grecque s’est clairement positionnée dans le camp des fascistes et ce n’est pas une surprise. Les néonazis ont été protégés et escortés à plusieurs reprises, au point de faire un petit bout de manif sous protection policière malgré l’interdiction annoncée une semaine auparavant.
Durant le moment le plus choquant, en l’occurrence la tentative de brûler vives des personnes dans le métro (1), dans la station Monastiraki, la police a longtemps laissé faire, puis elle est intervenue en laissant partir la quasi-totalité des agresseurs (sur l’une des vidéos, on voit même un policier aider un néonazi à récupérer son casque avant de partir sans être inquiété). Un seul néonazi a finalement été arrêté, malgré les circonstances extrêmement graves, les blessures nombreuses et la volonté de tuer.
À l’inverse, dans d’autres quartiers d’Athènes, les antifascistes ont été réprimés violemment par la police. L’exemple le plus terrible est celui d’une jeune antifasciste de 16 ans frappée à la tête par les cow-boys de l’unité de police OPKE, comme le confirment plusieurs témoins, à la fin d’un concert antifasciste organisé le 28 octobre qui a rassemblé 2500 personnes. Elle est actuellement hospitalisée dans un état critique (2). Presque toutes les autres victimes des violences policières sont des antifascistes, mais aussi des passants qui ont eu la malchance d’être là au mauvais moment et qui ont été chargés et frappés également.
Autre enfumage : le gouvernement se prévaut d’avoir stoppé l’arrivée d’un groupe de 21 fascistes italiens à l’aéroport, deux jours avant l’événement. Mais il ne pouvait pas en être autrement : ce commando de Casa Pound avait publiquement annoncé son voyage en Grèce et ses intentions violentes. Tout le monde était au courant. L’alerte avait été donnée. Et qui plus est, les membres de ce pseudo commando étaient tatoués de symboles fascistes à gogo jusque sur le visage et n’avait pas que des slips dans leurs bagages. Les laisser venir aurait conduit à refaire ce qui s’était passé en août, quand la police grecque avait laissé venir jusqu’à Athènes plus de 200 supporters néonazis croates du Dynamo Zagreb avec les conséquences qu’on connait : l’assassinat à coups de couteau de notre camarade Michalis Katsouris, militant antifasciste et supporter de l’AEK Athènes, et les blessures graves de plusieurs autres personnes, dont une jeune fille de 13 ans.
Tous les autres invités fascistes sont entrés en Grèce sans problème et on rejoint leurs petits copains néonazis pour le rassemblement. Sauf qu’ils étaient beaucoup moins nombreux que prévu. Pourquoi ? Premièrement du fait de l’interdiction du rassemblement (et du contre-rassemblement) annoncée une semaine avant. Deuxièmement du fait de la forte mobilisation antifasciste, très visible partout dans la rue, sur les murs, dans les médias indépendants et sur internet. Beaucoup de fascistes grecs et visiteurs ont jeté l’éponge bien avant la journée du premier novembre. La preuve : les fascistes n’étaient finalement qu’une petite centaine au rassemblement à la mémoire des deux néonazis tués il y a dix ans (voir photo du rassemblement fasciste en pièce jointe, avec la croix celtique sur le drapeau grec, à comparer avec les photos des rassemblements antifascistes beaucoup plus nombreux).
LA COM BIDON DES NAZIS
Du côté des néonazis, c’est le grand n’importe quoi en matière de communication, comme d’habitude. Alors qu’ils ont complètement échoué dans leur projet grandiose de mobiliser « des milliers de nationalistes de toute l’Europe » et de reformer des « bataillons d’assaut » pour préparer « le ménage nécessaire dans une Europe dégénérée » (sic), ils essaient d’isoler deux choses en particulier durant ces derniers jours pour ne pas parler du reste.
Ces deux choses retenues sont le guet-apens sur quelques antifascistes et migrants dans le métro (dont les fascistes se sont dépêchés de tirer des memes sur internet, ici en pièces jointes) et la prise d’un petit drapeau anarchiste (un drapeau du collectif de soutien aux migrants du squat Prosfygika, également en pièce jointe).
Concernant le guet-apens dans le métro, ils traitent leurs victimes de « poules mouillées » (y compris sur les vidéos) en oubliant de préciser qu’elles étaient beaucoup moins nombreuses et accompagnées de personnes vulnérables. Nos camarades et compagnons se sont bien sûr défendus, mais l’effet de surprise associé à la menace de l’incendie avec plusieurs bidons d’essence et d’huile (non pas un bidon mais trois) ont perturbé leur défense, dans le chaos et les cris assourdissants. Il y a eu très vite des blessés, dès les premières secondes, et la panique chez les autres passagers.
Concernant la prise du drapeau du collectif de soutien aux migrants du squat Prosfygika (un groupe d’immeubles vétustes squattés au nord d’Exarcheia, juste de l’autre côté de l’avenue Alexandras), il n’y a pas de quoi pavoiser. Ce n’est pas une banderole ni un autre objet collectif, c’est juste le petit drapeau d’un bâton que quelqu’un a perdu dans un affrontement. C’est dire si les néonazis n’ont pas grand chose à montrer !
LA RÉALITÉ SUR CE QUI S’EST PASSÉ
Ce qui est à retenir de cette semaine mouvementée à Athènes, c’est d’abord que la mobilisation antifasciste a été importante (cf. photos), épaulée par quelques visiteurs d’autres villes d’Europe (sans oublier des solidaires de squats souvent en provenance d’Europe occidentale, notamment de France, Espagne, Belgique, Suisse et Allemagne). Plusieurs groupes anarchistes dont Rouvikonas ont envoyé leur section antifasciste. Les assemblées de squats de réfugié-es/migrant-es également, à commencer par le Notara 26 et Prosfygika. Les autres groupes révolutionnaires n’ont pas manqué à l’appel, de même que plusieurs syndicats et organisations politiques, sans oublier les étudiants, les enseignants et les parents d’élèves. Bref, la mobilisation a été forte. Il y avait environ 2500 personnes au concert antifa le 28 octobre et entre 500 et 2000 personnes à chaque manif et rassemblements dans plusieurs quartiers d’Athènes, malgré l’interdiction. Les murs de la ville ont clairement été antifas durant cette semaine, comme souvent en Grèce. Idem sur internet. Il n’y a pas eu photo.
De leur côté, les néonazis grecs et leurs rares visiteurs fascistes ne sont sortis de leur cachette que pour aller attaquer discrètement des migrants dans les rues sombres (au moins trois fois) à 10 contre 1. Ils ne se sont quasiment jamais montré nulle part, ou alors sous protection policière. Et surtout, ils n’ont même pas réuni 100 personnes à leur rassemblement prévu de longue date, à la mémoire des deux néonazis tués il y a dix ans. Un bide complet !
Par contre, ils ont rappelé à quel point ils sont des nazis : vouloir brûler vives des personnes dans un wagon, chasser des migrants dans la nuit… Ils ont également rappelé qu’ils sont des zombies et des froussards : rien du tout en pleine lumière, que des actions de nuit, en catimini, toujours en supériorité numérique, absolument toujours (quand ils m’avaient attaqué au Pirée, je me souviens que leur premiers mots étaient : « c’est bon, il est seul » avant que le métro arrive par chance et que les voyageurs ne viennent me sauver et m’emmènent à l’hôpital, et c’est le cas pour la plupart de celles et ceux qui ont été attaqués).
Au final, « plus de femmes blessées que d’hommes, à la fois par les nazis et par les flics, n’est-ce pas aussi un symbole ? » me souffle Maud à mes côtés. Oui, le sang de plusieurs femmes et adolescentes a coulé, de Monastiraki à Viktoria. Et cela montre aussi à quoi mène leur violence viriliste et patriarcale.
CONCLUSION
Le gouvernement et sa police ne sont pas des remparts contre les fascistes, ni en Grèce ni en France. D’abord parce que les gouvernements grecs et français sont composés de transfuges de l’extrême-droite (des anciens du LAOS dans le gouvernement Mitsotakis ou encore Darmanin, ancien de l’Action française, dans le gouvernement Borne). Ensuite, parce que la plupart des MAT (CRS) qui ont frappés les antifascistes sont connus pour voter à l’extrême-droite, sans même s’en cacher (tatouages, logos sur leurs tenues, menaces fréquentes…), tout comme beaucoup de leurs homologues dans l’hexagone et ailleurs dans le monde. Enfin, parce que le capitalisme et la société autoritaire produisent le fascisme comme l’orage produit la foudre. Et pas uniquement le fascisme formel, organisé en parti ou en groupe de militants bas du front. Le fascisme en général, présent dans tous les replis de la société autoritaire : dans le couple, l’éducation, le travail, etc.
Tant qu’il y aura des rapports de domination et d’exploitation dans la société, il y aura du fascisme, c’est-à-dire des opinions et des actes exacerbés en la matière, mais qui ne sont qu’un effet loupe de ce que produit naturellement cette société absurde.
Tant que la compétition primera sur la coopération et que les mots liberté et égalité seront vides de sens, il y aura du fascisme sous toutes les formes.
Combattre le fascisme nécessite donc également de lutter plus globalement contre le système politique et économique qui le génère. Un système archaïque, basé sur la hiérarchie, la division et la mise en concurrence des humains.
Voilà pourquoi nous sommes partisan d’un antifascisme radical (3) qui ne combat pas seulement les effets, mais aussi les causes.
(3) Je conseille à ce sujet un nouveau livre écrit collectivement par La Horde et édité par Libertalia : « Dix questions sur l’antifascisme ». Un excellent bouquin à lire absolument et à faire connaitre. Le sommaire en dix questions est ici :
Le scrutin du 25 juin dernier en Grèce a amplifié les tendances révélées par celui du 21 mai : domination à un haut niveau de la droite au pouvoir depuis 2019, poussée de l’extrême-droite, au sein de laquelle réapparaît un pôle néonazi qui prend le relais d’Aube dorée, poursuite de la déroute de Syriza, faible progression du Parti communiste (KKE), échec des autres forces de la gauche radicale, en particulier de la coalition autour du parti de Yanis Varoufakis et d’Unité populaire sous la bannière de MeRA25-Alliance pour la Rupture.
La démission d’Alexis Tsipras de la direction de Syriza, le 29 juin dernier, dans une ambiance lugubre, symbolise à elle-seule la fin d’une époque. Une époque qui a commencé au printemps 2010 avec l’imposition d’une thérapie néolibérale d’une brutalité inouïe et la mise sous tutelle du pays par l’UE, qui s’est poursuivie avec une vague impressionnante de mobilisations populaires et la montée au pouvoir en janvier 2015 d’une formation de la gauche radicale jusqu’alors aux marges du système politique et qui s’est achevée sept mois plus tard par la capitulation de cette même formation face aux diktats de l’UE et par la destruction de l’espoir que ce petit pays a représenté pour les forces progressistes pendant ces années de tumulte.
Dans cet article, Mariana Tsichli, co-secrétaire d’Unité Populaire, analyse les traits principaux de ce cycle électoral et politique et formule quelques propositions pour la reconstruction de la gauche radicale dans la période difficile qui s’annonce.
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Le scrutin du 25 juin a validé et approfondi les changements enregistrés lors de celui du 21 mai. Trois éléments de dégagent :
– La Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis a cristallisé sa domination sur la scène politique.
– Le déclin de Syriza s’est accentué, le privant de sa fonction d’opposition capable accéder à moyen terme au pouvoir, quelle que soit l’évolution de ce parti au cours de la prochaine période.
– Le Pasok n’a pas réussi à dépasser le score atteint lors du scrutin de mai. Εntièrement contrôlé par les centres de pouvoir, traversé en interne par de stratégies contradictoires, ce parti ne peut constituer un pôle revendiquant l’alternance gouvernementale.
Dans l’ensemble, la séquence électorale de mai et juin débouche sur un renforcement de la droite et de l’extrême droite et une défaite majeure de la gauche. Ce résultat tout à la fois reflète et produit des déplacements idéologiques et politiques.
La droite a obtenu en juin un total de près de 55% des voix ; pour la première fois depuis 1974, elle obtient une majorité des votants. Sa reconstruction et l’expansion de son influence sont évidentes. La poussée de l’extrême droite est tout autant révélatrice de cette radicalisation à droite d’autant qu’elle s’exprime à fois par reconstitution d’un pôle néonazi [les Spartiates] et par l’émergence, ou la consolidation, de formations obscurantistes et complotistes [Solution grecque et Niki : Victoire]. La remontée limitée du Parti communiste grec (KKE), ou le niveau élevé de l’abstention ne sauraient relativiser ce constat. En effet, tout au long de cette période, l’abstention a davantage affecté l’électorat de centre-gauche et de gauche que celui de droite. La forte augmentation de l’abstention au cours des dernières décennies reflète en partie une crise de légitimité des partis politiques, mais elle ne peut conduire à une délégitimation du pouvoir si elle ne s’accompagne pas d’une montée du mouvement populaire. Au contraire, en l’absence de participation populaire à l’action politique et au processus parlementaire, la montée de l’abstention traduit un virage conservateur.
Le principal facteur à l’origine de la victoire électorale de la ND est la recomposition sociale de grande ampleur qui résulte de la thérapie de choc imposée par les trois Mémorandums conclus entre l’UE et les gouvernements successifs. Cette stratégie de stabilisation du capitalisme grec a connu un succès relatif même si celui-ci demeure à des niveaux nettement inférieurs à ceux d’avant la crise. Ce processus a produit des gagnants (dont le poids dans la représentation politique s’est accru) et des perdants (dont la représentation et la présence politique se sont réduites).
Le résultat du cycle électoral est l’expression combinée des tendances de fond qui ont marqué la période à savoir, d’une part, les restructurations qui ont modifié les rapports de force en faveur du capital et le recul corrélatif des formes organisées du mouvement ouvrier et, de l’autre, l’occupation de l’appareil d’État par la ND et son utilisation pour stabiliser autour de la bourgeoisie un bloc social qui inclut largement la petite bourgeoisie et certains secteurs populaires.
Dans ce contexte, la ND a profité de l’assouplissement des politiques budgétaires pendant la pandémie et de l’attitude favorable des cercles dirigeants de l’UE pour canaliser d’importantes ressources (Fonds européens, excédents accumulés sous le gouvernement Syriza, excédents primaires) afin de stabiliser sa base sociale. Ces fonds ont pour la plupart été alloués aux secteurs bourgeois et aux classes moyennes supérieures. Toutefois, une partie a également été distribuée aux petites entreprises et aux travailleurs indépendants. Ces aides ponctuelles ont contribué à atténuer, dans une mesure limitée, les effets directs de la crise sur les couches populaires.
Les grands médias ont également joué un rôle important dans le maintien de la base électorale de la ND, malgré ses politiques agressives, ses échecs majeurs et le scandale des écoutes. Pour la première fois depuis la chute de la dictature, le système médiatique soutient en bloc le parti au pouvoir, alors que l’opposition n’a ni base médiatique propre ni accès significatifs aux grands médias. Les médias se sont ainsi efforcés, et ont en partie réussi, de redresser l’image du gouvernement après la catastrophe ferroviaire de Tempi, comme ils l’ont fait durant les années précédentes. Les erreurs commises par l’opposition pendant la période électorale, principalement, mais pas seulement, par Syriza, ont eu un effet réel, mais secondaire, sur le résultat des élections, en alimentant un sentiment d’insécurité parmi une partie des électeurs à la recherche de « stabilité et de normalité ».
La stratégie de la bourgeoise grecque
Après 2015, tous les secteurs de la bourgeoisie ont cherché de manière coordonnée à créer les conditions de domination d’un seul pôle sur la scène politique et en même temps une configuration d’ensemble avec un seul parti dominant (de droite) et deux partis faibles (de « centre-gauche ») incapables, à moyen terme, de revendiquer l’alternance gouvernementale. L’agressivité dont ont fait preuve les centres de pouvoir à l’égard de Syriza montre qu’un postulat fort répandu à gauche n’est pas valide en tout circonstance : la bourgeoisie n’a pas nécessairement besoin d’un système politique bipartisan pour maintenir la stabilité politique à travers un mécanisme d’alternance entre les deux pôles et neutraliser/intégrer de cette façon les classes populaires.
En même temps, au cours de cette période, le bloc au pouvoir en Grèce est dominé par des secteurs capitalistes moins dépendants que par le passé d’une stratégie de développement à long terme. La remontée visible des profits et du taux de profit n’est pas obtenue au moyen d’une reprise significative de l’accumulation capitaliste, mais par la compression de la valeur de la force de travail et les opportunités créées par la mise à l’encan des richesses naturelles et des infrastructures publiques suite à la thérapie de choc imposée par les Mémorandums. Les raisons du soutien absolu accordé par la bourgeoisie grecque à la ND évolution trouvent, pour une part, leur origine dans cette évolution.
La trajectoire de Syriza
Le scrutin de juin a accentué le recul de Syriza, qui enregistre une perte cumulée de plus de 1,3 million de voix depuis 2015. Seule une fraction réduite de cet électorat s’est déplacée à gauche, tandis que la majeure partie s’est tournée soit vers la droite, soit vers l’abstention. En particulier au cours de la période 2019 – 2023, la majeure partie des pertes de Syriza s’est tournée vers la droite, même dans les zones populaires et celles à prédominance ouvrière. Les interprétations qui attribuent la défaite électorale de Syriza exclusivement à son virage à droite s’avèrent simplificatrices dans la mesure où il n’y a pas eu de renforcement substantiel des formations politiques sur sa gauche. Ceci dit, le reniement du « non » du référendum de 2015 et le virage néolibéral qui s’en est suivi ont sans aucun doute façonné le substrat des tendances idéologiques et politiques qui ont déterminé le résultat de ces élections.
Une autre voie aurait exigé un choix radicalement différent de la part de son groupe dirigeant dès le premier trimestre de 2015, bien avant le référendum, alors que les signes de la dégradation de la situation se multipliaient. Une stratégie politique alternative aurait nécessité un deuxième scrutin, et non une alliance avec ANEL [parti souverainiste de droite qui a participé au gouvernement de 2015 à 2019], une rupture des négociations avec la Troïka, un arrêt du remboursement de la dette, l’utilisation des réserves existantes et la recherche d’autres alliances économiques et politiques au niveau international autour de l’axe émergent des BRICS.
Il s’est avéré que Syriza n’avait ni la structure organisationnelle, ni les liens avec les secteurs sociaux et les références internationales qui lui auraient permis de diriger une alliance de classe populaire et mener un tel conflit avec le capital grec, les appareils d’État et les puissances impérialistes. Syriza dans son ensemble n’était absolument pas préparé politiquement, socialement et idéologiquement à une rupture de cette ampleur. Son ascension électorale était basée sur le mécontentement social et la volonté de larges couches de la population d’imposer une politique différente pour arrêter la chute rapide de leur niveau de vie. Cependant, ce mouvement social avait des limites politiques et idéologiques quant au niveau de conflit qu’il était prêt à assumer. Syriza se présentait comme une solution intermédiaire, à moindre coût. D’une part, il répandait un discours flatteur assurant qu’il serait facile de négocier avec les centres impérialistes européens un changement de politique sans recourir à un conflit majeur. D’autre part, le fait qu’il ait été orienté, tout au long de son parcours antérieur, vers le bloc impérialiste d’Europe occidentale offrait certaines garanties, non seulement à la bourgeoisie, mais aussi aux couches populaires et petites-bourgeoises à la recherche d’un changement de politique mais sans rupture radicale.
Le sens de la remontée du KKE
Pour la gauche radicale, le résultats des élections de mai et juin signale également un virage conservateur, dans la mesure où le seul pôle qui en sort renforcé est le KKE. Celui-ci est désormais la seule force à gauche de Syriza à être représentée au Parlement. Sa capacité à conserver une base organisée, qui lui permet d’être en contact direct avec des secteurs populaires dans des conditions de réalignement de leur positionnement politique, a été un facteur décisif de sa progression électorale. Il faut cependant également tenir compte du fait qu’il a profité d’un traitement bienveillant de la part des médias qui l’ont présenté comme un parti de gauche « sérieux et responsable ». Le KKE est ainsi reconnu par le système comme un parti de protestation qui, à chaque moment critique, a été un facteur de stabilisation.
L’interprétation du résultat électoral par le KKE lui-même est à cet égard révélatrice. Celui-ci y voit une justification de sa stratégie au cours de la période 2012-2015, c’est-à-dire de sa position sur le mouvement d’occupation des places [qu’il a dénoncé], le référendum de juillet 2015 [lors duquel il a appelé au vote nul], ou sur la zone euro [hostile à la sortie]. Il est de ce fait incompréhensible que certains courants de la gauche radicale aient appelé implicitement ou explicitement à soutenir électoralement ce parti alors qu’ils se sont frontalement opposés à ses choix pendant les 13 dernières années. Quoi qu’il en soit, le KKE n’a réussi à attirer qu’une petite partie des électeurs qui se sont détournés de Syriza. Malgré son succès relatif, à mesure que se cristallisent les effets des politiques néolibérales et autoritaires, les possibilités d’intervention du KKE se réduiront également, tant qu’il ne changera pas d’orientation politique.
L’échec de la gauche radicale
Une partie confuse du vote de gauche s’est orientée tourne vers la formation de Zoé Konstantopoulou (Cap vers la liberté), qui ne peut cependant pas être considérée comme une force de gauche. Cette formation a bénéficié d’une grande visibilité dans les principaux médias, qui traduit une forme de soutien par certains centres de pouvoir soucieux de réduire l’influence de Syriza et des formations de gauche telles que MeRA25 – Alliance pour la Rupture.
Le résultat de MeRA25-Alliance pour la Rupture, qui n’a pas réussi à atteindre le seuil de 3% pour entrer au parlement, est un échec pour la gauche dans son ensemble. Le résultat de juin était dans une large mesure déterminé par la dynamique négative du résultat de mai, dynamique qui ne pouvait pas être inversée dans le peu de temps qui séparait les deux scrutins. Dans ce contexte, le maintien du score à un niveau légèrement en deçà de 3% est un point d’appui dans une situation d’ensemble défavorable.
L’une des principales raisons de l’échec se trouve dans l’incapacité de MeRA25 à nouer, au cours des quatre dernières années, des liens organiques avec des secteurs des classes populaires, même à petite échelle. De ce fait, sur une grande partie du territoire, la diffusion du message de la coalition était dépendant de sa présence dans les médias et les réseaux sociaux. Cette situation a limité les possibilités de contenir les pertes produites par la stigmatisation de MeRA25 par l’ensemble des autres formations et par les principaux médias.
Toute erreur tactique lors de la campagne a ainsi eu des effets démultipliés. Mettre en avant un programme quasi-gouvernemental, même s’il contenait des éléments de rupture avec les principaux axes de la stratégie néolibérale (garantie des logements menacés de saisie par les fonds spéculatifs, création d’une banque de développement, reprise de contrôle du système bancaire, abolition du fonds de privatisation, remise en cause de la dette publique, etc.) était un choix inappropriée pour une petite formation de gauche qui luttait pour entrer au parlement.
Au-delà de ces questions tactiques, sont apparues des erreurs stratégiques qui affectent la gauche radicale dans son ensemble, mais aussi Syriza. Le cycle électoral a révélé une incapacité aigüe à comprendre les évolutions et reclassements au sein des couches populaires mais aussi l’épuisement de l’énergie qui a alimenté au cours des années 2010-2015 la montée de Syriza et le « non » au référendum. Le succès de la droite, l’effondrement de Syriza, mais aussi l’échec du MeRA25-Alliance pour la rupture sont liés au rejet de la possibilité d’une répétition d’une crise comme celle de 2015. Cette période est vécue comme un traumatisme par de larges couches de la population, non seulement par les plus riches, mais aussi par celles et ceux qui ont un emploi relativement stable ou même une pension. Elle reste également comme celle de la perte de l’espoir pour les couches qui se retrouvent laminées par la crise et la thérapie néolibérale de choc. L’insistance – lors de la campagne pour le scrutin de mai – de MeRA25-Alliance pour la Rupture sur le clivage de 2015 n’a pas pris en compte le basculement du rapport de forces politique et idéologique qui s’est produit au cours des huit dernières années.
Outre l’épuisement des énergies du « non » de juillet 2015, est également apparue une forme d’épuisement de l’espace qui a émergé de la séquence de rupture de 2015 qui concerne toutes les formes de dissidence de gauche, que ce soit celles issues de Syriza ou d’Antarsya. En refusant de rejoindre, ou de soutenir, le regroupement tenté par MeRA25-Alliance pour la Rupture, certaines forces de la gauche radicale ont manqué une opportunité cruciale de peser sur le rapport de forces politique global. Elles ont commis la même erreur qu’Antarsya en 2015, ne réalisant pas qu’en l’absence de représentation institutionnelle d’un courant de la gauche radicale, il n’y a pas de terrain favorable à une recomposition des forces.
En ce qui concerne Antarsya, ses résultats ont confirmé l’effritement de cet espace politique depuis plus de dix ans. Le maintien obstiné d’un discours d’agitation axé sur la « révolution anticapitaliste » s’est, une fois de plus, révélé autoréférentiel, narcissique et inefficace. Au terme d’une période de crise sociopolitique de portée historique, pendant laquelle des millions de travailleu.se.rs se sont, dans un premier temps, déplacés vers la gauche, puis ont pris le chemin inverse, ou se sont abstenus, Antarsya se retrouve à un étiage inférieur à celui des forces qui l’ont précédée au cours des années 1990 et 2000.
La nécessaire réorientation de la gauche
Le rapport de forces actuel permet une accélération significative de la politique du gouvernement Mitsotakis et la consolidation, sous certaines conditions, de sa domination à moyen terme sur la scène politique. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de contradictions ou de place pour les luttes sociales, ni que ce rapport de forces ne peut être remis en question. Le caractère agressif et autoritaire de la politique de la ND suscitera des mécontentements et des résistance. De plus, les dernières années ont montré que les positions politiques et électorales se caractérisent par une grande fluidité et que les relations organiques de la société avec les partis politiques ont été démantelées.
La possibilité d’une intervention sur ce terrain dégradé exige un travail patient et une orientation résolument unitaire. L’aspect clé d’une telle stratégie consiste à aborder les questions de l’heure et les fronts de lutte qui en découlent avec un discours simple et compréhensible et par des pratiques susceptibles d’impliquer les secteurs populaires. Cette stratégie reconnaît le caractère défensif dans lequel se trouve actuellement le mouvement social et combine les délimitations politiques nécessaires avec des réponses aux questions cruciales pour les classes populaires, telles que la santé publique, l’éducation, l’inflation et la coût de la vie, la crise du logement.
Un travail à plus long terme est également nécessaire afin d’élaborer de nouveaux éléments programmatiques qui remettent en question le modèle de développement du capitalisme grec et donnent forme à l’opposition aux intégrations impérialistes (UE, OTAN). Cette orientation devrait également prendre la forme d’une unité d’action, avec la création de cadres d’intervention unifiés dans les mouvements sociaux et les syndicats afin de construire des liens durables avec des secteurs, même minoritaires, des classes populaires. Le combat antifasciste constitue un front distinct de très grande importance qui exige des cadres spécifiques.
Au niveau politique, il s’agit de construire un réseau de forces, d’organisations, de militants non-encartés ou qui se sont retirés de l’action politique ou qui seront, au cours de la période à venir, à la recherche d’une issue de gauche à la crise de Syriza. Cet espace devrait inclure la totalité du spectre qui va de MeRA25 aux organisations de la gauche radicale qui sont disposées à participer à un cadre unitaire, à dépasser les désaccords et des blocages passés et à promouvoir des relations de respect et de parité. Un tel processus pourrait commencer à se concrétiser lors des prochaines élections municipales et régionales [qui auront lieu en octobre prochain], créant ainsi des conditions favorables pour un cadre commun en vue des élections européennes de 2024.
*
Texte initialement paru dans Jacobin Greece le 13 juillet 2023, traduit pour Contretemps par Stathis Kouvélakis.
Note
* En juin 2023, les formations d’extrême droite représentées au parlement sont les Spartiates, parti néonazi qui se présentait pour la première fois et qui prend le relais d’Aube Dorée (4,7%) et les deux formations de type alt-right : Solution grecque (4,4%), représentée au parlement depuis 2019, et Niki (Victoire) qui se présentait pour la première fois lors du scrutin de mai 2013 et qui obtient en juin 3,7%. Aube Dorée entrait au parlement en 2012, avec 7 et 6,9%, respectivement aux scrutins de mai et juin 2012, puis de nouveau en janvier et septembre 2015, avec respectivement 6,3 et 7% des suffrages. Elle avait obtenu 2,9% en 2019, dernier scrutin où elle s’est présentée sous son nom, en-deçà du seuil d’entrée au parlement (3%).
FACE À LA RECRUDESCENCE DE MEURTRES ET ATTAQUES RACISTES/FASCISTES, BRISONS LE SILENCE COMPLICE !
Alors que l’extrême droite est plus que jamais dans l’ADN du nouveau gouvernement Mitsotakis, que les Spartiates sont désormais au Parlement avec Solution grecque et Niki, que le nazi Kasidiaris tente de participer aux élections municipales, on constate une augmentation des attaques fascistes et racistes dans les rues athéniennes.
Shiraz Saftar, un jeune homme de 25 ans originaire du Pakistan, a été assassiné le 12 août dernier à Perissos, dans une zone où de nombreuses attaques racistes ont déjà été recensées. L’assassinat de Shiraz est survenu quelques jours après le meurtre de Michalis Katsouris par des hooligans nazis à Nea Filadelfia, à l’extérieur du stade de l’AEK. Ce nouveau meurtre réveille les souvenirs de celui du travailleur pakistanais Shahzat Loukman, tué à Petralona par des membres de l’organisation criminelle et nazie Aube dorée il y a dix ans. Tout comme Shahzat, Shiraz a été tué tôt le matin. Tout comme Shahzat, Shiraz se rendait au marché où il travaillait.
Le 16 juin dernier à Peristeri, c’est Gulam Abbas qui a été victime d’insultes racistes et islamophobes, menacé de mort par un automobiliste qui l’a finalement blessé à la tête. La plainte de cet autre travailleur pakistanais pour violence raciste n’a pas été transmise au Département de la police grecque prétendant lutter « contre la violence raciste ». Le 9 juillet dernier, c’est Fiaz Ahmad, immigré pakistanais vivant à Sepolia, qui a été agressé au visage par une personne vêtue de noir et armée d’un poing américain. Toujours en juillet dernier, Nazir Ahmed, travailleur pakistanais a subi des insultes racistes et été agressé par son patron à Plateia Anixi.
Comme souvent en Grèce (et ailleurs), il est impossible de connaître les détails et l’ampleur de ces violences et de ces meurtres ciblant des personnes racisées. Il existe une indifférence voire la complicité de nombreux médias, de la police, de la justice (celle de classe, souvent discriminante envers les personnes opprimé.es/ racisées et indulgente envers les personnes de pouvoir et les fascistes) et d’une large partie de la société. Ce climat de haine est propice à des violences structurelles, qui sont souvent à la fois racistes, islamophobes, classicistes et sexistes.
Toujours, nous serons des ennemi.es féroces des fascistes et des racistes de toutes sortes. Toujours, nous serons aux côtés des victimes du racisme, du fascisme et du capitalisme. Ensemble, nous luttons contre le régime meurtrier des frontières, contres les Etats et leurs hommes de main racistes. L’entraide et l’autodéfense antifascistes sont nos armes !
Assemblée du squat de réfugié.es/migrant.es Notara 26
Magda Fyssa a participé à l’événement – débat sur l’extrême droite, exprimant sa colère face à l’entrée des partis d’extrême droite au Parlement.
Magda Fyssa a également évoqué les difficultés rencontrées par ceux qui ont soulevé la lutte antifasciste devant les tribunaux et quel a été le chemin parcouru par le mouvement au cours de la dernière décennie. À ce jour, les « meurtres d’État », les « meurtres policiers », les « féminicides » se poursuivent.
« Qu’est-ce qu’on fait de tout ça ? Dix ans que Paul a été assassiné, je continue et je vois des meurtres partout. Zak, meurtres d’État, meurtres policiers, féminicides. Je suis toujours très en colère », a-t-elle déclaré.
Et elle a clairement fait savoir à quel point elle était en colère contre la situation actuelle :
« Honnêtement, je suis très en colère. En colère contre nous tous. Parce que les mots ont du bon. Mais quand [le fascisme] frappe à votre porte et que vous avez un meurtre et que vous le portez à vie. Et tout cela ne suffit pas. Quand vous avez la perte de votre enfant, la façon dont cela s’est passé. Nous seuls savons ce que nous traversons. Ce qu’est le nazisme ».
En conclusion, Magda Fyssa a lancé un appel à l’unité des luttes et au soutien des victimes des meurtres policiers et des familles des victimes de Tempe.https://twitter.com/i/status/1677748643179241473
La mère de Pavlos Fyssas assassiné par les néo-nazis condamnés , la femme qui porte la lutte antifasciste sur ses épaules depuis dix ans, qui a lutté pour voir, et a vu les néo-nazis d’Aube Dorée en prison, a fait des déclarations à l’occasion de l’entrée du parti néo-nazi « Spartans » au Parlement avec le « carburant » Kasidiaris.
« Réjouissez-vous d’eux. Vous les vouliez et vous les avez fait sortir. Certains ont travaillé pour cela. Je suis ici dans la rue et je me bats contre le fascisme que j’ai sur le dos », a déclaré Magda Fyssa, avant de poursuivre : « Vous avez tous travaillé pour obtenir le fascisme :
« Vous avez tous travaillé pour revenir au Parlement. Maintenant, si une partie ne voulait pas d’eux, les autres les voulaient. Toutes les chaînes disaient qu’il s’agissait de quelque chose de nouveau. Prenons maintenant la nouveauté que Kasidiaris est à l’intérieur…
Malheur à nous qui sommes dans la rue et qui combattons le fascisme depuis dix ans maintenant pour entendre un jour les Spartiates et que Kasidiaris soit à l’intérieur.
Quelqu’un a travaillé pour cela. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pas entendu dire que les Spartiates existaient en tant que parti et maintenant ils sont entrés au Parlement. La communauté qui les a fait émerger devrait s’en réjouir et savoir qu’ils nous trouveront contre lui et que nous ne reculerons pas ».
Leurs fils ont été assassinés par des néonazis. Aujourd’hui, elles s’engagent à perpétuer leur mémoire.
Serpil Temiz Unvar et Magda Fyssa, qui ont perdu leurs fils dans des crimes racistes en Allemagne et en Grèce, unissent leurs forces pour lutter contre la violence d’extrême droite afin que les meurtres cessent.
Écrit par : Corina Petridi
Elles ne parlent pas la même langue.
Mais alors qu’ielles sont assises sur le canapé, dans un appartement du deuxième étage d’Athènes, et que l’interprète comble le fossé linguistique entre le grec et l’allemand, elles ne cessent de se serrer la main.
Malgré les 1 120 km qui les séparent, elles sont unies par un destin commun et par la couleur qu’elles portent toutes les deux. Noir.
Serpil Temiz Unvar : son fils a été assassiné par un néonazi à Hanau, en Allemagne. Magda Fyssa : son fils a été assassiné par un néonazi au Pirée, en Grèce.
Un attentat terroriste à Hanau
Le 19 février 2020, à 22 heures précises, des caméras de sécurité ont filmé Tobias R., 43 ans, sortant de sa voiture à quelques mètres du bar Arena, dans la ville allemande de Hanau, près de Francfort.
Deux secondes plus tard, Tobias R. a tiré sur Vili Viorel Păun, 22 ans, qui était assis sur le siège conducteur d’une voiture garée.
Il s’est ensuite dirigé vers un kiosque adjacent à l’Arena Bar. Au moins cinq coups de feu ont suivi.
Au même moment, des personnes se trouvant à l’intérieur de l’Arena Bar ont commencé à courir, cherchant une issue de secours. Ils avaient entendu les coups de feu, et l’un des témoins a vu Tobias R. entrer par la porte d’à côté, armé d’un pistolet. Les habitués de l’Arena Bar savaient que la sortie de secours était toujours fermée à clé, en raison des fréquentes descentes de police.
Les gens étaient coincés à l’intérieur du bar.
L’agresseur les a repérés et leur a tiré dessus à 16 reprises. Il a fui la scène du crime et la police a tenté de le retrouver – une enquête menée par Forensic Architecture et Forensis a ensuite mis en évidence les échecs et les insuffisances des autorités cette nuit-là.
Tobias R. a été retrouvé mort à son domicile plus tard dans la nuit. Utilisant la même arme que lors de l’attaque, il a abattu sa mère avant de se suicider.
Cet homme de 43 ans n’était pas inconnu des autorités. Trois mois avant l’attentat, il avait envoyé une lettre au ministère public allemand dans laquelle il mettait en garde contre une « agence de renseignement » qui piratait le cerveau des citoyens, tandis que sur son site web, il appelait à « l’anéantissement total » de certaines minorités d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient.
Après tout, les lieux qu’il avait ciblés pour l’attentat n’avaient pas été choisis au hasard. Les victimes étaient quatre Allemands d’origine turque, kurde, afghane et roumaine, tandis que deux Turcs, un Roumain, un Bosniaque et un Bulgare ont également été assassinés. L’attaque a été qualifiée d’acte terroriste d’extrême droite, l’assaillant ayant choisi des victimes qu’il croyait « non allemandes ».
« Le racisme est un poison, la haine est un poison », a déclaré la chancelière Angela Merkel.
« L’Allemagne est aussi notre pays
Ferhat Unvar figure parmi les victimes de cette nuit-là. Ferhat, 23 ans, venait de terminer sa formation de technicien en installations de chauffage. Son cousin, Aydin Yilmaz, a déclaré au New York Times que Ferhat n’avait jamais visité le Kurdistan, le pays d’origine de ses parents.
« Il est important de dire qu’il est né à Hanau. Il est allemand. C’était un acte de terreur contre nous tous », a déclaré M. Yilmaz.
Le jour de l’anniversaire de Ferhat, en novembre 2020, sa mère, Serpil Temiz Unvar, a créé une fondation à la mémoire de son fils, Bildungsinitiative Ferhat Unvar, une initiative d’éducation antiraciste dans le cadre de laquelle de jeunes éducateurs (âgés de 15 à 30 ans) visitent des écoles allemandes et parlent aux élèves de l’attentat de Hanau, ainsi que de la discrimination raciste au sein du système scolaire.
Les visites d’écoles véhiculent le message central que « l’Allemagne est aussi notre pays » et que les immigrés et les enfants d’immigrés, qui sont nés et ont grandi en Allemagne, ont leur mot à dire sur l’avenir du pays.
Sherpil se souvient encore du racisme dont son fils a été victime pendant son enfance, ce qui la peine encore aujourd’hui, dit-elle. Elle sait que son fils n’est pas le seul à avoir été victime de discrimination dans le système éducatif. La plupart des enfants, dit-elle, subissent le stress et la pression qui les poussent à travailler et à faire des efforts pour être acceptés, alors que c’est au système éducatif qu’il devrait incomber de soutenir ces enfants et d’assurer leur intégration.
« Aller chercher Magda
Trois ans après l’attentat, Serpil Unvar prépare l’étape suivante : la création d’un réseau européen de mères ayant perdu leurs enfants lors d’agressions racistes.
La première réunion a eu lieu le vendredi 3 mars avec Magda Fyssa, mère du musicien antifasciste Pavlos Fyssa, assassiné par des membres d’Aube dorée, une organisation néonazie.
Le 17 septembre 2013, Pavlos Fyssas a été assassiné dans son quartier du Pirée par un « groupe d’assaut » de l’Aube dorée. Pendant des décennies, l’organisation néonazie a existé en marge de la scène politique, mais de 2012 à 2019, elle a été élue au Parlement grec.
Alors que des dizaines d’attaques contre des immigrés et des opposants politiques l’avaient précédé, le meurtre de Fyssas a donné lieu à des poursuites contre Aube dorée et à la condamnation de ses dirigeants pour gestion d’une organisation criminelle en octobre 2020.
Le jour de leur rencontre, Serpil Unvar avait accompagné Magda Fyssa à l’audience du procès en appel
« Je voulais commencer par la Grèce, avec Magda. Le but de cette visite est d’apprendre à se connaître, afin de pouvoir, si nous le souhaitons, unir nos forces et nos voix pour les faire entendre dans d’autres pays, d’abord en Europe, puis au-delà », a expliqué Serpil.
À la question de savoir pourquoi elle a choisi Magda Fyssa comme premier point de contact, Mme Serpil a répondu qu’elle s’était sentie très proche de Magda lorsqu’elle l’avait vue au tribunal, le jour où la justice grecque avait condamné Aube dorée en tant qu’organisation criminelle.
En sortant de la salle d’audience, Magda Fyssa avait crié : « Tu l’as fait, mon fils ». Sherpil se souvient qu’elle a immédiatement ressenti un lien avec cette femme, car lorsqu’elle réussit quelque chose, elle se tourne elle aussi vers son fils et lui dit qu’il a réussi.
« Dès que j’ai entendu Magda prononcer ces mots, je me suis sentie proche d’elle et j’ai voulu la rencontrer, avant même qu’il ne soit question d’un quelconque réseau international. C’était aussi quelque chose de personnel, quelque chose qui m’appartenait. C’est comme si mon fils lui-même m’avait écrit pour me dire « va chercher Magda ».
L’idée est de créer un réseau par l’intermédiaire des fondations qui ont déjà été créées en mémoire de Pavlos et de Ferhat.
Les deux femmes ont convenu que l’objectif du réseau n’est pas seulement de soutenir ceux qui ont perdu leurs enfants, mais aussi de coordonner un réseau européen et d’organiser des initiatives pour lutter contre les crimes racistes.
« Morts seulement quand nous sommes oubliés »
Il s’agit d’une étape importante pour elles et sur le plan personnel. Grâce aux initiatives collectives qu’elles ont prises ces dernières années, les deux femmes ont le sentiment de réaliser une partie des rêves de leurs fils.
« Nous essayons toutes les deux de réaliser les rêves de nos fils. Pour les jeunes qui sont partis sans avoir réalisé leurs rêves. Et peut-être que cela nous aidera à nous tenir debout, afin que nous puissions au moins laisser quelque chose derrière nous, quelque chose des rêves qu’ils avaient », a déclaré Magda Fyssa.
Et d’ajouter : « Lorsque je quitterai cette vie pour le rejoindre dans la prochaine, je veux pouvoir le regarder dans les yeux. C’est ce qui m’intéresse : le regarder dans les yeux et lui dire ‘j’ai fait de mon mieux’, et je vois qu’elle veut la même chose. Et pas seulement elle, mais aussi toutes les mères qui ont perdu leurs enfants ».
Serpil essaie toujours de donner un sens à cet « acte insignifiant ». Elle souligne à quel point la présence de son fils dans ce bar ce soir-là est un hasard. Ferhat venait de terminer son entraînement et, comme il avait plus de temps libre, il a décidé de rester dehors quelques heures de plus ce soir-là.
Ferhat lui-même avait écrit : ‘Nous ne serons morts que lorsque nous serons oubliés’. Cette phrase est désormais ma mission », a-t-elle déclaré.
« Et nous y parviendrons – ils ne seront pas oubliés.
Je vous écris depuis l’un des nombreux squats où nous faisons une étape ces jours-ci, avec deux des fourgons solidaires qui se déploient en Grèce en ce moment. D’autres fourgons sont en train d’arriver et nous rejoindront à Athènes à partir de lundi, puis durant tout le mois de mai, du Nord au Sud. Tant bien que mal, l’opération prévue a commencé et je vous en parlerai dans la deuxième partie de ce message.
Affiches appelant à la manifestation d’hier à Petroupoli
1 – ALERTE ANTIFASCISTE
La première des nouvelles est d’abord l’offensive que nous subissons à nouveau de la part des fascistes. Depuis plusieurs mois, les attaques violentes se multiplient à nouveau, contre des camarades et contre des lieux. Simultanément, les menaces de mort recommencent contre certains d’entre nous, comme à l’époque d’Aube dorée, notamment contre ceux qui ont déjà été agressés par le passé.
Cette semaine, deux de nos lieux autogérés ont subi des attaques fascistes :
Ce lundi, le squat « Patmou kai Karavia » a été attaqué et vandalisé à Kato Patissia (centre d’Athènes, à 3 km au nord d’Exarcheia).
Ce mercredi, les fascistes ont également attaqué le squat « Jardin Botanique » à Petroupoli (quartier excentré au nord-ouest d’Athènes).
Le squat « Jardin Botanique » à Petroupoli, lieu où s’est déroulé la deuxième attaque fasciste de la semaine
Durant cette deuxième attaque de la semaine, les fascistes ont frappé juste après la tombée de la nuit, avec des cagoules, alors que le squat était encore en activité. Ils ont tout d’abord tagué des croix gammées et celtiques autour du bâtiment principal, ainsi que des slogans nationalistes, avant de pénétrer dans le hall d’entrée. À l’intérieur, dix des fascistes cagoulés se sont retrouvés nez à nez avec deux militantes antiautoritaires qui ont aussitôt donné l’alerte. Dans les locaux du squat se déroulaient alors un cours de danse et une répétition de théâtre. Il était environ 21h30.
Tout le monde s’est mis à rejoindre le hall à toute vitesse, alors que les fascistes proférait des insultes et des menaces de mort accompagnées de saluts nazis. Voyant le monde arriver, les fascistes se sont enfuit tout en jetant de gros pétards derrière eux.
Dans les minutes qui ont suivi, de nombreux membres du mouvement social ont convergé autour du squat « Jardin Botanique » pour essayer de retrouver les assaillants, mais sans succès : la pseudo race supérieure a préféré détaller dans la nuit, aussi vite que possible, en contradiction avec leur attitude prétentieuse et machiste à leur arrivée, devant les deux militantes antiautoritaires
Précisons que le « Jardin Botanique » de Petroupoli n’est pas un squat comme les autres. Il est très grand, avec une immense cour intérieure (qui nous a déjà été prêtée pour garer nos plus grands fourgons durant des convois passés) et parmi ses bâtiments se trouvent deux serres en dur dans lesquelles le collectif cultive un potager solidaire autogéré. Il y a quelques mois, nous étions à nouveau dans ce lieu magnifique pour peaufiner le tournage de notre quatrième documentaire, « Nous n’avons pas peur des ruines » (qui sortira l’hiver prochain). La plupart des membres de l’assemblée du squat sont aussi membres de l’organisation AK (Mouvement antiautoritaire pour la démocratie directe).
L’une des serres du « Jardin Botanique » / Tournage de « Nous n’avons pas peur des ruines, il y a quelques semaines, dans l’autre serre / Visite du « Jardin Botanique » par des membres du convoi, il y a quelques jours
Dès le lendemain, la sécurité du grand squat a été renforcée, notamment avec la participation de membres de Rouvikonas venus apporter leur soutien, ainsi que plusieurs groupes antifascistes.
Vendredi soir, les nombreux camarades et compagnons de luttes venus d’un peu partout ont formé une immense patrouille à motos qui est partie sillonner les rues du quartier, puis de tout l’ouest d’Athènes, sous le nez des flics immobiles et silencieux, jusque tard dans la nuit.
Hier à midi, une grande manifestation antifasciste, cette fois à pied, est partie de la place ronde de Petroupoli pour rejoindre le « Jardin Botanique », avec beaucoup de monde.
Durant la semaine, d’autres lieux autogérés ont remarqué une profusion de tags fascistes et néonazis sur leurs murs extérieurs. Beaucoup plus qu’à l’ordinaire. Ces lieux sont pour la plupart anarchistes et souvent en lien avec l’aide aux migrants, mais pas seulement.
Au nord-ouest du quartier d’Exarcheia, dans la nuit de lundi à mardi, des tracts fascistes menaçants ont été déposés autour du squat Notara 26 par le groupe « Cri de guerre » qui se revendique ouvertement du « national-socialisme ». Un autre groupe fasciste, nommé « Against Modern Athens », multiplie également les menaces contre le squat de réfugiés et migrants. C’est précisément ce groupe fasciste qui avait réussi, en septembre dernier, à arracher l’une des banderoles de la façade du Notara 26, pour ensuite publier une photo sur laquelle ils posaient avec la banderole à l’envers accompagnée de slogans haineux.
Bref, nous sommes actuellement en alerte. D’autant plus que l’État agit, lui aussi, contre certains de nos lieux. Le Notara 26 a encore subi des coupures de son système d’alimentation électrique la semaine passée. D’autres squats font sans cesse l’objet de tentatives d’intimidation. Les voltigeurs à motos circulent au plus près de nos lieux autogérés pour contrôler et brutaliser les militants et les migrants, et quelquefois pire à l’égard des filles. Le pouvoir cherche à faire peur et, simultanément, la peste brune ressort de sa tombe, telle une milice venant lui donner le bras !
Nos luttes actuelles concernent aussi la gentrification galopante du centre d’Athènes et les travaux inutiles et nuisibles, à commencer par l’offensive de l’État qui essaie de construire une station de métro sur la place centrale du quartier à Exarcheia, contre l’avis de la population, ainsi que développer des projets immobiliers sur la verte colline de Strefi. Comme le titrait récemment un article d’Elsa Perrigueur dans l’Huma : « Exarcheia [est devenue] une zone à défendre au cœur d’Athènes ».
Enquête sur la campagne électorale d’un député de Golden Dawn depuis la prison
Les autorités grecques enquêtent sur la façon dont l’ancien député d’Aube dorée Ilias Kasidiaris a pu lancer un nouveau parti politique et mener une campagne électorale modérément réussie depuis la prison de haute sécurité de Domokos.
Malgré les restrictions sur les communications, le néonazi condamné compte 122 000 adeptes sur YouTube – son principal outil de campagne – et 35 000 autres sur Twitter, entre autres plateformes.
Il a été banni de Facebook en 2013 pour discours de haine. Le quotidien Kathimerini attend une réponse de YouTube pour savoir pourquoi il n’a pas été banni de cette plateforme également.
Les responsables de la prison affirment qu’aucun appareil non autorisé n’a été trouvé sur Kasidiaris ; apparemment, des associés aident à télécharger les vidéos YouTube.
Ce qui est intéressant, c’est que le condamné Kasidiaris a communiqué avec ses partisans via les médias sociaux au cours des deux dernières années.
Il a demandé à son cousin du même nom, Ilias Kasidiaris, de reprendre son propre parti politique « Ellines » (Grecs) pour des raisons évidentes.
Aujourd’hui, le gouvernement conservateur Nouvelle Démocratie tente de faire adopter une législation de dernière minute visant à interdire aux partis créés par des condamnés de se présenter aux élections.
La législation prévoira l’interdiction de participer aux élections pour les partis dirigés par des personnes condamnées pour leur appartenance à une organisation criminelle ou leurs laquais.
La ND est déterminée à interdire l’entrée d’une formation néo-nazie au Parlement.
Cependant, les partis d’opposition insistent pour que la loi soit modifiée afin d’éviter d’ouvrir la boîte de Pandore à l’avenir.
Une telle législation nécessite 3/5 des 300 législateurs du Parlement.