Publications par auteur⋅ice

Author Archive by rédaction

SOS MEDITERRANEE L’urgence de repartir en mer

ÉDITO du 20 juillet 2023
Le 11 juillet dernier, alors que nous venions de débarquer 57 rescapé.e.s dans le port de Civitavecchia en Italie, les autorités italiennes nous ont informé.e.s que notre navire l’Ocean Viking était placé en détention pour une durée indéterminée.

C’est un coup dur pour notre mission, quelques jours après que les garde-côtes libyens eurent tiré des coups de feu à proximité de notre équipe et de personnes rescapées, le vendredi 7 juillet après-midi, lors d’une opération de sauvetage. Cet incident, le troisième cette année impliquant des garde-côtes libyens, s’inscrit dans un contexte d’insécurité croissante en Méditerranée.

Alors que les associations humanitaires comblent le vide mortel laissé par les États européens, ces entraves s’ajoutent à l’obligation de débarquer dans des ports éloignés, écartant ainsi les navires humanitaires de la zone des sauvetages. Pendant ce temps, 1931 décès ont été recensés en Méditerranée depuis le début de l’année 2023 (OIM), parmi lesquels 289 enfants, soit deux fois plus que l’année dernière sur la même période, a alerté récemment le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).

Car les départs s’accélèrent des côtes nord-africaines dans des conditions de chaleur étouffante, accroissant encore les risques pris par les personnes qui fuient la Libye et auxquelles nos équipes apportent les premiers soins et assistance à bord.

Face à l’ensemble de ces défis, nous restons déterminé.e.s et mettons tout en œuvre pour reprendre au plus vite notre mission vitale !

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#RepondezACeSOS
Source https://sosmediterranee.fr

Ocean Viking bloqué

Détention de l’Ocean Viking 

Communiqués et Déclarations

Marseille, 13 juillet 2023 - Le 11 juillet 2023, à la suite d’une inspection de contrôle par l’État du port (PSC) d’une durée de sept heures, menée par les garde-côtes italiens dans le port de Civitavecchia, en Italie, l’Ocean Viking, a été placé en détention par les autorités italiennes, pour une durée indéterminée. Le navire affrété par SOS MEDITERRANEE depuis 2019 est opéré en partenariat avec la Fédération Internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (FICR). Des discussions sont en cours avec les parties prenantes concernées.

L’inspection a abouti à l’identification d’un nombre très limité de déficiences techniques et administratives. Malheureusement, l’une d’entre elles nécessite une investigation plus approfondie, impliquant les différents acteurs de la certification et l’armateur. Il s’agit d’une interprétation restrictive de la convention SOLAS (Safety of Life at Sea – 1974), un accord international qui établit les normes de sécurité minimales pour la construction, l’équipement et l’exploitation des navires. Cette interprétation restrictive faite par les autorités italiennes concerne des éléments qui n’ont jamais été signalés au cours des sept précédents contrôles par l’Etat du port subis par l’Ocean Viking depuis quatre ans. Cette interprétation des exigences de la Convention SOLAS est d’autant plus surprenante qu’elle n’est pas conforme à l’interprétation et à l’application communément admise du règlement concerné.  

SOS MEDITERRANEE travaille activement avec toutes les parties prenantes concernées pour trouver des solutions afin de retourner en mer le plus rapidement possible, alors que l’année 2023 s’est déjà révélée particulièrement meurtrière en Méditerranée. 

La détention de l’Ocean Viking intervient cinq jours après un incident de sécurité auquel son équipage a été confronté. Le vendredi 7 juillet, des coups de feu ont été tirés à moins de 100 mètres de l’équipe de secours humanitaire et des naufragés par les garde-côtes libyens après un sauvetage – incluant une femme et cinq enfants non accompagnés – alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Ocean Viking.   

Non seulement, les navires humanitaires comblent le vide mortel laissé par les États européens en Méditerranée centrale et sauvent des vies, mais ils sont eux-mêmes mis en danger durant les sauvetages par les tirs des garde-côtes libyens parrainés par l’UE. De plus, ces navires sont ensuite envoyés dans des ports éloignés pour débarquer les rescapés, avant d’être de surcroît détenus par les autorités. 

Le début de l’année a été particulièrement tragique avec plus de 1 890 morts en Méditerranée ; cette réalité déjà sombre est encore exacerbée par la détention actuelle de l’Ocean Viking, qui doit donc temporairement suspendre les opérations de sauvetage vitales menées par SOS MEDITERRANEE et de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).  “La situation en Méditerranée est très préoccupante. Les travailleurs humanitaires y sont attaqués alors que les taux de mortalité sont alarmants. Nous avons besoin de toute urgence d’une présence continue de navires de sauvetage pour porter secours à un nombre croissant d’embarcations en détresse. La détention actuelle compromet considérablement notre capacité à sauver des vies dans les eaux internationales », déclare Sophie Beau, co-fondatrice et directrice générale de SOS MEDITERRANEE France.  

SOS MEDITERRANEE condamne toute tentative de mettre en danger la vie de son équipage et des rescapés. Les travailleurs humanitaires, les civils et les naufragés ne peuvent en aucun cas être une cible. L’organisation espère que l’Ocean Viking pourra reprendre ses opérations de sauvetage dès que possible.

Crédit photo : Claire Juchat / SOS MEDITERRANEE

Source https://sosmediterranee.fr/communiques-et-declarations/cp-detention-ocean-viking/

Intervention de Magda Fyssa au 24ème Festival Antiraciste d’Athènes

Magda Fyssa a participé à l’événement – débat sur l’extrême droite, exprimant sa colère face à l’entrée des partis d’extrême droite au Parlement.

Magda Fyssa a également évoqué les difficultés rencontrées par ceux qui ont soulevé la lutte antifasciste devant les tribunaux et quel a été le chemin parcouru par le mouvement au cours de la dernière décennie. À ce jour, les « meurtres d’État », les « meurtres policiers », les « féminicides » se poursuivent.

« Qu’est-ce qu’on fait de tout ça ? Dix ans que Paul a été assassiné, je continue et je vois des meurtres partout. Zak,  meurtres d’État, meurtres policiers, féminicides. Je suis toujours très en colère », a-t-elle déclaré.

Et elle a clairement fait savoir à quel point elle était en colère contre la situation actuelle :

« Honnêtement, je suis très en colère. En colère contre nous tous. Parce que les mots ont du bon. Mais quand [le fascisme] frappe à votre porte et que vous avez un meurtre et que vous le portez à vie. Et tout cela ne suffit pas. Quand vous avez la perte de votre enfant, la façon dont cela s’est passé. Nous seuls savons ce que nous traversons. Ce qu’est le nazisme ».

En conclusion, Magda Fyssa a lancé un appel à l’unité des luttes et au soutien des victimes des meurtres policiers et des familles des victimes de Tempe.https://twitter.com/i/status/1677748643179241473

Notre pays est en deuil et en colère

Notre pays est en deuil et en colère. Le meurtre de Nahel tué par un policier à bout portant à Nanterre, a mis à nu les effets de décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires ciblant notamment les quartiers populaires et la jeunesse qui y grandit et particulièrement les personnes racisées et précarisées. L’escalade des violences est une impasse et doit cesser. La conception essentiellement répressive de la police, et l’évolution législative de 2017 sur l’usage des armes de service, aggravent ce que la population vit et subit que ce soit en termes de discriminations et de pratiques racistes.

Les tensions entre population et police viennent de loin et s’inscrivent dans une histoire marquée d’injustices, de préjugés, de violences, de discriminations, de sexisme… et d’un racisme systémique qui traverse l’ensemble de la société et qui n’est toujours pas éradiqué.

Les habitant·es des quartiers concernés et notamment les femmes pallient bien souvent seul·es les carences en termes de services publics. C’est bien la régression de ceux-ci, l’école, les lieux de partage et de culture, sportifs, la poste, les administrations etc. et le recul du soutien de l’État au tissu associatif qui ont largement contribué à marginaliser ces quartiers et des territoires entiers bien au-delà, particulièrement dans les Outre-mer.

L’abandon de ces populations de quartier est aggravé par le contexte économique d’appauvrissement, d’inflation, de hausse des loyers, des prix l’énergie et la réforme de l’assurance chômage. Les inégalités sociales touchent particulièrement les enfants et les mères isolées. C’est ce que montrent les révoltes qui ont secoué les quartiers populaires depuis quelques jours en réaction à la tragédie de Nanterre.

En plus de décennies de dérives d’une politique du maintien de l’ordre, de lois sécuritaires (loi sécurité globale, loi séparatisme…) et de mesures d’exception, nous assistons depuis quelques jours à des pressions du gouvernement pour mettre en place une justice expéditive. Le prononcé de mises en détention préventives systématiques avec des peines de plus en plus lourdes n’est pas acceptable !

L’urgence n’est pas celle de la répression qui ne fera que renforcer l’extrême-droite et fera reculer une fois de plus les droits et libertés.

L’apaisement durable n’est possible que si le gouvernement prend les mesures nécessaires pour répondre à l’urgence de la situation et aux exigences des populations concernées.

L’ONU a critiqué à plusieurs reprises les politiques sécuritaires et les problèmes institutionnels de racisme en France, en particulier dans les forces de l’ordre.

Ce sont les discriminations qui sont un poison toxique qui décrédibilise l’idée même d’égalité et sème le désespoir.

L’extrême droite en fait son lit pour diviser toujours davantage la société. Nous dénonçons l’appel à la guerre civile contre les quartiers populaires et la qualification des personnes qui en sont issues de « nuisibles » par des syndicats de policiers.

Nous condamnons la constitution d’une cagnotte de soutien au policier qui a tué Nahel à l’initiative d’un membre de l’extrême droite et l’absence de toute action du gouvernement, mettant ainsi de l’huile sur le feu.

Tout est à repenser et construire. Il faut partir de bases nouvelles, créer des espaces de discussions larges et tirer les leçons des erreurs des politiques publiques depuis des décennies, en respectant les histoires, parcours, cultures et singularités dont se nourrit notre aspiration collective à l’égalité. Il est plus que temps d’écouter et de prendre en compte les demandes des habitant·es des quartiers populaires et en particulier sa jeunesse !

La situation nécessite que le gouvernement prenne ses responsabilités et apporte des réponses immédiates pour sortir de l’affrontement :

  • abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre ;
  • une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement ;
  • le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique ;
  • la création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité
  • administrative présidée par le Défenseur des droits et le renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police.

Rien ne peut cependant se faire sans un autre partage des richesses, sans lutter contre les inégalités sociales. Rien ne peut se faire sans la lutte contre la pauvreté et la précarité, aggravées par le dérèglement climatique, la hausse des loyers et des charges, et sans le renforcement des services publics et de l’éducation populaire. C’est à ces chantiers que le gouvernement devrait s’attaquer au lieu de mener des politiques publiques régressives qui font le lit de l’extrême droite.

Nos organisations syndicales, associations, collectifs, comités et partis politiques sont mobilisés pour le maintien des libertés publiques et individuelles.

Dans l’immédiat, nous appelons à rejoindre tous les rassemblements et marches autour de ces revendications, partout dans le pays à partir du mercredi 5 juillet, à l’exemple de la marche organisée par le Comité Vérité et Justice pour Adama le 8 juillet, à Beaumont-sur-Oise, et de celle de la Coordination Nationale contre les violences policières du 15 juillet.
Nous appelons à des marches citoyennes le samedi 8 juillet dans toute la France et les territoires ultra-marins.

Nous construirons ensemble les suites de ces mobilisations.

SIGNATAIRES DE L’APPEL

Syndicats : CGT, CNT-Solidarité Ouvrière, Fédération Syndicale Étudiante (FSE), FSU, Solidaires Étudiant-e-s, Syndicat des Avocats de France, UNEF le syndicat étudiant Union, Syndicale Solidaires, Union Étudiante,
Associations : 350.org, Adelphi’Cité, Amnesty International France, Alternatiba, Alternatiba Paris, Les Amis de la Terre France, ANV-COP 21, Attac France, Bagagérue, Conscience, Coudes à Coudes, DAL Droit au Logement, La Fabrique Décoloniale,FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigrés-e-s), Fédération Nationale de la Libre Pensée, Fédération nationale des maisons des potes, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·es), Greenpeace France, Jeune Garde Antifasciste, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Memorial 98, Observatoire nationale de l’extrême-droite, Organisation de Solidarité Trans (OST), Planning familial, Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les racismes-RAAR, REVES Jeunes, SOS Racisme,
Collectifs : Alliances et Convergences, Assemblée des Gilets Jaunes de Lyon & Environs, Colère Légitime, Collectif civgTENON, Collectif des Écoles de Marseille (le CeM), Collectif national pour les Droits des Femmes, Collectif Nouvelle Vague, Collectif Vérité et Justice pour Safyatou, Salif et Ilan, Collective des mères isolées, Comité des Soulèvements de la Terre Sud-Essonne, Comité Local de Soutien aux Soulèvements de la Terre Aude, Comité Soulèvement Bas-Vivarais, Comité les Soulèvements de la Terre Lyon et environs, Comité local de soutien aux Soulèvements de la Terre Villefranche, Comité local de soutien aux Soulèvements de la Terre Romans-sur-Isère, Comité nîmois de soutien aux Soulèvements de la Terre, Comité de soutien à Moussé Blé, Comité justice et vérité pour Mahamadou, Comité Les Lichens Ardéchois, Comité Vérité et Justice pour Adama, Coordination des comités pour la défense des quartiers populaires, Démocra’psy, Dernière Rénovation, En Gare, Justice pour Othmane, La Révolution est en marche, La Terre se soulève en Corrèze, Le Peuple Uni, Les Soulèvements de la Terre – comité Île-de-France, Les Soulèvements de l’Entre2Mers (33), Lyon en lutte, Lyon Insurrection, Nîmes Révoltée, Réseau GBM, Rejoignons-nous, Collectif du 5 novembre – Noailles en colère (Marseille), Syndicat des quartiers populaires de Marseille, Collectif Justice pour Claude Jean-Pierre, Youth for Climate IDF,
Organisations politiques : ENSEMBLE ! – Mouvement pour une Alternative de Gauche, Écologiste et Solidaire, Europe Ecologie Les Verts (EELV), La France insoumise (LFI), Front Uni des Immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), Gauche Ecosocialiste (GES), Génération.s (G.s), Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti de Gauche (PG), Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS), Parti Ouvrier Indépendant (POI) Réseau Bastille, Révolution Écologique pour le Vivant (REV), Union communiste libertaire (UCL).

P.-S.

Crédit image : Arnaud Vilette César

Source https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/communique-unitaire-notre-pays-est-en-deuil-et-en-colere

Grèce : des migrants filmés menottés et yeux bandés dans un camion à Kos

Une vidéo publiée ce lundi 26 juin par l’ONG Aegean boat report montre une dizaine de migrants entassés dans une camionnette, les mains attachées dans le dos et les yeux bandés, à l’est de l’île de Kos, en Grèce. Les autorités à l’origine de cette capture n’ont pas été identifiées, tout comme la destination des passagers.

C’est une vidéo qui fait froid dans le dos. L’ONG Aegean boat report a publié ce lundi 26 juin sur Twitter une vidéo montrant un groupe de migrants menottés, les yeux bandés, et entassés à l’arrière d’une camionnette aux fenêtre obstruées.

L’ONG a été contactée à plusieurs reprises par une femme enfermée dans le véhicule (non visible dans la vidéo) et implorant de leur venir en aide. « Une femme nous a appelés à deux reprises ce lundi, raconte Tommy Olsen, fondateur d’Aegean boat report. La communication était compliquée car elle parlait arabe et pas anglais. Elle a expliqué que son groupe de migrants avait été battu par des forces de police non identifiées. Leurs affaires ont été confisquées, ils se sont fait attacher les mains et on leur a bandé les yeux », précise-t-il.

Selon lui, parmi les 14 migrants du groupe, syriens et palestiniens, il y aurait deux enfants dont les mains n’ont pas été entravées, comme on peut le constater dans la vidéo. C’est l’un d’eux qui aurait pu filmer la scène, selon Tommy Olsen.

« Forces de police » non identifiées

Dans une série de messages vocaux écoutés par InfoMigrants, une femme appelle à l’aide : « S’il vous plaît, s’il vous plaît, mes mains sont attachées, nous avons pu filmer sans qu’ils me voient, venez nous aider. Regardez ce qu’il nous est arrivé et comment ils nous traitent », dit-elle.

Dans la vidéo, on aperçoit et on entend deux hommes discuter en grec. Ils évoquent d’ailleurs la ville de « Marmari » à Kos. De leur côté, les migrants sont assis à même le sol du véhicule, et restent silencieux. L’un d’eux demande tout de même : « Toilettes », à un moment. D’après la localisation satellite du téléphone, la scène aurait eu lieu dans le nord-est de l’île, elle même située à seulement 4 kilomètres de Bodrum, en Turquie.

Carte de l'île grecque Kos (marquée en rouge) située à quelques kilomètres de la Turquie | Crédit : Google Maps
Carte de l’île grecque Kos (marquée en rouge) située à quelques kilomètres de la Turquie | Crédit : Google Maps

Risque de refoulement en Turquie

D’après Tommy Olsen, ce genre de scène est plausible dans les îles grecques de la mer Egée. « C’est assez courant depuis quelques années. En Grèce, nous avons des unités de police spéciales qui sont déployées pour garder les frontières. Elles sont notamment présentes sur les îles, elles conduisent des véhicules banalisés, utilisent des technologies de pointe comme des drones, et peuvent donner des ordres à la police locale. ces unités sont très entraînées », explique l’humanitaire.

Tommy Olsen dit avoir perdu le contact avec les gens du véhicule depuis le début d’après-midi : « On pense qu’ils vont être placés sur une embarcation pour être refoulés en Turquie, estime-t-il. En général, quand on leur bande les yeux et qu’on les menotte, ce n’est pas pour les emmener dans un camp de réfugiés ».

Contactée, la mairie de Kos assure que « l’incendie observé sur cette vidéo relève de la juridiction du gouvernement et pas de la municipalité » et rappelle que « Kos a traité des milliers de réfugiés dans le respect des droits humains ».

>> À (re)lire : Grèce : démantèlement d’un réseau de passeurs entre la Turquie et l’île de Kos

Les refoulements en Turquie, bien qu’illégaux, ont été fréquemment documentés par les ONG internationales ces dernières années. Les garde-côtes grecs sont régulièrement pointés du doigt pour ces pratiques. Sur les huit premiers mois de l’année 2022, la Grèce a bloqué l’entrée de plus de 150 000 migrants sans papiers à ses frontières terrestres et maritimes.

Le mois dernier, le New-York time a révélé comment les garde-côtes grecs avaient placé sur un canot à la dérive en mer Égée un groupe de migrants, en majorité des enfants, dont un nourrisson. Le groupe se cachait sur l’île de Lesbos quand il a été intercepté puis placé sur une embarcation en mer. A la suite de cette publication, la Commission européenne a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante.

La rédaction d’InfoMigrants reçoit aussi régulièrement des témoignages d’exilés racontant avoir été refoulés en mer par les garde-côtes grecs. Le dernier date de mai 2022 lorsque Brian expliquait qu’un bateau floqué d’un drapeau grec a repoussé son groupe de migrants vers les eaux turques. « Ils nous ont crié dessus et ont pointé leurs armes sur nous », témoignait le jeune homme.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/49931/grece–des-migrants-filmes-menottes-et-yeux-bandes-dans-un-camion-a-kos

Sauver la colline de Strefi

La colline de Strefi est l’un des rares coins de forêt d’Athènes et c’est le seul d’Exarcheia qui soit aussi un espace public en accès libre. Depuis le 3 octobre 2022, au prétexte de réhabiliter la colline, deux entreprises auxquelles la mairie d’Athènes a offert le chantier s’attellent à la détruire : la société immobilière Prodea Investments et UNISON, entrepreneur de la mairie pour les espaces verts. Par le biais de la privatisation directe ou indirecte des espaces publics, les parcs et les places du monde entier se trouvent réduites à des destinations touristiques. Avec pour conséquence l’expulsion de celles et ceux qui y habitent, y vivent et s’y retrouvent tout au long de l’année.

L’Assemblée Ouverte de Défense de la Colline de Strefi lance une campagne de crowfunding pour soutenir financièrement sa lutte. Cette lutte est freinée par les dépenses exorbitantes liées aux recours judiciaires contre Prodea, aux arrestations de nos membres et aux mobilisations fréquentes. Nous vous invitons à soutenir financièrement notre tentative commune de sauver la colline, Exarcheia et leur histoire de l’offensive la plus brutale et coordonnée que le quartier ait jamais connu. https://player.vimeo.com/video/836641241/

Qui sommes-nous ?

L’Assemblée Ouverte de Défense de la Colline de Strefi a vu le jour en 2021. Elle fédère la résistance face à ce chantier destructeur afin d’y mettre un terme. Ce nouveau collectif fondé sur les principes d’autogestion et de solidarité organise de nombreuses actions, des rassemblements, bloque les travaux directement et sur le plan juridique, organise des évènements culturels et sportifs, plante des arbres, nettoie la colline laissée à l’abandon par la mairie. Tout cela en relation avec les autres collectifs du quartier, animés par la volonté inébranlable de préserver la colline de Strefi, qu’elle demeure publique et hors des logiques de profit. Cette lutte s’inscrit dans une mobilisation plus large pour que le quartier d’Exarcheia demeure un foyer d’actions politiques et sociales diverses et variées.

Nos interventions auprès des entreprises Prodea et UNISON et nos manifestations pour la protection de la colline et contre la répression policière, la gentrification et la transformation touristique du quartier d’Exarcheia rendent notre présence visible et envoient un message fort :

LA COLLINE DE STREFI RESTERA LIBRE, HORS DE QUESTION QU’ELLE DEVIENNE LA POPRIÉTÉ* DE QUI QUE CE SOIT.

(*tsifliki, en grec, renvoie à un vaste terrain agricole possédé sous l’empire Ottoman par un propriétaire privé)

La destruction de la colline

Depuis le 3 octobre 2022, Prodea Investments, en collaboration avec la mairie d’Athènes, a transformé la colline en chantier gardé par des flics. Ses interventions dévastatrices, avec le soutien sans réserve de la mairie et l’indifférence de l’Office des Forêts, engendrent de sérieux problèmes pour la vie collective de la colline, pour ses oiseaux et pour ses animaux, qui auparavant profitaient d’un environnement forestier et aujourd’hui ont du mal à y vivre.

Les travaux n’apportent aucune solution au principal problème de la colline, à savoir les inondations et l’érosion des sols. Au contraire, les travaux menés à ce jour ont non seulement aggravé la situation mais également dangereusement modifié la physionomie de la colline. Lors de l’installation de réseaux électriques souterrains pour l’éclairage et la vidéosurveillance (CCTV), de profonds fossés ont été creusés sur toute la longueur et la largeur de la colline. Ces fossés ont détruit une grande partie des buissons et des herbacées ainsi que des racines d’arbres. La conséquence de cette destruction, avec celle de plusieurs rochers et l’abattage des pentes, c’est que le peu de terre meuble qui a pu se former dégringole à la moindre pluie. De plus, avec la bétonnisation imminente de la ligne de crête et la destruction des rochers, de rares plantes endémiques disparaîtront, de même que les animaux qui résident là-haut.

Enfin, leur but n’est pas la résolution des problèmes de Strefi mais sa transformation. Faire d’un espace forestier une destination touristique sous surveillance. L’objectif est le même à chaque intervention du maire, Kostas Bakoyannis, dans le centre d’Athènes : place Omonoia, place Syntagma, dans la Grande Allée (Megalos Peripatos), au Lycabette. Un objectif tourné vers l’intérêt des investisseurs et du secteur touristique, aux dépens de la population des habitant·es qui se retrouve persécutée.

Une offensive coordonnée

La gentrification et le réaménagement d’Exarcheia visent à faire mourir le quartier, c’est-à-dire à éliminer sa spécificité telle qu’elle s’est construite historiquement. Le quartier d’Exarcheia favorise depuis plus d’un siècle la création et le développement de mouvements politiques qui construisent des alternatives radicales. C’est un lieu de vie politique et d’expression directe au sein de contre-structures auto-organisées et auto-gérées et de lieux occupés. Son histoire est celle d’évènements conflictuels et insurrectionnels, de résistances et de questionnements. La gentrification met en œuvre le pillage et le formatage d’Exarcheia, qui est transformé en destination touristique, en zone de divertissement et de consommation stériles et standardisés. Les espaces publics, libres, sont accaparés par des entreprises privées et de gros investisseurs, les lieux occupés sont fermés et vidés, les expulsions et les expropriations augmentent soudainement, les airbnb pullulent et les bars hipsters se multiplient. Le réaménagement détruit des lieux historiques de la vie politique, comme l’École polytechnique, dont les étudiant·es sont éloigné·es et qui est peu à peu muséifiée. Le Musée national d’archéologie est privatisé et étendu au détriment de l’espace public, cerné par les chaînes d’hôtels.

Évidemment, le réaménagement d’Exarcheia s’accompagne d’une répression féroce pour étouffer toute résistance. Ainsi, les flics gardent le chantier du métro qui détruit la seule place du quartier. La seule chose qui ait poussé sur la colline de Strefi, c’est les différents corps de police qui font des contrôles abusifs et de l’intimidation permanente, et interdisent l’accès à la colline – sauf pour les touristes. On ne compte plus les interpellations préventives visant les personnes qui n’ont pas le profil désiré.

Notre lutte

Notre opposition à la répression continuelle dans le quartier d’Exarcheia et à son pillage par les investisseurs se traduit par une lutte quotidienne. Face à leurs efforts pour détruire l’identité de notre quartier, pour nous chasser de nos maisons, pour nous interdire l’accès à des espaces verts et publics désormais abandonnés , nous résistons par une présence quotidienne dans le quartier de nos vies personnelles, professionnelles et politiques. Notre objectif et notre vision des choses, c’est de préserver l’identité que nous avons choisi de donner à notre quartier depuis des années, d’assurer l’accès de tous les êtres qui le souhaitent à la colline de Strefi. Nous n’acceptons aucune autre utilisation de la colline que comme espace public, qui constitue un bien pour toutes et tous, au vu des inombrables espèces de plantes rares qui y poussent, au vu de ses tortues et des dizaines d’espèces d’oiseaux qui nichent dans ses arbres.

La colline de Strefi brille sous les rayons du soleil quand des enfants y jouent au basket et au foot, quand petits et grands savourent leur café ou font un pique-nique sous les arbres, quand des jeunes gens grandissent en contemplant les couchers de soleil, que toute sorte de chiens s’y promène et que les chats s’y prélassent au soleil. Nous résisterons à toutes les tentatives à venir de transformation d’une colline libre en espace surveillé par la police et par des caméras, qui n’accueillera que des touristes, des cafés hors de prix et leur encombrant , sans être en libre accès et sans place pour des actions politiques et sociales en son sein.

Notre intérêt, c’est de nous libérer d’un système qui alimente l’oppression et l’isolement, afin que notre vie soit aussi libre et sauvage que possible, aussi proche de la nature et aussi ouverte aux autres que possible.

Pour pouvoir continuer à défendre efficacement la colline, l’assemblée de la colline de Strefi a aussi besoin de soutien économique pour financer la diffusion de son action (journaux, affiches, évènements, matériel, tracts) et couvrir ses frais de justice (recours contre Prodea et la mairie, arrestation de ses membres).

POUR QUE LA COLLINE DE STREFI RESTE LIBRE, PUBLIQUE ET SAUVAGE !

Source https://www.firefund.net/savestrefihill

Magda Fyssa sur l’entrée des nazis au Parlement grec

La mère de  Pavlos Fyssas assassiné par les néo-nazis condamnés , la femme qui porte la lutte antifasciste sur ses épaules depuis dix ans, qui a lutté pour voir, et a vu les néo-nazis d’Aube Dorée en prison, a fait des déclarations à l’occasion de l’entrée du parti néo-nazi « Spartans » au Parlement avec le « carburant » Kasidiaris.

« Réjouissez-vous d’eux. Vous les vouliez et vous les avez fait sortir. Certains ont travaillé pour cela. Je suis ici dans la rue et je me bats contre le fascisme que j’ai sur le dos », a déclaré Magda Fyssa, avant de poursuivre : « Vous avez tous travaillé pour obtenir le fascisme :

« Vous avez tous travaillé pour revenir au Parlement. Maintenant, si une partie ne voulait pas d’eux, les autres les voulaient. Toutes les chaînes disaient qu’il s’agissait de quelque chose de nouveau. Prenons maintenant la nouveauté que Kasidiaris est à l’intérieur…

Malheur à nous qui sommes dans la rue et qui combattons le fascisme depuis dix ans maintenant pour entendre un jour les Spartiates et que Kasidiaris soit à l’intérieur.
 
Quelqu’un a travaillé pour cela. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pas entendu dire que les Spartiates existaient en tant que parti et maintenant ils sont entrés au Parlement. La communauté qui les a fait émerger devrait s’en réjouir et savoir qu’ils nous trouveront contre lui et que nous ne reculerons pas ».

Source http://www.defenddemocracy.press/magda-fyssa-on-the-entrance-of-nazis-in-the-greek-parliament/

Élections en Grèce

Lendemain inquiétant

Crédit Photo Wikimedia Commons

Après la victoire de la Nouvelle Démocratie (ND) le 21 mai, on pouvait espérer pour ces nouvelles élections législatives que la gauche, sévèrement battue, allait opposer à Mitsotakis une dynamique d’unité minimum contre la droite et les fascistes qu’elle remet en selle.

Faute du moindre sursaut, la droite confirme sa victoire et va pouvoir poursuivre sa destruction des acquis et des valeurs démocratiques.

Un boulevard pour Mitsotakis and Cie

Certes, la victoire de ND est moins forte qu’espéré par certains : avec 40,5 %, elle perd 0,15 % et 290 000 voix par rapport à mai. Mais elle atteint l’objectif d’une majorité de députéEs (158, pour un seuil de 150) et a promis de « se mettre au travail » illico : universités privées, privatisations à outrance, confiscation de logements pour dettes, sur-tourisme… On a pu lire que ND séduisait par un apport de stabilité : sur fond de vie chère et de casse des services publics (d’où la catastrophe ferroviaire de Tèmbi), c’est tout le contraire ! Les menaces pour les travailleurEs et les jeunes sont d’autant plus fortes que le fiston Mitsotakis concentre des pouvoirs exceptionnels avec le soutien du grand patronat et que sa politique « à la chilienne » lui a fait placer à des postes clés des militants d’extrême droite, ultralibéraux et antidémocrates.

La campagne électorale de ND s’est appuyée sur un discours raciste et nationaliste crapuleux — un candidat s’est réjoui de la mort des centaines de réfugiéEs qui sinon « seraient venus voler ». Et une ouverture décomplexée à l’extrême droite a eu comme résultat soit le soutien de fascistes à ND, soit une publicité pour des groupes par ailleurs inexistants, comme Niki ou Spartiates, relayée par les réseaux talibans orthodoxes ou les messageries. Résultat : 3 groupes obtiennent au total 12,8 % et 34 députés, dont Spartiates, promu depuis sa prison par l’un des assassins en chef d’Aube dorée. Face à ce poison, pas encore structuré sur le terrain, la relance du mouvement antifasciste est cruciale.

Profonde défaite de la gauche

Toutes les composantes de la gauche ont perdu des voix : – 26 000 pour le KKE (PC grec) qui augmente un peu son pourcentage à 7,7 %, – 21 000 pour Mera (Varoufakis, 2,5 %) non élu. La coalition anticapitaliste Antarsya perd la moitié de ses voix (16 000 voix), passant de 0,5 à 0,3 %. C’est Syriza qui connaît la plus significative défaite : en perdant depuis mai 260 000 voix (désormais à 17,8 %), il perd en tout 860 000 voix depuis 2019. Certes, il reste le 1er parti d’opposition, mais son avenir devient alarmant, même si dans les banlieues populaires, il reste autour de 20 à 22 % (le KKE à 11-12 %). L’un des éléments de cette nouvelle défaite à gauche, c’est une très forte abstention : 47,2 %, soit 800 000 voix en moins depuis mai (sur 9,9 millions d’inscritEs, ce qui veut dire aussi que « seulE » 1 électeurE sur 5 a voté ND !) ! À cela, deux raisons : le départ des jeunes saisonniers pour bosser au service des touristes européens… Et aussi : alors que toute la gauche évoquait le risque d’une ND les mains libres, chaque parti a pourtant continué son offre boutiquière, avec attaques contre le voisin et tir groupé, plus contre Syriza que contre ND. Effet dissuasif prévisible et effectif ! C’est donc en très mauvais état que la gauche aborde une nouvelle étape aux dangers évidents, qui nécessitera vite de fortes mobilisations unitaires si on veut empêcher le « Orbán grec » d’aggraver sa politique au service des oligarques.

Athènes, le 26 juin 2023

Source https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-des-lendemains-inquietants

Responsabilité de l’Europe – Charnier en Méditerranée

Crimes sans châtiment – ou comment l’UE transforme la Méditerranée en charnier liquide

Le naufrage du 14 juin en mer Ionienne est venu s’ajouter à la longue série noire de tragédies similaires dont une partie seulement bénéficie de couverture médiatique, ou même d’un quelconque signalement. Avec sans doute plus de 650 morts (104 survivants sur un total de 750 à 800 personnes à bord), ce naufrage est d’ores et déjà le second plus meurtrier jamais enregistré en Méditerranée, après celui du 19 avril 2015 (plus de 900 morts) au large des côtes libyennes mais dépassant la « tragédie de Lampedusa » d’octobre 2013 (366 corps retrouvés).

Pourtant, aussi terrifiantes soient-elles, ces tragédies ne représentent qu’une fraction des pertes humaines occasionnées par les traversées de la Méditerranée que tentent quotidiennement réfugié·es et migrant·es venant du Sud global à bord d’embarcations de fortune. Les estimations varient mais ce qui est certain c’est qu’elles se comptent par dizaines de milliers rien que pour la dernière décennie : 27000 depuis 2014 selon Missing Migrant Project, entre 17 et 18000 pour la période 1993-2014 selon d’autres estimations, parmi les plus modérées. Il s’agit donc d’une véritable hécatombe, qui s’est produite et se déroule quotidiennement, sans que cela soulève d’émotion particulière en dehors d’événements perçus comme exceptionnels à l’instar des naufrages évoqués ci-dessus.

Au-delà de la comptabilité macabre, il y a bien sûr la question des responsabilités politiques. Celles des États bien entendu, mais s’agissant de notre continent, celle de l’instance qui définit dans le détail et met en œuvre le cadre d’ensemble, à savoir l’Union européenne (UE). Car, contrairement à ce qui est souvent dit les frontières européennes n’ont pas toujours été létales pour les populations venues du Sud, et, en tout cas, certainement pas à l’échelle à laquelle les opinions publiques se sont habituées depuis des décennies. Le phénomène cesse d’être marginal à partir de 1990, lorsque commencent à se mettre en place les dispositifs de l’espace Schengen, et il ne prend de l’ampleur qu’à partir de 1995, lorsque le dispositif s’applique pleinement.

C’est donc la politique dite d’ « externalisation des frontières », revers de la « libre circulation » (fort relative) à l’intérieur de celles-ci qui, en réduisant drastiquement (et de façon croissante), les voies d’accès régulières aux Etats-membres de l’UE pour les personnes venant en particulier du Sud global a conduit à des trajets de plus en plus dangereux et mortels. La méthodique construction de ce qu’on appelle couramment l’« Europe forteresse » s’est ainsi traduite par une politique délibérée de « laisser mourir » à une échelle de masse.

Cette politique est désormais justifiée par la « promotion de notre mode de vie européen » selon la dénomination officiellement adoptée par l’UE pour désigner le domaine au sein duquel prend place la politique d’asile et de migration. Implicitement mais non moins clairement, une vie non-européenne, en particulier si elle est non-blanche et/ou non-chrétienne, peut passer par pertes et profits, au nom de la défense des prétendues « valeurs » qui fondent l’« Europe » telle que les divers traités du néolibéralisme constitutionnalisé l’ont façonnée au fil des décennies.

 À vrai dire, une telle escalade meurtrière ne saurait surprendre de la part d’une construction issue d’un continent d’où est partie l’expansion coloniale et impérialiste, avec le cortège d’horreurs qui l’a accompagnée. C’est de cette Europe que parlait Frantz Fanon quand il écrivait, en conclusion des Damnés de la terre : « Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue ‘aventure spirituelle’ elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle. (…) L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse. Elle ne s’est montrée parcimonieuse qu’avec l’homme, mesquine, carnassière, homicide qu’avec l’homme. »

C’est avec cette Europe – et avec cet « Occident »-là – qui aujourd’hui encore osent parader en modèles de morale et de civilisation sur la scène internationale, qu’il nous faut radicalement et définitivement rompre.

Pour notre commune humanité, il y a urgence.

Stathis Kouvélakis

Athènes, 16 juin 2023, manifestation de protestation contre les politiques de migration et d’asile

Source https://www.contretemps.eu/crimes-frontex-europe-exil-migrations-morts-grece-naufrages/

Infos Grèce par Yannis Youlountas

Prison pour Rouvikonas et autres nouvelles, ces dix derniers jours par Yannis Youlountas ·

Bonjour,

Quelques nouvelles de Grèce où nous nous trouvons encore, alors que plusieurs de nos compagnons de convoi viennent de repartir en France et que d’autres viennent à l’instant d’arriver. Depuis une dizaine de jours, l’actualité s’accélère ici.

1- Procès de Giorgos Kalaïtzidis et Nikos Porgiotis à Athènes :
TROIS ANS ET DEMI DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE ROUVIKONAS !

2- Révélations du New York Times (vidéo) qui confirment ce que nous disions :
L’ÉTAT GREC ASSASSIN EXPULSE DES ADULTES ET DES ENFANTS MIGRANTS SUR DES EMBARCATIONS PRÉCAIRES !

3- Résultats des élections législatives :
ABSTENTION RECORD EN GRÈCE, REFUS MASSIF DU SYSTÈME POLITIQUE, LA JEUNESSE ABSENTE DES URNES, TSIPRAS DÉFINITIVEMENT GRILLÉ

4- Suite du convoi solidaire dans les lieux autogérés en Grèce :
MERCI, MILLE FOIS MERCI POUR VOTRE SOUTIEN !

5- Quatrième film documentaire en préparation :
NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES SORTIRA DURANT L’HIVER

1- Procès de Giorgos Kalaïtzidis et Nikos Porgiotis à Athènes :

TROIS ANS ET DEMI DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE ROUVIKONAS !

Deux membres du groupe anarchiste Rouvikonas viennent d’être condamnés lourdement pour avoir repeint en rouge et noir le parlement grec le 21 mai 2019.

Il y a quatre, la procédure avait rapidement été reportée sous la pression internationale, les ambassades de Grèce ayant été prises d’assaut sous différentes formes dans de nombreuses régions du monde durant le mois de juin 2019, à commencer par celle de Paris dès le 27 mai (photo ci-dessous).

Quelques semaines plus tard, en septembre 2019, la droite se ridiculisait à son tour. Le nouveau président du parlement, Konstantinos Tasoulas (à gauche sur la photo ci-dessous), annonçait en grande pompe « Une ligne… Maginot contre Rouvikonas » pour « empêcher les anarchistes de revenir. » À la demande du nouveau premier ministre Kyriakos Mitsotakis et de nombreux parlementaires anxieux, le président du parlement s’était réuni avec le chef de la police, Michalis Karamalakis (à droite sur la photo ci-dessous), et plusieurs « experts » pour mettre en place « un dispositif dans le but de renforcer la protection des députés et du lieu où ils se réunissent. » Le projet ? Une augmentation du nombre de caméras et de policiers autour du bâtiment, mais aussi des obstacles extérieurs supplémentaires, ainsi qu’une amélioration de l’arsenal à l’intérieur des lieux, au cas où il serait « pris d’assaut par les anarchistes. » Résultat : un grand éclat de rire en Grèce pour le choix de ce symbole, car on se rappelle que la ligne Maginot avait été un échec complet !

Finalement, un procès bâclé s’est déroulé ces derniers jours et le tribunal d’Athènes s’est dépêché de rendre son verdict durant les derniers jours de la campagne électorale contre les deux membres de Rouvikonas ! À la surprise générale, les trois juges ont décidé de frapper très fort : trois ans et demi de prison, pour un peu de peinture et quelques fumigènes!

Certes, Mitsotakis s’est immédiatement frotté les mains et s’en est servi durant la fin de sa campagne, mais rappelons que c’est sous le gouvernement Tsipras du printemps 2019 (avant qu’il soit battu par Mitsotakis en juillet 2019, que les poursuites ont été déclenchées contre les deux membres de Rouvikonas (qui demandaient simplement que les droits fondamentaux du prisonnier politique Dimitris Koufodinas soient respectés). À l’époque, les mots de Tsipras avaient été très durs, appelant à une « condamnation lourde et exemplaire » et ajoutant : « Une telle action de vandalisme est complètement antidémocratique et n’a rien à voir avec les luttes sociales ». Jusque-là, Mitsotakis accusait parfois Tsipras de protéger Rouvikonas : une rumeur absurde, bien sûr, mais à laquelle croyaient certains naïfs. Tsipras avait sans doute voulu se démarquer, un mois et demi avant les futures élections législatives du 7 juillet 2019.

Les libertaires avaient aussitôt réagi à ces propos avec des visuels comme celui-là sur Internet : « Quelles traces laissent les actions contre la « démocratie » ? De la peinture ! Quelles traces laissent les actions de la « démocratie » ? Faim, Pauvreté, désespoir, suicides, chômeurs, morts » (image ci-dessous).

Voilà pourquoi, aujourd’hui, le mouvement social en veut tout autant à Syriza qu’au parti de droite Nouvelle Démocratie pour cette procédure démesurée et cette sentence brutale contre les deux militants antiautoritaires. À la veille des élections, Giorgos Kalaïtzidis et d’autres membres du mouvement social ont publiquement appelé à boycotter Tsipras, dissuadant ceux qui envisageaient de pousser discrètement pour faire tomber Mitsotakis. Finalement, l’échec total de Tsipras ce dimanche est aussi lié à cette affaire. Même si les voix des révolutionnaires sont rares et peu nombreuses, en Grèce comme ailleurs, cela a clairement participé au refus de beaucoup de jeunes proches du mouvement social de se déplacer. Et puis surtout, personne en Grèce n’a oublié la violation du résultat du référendum de juillet 2015 par Tsipras sous la pression des principaux dirigeants européens. Rares sont ceux qui lui pardonnent. Pour beaucoup, Tsipras est définitivement grillé et ne reviendra plus jamais au pouvoir.

Sur quel principe le jugement du tribunal d’Athènes se base-t-il pour condamner aussi lourdement les deux membres de Rouvikonas ? Il existe en Grèce une vieille loi qui qualifie de crime toute profanation d’un monument historique. Hors, cette loi n’a jamais été utilisée. Et elle ne concerne que les monuments antiques ou médiévaux régulièrement entretenus par les services d’archéologie. Il se trouve que le parlement n’en fait pas partie : il est très récent et n’a aucune spécificité dans ce domaine. Durant le procès, l’avocate de Rouvikonas a parfaitement montré, preuves à l’appui, que le batiment centenaire n’est pas du tout suivi par les services d’archéologie. Elle a également rappelé qu’un des deux membres de Rouvikonas poursuivis n’a pas été identifié avec certitude. Il y a quelques jours, le procureur lui-même a proposé aux juges de requalifier le crime en délit, avec les conséquences que cela implique, en l’occurrence une condamnation beaucoup plus légère.

Mais, dans un climat politique délétère, en particulier une surenchère de discours sécuritaires qui a profité à la droite, les trois juges ont décidé de maintenir la qualification de « crime par profanation de monument historique » et ont finalement condamné à trois ans et demi de prison ferme les deux militants (l’amende est de 26400 euros).

Bien sûr, les deux membres du groupe anarchiste vont faire appel. Pour l’instant, ils sont encore en liberté, parmi nous. Mais la brutalité de l’État montre à quel point la situation s’est encore tendue ces derniers mois en Grèce, un peu comme en France, avec une répression sans cesse plus menaçante. Pour l’instant, cela ne freine pas le groupe dans ses nombreuses actions, un peu partout à Athènes et ailleurs, bien au contraire ! Le groupe a même essaimé dans toute l’Attique (cf carte) et les actions se sont multipliées cette semaine.

Dans ce contexte kafkaïen, toute initiative de solidarité à l’égard des membres de Rouvikonas condamnés sera la bienvenue : action, texte, photo, vidéo, soutien financier ou politique… Ou ne serait-ce qu’en relayant l’info. Merci d’avance !

Parmi les chansons de soutien à Rouvikonas, en voilà une francophone, signée Sid (qui est déjà venu en convoi avec nous) :
https://soundcloud.com/user-752405251/rouvikonas

Présentation vidéo de Rouvikonas : https://youtu.be/342ZzVVCm70

 

.2- Révélations du New York Times (vidéo) qui confirment ce que nous disions :

L’ÉTAT GREC ASSASSIN EXPULSE DES ADULTES ET DES ENFANTS MIGRANTS SUR DES EMBARCATIONS PRÉCAIRES !

Autre événement à la veille des élections grecques : le New York Times a choisi ce moment pour diffuser une preuve formelle des renvois d’exilés par la police grecque sur des embarcations précaires. Une pratique à la fois illégale et dangereuse. Une atteinte à la vie des personnes : adultes et enfants.

Voici la vidéo :
https://www.nytimes.com/2023/05/19/world/europe/greece-migrants-abandoned.html

Visible également ici : https://youtu.be/izf8KBLPYQ8

Malheureusement, selon plusieurs observateurs, cette vidéo n’aurait pas affaibli la candidature de Mitsotakis à sa réélection, bien au contraire. En effet, il semble qu’elle lui ait permis de racoler dans les rangs de l’extrême-droite. Des anciens leaders d’Aube Dorée souhaitaient qu’aucune voix n’aille à Mitsotakis (suite à leur impossibilité de se présenter aux élections). Mais l’image de migrants renvoyés brutalement a probablement séduit les anciens électeurs d’Aube dorée, aux dires de plusieurs journalistes, amplifiant ainsi le score du premier ministre sortant. La construction de l’immense mur à la frontière de la Turquie a également pesé en faveur d’un puissant report des voix de l’extrême-droite sur Mitsotakis.

 

Au fil des années, la condition des migrants et des réfugiés ne cesse de se détériorer en Grèce, à la porte de l’Europe. Nos lieux autogérés sont sans cesse harcelés, menacés ou expulsés. Mais on ne baisse pas les bras et les squats et collectifs d’accueil continuent de résister avec beaucoup de courage et de persévérance, parfois en modifiant un peu leur projet initial, par exemple en jumelant l’accueil des exilés et l’accueil logistique des réunions de collectifs de luttes (c’est par exemple ce que fait actuellement le Notara 26, à Exarcheia). Cela permet d’affirmer encore plus la dimension politique de nos squats de réfugiés/migrants en tant que membres à part entière du mouvement social, mais aussi cela encourage les organisations et groupes amis à veiller un peu plus sur les squats menacés d’expulsion : les soutenir et les protéger autant que possible.

Dernière minute :

Une embarcation de migrants a chaviré avant-hier au large de Mykonos. 17 personnes essayaient de rejoindre l’Italie depuis la Turquie : 11 hommes, 5 femmes et une fillette de 7 ans. Deux hommes ont été sauvés in extremis (un Syrien et un Palestinien). Trois corps ont été retrouvés : un homme et deux femmes. Tous les autres sont portés disparus, y compris la fillette de 7 ans. Les recherches se poursuivent aujourd’hui, en mer et le long des côtes de l’île touristique.

3- Élections législatives dimanche dernier :

ABSTENTION RECORD EN GRÈCE, REFUS MASSIF DU SYSTÈME POLITIQUE, LA JEUNESSE ABSENTE DES URNES, TSIPRAS DÉFINITIVEMENT GRILLÉ

Le parti unique de la droite a atteint les 40%. La gauche a fait un peu plus au total, mais elle a perdu car elle est divisée et très conflictuelle. L’extrême-droite n’est représentée dans le parlement que par le parti identitaire, clérical et complotiste « Solution grecque » (4,5%, 16 députés sur 300). Certes, on est loin du score de Le Pen et Zemmour en France, mais l’extrême-droite grecque est aussi une composante du parti de Mitsotakis jusqu’à son gouvernement : plusieurs de ses ministres sont des transfuges de l’ancien parti d’extrême-droite LAOS. Bref, les idées nationalistes et fascistes sont loin d’avoir disparues en Grèce. Elles sont encore en action un peu partout dans la société, au grand dam de toutes les personnes victimes et discriminées.

Concernant la remontée du PASOK, étonnante vu d’ailleurs en Europe, il faut comprendre que ce parti est l’un des seuls à avoir changé de porte-parole et candidat principal pour le poste de premier ministre. Cette petite remontée du score du PASOK, de 6% à 11% est donc une prime à la nouveauté, alors même que la lassitude est forte à l’égard des autres leaders politiques plus connus qui ont, pour beaucoup, trempés dans d’innombrables affaires.

En légère hausse, le parti communiste KKE (de 5 à 7%) a un peu profité de la chute de Syriza. Mais pas Zoé Konstantopoulou ni Yanis Varoufakis qui ont loupé de peu leur entrée au parlement, en se présentant l’un et l’autre : il fallait 3% des suffrages exprimés et ils n’ont atteint que 2,8% et 2,6%.

Sur quelle île la droite a-t-elle obtenu le score le plus bas ? Cette fois, ce n’est pas en Crète, mais sur l’île d’Icare (Ikaria). Comme le montre la carte ci-dessus, la droite n’a atteint que 19%, derrière le parti communiste (35%) et Syriza (22%).

En Crète, dans le département d’Héraklion, la droite a réuni 35% des suffrages exprimés (c’est la première fois qu’elle dépasse les 30%), l’extrême-droite stagne à 2% (le parti « Solution grecque ») et la gauche plafonne à 60% : Syriza 23% (en très forte baisse), Pasok 22%, KKE 5%, Mera25 3% (Varoufakis), Plesio Elefterias 2% (Zoé Konstantopoulou), autres partis de gauche 5%.

Quel est le premier parti de Grèce actuellement ? L’absention ! Près de 40% de Grecs ont refusé de voter (alors que le vote est censé être obligatoire) et 3% de ceux qui se sont déplacés ont glissé des bulletins blancs ou nuls : par exemple, la photo d’une chèvre dans plusieurs petits villages de Crète (île sur laquelle l’abstention a été plus forte qu’à l’habitude, ce qui a fait très mal à Syriza).

À Kastoria, près de la frontière nord de la Grèce, un mouton a été introduit dans un bureau de vote, scène immortalisée par une photo (ci-dessous) qui a fait le buzz jusqu’à la soirée électorale.

Et maintenant, que va-t-il se passer ? En fait, Mitsotakis ne veut pas d’une majorité relative. Il veut la majorité absolue. Il va donc se représenter le dimanche 25 juin, lors d’une seconde élection. En attendant, c’est le président de la Cour des comptes, Ioannis Sarmas, qui assure l’intérim. La loi prévoit que pour l’élection suivante, la prime au premier sera activée : jusqu’à 50 sièges en bonus (dans un parlement de 300 sièges). À ses yeux, c’est la garantie d’atteindre non pas seulement 51% des députés, mais 60%… ce qui lui permettrait de modifier la Constitution, projet qu’il caresse depuis longtemps ! Encore un projet autoritaire. Un de plus !

Seule une alliance Syriza-Pasok pourrait contrer la réélection de Mitsotakis le 25 juin. Mais plus personne ne veut s’associer à Tsipras et le nouveau chef du Pasok, Nikos Androulakis, espère percer progressivement jusqu’au pouvoir, en commençant par passer devant Syriza. Bref, de la cuisine politicienne dégoûtante, comme souvent. Un journal d’extrême-gauche présente ce casting comme celui d’un western, avec en titre sur l’affiche : « Le salopard, le traitre et l’ambitieux. »

Pendant ce temps, sur le terrain, des milliers de militants et de militantes mènent d’innombrables luttes concrètes, proposent l’exemple d’une autre façon de vivre ensemble, dans l’entraide, la concertation, l’intelligence collective, la création et la résistance, le respect de nos différences, la liberté de choisir sa voie, l’envie de changer profondément la société et non pas simplement la vitrine d’un système politique complètement à bout de souffle.

Non, je vous assure : Mitsotakis n’est pas apprécié en Grèce. Ce n’est pas vrai. Il est ridicule. Il est la risée des conversations, des caricatures, des détournements de photos… Et tout le monde sait surtout qu’il est pourri jusqu’à la moelle : on ne compte plus les affaires de corruption, d’écoutes téléphoniques illégales, d’entraves à la liberté d’expression, de violences policières, sans oublier le terrible accident de train lié à la privatisation sauvage des services publics sous sa responsabilité, qui a causé 57 morts il y a quelques semaines.

Mitsotakis est encore là parce que beaucoup ne veulent plus jouer à la roue de l’infortune : jeu pernicieux proposant des alternatives qui n’en sont pas — ou pas suffisamment. La plupart des médias de masse qui fabriquent l’opinion appartiennent aux milliardaires qui nous exploitent, par conséquent les règles du jeu électoral sont viciées. Les dés de la pseudo démocratie sont pipés. Dans le berceau historique du concept de démocratie (bien que réduite à une élite citoyenne masculine à l’origine), énormément de Grecs répètent en avoir « marre de [ce que beaucoup appellent] la démocratie anglaise » (démocratie représentative).

Il devient urgent de prendre nos vies en mains, de passer à la démocratie directe ou mieux encore : le fruit de la conscience politique n’est peut-être pas encore mûr, mais l’urgence est là, criante, dans tous les domaines. Et nous œuvrons ensemble, de toutes nos forces, dans ce sens. Pour montrer que cette voie utopique est non seulement possible et désirable, mais aussi indispensable.

4- Suite du convoi solidaire dans les lieux autogérés en Grèce :

MERCI, MILLE FOIS MERCI POUR VOTRE SOUTIEN !

Beaucoup de camarades et compagnons de voyage ont été retardés par leur engagement dans les luttes en France et, encore plus, par une avalanche de soucis de santé. Malgré tout, les fourgons solidaires arrivent tant bien que mal, au fil des semaines, dans différentes régions de Grèce ! Une par une ou deux par deux, les arrivées se succèdent. Non seulement nous avons réussi à livrer la plus grande partie de ce que nous avons collecté en France (et un peu en Suisse et en Belgique), mais nous avons aussi effectué à plusieurs reprises des livraisons d’huile d’olive et de fruits et légumes de Crète, achetés à des paysans compagnons de luttes, grâce à vous !

 

Nous avons également transmis des soutiens financiers aux assemblées des lieux et collectifs (quand nous le pouvions) et nous sommes aussi allés faire des courses dans plusieurs villes accompagnés des mandatés de lieux ou collectifs dans le besoin, en utilisant nos fourgons pour transporter les achats nécessaires, parfois volumineux, ou encore pour aider à effectuer des déménagements, sans oublier le ramassage de mobilier donné à l’autre bout d’une même ville, mais qu’il nous restait à acheminer.

Parmi les nouveaux lieux aidés, nous avons apporté un soutien financier au squat Botanikos Gypos (« Jardin Botanique ») à Petroupoli, au nord d’Athènes. Ce lieu autogéré formidable a subi une attaque fasciste il y a un mois : tags nazis sur les murs extérieurs, cris et menaces dans le hall d’entrée…). Le squat Botanikos Gypos vous sera présenté, parmi d’autres, dans le prochain film documentaire, y compris les serres autogérées attenantes au bâtiment principal qui participent à ce projet original et prometteur.

Nous avons aussi participé à des tables rondes, des concerts, des animations, des chantiers solidaires, des rencontres-débats sur divers sujets, notamment avec Rouvikonas au K*VOX (photos), au Notara, mais aussi ailleurs sur le continent et en Crète, dans l’ouest et le sud de l’île. Et ce n’est pas fini !

Si jamais vous avez prévu d’aller en Grèce durant l’été (par la route et par ferry), contactez-nous : car nous avons encore quelques cartons en attente dans plusieurs régions de France (pas beaucoup et ce sont les moins urgents, mais ce serait bien qu’ils puissent profiter de votre voyage. Sinon, ne vous inquiétez pas, on se débrouillera autrement durant l’automne (surtout ne faites pas le voyage exprès pour ça).

Si vous voulez donner un coup de pouce financier, vous savez comment le faire. C’est toujours pareil : virement, paypal ou chèque.

1- Pour effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »

2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
https://www.paypal.com/donate/?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY

3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues

Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80

Et surtout n’hésitez pas à nous faire savoir à quoi ou à qui vous souhaitez que votre soutien soit transmis (frais de Justice de militant-es, cuisines solidaires, aide aux exilé-es…). On a l’habitude 🙂

5- Quatrième film documentaire en préparation :

NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES SORTIRA DURANT L’HIVER

Tout d’abord, on vous le répète : inutile de nous demander l’autorisation pour diffuser nos films, en particulier pour financer les caisses de grèves ou des frais de Justice. Tous nos films sont à votre entière disposition, en creative commons, à votre service pour faire réfléchir le public et soutenir les luttes en France aussi. Plusieurs dizaines de projections de nos trois films ont eu lieu depuis février. Servez-vous ! Ne nous demandez pas notre accord ! Nous sommes nos propres pirates !

Après Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’Amour et la Révolution, le quatrième opus sortira l’hiver prochain : Nous n’avons pas peur des ruines témoignera de la période de juillet 2019 à aujourd’hui. Le tournage a repris ces derniers mois, mais se termine actuellement. Le montage reprend également, une dernière fois. On avance bien, en bonne compagnie ! Et, comme vous le découvrirez, avec de belles surprises et de superbes musiques, donc plusieurs écrites pour le film.

En attendant, bonnes luttes ! Tenez bon !

De tout cœur avec vous depuis la Grèce, avec nos camarades et compagnons grecs, migrants et convoyeurs !

Vive la Sociale !

Yannis Youlountas po/ les membres de l’action

 

Translate »