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Appel des VioMe

« Le texte d’un appel du comité de solidarité avec VIOME et de ses employés pour participer à la Manifestation à Thessalonique (samedi 18h00 Kamara) et contre les ventes aux enchères de BIOME qui vont suivre (19 septembre, 24 octobre)

APPEL DES VIO.ME TOUJOURS EN LUTTE :

Ils ne nous ont pas payé.

Ils ne nous ont pas respecté et ont essayé de nous virer. Pour fermer l’usine.

Cela fait 8 ans que nous avons répondu. Et nous leur avons répondu pour de bon.
« Si vous ne pouvez pas, nous pouvons »
Nous avons l’usine et nous travaillons.
Seulement nous avons toujours travaillé et ils nous ont eu. Et ils ont eu l’argent.
Maintenant, nous ne travaillons plus  que pour nous et personne ne nous commande.
Nous parlons tous ensemble, nous travaillons avec la démocratie
Nous décidons lors de notre assemblée générale et partageons la richesse que nous produisons.
Notre travail nous appartient et non à un gros actionnaire paresseux.
La route n’était pas facile. Ils sont allés nous couper l’eau, nous frapper dans les marches, nous vendre aux enchères.
Et pourtant, nous sommes toujours là. Aux côtés du mouvement syndical en difficulté ainsi que de nos collègues grecs et étrangers, nous luttons pour gagner notre vie.
Les associations de travailleurs du monde entier soutiennent nos produits.
Notre solidarité et notre travail tournent maintenant à la vitesse supérieure.
Nous vous invitons donc à faire de même. C’est la seule route ici que nous pouvons suivre.
Nous vous invitons à vous joindre à nous et à tenter votre chance entre vos mains.
Nous serons avec vous dans ce combat.
Nous vous invitons à nous rejoindre À 18h00 à Kamara- Thessalonique
Nous vous invitons à nous aider à annuler toutes les enchères qu’ils  essaient de nous faire. À partir du 19 septembre dans les tribunaux de Thessalonique.
Syndicat des travailleurs de VIOME
BIOME Solidarité Initiative ouverte »
source : https://www.facebook.com/…/a.18992551103…/2354773764762612/…

Le collectif de Grenoble continue à soutenir la lutte des VioMe en organisant pour la 4eme année une commande groupée de leurs produits. Des contacts sont pris pour faire ce lancement lors d’une projection-débat dans la 1ere quinzaine d’octobre.Les informations seront données prochainement sur ce site.

Pour la défense d’Exarcheia avec Y.Youlountas 1e et 2eme partie

Pour rompre le silence des médias et la désinformation Yannis Youlountas s’exprime depuis Exarcheia à Athènes. Les 5 entretiens seront publiés sur ce site au fur et à mesure de leurs parutions.

Des membres de Radio Libertaire, Le Combat Syndicaliste et Le Monde Libertaire sont venus ensemble voir Yannis Youlountas à Exarcheia, pour regrouper leurs questions dans un seul entretien radio et écrit à paraître bientôt dans leurs médias. Les captations vidéos ci-dessous vous permettent de découvrir quelques extraits de cet entretien.

1 ere partie (sur la situation du quartier)

Source http://blogyy.net/2019/09/08/pour-la-defense-dexarcheia-premiere-partie/

2eme partie (sur Rouvikonas) https://youtu.be/B7mzVthJUug

 

Huiles essentielles La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. Il évoque la fermeture programmée de 2750 moulins à huile grecs avec le projet d’installation des multinationales américaines.

Huiles essentielles

L’été, ses baraquements sur les rivages, ses souvenirs. De Thessalonique à Athènes en passant par les plages du vieux Péloponnèse, on salue tristement l’été 2019, si bref il faut dire pour la majorité, déjà des Grecs. Nos touristes auront tant admiré et photographié la Garde Evzone place Sýntagma au cœur de la capitale avant leur propre rentrée. Sinon, rien de très nouveau du côté des gouvernants actuels comme passés. Pays mis sur pilote automatique lorsque ses réalités substantielles sont délestées dans la hâte pour ne rien laisser d’elles au bout du processus que l’on dénomme alors… crise.

La Garde Evzone. Athènes, place Sýntagma, août 2019

L’été, celui des médias et de la publicité comme de leur atmosphère pressentie aurait pu être celui d’une prétendue légèreté ou encore le soi-disant grand moment du souvenir commercialisé. Or il n’en est rien. Les plages ont été certes remplies en Attique fin août par ce pays réel, largement, trop largement même populaire, mais en même temps certains murs expriment autant de douleur face aux touristes: “Vivre la vraie expérience grecque. Salaires à 500 euros, loyers à 400. Airbnb fait augmenter les loyers.”

Et ce n’est qu’un exemple, une facette des mutations en cours. Le pays se transforme et d’ailleurs violemment en espace administré, colonisé pour tout dire, d’en haut par les “investisseurs”, et d’en bas, par les migrants déracinés que la programmation en cours projette d’installer chez les acculturés locaux ou en phase de l’être. Les récalcitrants, autrement-dit, les esprits encore logiques et enracinés dans leur culture et leur territoire seront par la même occasion traités de tous les noms. Déjà en Grèce centrale, élus locaux et une partie des habitants manifestent contre l’installation des migrants chez eux, presse du 5 septembre. Erdogan et les passeurs mafieux compatibles Sóros ont ouvert les vannes de la misère provoquée et instrumentalisée; les migrants arrivent ces dernières semaines par milliers sur les côtes des îles grecques de la mer Égée, le calendrier semble donc s’accélérer. J’ouvrirai toutes portes vers l’Europe déclare encore Erdogan, exigeant entre autres le contrôle d’une partie de la mer Égée et des hydrocarbures qui s’y trouvent, pourtant tout cela du côté grec, Chypre comprise, presse du 5 septembre. Les migrants, leur instrumentalisation surtout, c’est autant une arme… géopolitique massive.

Et comme par hasard, le gouvernement Mitsotákis, déjà pour désengorger les îles, car il est vrai que la situation dans les campements de Lesbos notamment est plus qu’explosive, les installe en Macédoine grecque, très exactement près de la frontière avec les pays slaves et voisins, très exactement au cœur géographique, voire géopolitique de la “restructuration” que l’Allemagne et les États-Unis imposent une fois de plus en cette région des Balkans. Les Grecs des contrées concernées sont très en colère d’après les reportages, et il y a de quoi, presse de la semaine. Car il faut rappeler qu’ils ont déjà été trahis par l’accord Macédonien de Tsípras et que Mitsotákis ne remettra aucunement en cause, d’après la presse allemande, telle fut la condition nécessaire pour qu’il puisse être reçu la semaine dernière à Berlin, chez la Chancelière… du énième Reich.

D’après les médias allemands, de surcroît parmi les plus officiels, “les réticences allemandes s’expliquent notamment par la pratique de la Nouvelle Démocratie de Mitsotákis de ne pas adopter les mesures des mémorandums en tant qu’opposition officielle, ainsi que par le refus obstiné devant l’accord de Macédonien de Tsípras, dans lequel Berlin avait tant investi. Car pour l’Allemagne, il ne s’agissait pas d’un simple accord pour résoudre un problème de la périphérie européenne. La résolution du problème du nom de ce pays a été jugée essentiellement nécessaire car elle a créé les conditions permettant à la Macédoine du Nord de rejoindre l’OTAN et de rester sur la voie européenne, empêchant ainsi la Russie, la Chine ou même la Turquie d’essayer d’accroître leur influence dans ce pays. L’assurance reçue entre-temps à Berlin par le nouveau gouvernement grec, considérant que dans le cas de cet accord précisément, le principe de pacta sunt servanda s’applique, a constitué un premier geste important pour instaurer entre nous une relation de confiance”, presse allemande, fin août 2019. Rajoutons que certains projets disons parallèles, feront de cette partie du Nord de la Grèce où les migrants nouveaux sont en phase d’être installés, une zone économique et industrielle… hors sol au profit des dits acteurs économiques mondialisateurs.

Atmosphère pressentie. Athènes, été 2019
La vraie expérience grecque. Athènes, septembre 2019
Plage en Attique, fin août 2019
Autre… pays réel. Athènes, septembre 2019

Dans la foulée, la Nouvelle Démocratie et son gouvernement poursuivent dans le chemin des “gouvernements” mémorandaires et ainsi… mutants, que le pays connaît à ses dépends depuis 2010. Comme l’écrivent parfois certains vieux militants issus de la gauche, autant sortie de l’histoire politique pour les mêmes raisons, “depuis dix ans maintenant, la Grèce se meurt lentement, privée des derniers retranchements de sa souveraineté nationale et populaire. Cependant, le premier article de la Constitution stipule que: La souveraineté populaire est à la base de l’État. Tous les pouvoirs découlent du peuple, s’exercent en faveur de celui-ci et de la nation, et sont exercés conformément à la Constitution.”

“Les gouvernements se succèdent depuis 2010, les uns après les autres, comme des trains dans les gares, mais de plus en plus, ces gouvernements sont assujettis aux pouvoirs étrangers. Ils arrivent comme ils partent, en promettant divers procédés, allant de la suppression des mémorandums à la réduction des excédents primaires et des taxes, puis ils appliquent une politique économique opposée à leurs proclamations préélectorales, une politique qui est bien sûr imposée par Berlin. Au niveau géopolitique, le pays est autant subordonné à la puissance des États-Unis, semble-t-il davantage que du temps de la junte des colonels.”

“C’est le déclin final de la démocratie parlementaire. Par exemple, et c’est autant un signe des temps, la ‘politique’ est devenue une sorte de profession lucrative et du marketing, alors que la vraie politique économique du pays est pratiquée depuis la chancellerie allemande”, texte de Papoúlis sur le site du Plan-B.

“Décombres ainsi absolus de la République hellénique abolie” d’après Papoúlis, c’est un constat largement partagé, mais je dirais de plus accepté, un constat lequel échappe par ailleurs aux médias. Ces derniers font alors tout et même souvent en rajoutent, pour faire croire qu’il y a toujours ici bas une vie politique, des partis, des débats et des querelles. Heureusement, le pays réel arrive parfois à se rendre inquiet pour d’autres enfin bonnes raisons, la disparition de Lora comme celle de Yannakis en font par exemple partie, autant que les séismes d’ailleurs. Le récent séisme du mois d’août aura fait disparaître une partie des installations industrielles datant d’environ un siècle et situées à l’entrée du grand port. Signes sans doute des temps!

Disparition de Lora. Athènes, septembre 2019
Disparition de Yannakis, il nous manque énormément. Athènes, août 2019
Entrée du port du Pirée. Septembre 2019

Dans la vraie vie aussi, c’est l’Institut Goethe qui engage des travaux d’envergure sur son bâtiment à Athènes, histoire de renforcer sa résistance aux séismes. Finalement, nul n’est à l’abri, de certains séismes en tout cas. En face de l’Institut, c’est sur les vitres de la librairie allemande qu’une affichette fait la promotion d’un séminaire d’écriture en allemand entre août et septembre, “dans le cadre idyllique de l’île d’Égine”. Pour ne pas… perdre le nord, allons donc au sud.

Dans la vraie vie toujours, les derniers vacanciers du mois d’août quittent alors Égine, l’été prend fin… mais pas les affaires. D’après le reportage, lors de la visite de Mitsotákis à Berlin, il a été annoncé de manière volontairement vague, qu’un projet d’envergure dans le domaine de l’énergie dite verte sera inauguré, voire renforcé sur une période de vingt ans. On comprendra alors comment et combien, les montagnes du Pinde comme Agrafa finiront défigurées à jamais du fait des éoliennes fabriquées et imposées par la… métropole, vieille méthode.

Il en va de même pour ce qui est de la production d’huile au pays de l’olivier, comme on aime dire parfois. D’après une source mentionnée et surtout traduite par Constant Kaimakis (et nous le remercions tous), la fermeture de 2750 moulins à huile grecs serait déjà programmée, sur Facebook également, dont celui de mon ami, historien et écrivain, Olivier Delorme.

“Le ‘trésor national’ de l’huile d’olive sera ainsi livré à des multinationales américaines. Ces dernières pressent le gouvernement grec pour mettre un terme à ces 2750 unités grecques. Début janvier, le célèbre syndicaliste paysan de Fthiotida Vaios Ganis a révélé à newx.gr que des propositions de construction de trois ‘méga usines’ d’olives et d’huile d’olive avaient été déposées dans des régions spécifiques au cours des quatre dernières années. En effet, la Banque nationale semble soutenir cet effort, selon M. Ganis. Quel sera l’impact de la construction des trois ‘méga usines’? Vaios Ganis décrit la situation, dans la plus sombre des couleurs, en déclarant:”

L’Institut Goethe en travaux. Athènes, août 2019
Séminaire d’écriture en allemand à Égine. Athènes, septembre 2019
Embarquement. Égine, septembre 2019

“2750 petits pressoirs seront effacés en une nuit dans les zones où les méga usines seront implantées. Les trois zones ciblées par la multinationale américaine sont la Grèce occidentale, le Péloponnèse et la Crète. Alors imaginez la richesse de l’olive, l’huile sera concentrée dans une multinationale. Il n’y aura pas d’intermédiaire, il n’y aura rien. Un petit oléiculteur ne pourra pas survivre en raison de conditions telles que la gestion des déchets et la purification biologique, qui ne peuvent être satisfaites en raison de la taille accrue de l’économie. En une nuit, les petites entreprises auront disparu. Imaginez ce qui va se passer, a souligné Vaios Ganis. Aujourd’hui, une nouvelle ‘pierre’ dans l’édifice des révélations provient du président de GEOTEE – Institution Géotechnique, Spýros Mamalis, qui a déclaré à newx.gr qu’il était au courant du problème et qu’il fournissait des informations supplémentaires sur l’effort pour l’effacement de la carte des 2750 moulins. Selon M. Mamalis, la multinationale américaine aurait trouvé des ‘alliés’ parmi les universitaires grecs, dont les noms seront publiés prochainement.”

“Il y en a pas mal de monde autour du ministère, entre certains cadres officiels, voire des individus qui cherchent simplement à faire valoir leur point de vue auprès du gouvernement pour ainsi fermer ces petites unités actuelles sous prétexte d’économies d’échelle et de taille plus grande qu’une telle offre apporterait-elle. Ils sont Grecs et ils ont même leur bonne place dans les universités.”, l’article en grec c’est ici.

L’article souligne en conclusion que toute réticence locale ou régionale devient de fait caduque, dès que le montant global de l’investissement proposé dépasse les 100 millions d’euros, telle est la loi-cadre mémorandaire des pseudo-gouvernements qui… gouvernent surtout depuis dix ans, en réalité, depuis je dirais 1831, et ceci à de très rares exceptions près.

En attendant, on se consolera des petits trésors quotidiens, chez les bouquinistes par exemple entre la Civilisation Égyptienne et les Annales de l’ethnographie de Giuseppe Pitré et de sa collection au Musée Ethnographie de Palerme qui porte alors son nom.

On peut encore voyager en Septembre, même pour le travail, ou admirer le vieux bateau Liberty transformé en musée dans le port du Pirée. Notons que de nombreux armateurs, la plupart grecs comme Aristote Onassis ou Stávros Niárchos, ont accru leur fortune en achetant des Liberty ships du surplus des inventaires pour faire du cabotage, avant de se lancer dans le transport pétrolier.

Chez les bouquinistes. Athènes, septembre 2019
Voyageurs. Golfe Saronique, septembre 2019

Pays ainsi mis sur pilote automatique colonial. Le terroir, ses rivages, son souvenir et ses restes que les visiteurs ne peuvent guère voir, l’acculturation surtout des plus jeunes rend autant la réalité brouillée pour une partie de la population déjà. Et quant aux migrants, de par leur situation savamment provoquée, ils feront semble-t-il le même usage du pays que les prédateurs mondialistes. Le pays est un “topos”, un lieu à mettre à profit sans histoire, ni passé, ni racines, sans parler de la perte de sa souveraineté laquelle les laisse froidement indifférents. Voilà pour le vaste programme.

Car ce qui est en œuvre c’est la suppression pure et simple d’un peuple en s’en prenant à tout ce qui fait son existence propre, et le démembrement de son territoire, après celui de son identité et de son histoire à commencer par des institutions sous contrôle totalitaire et autant financier, à savoir le système éducatif et bien entendu les universités, sans oublier les médias et leur soupe à poison tétanisant.

Le Liberty-ship. Le Pirée, septembre 2019

De Thessalonique à Athènes en passant par les plages du vieux Péloponnèse, on salue alors tristement l’été 2019. Donc rentrée. La presse mainstream nous informe que dans la ville de Bach en Allemagne, personne n’a peur des investisseurs Chinois, s’agissant d’Arnstadt, où Jean-Sébastien Bach il se forge une solide réputation d’organiste à l’église de la ville, quotidien “Kathimeriní” du 4 septembre 2019. Nous voilà… rassurés autant chez nous.

Rentrée, et ce blog salue et alors remercie de tout cœur ses ami(e)s. Sans eux, sans leur soutien moral et matériel, il serait déjà avalé par le néant environnant.

L’automne en vue, entre espoir et ténacité, comme pour ce matou que mon ami Aristote a recueilli chez lui en quelque part en Attique, ou pour ces autres chats recueillis par mon ami Olivier Delorme à Nisyros.

Beau pays, vraiment !

Le matou recueilli par Aristote. En Attique, août 2019
* Photo de couverture: Souvenirs. Thessalonique, août 2019
5 septembre 2019

Lesbos, Samos des conditions de vie inimaginables

Lesbos, Grèce : Des centaines de mineurs protestent contre les conditions de vie à Moria  –

Le reportage du quotidien grec Efimerida tôn Syntaktôn donne plus des précisions sur les incidents qui ont éclaté hier mercredi au hot-spot de Moria à Lesbos.  Il s’agissait  d’une mini-révolte des mineurs bloqués sur l’île, qui demandaient d’être transférés à Athènes ou du moins d’être logés à l’hôtel. Même après le transfert 1.500 personnes , il y a actuellement à Moria 9.400 personnes dont 750 mineurs pour une capacité d’accueil de 3.000.

Les mineurs qui arrivent depuis quelques jours sont entassés dans une grande tente qui servait jusqu’à maintenant de lieu de Premier Accueil, une sorte de réception-desk pour tous les arrivants, qui s’est transformé en gîte provisoire pour 300 mineurs.  Hier,vers midi, un groupe de mineurs ont cassé la porte de la tente et ont essayé de mettre le feu à des poubelles, tandis qu’un deuxième groupe de mineurs avait bloqué la route vers la porte du camp en criant Athens-Athens et Hotel-Hotel, faisant ainsi comprendre qu’ils réclament leur transfert à Athènes ou à défaut  à des chambres d’hôtel. La police est intervenue en lançant de gaz lacrymogènes, et une fois le calme répandu ; des pourparlers se sont engagés avec les deux groupes. Il n’y a pas eu ni arrestations ni blessés.

En même temps la situation est encore plus désespérante au hot-spot de Samos  où pour une capacité d’accueil de 648 personnes y sont actuellement entassées presque 5.000 dans des conditions de vie inimaginables……

Des scènes qui rappellent l’été 2015 se passent actuellement à Lesbos. 

Le nombre particulièrement élevé d’arrivées récentes à Lesbos (Grèce) – plus que 3.600 pour le seul mois d’août- a obligé le nouveau gouvernement de transférer 1.300 personnes vulnérables vers le continent et notamment vers la commune Nouvelle Kavalla à Kilkis, au nord-ouest du pays. Il s’agit juste d’un tiers de réfugiés reconnus comme vulnérables qui restent bloqués dans l’île, malgré la levée de leur confinement géographique. Jusqu’à ce jour le gouvernement Mitsotakis avait bloqué tout transfert vers le continent, même au moment où la population de Moria avait dépassé les 10.000 dont 4.000 étaient obligés de vivre en dehors du camp, dans des abris de fortune sur les champs d’alentours. Le service médical à Moria y est désormais quasi-inexistant, dans la mesure où des 40  médecins qui y travaillaient, il ne reste actuellement que deux qui ne peuvent s’occuper que des urgences – et encore-, tandis qu’il n’y a plus aucune ambulance disponible sur place. Ceci a comme résultant que les personnes qui arrivent ne passent plus de contrôle médical avec tous les risques sanitaires que cela puisse créer dans un camp si surpeuplé.

Le nouveau président de la Région de l’Egée du Nord, M. Costas Moutzouris, de droite sans affiliation, avait déclaré que toutes les régions de la Grèce doivent partager le ‘fardeau’, car « les îles ne doivent pas subir une déformation, une altération raciale, religieuse, et ethnique ».

C’est sans doute l’arrivée de 13 bateaux avec 550 personnes à Sykamia (Lesbos) samedi dernier, qui a obligé le gouvernement de céder et d’organiser un convoi vers le continent. Mais l’endroit choisi pour l’installation de personnes transférées  est un campement déjà surchargé – pour une capacité d’accueil de 700 personnes, 924 y sont installés dans de containers et 450 dans des tentes. Avec l’arrivée de 1.300 de plus ni le réseau d’eau potable, ni les deux générateurs électriques ne sauraient tenir. La situation risque de devenir totalement chaotique, d’autant plus que le centre d’accueil en question est géré sans aucune structure administrative par une ONG, le Conseil danois pour les Réfugiés. En même temps, l’endroit est exposé aux vents et les tentes qui y sont montés pour les nouveaux arrivants risquent de s’envoler à la première rafale.  D’après le quotidien grec Efimerida tôn Syntktôn toutes les structures du Nord de la Grèce ont déjà dépassé la limite de leurs capacités d’accueil.

VS

Les 20 ans d’Attac en Rhône-Alpes c’est le 28 septembre à Montmélian

Cette rencontre se tiendra à l’espace François Mitterrand de Montmélian (Savoie)

Les comités locaux de Rhône-Alpes s’associent pour marquer leurs vingt ans le temps d’une journée : dès 10 heures le samedi 28 septembre, ateliers, conférence et concerts animeront cette journée.

 

La première partie, de 10 h à 16 h, est plutôt orientée vers les adhérent·e·s et proches sympathisant·e·s avec plusieurs ateliers de formation en parallèle et un repas en commun le midi ; ce temps doit permettre la rencontre et les échanges entre les comités de la région, et aussi entre militant·e·s nouve·lles·aux et ancien·ne·s. Les ateliers aborderont la présentation d’Attac, ses objectifs et ses stratégies, ainsi que les thématiques sur lesquelles nos comités locaux peuvent être spécifiquement investis.

Le collectif de Grenoble ( soutenu par attac 38 et le Cadtm 38) animera un atelier intitulé : « La Grèce : comment asservir un peuple et coloniser un pays ». Nous présenterons notre collectif, les raisons de sa création, ce que nous faisons (le site internet, les Viome, les convois, les dispensaires, les films …) et un développement sur la situation en Grèce.

La seconde partie de la journée est ouverte à tou·te·s ( à prix libre). Elle débutera à 16 h avec une conférence publique d’Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France : « Contre la politique néolibérale de Macron, préservons les biens communs ».

La rencontre se terminera en musique avec deux groupes locaux : des chants engagés avec « Néotopia », puis un bal cajun avec « Advien’Quepeu ». La restauration du soir, bio et locale, sera assurée par un traiteur militant.

Toute la journée, des stands permettront à des organisations partenaires (membres fondateurs d’Attac et/ou partenaires locaux) de faire connaître leurs combats et d’échanger avec les participant-e-s, devant ainsi permettre une meilleure connaissance réciproque.

Pour finir en beauté, nous vous proposons de réaliser ensemble une action non-violence le dimanche 29 septembre au matin. Ainsi nous passerons ensemble à l’action !

Source et inscriptions https://france.attac.org/agenda/article/les-20-ans-d-attac-en-rhone-alpes

Sur la réforme du droit d’asile en Grèce

Opposition aux projets d’abolition des comités d’asile et de l’association des juges administratifs

Son opposition à l’abolition de la deuxième instance des procédures d’appel de l’asile par les comités de l’autorité indépendante est exprimée dans l’annonce faite aujourd’hui par l’Association des juges administratifs.

Le projet de presse  Σχολίασε
Plus précisément, comme le dit l’Agence athénienne, à l’occasion de l’annonce par le gouvernement de l’abolition de la deuxième procédure d’appel en matière d’asile par les comités de l’Autorité indépendante afin d’accélérer l’ensemble du processus, l’Union souligne :
«1. Les retards constatés ne sont pas exclusivement grecs, mais ils sont observés dans tous les pays européens. Le fonctionnement des comités de deuxième instance s’est avéré efficace. Après tout, l’objectif du système d’asile devrait être de protéger les droits des demandeurs d’asile.
2. La contraction des droits des réfugiés est contraire aux dispositions du droit international humanitaire et du droit européen, ainsi qu’à la jurisprudence selon laquelle ces affaires doivent être traitées à la fois sur le plan juridique et sur le fond. Et tout transfert prévu de ces affaires directement aux tribunaux administratifs ne fera qu’aggraver la situation car, avec leur effectif actuel de juges et de fonctionnaires, leur charge de travail sera excessivement lourde et rapide.
3. Toute discussion de ce type tiendra compte des faits susmentionnés et ne cherchera pas à masquer les faiblesses de l’application du système actuel en supprimant les droits des réfugiés. Notre Union est prête à formuler des propositions positives pour l’amélioration du système et nous attendons avec impatience l’invitation au dialogue des ministres concernés. «  Il est rappelé que le Conseil grec pour les réfugiés a également exprimé sa profonde préoccupation devant les récentes annonces de la KYSSA sur l’abolition du deuxième niveau de demandes d’asile, qui « appelle le gouvernement grec à s’abstenir de tout acte contraire au droit international et au droit international ». protège les droits fondamentaux des réfugiés « .
Sur la base de ces décisions, le Conseil grec des réfugiés souligne :
  1. L’examen des demandes d’asile en deuxième instance n’est pas une spécificité grecque, mais une obligation qui incombe à tous les États membres de l’Union européenne directement par le droit de l’Union. Il reflète les garanties fondamentales de l’état de droit et des droits fondamentaux énoncées dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et la Convention européenne des droits de l’homme.

  2. Outre l’obligation de réexaminer les demandes d’asile en deuxième instance devant un tribunal indépendant et impartial, le droit de l’Union prévoit explicitement un certain nombre de garanties supplémentaires, qui doivent toujours être respectées dans les demandes d’asile en deuxième instance. Par conséquent, les autorités nationales doivent veiller à ce que la demande ait normalement un effet suspensif automatique, à ce qu’une assistance juridique gratuite et obligatoire soit fournie et à ce que les demandeurs aient accès aux services de réception tout au long de la demande de protection internationale en instance.  Ces garanties devraient être prises en compte dans tout débat sur la réforme du cadre national. Dans le cas de la Grèce et de son système juridique, ces garanties ne peuvent pas être respectées en cas de suppression des recours en deuxième instance.

Il est rappelé que le décret présidentiel n ° 90/2008 avait tenté d’abolir de la même manière le deuxième niveau d’examen des demandes d’asile, ce qui avait conduit le HCR à se retirer de la procédure d’asile et, entre autres, à condamner la Grèce devant sa Cour de justice  des droits de l’homme en raison de l’absence d’un système d’asile juste et efficace.

Enfin, il convient de noter que toute nouvelle réduction des garanties de la procédure d’asile s’avérerait, entre autres, inefficace, car les litiges juridiques qu’elle engendrerait entraîneraient de nouveaux retards dans la procédure d’asile.

Compte tenu de ce qui précède, le Conseil grec pour les réfugiés invite le gouvernement grec à s’abstenir de toute action contraire au droit international et au droit de l’Union et à protéger les droits fondamentaux des réfugiés.Source presse grecque

Grèce : modification du droit d’asile

 » La Grèce décide de décongestionner les hotspots et de modifier les procédures d’asile »

L’arrivée massive de migrants et de réfugiés à Lesbos il y a deux jours a conduit le gouvernement grec à organiser une réunion urgente du Conseil du gouvernement pour les affaires étrangères et la défense (KYSEA) samedi matin avec le Premier ministre Kyrakos Mitsotakis.

Il y a une augmentation de 25% du nombre d’arrivées pendant les mois d’été, ce qui représente 5 000 personnes de plus, a déclaré le radiodiffuseur d’État ERT.

L’une des principales priorités est de décongestionner les hotspots des îles de l’est de la mer Égée, en commençant par celui de Moria à Lesbos.
Parmi les autres priorités figurent le transfert des mineurs non accompagnés vers un environnement plus sûr ou le regroupement familial et un mécanisme de surveillance accru. Dans le même temps, le gouvernement grec envisage de modifier les procédures d’asile afin que les personnes dont les demandes ont été rejetées soient renvoyées dans leur pays dans les meilleurs délais.

Les mesures à prendre sont les suivantes:

– Décongestion des hotspots par le transfert des migrants / réfugiés vers les structures existantes sur le continent.

– Transfert immédiat des îles de 116 enfants non accompagnés à leur famille dans d’autres pays de l’Union européenne avec lesquels un accord a déjà été trouvé. Au cours des prochaines semaines, 250 autres enfants non accompagnés seront déplacés vers des structures sécurisées à l’intérieur des terres.

– Renforcer la surveillance aux frontières, en coopération avec FRONTEX et les autorités européennes, ainsi qu’avec l’OTAN. Dans ce contexte, l’adoption du Système national de surveillance maritime intégré (ESTHET) est prévue. Il s’agit d’un système doté d’un budget de 50 millions d’euros qui relie les systèmes des garde-côtes avec l’utilisation de nouvelles technologies (caméras «simples» et thermiques, drones, etc.).

– Changer le cadre institutionnel de la procédure d’asile. Le changement supprimera le deuxième niveau d’appel quand une demande d’asile sera rejetée. Le changement prévoit le retour immédiat / l’expulsion du demandeur dans le pays d’origine. Toujours respectueux de l’acquis communautaire et de la mise en œuvre intégrale de la déclaration commune Union européenne-Turquie. Dans ce contexte, la Turquie devrait également être responsable.

– Renforcement des contrôles de police sur les îles et le continent pour identifier les demandeurs d’asile dont la demande a été rejetée par les tribunaux. Il est noté qu’il existe plusieurs milliers de cas de ce type et que la police a déjà identifié environ 1 000 personnes dont le processus de retour est en cours.

– Fourniture immédiate de 10 nouveaux petits bateaux flexibles pour une réponse rapide en cas de mouvements de migrants / réfugiés par des trafiquants partant de la côte turque vers les îles grecques.

– Soutenir les communautés locales où  sont les hotspots  en renforçant l’infrastructure et le personnel nécessaires (par exemple, soutien au personnel médical et infirmier de Lesvos).

– Hotspot de Moria: 1 002 réfugiés appartenant à des groupes très vulnérables seront transférés du hotspot de  Moria à Lesbos au centre de Nea Kavala, dans la région de Kilkis, dans le nord de la Grèce. Le transfert est prévu le 3 septembre. Deux péniches de débarquement de la marine grecque seront utilisées à cette fin.

Les  migrants et les réfugiés du hotspot de  Moria ont atteint un total de 10 241. Ce nombre est bien supérieur à ce qu’il peut supporter et en fait  le plus grand centre de réception et d’identification d’Europe.

« La Grèce coopère étroitement avec nos partenaires de l’Union européenne sur cette question », a déclaré samedi le porte-parole du gouvernement, Stelios Petsas, à l’issue de la réunion du KYSEA.

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2019/08/31/greece-migrants-refugees-measures-kysea/

Amnesty international sur la réforme du droit d’asile en Grèce

Communiqué d’Amnesty International   

Amnesty International est profondément préoccupée par l’annonce faite aujourd’hui par le Conseil gouvernemental des affaires étrangères et de la défense ( ΚΥΣΕΑ) selon laquelle l’appel en deuxième instance d’une demande d’asile sera aboli dans le but en cas de rejet de procéder immédiatement au retour du demandeur dans son pays d’origine. Les réformes annoncées pourraient porter atteinte à la légitimité de la procédure d’asile et priver les demandeurs d’asile de leurs droits à une protection effective, tels que garantis par l’article 13 de la Convention européenne des droits de l’homme et l’article 39 de la directive relative à l’asile.  Nous exhortons les autorités grecques à préciser davantage le contenu des réformes proposées et à veiller à ce que les droits de ceux qui sollicitent une protection internationale ne soient pas compromis pour la mise en œuvre de l’accord honteux entre l’Union européenne et la Turquie. »

Exarchia dans le viseur de Mitsotakis

L’humanité par Rosa Moussaoui
Revenue au pouvoir, la droite promet de mettre au pas ce quartier rebelle du centre d’Athènes, bastion de la gauche anti-autoritaire et plaque tournante de la solidarité avec les réfugiés.

Il avait juré, martial, de « nettoyer Exarchia en un mois ». Kyriakos Mitsotakis et son gouvernement de droite ont lancé, lundi, l’offensive promise contre ce quartier réfractaire du centre d’Athènes, refuge de toutes les résistances, havre de vie, de liberté, de solidarité. Pour faire place nette (sous l’œil de journalistes dûment accrédités et embarqués comme à la guerre alors que les habitants filmant la scène étaient, eux, brutalisés), les grands moyens ont été déployés : MAT (l’équivalent des CRS) et voltigeurs Dias aux allures de soldats, agents des services de renseignements, cagoules noires des équipes antiterroristes… Toute cette artillerie pour expulser militants et réfugiés de quatre squats emblématiques, sur la vingtaine de lieux occupés que compte le quartier. Aux abords de Spirou Trikoupi 17, Transito, Rosa de Foc et Gare, les mêmes scènes se sont répétées : des familles jetées à la rue, nassées par les policiers, poussées manu militari vers des véhicules affrétés pour l’occasion. Il fallait voir le regard vide de cette réfugiée probablement syrienne, son bébé dans les bras, sommée de monter dans un fourgon. Celui, encore, de ce bambin, quatre ou cinq ans tout au plus, le nez collé à la vitre d’un car l’emmenant avec sa mère vers une destination inconnue…

Le premier ministre grec a retenu la leçon de son mentor, Antonis Samaras. Lorsqu’il dirigeait, en 2012, le pays sur lequel venait de s’abattre la catastrophe du second mémorandum d’austérité, ce dernier avait créé un dispositif cyniquement baptisé Xenos Zeus (« Zeus hospitalier »). Les rafles ordonnées pour « nettoyer » la capitale de ses migrants s’étaient soldées par des milliers d’arrestations et cette politique encouragea la violence déchaînée des néonazis d’Aube dorée, alors en pleine ascension. De Samaras à Mitsotakis, la parenthèse Syriza passée, la Nouvelle Démocratie doit son retour aux affaires à une campagne aux accents extrémistes, avec des promesses de durcissement des politiques migratoires : renforcement du contrôle aux frontières, accélération du renvoi en Turquie des demandeurs d’asile déboutés, restriction de l’accès des migrants à la sécurité sociale. Les réfugiés sont dans le viseur, ceux qui les soutiennent et les entourent aussi.

Une zone protégée des agressions racistes et du harcèlement policier

La droite espère dissiper jusqu’au souvenir de l’extraordinaire élan de solidarité manifesté par le peuple grec quand l’Europe se hérissait de barbelés pour barrer la route aux populations fuyant les atrocités de la guerre. Or, Exarchia reste un symbole vivant de cette « philoxenia » à laquelle le nouveau gouvernement veut tourner le dos. Les exilés y trouvent des permanences juridiques, des cours de langue, des lieux de soutien psychologique, dans une zone protégée des agressions racistes et du harcèlement policier.

Cette tradition d’accueil est inscrite dans l’histoire et l’identité de ce quartier rebelle, bastion historique des anarchistes et de la gauche antiautoritaire. Au milieu du XIXe siècle déjà, alors qu’un vent d’indépendance et de liberté soufflait sur toute l’Europe, Exarchia entrait en ébullition. L’épisode des « skiadika » (chapeaux) vit s’y affronter policiers et étudiants coiffés de couvre-chefs du cru, pour soutenir les chapeliers grecs étranglés par l’essor des importations. Moins d’un siècle plus tard, sous l’occupation nazie, le quartier offrait refuge aux résistants communistes de l’Elas, l’Armée populaire de libération nationale grecque, puis, le pays libéré, les premières lignes de front de la guerre civile s’y dessinèrent, au fil des barricades et des colonnes de tanks anglais traquant les irréductibles. C’est là, encore, que les étudiants allumèrent le soulèvement qui devait conduire à la chute, en 1974, de la dictature des colonels. Les anciennes grilles de l’École polytechnique tordues par l’assaut des chars témoignent toujours de la sanglante répression qui s’abattit alors sur les insurgés. Plus près de nous, en 2008, lorsque le jeune Alexis Grigoropoulos est tombé sous les balles des policiers réprimant une manifestation lycéenne, le quartier s’est aussitôt consumé de colère, prélude à l’embrasement de toute la Grèce, secouée un mois durant par de violentes émeutes urbaines.

Airbnb a trouvé dans le centre d’Athènes un nouvel eldorado

Exarchia est un drôle de carrefour. L’avant-garde artistique, musicale et littéraire y côtoie les déshérités comme la militance la plus acharnée, aux marges, parfois, de la légalité. Le trafic de drogue, pourtant vigoureusement combattu par certains activistes, y prospère : la droite en tire argument pour cultiver le fantasme d’une « mafia libertaire » prête à enrôler migrants et dealers dans ses menées subversives. Les affrontements entre anarchistes et policiers y ont pris la forme d’un rituel que ne trouble pas la gentrification récente du quartier. À ceux qui n’ont que leur travail pour vivre, l’austérité a imposé d’insupportables épreuves. Aux plus fortunés, la crise a offert des opportunités et pour qui sait jouer, l’immobilier peut réserver de juteuses affaires : les façades décaties des vieilles maisons néoclassiques reprennent des couleurs ; les boutiques et les cafés tendance remplacent peu à peu les vieilles tavernes et les librairies ; Airbnb a trouvé dans le centre d’Athènes un nouvel eldorado. Les loyers flambent et à l’orée de Kolonaki, ghetto de la bourgeoisie athénienne, certaines rues d’Exarchia affectent désormais des airs chics et bohèmes. Le quartier n’a-t-il pas voté « oui » au référendum de 2015, à contre-courant du retentissant « non » grec à l’austérité ? Les conservateurs ont toujours cherché à mettre au pas cet îlot de désobéissance. Mais l’empressement hygiénique de Mitsotakis s’inscrit aujourd’hui dans les mutations urbaines qui façonnent, depuis le début de la crise, le nouveau visage d’Athènes. Celui d’une ville purgée du petit capital, débarrassée des classes populaires, docile devant sa mue néolibérale.

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