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Chute du parti néonazi

En Grèce, la condamnation d’Aube dorée signe la chute du parti néonazi   Par Elisa Perrigueur

La justice grecque a qualifié mercredi 7 octobre le leader et plusieurs ex-députés d’Aube dorée de « dirigeants d’une organisation criminelle ». Une annonce accueillie avec joie par plusieurs milliers de personnes réunies à Athènes.

Athènes (Grèce).– Mercredi 7 octobre à la mi-journée, une foule de quelque 15 000 personnes a poussé un immense cri de joie sur le boulevard Alexandras, au centre d’Athènes.

La cour pénale devant laquelle se sont massés ces milliers de citoyens aux sensibilités politiques plutôt à gauche, antifascistes ou anarchistes, venait en effet de désigner le parti néonazi Aube dorée comme une « organisation criminelle ». Son fondateur, Nikos Michaloliakos, et six anciens députés de cette formation ont été reconnus coupables de la diriger. Leurs peines seront prononcées dans les jours prochains.

Pour ceux qui attendent debout sous la chaleur écrasante, cette qualification cruciale signe enfin « la mort d’Aube dorée », comme le crie un jeune. La preuve que ce mouvement très hiérarchisé est lié à des crimes qui ne sont pas des actes d’individus isolés. Ce verdict coupe aussi définitivement ses financements étatiques et l’empêche de se présenter aux élections.

Un rassemblement mercredi à Thessalonique dans l'attente du verdict à Athènes. © Nicolas Economou/NurPhoto/AFP Un rassemblement mercredi à Thessalonique dans l’attente du verdict à Athènes. © Nicolas Economou/NurPhoto/AFP

« Cette reconnaissance va mettre un terme à leurs pratiques inacceptables comme la violence à l’encontre des migrants, les escadrons de la mort. Cela crée un précédent judiciaire important », exulte l’architecte Athina Arampatzi, masquée sous ces bannières aux slogans antifascistes. Sur sa jambe, elle porte un autocollant portant l’inscription : « Ils ne sont PAS innocents. Les nazis en prison ». Cette formule, sur fond de tache de sang, est visible partout dans le cortège dense.

Quelque 69 partisans ou membres d’Aube dorée étaient poursuivis pour divers chefs d’accusation dans un procès-fleuve de plus de cinq ans. Parmi eux, certains étaient jugés pour « tentative d’homicide » à l’encontre de pêcheurs égyptiens en juin 2012 et de membres du syndicat communiste PAME en septembre 2013.

D’autres étaient poursuivis pour meurtre et complicité de l’assassinat du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, qui avait choqué la Grèce en septembre 2013. Il avait été tué dans les faubourgs du Pirée, près d’Athènes, par Giorgos Roupakias, membre du parti reconnu aujourd’hui coupable du meurtre. Quatorze autres accusés ont été reconnus coupables de complicité de meurtre.

© Alexandros Kottis

« C’est ce que nous voulions, la décision est historique », se satisfait Christos, une connaissance de Pavlos Fyssas, présent non loin des bus de CRS grecs qui barrent l’entrée du tribunal. Au même moment, à l’intérieur, ils ne sont que 11 sur les 68 accusés à être présents.

Pour la première fois depuis le procès de Nuremberg en 1945-1946 à l’encontre de responsables du Troisième Reich, un parti politique était visé pour « constitution d’une organisation criminelle » en Europe. La formation était devenue un temps troisième force politique du pays, siégeant au Parlement grec de 2012 à 2019.

De l’autre côté du cordon de police, sur le parvis de la cour de justice, Magda Fyssas, la mère du rappeur défunt, montre son émotion devant les caméras. « Mon fils, tu l’as fait », crie-t-elle, levant les bras au ciel. Jamais elle n’a manqué une des journées d’audience à la prison de Korydallos ou dans la cour pénale d’Athènes (plus de 400 au total).

La tension était vive dans cette salle aux fauteuils rouges. D’un côté se tenaient les parties civiles – des citoyens issus de la mouvance antifasciste, communiste, des réfugiés, etc. De l’autre, les accusés, des figures de l’extrême droite adeptes de la violence permanente à l’égard de leurs opposants. Trois magistrats ont entendu les 68 accusés (l’un est décédé entre-temps) et leur défense, et recueilli plus de 150 témoignages, avant d’annoncer enfin le verdict.

Dans le cortège, Alexandros Galdis, membre de Orma (Organisation pour les militants antifascistes), sur la réserve, en appelle au passé. « Il y a eu des condamnations après la dictature des colonels [qui a pris fin en 1974 – ndlr], cela n’a pas empêché la montée d’Aube dorée », dit-il, serrant l’épais bâton de son drapeau rouge et noir. « Ce parti-là est mort aujourd’hui, mais les idées fascistes circulent toujours : qu’allons-nous faire de leurs descendants qui sont dehors ? La Nouvelle Démocratie [droite au pouvoir – ndlr] a elle-même recruté des anciens membres extrémistes du Laos [parti nationaliste – ndlr] dans son gouvernement », dénonce-t-il.

Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis a réagi positivement au verdict, le qualifiant de « preuve de la séparation des pouvoirs », alors que le chef d’Aube dorée avait dénoncé un « complot politique ». « La démocratie a gagné », a ajouté M. Mitsotakis.

À peine le verdict annoncé, les policiers présents en nombre ont lancé des lacrymogènes en rafale sur la foule paniquée qui a déserté le boulevard. En quelques dizaines de minutes seulement, les forces de l’ordre ont déployé au moins quatre canons à eau. La tension était forte, certains dans la foule dévisageant des forces de l’ordre longtemps accusées de « complicité » avec Aube dorée.

L’impunité dont le parti a bénéficié pendant des années et la sympathie dont il jouissait parmi les policiers ont en effet contribué à son expansion. Le laboratoire d’investigation pluridisciplinaire Forensic Architecture, qui a reconstitué la nuit de la mort de Pavlos Fyssas, assure que « les membres d’Aube dorée, dont de hauts représentants, ont agi de manière coordonnée, et les membres des forces de police spéciales (…) étaient présentes sur les lieux, pendant et après le meurtre, et ne sont pas intervenues ».

Malgré son idéologie nationale-socialiste, aucune interdiction du parti n’était envisageable. Celle du parti communiste banni sous la dictature des colonels a marqué les mémoires et une telle décision est perçue comme contraire aux principes démocratiques.

Le dirigeant Michaloliakos renie aujourd’hui cette idéologie « nazie », se revendiquant « nationaliste ». Dans les années 1980, Aube dorée était pourtant le nom d’une revue présentant une croix gammée sur sa couverture. En 1983, l’ancien député Christos Pappas, jugé mercredi, y qualifiait Hitler de « visionnaire de la nouvelle Europe », comme le rapporte le journaliste Dimitri Psarras dans l’ouvrage Aube dorée : le livre noir du parti nazi grec.

Le groupuscule s’était transformé en parti politique en 1993. À cette époque, l’immigration albanaise liée au conflit des Balkans alimentait le succès des thèses xénophobes. Mouvement marginal dans les années 2000, « il multipliait déjà les actions contre les antifascistes mais ses liens avec la police lui ont permis de continuer, explique Petros Constantinou, coordinateur de la coalition antiraciste et antifasciste Keerfa. À l’époque, nous alertions déjà contre cette menace, mais lorsqu’on parlait d’Aube dorée, les partis de gauche de l’époque nous accusaient d’en faire trop, de les médiatiser. Nous nous sentions bien seuls ».

« Aube dorée se crée des ennemis pour exister, il vise les communistes, les antifascistes, les réfugiés », résume le journaliste Dimitri Psarras, qui a témoigné à leur procès. Les migrants, dont le parti ouvertement raciste préconise l’expulsion, sont une autre cible vulnérable privilégiée. Les attaques se multiplient après leur succès électoral aux législatives de 2012.

Durant la crise de la dette, sur fond de délitement du corps syndical, de détérioration des services publics, Aube dorée a séduit un électorat abattu par les « mémorandums ». Entré au Parlement avec 6,9 % des voix, il s’est forgé une image de « parti social », surmédiatisant des distributions de nourriture, en réalité minimes. Ses membres ont exploité les symboles d’un passé antique héroïque. Vêtus de noir, ils manifestaient torche en main lorsqu’ils rendaient hommage au roi Léonidas et ses 300 Spartiates.

La progression du parti a finalement cessé en 2013. En janvier de cette année-là, Shehzad Luqman, un Pakistanais de 27 ans, a été poignardé par deux de ses partisans, à Athènes. En septembre, des communistes ont été agressés au Pirée. Le point de non-retour sera l’assassinat du rappeur Pavlos Fyssas, connu sous le nom de Killah P, par Giorgos Roupakias. Il a entraîné ce procès historique. Le parti, qui s’est divisé au fil des ans, a subi une déroute aux dernières législatives.

Source https://www.mediapart.fr/journal/international/081020/en-grece-la-condamnation-d-aube-doree-signe-la-chute-du-parti-neonazi

Le parti Aube Dorée reconnu organisation criminelle

La justice grecque qualifie le parti néonazi Aube d’« organisation criminelle »

Son fondateur, Nikos Michaloliakos, et 45 autres députés et membres ont été reconnus coupables d’« appartenance « .

Après plus de cinq ans de procès, le parti néonazi grec Aube dorée a été qualifié d’« organisation criminelle », mercredi 7 octobre, par la cour pénale d’Athènes. Dans un verdict historique acclamé par la foule, mais ponctué d’incidents, le chef et les principaux cadres d’Aube dorée ont été reconnus coupables d’avoir dirigé ce parti.

Devant le tribunal, plus de 15 000 manifestants, selon la police, s’étaient rassemblés à l’appel du mouvement antifasciste, et de syndicats et partis de gauche. Hurlant de joie à l’énoncé du verdict au mégaphone, des manifestants ont lancé des cocktails molotov, auxquels les forces antiémeute, présentes en nombre, ont aussitôt répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et l’utilisation de canons à eau, pendant une vingtaine de minutes, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

Les principaux cadres absents

Nikos Michaloliakos, 62 ans, négationniste et admirateur du national-socialisme, a été reconnu coupable, avec six autres cadres du parti, de « direction et appartenance à une organisation criminelle ». Il était l’un des 68 accusés du procès fleuve du parti néonazi, impliqué dans un meurtre et deux tentatives d’homicides. Quarante-cinq autres députés et membres d’Aube dorée ont été reconnus coupables d’« appartenance » à une telle organisation, tandis qu’une quinzaine d’autres ont été acquittés.

Seule une dizaine d’accusés étaients présents dans une salle d’audience clairsemée, les principaux cadres étant absents à l’énoncé du verdict. Ils connaîtront leur peine lors d’une audience ultérieure, mais ils encourent entre cinq et quinze ans de prison.

La cour pénale d’Athènes a également reconnu Yorgos Roupakias, membre d’Aube dorée, coupable du meurtre d’un rappeur antifasciste en 2013. Le militant de gauche Pavlos Fyssas, avait été assassiné à l’arme blanche dans la nuit du 18 septembre 2013, à l’âge de 34 ans, devant un café de son quartier de Keratsini, une banlieue de l’ouest d’Athènes. Son meurtrier, qui a reconnu l’avoir tué, risque la prison à perpétuité. Les peines n’ont pas été annoncées mercredi.

« Justice a été rendue »

« Pavlos, mon fils, tu as réussi », a déclaré la mère de la victime, Magda Fyssas, très émue après la décision. Les parents de Pavlos Fyssas avaient écouté le verdict assis au fond de la salle d’audience. Mme Fyssas s’est levée, les poings serrés, en entendant le jugement, frappant frénétiquement la barre d’escalier devant elle, avant de quitter la salle pour fumer. « C’est une décision positive », a ajouté le père du rappeur tué, qui attend cependant de « voir maintenant les peines ».

A l’extérieur, la foule a exulté de joie dès l’annonce du premier verdict. Sur les masques des manifestants, les pancartes et les banderoles, ils proclamaient « le peuple veut les nazis en prison ». « C’est une grande victoire », s’est félicité Giorgios Papanikolaou, du parti d’extrême gauche Antarsya. « C’est très important que le parti soit qualifié d’organisation criminelle et pas uniquement jugé pour le meurtre de Fyssas », a-t-il dit à l’AFP. « Mais la lutte contre les idées nazies et racistes continue », a ajouté le manifestant, alors que le cortège se dirigeait aux cris de « Pavlos vit plus que jamais aujourd’hui » vers la place centrale d’Athènes, devant le Parlement grec.

A la sortie du tribunal, les avocats des parties civiles ont salué une « décision historique ». « Aube dorée est une organisation criminelle nazie », a déclaré MThanasis Kampayannis, avocat du syndicat PAME. « Justice a été rendue : Aube dorée est une organisation criminelle », a également déclaré à l’AFP Me Kostas Papadakis, avocat de pêcheurs égyptiens, autres parties civiles.

Déclin du parti

Dans ce procès fleuve, Aube dorée était en effet jugé pour deux autres affaires, des « tentatives d’homicide » impliquant elles aussi des membres de ce parti : l’une à l’encontre de pêcheurs égyptiens le 12 juin 2012, l’autre visant des membres du syndicat communiste PAME le 12 septembre 2013. La présidente de la cour, Maria Lepenioti, qui a égrené les noms des accusés et leurs jugements, a vu défiler 150 témoins et une cinquantaine d’avocats au cours de plus de 400 audiences ces cinq dernières années.

Formation politique fondée en 1985 par Nikos Michaloliakos, longtemps marginale, la débâcle sociopolitique que la Grèce a dû affronter après la crise financière de 2010 a profité à ce parti néonazi, dont des représentants entrent pour la première fois, en 2012, au Parlement grec. A l’époque, des groupes d’hommes en noir sillonnaient les rues d’Athènes, tabassant leurs opposants à coups de pied ou de barres de fer et scandant « sang, honneur, Aube dorée ».

Qualifié d’« historique » par le monde politique et les parties civiles, ce procès a entraîné progressivement le déclin de la formation, dont la direction renie actuellement l’idéologie nazie. Aux dernières législatives de juillet 2019, Aube dorée n’a obtenu aucun député.

Le Monde avec AFP

Source https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/07/grece-le-chef-du-parti-neonazi-aube-doree-coupable-incidents-devant-le-palais-de-justice_6055138_3210.html

 

Des camps d’asile fermés en Grèce

Après la Moria, l’UE va expérimenter des camps d’asile fermés sur les îles grecques

Un « camp fermé » pour les personnes déplacées est en cours d’installation à Samos dans le cadre de la stratégie de l’UE visant à renforcer ses frontières extérieures. Ni les habitants de l’île ni les personnes qui y seront détenues ne veulent de ce camp.

Le site de ce qui sera l’un des premiers nouveaux camps de l’UE pour les personnes déplacées est entouré d’une clôture en fil de fer barbelé de 6 mètres de long. La chaleur de la journée s’accumule dans la vallée, qui n’est desservie jusqu’ici que par une route de gravier. Le futur camp est situé à plus de 5 kilomètres de Samos, la principale ville de l’île du même nom. Lorsque le camp sera construit, les résidents pourront y entrer par des tourniquets aux portes grâce à des brassards à micropuces. La nuit, les portes resteront verrouillées.

D’ici la fin 2020, Samos devrait être la première île grecque à accueillir un « camp fermé ». L’annonce a été faite par le ministre grec de l’immigration, Notis Mitarachi, lors de sa visite sur l’île fin août. La Commission européenne a accordé à la Grèce près de 130 millions d’euros (152 millions de dollars) pour la construction de centres d’accueil et d’identification polyvalents, qui devraient offrir un niveau d’hébergement supérieur à celui des camps précédents, avec des cabines portables, de l’eau courante, des zones séparées et, surtout, plus de sécurité.

Le concept des camps fermés fait partie d’une nouvelle stratégie visant à mieux sécuriser les régions situées aux frontières extérieures de l’Union européenne. Les camps surpeuplés dans ces régions sont devenus un problème chronique depuis qu’un grand nombre de personnes déplacées ont commencé à arriver en Europe à partir de 2015. Au début de l’année, les îles grecques proches de la frontière avec la Turquie accueillaient plus de 40 000 demandeurs d’asile. Dans la ville de Samos, le nombre de demandeurs d’asile dépassait le nombre de personnes qui y vivaient en permanence. Près de 5 000 personnes vivent actuellement dans le camp existant sur l’île – alors qu’il ne devait en accueillir que 650 au départ.

Les résidents ont construit des tentes faites de sacs de couchage, de bâtons et de bâches. Des tuyaux d’eau sortent du sol. Les portes des cabines de toilettes portables s’ouvrent et se ferment au gré du vent. Il y a une odeur de poisson frit et d’urine.

Renvoyez-nous

Omar, qui a demandé que son vrai nom ne soit pas utilisé, était assis sur une palette, buvant du thé avec sa femme et ses enfants près de la tente que la famille – huit membres en tout – partage. La nuit, les rats sont si bruyants qu’ils ne peuvent pas dormir, a déclaré Omar, 58 ans. Après sept mois d’attente depuis que la famille est venue d’Idlib, en Syrie, il en a eu assez. « Il vaut mieux nous renvoyer dans notre pays », dit-il : Il vaut mieux être en danger dans une guerre civile que d’avoir un refuge indéfini dans ce camp.

Les infections cutanées prolifèrent, a dit Omar, et la plupart des gens sont sans douche. Chaque personne reçoit une bouteille d’eau et deux repas par jour – que les membres de la famille font la queue à tour de rôle pendant trois heures pour les obtenir.

Un fils, Mohammed, qui avait étudié à l’université en Syrie, a distribué les bons de repas pour les jours suivants. Alors qu’au début, chaque personne recevait environ 90 euros par mois, cette somme forfaitaire a maintenant été réduite à 75 euros. Omar avait entendu dire que l’argent économisé servait à améliorer les conditions de vie générales. Mais, dit-il, rien n’a changé pour lui. Au contraire : Depuis que des restrictions ont été imposées à la circulation, a-t-il dit, la situation est devenue encore plus tendue. Il a dit que la situation s’est souvent aggravée la nuit – quand il n’y a ni électricité ni lumière.

Les ONG sont-elles autorisées ?

Après la découverte des deux premiers cas de coronavirus dans le camp au début du mois de septembre, les autorités grecques ont imposé un confinement qui doit durer jusqu’à la fin du mois. Au cours de la semaine dernière, y compris dimanche soir, des incendies ont éclaté dans le camp. On ne sait toujours pas ce qui a provoqué ces incendies. Mais les politiciens grecs mettent en garde contre les effets d’imitation suite aux incendies du camp de Moria à Lesbos, et excusent même les résidents du camp de s’être livrés à des incendies criminels pour échapper aux conditions misérables.

À l’avenir, 2 100 personnes seront détenues au camp – 900 d’entre elles dans une zone fermée où elles attendront que des décisions soient prises sur leur cas, selon Jonathan Vigneron, coordinateur du projet de Médecins sans frontières (MSF) sur Samos. Les chiffres sont tirés d’une carte que le ministre des migrations a distribuée lors de sa visite. M. Vigneron a déclaré que tout cela lui rappelait une prison.

« C’est une chose très effrayante à voir », a déclaré M. Vigneron. Il a ajouté que les organisations internationales avaient demandé des éclaircissements sur la question de savoir si des ONG telles que MSF seraient même autorisées à travailler dans le nouveau camp. La procédure d’enregistrement des ONG rend l’accès presque impossible, a-t-il dit. Dans une lettre ouverte, 68 organisations ont écrit que les conditions dans le camp pourraient créer « une situation préoccupante en ce qui concerne la dignité humaine ».

Les personnes déplacées pourraient avoir un meilleur niveau de logement et plus de sécurité dans le camp fermé, a dit M. Vigneron, mais elles n’auraient rien à faire et aucune liberté de mouvement. « Le camp est situé à 5 kilomètres de tout endroit », a déclaré M. Vigneron. « Ce n’est pas marginaliser les gens : C’est de la ségrégation par définition. »

Cet article a été adapté de l’allemand par Tim Jones. Auteur : Ann Esswein

Source : dw.com

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Source https://www.infomigrants.net/en/post/27510/after-moria-eu-to-try-closed-asylum-camps-on-greek-islands

Pétition Respectons les droits humains de tous les migrants

La plainte déposée le 22 septembre 2020 à la Commission Européenne pour violation des droits des demandeurs d’asile en Grèce est devenue une pétition

https://act.wemove.eu/campaigns/droits-migrants-moria?utm_source=civimail-32725&utm_medium=email&utm_campaign=20200923_FR

en haut de la pétition, il est possible de choisir sa langue : français, castellano, deutsch, english, italiano, polski, portugues

Grèce-Turquie : mise en garde Européenne pour Ankara…

At summit, EU leaders talk tough on Turkey
The accord on Turkey came shortly before 1 a.m. | Johanna Geron/AFP via Getty Images

Le Conseil européen met en garde Ankara contre des sanctions, impose des pénalités au Belarus.

Par David M. Herszenhorn, Jacopo Barigazzi et Rym Momtaz

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Les dirigeants européens sont parvenus à un accord *sur la manière de s’attaquer à la Turquie, en convenant tôt vendredi d’avertir tacitement Ankara de sanctions si elle ne parvient pas à résoudre ses différends de longue date avec la Grèce et Chypre, notamment en ce qui concerne les forages énergétiques en Méditerranée.

Mais les dirigeants ont également fait miroiter quelques prunes alléchantes si la Turquie parvenait à apaiser les tensions avec ses voisins de l’UE, notamment en renforçant les liens commerciaux dans le cadre d’une union douanière modernisée et en approfondissant la coopération sur les questions de migration et de réfugiés.

Les dirigeants ont également adopté un langage délibérément ambigu sur les « contacts interpersonnels » qu’Ankara peut interpréter comme un assouplissement potentiel des exigences de visa pour les voyageurs turcs vers l’UE. Certains fonctionnaires de l’UE ont toutefois déclaré qu’une telle analyse serait trop optimiste. Et les diplomates de l’UE se sont vus forcés de réagir négativement à certaines formulations du texte.

La menace de sanctions n’a pas manqué. « En cas de nouvelles actions unilatérales ou de provocations en violation du droit international, l’UE utilisera tous les instruments et les options à sa disposition », ont averti les dirigeants dans leurs conclusions, en citant également les dispositions du traité de l’UE relatives aux sanctions.

« Nous souhaitons vivement avoir une voix plus forte sur la scène internationale », a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, lors d’une conférence de presse. « Nous sommes prêts à nous engager dans un programme plus positif avec la Turquie, à condition qu’elle s’engage également dans une direction plus positive avec nous, et mette fin à ces actions unilatérales, qui vont à l’encontre du droit international ».

L’UE s’est fermement rangée du côté de la Grèce et de Chypre dans la lutte pour le forage, mais Bruxelles a également essayé de gérer toute une série d’autres tensions avec la Turquie.

L’accord sur la Turquie est intervenu peu avant 1 heure du matin vendredi, après la première journée d’un sommet des dirigeants européens consacré presque entièrement aux affaires étrangères.

L’accord s’est avéré suffisant pour que Chypre cesse de bloquer l’imposition de sanctions dans un autre point chaud de la politique étrangère, le Belarus, en raison de son élection présidentielle contestée – largement condamnée comme frauduleuse – et de la répression violente des manifestants.

*La Grèce et Chypre ont rejeté deux avant-projets de conclusions, estimant qu’ils étaient «trop souples» vis-à-vis de la Turquie, et il a fallu une réunion entre lePremier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, le Président chypriote Nikos Anastasiades, le président duConseil européen, Charles Michel, la chancelière allemande Angela Merkel et le Président françaisEmmanuel Macron, avant de pouvoir finalement aboutir à un texte de compromis.

Un grec consacre sa vie à nourrir ceux qui ont faim

Par Anna Wichmann –Konstantinos Polychronopoulos. Credit: Η Ζωή ειναι Όμορφη/ Facebook

Réalisant la nécessité d’un soutien communautaire après que la tempête destructrice Ianos ait inondé Karditsa ce mois-ci, Konstantinos Polychronopoulos et des volontaires se sont rendus dans la ville, située en Thessalie, pour préparer de la nourriture et nourrir les habitants qui sont dans le besoin.

Les images de Karditsa montrent une destruction généralisée, notamment des bâtiments inondés et des routes en ruine. Les habitants se retrouvent avec une ville méconnaissable, des maisons et des entreprises fortement endommagées, voire complètement détruites.

Interrogé sur son travail à Karditsa et dans toute la Grèce, Polychronopoulos a déclaré au Greek Reporter que « chaque jour, l’Autre Humain sert 3 000 portions de nourriture à ceux qui sont dans le besoin à Karditsa ».

« Les migrants et les réfugiés, les Athéniens, les gens de Thessalonique et de toute la Grèce sont ici en train de cuisiner… toutes ces différentes mains sont unies pour montrer leur solidarité aux habitants de Karditsa », a souligné Polychronopoulos.

Après avoir été témoin du bilan de la crise financière en 2009, Polychronopoulos a développé une banque alimentaire appelée « Ο Άλλος Άνθρωπος », ou « L’autre humain », en 2011. Le groupe ne se contente pas de servir de la nourriture aux affamés, mais la prépare devant eux, créant ainsi communauté et confiance.

Polychronopoulos a vu la nécessité évidente d’un tel travail, car de nombreuses personnes luttaient pour se nourrir et nourrir leur famille, mais il a rencontré des difficultés pour apporter de l’aide.

En ce qui concerne ses premiers travaux, M. Polychronopoulos a déclaré qu’il avait commencé par distribuer des sandwiches précuits. Au début, les gens se méfiaient beaucoup de la nourriture, car ils n’avaient pas vu comment elle était préparée, et ils ne la prenaient qu’après l’avoir vu manger lui-même.

Après cela, il a décidé qu’il ferait cuire la nourriture devant ceux qui en avaient besoin, afin qu’ils puissent voir comment elle était préparée et aussi créer une communauté, en parlant et en créant des liens avec d’autres personnes dans le besoin et avec ceux qui préparent la nourriture.

Il rassembla ses ingrédients en demandant aux vendeurs des marchés de plein air d’Athènes s’ils avaient des restes ou des invendus qu’ils pouvaient lui donner. Aujourd’hui, l’Autre Humain accepte les dons des Grecs et des sympathisants du monde entier.

Partout en Grèce, y compris à Athènes et dans les camps de migrants de Lesvos, des personnes affamées ont été nourries gratuitement par Polychronopoulos et d’autres bénévoles de sa « cuisine sociale ».

Le groupe a également loué un espace dans le quartier athénien de Metaxourgeio, où ils stockent leur nourriture, et toute personne dans le besoin peut prendre une douche et prendre un café ou un petit-déjeuner.

Pour son travail d’alimentation des personnes dans le besoin, réfugiés et Grecs, Polychronopoulos a reçu le « Prix du citoyen européen » pour 2015.

Il a toutefois refusé ce prix en signe de protestation contre le traitement des réfugiés par certains États européens et les mesures d’austérité imposées face à la crise économique.

Il a déclaré qu’il attendait de recevoir le prix de « l’Europe de la solidarité et de la culture… et non de l’Europe du cannibalisme ».

Source https://greece.greekreporter.com/2020/10/02/greek-man-devotes-life-to-feeding-the-hungry/

Sur le monde d’après

Nous ne reviendrons pas à la normalité, car la normalité, c’était le problème par Didier Epsztajn  


(Crédits : Unsplash)

  Sommaire
  • I- Coronavirus, crise économique et crise globale
  • II- Un système dette amplifié par la pandémie
  • III- Les peuples se lèvent face à la crise sanitaire, les dettes illégitimes et la crise (…)

De l’introduction, une-nouvelle-etape-de-la-crise-economique-et-financiere-secoue-la-planete/, je souligne les effets des politiques néolibérales et néocoloniales, la récession à venir, « Le discours des médias dominants tente de nous induire en erreur en expliquant l’effondrement actuel par la seule action du coronavirus. Cependant, il est évident que cette pandémie met à nu le caractère insoutenable du système capitaliste et révèle les ravages causés par l’application de l’idéologie néolibérale avec le profit pour seule boussole », le poids et les effets de la dette et des emprunts actuels, le soutien in fine aux grandes entreprises privées et à leurs actionnaires par de l’argent public, les revendications portées par des mouvements sociaux dont l’annulation des dettes…

 I- Coronavirus, crise économique et crise globale

La perspective transnationale, les exemples inscrits dans différents pays et régions du monde sont d’un apport essentiel contre les visions autocentrées et l’oubli des asymétries construites, entre autres, par les phénomènes de colonisation ou d’imposition de normes néolibérales par les institutions financières internationales.

La crise du capitalisme et de son actuel régime d’accumulation ne peut-être abordée que dans optique globalisante ; ce qui n’interdit pas d’en souligner les déclinaisons et les contradictions au niveau plus régional.

Il ne faut s’y tromper, la crise sanitaire actuelle est un révélateur des effets des politiques néolibérales et un accélérateur de la crise socio-économique. Les politiques d’ajustement structurel ont participé à la destruction des systèmes de santé, les sommes allouées au remboursement de la dette ont grévé les moyens budgétaires, « la dette tue ». Dans certains pays le budget affecté au paiement de la dette est supérieur aux dépenses publiques dans le secteur de la santé. Sans oublier les nouveaux prêts servant à rembourser les dettes du FMI arrivant à échéances…

Je souligne donc les articles sur l’emprise du FMI, son pouvoir de pression sur les gouvernement pour imposer des politiques d’austérité, les plans de sauvetage bancaires et des actionnaires…

Face aux conséquences de la pandémie, les un·es et les autres ne sont pas égales/égaux. La situation aggravée des personnes considérées comme sans papier n’est pas pris en compte par les autorités belges (Lire le texte de la Coordination des sans papiers)…

J’ai notamment apprécié le texte de Verónica Cago et Luci Cavallero (#NiUnaMenos, Argentine) : « Crack up ! Féminisme, pandémie et après ». Les autrices abordent les corps concrets, les machines de mort, la soi-disant normalité. Elles proposent d’étendre la quarantaine à la finance, de réorienter les budgets vers la satisfaction des besoins, « Nous nous voulons vivantes, libres et désendettées ! ». Elles discutent aussi du travail, de la quarantaine et du domestique, « nous savons qu’il existe de multiples formes de quarantaine, segmentées par sexe, classe et race et, plus encore, que tous les corps n’ont pas la possibilité de rester dans une maison et aussi que l’enfermement impliquent pour beaucoup des abus et de la violence machiste », des maisons comme « véritables champs de guerre », de la politisation féministe de l’espace domestique, des tâches historiquement « dépréciées, mal payées, non reconnues ou directement déclarées comme non-travail » pourtant indispensables, de la grève féministe internationale en Amérique du sud, d’horizon futur « ici et maintenant »

Un article est consacré au colonialisme numérique et à la dette écologique, « Le numérique n’a rien de virtuel ou d’immatériel », à l’augmentation des usages de diverses technologies, aux conception linéaires du progrès et des soi-disant retards ou des rattrapages, à l’extractivisme, aux désastres environnementaux liées aux technologies. (En complément possible : Alternatives Sud : Impasses numériques, les-effets-sociaux-de-la-digitalisation-et-de-la-privation-des-donnees-collectees/)…

 II- Un système dette amplifié par la pandémie

Des systèmes sanitaires dé-financés et privatisés, la culpabilisation des citoyen·nes. Je souligne l’article de Gilles Grégoire et Pierre-François Grenson, « Les soins de santé en Belgique : de la privatisation à la socialisation ? ». Les auteurs abordent, entre autres, le chiffrage de la réalité, la réduction des moyens, la demande toujours plus élevée de soins, le vieillissement du matériel et l’augmentation des coûts, les logiques austéritaires et les impacts sur le financement des services publics, le privé dans les secteurs rentables, l’audit citoyen des comptes des hôpitaux, la socialisation du secteur de la santé, la remise de la sécurité social aux mains des citoyen·nes. (En complément possible, Gilles Grégoire : Les soins de santé en Belgique : De la privatisation à la socialisation ?, pour-un-financement-juste-et-perenne-des-soins-de-sante-pour-toustes/)…

J’ai notamment été intéressé par le texte d’ACiDe Belgique. La dette publique, la nécessité d’un moratoire du paiement de cette dette, la réalisation d’audits citoyens de la dette, « à tous les niveaux de pouvoir et pour toutes les structures publiques », les nouvelles ressources, les prêts directs aux États sans passer par les marchés (la suppression de l’article 123 du Traité de Lisbonne), l’annulation immédiate et inconditionnelle de la dette des pays du Sud global, l’arrêt du transfert des ressources publiques vers le privé, « Le problème n’est donc pas le manque de ressources, mais leur captation par les plus riches »

Dans cette seconde partie sont aussi abordés, la loi belge contre les fonds vautours, la privatisation du système de santé dans l’État espagnol, les mantras du libéralisme, la situation au Portugal et en Argentine, la gestion de la crise sanitaire en Guadeloupe, « La santé de notre Peuple est le dernier des soucis du pouvoir colonial. Après avoir contaminé nos sols et nos corps au chlordécone, après avoir repoussé avec dédain, les doléances des travailleurs de la santé, aujourd’hui l’État nous impose des dispositions liberticides pou sové nou apré i pwazonné nou ankò onfwa. » (en complément, COMMUNIQUÉ DU LKP. Coronovirus en Guadeloupe : assassins-criminels, coronovirus-en-guadeloupe-assassins-criminels/), Haïti, la fausse annulation de la dette de pays d’Afrique par Emmanuel Macron…

Ce chapitre se termine sur le Sénégal, le coronavirus accélérateur de la pauvreté, l’insuffisance du budget lié au secteur de la santé, la place des femmes…

 III- Les peuples se lèvent face à la crise sanitaire, les dettes illégitimes et la crise globale

Nicolas Sersiron discute l’annulation « de la dette tsunami » et du changement nécessaire de civilisation. L’auteur détaille un certain nombre de propositions, en dehors du mode d’accumulation néolibéral faut-il le préciser.

Sont aussi abordés, la suspension du paiement des microcrédits au Maroc, les dogmes faisant consensus dans la plupart des cénacles politiques et dans les grands médias, la dette en Afrique, le Kenya, l’Équateur, la situation en Tunisie, les collectivités territoriales en Italie, l’Appel des peuples, organisations, mouvements et réseaux militants d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient/région arabe Pour l’annulation de la dette et l’abandon des accords de « libre-échange » (appel-des-peuples-organisations-mouvements-et-reseaux-militants-dafrique-du-nord-et-du-moyen-orient-region-arabe-pour-lannulation-de-la-dette-et-labandon-des-accords-de-libre-echan/) – dont je reproduis le résumé :

Nous, les signataires de cet appel, et en soutien aux acquis des soulèvements populaires pour la démocratie, la liberté et la justice sociale dans notre région, nous revendiquons :

  • Une suspension unilatérale et souveraine du paiement de la dette publique, et l’allocation des fonds à la santé publique, et au soutien des couches vulnérables touchées par la crise de Corona,
  • Un audit citoyen de la dette publique pour déterminer ses parties illégitimes, odieuses et illégales et imposer leur répudiation,
  • Suspension du paiement des dettes privées des familles populaires, des petits producteurs, des petits paysans et des salarié-e-s, envers les banques, les institutions de crédit de logement, de la consommation et les institutions de micro-crédit,
  • Examen de toutes les formes de pillage et les conditions injustes imposées par les institutions du secteur financier dans les contrats de prêts privés, et mettre en évidence leur illégitimité et leur illégalité pour exiger leur annulation,
  • Annulation des accords de « libre-échange » et l’accord de libre-échange complet approfondi pour la Tunisie et le Maroc,
  • Rompre avec le trio au service du capital mondial : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce.

Nous appelons également à :

  • La mise en place d’un large comité populaire pour l’audit de la dette de nos pays au niveau régional qui inclue toutes les couches de la société, les associations, les syndicats, les réseaux, les partis progressistes, les jeunes, les femmes, les chômeurs, etc.
  • Soutenir la campagne de rejet de l’accord de libre-échange complet approfondi en Tunisie, et lui donner une dimension régionale.
  • Organiser une campagne régionale forte, unie dans ses objectifs et son calendrier, pour dénoncer le contenu colonial des accords de libre-échange ainsi que le pillage des richesses de nos peuples par la dette.
  • Organiser un forum populaire, qui se tiendra après la fin de la crise du virus Corona en Afrique du Nord et au Moyen-Orient/région arabe, pour approfondir le débat et échanger des expériences afin d’élargir la lutte contre la dette et les accords de « libre-échange ».

Je souligne aussi les revendications concernant l’Asie (CADTM Asie du Sud, CADTM Pakistan, ATTAC Japon) :

Nous exigeons aussi de :

  • Annuler toutes les dettes illégitimes, ce qui devrait inclure toutes les dettes bilatérales, multilatérales et privées. Former des comités d’audit citoyens de la dette pour en déterminer la part illégitime.
  • Suspendre les remboursements par les ménages des prêts et des microcrédits jusqu’à ce que nous soyons totalement libérés de la pandémie.
  • Remplacer les institutions de microcrédit par des coopératives autogérées par des populations locales et par un service public de crédit accordant des prêts à taux zéro ou très bas.
  • Mettre fin à la privatisation des services publics et à la promotion des partenariats public-privé (PPP) dont le but ultime est de mobiliser l’argent public pour nourrir le secteur privé.
  • Imposer un impôt progressif sur les grandes fortunes.
  • Réduire les budgets de la défense dans la région.
  • Les institutions financières internationales, notamment le FMI, la Banque mondiale et d’autres groupes informels qui alimentent essentiellement les asymétries Nord/Sud, devraient modifier radicalement leurs politiques de prêt actuelles.
  • Fournir un financement supplémentaire d’urgence au Sud – hors aide publique au développement – au moyen de prêts à taux zéro, remboursables en tout ou en partie dans la monnaie souhaitée par les pays débiteurs.
  • Exproprier les « biens mal acquis » par l’élite, les riches et les classes dominantes et les rétrocéder aux populations concernées et sous leur contrôle.
  • Remplacer l’aide publique au développement sous sa forme actuelle par une forme inconditionnelle d’obligations des pays développés dans le cadre de la réparation et de la solidarité.
  • Adopter des politiques pour une transition juste.

Pour ne pas revenir à leur normalité ou dériver vers des situations encore plus inégalitaires et antidémocratiques…

AVP – les autres voix de la planète : Dette, coronavirus et alternatives

Source https://www.cadtm.org/Nous-ne-reviendrons-pas-a-la-normalite-car-la-normalite-c-etait-le-probleme

Sur le conflit Grèce-Turquie

La menace d’une guerre gréco-turque en Méditerranée orientale par

Une guerre gréco-turque destructrice en Méditerranée orientale n’est pas l’issue la plus probable des affrontements dans la région, mais c’est un scénario dont les perspectives ont été récemment évoquées.

Dans les eaux situées au sud du complexe insulaire grec du Dodécanèse [archipel regroupant 160 îles, pour la plupart inhabités], au sud de l’île de Crète et autour de Chypre, les flottes de guerre des deux États se font constamment face. Tandis que de puissants navires de guerre américains et français sont en permanence présents dans les mêmes eaux. En même temps, des «initiatives» diplomatiques et géopolitiques sont à l’ordre du jour quotidiennement.

Les forces armées de la Grèce et de la Turquie sont en état de préparation au combat et les exercices militaires utilisant une véritable puissance de feu sont devenus très fréquents. Dans les médias des deux pays, il y a un défilé quotidien d’officiers vétérans et d’«intellectuels» nationalistes, qui tentent de formater l’opinion des populations des deux côtés de la mer Égée à la perspective paranoïaque d’une guerre totale.

Dans cette situation, la possibilité d’un «incident chaud» (c’est-à-dire un affrontement militaire bref et limité) constitue désormais une menace immédiate – soit comme un «accident», soit comme une «escalade» volontaire de part et d’autre. Le pire est la prolifération des voix en Grèce qui affirment qu’en cas d’«incident chaud», nous devrions éviter une politique de retenue et opter pour une généralisation fougueuse de la guerre «jusqu’à la victoire».

L’alliance internationale qui, pendant la guerre froide, était connue sous le nom de «camp occidental» a pris parti en faveur de la Grèce. Dans ses rangs, il existe différents niveaux de volonté d’affrontement direct avec la Turquie, mais il ne fait aucun doute que ces forces soutiennent les principales positions de l’État grec dans sa compétition avec la Turquie.

Les États-Unis, sous la direction de Donald Trump, ont signé l’accord pour une mise à niveau stratégique de la coopération militaire avec la Grèce. Cet accord prévoit une modernisation de la base militaire américaine de Souda (Crète) et l’établissement de nouvelles bases militaires de l’OTAN et des États-Unis en Grèce continentale. Selon le Département d’État, les États-Unis considèrent l’État grec comme un pilier stratégique dans l’«arc d’endiguement» contre la Russie et la Chine en Méditerranée orientale. L’ambassadeur américain très expérimenté et «hyperactif» à Athènes, Geoffrey Pyatt, a également fait cette affirmation à plusieurs reprises lors d’interventions publiques.

Il est impressionnant de constater que la signature de cet accord et la convergence générale avec la politique états-unienne ont été orchestrées déjà par le gouvernement d’Alexis Tsipras, en accord total avec le parti de droite la Nouvelle Démocratie.

L’Union européenne intensifie sa pression sur la Turquie, avertissant Erdogan que lors du prochain sommet du Conseil européen – les 24 et 25 septembre – elle pourrait décider de sanctions économiques et diplomatiques sérieuses à son encontre.

Les dirigeants allemands – qui assument la présidence de l’UE ce semestre, mais qui ont également d’importants investissements et activités industrielles au sein de l’économie turque – développent une orientation dite de «la carotte et du bâton» pour ce qui est de la position que l’UE devrait avoir à l’égard d’Erdogan. Ici, à Athènes, cette approche est présentée comme «hésitante» face à un affrontement nécessaire. Toutefois, depuis une semaine, des rumeurs semi-officielles laissent entendre qu’une négociation entre Mitsotakis et Erdogan serait du domaine du possible. Cela se jouera dans les jours à venir.

De l’autre côté, la France – sous la direction d’Emmanuel Macron – semble avoir franchi le Rubicon, ce qui provoque un délire d’excitation dans les médias grecs. La France a obtenu une base navale permanente à Chypre, le porte-avions «Charles de Gaulle» (navire amiral de la Marine française) «patrouille» dans la zone lors des moments les plus critiques. Macron a approuvé un programme d’armement massif pour l’État grec, qui comprend la livraison de navires de guerre de pointe (frégates Belharra) et celle d’avions de chasse Rafale.

Les forces euro-atlantiques affirment qu’avec cette politique elles défendent la paix en Méditerranée orientale.

Lors de la récente conférence des «7 de la Méditerranée» (France, Espagne-Pedro Sanchez, Italie-Giuseppe Conte, Portugal-Antonio Costa, Malte-Robert Abela, Chypre-Nikos Anastasiades et Grèce-Kyriakos Mitsotakis) à Ajaccio-Corse le 10 septembre, Macron a invoqué l’idée d’une «Pax Mediterranea», qui a été accueillie avec les acclamations du premier ministre grec Mitsotakis et avec une colère furieuse venant d’Ankara.

La «Pax» de Macron n’a que peu de rapport avec la liberté, l’égalité et la fraternité. Le lendemain de la pompeuse «Déclaration» d’Ajaccio, le camp de Moria à Lesbos a brûlé et les milliers de réfugié·e·s qui y étaient incarcérés – face à l’abjection raciste et à la menace du coronavirus – sont maintenus dans une situation désastreuse et le gouvernement cherche à imposer par la force la reconstitution d’un camp qui ne sera en fait que de détention. Personne n’est autorisé à oublier que la misère qui accable les réfugiés trouve ses racines dans l’accord raciste signé entre l’UE, la Turquie et la Grèce.

Cette «Pax» n’a que peu de rapport avec la démocratie, bien que les gouvernements représentés à Ajaccio puissent prétendre à un mandat démocratique lié à des élections. Le «programme» actuel de la Pax Mediterranea de Macron est promu sur le terrain par une alliance différente, celle de l’«axe» qui, avec la Grèce et Chypre, comprend l’État d’Israël et le régime dictatorial du général Sissi en Égypte. Après les derniers mouvements diplomatiques d’Israël [accord entre Israël et les Emirats arabes unis et Bahreïn], il est possible que cet «axe» s’élargisse, en incorporant certaines des monarchies les plus réactionnaires du monde arabe.

Enfin, la «Pax» de Macron n’est pas si «méditerranéenne». Au-delà de l’alignement militaire et diplomatique évident avec les États-Unis, il y a aussi l’aspect financier. La firme pétrolière française Total et l’italienne Eni, qui se sont empressées de s’engager dans le projet d’extraction des hydrocarbures de la Méditerranée orientale et dans le projet ambigu de construction du pipeline sous-marin de la Méditerranée orientale, opèrent sous la «coordination» (c’est-à-dire sous la supervision) de l’américaine Noble Energy, qui fait partie du géant multinational Chevron.

Telles sont les réalités qui se cachent derrière la démagogie bon marché sur la «paix en Méditerranée».

La rupture

Dans les années 1970, les relations gréco-turques sont arrivées au bord d’un affrontement militaire, après le coup d’État militaire [1974] orchestré par les Grecs à Chypre et l’invasion militaire turque qui a suivi et qui a conduit à la partition de l’île.

La chute de la junte militaire en Grèce (fin 1974), la crainte des dirigeants bourgeois quant aux conséquences dévastatrices d’une guerre totale et la pression exercée par l’Europe et les États-Unis afin de préserver l’unité de l’«aile sud-est» de l’OTAN ont annulé, à l’époque, cette perspective. Les classes dirigeantes des deux côtés de la mer Égée ont été forcées de se contenir dans un contexte de «coexistence compétitive», où deux «sous-impérialismes» se disputaient l’hégémonie régionale, mais limitaient leurs ambitions en fonction du contexte plus large.

Les développements récents sont le résultat de deux facteurs.

Le premier facteur, sous la direction d’Erdogan, il y a eu une rupture dans les relations de la Turquie avec l’État d’Israël, puis avec les États-Unis et le «camp occidental» en général. Après l’échec de la tentative de coup d’État de 2016, cette rupture est devenue plus évidente et elle produit déjà des résultats politiques et diplomatiques. Bien qu’il serait erroné de considérer cette évolution comme un fait définitif. La Turquie est un grand pays, elle occupe une place géographique cruciale, elle reste importante pour l’OTAN et les «changements» soudains de son orientation géopolitique ne sont pas rares dans son histoire.

Le deuxième facteur qui aide à comprendre la crise actuelle est la découverte de réserves d’hydrocarbures au fond de la Méditerranée orientale – dans les eaux israéliennes et égyptiennes d’abord, puis au large de Chypre et dernièrement au sud de la Crète. Le potentiel d’exploitation de ces réserves (un potentiel qui n’est toujours pas clair dans la plupart des cas) a fait apparaître la question des zones économiques exclusives (ZEE), c’est-à-dire des questions de droits souverains dans des eaux qui, jusqu’à présent, étaient traitées comme des eaux internationales.

C’est la combinaison de ces deux facteurs qui a donné vie à l’«axe» militaire/économique/diplomatique Israël-Chypre-Grèce-Égypte. Le projet de pipeline Eastern Mediterranean (East Med) conduit à une délimitation des ZEE en Méditerranée orientale qui divise la mer exclusivement entre les États membres de l’«axe». Ces derniers ont veillé à céder rapidement les droits de recherche, d’extraction et d’exploitation commerciale des hydrocarbures à un puissant consortium de transnationales américaines et européennes du secteur des combustibles fossiles. Pour ce projet, il est crucial de sauvegarder la continuité géographique entre les ZEE d’Israël, de Chypre et de la Grèce, afin que l’installation du pipeline gazier EastMed de 1900 km puisse se concrétiser. Pour ce faire, la Turquie doit être marginalisée en Méditerranée orientale et les droits d’autres pays comme la Palestine, le Liban et la Syrie doivent être sérieusement réduits.

Nous avons écrit à plusieurs reprises qu’il est extrêmement douteux qu’un tel plan puisse se concrétiser de manière pacifique.

La gauche radicale internationale est consciente de la nature réactionnaire et antidémocratique du régime d’Erdogan. Elle connaît ses attaques constantes contre les salarié·e·s, les militants kurdes, le mouvement social et les militants de gauche. La répulsion contre cette situation est justifiée et correcte. Mais il serait erroné de traiter le peuple turc comme une entité unifiée et impuissante, incapable de penser et d’agir par elle-même. Par exemple, des sondages en Turquie ont montré qu’une grande partie de la population était en désaccord avec la poursuite d’Erdogan pour transformer l’ex-basilique Sainte-Sophie en mosquée.

Mais pour ceux d’entre nous qui vivent dans les pays voisins, nos tâches sont plus complexes. Nous devons affronter «l’ennemi chez nous» et nous sommes obligés de lutter contre «notre» nationalisme dangereux.

Nombreux sont ceux qui n’adhèrent pas à la frénésie belliciste et ils espèrent qu’un affrontement militaire sera finalement évité grâce au droit international et aux institutions compétentes. Jusqu’à présent, il s’est avéré que c’était une illusion.

La Turquie n’a pas signé un grand nombre des accords internationaux qui régissent le droit de la mer. Mais aujourd’hui, réalisant le rapport de force négatif qui existe à son encontre et calculant que les exigences maximalistes de la Grèce ne peuvent pas tenir, elle promeut des initiatives qui puissent être traitées devant la Cour internationale de justice de La Haye. Mais elle exige des décisions pour toute la gamme des litiges entre la Grèce et la Turquie.

A l’inverse, la Grèce affirme que ses demandes sont fondées et justifiées par le droit international. Mais elle refuse de participer à toute procédure juridique internationale qui comprendrait des décisions sur des questions que l’État grec a «résolues» par des actions unilatérales (militarisation des îles de la mer Égée orientale, extension de sa souveraineté sur des îles et des rochers contestés, extension de son espace aérien à 10 miles, qui se trouve au-delà de ses eaux territoriales qui elles s’étendent à 6 miles). Dans le même temps, une partie de la bureaucratie étatique, sachant pertinemment que les revendications grecques concernant sa ZEE sont maximalistes, résiste à toute perspective de recours à la Cour internationale, avertissant que dans une telle procédure juridique, le résultat pourrait être un compromis «préjudiciable aux intérêts de la nation».

Cela signifie que l’affrontement se poursuit avec la méthode du «fait accompli» qui consiste à imposer unilatéralement des faits sur le terrain. Comme nous l’avons vu cet été, cette méthode implique la menace d’un «incident chaud», qui peut s’avérer difficile à contrôler et conduire à une guerre.

Histoire

Il est tragique et ironique que tout cela se produise 100 ans après la dernière guerre gréco-turque de 1918-1922, pour laquelle les deux peuples ont payé un lourd tribut.

À la fin de la Première Guerre mondiale, les grandes puissances de l’époque poussaient à la partition de l’Empire ottoman, encourageant ainsi le leader grec Eleftherios Venizelos à envahir l’Asie mineure. L’armée grecque s’enfonça en Anatolie, occupant des portions de terre à l’est de la côte et atteignant la périphérie de la capitale turque Ankara.

Mais lorsque les Anglais, les Français et les Italiens ont obtenu les annexions qu’ils cherchaient, ils se sont tournés vers une normalisation de leurs relations avec le nouveau régime turc de Kemal Ataturk, abandonnant leurs anciens alliés. L’effondrement de l’armée grecque a été immédiat. Lors de la contre-attaque turque, 1,5 million de Grécophones d’Asie Mineure ont quitté leurs foyers et se sont installés comme réfugiés en Grèce. Leur expérience tragique, à cause de cet aventurisme de l’armée grecque, a conduit à leur radicalisation: les réfugiés ont formé l’épine dorsale du mouvement ouvrier et de la gauche communiste durant les années 1930 et 1940.

Mais l’histoire fournit également un autre exemple instructif. En 1930, comprenant qu’une crise financière se profilait, Venizelos et Ataturk ont cosigné un accord de paix et de partenariat qui prévoyait la reconnaissance mutuelle des frontières existantes et une réduction des dépenses militaires. La modernisation capitaliste initiale dans les deux pays a été fondée sur une politique de paix et de coopération. En 1934, le belliciste Venizelos propose à Kemal Ataturk de se porter candidat au Prix Nobel de la paix…

Aujourd’hui, les deux pays sont confrontés à une grave crise économique et sociale. Au milieu d’une telle crise, la politique d’armement est absurde. Un affrontement militaire sera dévastateur pour tous les peuples, des deux côtés de la mer Égée, et pourtant il reste possible.

Prendre position contre la guerre, défendre la paix comme un bien majeur pour les masses populaires, rejeter unilatéralement les armements, rompre avec les alliances impérialistes sont des points irremplaçables du «programme» de toute politique émancipatrice. Dans la situation actuelle de crise climatique, cette politique anti-guerre doit se combiner avec le rejet de la stratégie extractiviste qui menace de nous envoyer à l’abattoir de la guerre comme chair à canon pour les profits du Big Oil.

Source https://www.contretemps.eu/menace-guerre-grece-turquie/

Publié initialement sur le site A l’Encontre

La Sécu, un bien commun

Par Jean-Marie Harribey Membre du conseil scientifique d’Attac.

Ce fut, en 1945, une victoire politique du mouvement ouvrier que d’instaurer une socialisation d’une partie du salaire.

Le concept de bien commun a été réhabilité pour désigner à la fois les biens que la collectivité décide d’élever au statut de « communs » et la méthode démocratique pour les gérer collectivement. Mais, le plus souvent, ce concept concerne les biens que la dévastation écologique menée par le capitalisme productiviste menace, condamne et/ou privatise : l’eau, l’air, toutes les ressources naturelles, la terre, la préservation du climat, les connaissances, etc. En témoignent les nombreuses luttes qui sont menées par des communautés, des associations, partout dans le monde, pour en asseoir la légitimité et en assurer la pérennité.

Mais il est une institution à propos de laquelle il est rarement dit qu’elle relève du bien commun dans ses deux acceptions. Il s’agit de la Sécurité sociale, dont nous devrions célébrer le 75e anniversaire pour en rappeler le sens politique. D’une part, la Sécu réalise une mise en commun d’une partie de la valeur ajoutée par le travail, par le biais de la cotisation sociale calculée par un pourcentage du salaire. Ce fut, en 1945, une victoire politique du mouvement ouvrier, grâce à la pression de la CGT et du Parti communiste, que d’instaurer une socialisation d’une partie du salaire. Une socialisation qui est passée en quelques décennies de 0 à 40 % environ de ce salaire, cotisation incluse. Certes, cette avancée politique a été affaiblie idéologiquement par l’invention d’une trouvaille sémantique distinguant cotisation salariale et cotisation patronale, alors que c’est le travail qui paie tout (puisque, de toute façon, il crée toute la valeur économique). Il n’en reste pas moins que le principe de la Sécu est l’une des victoires sociales les plus impressionnantes du XXe siècle, au point d’avoir progressivement permis d’universaliser la protection sociale.

D’autre part, lors de sa création, la Sécu inaugurait un mode de gestion salarial, indépendant de l’État, qui faisait des travailleurs les artisans de leur émancipation grâce à la socialisation d’une partie du fruit de leur travail. L’attaque déclenchée par les forces du capital contre la Sécu a commencé par là : déposséder progressivement les travailleurs de la gestion de leur patrimoine ; depuis 1967, ils n’élisent plus leurs représentants à la Sécu. Ensuite sont venues de multiples érosions du financement de la Sécu par des exonérations de cotisations pour les employeurs, qui atteignent aujourd’hui 60 milliards d’euros par an. La fiscalité remplaçant les cotisations salariales est venue affaiblir encore davantage la visibilité du lien entre travail et protection sociale.

Pour couronner le tout, désormais, c’est le Parlement, donc le gouvernement dans les institutions lézardées de la Ve République, qui fixe le montant des recettes et des dépenses de la Sécu dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, et qui en fait un outil de régulation de ladite dépense publique, au moment où l’idéologie libérale entend la réduire par tous les bouts.

L’enjeu des luttes sur la protection sociale est crucial, d’où leur âpreté, par exemple sur les retraites. Il y aurait beaucoup à gagner si le concept de bien commun n’était pas réservé à l’écologie mais étendu à l’ensemble des conditions de la vie sociale.

Jean-Marie Harribey Membre du conseil scientifique d’Attac.

Source http://www.politis.fr/articles/2020/09/la-secu-un-bien-commun-42335/

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