Un article paru le 15 mars dans Unité populaire repris ci-dessous :
Lors de la rencontre du 1er mars 2016 qui s’est tenue au Parlement européen à Bruxelles sur le thème « Restructuration de la dette – Reconstruction de la démocratie », de nombreux membres de la Commission pour la vérité sur la dette grecque se sont réunis.
Cette séance encadrée par Nikolaos Chountis, vice-ministre du gouvernement Tsipras 1 (janvier-juillet 2015), député européen d’Unité Populaire depuis septembre 2015 (en remplacement de Manolis Glezos), a apporté de nouveaux éclaircissements sur les diktats imposés par les créanciers et les autorités européennes à la Grèce, à la lumière des conclusions tirées dans le rapport de cette Commission.
Nous vous proposons de revenir sur quatre interventions en particulier. Zoé Konstantopoulou, ex-Présidente du Parlement grec (février-octobre 2015) qui est à l’initiative de la création de la commission d’audit ; Eric Toussaint, porte-parole du CADTM International et coordinateur scientifique de la commission ; Maria Lucia Fattorelli, également membre de la commission et coordinatrice de l’audit citoyen de la dette au Brésil ; Cephas Lumina, membre de la commission, Professeur, ancien rapporteur indépendant auprès du Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies, et spécialiste de l’impact des dettes extérieures sur l’exercice des droits humains.
Zoé Konstantopoulou : « Le rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque a effrayé les créanciers »
Si certain.e.s avancent avec raison une capitulation du gouvernement Tsipras en juillet 2015, Zoé Konstantopoulou met davantage en avant une trahison de celui-ci, autant envers le peuple grec qu’envers les engagements du parti Syriza. Cette trahison s’exprime encore par l’attitude négative adoptée par le gouvernement Tsipras II envers la Commission pour la vérité sur la dette grecque et son refus de s’appuyer sur les résultats de l’audit de la dette grecque.
Par ailleurs, Zoé Konstantopoulou revient sur les véritables causes de la crise grecque causée entre ingérence de la Troïka et corruption multiple, tout en revenant sur les résultats éclairants du rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque.
Eric Toussaint : « La crise de la dette publique grecque : une narration mensongère »
Après être revenu sur le lien existant entre la création de la Commission pour la vérité sur la dette grecque et l’importance de la naissance préalable de l’initiative d’audit citoyen ‘ELE’ en Grèce en 2011 créée avec une très forte participation citoyenne d’en bas, Eric Toussaint décrypte la « narration mensongère » pratiquée par les autorités européennes visant à camoufler le sauvetage des banques privées françaises, allemandes et grecques.
Cela ne constitue qu’un des nombreux exemples du double langage employé par les autorités européennes à l’image de Jean-Claude Trichet, Manuel Barroso ou encore Dominique Strauss-Kahn pour cacher la vérité sur la dette publique grecque. Eric Toussaint met notamment en exergue que la Grèce n’est pas un cas particulier, des mécanismes similaires ayant opéré en Irlande, au Portugal ou encore en Espagne.
Maria-Lucia Fattorelli : « Avant toute action, il faut qu’il y ait un audit de la dette »
Maria-Lucia Fattorelli décrypte le système-dette. Ce processus sans légitimité, rongé par la corruption, fonctionne comme un instrument permettant de transférer les ressources vers le secteur financier au détriment de l’économie des Etats. Le système-dette voit une immixtion permanente du FMI, accompagné des pouvoirs financiers visant à promouvoir les privilèges des créanciers.
Dans le cas de la Grèce, elle met en avant deux mécanismes qui ont notamment créé de la dette : la création d’instruments financiers avec les swaps de Goldman Sachs ou encore le Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Forte de son expérience en Amérique du sud, Maria-Lucia Fattorelli établit un parallèle entre la situation grecque actuelle et le Brésil, l’Argentine ou encore l’Equateur avec le plan Brady dans les années 1990.
Cephas Lumina : « Le Club de Paris n’a aucune légitimité »
Selon les principes des Nations unies adoptés et approuvés par le conseil des droits de l’Homme en 2012, la préservation des droits humains fondamentaux dans le pays concerné prime sur les droits des créanciers.
En dépit de leur présence dans les textes internationaux et les juridictions internationales, ses principes n’ont jamais été appliqués par les pays de l’Union européenne et les Etats-Unis qui réfutent, à tort, la légitimité de l’ONU de pouvoir délibérer sur les questions de restructuration de la dette.
Cephas Lumina invoque ici le rôle majeur joué par le Club de Paris, organisation sans aucune légitimité, et le FMI dans la promotion des intérêts des créanciers au détriment de la protection des droits humains fondamentaux.
Les vidéos des interventions :
Zoé : https://youtu.be/MxSe9itULLo?list=PLT-wFchlosEE1Krc_tNp6EHseGQKkkx3_
Eric :https://youtu.be/p-d53HsIc48?list=PLT-wFchlosEE1Krc_tNp6EHseGQKkkx3_
Maria-Lucia : https://youtu.be/HTtdXXG-Zl4?list=PLT-wFchlosEE1Krc_tNp6EHseGQKkkx3_
Cephas : https://youtu.be/SS5y_YB1lEo?list=PLT-wFchlosEE1Krc_tNp6EHseGQKkkx3_