Grèce : le parlement approuve des nouvelles mesures d’austérité

Un mécanisme de coupes budgétaires automatiques va être mis en place. Une mesure impopulaire prise à quelques jours de l’Eurogroupe Article de Massimo Brandi Les échos

C’est ce mardi que la Grèce saura si l’Eurogroupe veut bien lui verser la prochaine tranche du prêt de 5,4 milliards d’euros prévue par le troisième plan de sauvetage des finances d’Athènes concocté à l’été 2015 par ses créanciers institutionnels et bloqué depuis plusieurs mois. La condition posée par ces derniers est l’adoption par le Vouli, le Parlement grec, d’une seconde vague de mesures censées placer durablement le budget de l’Etat à l’abri de nouveaux dérapages.

Dans la nuit de dimanche, les députés ont examiné le texte long de 7.000 pages soumis par le gouvernement et approuvé vendredi en commission parlementaire bouclant la politique d’austérité exigée par les créanciers.

Le projet de loi a été voté dans son principe par les 153 députés de la majorité, toutefois, Mme  Katrivanou, députée de SYRIZA et membre des « 53+», a rejeté deux de ses articles, celui sur la création d’un nouveau Fonds de privatisations et celui sur la mise en place d’un mécanisme correcteur automatique, en invoquant une « impasse politique et existentielle ».estimant les mesures, notamment le “koftis”, profondément injustes. Elle souligne que les coupes immédiates que prévoit ce nouveau mécanisme en cas de non-respect du budget toucheront les salaires et les retraites des fonctionnaires La députée a par la suite annoncé sa démission sur facebook et rendu son siège au parti. Celui-ci serait attribué au premier suppléant, M. Georges Kyritsis, porte-parole de l’organe interministériel de coordination pour la crise des réfugiés.

« Les Grecs ont déjà payé un prix élevé mais c’est sans doute la première fois que la possibilité que ces sacrifices soient les derniers est si évidente », a déclaré le Premier ministre Alexis Tsipras aux députés avant le vote.

Une vive opposition 

Le coeur du nouveau train de mesures est baptisé Koftis, « pince coupante », en grec. Il s’agit d’un mécanisme de coupes automatiques dans les dépenses si le déficit budgétaire n’est pas maîtrisé. Ce mécanisme, qui ne concerne pas les dépenses de sécurité sociale, s’activerait si l’exécutif n’est pas en mesure de réaliser des coupes ciblées.

Le projet de loi en discussion hier crée aussi un nouveau Fonds chargé de la valorisation et de la vente des actifs de l’Etat. Une création fortement souhaitée notamment par Berlin, inquiet de la lenteur des privatisations. Ce Fonds acquiert la pleine propriété juridique des actifs publics qui devront être vendus. De la sorte, ses actifs pourront être utilisés en garantie des prêts consentis à la Grèce par ses créanciers institutionnels. Parmi les quelque 71.500 propriétés publiques regroupées dans ce fonds, on trouve en particulier des grandes installations touristiques et héritées des Jeux Olympiques.

Le texte de loi relève d’un point de pourcentage le taux de TVA, à 24 %, d’une série de biens alimentaires de large consommation comme les pâtes, le riz, le café, les boissons non alcoolisées ou le chocolat ainsi que des taxes supplémentaires sur l’essence, le tabac, les jeux d’argent; l’utilisation d’internet et la propriété foncière.

«Seul l’air que l’on respire ne sera pas taxé», ironise la presse Grec.

« C’est un désastre », a estimé Panayiotis Kehris, un homme d’affaires de 60 ans qui manifestait devant le Parlement. « Nous allons devoir réduire toutes nos dépenses, de l’alimentation aux déplacements en voiture. »

. Enfin, à compter de 2018, le secteur hôtelier devra appliquer à ses clients une taxe de résidence pouvant aller à 4 euros par personne et par jour pour les hôtels cinq étoiles. Un nouvel impôt qui suscite une vive opposition par la Chambre de commerce de l’hôtellerie qui prédit déjà de nombreuses fermetures d’hôtels et de destructions massives d’emplois dans un secteur clef de l’économie du pays.

« Ce soir, nous envoyons aux dirigeants européens le message que la Grèce remplit ses obligations. Demain, l’autre côté devra aussi assumer ses responsabilités », a insisté Alexis Tsipras après le vote du Parlement

La majorité de M. Tsipras a été momentanément en jeu, samedi, alors que son partenaire de coalition, le parti Grecs indépendants, s’était opposé au gel d’augmentations de salaire pour les fonctionnaires dits «spéciaux», dont les militaires, les policiers, les diplomates, les juges, les médecins oeuvrant dans le secteur public, ainsi que les professeurs d’université.

Ces coupes — qui auraient permis d’économiser quelque 120 millions d’euros — ont été mises de côté et seront remplacées en partie par l’imposition de taxes aux internautes et aux consommateurs de bière.

 

rédaction

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