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Sur les réfugiés

Publié le 3 /6/16 sur Médiapart par Carine Fouteau : Asile: Amnesty international appelle l’UE à cesser les renvois vers la Turquie

Publié le 30/5/16 Grèce : les nouveaux centres pour les réfugiés évacués d’Idomeni pas à la hauteur (Conseil de l’Europe) http://www.lorientlejour.com/article/988580/grece-les-nouveaux-centres-pour-les-refugies-evacues-didomeni-pas-a-la-hauteur-conseil-de-leurope.html

Publié le 30/5/16 La Hongrie renforce sa clôture antimigrants à la frontière serbe 

La Hongrie a entrepris de renforcer sa clôture antimigrants à sa frontière serbe en raison d’une augmentation du nombre de réfugiés depuis la fermeture du camp d’Idomeni par la Grèce, a annoncé aujourd’hui un haut responsable gouvernemental.

« A la suite de la suppression du camp de réfugiés d’Idomeni la semaine dernière, le nombre de réfugiés qui essayent de traverser la clôture hongroise a augmenté », a déclaré György Bakondi, responsable du ministère de l’Intérieur chargé de la lutte contre les migrants clandestins. En conséquence, un « renforcement de la clôture a été lancé: là où les fils barbelés étaient jusque-là jugés suffisants, nous procédons à la pose de clôtures permanentes », a-t-il souligné à la radio nationale Kossuth.
Selon György Bakondi, le nombre de franchissements illégaux de la clôture est passé de 70-90 par jour à 100-150 depuis la fermeture par Athènes, en milieu de semaine dernière, du camp improvisé d’Idomeni, où plus de 8.200 réfugiés attendaient de passer en Macédoine. 200 à 250 migrants attendaient du côté serbe de la frontière hongroise de pouvoir passer en Hongrie aujourd’hui.

La Hongrie, principal pays de transit l’été dernier pour les migrants désirant rejoindre l’ouest de l’Europe, a érigé en septembre une clôture barbelée sur les 175 km de sa frontière avec la Serbie, puis en octobre à sa frontière croate.

Publié le 29/5/16 Migrants : semaine meurtrière en Méditerranée

http://www.lefigaro.fr/international/2016/05/29/01003-20160529ARTFIG00171-migrants-semaine-meurtriere-en-mediterranee.php

Un nouveau pas sur la voie de l’absurdité. Par Kostas Lapavitsas

Grèce : le bluff fragile de l’Eurogroupe

Par Romaric Godin  |  26/05/2016   L’accord du mercredi 24 mai n’est qu’un exemple de plus de la procrastination dangereuse qui est au cœur de la stratégie européenne sur la Grèce. Une stratégie perdante.

L’accord trouvé à l’Eurogroupe des 24 et 25 mai sur la Grèce entre les créanciers européens et le FMI est une caricature de la méthode de cette étrange institution qu’est la réunion des ministres des Finances de la zone euro. Car le but de cet accord était avant tout de « faire croire » à un accord et à une avancée, plutôt que de la réaliser. Et plus cet accord a été difficile à trouver, plus il paraîtra important et provoquera le soulagement. On reportera ainsi à plus tard les problèmes.

Susciter le soulagement

Pour parvenir à ce résultat, les méthodes sont toujours les mêmes. Avant la réunion, il faut inquiéter l’opinion sur la possibilité d’un échec et la difficulté des discussions. C’est le rôle des « doorsteps talks » (« propos de pas de porte »), ces petits mots que distillent les ministres en arrivant à la réunion. Le ministre slovaque des Finances, Petr Kažimír rajoute à l’angoisse en craignant sur twitter que « nous allons passer une longue nuit ensemble »… Deuxième étape : faire durer les discussions le plus longtemps possible, souvent toute la nuit. Ceci rajoute évidemment à la tension et à la menace d’un « échec ». Troisième étape : sortir avec un « résultat », un communiqué dont on souligne l’immense portée lors de la conférence de presse. Petr Kažimír, encore lui, twitte alors que « ce fut une naissance difficile, mais finalement tout est bien. » Une telle méthode assure alors quelques titres saluant le succès de la réunion et l’accord trouvé, reflet du soulagement des observateurs.

Le prix élevé de la confiance qui ne revient pas…

Concernant l’accord de ce mercredi 25 mai, pourtant, on serait bien en peine de suivre un tel enthousiasme. Certes, la Grèce a obtenu assez de fonds pour tenir jusqu’à fin octobre. Mais, compte tenu de l’effort fourni par le gouvernement grec qui a imposé à sa majorité deux plans d’austérité en une semaine pour un montant total de 5,6 milliards d’euros – soit 3,1% du PIB -, plan exigé par les créanciers, un refus eût été incompréhensible. Il aurait aussi provoqué une crise de liquidité dont personne ne voulait. Athènes a été récompensé de sa soumission à la logique austéritaire de l’Eurogroupe, mais il n’y a là que la poursuite de la politique en place depuis 2010. Il n’y a aucun changement de logique.

Comme on l’a précisé, le gouvernement grec n’est soulagé que pour quelques mois. Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, a certes prétendu que « le manque de confiance envers les gouvernements grecs commence à se résorber », mais il est loin d’être complet. La Grèce est plus que jamais un pays sous tutelle de ses créanciers. Elle devra réclamer de nouveaux fonds et donc de nouveau « faire ses preuves » auprès de l’Eurogroupe pour pouvoir faire face aux 12 milliards d’euros de remboursements qui l’attendent en 2017. Pour mesurer de la « confiance » prétendue de l’Eurogroupe, on se souviendra que la Grèce a dû adopter un processus de correction automatique de ses dépenses en cas de déviation de l’objectif d’excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) des 3,5 % du PIB prévu en 2018. Du jamais vu.

La « confiance » envers la Grèce issue de cette réunion de l’Eurogroupe n’est en réalité que le reflet d’un effacement du rôle souverain du gouvernement grec à des niveaux inédits. C’est un approfondissement de la politique menée depuis 2010, laquelle a manifestement échoué. C’est donc une persévérance dans l’erreur. Pire : c’est le maintien de ce « chantage » à la confiance où Athènes n’en fait jamais assez qui est le moteur de la spirale infernale dans laquelle le pays est entré en 2010.

Repousser les problèmes à plus tard

Le soulagement apparent à l’issue de l’Eurogroupe sur une Grèce qui aurait à nouveau évité les risques d’une faillite sont donc injustifiées : non seulement, compte tenu de l’absence de moyen de pression d’Athènes, ce risque était imaginaire, mais surtout, le prix de ce « soulagement » est tel qu’il continue de rendre plus probable une « faillite » à l’avenir et qu’il place le gouvernement Tsipras face à une situation intérieure explosive. La bienveillance de l’Eurogroupe envers Athènes est donc un piège de plus pour le premier ministre. Un piège qui pourrait à terme rendre la situation grecque de nouveau délicate pour la zone euro. De fait, on s’est donc contenté de repousser les problèmes en réglant les détails les plus urgents.

Le duel entre le FMI et Berlin

Même logique sur la question de la dette. Sur ce sujet, le débat entre la zone euro et le FMI se jouait entre Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, et Poul Thomsen, le chef du département européen du FMI. L’Allemand a des exigences contradictoires : embarquer le FMI dans le troisième programme grec et ne pas accepter de concessions majeures sur la dette. Or, le FMI a décidé d’en finir avec ses errements du passé et refuse de financer une dette insoutenable. Il demande une restructuration en profondeur, tout en acceptant le principe d’un simple « reprofilage » qui exclut un défaut nominal sur le stock de dettes. Lundi 23 mai, l’analyse du FMI avait effrayé le camp de Wolfgang Schäuble. L’entretien des deux hommes a sans doute constitué le point central de la réunion de mardi et mercredi. Mais son issue a été une trêve bancale consistant à gagner du temps, pour certains du moins.

Une promesse qui n’engage que ceux qui y croient

Les vraies discussions sur la restructuration de la dette grecque sont ainsi reportées à 2018, à la fin du présent programme. Beaucoup se sont réjouis en soulignant que l’Eurogroupe reconnaissait enfin la nécessité d’un reprofilage. Mais, en réalité, il n’en est rien. Cette promesse est plus vague encore que celle de décembre 2012, après la mise en place du deuxième mémorandum. A ce moment, l’Eurogroupe avait promis au gouvernement grec d’Antonis Samaras l’ouverture d’une discussion sur la restructuration de la dette si la Grèce parvenait à dégager un excédent primaire. Ce fut fait dès 2013 et pendant toute l’année 2014, Antonis Samaras s’est évertué à obtenir cette ouverture d’un dialogue sur la dette, en vain. L’Eurogroupe refusait toute discussion de ce type et pointait de nouvelles exigences de « réformes. » Cette fois, la promesse est encore plus vague, car la restructuration est promise « si nécessaire » seulement. Or, dans la pensée de plusieurs membres de l’Eurogroupe et de nombreux économistes, notamment allemands, la restructuration n’est pas nécessaire, seules les réformes le sont. C’est dire si la revue de la dette en 2018 n’est pas acquise. Et si Alexis Tsipras et le FMI ont été payés en monnaie de singe. De fait, l’accord évite l’essentiel : quels seront les conditions de cette restructuration ? Quels excédents seront réclamés après 2018 ? Y aura-t-il une conditionnalité future ? Ces questions seules permettent d’évaluer la qualité d’un « reprofilage. »

Poursuite de la cavalerie financière

Du reste, lorsque, le 13 juillet 2015, Alexis Tsipras avait proclamé avoir accepté le troisième mémorandum contre l’ouverture de discussion sur la dette « à l’automne » : l’austérité se serait donc accompagnée d’un allègement futur du fardeau de la dette, apportant une utile compensation. Cette logique appartient désormais au passé. Le programme se fera sans certitude sur la dette et devient même une condition des discussions sur la dette. Ce qu’a obtenu Alexis Tsipras, c’est donc une austérité inconditionnelle. Austérité qui va alourdir encore le poids de la dette, non seulement en affaiblissant encore l’économie, mais aussi en obligeant le pays à s’endetter pour faire face à ses obligations et notamment au remboursement des prêts du Mécanisme européen de stabilité (MES). La Grèce doit rembourser d’ici à 2018 10 milliards au MES et pour cela, il s’endettera auprès… du MES. Bref, là encore, on poursuit la cavalerie financière habituelle sans en changer la logique.

La pression du calendrier allemand

Le seul but réel de cet accord trouvé à l’Eurogroupe était d’accorder la situation avec le calendrier électoral allemand. Angela Merkel va devoir faire face à une campagne difficile avant les élections fédérales de septembre 2017. Le parti d’extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD) s’ancre dans le paysage politique allemand. Les derniers sondages publiés lui accordent entre 12 % et 15 % des intentions de vote, tandis que la CDU/CSU n’aurait qu’entre 30 % et 33 %. Une telle situation conduirait à un casse-tête pour la constitution d’une coalition, tandis que l’aile conservatrice de la CDU et de la CSU ne manqueraient pas de profiter de l’aubaine pour réclamer un rapprochement avec AfD et un changement de politique. La priorité de la chancelière consiste donc à éviter que la question de la dette grecque ne vienne rajouter en 2017 de l’eau au moulin d’AfD qui est née, rappelons-le, d’une opposition à la politique européenne d’Angela Merkel.

La solution idéale de la procrastination… pour l’Allemagne

D’où cette tentation de  la procrastination. Position qui ne déplaît pas à un Wolfgang Schäuble âgé de 73 ans et qui sera sans doute fort heureux de transmettre le dossier à un successeur après 2017. Ne rien faire jusqu’en 2018 et convaincre le FMI d’accepter ce délai était donc la solution idéale pour le gouvernement allemand. D’autant qu’on pouvait encore se prévaloir d’avoir imposé les « réformes » à Athènes. Encore une fois, comme en mai 2010, par exemple, les enjeux de politique intérieure allemande dominent, quel qu’en soit le prix pour la Grèce. Mais une telle solution est lourde de menaces. Dans la crise grecque, cette procrastination a toujours conduit à l’aggravation de la situation. On a vu les risques que porte cet accord sur l’avenir de la Grèce. Mais c’est la confirmation de la stratégie adoptée par l’Allemagne depuis 2010 : accumuler la poussière et traiter le problème plus tard. Or, c’est une stratégie qui encourage la cavalerie financière et le pourrissement de la situation.

« Nach dem Spiel ist vor dem Spiel« 

Sepp Herberger, l’entraîneur de l’équipe d’Allemagne de football championne du monde controversée en 1954, avait dit un jour « après le match, c’est avant le match » (« Nach dem Spiel ist vor dem Spiel »). La formule est devenue proverbiale en Allemagne et elle est devenue le résumé de la crise grecque. Car vouloir laisser passer les élections de 2017 est illusoire. Après l’élection, c’est avant l’élection. D’autant que, en 2018, on votera dans trois Länder clés en Allemagne : la Basse-Saxe, la Hesse et la Bavière. Il y a donc des chances que la restructuration de la dette grecque soit encore renvoyée à plus tard à ce moment.

Déjà l’échec…

Du reste, l’ambiguïté de cet accord n’aura guère fait illusion. La presse anglo-saxonne de ce 26 mai doute de son utilité et le statut du FMI pourrait relancer la querelle interne aux créanciers rapidement. Poul Thomsen ne se contente pas des vagues promesses de l’Eurogroupe, il veut plus d’engagement sur la restructuration de 2018. Des garanties que l’Allemagne ne veut pas donner avant septembre 2017. La tension pourrait remonter rapidement. Déjà, Wolfgang Schäuble a prétendu que Poul Thomsen, lorsqu’il a prétendu demander plus de garanties, « devait être trop fatigué à ce moment-là ». Le duel entre le FMI et Berlin va donc se poursuivre. C’est donc dire si, plus que jamais, après l’accord à l’Eurogroupe, on est bien toujours avant l’accord à l’Eurogroupe.

 

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Y.Varoufalis interviewé par un média suisse.

Symbole de l’insoumission face au diktat de Bruxelles, l’ex-ministre des Finances grec Yanis Varoufakis n’a pas rangé sa veste de contestataire au vestiaire. Avec son mouvement Diem 25, l’économiste aux airs de rock star milite pour une Europe démocratique et rêve d’un printemps européen.

Diem 25, c’est votre réponse à l’Europe en crise. Pourquoi avoir créé ce mouvement?

Le mouvement que nous avons fondé en février dernier à Berlin a un objectif très simple: stopper la désintégration de l’Union européenne et les forces centrifuges qui nous divisent. Nous avons assisté à une démolition de la démocratie l’été dernier en Grèce via le secteur bancaire. Il y a donc de sérieuses fissures dans le processus démocratique en Europe et elles sont le résultat d’une crise économique causée par l’effondrement de l’architecture de la zone euro, une architecture qui n’a d’ailleurs jamais été capable de soutenir une crise économique. Cette désintégration ne peut que produire une crise comparable à celle des années trente et ainsi créer de la déflation, du racisme, de la xénophobie et faire éclore une génération perdue. L’Europe ne sera pas seule à souffrir, le monde entier sera aspiré dans ce tourbillon. Notre mouvement a un seul but: arrêter cette désintégration.

Comment l’Europe en est-elle arrivée là?

La grande question à laquelle j’essaie de répondre dans mon livre est: «Qu’est-ce qui a changé?» Pourquoi sommes-nous face à une situation où des pays qui se sont intégrés en dépit d’une histoire, d’une culture et d’une monnaie différentes ont fini par être divisés par une monnaie commune? C’est un paradoxe, non? Aux Etats-Unis, qui sont loin d’être un pays parfait, à chaque fois qu’il y a une crise, les Américains se réunissent, créent des institutions qui stabilisent l’union. En Europe, nous faisons l’inverse. En fait, et ça a été mon expérience lorsque j’ai été ministre des Finances, les nations sont fières et se tournent le dos. Et les pays faibles sont traités comme des colonies, pour être sacrifiés sur l’autel d’un jeu déplaisant et dépassé entre anciennes puissances européennes. Je dis bien «anciennes», car lorsqu’elles se laissent entraîner dans ce jeu, par exemple la France et l’Allemagne, elles perdent aussi leur propre pouvoir.

Imaginez-vous pouvoir lancer un printemps européen avec votre mouvement?

C’est tout à fait possible. Cela se voit partout où nous allons. Nous l’avons constaté lors du lancement à Berlin, mais aussi à Madrid, Barcelone, Rome. Je n’ai aucun doute que nous verrons surgir un printemps européen.

Quelle sorte d’Europe voulez-vous pour demain?

Une Europe démocratique! J’aimerais une fédération, un Parlement européen qui ne soit pas une plaisanterie comme c’est le cas actuellement, qui pourrait initier une législation, dissoudre le Conseil européen et l’Eurogroupe comme aux Etats-Unis où le Congrès a le pouvoir de dissoudre le gouvernement ou dans votre pays. Ça, ce serait bien. Alors, allons-y, créons une Fédération européenne démocratique!

Vous sentez-vous Grec ou Européen? Est-il possible d’être les deux aujourd’hui?

Bien sûr que je suis les deux. Je me sens aussi un citoyen du monde: quand je suis en Palestine, je me sens Palestinien, quand je suis en Israël, je me sens Juif, et quand je suis en Afrique, je me sens Africain. Notre identité est multiple et il est important de combiner le patriotisme – l’amour pour son pays – avec celui des autres.

Lorsque vous étiez étudiant en Angleterre, Margaret Thatcher était au pouvoir. Vous l’avez combattue mais lui reconnaissez d’avoir prédit l’échec de l’euro. Au fond, vous l’admirez?

C’est vrai, je l’ai combattue toute ma vie et durant mes dix années passées en Angleterre, j’ai participé à toutes les manifestations contre elle, mais sur ce point, elle a été visionnaire. Car le fait est que la monnaie est et restera toujours politique. Si vous tentez de la dépolitiser en confiant son administration à des banques centrales hors de ce circuit et sans Etat derrière pour les contrôler, cela ne fait que créer des politiques économiques ratées. Margaret Thatcher avait totalement raison et, en tant qu’intellectuel ouvert d’esprit, il faut savoir reconnaître la prescience chez ses adversaires lorsqu’elle est là.

La Grande-Bretagne, justement, se prononcera le 23 juin sur une sortie de l’Europe. Vous qui critiquez Bruxelles et les institutions êtes pourtant contre un «Brexit». Pourquoi?

Parce que la Grande-Bretagne ne peut tout simplement pas sortir de l’Europe, même si elle vote pour. Qu’elle le veuille ou non, son économie est intimement liée au marché européen et ce dernier n’est pas seulement un marché libre: il requiert des standards communautaires, des règles communes pour le marché du travail, des politiques environnementales communes… Donc, même une fois sortie de l’Union, Bruxelles dictera toujours les règles du jeu. La deuxième raison, et c’est une énorme erreur que l’on retrouve dans les arguments des pour et des contre, réside dans le fait que son appartenance à l’Union européenne relève de celle d’un club. Mais l’Union européenne n’est pas un club. Un «Brexit» ne fera qu’accélérer la désintégration de l’Union qui, si mon analyse macro-économique est juste, créera une déflation à laquelle la Grande-Bretagne n’échappera pas, même si elle en sort. Pour terminer, je citerai la fin d’Hotel California, cette chanson des Eagles que vous connaissez sans doute: «Vous pouvez régler la note quand vous voulez, mais vous ne pourrez jamais partir!»

La Suisse est aujourd’hui une petite île au milieu de l’Union européenne. Que pensez-vous de sa position? A-t-elle raison de rester en dehors?

Absolument! Vous, les Suisses, avez totalement raison de rester en dehors de cette Union, car elle est, comme je l’ai dit, si profondément anti-démocratique qu’elle consumerait votre Constitution et votre démocratie. Cela ne signifie pas pour autant que le pays doit demeurer pour toujours en dehors, mais l’Union européenne doit d’abord prendre exemple sur la Suisse en termes de combinaison de démocratie directe et indirecte de sa propre fédération. Pour le dire différemment: ne laissez pas votre Constitution se perdre dans le désordre des traités européens. Quand l’Union européenne se sera dotée d’une Constitution à l’image de celle de votre pays, alors la Suisse pourra entrer dans l’UE.

Le 5 juin prochain, les Suisses voteront sur le revenu de base inconditionnel. Vous avez déclaré que notre pays serait l’endroit idéal où l’introduire. Pourquoi?

Parce que vous êtes suffisamment riches! Un pays comme la Grèce ne pourrait pas l’introduire, car l’Etat grec ne peut même pas payer le papier de toilette dans les hôpitaux. Mais si vous n’êtes pas en faillite et si vous avez la capacité de mobiliser les ressources intérieures, comme c’est le cas en Suisse, alors vous pouvez introduire le revenu de base universel. Il permettrait de stabiliser une société aux inégalités salariales croissantes.

C’est donc un privilège de pays riches?

Il ne s’agit en effet pas de pauvreté, car le revenu de base n’a pas pour unique but de la réduire. Si vous voulez l’atténuer, vous devez faire autre chose, comme aux Etats-Unis où le programme d’aide supplémentaire à la nutrition fait un très bon travail en sortant des millions d’Américains du besoin. Non, le revenu de base, c’est beaucoup plus que cela: il s’agit de stabiliser la société en créant davantage de sécurité et par conséquent de rendre les gens libres.

Et pourtant, une majorité de Suisses devraient voter «non» le 5 juin prochain…

Le résultat n’a pas d’importance! Ce qui compte, c’est de pouvoir en débattre, de fertiliser les esprits autour de cette idée. Par le simple fait de débattre de cette question, nous créons déjà une nouvelle réalité.

Texte © Migros Magazine – Viviane Menétrey

Grèce : la justice désavoue l’accord UE-Turquie

© Amnesty International/Olga Stefatou [23/05/2016]

L’accord honteux conclu entre l’UE et la Turquie ne résiste pas à son premier passage en justice.La justice grecque a mis en évidence la faille fondamentale de cet accord : la Turquie n’est pas un pays sûr pour les réfugiés.

LES FAITS : COMMENT LA JUSTICE GRECQUE A ENRAYÉ L’ACCORD

Un syrien qui arrive sur Lesbos suite à l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie demande l’asile en Grèce.
Les autorités d’asile grecques lui répondent, suite aux dispositions de l’accord, qu’il doit retourner en Turquie pour poser sa demande d’asile puisque la Turquie est un pays tiers sûr.
La personne fait appel à cette décision qui aurait débouché sur son renvoi forcé vers la Turquie.
Une commission d’appel infirme alors que le jugement de première instance, faisant valoir que la Turquie ne garantit pas aux réfugiés l’entière protection prévue par la Convention relative au statut des réfugiés
La commission a également indiqué que la Turquie ne respecte pas le principe de non-refoulement, qui interdit de renvoyer une personne vers un lieu où elle risquerait de subir de graves violations de ses droits.
La décision de la commission peut être contestée en appel, mais elle supprime le risque imminent que ce réfugié ne soit renvoyé de force en Turquie.

Lire aussi : Un pacte mondial pour résoudre la crise mondiale des réfugiés

UN ACCORD INJUSTIFIABLE DEPUIS LE DÉPART

Cette décision touche le cœur du problème de cet accord.
La Turquie n’est pas un pays sûr pour les réfugiés , elle ne leur offre pas une entière protection. De plus, les réfugiés risquent d’être détenus arbitrairement ou renvoyés vers le danger en Syrie, en Afghanistan ou en Irak.
Les garanties sur le papier ne suffisent pas.
Tant que la Turquie continuera de bafouer les droits des réfugiés et ne garantira pas pleinement leur protection, aucun autre réfugié ne doit être renvoyé dans le cadre de cet accord.

ASSURER PLUS D’ACCUEIL EN EUROPE

Encore une preuve que des « solutions » qui visent à maintenir des réfugiés à distance sont vouées à l’échec.
A l’heure actuelle, la communauté internationale doit se concerter pour organiser l’accueil des réfugiés.

Réfugiés: la Grèce va « intensifier » l’évacuation d’Idomeni

AFP Publié le 23/05/2016

Grèce : le parlement approuve des nouvelles mesures d’austérité

Un mécanisme de coupes budgétaires automatiques va être mis en place. Une mesure impopulaire prise à quelques jours de l’Eurogroupe Article de Massimo Brandi Les échos

C’est ce mardi que la Grèce saura si l’Eurogroupe veut bien lui verser la prochaine tranche du prêt de 5,4 milliards d’euros prévue par le troisième plan de sauvetage des finances d’Athènes concocté à l’été 2015 par ses créanciers institutionnels et bloqué depuis plusieurs mois. La condition posée par ces derniers est l’adoption par le Vouli, le Parlement grec, d’une seconde vague de mesures censées placer durablement le budget de l’Etat à l’abri de nouveaux dérapages.

Dans la nuit de dimanche, les députés ont examiné le texte long de 7.000 pages soumis par le gouvernement et approuvé vendredi en commission parlementaire bouclant la politique d’austérité exigée par les créanciers.

Le projet de loi a été voté dans son principe par les 153 députés de la majorité, toutefois, Mme  Katrivanou, députée de SYRIZA et membre des « 53+», a rejeté deux de ses articles, celui sur la création d’un nouveau Fonds de privatisations et celui sur la mise en place d’un mécanisme correcteur automatique, en invoquant une « impasse politique et existentielle ».estimant les mesures, notamment le “koftis”, profondément injustes. Elle souligne que les coupes immédiates que prévoit ce nouveau mécanisme en cas de non-respect du budget toucheront les salaires et les retraites des fonctionnaires La députée a par la suite annoncé sa démission sur facebook et rendu son siège au parti. Celui-ci serait attribué au premier suppléant, M. Georges Kyritsis, porte-parole de l’organe interministériel de coordination pour la crise des réfugiés.

« Les Grecs ont déjà payé un prix élevé mais c’est sans doute la première fois que la possibilité que ces sacrifices soient les derniers est si évidente », a déclaré le Premier ministre Alexis Tsipras aux députés avant le vote.

Une vive opposition 

Le coeur du nouveau train de mesures est baptisé Koftis, « pince coupante », en grec. Il s’agit d’un mécanisme de coupes automatiques dans les dépenses si le déficit budgétaire n’est pas maîtrisé. Ce mécanisme, qui ne concerne pas les dépenses de sécurité sociale, s’activerait si l’exécutif n’est pas en mesure de réaliser des coupes ciblées.

Le projet de loi en discussion hier crée aussi un nouveau Fonds chargé de la valorisation et de la vente des actifs de l’Etat. Une création fortement souhaitée notamment par Berlin, inquiet de la lenteur des privatisations. Ce Fonds acquiert la pleine propriété juridique des actifs publics qui devront être vendus. De la sorte, ses actifs pourront être utilisés en garantie des prêts consentis à la Grèce par ses créanciers institutionnels. Parmi les quelque 71.500 propriétés publiques regroupées dans ce fonds, on trouve en particulier des grandes installations touristiques et héritées des Jeux Olympiques.

Le texte de loi relève d’un point de pourcentage le taux de TVA, à 24 %, d’une série de biens alimentaires de large consommation comme les pâtes, le riz, le café, les boissons non alcoolisées ou le chocolat ainsi que des taxes supplémentaires sur l’essence, le tabac, les jeux d’argent; l’utilisation d’internet et la propriété foncière.

«Seul l’air que l’on respire ne sera pas taxé», ironise la presse Grec.

« C’est un désastre », a estimé Panayiotis Kehris, un homme d’affaires de 60 ans qui manifestait devant le Parlement. « Nous allons devoir réduire toutes nos dépenses, de l’alimentation aux déplacements en voiture. »

. Enfin, à compter de 2018, le secteur hôtelier devra appliquer à ses clients une taxe de résidence pouvant aller à 4 euros par personne et par jour pour les hôtels cinq étoiles. Un nouvel impôt qui suscite une vive opposition par la Chambre de commerce de l’hôtellerie qui prédit déjà de nombreuses fermetures d’hôtels et de destructions massives d’emplois dans un secteur clef de l’économie du pays.

« Ce soir, nous envoyons aux dirigeants européens le message que la Grèce remplit ses obligations. Demain, l’autre côté devra aussi assumer ses responsabilités », a insisté Alexis Tsipras après le vote du Parlement

La majorité de M. Tsipras a été momentanément en jeu, samedi, alors que son partenaire de coalition, le parti Grecs indépendants, s’était opposé au gel d’augmentations de salaire pour les fonctionnaires dits «spéciaux», dont les militaires, les policiers, les diplomates, les juges, les médecins oeuvrant dans le secteur public, ainsi que les professeurs d’université.

Ces coupes — qui auraient permis d’économiser quelque 120 millions d’euros — ont été mises de côté et seront remplacées en partie par l’imposition de taxes aux internautes et aux consommateurs de bière.

 

Grèce : Solidarité à City Plaza- Visite d’Alain Badiou

Malgré et contre la situation désespérante des réfugiés en Grèce, l’élan de solidarité d’une grande partie de la société grecque n’a pas tari. Certes, il n’a plus la même ampleur et il a changé d’orientation pour s’adapter à la situation nouvelle où les 54.000 réfugiés bloqués en Grèce seront obligés d’y rester au moins pour quelque temps. Il faut donc  non plus sauver, accompagner et soutenir la traversée et aider à la suite du voyage mais organiser le vivre ensemble sur place, ce qu’il ne manque pas de créer quelques tensions et des réactions des fois hostiles, surtout au nord de la Grèce où se trouve la plus grande partie des réfugiés en transit vers nulle part.

Cependant plusieurs initiatives qui visent, non pas seulement la revendication des droits de réfugiés mais leur réalisation en acte ont lieu. Parmi celles-ci,  certaines sont complètement indépendantes des autorités grecques et européennes comme les squats autogérés pour migrants en plein centre-ville d’Athènes – il y en actuellement au moins quatre, dont le plus récent est City Plaza, un hôtel fermé depuis 7 ans qui est depuis trois semaines occupé par des solidaires, grecs, immigrés et réfugiés déjà installés au pays. A l’origine de l’occupation, l’Initiative de solidarité aux réfugiés économiques et politiques http://solidarity2refugees.gr/ . L’hôtel accueille actuellement 380 réfugiés dont la moitié sont des enfants. Y cohabitent plusieurs nationalités, syriens, kurdes, afghans, irakiens, iraniens, pakistanais sans tensions ni incidents. L’hôtel est géré par tous ses résidents, réfugiés et solidaires, qui partagent équitablement les tâches quotidiennes.

La présentation de leur démarche par un membre de l’Initiative,  lors de la visite sur place de Judith Buttler et d’ Wendy Brown ( en anglais)

https://www.youtube.com/watch?v=UXz5CK6Dovg

la déclaration d’Alain Badiou à City Plaza  https://www.youtube.com/watch?v=qk8BKin7qB4

et celles de Judith Buttler et de Wendy Brown ( en anglais)

https://www.youtube.com/watch?v=Zi5EFUOfWcY

https://www.youtube.com/watch?v=Hi56KyuZAJ0

Vicky

 

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