Publications par auteur⋅ice

Author Archive by rédaction

Privatisation des chemins de fers grecs Le grand bradage  » A l’italienne »

PRIVATISATION DES CHEMINS DE FER : FRIEDMAN EN A PLEURE par Dimitris Koulalis (nostimonimar.gr, 1er Février 2017)  Traduction Joëlle Fontaine

Il y a une semaine, le feuilleton de la vente de TRAINOSE, qui durait depuis des mois,  a pris fin. La société est passée à Ferrovie Dello Stato Italiano pour un prix de 45 millions d’euros. Inutile bien sûr de rappeler les déclarations de messieurs Stathakis et Tsipras quand le gouvernement Samaras-Vénizélos programmait la vente des chemins de fer grecs…

L’accord a été signé après règlement de quelques problèmes particuliers : l’effacement de la dette de TRAINOSE envers OSE (750 millions d’euros) – mais la Commission européenne n’a pas encore statué à ce sujet ; et d’autres questions de « développement ».

La société s’est engagée à investir à hauteur de 500 millions pour améliorer le fonctionnement des infrastructures grâce à l’emploi de nouvelles technologies. Il reste à voir si tout cela sera concrétisé, et le fait que le gouvernement italien est en train d’examiner l’éventualité  de céder Ferrovie n’est pas de bon augure.

« Il est de fait, dit l’écrivain américain Paul Théroux, que les trains les plus mauvais passent dans les lieux les plus beaux. » On peut interpréter cette phrase de différentes manières. Mais nous, qui sommes un peu usurpateurs de maximes, nous l’adopterons pour parler de quelques cas de développement, de sécurité et de prospérité sociale.

On était en 2001, quand le metteur en scène Ken Loach, à l’esprit caustique bien connu, tournait Paul, Mick et les autres, film également connu sous le nom de The Navigators – ce qui dans l’argot des ouvriers irlandais du XIXe siècle signifiait « les chemins de fer ».

Le processus de privatisation des trains de la Grande-Bretagne (1979-1997) a eu lieu, comme dans beaucoup d’autres cas, après le passage du FMI dont le pays avait requis les services en 1976. Il faut être naïf et particulièrement endormi pour ne pas voir comment fonctionne cet organisme, ou encore la BCE. Nous disons depuis longtemps que la dette est le cheval de Troie  de la paupérisation du plus grand nombre, de la déstabilisation du marché du travail, de la pénalisation du syndicalisme et de la  vente à l’encan du patrimoine public.

Un indice de l’instrumentalisation de la dette est la réponse du commissaire européen Olli Rehn aux syndicats et associations qui ont demandé à prendre part aux discussions sur la privatisation de l’eau. En voici un extrait : « La privatisation des entreprises publiques concourt à la diminution de la dette publique et des subventions […] Elle augmente en même temps l’efficacité des entreprises et, par extension, la compétitivité de l’économie, tout en attirant les investissements étrangers. » On voit bien dans ces propos empreints d’une apparence de sérieux le véritable but de la privatisation.

N’ayons donc pas d’illusions, et pour cela il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’oeil aux « réformes » prévues dans le Traité de Lisbonne, ou par Business Europe, un des plus puissants lobbies d’entrepreneurs dont les points de vie s’accordent comme par hasard à ceux de la Commission européenne.

Venons-en cependant à notre discussion : la privatisation des chemins de fer peut-elle avoir des avantages ? Nous répondons catégoriquement : NON.

En Grande-Bretagne, vingt ans après la privatisation, l’Etat continue à verser au titre de l’entretien du réseau 4 milliards de livres à des sociétés qui, au lieu de les investir, les distribuent à leurs actionnaires (Guardian 3/7/12). Même Thatcher, qui a par ailleurs privatisé à tout va, hésitait au départ et jugeait « dangereuse » et « potentiellement irréalisable » la privatisation des chemins de fer. Evidemment, elle a par la suite changé d’avis.

Le transfert du « diamant de la Grande-Bretagne » à des sociétés privées ou à des sociétés publiques étrangères a eu d’autres conséquences encore plus tragiques.

Malgré l’augmentation initiale du trafic, due à des facteurs exogènes, le résultat a été essentiellement négatif. La qualité des services a beaucoup baissé, ceci étant dû au départ du personnel expérimenté et au manque de coordination des grandes entreprises, mis en évidence par la commission d’enquête réunie après l’accident de Hatfield. Il y a donc  eu une forte diminution du rapport qualité-prix, dans la mesure où les prix des billets ont augmenté (selon UBS, la Grande-Bretagne détient le record mondial dans ce domaine) et bien sûr il y a eu aussi un gigantesque déficit en matière de sécurité.

Concernant ce dernier point, remarquons que le rapport officiel sur l’accident de Paddington jetait un doute sur la capacité des sociétés à gérer les réseaux et les infrastructures dont elles avaient la charge. Rappelons également le rapport sur la sécurité des chemins de fer publié en août 2001 qui indiquait que « l’accroissement du danger pour les voyageurs […] est à son plus haut niveau depuis 1993 », c’est-à-dire depuis la privatisation.

Nous comprenons donc pourquoi, devant l’éventualité d’une reprivatisation de Network Rail, acteur public depuis 2014, le secrétaire général de l’Union des conducteurs de train, Mick Whelan, s’est déclaré inquiet de voir qu’«on envisage de revenir aux heures les plus sombres pour les chemins de fer de Grande-Bretagne ».

La Vieille Albion aurait-elle le monopole de la discussion sur la question de la transformation d’un bien public en monopole privé ? Ce serait oublier l’Argentine.

La privatisation des chemins de fer y a commencé sous la présidence de Carlos Memem, l’enfant obéissant de la Banque mondiale. Cette dernière, sachant que les bilans dans ce domaine affichaient un déficit de 355 millions de dollars par an, s’offrit à « venir en aide », à condition toutefois de liquider le réseau et de diminuer drastiquement le personnel.

La loi 23696/89 proclama donc le service des chemins de fer en état d’urgence et ouvrit ainsi la voie au privé, Memem quant à lui menaçant que « toute ligne où éclaterait une grève serait fermée ». Mais au-delà des menaces il y avait la tragique réalité. Elle s’est révélée lors des catastrophes de septembre 2011 et de février 2012 qui ont fait 62 morts, ou encore lors de celle d’octobre 2013 où 105 personnes ont été blessées.

Les passagers comme les syndicats ont désigné dans les trois cas les mesures néolibérales des années 90 comme responsables de ces accidents. L’état des chemins de fer sous contrôle privé s’est révélé caractérisé par une mauvaise gestion, une maintenance insuffisante, par la corruption, les mauvaises conditions d’hygiène et d’éclairage et par la précipitation et la mauvaise coordination des sociétés impliquées. Exactement comme en Grande-Bretagne. Tout ceci, joint aux épisodes de violence qui ont éclaté juste après l’accident de 2012, a obligé le gouvernement argentin à renationaliser le réseau en 2015.

De Londres à Buenos Aires et de là à Lisbonne, où la société Fertagus incite les citoyens à « bien manger pour ne pas s’évanouir et retarder ainsi les trajets », la privatisation des trains a échoué de manière retentissante. Et si certains continuent à soutenir la tactique répugnante de la vente du bien public, qu’ils lisent donc attentivement la réponse du Chief Financial Officer de la Deutsche Bahn, la compagnie nationale allemande des chemins de fer, lorsqu’on lui a demandé s’il était question de vendre ses deux filiales, Arriva et Shenker : « Pas question de faire adopter nos deux plus belles filles », a-t-il dit. Friedman a pleuré sur sa photo…

https://unitepopulaire-fr.org/2017/02/06/privatisation-des-chemins-de-fers-grecs-le-grand-bradage-a-litalienne/

Les défis pour la gauche dans la zone euro

unnamed

Article collectif présenté par plus de 70 co-signataires dont

Eric Toussaint , Jeanne Chevalier , Costas Lapavitsas , Stathis Kouvelakis , Christine Poupin , Zoe Konstantopoulou , Marina Albiol , Miguel Urbán Crespo , Alexis Cukier

Voici un texte co-signé par plus de 70 personnes actives dans de nombreux pays d’Europe (voir liste complète en bas de l’article). Ce texte collectif établit une analyse claire des rapports de force dans l’Union européenne et avance une série de propositions radicales mais nécessaires, pour quiconque prétend lutter contre l’austérité, en faveur d’une Europe des peuples et pour la transition écologique.

Ce qui fait l’importance de ce texte, outre son contenu, est qu’il est co-signé par des personnalités et des militant-e-s de plus de 15 pays européens, provenant de différents horizons : de Podemos et Izquierda Unida au Bloc de Gauche portugais, du Parti de Gauche au NPA en passant par Ensemble ! en France, de l’Unité populaire à Antarsya en Grèce, de la gauche radicale danoise à celle de Chypre en passant par celle de pays comme la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine ou la Hongrie. Il est signé par des député-e-s européen-ne-s de différents partis et de différents pays, par le responsable des finances de la Ville de Madrid, par l’ex-présidente du parlement grec, par une série de membres de la commission pour la vérité sur la dette grecque…

Les 10 propositions avancées dans ce texte résultent de l’analyse de la situation en Europe depuis 2010, de l’affrontement entre Syriza et la Troïka – car ce fut bien un affrontement – au premier semestre 2015 et de l’application des politiques d’austérité par Syriza depuis lors, mais aussi des expériences espagnoles, irlandaises ou chypriotes. Les événements récents ont clairement démontré la nécessité pour un gouvernement de gauche d’avoir le courage de désobéir aux injonctions des autorités et des traités européens. Cela doit s’accompagner d’une mobilisation populaire encouragée par le gouvernement et d’une série de mesures fortes : organiser un audit de la dette avec participation citoyenne, mettre en place un contrôle des mouvements de capitaux, socialiser le secteur financier et le secteur de l’énergie, réformer radicalement la fiscalité… Et bien sûr, avoir l’inévitable débat sur la zone euro, dont la sortie est une option qui doit être défendue au moins dans certains pays.

L’analyse objective des politiques européennes des dernières années nous amène invariablement à cette conclusion : seules des mesures souveraines et unilatérales fortes d’autodéfense permettront aux autorités nationales et aux peuples qui les ont mandatées pour rompre avec l’austérité de mettre en œuvre cette rupture et de donner une première réponse au problème de la dette illégitime.

À partir de mai 2010, la dette est devenue un thème central en Grèce et dans le reste de la zone euro. Le premier programme de 110 milliards d’euros mis au point par la Troïka, qui s’est constituée pour son élaboration et son exécution, a brutalement provoqué l’augmentation de la dette publique grecque. Le même processus s’est produit en Irlande (2010), au Portugal (2011), à Chypre (2013) et en Espagne sous une forme particulière. Les programmes avaient cinq objectifs fondamentaux :

  1. Permettre aux banques privées |1| de recevoir un soutien public afin de ne pas payer la facture de l’éclatement de la bulle du crédit privé qu’elles avaient créée et éviter une nouvelle crise financière privée internationale de grande ampleur |2|.
  2. Donner aux nouveaux créanciers publics |3| qui se sont substitués aux créanciers privés un pouvoir énorme de coercition sur les gouvernements et les institutions des pays périphériques afin d’imposer une politique faite d’austérité radicale, de dérèglementations (à l’encontre de toute une série de conquêtes sociales), de privatisations et de renforcement des pratiques autoritaires (voir le point 5).
  3. Préserver le périmètre de la zone euro (cela signifie maintenir dans la zone euro la Grèce et les autres pays de la périphérie) qui constitue un outil puissant aux mains des grandes entreprises privées européennes et des économies qui dominent cette zone.
  4. Faire de l’approfondissement des politiques néolibérales en Grèce en particulier, mais aussi dans les autres pays de la Périphérie, un exemple et un moyen de pression sur l’ensemble des populations européennes.
  5. Renforcer à l’échelle européenne (tant sur le plan de l’UE que dans chaque État membre) les formes autoritaires de gouvernement sans recourir directement à de nouvelles expériences de type fasciste, nazi, franquiste, salazariste ou du régime des colonels grecs (1967-1974) |4|.

Il faut tirer des leçons de l’échec de la politique adoptée par le gouvernement d’Alexis Tsipras en 2015 pour rompre avec l’austérité. De même, il faut prendre conscience des limites de l’expérience du gouvernement socialiste minoritaire d’Antonio Costa au Portugal |5|.

Pour une orientation alternative sur l’austérité, la dette, les banques et la zone euro Une orientation alternative et favorable aux intérêts des peuples doit à la fois porter sur l’austérité, sur la dette publique, sur les banques privées, sur la zone euro, sur l’opposition aux politiques autoritaires. Le bilan de la période 2010-2016 dans la zone euro est clair : il est impossible de sortir de l’austérité sans apporter des réponses au moins à ces 5 problématiques. Bien sûr, il faut ajouter que l’alternative doit aussi aborder d’autres problèmes, parmi lesquels la crise climatique et écologique, la crise humanitaire liée au renforcement de l’Europe forteresse (qui condamne chaque année à une mort certaine dans la Méditerranée ou ailleurs des milliers de candidats à l’immigration ou/et à l’asile), la crise au Proche Orient. Il s’agit également de lutter contre l’extrême-droite et la montée du racisme. Après l’élection de Donald Trump, mais aussi après l’apparition du mouvement radical qui s’est retrouvé dans la campagne de Bernie Sanders et qui est appelé à se battre en toute première ligne contre Trump et ses projets, la gauche radicale, les mouvements syndicaux, sociaux, féministes et écologiques européens doivent jeter des ponts vers les forces qui résistent aux États-Unis.

Une grande partie de la gauche radicale ayant une représentation parlementaire avait et a encore une perception erronée de l’intégration européenne au travers de l’UE et de la zone euro. Pour le dire simplement, elle voyait dans l’UE et la zone euro plus d’avantages que d’inconvénients. Elle considérait que tant l’UE que la zone euro étaient compatibles avec le retour à des politiques sociales-démocrates, avec un peu moins d’injustice, avec un peu de relance keynésienne.
Il est fondamental sur la base de l’expérience de l’année 2015 de renforcer le camp des forces qui n’entretiennent pas d’illusions sur l’UE et la zone euro et qui mettent en avant une authentique perspective écosocialiste de rupture avec l’UE telle qu’elle est constituée. Il faut partir du constat que l’UE et la zone euro ne sont pas réformables.

En 2015, chacun a pu faire le constat qu’il est impossible de convaincre, sur la base de la légitimité qu’offre le suffrage démocratique et par la simple discussion, la Commission européenne, le FMI, la BCE et les gouvernements néolibéraux au pouvoir dans les autres pays européens de prendre des mesures qui respectent les droits des citoyens grecs ainsi que ceux des peuples en général. Le référendum du 5 juillet 2015 qu’ils ont combattu avec le chantage et la coercition (à savoir la fermeture des banques grecques 5 jours avant le référendum) ne les a pas convaincus de la nécessité de faire des concessions. Au contraire, bafouant les droits démocratiques fondamentaux, ils ont radicalisé leurs exigences.

Certes, en principe, toute une série de mesures devraient et pourraient être prises à l’échelle européenne pour relancer l’économie, réduire l’injustice sociale, rendre soutenable le remboursement de la dette et redonner de l’oxygène à la démocratie. Yanis Varoufakis, en tant que ministre grec des finances, a fait en février 2015 des propositions qui allaient dans ce sens. Il s’agissait d’échanger la dette grecque contre deux nouveaux types d’obligations : 1. des obligations indexées sur la croissance ; 2. des obligations dites ‘perpétuelles’, au sens où la Grèce rembourserait uniquement les intérêts mais à perpétuité |6|. Les propositions de Varoufakis, bien que modérées et parfaitement réalisables, n’avaient, en réalité, aucune chance d’être acceptées par les autorités européennes.

La Commission, la BCE, le FESF ne veulent pas entendre les peuples C’est le cas de toute une série de propositions visant à alléger radicalement le poids de la dette de la Grèce comme celle de nombreux autres pays européens (par la mutualisation des dettes, par l’émission d’eurobonds, etc.). Techniquement, elles pourraient être mises en œuvre mais il faut bien constater que dans le contexte politique et avec les rapports de force qui prévalent dans l’Union européenne, les pays avec un gouvernement progressiste ne peuvent pas espérer être entendus, respectés et encore moins soutenus par la Commission européenne, la BCE, le Mécanisme européen de stabilité. La BCE a les moyens d’asphyxier le système bancaire d’un État membre de la zone euro en coupant l’accès des banques aux liquidités. Comme mentionné, elle en a fait usage en Grèce en 2015. L’Union bancaire et le pouvoir arbitraire de la BCE renforcent les moyens de coercition dont disposent les institutions européennes pour faire échouer une expérience de gauche.

Les traités sont devenus hyper contraignants en matière de dette et de déficit. Dans l’absolu, les autorités européennes, dont le conseil des ministres, pourraient décider d’y déroger en tenant compte de la situation de crise (ils l’ont déjà fait en faveur de gouvernements qui étaient de leur bord |7|) mais il est clair qu’ils n’en ont nullement l’intention. Au contraire, tant ces institutions que le FMI et les gouvernements néolibéraux en place dans les autres pays ont combattu activement le gouvernement grec alors que celui-ci faisait preuve d’une très grande modération (c’est le moins qu’on puisse dire). La plupart des médias et de nombreux dirigeants politiques européens ont pourtant présenté Alexis Tsipras et Yanis Varoufakis comme des rebelles, voire des radicaux anti-européens. La Troïka a combattu l’expérience en cours en Grèce entre janvier et juillet 2015 afin de démontrer à tous les peuples d’Europe qu’il n’y a pas d’alternatives au modèle capitaliste néolibéral.

La capitulation du gouvernement d’Alexis Tsipras 1 ne leur a pas suffi, les dirigeants européens et le FMI ont exigé et ont obtenu du gouvernement Tsipras II d’approfondir les politiques néolibérales en s’attaquant encore un peu plus au système de sécurité sociale, au système des retraites en particulier, en accélérant les privatisations, en imposant de multiples changements sur le plan juridique et législatif qui constituent des reculs structurels fondamentaux en faveur du grand capital et contre les biens communs |8|. Toutes ces nouvelles mesures et contre-réformes renforcent l’injustice et la précarité. Si les créanciers finissent par accorder un nouveau réaménagement de la dette |9|, ce sera à la condition de poursuivre le même type de politiques. Dans ce cas, une réduction de dette ne constituera en rien une victoire ou même une consolation. Ce sera seulement une mesure visant à garantir la poursuite des remboursements et tenter d’éviter une reprise vigoureuse des luttes sociales.

Une première conclusion s’impose : sans prendre des mesures souveraines et unilatérales fortes d’autodéfense, les autorités nationales et les peuples qui les ont mandatées pour rompre avec l’austérité ne pourront pas mettre fin à la violation des droits humains perpétrée à la demande des créanciers et des grandes entreprises privées.

Certains pourraient rétorquer que si un gouvernement de gauche venait au pouvoir à Madrid, il pourrait utiliser le poids de l’économie espagnole (4e économie de la zone euro à l’aune du PIB) dans la négociation avec les principaux gouvernements de la zone euro et obtenir des concessions que Tsipras ne pouvait pas obtenir. Quelles concessions ? La possibilité de relancer l’économie et l’emploi par des dépenses publiques massives et donc avec un déficit public considérable ? Berlin, la BCE et au moins 5 ou 6 autres capitales de la zone euro s’y opposeront ! La possibilité de prendre des mesures très fortes à l’égard des banques ? La BCE appuyée par la Commission rejettera cette option.

Ce qui est également sûr, c’est que si des forces de gauche radicale accédaient au gouvernement dans des pays comme le Portugal, Chypre, l’Irlande, la Slovénie, les 3 républiques baltes, ils n’auraient pas les moyens de convaincre la commission et la direction de la BCE de les laisser mettre fin à l’austérité, arrêter les privatisations et développer les services publics, réduire radicalement la dette… Ces gouvernements devront résister et prendre des mesures unilatérales pour défendre leur population. Et si plusieurs gouvernements de gauche se mettaient en place simultanément dans plusieurs pays de la zone euro et exigeaient ensemble une renégociation ? Bien sûr ce serait une très bonne chose mais cette possibilité est également à exclure ne fût-ce que pour des raisons de calendrier électoral.
Est-ce qu’un gouvernement de gauche au pouvoir à Paris, en cas de victoire de Mélenchon à la présidentielle de mai 2017 et des forces de gauche radicale aux législatives qui suivront, pourrait forcer à une réforme de l’euro ? C’est l’hypothèse de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon. On peut raisonnablement douter de cette possibilité. Admettons que JL Mélenchon accède à la présidence et constitue un gouvernement. Il voudra appliquer un ensemble de mesures de justice sociale et tenter d’obtenir une réforme de l’euro. Qu’est-ce qui serait possible ? Ce qui est tout à fait possible pour un gouvernement de gauche en France, c’est de désobéir aux traités et de faire respecter son choix mais il ne pourra pas obtenir une réforme profonde de la zone euro. Pour obtenir cela, il faudrait des victoires électorales simultanées tant dans les principaux pays que dans plusieurs pays de la périphérie. Ceci dit, il est clair qu’un gouvernement de la France insoumise et de ses alliés qui prendrait des mesures unilatérales en faveur de la population de la France et des peuples du monde (par exemple annuler de manière unilatérale les dettes de la Grèce et des pays dits en développement à l’égard de la France) pourrait jouer un rôle positif en Europe.

une stratégie internationaliste qui prône une intégration européenne des peuples En faisant ces constats, il ne s’agit pas de chercher une issue nationaliste à la crise. Tout autant que par le passé, il est nécessaire d’adopter une stratégie internationaliste et de prôner une intégration européenne des peuples opposée à la poursuite de l’intégration actuelle qui est totalement dominée par les intérêts du grand capital.

Les maillons faibles de la chaîne de domination intra-européenne se trouvent dans les pays périphériques. Si Syriza avait adopté une stratégie correcte, un tournant positif aurait pu être pris en 2015. Cela n’a pas été le cas. Les autres maillons faibles de la chaîne où la gauche radicale peut accéder au gouvernement dans les années à venir sont notamment l’Espagne et le Portugal. Peut-être est-ce également possible dans les années qui viennent en Irlande, en Slovénie, à Chypre etc. Cela dépendra de plusieurs facteurs : la capacité de la gauche radicale de tirer les leçons de l’année 2015 et d’avancer des propositions anticapitalistes et démocratiques qui entraînent l’adhésion… Cela dépendra sans le moindre doute du degré de mobilisation populaire… S’il n’y a pas une pression de la rue, des quartiers, des lieux de travail pour des changements réels et pour refuser les compromis boiteux, l’avenir sera glauque.


Dix propositions afin de ne pas reproduire la capitulation que nous avons connue en Grèce

Pour éviter de reproduire la capitulation que nous avons connue en Grèce en 2015, voici dix propositions pour la mobilisation sociale et l’action d’un gouvernement réellement au service du peuple à mettre en œuvre immédiatement et simultanément.


La première proposition est la nécessité, pour un gouvernement de gauche, de désobéir
, de manière très claire et annoncée au préalable, à la Commission européenne. Le parti qui prétend, ou la coalition de partis qui prétendent gouverner et, bien sûr, nous pensons à l’Espagne, devront refuser d’obéir, dès le début, aux exigences d’austérité, et s’engager à refuser l’équilibre budgétaire. Il faudra dire : « Nous ne respecterons pas l’obligation décrétée par les traités européens de respecter l’équilibre budgétaire parce que nous voulons augmenter les dépenses publiques pour lutter contre les mesures antisociales et d’austérité, et pour entreprendre la transition écologique ». Par conséquent, le premier point est de s’engager d’une manière claire et déterminée à désobéir. Après la capitulation grecque, il est essentiel d’abandonner l’illusion d’obtenir de la Commission européenne et des autres gouvernements européens qu’ils respectent la volonté populaire. Conserver cette illusion nous conduirait au désastre. Nous devons désobéir.


Deuxième point : S’engager à appeler à la mobilisation populaire.
Tant au niveau de chaque pays qu’au niveau européen. Cela aussi a échoué en 2015 en Grèce et en Europe. Il est évident que les mouvements sociaux européens ne furent pas à la hauteur en termes de manifestations, qui certes eurent lieu, mais ne montrèrent pas un niveau suffisant de solidarité avec le peuple grec. Mais il est vrai aussi que l’orientation stratégique de Syriza ne prévoyait pas de faire appel à la mobilisation populaire au niveau européen, ni même de faire appel à la mobilisation populaire en Grèce. Et quand le gouvernement de Tsipras a appelé à la mobilisation par le référendum du 5 Juillet 2015, ce fut pour ensuite ne pas respecter la volonté populaire de 61,5 % des Grecs, qui avaient refusé d’obéir aux exigences des créanciers et avaient rejeté leurs propositions.

Rappelons-nous qu’à partir de la fin février 2015 et jusque fin juin 2015, Yanis Varoufakis et Alexis Tsipras ont fait des déclarations qui visaient à convaincre l’opinion qu’un accord était en vue et que les choses s’arrangeaient. Imaginons au contraire qu’après chaque négociation importante, ils aient expliqué les enjeux, au travers de communiqués, par des déclarations orales aux médias, par des prises de parole sur les places publiques, devant le siège des institutions européennes à Bruxelles et ailleurs. Imaginons qu’ils aient fait la lumière sur ce qui se tramait, cela aurait abouti à des concentrations de milliers ou de dizaines de milliers de personnes, les réseaux sociaux auraient relayé à des centaines de milliers ou des millions de destinataires ce discours alternatif.


Troisième point : S’engager à organiser un audit de la dette avec la participation des citoyens.
Les situations dans les 28 pays de l’Union européenne sont différentes, de même bien sûr à l’intérieur de la zone euro. Il y a des pays européens où la suspension des remboursements est une mesure de nécessité absolue et prioritaire, comme dans le cas de la Grèce dans le but de répondre avant tout aux besoins sociaux et de garantir les droits humains fondamentaux. C’est aussi un élément clé d’une stratégie d’autodéfense. En Espagne, au Portugal, à Chypre, en Irlande, cela dépend du rapport de force et de la conjoncture. Dans d’autres pays, il est possible de réaliser d’abord l’audit et ensuite décider de la suspension des remboursements. Ces mesures doivent être mises en œuvre en tenant compte de la situation spécifique de chaque pays.


Quatrième mesure. Mettre en place un contrôle des mouvements de capitaux.
Et tenir compte de ce que cela signifie. C’est à dire aller à l’encontre de l’idée selon laquelle il serait interdit aux citoyens de transférer quelques centaines d’euros à l’étranger. Il est évident que les transactions financières internationales seront autorisées jusqu’à un certain montant. Par contre, il s’agit de mettre en place un contrôle strict sur les mouvements de capitaux au-dessus de ce montant.


Cinquième mesure : Socialiser le secteur financier et le secteur de l’énergie.
Socialiser le secteur financier ne consiste pas seulement à développer un pôle bancaire public. Il s’agit de décréter un monopole public sur le secteur financier, à savoir les banques et les sociétés d’assurance. Il s’agit d’une socialisation du secteur financier sous contrôle citoyen. C’est-à-dire transformer le secteur financier en service public |10|. Dans le cadre de la transition écologique, bien sûr, la socialisation du secteur de l’énergie est également une mesure prioritaire. Il ne peut y avoir de transition écologique sans monopole public sur le secteur de l’énergie, tant au niveau de la production que de la distribution.


Proposition numéro six : Création d’une monnaie complémentaire, non convertible et l’inévitable débat sur l’euro.
Que ce soit dans le cas d’une sortie de l’euro ou d’un maintien dans la zone euro, il est nécessaire de créer une monnaie complémentaire non convertible. Autrement dit, une monnaie qui sert, en circuit court, aux échanges à l’intérieur du pays. Par exemple, pour le paiement de l’augmentation des retraites, des augmentations de salaire aux fonctionnaires, pour le paiement des impôts, pour le paiement des services publics … Utiliser une monnaie complémentaire permet de se détacher et de sortir partiellement de la dictature de l’euro et de la Banque centrale européenne.

Bien sûr, on ne peut pas éviter le débat sur la zone euro. Dans plusieurs pays, la sortie de la zone euro est également une option qui doit être défendue par les partis, les syndicats, d’autres mouvements sociaux. Plusieurs pays de la zone euro ne pourront pas réellement rompre avec l’austérité et lancer une transition écosocialiste sans quitter la zone euro. Dans le cas d’une sortie de la zone euro, il faudrait soit mettre en œuvre une réforme monétaire redistributive |11| soit appliquer un impôt exceptionnel progressif au-dessus de 200 000 €. Cette proposition ne concerne que le patrimoine liquide, elle ne concerne donc pas le patrimoine immobilier (maisons, etc.) évoqué dans la septième mesure.


La septième mesure : une réforme radicale de la fiscalité.
Supprimer la TVA sur les biens et les services de consommation de base, comme la nourriture, l’électricité, le gaz et l’eau (pour ces trois derniers, jusqu’à un certain niveau de consommation par individu) |12|, et d’autres biens de première nécessité. Par contre, une augmentation de la TVA sur les biens et les produits de luxe, etc. Nous avons aussi besoin d’une augmentation des impôts sur les bénéfices des entreprises privées et des revenus au-dessus d’un certain niveau. Autrement dit, un impôt progressif sur les revenus et sur le patrimoine. La maison d’habitation devrait être exonérée d’impôt en dessous d’un certain montant qui varie en fonction de la composition du foyer. La réforme de la fiscalité doit produire des effets immédiats : une baisse très sensible des impôts indirects et directs pour la majorité de la population et une augmentation très sensible pour les 10 % les plus riches et pour les grandes entreprises. Enfin, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale serait intensifiée.


Huitième mesure : Déprivatisations.
« Racheter » les entreprises privatisées pour un euro symbolique. Ainsi, de ce point de vue, utiliser l’euro pourrait s’avérer très sympathique, en payant un euro symbolique à ceux qui ont profité des privatisations. Et renforcer et étendre les services publics sous contrôle citoyen.


Neuvième mesure : La mise en œuvre d’un vaste plan d’urgence pour la création d’emplois socialement utiles et pour la justice.
Réduire le temps de travail avec maintien des salaires. Abroger les lois antisociales et adopter des lois pour remédier à la situation de la dette hypothécaire abusive, des dispositions qui concernent en priorité des pays comme l’Espagne, l’Irlande, la Grèce… Cela pourrait très bien se résoudre par la loi, en évitant des procès (car il y a de nombreux procès sur la dette hypothécaire où les ménages sont confrontés aux banques). Un Parlement peut décréter par une loi l’annulation des dettes hypothécaires inférieures à 150 000 euros par exemple et mettre ainsi un terme à des procédures judiciaires. Il s’agit aussi de mettre en œuvre un vaste programme de dépenses publiques afin de relancer l’emploi et l’activité socialement utile en favorisant les circuits courts.


Dixième mesure : Entamer un véritable processus constituant.
Il ne s’agit pas de changements constitutionnels dans le cadre des institutions parlementaires actuelles. Il s’agirait de dissoudre le parlement et de convoquer l’élection au suffrage direct d’une Assemblée constituante. Et de rechercher à insérer ce processus dans d’autres processus constituants au niveau européen.

Ce sont dix propositions de base à soumettre au débat. Mais une chose est certaine, les mesures à prendre doivent aller à la racine des problèmes et elles doivent être appliquées simultanément car il faut un programme cohérent. En l’absence de la mise en œuvre de mesures radicales annoncées depuis le début, il n’y aura pas de rupture avec les politiques d’austérité. Il est impossible de rompre avec les politiques d’austérité sans prendre des mesures radicales contre le grand capital. Ceux qui pensent que l’on peut éviter cela sont des « enfumeurs » qui ne pourront pas obtenir de réelles avancées concrètes. Au niveau européen, la nature de l’architecture européenne et l’ampleur de la crise du capitalisme font qu’il n’y a pas de réel espace pour des politiques productivistes néo-keynésiennes. L’écosocialisme ne doit pas être à la marge mais au cœur du débat, d’où doivent venir les propositions immédiates et concrètes. Il faut mener à bien la lutte contre l’austérité et se lancer sur le chemin de l’anticapitalisme. La transition écosocialiste est une nécessité absolue et immédiate.


Liste des signataires

ALLEMAGNE

Angela Klein, revue SOZ

AUTRICHE

Christian Zeller, professeur de géographie économique, Université de Salzburg

BOSNIE-HERZÉGOVINE

Tijana Okic, philosophe

BELGIQUE

Olivier Bonfond, économiste, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Jean-Claude Deroubaix, sociologue à l’Université de Mons
Mauro Gasparini, LCR/SAP
Corinne Gobin, politologue à l’ULB
Herman Michiel, éditeur de la revue Ander Europa
Christine Pagnoulle, prof. honoraire Université de Liège, présidente ATTAC-Liège
Éric Toussaint, porte-parole du CADTM international, coordinateur scientifique de la commission pour la vérité sur la dette grecque

CHYPRE

Stavros Tombazos, économiste, prof. universitaire, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque

DANEMARK

Soren Sondergaard, député, ex-député européen

ESPAGNE

Daniel Albarracín, économiste et sociologue, Podemos, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Marina Albiol, Eurodéputée de Izquierda Unida et porte-parole la délégation de la Gauche plurielle au parlement européen.
Yago Álvarez, activiste, membre de la plate-forme d’audit citoyen de la dette -PACD PACD
Josep Maria Antentas, professeur de sociologie de l’Université Autonome de Barcelone (UAB).
Rommy Arce, conseillère municipale de Madrid, membre de la coalition Ahora Madrid et de Podemos
Raúl Camargo, Secrétaire Politique de Podemos de la Communauté de Madrid y Député de celle-ci. Militant de Anticapitalistas
Sergi Cutillas, économiste de Ekona. Membre du Groupe promoteur du nouveau mouvement politique catalan Un País En Comú, Catalunya, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Jérôme Duval, membre du CADTM et de la PACD
Manolo Gari, économiste, activiste écosocialiste, militant de Anticapitalistas y membro de Podemos
Fátima Martín, journaliste, membre du CADTM et de la PACD
Teresa Rodríguez, députée andalouse, ex-eurodéputée, porte-parole de Podemos Andalucía.
Carlos Sanchez Mato, conseiller municipal et responsable des finances de la mairie de Madrid
Miguel Urbán, eurodéputé Podemos

FRANCE

Olivier Besancenot, porte-parole du NPA
Jeanne Chevalier, Parti de Gauche (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Eric Coquerel, coordinateur politique du Parti de Gauche (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Pierre Cours-Salies, professeur de sociologie à l’Université Paris 8, Ensemble !
Léon Crémieux, NPA
Alexis Cukier – Ensemble ! EReNSEP
Pascal Franchet, président CADTM France
Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic
Djordje Kuzmanovic, Parti de Gauche (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Jan Malewski, rédacteur de la revue Inprecor
Myriam Martin et Jean-François Pellissier, porte-paroles d’Ensemble !
Corinne Morel Darleux, Parti de Gauche (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Christine Poupin, porte-parole NPA
Catherine Samary, économiste, membre d’ATTAC France
Patrick Saurin, syndicaliste SUD, membre du CADTM et de la commission pour la vérité sur la dette grecque

GRÈCE

Tassos Anastassiadis, sociologue et journaliste (Antarsya)
Aris Chatzistefanou, réalisateur des documentaires Debtocracy et Catastroika
Nikos Chountis, eurodéputé Unité Populaire, ex-député européen, ex-vice ministre dans le premier gouvernement de Tsipras
Zoe Konstantopoulou, ex-présidente du parlement grec, fondatrice du mouvement politique Plefsi Eleftherias, présidente de la commission pour la vérité sur la dette grecque (souscrit aux 10 propositions mais pas à l’introduction)
Stathis Kouvelakis, King’s College London, Unité Populaire
Costas Lapavitsas, économiste, SOAS University of London, EReNSEP
Spyros Marchetos, Université Aristote de Thessalonique, membre d’Antarsya, membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Yorgos Mitralias, Greeks for Bernie’s Mass Movement – CADTM Grèce ; membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque
Antonis Ntavanelos, RedNetwork, Unité Populaire
Leonidas Vatikiotis, periodista (Antarsya), membre de la commission pour la vérité sur la dette grecque

HONGRIE

Judit Morva, économiste, rédactrice de la revue BALMIX

ITALIE

Gigi Malabarba, ouvrier RiMaflow en autogestion – Fuorimercato, ex-sénateur, Communia Network, Italie
Checchino Antonini, directeur de la revue « L’Anticapitalista »

LUXEMBOURG

Justin Turpel, ancien député déi Lénk – la Gauche
David Wagner, Député déi Lénk – la Gauche

POLOGNE

Zbigniew Marcin Kowalewski, journaliste
Dariusz Zalega, journaliste

PORTUGAL

Francisco Louça, économiste, Bloc de Gauche, ex-député. Emet émet certaines réserves sur quelques aspects techniques des 10 propositions.
Alda Sousa, Université de Porto, ex-eurodéputée, Bloc de Gauche
Rui Viana Pereira, designer sonore, membre du CADPP (Portugal)

ROYAUME UNI

Penelope Duggan, Editrice de la revue International Viewpoint
Susan Pashkoff, Left Unity, Economic Policy Commission
Alan Thornett, Socialist Resistance in Britain

SERBIE

Andreja Zivkovic, chercheur

SLOVÉNIE

Maja Breznik, chercheuse
Rastko Močnik, sociologue, prof universitaire

SUISSE

Jean Batou, député Solidarités Genève, prof. Université de Lausanne

Publié ce 9 février en français sur
http://www.cadtm.org/Les-defis-pour-la-gauche-dans-la

Notes

|1| Dans le cas de la Grèce, il s’agissait des banques grecques, françaises, allemandes, belges et hollandaises principalement (une quinzaine de grandes banques privées pour donner une idée approximative). Pour une analyse détaillée voir Rapport préliminaire de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, juin 2015, chapitres 1 et 2, http://www.cadtm.org/Rapport-prelim… ; Intervention d’Éric Toussaint à la présentation du rapport préliminaire de la Commission de la vérité le 17 juin 2015, http://www.cadtm.org/Intervention-d… ; voir aussi « Grèce : Les banques sont à l’origine de la crise », publié le 23 décembre 2016, http://www.cadtm.org/Grece-Les-banq…
Enfin voir : Documents secrets du FMI sur la Grèce avec commentaires d’Éric Toussaint (CADTM), http://www.cadtm.org/Documents-secr…

|2| À cette époque, les activités de plusieurs des grandes banques françaises, allemandes, hollandaises, belges, etc. concernées étaient fortement imbriquées avec les marchés financiers aux États-Unis et avec les plus grandes banques des États-Unis et du Royaume-Uni. En plus, et c’est lié, elles avaient accès à une importante ligne de crédit offerte par la Réserve fédérale des États-Unis, d’où l’intérêt porté par l’administration de Barack Obama à la crise grecque et irlandaise, et plus généralement à la crise bancaire européenne.

|3| Dans le cas de la Grèce, il s’agissait de 14 États de la zone euro « représentés » par la Commission européenne, le FESF –Fonds européen de stabilité financière- (auquel a succédé le MES –Mécanisme européen de stabilité), la BCE et le FMI.

|4| Ce dernier aspect est souvent insuffisamment pris en compte car l’accent est mis sur les aspects économiques et sociaux. La tendance autoritaire à l’intérieur de l’UE et de la zone euro est pourtant à la fois un enjeu central et un objectif poursuivi de manière délibérée par la Commission européenne et le grand capital. Cela touche le renforcement du pouvoir exécutif, le recours à des procédures expéditives de vote, la violation ou la limitation d’une série de droits, le non-respect des choix des électeurs, l’augmentation de la répression de la protestation sociale…

|5| Lors des élections législatives du 4 octobre 2015, les forces de gauche, ont obtenu la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale : le PS venait en deuxième position, avec 32,4 % ; le Bloco de Esquerda (Bloc de gauche), est arrivé en troisième position avec 10,3 %, et 19 députés (8 en 2011) ; le PCP gagne un siège et dispose de 15 députés ; le parti vert, PEV reste inchangé avec 2 sièges.1 Un accord de gouvernement a été conclu en novembre 2015 : le PS gouverne seul et les deux autres partis plus radicaux (BE et PCP), tout en refusant d’entrer au gouvernement, soutiennent au Parlement ses décisions quand elles leur conviennent.

|6| Cf. : http://www.latribune.fr/actualites/…

|7| Pour ne citer que quelques exemples : la France de Nicolas Sarkozy et l’Allemagne d’Angela Merkel n’ont pas été sanctionnées malgré le non-respect de leurs obligations en matière de déficit ; plus récemment, la Commission a été également laxiste à l’égard du gouvernement de Mariano Rajoy en 2015 et en 2016.

|8| Modification de la législation afin qu’en cas de faillite d’une entreprise, les banques créancières passent avant les salariés et les retraités -de l’entreprise- (été 2015) ; marginalisation complète des pouvoirs publics dans l’actionnariat des banques (décembre 2015) ; pouvoir accru de l’organisme indépendant de collecte des impôts ; nouveaux reculs dans le régime des retraites ; nouveaux reculs dans le code du travail ; instauration d’un mécanisme de coupes budgétaires automatiques en cas d’écart des objectifs d’excédents budgétaires inscrits dans le marbre du 3e Mémorandum. On constate également une aggravation de l’endettement des ménages.

|9| La dette a déjà été restructurée en 2012. Les autorités européennes avaient annoncé une réduction de 50 % de la dette grecque. En réalité, l’augmentation de la dette a repris de plus belle aussitôt après la restructuration. Les mesures annoncées en décembre 2016 constituent une véritable comédie (voir Michel Husson http://www.cadtm.org/Grece-allegeme… )

|10| Pour une explication à propos de la socialisation des banques, voir Que faire des banques ? Version 2.0, http://www.cadtm.org/Que-faire-des-…

|11| En appliquant un taux de change progressif au passage de l’euro à la nouvelle monnaie on diminuerait le liquide en possession du 1 % le plus riche et redistribuerait la richesse liquide aux ménages.

|12| Cela peut être combiné avec des mesures de gratuité sur la consommation d’eau, d’électricité, de gaz, etc. par individu et jusqu’à un certain niveau de consommation.

VioMe 4 ans de luttes

4 ANS DE LUTTES : LES VIO ME PARTICIPENT AU WEEK END DES « SANS INTERMÉDIAIRES 

« Quatre ans de lutte continue pour la légalisation de notre fonctionnement, quatre années de lutte continue pour l’émancipation des travailleurs impliqués et de la classe ouvrière tout entière, au sein des luttes contre les licenciements et la solidarité où nous décidons tous ensemble le sens du combat, quatre années à essayer de prouver que nous pouvons faire et même mieux qu’eux! « 

Ce week-end les travailleurs de VIO.ME. soutiennent et participent aux « marchés sans intermédiaires »:
– Samedi 4/2: à Kaisariani , à Palio Faliro, à Lamia , Espace Parking en face de l’entrée de l’exposition panhellénique Lamia, 9:00 à 13 heures
– Dimanche 5/2: à Halandri ,à New Philadelphia ,à Saint – Pétersbourg ,au Pirée , à Exarchia , à Kozani , à Kalamaria .

Les Vio Me organisent diverses réunions « 4 ans d’autogestion » :
– à Athènes , le vendredi17 Février 19:00. dans Psarron Station 33
– à Thessalonique samedi 18 Février à 11 heures en ESIEMTH, rue du général Kallari 5,
– une Grande fête le dimanche, 19 Février à l’usine avec les producteurs, un marché et une fête avec de la musique live.

« Les gouvernements tombent , mais les luttes demeurent!  Quatre ans d’autogestion à VIO.ME »

Cela fait cinq ans et demi que les propriétaires de l’usine sont partis, les travailleurs de Vio Me ont depuis occupé l’usine en protégeant leur outil de travail pour assurer l’existence de l’usine et depuis deux ans fonctionnent avec une autre philosophie pour le bénéfice des travailleurs et non celui des patrons. Depuis cette philosophie a commencé à prendre forme et pas seulement des mots écrits sur le papier.

Quatre ans de lutte continue pour la légalisation de notre fonctionnement, quatre années de lutte continue pour l’émancipation des travailleurs impliqués et de la classe ouvrière tout entière, au sein des luttes contre les licenciements et la solidarité où nous décidons tous ensemble le sens du combat, quatre années à essayer de prouver que nous pouvons faire et même mieux qu’eux!

Quatre années où théoriquement il y’a un gouvernement élu du parlement grec. Bien qu’ici nous avons à dire que, dès le début de la lutte jusqu’à aujourd’hui, nous avons vu six gouvernements différents. Et cela est encore une autre preuve que ,nous les travailleurs, nous pouvons mieux gérer, quand nous mettons des objectifs , que nos dirigeants.

Ces dirigeants qui sont au pouvoir et décident pour notre propre bien, le bien de tous! Ceux qui quand ils sont hors des centres de décision disent que le droit est de notre côté et quand vous avez besoin de prendre des décisions n’ont pas de réponses.

Pour cela, nous répondons et exigeons: immédiatement, sans entrave, l’exploitation légale de l’usine de VIO.ME, et , à l’exception du terrain sur lequel se trouve l’usine, sa cession pour la coopérative des travailleurs afin de préserver les emplois. En particulier, le terrain et le bâtiment qui ont été exclus de la vente aux enchères, pour attribution directe à la production de produits naturels et biologiques. Et bien sûr, faciliter le démarrage de la génération précédente pour la création de nouveaux emplois. Et que cela soit fait pour toutes les usines abandonnées où les employés veulent y travailler.

Mettons notre énergie tous ensemble, combattants, ouvriers et militants solidaires, en vue de relancer les cheminées des usines, pour redémarrer les machines et sentir la sueur sur notre front et pouvoir nourrir nos familles avec des salaires. Mais cette fois avec une différence fondamentale, des salaires de la liberté plutôt que l’esclavage! Des salaires qui respectent les personnes et l’environnement!

les employés de VIO.ME en lutte.


Suivez prochainement les actions du collectif de Grenoble pour soutenir les VioMe.

OJ Réunion du collectif du 13 février 2017

La prochaine réunion du collectif aura lieu  lundi 13  février 2017 à 17h salle 200 à la Maison des associations, 6 rue Berthe de Boissieux à Grenoble.

Ordre du jour

– Retour sur la rencontre interrégionale du 11 février avec le CSPG de Lyon,

– Organisation de la soirée du lundi 10 avril au club  autour du film  » Aube dorée : une affaire personnelle » et débat en présence d’Angélique Kourounis,

– Organisation du lancement de la commande groupée des produits VioMe,

–  Organisation de la soirée du 29 mars 2017 à la MDA avec le film « Next stop utopia »qui raconte l’histoire de la lutte des VioMe,

– Coordination de la collecte pour le convoi solidaire au départ de Chambéry en mars en direction des camps de réfugiés,

– Point sur les collectes et envoi de médicaments.

Regard sur la crise grecque

 Panagiotis  Grigouriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque .

Salle d’attente

Bas monde, beau meuble rongé par la vermine. Elle, qui domine encore jusqu’aux derniers anicroches démocratiques subsistants, à deux secondes historiques près avant leur suppression. Cette “vermine” de l’élitocratie totalitaire mondialiste n’a pas encore tout osé. En attendant, elle servira aux prétendus électeurs son ultime (?) vermicelle, vomissure alors rejetée depuis les entrailles du système déjà suffisamment hybrique. Ce vermicelle politique justement, il avait été savamment servi en Grèce au moment des dernières élections de l’avant la Troïka (2009) sous le nom de Yórgos Papandréou. En France par exemple et en 2017, cette même pitance se nomme (d’abord) Emmanuel Macron. En Espagne ce serait du… jeûne Mariano Rajoy jusqu’au bout. Comme diraient les Italiens, “sordidezza”.

Propagande européiste. Salle d’attente d’un cabinet médical, Athènes, janvier 2017

Durant ces deux dernières semaines en Grèce, c’est l’incertitude qui sévit et alors la grippe, plus les scenarii requinqués sur le GREXIT et sur le retour… annoncé de la drachme. Les supposées négociations avec la Troïka seraient gelées, les cyniques hybridocrates du “gouvernement” SYRIZA/ANEL ne savent plus que faire pour persister au pouvoir… lorsque le quatrième mémorandum et la mort se profilent si clairement à l’horizon du naufrage.

Le ministrion (Finances) Tsakalotos se montre visiblement irrité, et finalement même contre son propre camp (séance au “Parlement” du 01/02). Il quittera peut-être… cette arche de la nausée avant le mémorandum 4. Peu importe en réalité. Tout semble suspendu à la décision du FMI. “Rester ou pas dans le programme grec”. “Programme grec” comme jadis “solution finale” toute proportion gardée, d’après la novlangue, celle que les journalistes “autorisés” boivent et régurgitent déjà avec leur tout premier lait.

Dans une salle d’attente d’un cabinet médical… bien fréquentée en ce moment par obligation grippale, un téléviseur reste allumé, le son est réglé bas. On y découvre pour une énième fois la propagande européiste sous forme de pseudo-documentaire consacré “aux institutions démocratiques de l’UE”, le film est évidemment produit et financé par ces mêmes “nazis bleus” de Bruxelles et de Strasbourg. Les patients, déjà malades de la grippe de saison suivent ainsi l’émission sous un œil ironique.

Revue actuelle. Cabinet médical, Athènes, janvier 2017
Façade à Athènes. Temps de crise 2010-2017
“Le plafond… a été atteint”. Cabinet médical, Athènes, janvier 2017

Ensuite, vint le moment des… actualités, la présentatrice-journaliste au look imposé de la bimbo-prostituée (et ce n’est pas un hasard non plus), sous un timbre fort dramatique, montre, images à l’appui, les “premières bourdes de l’administration Trump, ainsi que la mobilisation des démocrates aux États-Unis et ailleurs contre le nouveau Président US”. La salle d’attente se réveille, un jeune homme lance: “Salopards, laissez-le faire ce qu’il a dit. Bouffons de manifestants financés par Soros !”. La salle approuve, fièvre ou non. Par la suite, c’est l’habituel (depuis 2010) matraquage journalistique (et mitraillage psychologique d’abord visant à miner la résistance des citoyens), déversant l’annonce en cascade de nouvelles mesures dans la mise-à-mort (“d’austérité” d’après la novlangue).

Taxes et impôts galopants, obligation faite de payer par CB (voir également mon intervention à ce sujet sur le site “Insolentiae” ici ), déremboursement accru en cascade sur les médicaments et sur les dépenses de santé, “car sinon, le programme ne passera pas et nos créanciers nous couperont les liquidités nécessaires au remboursement des prochaines échéances”. Les scénaristes du journal télévisé ont ensuite enchainée sur un reportage, issu de la commémoration à Athènes de l’Holocauste et des 6 millions de victimes. “Tiens, encore les Allemands. Ils ont brûlé nos Israelites, comme tous les autres. À présent ils nous brûlent ici par l’économie et avec l’euro”. Europe… immense salle d’attente !

Les peuples… même affectés de grippe, n’ont pas forcément la mémoire courte. Et dans la salle d’attente d’un médecin grec, les psychotropes journalistiques auront resté sans grand effet. Tout comme les arguments des revues consultables, par exemple sur la prétendue “Good Life”. Sur la table basse ; une simple page format A4 placée en évidence, informe les patients du jour (comme de chaque jour) que “le plafond en nombre de patients que la Sécurité Sociale rembourse a été atteint. Toute consultation au-delà de ce plafond, elle sera alors encaissée (non remboursée)”.

Rue de la Théorie. Athènes, janvier 2017
La vie des Durrell à Corfou. Série télévisée. Revue. Athènes, janvier 2017
La… NASA grecque sous SYRIZA. Quotidien “Kathimeriní”, janvier 2017

Décryptage: en Grèce, chaque médecin conventionné (depuis le mémorandum II/III) ne peut recevoir qu’un nombre très restreint de “patients remboursables” (3 à 5 par jour dans la pratique). Au-delà ; les autres patients, ceux qui auront pris leurs rendez-vous après le… basculement et alors même “assurés” et cotisants, ils doivent régler la consultation et ils ne seront pas remboursés. Leur cas sort ainsi du cadre de la Sécurité Sociale… pour cause de quotas, ils devront tout simplement payer ou sinon… ne plus être examinés par un médecin.

Et quant aux autres (plus de 3 millions de Grecs tout de même) ceux non-assurés, c’est également sauve qui paye ! À l’ouverture de la porte, la… patiente sortante quitte le médecin alors sceptique. Nous pensions tous dans cette salle d’attente que c’était à cause de notre bien commune grippe. “Madame, lui dit-il le praticien, le système informatique indique qu’à partir du mois de mars la Sécurité Sociale vous… jettera”. “Que se passera-t-il, je suis au chômage docteur… Allons-nous être pris en charge d’une manière ou d’une autre ?” “Je suis désolé Madame, Dieu seul le sait !

Nouvelle pauvreté. Athènes années 2010-2017

Pas de commentaire dans la salle d’attente. Il n’y a plus rien à commenter en Grèce dans pareils cas… globaux et plus du tout théoriques. Dans la rue en sortant, sur les trottoirs on y découdrait de petits tracts du parti de l’Aube Dorée et du néonazisme grippal avéré: “Indépendance Nationale”. Aspiration d’un tout un peuple, exprimée si largement lors du référendum du “NON” à 62% en 2015 sous… la trahison programmée des Syrizistes.

En ce moment, l’Aube Dorée espère… visiblement capitaliser les suites. Les sondages la placent durablement à la troisième place (5,6% !) dans les attentions de vote (SYRIZA 15% et Nouvelle démocratie 25%), ce qui en dit long de la putréfaction du système politique grec.

Tract de l’Aube Dorée. Athènes, janvier 2017
Le “Parlement”… comme une île. Presse grecque, temps de crise (2010-2017)
“Urne”. Athènes, temps de crise, 2010-2017

Pourtant, sous l’Acropole le sentier de la Théorie en honneur à nos philosophes semble toujours praticable, sauf que nos pratiques se délitent. Les patients du mouroir économique (et mouroir tout court) grec en sont conscients, il y a que les médiocrates et les politiciens qui poursuivent en orbite… caste humaine alors devenue de plus en plus… hors-sol.

Dans une revue comme dans l’attente, le reportage consacré sur la série télévisée inspirée de la vie des Durrell à Corfou, se focalisant surtout sur la biographie de l’écrivain britannique Lawrence Durrell “amoureux inconditionnel de la Grèce”. Pas une ligne pourtant sur le rôle de Lawrence Durrell, agent de renseignement britannique au service de la répression coloniale à Chypre dans les années 1950. Pourtant, tout est clairement conté (et argumenté) à la lecture du carnet personnel de son ex-ami (déjà), le grand poète Yórgos Seféris (première édition en grec en 1986).

La salle d’attente, comme d’ailleurs partout en Grèce, l’opinion commune a si bien rigolé de la décision gouvernementale présentée à maintes reprises aux informations sur l’annonce faite par le gouvernement, celle de la mise en place… d’une Agence Spatiale grecque. Depuis, toute la Grèce ironise sur cette “NASA grecque”. “C’est pour que SYRIZA et les autres puissent quitter le Parlement au moment de l’effondrement”, peut-on entendre parfois lorsque les messages des auditeurs passent en direct à la radio. Du moins par moment, nous avons toujours conservé une certaine capacité à fabriquer le rire… c’est toujours signe de vie.

Dimítris Christoúlas au matin du 4 avril 2012. Athènes, Place de la Constitution
Monument du Soldat Inconnu. Place de la Constitution à Athènes
Au… Citoyen Inconnu. Sur l’arbre de Dimitri. Athènes, Place de la Constitution, 2014

Le vermicelle politique pourtant, est toujours là, prêt à être servi. Après la série de suicides politiques entre 2012 et 2014, dont celui du retraité-pharmacien Dimítris Christoúlas Place de la Constitution en 2012 en est depuis le symbole, le calendrier de la Resistance avait été savamment “électoralisé”. Une fois le premier vermicelle Papandréou avalé, les Grecs estomaqués remplirent aussitôt les rues et les places par de manifestations très dynamiques contre l’Occupation germano-troïkanne. Et le système a su de son côté trouver comment transformer l’attente et surtout la suite logique SYRIZA… en couloir de la mort, avec toute la complicité active des principaux intéressés, les autres partis – même de l’opposition – ayant joué leur propre rôle.

Ce couloir de la mort dans lequel nous nous trouvons toujours, a déjà causé en Grèce la mort de la Gauche (de toute la Gauche), ainsi que le discrédit final du système politique, voire, celui du système à la Démocratie hémorragique généralisé presque à tous les étages. Bas monde, beau meuble rongé par la vermine, la parodie en plus.

Manifestants et indignés. Athènes, 2011

Alexis Tsipras dont l’épouse Peristéra aurait enfin trouvé un poste universitaire non sans un coup de pouce, et dont l’ami proche, le rebelle-bohème sans profession Karanikas deviendra son conseiller embauché, au style certes inimitable, voilà pour la parodie, hélas payante. Parodie toujours, ces piètres dizaines d’individus issus des décombres des organisations de jeunesse SYRIZA, ayant manifesté l’autre soir devant l’Ambassade des États-Unis… contre Donald Trump.

En Grèce il faut dire, les partisans les plus fervents des mondialisateurs n’ont pas trouvé grand monde pour manifester de la sorte, hormis ceux des ONG et autres structures sponsorisées (ouvertement ou pas) par le financier Soros, les organisateurs ont même mobilisé les migrants des campements d’Attique, Parodie toujours.

Karanikas, ami et conseiller d’Alexis Tsipras. Presse grecque, janvier 2017
Jeunesse SYRIZA devant l’Ambassade des États-Unis. Athènes, janvier 2017, presse grecque
Athènes… sous l’européisme. Temps actuel

L’hiver finira par s’adoucir et la grippe passera. En mer Égée, l’aviation et la marine de la Turquie multiplient les violations de l’espace maritime et aérien grecs. Il y a quelques jours, une corvette turque embarquant la crème l’État-major des forces armées du pays d’Erdogan a fait le tour de l’îlot grec Imia que l’élite turque revendique (comme pratiquement la moitié des Balkans, de la Syrie, de l’Irak… et du Caucase). Les forces armées grecques sont aussi en état d’alerte. Tétanisés par le RCO (Régime de la Crise Obligatoire), les Grecs pourtant observent cette situation et mesurent (si possible) le danger.

L’élitocratie totalitaire mondialiste n’a pas encore tout osé, sauf qu’elle ambitionne clairement la mise-à-mort pure et simple des pays, des États, des nations, des souverainetés et des démocraties. En ce temps de la grippe et du vermicelle politique, la vraie fracture ne sera même plus celle entre nos gauches et nos droites. Au risque calculé (?) de faire exploser (ou imploser) tous les systèmes politiques. Comme diraient nos amis Italiens, “sordidezza”, mais nous y sommes.

Se remettant lentement de… sa grippe authentique, Greek Crisis reprend ses textes comme il le peut, dont l’écriture est d’ailleurs… étroitement surveillée. Vivement le Printemps.

Greek Crisis, dont l’écriture… est étroitement surveillée. Athènes, février 2017

* Photo de couverture: Athènes, temps de crise, 2010-2017

 

Total : lancement de forages gaziers en Grèce

La découverte d’importantes ressources naturelles en Israël et en Egypte a motivé les grandes entreprises à s’intéresser à la Méditerranée orientale proche. La société d’exploration pétrolière française Total débute son forage exploratoire marin au large de Chypre.

Suite à la première découverte du gisement Zohr (gisement de gaz en mer méditerranée) en Egypte, les experts estiment que les chances pour découvrir des gisements similaires à Chypre sont considérables.

3 entreprises ont bénéficié, par Chypre, de licences d’exploitation : Total, Exxonmobil et Eni.

Total prévoit également de lancer des activités de forage similaires en Grèce en mer Ionienne. Une délégation a été reçue il y a quelques semaines par les membres du gouvernement grec pour évoquer ces opérations. .

Cependant, l’impact de Zohr pourrait aller bien au-delà des frontières de l’Egypte, en raison de son emplacement et son infrastructure géographique.

Zohr est situé à seulement 90 kms d’Aphrodite, à seulement 7 km au large de Léviathan. Cette proximité pourrait permettre un développement coordonné et ouvrir de substantielles économies pour la réalisation d’une infrastructure d’exportation de gaz compétitive.

La création d’un nouveau pôle d’échange gazier en Méditerranée orientale présenterait des avantages pour tous les acteurs impliqués, mais également une belle opportunité pour l’Europe  où les importations de gaz indexées sur les besoins vont croître à compter de 2020 en raison de la baisse de la production nationale et l’expiration des contrats à long terme avec la Norvège et la Russie.

L’UE se prépare à soutenir un programme de coopération visant à développer une plate-forme de gaz en Méditerranée orientale, pour des considérations de politique énergétique mais aussi de politique étrangère.

 En terme de politique énergétique, cette initiative pourrait ouvrir une  stratégie de diversification dans l’approvisionnement de l’UE. En terme de politique étrangère, cela permettra une collaboration internationale dans un domaine qui présente actuellement très peu de possibilité de coopération.

Zohr en langue arabe signifie « prospérité ». 

http://www.lepetitjournal.com/athenes/economie/actu-economie/269716-total-lance-ses-forages-gaziers-en-grece

Des nouvelles du convoi solidaire

Mission accomplie ! par Yannis Youlontas 

TOUS LES COLIS ET SOUTIENS ONT ÉTÉ TRANSMIS

L’hiver continue à battre des records de froid à Athènes et dans certaines régions de Grèce. Quatre réfugiés sont morts en moins d’une semaine à Lesbos et Samos. Les révoltes se multiplient dans les camps en mer Égée contre les mauvais traitements (alimentation insuffisante et dégoûtante, communs insalubres, douches froides, tentes glacées…) et, dans celui de Corinthe, à l’ouest d’Athènes, une grève de la faim commence à s’étendre.

Le plus célèbre des grévistes de la faim parmi les réfugiés est actuellement Mohammed A., un opposant politique égyptien qui craint pour sa vie en cas d’expulsion vers son pays d’origine et attend un geste du gouvernement grec, depuis sa chambre d’hôpital de Mytilène, à Lesbos.

Sitôt arrivés en Grèce avec mes camarades au volant de trois fourgons et d’une remorque(1)(2), nous avons transmis des couvertures, des colis et, surtout, des soutiens financiers pour nos collectifs de luttes égéens qui agissent sur le terrain, exfiltrent et parfois cachent des réfugiés dans des familles grecques insulaires.

A Athènes, par la suite, nous avons distribué une grosse partie de notre chargement aux trois principaux squats de réfugiés d’Exarcheia : Notara 26 (le plus ancien à Athènes, ouvert en septembre 2015 et brulé par les fascistes en août 2016), Spirou Trikoupi 17 (ouvert en septembre 2016) et Kaningos (ouvert en décembre 2016). Parmi les colis : de nombreuses boites de lait infantile (leurs stocks étaient au plus bas), des fournitures en puériculture, des soins pour bébés ou encore plus de 5000 couches pour tous les âges. Nous avons également transmis des soutiens financiers à ces trois squats ainsi qu’à une dizaine d’autres lieux, dont la structure pour les réfugiés de Mikropolis à Thessalonique, la cuisine sociale L’autre Humain (qui a cuisiné avant-hier pour les sans-abris du centre d’Athènes sous les fenêtres des bureaux de SYRIZA en signe de protestation) ou encore des lieux en train de faire peau neuve comme le Nosotros à Exarcheia.

Parmi les autres lieux soutenus, deux dispensaires médicaux autogérés : celui de Pédion Aréos (qui intervient surtout auprès des réfugiés et des sans-abris) et celui d’Exarcheia (ADYE) qui fait partie des lieux que nous soutenons régulièrement depuis leur création, de film en film, et qui a également développé une action médicale de rue, sur les places Victoria et Agios Pantélémonas, une zone autrefois tenue par les néo-nazis.

Sur les conseils de plusieurs camarades, nous avons également soutenu trois militants en grandes difficultés, deux familles récemment expulsées et trois mineurs isolés dont un jeune orphelin ivoirien de 16 ans et demi dont les parents ont été assassinés durant les guerres civiles de 2000 et 2011, qui a traversé la mer Égée dans des conditions sordides, qui a souffert de sous-nutrition et sur lequel veille désormais notre merveilleuse camarade Natalia. Nous avons aussi rencontré son entraineur de Basket (c’est un remarquable joueur du club sans président Astéras Exarchion) et contacté l’administration en charge du dossier pour essayer de le débloquer. A suivre…

Dans plusieurs lieux, notamment au Notara 26, les six livreurs venus de France en ont profité pour aider aux travaux de bricolage, aux transports et à la manutention. Ils ont même joué de la musique (guitare, accordéon, chants) et fait danser petits et grands dans la joie et les éclats de rire, même Mimi et David !

Bref, nous n’avons pas seulement livré des colis et transmis de l’argent et des messages.

Pour finir, nous avons également apporté un soutien politique et financier aux camarades emprisonnés ou en cours de procédure, en particulier aux compagnons anarchistes du formidable groupe Rubicon (Rouvikonas) qui vient d’envahir le ministère du travail le 30 janvier. Sur la banderole déployée sur la façade et sur les centaines de tracts jetés des fenêtres et du toit était écrit : « NOUS NE VIVRONS PAS COMME DES ESCLAVES, NOUS NE VIEILLIRONS PAS COMME DES MENDIANTS » (Den tha zisoumé san douli, den tha yérasoumé épétès).

Mes camarades Marc, JM, Guy et Yves sont déjà repartis vers l’Hexagone avant-hier, avec plein de souvenirs inoubliables paraît-il. Deux amis de Bruxelles (le musikos Jack of Heart et sa muse Margaux) qui sont passés nous aider durant leur séjour ont fait de même. Avec Eric, je repartirai demain matin en direction de Patras, puis la mer Adriatique et l’Italie.

Un autre convoi solidaire partira fin mars. Je sais que beaucoup d’entre vous ont essayé de nous contacter pendant la semaine, mais nous étions dans l’incapacité de vous répondre, par manque de temps. Nous allons rapidement faire un point précis sur le projet à venir, avec Maud et d’autres camarades qui sont restés en France, et recontacter toutes celles et ceux qui nous ont écrit à : convois2017anepos@riseup.net en vue du prochain départ, dans deux mois. La liste des besoins reste pour l’instant inchangée, en particulier pour le lait infantile, les couches (tous âges) et la puériculture, ou pour une aide financière si vous le pouvez. Tout est là :
http://jeluttedoncjesuis.net/spip.php?rubrique4

Encore un grand merci à vous tou-te-s d’avoir rendu tout ça possible, directement pour cette action ou indirectement via nos films (on commence à préparer le troisième). Sachez que pour certains des lieux, c’était moins une.

Solidairement,

Yannis Youlountas po/ collectif Anepos

d’autres photos http://blogyy.net/2017/02/03/mission-accomplie/

Maastricht 25 ans : célébrations ou hommage funéraire

25 ans depuis le traité de Maastricht : un anniversaire entre célébration et hommage funéraire Par Yannis Kimbouropoulos traite_maastricht

L’UE devient victime de sa stratégie de la réussite.

C’est une célébration qui n’en a pas l’air. Elle ressemblerait plus à un hommage funéraire. Célébration ou hommage funéraire, le « clergé » européen tente d’aborder avec enthousiasme un anniversaire « commun » des 25 ans du traité de Maastrich. En faisant notamment référence à deux dates : le 9 décembre 1991, puisque le traité a été adopté par le Conseil européen des 12 membres de celle qui était alors la CEE, et le 7 février 1992, puisqu’il s’agit de sa signature. Cependant, la date effective de la naissance de l’UE, qui succéda à la CEE, est celle du 1er novembre 1993, c’est-à-dire sa date d’entrée en vigueur. Dans l’intervalle, un référendum au Danemark a eu lieu, provoquant son rejet, et une longue négociation s’est opérée au sujet des « exceptions » du traité : le Danemark et bien plus encore la Grande-Bretagne. Mais, les « chefs de cérémonie » de l’UE ne veulent pas établir un lien entre ses « anniversaires dorés » et des événements détestables, des référendums et des consultations populaires (ces dernières étant en principe négatives pour le projet européen).

Nous devons admettre que lors des préliminaires de la célébration qui se sont déroulés dans la ville hollandaise de Maastricht, berceau de l’UE, le 9 décembre 2016, aucun parmi les représentants des instances dirigeantes de l’Europe ayant prononcé un discours (Juncker, Timmermans, Dijsselbloem, Schulz) devant un public académique et restreint, n’a eu recours à des envolées lyriques. Étant donné qu’après 25 ans de transformation du « marché commun » (CEE) en « Union », celle-ci se trouve plus près de la décomposition que de l’achèvement, ils ont préféré recourir à des « chantages » historiques : « Sans l’UE », a déclaré Juncker, « aucun état membre n’est capable à lui seul d’assumer un poids politique au niveau mondial. Nous représentons en ce moment une partie considérable de l’économie mondiale avec 25% du PIB. Dans dix ans, le pourcentage atteindra 15%. Dans vingt ans, aucun membre de l’UE ne pourra à lui seul être membre du G7 ». Et d’ajouter quelques chiffres encore plus terribles quant au déclin démographique de l’UE dans un monde qui, d’ici quelques décennies, comptera 10 milliards d’habitants.

Un échec, produit du succès

Le problème de la nomenclature européenne est qu’il s’avère extrêmement difficile de dissocier la conception anti-Maastricht de l’UE de ce que la majorité qualifiée des sociétés européennes en augmentation dans tous les pays (bien qu’ayant des situations nationales différentes) vit comme un échec de Maastricht et des doutes généralisés qu’elle exprime quant au projet européen, même au travers de messages politiques qui posent problème. L’anniversaire européen risque de devenir non pas victime de son échec, mais du succès de Maastricht : l’offensive déferlante contre le travail et l’État social, l’augmentation des inégalités entre les pays au lieu de la convergence annoncée, l’explosion de la dette publique, la faible croissance de la zone euro et la stabilisation du chômage à des niveaux très élevés ne résultait pas d’une divergence de vues par rapport à la stratégie de Maastricht, mais bien de son application cohérente.

Cette stratégie était simple dans sa conception : la CEE, de simple marché commun sans taxes, devait évoluer en union politique, économique et monétaire, établie sur ce qu’on appelle les quatre libertés de circulation, à savoir celle des capitaux, des biens, des services et des travailleurs. Mais en s’opposant à toute l’expérience historique précédente, sur la base de laquelle l’union politique, notamment sous la forme d’État-nation et de fédération des nations, précède l’union économique et monétaire, tout a été lancé à l’envers dans l’UE : on a d’abord réalisé l’union monétaire, à partir de laquelle s’est engagée l’union économique (avec ses « critères de convergence » devenus par la suite « Pacte de stabilité », avec ses règles drastiques, ses sanctions et ses amendes) et ce n’est qu’à présent que la question du modèle de l’union politique se pose, une entreprise léonine entre des partenaires chaotiquement inégaux créée par l’union monétaire. En ce 25e anniversaire du Traité de Maastricht, l’intégration politique a été encouragée de manière sélective uniquement dans les secteurs de la politique migratoire, de la politique extérieure, de l’assurance et de la militarisation de l’UE, des éléments qui font d’elle une union impérialiste à part entière.

 « Erreur de conception » ou de stratégie ?

Cette intégration « à l’envers » est souvent envisagée, même par la Gauche, comme une « erreur de conception » de l’UE, qui a conduit à un développement déséquilibré au profit de l’Allemagne et de quelques rares pays qui en ont retiré des excédents considérables par rapport aux autres. Toutefois, le fait que l’UEM ait évolué vers une réunification allemande et l’euro vers un mark travesti n’était pas un dysfonctionnement. C’était un choix stratégique partiel du capital européen, et avant tout de la finance, qui a réduit les marges d’influence au sein de l’élite politique européenne et plus particulièrement de l’axe franco-allemand, alors incarné par Mitterand et Kohl.

Il existe une dimension géopolitique évidente dans l’accélération de l’UEM, peu après la réunification allemande et la chute des régimes d’Europe centrale et orientale, alors considérée comme l’espace vital du noyau européen, avec deux vagues d’élargissement faisant passer les 12 de Maastricht à 27 dans l’UE actuelle.  Les critères de convergence, la conformité avec le Pacte de Stabilité, la violente « libération » des marchés par rapport aux réglementations nationales n’étaient pas seulement un « mémorandum » d’ajustement pour anciens et nouveaux États membres, mais un mécanisme de transfert des richesses, des capitaux, de la propriété, ainsi que des ressources humaines hautement qualifiées s’opérant de la périphérie vers le centre de l’UE.

Néolibéralisme ou ordolibéralisme ?

25 ans après Maastricht, l’intégration européenne s’est poursuivie avec un degré de spontanéité et d’adaptation à la conjoncture, notamment celle de la crise financière. Toutefois, elle s’est maintenue au sein d’un plan stratégique cohérent, qu’on identifie souvent avec les impératifs élémentaires du néolibéralisme. Mais ceci reste cependant inexact. Le projet européen a été davantage établi sur la base des principes de l’« ordolibéralisme » (ordoliberalismus, de ordo = classe et libéralisme) issu du mouvement allemand de pensée économique (école de Francfort) sur lequel s’est fondé le modèle de l’Allemagne de l’Ouest dans l’après-guerre. Dans le traité de Maastricht, dans le Pacte de stabilité, dans le Pacte budgétaire et dans le Pacte pour l’euro plus, dans l’irrépressible bavardage allemand autour de « l’unification des règles », dans la constitutionnalisation de l’austérité, dans le fonctionnement de la BCE et du MES, sont gravés les principes fondamentaux de l’« ordolibéralisme ». Ce n’est peut-être pas un hasard si le premier pays à quitter l’enclos européen est celui qui fut le berceau du néolibéralisme, à savoir la Grande-Bretagne.

La métaphysique des excédents

Mais c’est loin d’être le dernier. La mise en œuvre du projet européen selon l’ordre allemand a créé des écarts abyssaux entre les rares gagnants et les nombreux perdants. Elle a provoqué des divisions jusque dans l’oligarchie allemande, dont une fraction est « passée à l’ennemi » de manière évidente en penchant vers l’extrême droite de l’« Alternative pour l’Allemagne » (AfD). Elle a fractionné l’UE en coalitions d’états conjoncturelles.

C’est à peu près inévitable. Nul besoin d’être économiste pour comprendre que l’exigence d’arriver à ce que tous les pays de la zone euro soient à l’identique excédentaires est une absurdité. C’est à juste titre que s’insurge Martin Wolf dans le Financial Times contre cette idée que toute la zone euro peut devenir une grande Allemagne des bas salaires et des grandes exportations : « On suppose que tous doivent garantir un excédent dans la balance des opérations courantes ? S’il en est ainsi, avec qui – avec les Martiens ? Et même si concrètement ils tentent de garantir cet excédent, quel autre résultat peut-on obtenir hormis une récession mondiale ? »…

Questions fort justes, même si elles sont exprimées en faisant comme si la nature autodestructrice du capitalisme extrême n’était pas connue. Ses chefs ont depuis longtemps dépassé la limite entre rationalisme (cynique) et métaphysique.

*Publié dans “Ερ­γα­τι­κή Αρι­στε­ρά” (la Gauche du travail) , φ.375 (11/1/17)

traduction : vanessa de pizzol

https://unitepopulaire-fr.org/2017/02/02/25-ans-depuis-le-traite-de-maastricht-un-anniversaire-entre-celebration-et-hommage-funeraire-par-yannis-kimbouropoulos/de pizzol

Sur les réfugiés semaine 5

5/2/17 Délit de solidarité aux migrants : les bénévoles se mobilisent http://www.lepoint.fr/societe/delit-de-solidarite-aux-migrants-les-benevoles-se-mobilisent-05-02-2017-2102509_23.php

3/2/17 Un camp de migrants où on vit comme des animaux http://fr.euronews.com/2017/02/03/moria-grece-un-camp-de-migrants-ou-on-vit-comme-des-animaux

2/2/17  Accueil chaleureux des enfants de réfugiés dans les écoles : Les actions commandos des nazis d’Aube Doré dans les écoles pour refuser la scolarisation des enfants réfugiés visaient à opposer les grecs et les migrants. Au-delà des nécessaires réactions et manifestations antifascistes de rue qui ont été très nombreuses, la société grecque a réagi aussi pour exprimer son refus de la xénophobie et du racisme et son attachement à ses valeurs fondatrices comme l’hospitalité, se souvenait des tristes expériences qu’elle a aussi vécu dans son histoire.

Il est rassurant de voir ces cérémonies symboliques d’accueil chaleureux et joyeux qui sont organisées à l’occasion de la scolarisation des enfants réfugiés dans les écoles grecques. Ainsi , hier à Kerastini et Drapetsona où 25 enfants ont été accueillis après des mois de séjour dans le centre d’hébergement de Skisto. En guise d’accueil, applaudissements des parents, enfants grecs, enseignants, autorités locales et scolaires, qui étaient rassemblés tôt en dehors de l’école, tenant des ballons et des fleurs colorées et des bannières de bienvenue.Une réception festive a été organisée avec des chants et des danses. Le Maire Christos Brettakos a dit à propos de l’intégration des enfants réfugiés dans les écoles de la région qu » il est normal que ces enfants étudient dans nos écoles de la ville. Cela rappelle notre propre histoire de réfugiés, ainsi que les valeurs humaines de solidarité et de respect» . Il a également souligné que «l’éducation est un droit fondamental pour tous les enfants dans le monde et personne n’a le droit de les en priver. » Vidéo: https://youtu.be/GDCZmKokOf0
Aujourd’hui, ce sera l’accueil des enfants à l’école primaire de New Konya à Perama
Des manifestations d’accueil chaleureux analogues ont eu lieu dans diverses villes de Grèce : Alexandrie où ont été scolarisés une cinquantaine d’enfants réfugiés; à Larissa où le lycée a accueilli des jeunes réfugiés ; ainsi que l’école primaire; au Pirée aussi Photos) dans un grand quartier qui a été construit et habité par des réfugiés grecs d’Asie Mineure.
Il faut noter que 67% des citoyens grecs sont favorables à la scolarisation des enfants de réfugiés. Ce qui a d’ailleurs amené le Ministère de l’Éducation Nationale à prendre des mesures allant dans ce sens.

2/2/17  Grève de la faim dans le camp de Korinthe : Les migrants et réfugiés du camp de Corinthe ont entamé une grève totale de la faim pour dénoncer les conditions de détention effroyables. Le Mouvement contre le Racisme et le Fascisme KEERFA qui popularise leur lutte, précise que les quelque 100 migrants (de nationalité pakistanaise et algérienne) parlent de la nourriture immangeable et qu’ils n’ont droit seulement qu’à une douche d’eau froide.

Par ailleurs, Mohammed A.,39 ans, égyptien continue sa grève de la faim à l’Hôpital de Mytilène (Lesbos) pour exiger sa prise en compte de demande d’asile. Opposant politique au régime égyptien actuel, il craint pour sa vie s’il était expulsé.

1/2/17 De Lesbos à Bruxelles, dans les pas des réfugiés http://www.lalibre.be/actu/international/de-lesbos-a-bruxelles-dans-les-pas-des-refugies-5890b1a7cd70ff671de8f604

31/1/17  3eme décès en une semaine dans le camp grec de Moria  https://fr.news.yahoo.com/troisi%C3%A8me-d%C3%A9c%C3%A8s-en-une-semaine-dans-le-camp-145835232.html

31/1/17 Des dizaines de milliers de réfugiés errent, dans l’hiver glacial, sur la « route des Balkans » http://www.bastamag.net/Des-dizaines-de-milliers-de-refugies-errent-dans-l-hiver-glacial-sur-la-route

Translate »