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Décor sculpté : la rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque  et cette fois-ci un regard sur le dernier accord avec la Troïka.

Décor sculpté


L’été enfin ou presque, comme un avant-goût d’une destinée miraculeusement retrouvée. Les Grecs détestent l’hiver et abhorrent… la crise, sauf que dans les deux cas, c’est de la “météorologie” qu’il s’agit, d’après l’ambiance les mentalités moment. “On ne chargera pas le temps qui fait, sauf que nous n’aurons plus froid. Quand l’hiver s’en va, c’en est presque la délivrance, tellement c’est intense”, précise-t-il le voisin Chrístos, un sans-emploi… installé. Ambiance !

Au sujet de la Caryatide volée par Lord Elgin. Athènes, mai 2017

Entre avril et mai, c’est autant le moment… très solennel des factures d’électricité qui arrivent dans les boîtes aux lettres, celles qui correspondent très exactement à la consommation hivernale. Les impayés se comptent alors déjà par dizaines de milliers. SYRIZA et ses nouvelles mesures austéritaires annoncées (tout de même au soir du 1er mai), moins l’électricité.

“Nous avons conclu cet accord avec les institutions (Troïka) au soir du 1er mai. Les mesures adoptées sont douloureuses, sauf que par notre action globale, nous mettrons alors fin un jour, à la situation de dépendance que connait le pays. Ensuite, nous évoquerons pour la première fois officiellement, la diminution rendue nécessaire du montant de la dette grecque, et c’est une avancée très positive”, voilà pour le résumé du discours lénifiant et stéréotypé ténu par les “gouvernants” pour faire passer entre autres, la quatorzième diminution du montant des retraites depuis 2010 et l’ouverture des commerces… chaque dimanche durant toute l’année, une exigence de taille exprimée par le FMI dès 2010. Il fallait y penser et aussitôt le faire, et c’est alors fait !

“Alexis Tsipras et ses ministres sont des menteurs nés. Ils avaient déclaré publiquement, comme autant lors des rencontres avec nous, qu’une telle mesure ne passerait jamais, et nous voilà une fois de plus piégés par ces politiciens convertis… en valets des subordonnés de la Troïka. En Grèce, 90% du commerce, c’est toujours le fait des petites et moyennes entreprises, et d’ailleurs, près du 85% des employés y travaillent.”

“Nous, en tant qu’intersyndicale nous avons vivement protesté, et à nos côtés, se sont aussi rangées certaines grandes entreprises, notamment les hypermarchés tenus par des grecs. Le gouvernement, sous l’ordre de la Troïka s’occupe alors uniquement de l’intérêt des multinationales, comme autant de celui de certains gros poissons bien de chez nous, et encore pas tous. Leur but c’est la mise à mort du petit commerce et celle des employés avec. Fait inouï, en règle générale, nos patrons sont avec nous dans cette… guerre d’extermination contre le peuple grec,” (le Président de l’intersyndicale des employés dans le secteur du commerce, radio 90.1 FM, 06 mai 2017), cité de mémoire.

Sous l’Acropole et sous le soleil. Athènes, mai 2017

Sous le soleil très exactement, le pays est dépecé en mille et un morceaux, entre “investisseurs” et autres acquéreurs de tout: biens publics ainsi offerts sur un plateau, à l’agence des privatisations et cela pour une durée de 99 ans, développent sans doute visiblement durable. Cependant, il est parfois (ironiquement ?) question de cette Caryatide alors volé jadis par Thomas Bruce, alias Lord Elgin, (1766-1841), diplomate et militaire britannique, surtout connu pour avoir “déplacé” le décor sculpté du Parthénon d’Athènes à Londres. Anachronisme ou sinon ultime souvenir collectif ?

Au même moment sous l’Acropole, appartements, immeubles, hôtels, ou encore centres commerciaux, passent massivement sous contrôle… étranger, la très nouvelle économie y oblige, entre tourisme réconforté et l’engouement pour les plateformes de location uberophiles. Les… investisseurs affluent ainsi de partout, États-Unis, France, Allemagne, pays Scandinaves, mais également depuis l’Iran, le Liban, la Chine, voire la Turquie, et même la presse en parle (par exemple le quotidien économique “Imerisía” du 30/04), c’est pour dire. L’Occident… mirage de l’Orient !

Touriste à Athènes, mai 2017
Une certaine vision du monde en kiosque. Athènes, mai 2017
Entreprise en faillite. Athènes, mai 2017
Musique… murale. Athènes, mai 2017

Sous le soleil toujours, les livreurs forcément ambulants, certains d’entre eux en tout cas, les plus courageux, appellent à manifester et à suivre leur mouvement de grève prévu pour la journée d’action du 25 mai. Parmi leurs revendications: moins de précarisation, ne plus user (et abuser) des motos privées appartenant aux employés dans le cadre de leur “travail”… sans remboursement des frais d’entretien et parfois d’essence.

Ces hyposalariés… hypermobiles, voudraient que leur travail soit enfin officiellement déclaré et que les cotisations, certes symboliques, soient également versées. Suite à huit années de régime de la Troïka… Macronymique avant l’heure, les travailleurs restants, luttent (lorsqu’ils le peuvent) pour faire valoir leurs droits et conditions alors acquis… dès les années 1930 ou 1950.

Certains métiers, également touchés (en réalité anéantis), autant par la crise que par les bouleversements dits technologiques, ne s’en remettront d’ailleurs plus jamais. La presse par exemple. D’après les données les plus récentes, parmi son personnel, composé de journalistes, techniciens et collaborateurs, et qui travaillaient il y a encore dix ans dans les médias, aujourd’hui, seul un quart restant y travaille encore. Et ce n’est pas tout. Et ce n’est pas tout, les rémunérations actuelles sont versés sans retard… pour seulement un petit 20% des salariés de la branche.

Serveurs. Athènes, mai 2017

En réalité, et comme le remarque une certaine presse économique cette semaine , les contrats et les Conventions collectives sont jetés à la poubelle, “alors que seule l’offre et la demande en fonction des nécessités, déterminent alors les salaires.” Bonne blague.

Mon ami Th., journaliste au si long chômage me disait récemment, que le salaire mensuel pour de postes importants dans son secteur, ne dépassent guère (ou sinon à peine) les 900€ par mois, pour à peu près 10h de travail par jour, six jours par semaine. C’est-à-dire, moins de 4€/heure, lorsque les employés sont disons payés. Derrière les beautés touristiques, et comme un après-goût d’une destinée perdue à jamais, le travail n’est plus, les luttes non plus.

Pour la manifestation des livreurs du 25 mai. Athènes, mai 2017
Bistrot dit branché. Athènes, mai 2017
Manifestation du 1er mai 2017 à Athènes (presse grecque).
Action… symbolique du chef de l’Unité Populaire. Hôtel Hilton, Athènes, 1er mai 2017

Le 1er Mai est passé par là, surtout… il est passé. Les syndicats, plus symboliques et rachitiques que jamais, ont fait défiler les leurs, dans la dispersion habituelle. Manifestants “d’en bas” généralement dignes qui défilent, mais alors usés. Caricatures d’époque. En manque d’utilité, et après avoir œuvré au sein de SYRIZA durant tant d’années (il l’a quitté avec l’aile gauche du parti en août 2015), le chef de l’Unité Populaire (Lafazánis), s’est déplacé jusqu’à l’hôtel Hilton pour protester verbalement contre la présence des émissaires de la Troïka. Sans plus ni moins.

Les Grecs, observent cependant à peine, toute cette théâtralité surfaite. Le “pouvoir politique” est factice, sa contestation l’est autant. Entre déclarations politiques… robotisées et rivalités symboliques, la métadémocratie virale (Macronymique !), s’érige alors en régime directement issu des mémoranda et de l’usurpation de tout. Et autant du sens à donner à la vie (ou à la mort), du moins en Grèce, on en rigole de plus en plus et les ex-pseudocitoyens, n’iront plus jamais voter pour certains (plus de 40% d’abstention aux législatives de septembre 2015, un record).

“Nous avons perdu notre patrie et notre avec elle autant notre démocratie, nous luttons donc pour maintenir leur lumière au plus profond de nous-mêmes, pour ne pas non plus succomber moralement et philosophiquement, car pour le reste, c’est déjà fait”, a-t-il poursuit mon ami Th., pas très en forme il faut dire.

Virus. Athènes, mai 2017
Lire les journaux sportifs… Athènes, mai 2017
Fenêtre. Athènes, mai 2017

Les Grecs se détournent alors de la lecture de la presse politique, ils lui préféreront volontiers celle des journaux sportifs, au besoin sans les acheter.

L’été enfin, comme un avant-goût d’une certaine destinée miraculeusement retrouvée. Les Grecs détestent l’hiver et haïssent… la crise c’est bien connu.

Et sans doute pour bien clore toute fenêtre de l’espoir, celle du Logos notamment, le ministre de l’Éducation (SYRIZA), a retiré depuis déjà quelques mois des programmes de l’enseignement secondaire, Antigone de Sophocle ainsi que l’Épitaphe, l’Oraison funèbre de Périclès dans Thucydide, comme… dans nos vies.

Animaux antiques représentés. Période classique, musée Kanellopoúlou, Athènes, mai 2017

Devant l’indignation provoquée, le dit ministère, prétend dans un communiqué (répété… depuis février 2017) “que ce changement des programmes, est peut-être provisoire”. Ambiance… toujours !

Ailleurs qu’à travers les hauts-lieux de crise grecque, un petit 30% de la population semble de débrouiller. L’univers de la crise grecque c’est… comme à la guerre. Ceux qui survivent, ceux qui meurent dans l’indifférence, ceux qui ne seront alors jamais touchés. “Nous passerons notre flottille sous pavillon britannique. Maintenant que le gouvernement a finalisé l’accord avec la Troïka, nous pouvons enfin planifier notre bisness”, discussion entre entrepreneurs du yachting au café dit des skippers à la plus importante marina d’Athènes en ce mois de mai. Bon vent…

Animaux antiques comme animaux athéniens contemporains, plus… adespotes que jamais, même combat ! Décor sculpté…

Combat entre animaux adespotes. Athènes, mai 2017

* Photo de couverture: Sous l’Acropole. Athènes, mai 2017

mais aussi pour un voyage éthique “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !” http://greece-terra-incognita.com/

Grèce : la poule aux œufs d’or de la BCE

De l’art de se faire des bénéfices sur un pays en crise par Anouk Renaud 25 avril 2017

En mai 2010, en plus du premier plan de « sauvetage » octroyé à la Grèce, la banque centrale européenne (BCE) lance le programme SMP (Securities Markets Programme), qui consiste à racheter de la dette grecque sur le marché secondaire, c’est-à-dire le marché de seconde-main des dettes. Les banques centrales nationales lui emboîtent le pas avec le programme ANFA (Agreement on Net Financial Assets). Ces programmes sont alors présentés comme une main tendue vers la Grèce. Une « action charitable » pourtant très rentable… En effet, la BCE a racheté ces dettes à prix cassé (forcément, avec la crise grecque, plus grand monde n’en voulait) mais réclame à la Grèce le remboursement du montant initial. Elle réalise donc une plus-value entre le prix de rachat et le prix auquel lui rembourse la Grèce. La BCE a ainsi dépensé 40 milliards d’euros pour obtenir des titres grecs d’une valeur initiale de 55 milliards |1|.

À cela s’ajoutent les intérêts, bien entendu. Et pas n’importe lesquels, puisque les titres en question sont très rémunérateurs et donnent droit à des intérêts élevés. Jeudi dernier, la Grèce a ainsi remboursé 1,35 milliard d’euros à la BCE à un taux de 5,9 %.

En 2012, alors qu’est mise en place une restructuration de la dette grecque avec réduction de la valeur des titres, la BCE refuse d’y participer. Si bien que son portefeuille de titres grecs reste intact. Les remboursements qui y sont liés aussi…

L’institution de Francfort estime elle-même que ses bénéfices réalisés via cette opération devraient s’élever à 10,4 milliards d’euros. Une estimation basse qui, pour certains, oscille plutôt entre 10 et 22 milliards |2|.

Sans compter que ces rachats massifs ont profité aux grandes banques françaises, allemandes, belges, hollandaises, comme l’a montré la Commission pour la Vérité sur la dette grecque. Celles-ci ont non seulement trouvé repreneur pour les titres grecs qu’elles possédaient et en plus les ont vendus à la BCE à un prix supérieur à celui qu’elles auraient dû concéder à des acheteurs privés si la BCE n’était pas intervenue.

Les bénéfices réalisés seront-ils enfin restitués à la Grèce ?

Mais voilà, quand le profit réalisé par la BCE a commencé à faire scandale, les États membres de l’Union européenne ont pris l’engagement en 2012 de restituer à la Grèce, sur base annuelle, les bénéfices engrangés. Cette rétrocession des profits issus des programmes SMP et ANFA relève de la compétence des États membres, car les profits réalisés par la BCE sont reversés aux banques centrales nationales, qui les reversent ensuite à leurs propres actionnaires, dont les États européens.

Selon la Cour des comptes |3|, les bénéfices que devrait tirer la Belgique atteindraient 351 millions d’euros d’ici 2038 pour le programme SMP. Auxquels s’ajoutent 181 millions entre 2012 et 2020 pour le programme ANFA. Mais la Belgique a-t-elle bien rendu ces profits à la Grèce ? En 2013, les États européens effectuent un premier versement à la Grèce de 2,7 milliards d’euros sur un compte spécial dédié au remboursement de la dette. Depuis, la Grèce n’a plus rien reçu. Pourtant, l’année suivante, en 2014, les pays européens ont bien déboursé l’argent, mais sur un compte intermédiaire du Mécanisme européen de stabilité (MES) au Luxembourg, qui y dort toujours depuis. Pire, à partir de fin juin 2015, l’accord de rétrocession entre la Grèce et les États est tout bonnement gelé, car les autorités grecques ne se plieraient pas entièrement aux exigences de ses créanciers.

Le ministre des finances, J. Van Overtveldt, confirme les intentions des institutions européennes : « dans l’hypothèse d’un nouvel accord, ils [les profits SMP] seront utilisés pour alléger la dette grecque en cas de non-soutenabilité de celle-ci et de la mise en œuvre de mesures de réforme (…) ». Dans la droite lignée de l’Eurogroupe, celui-ci justifie la suspension des virements par un « retrait de la Grèce de la table des négociations sur la prolongation de la durée du deuxième programme. |4| » Et pourtant, le ministre belge ne saurait ignorer que la Grèce a signé un troisième mémorandum qui poursuit -et même renforce- la cure d’austérité dictée par les créanciers.

Mais cela ne suffit pas pour les créanciers de la Grèce qui en veulent toujours plus et qui utilisent la rétrocession des bénéfices issus du rachat des titres grecs comme une arme de chantage. Dès le départ, et d’ailleurs en violation de ses statuts d’institution indépendante politiquement, la BCE conditionne ses programmes de rachats à la bonne application par la Grèce de réformes spécifiques. Puis, en 2012, alors même que les bénéfices abusifs réalisés devenaient notoires, les États européens conditionnent cette fois-ci leur rétrocession à la poursuite de l’austérité. Un moyen de pression supplémentaire utilisé pour faire plier le gouvernement Syriza en lui faisant miroiter une possible restitution des bénéfices…

Ainsi, l’Union européenne n’a pas respecté son propre engagement de rétrocéder à la Grèce les profits abusifs et illégitimes réalisés par la BCE et les banques centrales nationales suite aux rachats de la dette grecque. Et quand bien même l’Eurogroupe venait à les débloquer, ils ne bénéficieront pas à la Grèce mais serviront à rembourser ses créanciers, dans le cadre d’un hypothétique et pseudo allègement de la dette. Cela sans même que les sommes en question ne passent par le sol grec et que le pays ait quoi que ce soit à dire sur leur utilisation.

Les profits des années 2014 et 2015, bloqués à ce jour, s’élèvent à 4,5 milliards d’euros. Parallèlement, la Grèce n’a pas l’argent nécessaire à l’heure actuelle pour rembourser en juillet 3,8 milliards d’euros à la BCE et dépend du versement de fonds supplémentaires dans le cadre du troisième mémorandum. Outre l’urgence économique et sociale du pays, il serait tout à fait légitime que la Grèce ne rembourse pas la BCE, qui a déjà largement profité de la crise grecque.

http://www.cadtm.org/Grece-la-poule-aux-oeufs-d-or-de

Grèce : privatisation de l’Eau un bien commun

Grèce. Face à la privatisation de l’eau, il faut assurer son statut de «bien commun»

Publié par Alencontre le 29 – avril – 2017  Entretien avec Ioannis Papadimitriou

La privatisation de l’eau a toujours été l’un des objectifs les plus malfaisants des politiques néolibérales. Mais c’est aussi l’un des secteurs où ces politiques ont dû s’affronter à de fortes résistances et subir des défaites. Aujourd’hui, en Grèce, l’eau comme bien public est à nouveau menacée. Nous nous sommes entretenus avec Ioannis Papadimitriou des enjeux, des différentes positions et des mouvements sociaux liés au type de gestion de l’eau.

Papadimitriou est avocat à Ioannina, une ville grecque où d’importantes entreprises privées de distribution et gestion de l’eau ont leur siège. Depuis les années 1970, il a participé à de nombreuses initiatives politiques et syndicales. Ces vingt dernières années, il se concentra sur les mouvements de défense de l’eau, de l’espace public et des droits humains Il représente des organisations écologistes au «Conseil de l’eau» de la périphérie de l’Epire (donc grecque). Par le passé, il a été à la tête des formations politiques de la gauche lors des élections régionales et fut élu au Conseil régional de l’Epire. Pour ses écrits dans la presse, il reçut le prix de l’amitié gréco-turque Abdi ?pekçi. Avant la capitulation de Syriza (suite au référendum de juillet 2015 – 63,31% de NON – qui fut suivi par l’acceptation, à Bruxelles, de la politique d’austérité par Alexis Tsipras), il était un cadre du parti et membre de la Commission centrale. Il occupait aussi le poste de membre du bureau du «Département de l’environnement». Aujourd’hui, il est militant de la gauche radicale sans affiliation partisane. (Réd. A l’Encontre)

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Ces vingt dernières années, tu as participé aux mouvements de défense de l’eau. Quels sont les nouveaux défis de la période mémorandaire?

Depuis des décennies, il est habituel que le prélèvement de l’eau (water grabbing) – c’est-à-dire la distribution des ressources en eau par des agents, privés ou publics, ayant une position oligopolistique – s’effectue pour leurs objectifs propres, cela au détriment des communautés locales et des écosystèmes vitaux. Ce n’est pas un hasard si l’application de la législation européenne, la directive-cadre 2000/60CE sur l’eau – qui est elle-même problématique puisque fondée sur une logique de «tarification» pour répondre à une gestion au nom ambitieux de «restauratoir» –, ait été établie de manière douteuse et suite à une prétendue procédure de consultation publique. Or, l’imposition des mémorandums, au nom du service de la dette publique, implique un repli partiel de l’Etat ayant trait à la gestion de l’eau. Il en découle un changement des rapports des forces en faveur du capital privé, étranger et local. Dès lors, s’accentuent nécessairement les logiques spéculatives et une diminution des possibilités d’intervention politique.

Quels sont actuellement les principaux fronts de lutte pour l’eau?

D’un point de vue environnemental, ils sont nombreux et variés. Qu’il s’agisse de la privatisation — par l’exercice de partenariats public-privé (PPP), c’est-à-dire l’appel par une autorité publique à des prestataires privés pour gérer et financer en contrepartie d’un paiement par le public et donc l’usager – des réseaux d’adduction des eaux usées d’Athènes et de Thessalonique; ou encore de l’exploitation des réserves naturelles en eau potable par les entreprises d’embouteillage. A quoi s’ajoutent (dans le cadre de la DCE mentionnée) des mesures «restauratoires» face à la dégradation, à la contamination des eaux de surface et souterraines par les industries, les mines et les activités agricoles, ainsi que la construction de nouveaux barrages. Existe aussi la «simple» privatisation des systèmes existants.

Politiquement, les fronts qui semblent être le plus actifs, en ce moment, concernent la privatisation de deux grandes compagnies des eaux (EYDAP et EYATH) et la tentative de compléter la construction du grand barrage hydroélectrique de Mesochora (dans la région de Trikala), sur le fleuve Acheloos (fleuve dans le nord-ouest de la Grèce, long de 217 kilomètres qui prend sa source dans le massif du Pinde).

L’EYDAP (compagnie des eaux d’Athènes) et l’EYATH (Compagnie des eaux de Thessalonique) sont toutes deux transférées au TAIPED [1] ce qui signifie que leur privatisation est déjà mise en œuvre. Nous rapprochons-nous de cette éventualité depuis l’accord de Malte [2]?

Les derniers événements confirment cette hypothèse. Le fonds de privatisation (TAIPED) – où sont transférées la plupart des actions de l’EYDAP et de l’EYATH – a déjà publié un avis d’adjudication pour s’assurer les services d’un consultant, et commencer la procédure de la vente de leurs actions à quelques «investisseurs stratégiques». Il est évident que cette procédure ne concerne pas les actions se trouvant déjà entre les mains de l’investisseur privé [3], comme cela l’est affirmé dans la propagande du gouvernement. Il n’y a même pas une prise du contrôle de la société par le management. La procédure concerne la redistribution de divers contrats forfaitaires. Les conséquences attendues – en partant des exemples que l’on peut analyser dans des pays ayant connu ce genre d’expérience – seront une hausse des prix pour les usagers et la détérioration de la qualité de l’eau potable.

Par le passé, le mouvement contre la privatisation de l’eau avait organisé un référendum informel sur la privatisation de l’EYATH. Les citoyens et citoyennes de Thessalonique [4] avaient massivement voté pour sa protection. Quel est l’état actuel du mouvement pour la défense de l’eau? Existe-t-il une coopération et convergence des luttes entre les organisations syndicales et les mouvements citoyens?

Il y a un double obstacle quant à la construction d’un mouvement efficace pour la défense de l’eau. Tout d’abord, il y a un certain type de «séparation» entre les acteurs potentiels d’une mobilisation commune. Donnons un exemple. Les travailleurs des compagnies pensent à leur emploi et à leurs conditions de travail. Par contre, les habitants d’une région affectée par un barrage se concentrent sur leur fleuve et les effets qui en découlent suite à la construction du barrage. Ensuite, au nom d’une lutte anticapitaliste un peu proclamatoire, est sous-estimée l’importance d’objectifs concrets, concrets, quant à la gestion sociale de l’eau. Dans tous les cas, des événements récents comme l’activation des deux fronts que j’ai mentionnés plus haut ou encore le réveil de la «Coalition nationale pour l’eau» – qui est un réseau dans lequel participent conjointement des organisations syndicales et des mouvements citoyens – ­ont favorisé la rencontre fertile de forces multiples et diverses.

Quelle est la position des partis politiques en Grèce sur la privatisation de l’eau? Y a-t-il des partis parlementaires et extraparlementaires opposés à cette privatisation? Adoptent-ils les positions des mouvements sociaux?

Ceux qui déclarent leur opposition à la privatisation de l’eau sont généralement nombreux, et ne se limitent pas aux forces de la gauche radicale. En revanche, ils ne comprennent pas le sens effectif de la prise en main de la gestion de l’eau comme définit plus haut (directive-cadre de l’UE). Souvent, dans l’effort de riposter à l’offensive du capital privé, ils omettent les responsabilités du système de gestion étatique: un système manquant de transparence, souvent marqué par la corruption et lié à certains intérêts privés par divers contrats de sous-traitance.

Ce que les partis ne réussissent généralement pas à prendre en compte, c’est la logique d’une gestion écologiste de l’eau: c’est-à-dire de la protection du cycle «naturel» de l’eau. L’exemple le plus typique est le KKE (PC), qui soutient avec ardeur la dérivation partielle du fleuve d’Achellos – sur lequel doit s’élever le barrage de Mesochora – vers la plaine de Thessalie. Par ailleurs, il y a convergence entre une fraction (minoritaire pour le moment) de la gauche radicale, les collectifs écologistes et certains courants libertaires.

Outre la privatisation d’EYDAP et d’EYATH, y a-t-il d’autres formes de privatisation de l’eau ?

Il faudrait souligner en particulier l’expansion des entreprises privées d’embouteillage d’eau, qui débouche sur: la hausse de l’usage d’eau en bouteille dans le secteur touristique et la restauration; le discrédit des réseaux publics d’approvisionnement en eau. Et surtout, sur les mutations du cadre légal qui règle l’exploitation de cette matière première. Ce cadre légal protège les privilèges des industries d’embouteillage. Les «barons de l’eau» grecs, qui dominent une grande partie du marché local et qui exportent également, paient des impôts insignifiants depuis des décennies. Ainsi, leurs parrainages (sponsoring) – c’est-à-dire leur politique publicitaire – sont exemptés de taxes. Ils entretiennent des relations étroites avec le système gouvernemental et poursuivent une politique d’augmentation décidée des quantités d’eau utilisées. Cette dernière commence à menacer la qualité des réseaux publics et la bonne conservation de cette ressource naturelle pour les générations à venir.

Entre l’Etat et le marché, quelle pourrait être la proposition de la gauche radicale concernant l’eau?

Il faut concevoir la défense de l’eau en tant que «bien commun» et propriété collective de la société. La reconnaissance constitutionnelle et législative formelle du droit d’accès à l’eau sur la base des principes et droits énoncés par l’Assemblée générale des Nations Unies. La protection du cycle naturel de l’eau, c’est-à-dire l’adoption de pratiques durables, pour conserver la quantité, la qualité et l’écologie de toutes les eaux de surface et des nappes phréatiques. Comme nous le rappelle Vandana Shiva, l’eau, qui constitue 70% de la planète – mais aussi du corps humain –, a ses propres droits: de couler librement sans être polluée et d’être régénérée par le cycle hydrologique. A travers une telle approche non anthropocentrique, le droit humain d’accès à l’eau fait partie des droits dits naturels. La lutte pour la protection du cycle hydrologique est en même temps la lutte pour les droits humains sur l’eau. Bien entendu, les luttes de l’eau s’intègrent à la lutte plus globale pour changer la société à la racine. (28 avril 2017)

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[1] Le Fonds grec de privatisation (Hellenic Republic Asset Development Fund, HRADF) est une SA fondée le 1er juillet 2011, en vue de gérer le processus de privatisation. Un processus qui n’a cessé d’être chaotique et loin de répondre aux objectifs financiers qui étaient proclamés comme nécessaires dès 2011. (Réd. A l’Encontre)

[2] Accord conclu à Malte par l’Eurogroupe, le vendredi 7 avril 2017, entre le gouvernement grec et les créanciers représentés par la Banque centrale européenne, le Mécanisme européen de stabilité et le Fonds monétaire international. Le quotidien Le Monde en date du 8 avril écrivait: «Nous avons résolu les gros problèmes concernant les réformes à faire», s’est félicité le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. «Je veux saluer l’accord de principe qui est conclu après plusieurs mois de travail difficile. (…) Le moment est venu de mettre fin à l’incertitude sur l’économie grecque», a renchéri le commissaire européen chargé des affaires économiques, Pierre Moscovici.

Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, veut, lui, y voir le «retour de l’espoir» pour son pays, mais le cœur n’est certainement pas au soulagement pour le peuple hellène, car tout reste encore à concrétiser et surtout de nouveaux sacrifices sont à l’horizon. Le ministre des finances, Euclide Tsakalotos, a d’ailleurs déclaré à la sortie de l’Eurogroupe qu’il y avait, dans cet accord, «des choses qui vont déplaire aux [Grecs]». Un euphémisme, puisque la Grèce s’est engagée à réduire ses dépenses de 2% du produit intérieur brut (PIB) entre 2019 et 2020. Soit des économies supplémentaires de plus de 3,6 milliards d’euros par le biais notamment d’une énième (la quatorzième en sept ans!) réforme des retraites et d’un nouvel abaissement du seuil d’imposition. En échange, M. Tsakalotos a reçu l’engagement de pouvoir adopter des mesures de dépenses pour financer la croissance en 2019 et en 2020, si la cible budgétaire est atteinte, parallèlement aux réformes additionnelles.» (Réd. A l’Encontre)

[3] Selon les données fournies par le TAIPED: l’EYDAP et l’Etat possèdent 34,03% des actions de la compagnie, le TAIPED en possède 27,30%, et les 9,99% restants le sont par l’investisseur privé John Paulson qui est à la tête du Fonds de gestion alternative (hedge fund). Il a connu des «fortunes» diverses. Sa «réputation», il l’a faite en vendant à découvert des subprimes en 2007, avec un gain supposé de quelque 3,7 milliards. Entre 2010 et 2011 il a spéculé sur l’or avec des gains plus que significatifs. Il est aussi mêlé à des affaires douteuses avec la société chinoise Sino-Forest Corporation. En ce qui concerne l’EYATH, le TAIPED possède 74% de ses actions, 5% appartiennent à Suez Environment Company (groupe français de gestion de l’eau et des déchets) et le reste est sur le marché boursier, coté sur la Bourse d’Athènes. (Réd. A l’Encontre)

[4] Une description de cette mobilisation est disponible sur le site du Transnational Institue (TNI) : https://www.tni.org/en/article/thessaloniki-greece-struggling-against-water-privatisation-times-crisis (Rédaction A l’Encontre)

Grèce. Face à la privatisation de l’eau, il faut assurer son statut de «bien commun»

Fin de l’hôpital public Grec ?

Des malades atteints du cancer renvoyés de l’hôpital

kinisi ENERGOI POLITES et Larisa CITY NEWS

L’hôpital doit-il être rentable ? Si l’on peut comprendre qu’il y ait des choix à faire en fonction du budget, comme cela se fait chez nous, la manière administrative et inhumaine dont sont appliquées en Grèce, les directives de privatisation de la santé que nos dirigeants ont décidées a Bruxelles augure mal de notre avenir.

Personnel infirmier vieillissant avec d’importants problèmes de santé.

Une enquête de la « Fédération Panhellénique des Travailleurs des Hôpitaux Publics » révèle que le personnel infirmier « trop rare » est âgé avec d’importants problèmes de santé et cela à cause du « manque tragique » qui se monte à 35% de postes inoccupés et oblige à des « horaires épuisants ».

La durée moyenne de service du personnel infirmier est de 25 ans. 15% des employés du service infirmier (4500) ont des certificats des Commissions Médicales pour des problèmes de sante et les congés maladie accordés chaque année sont au moins de 200 000 jours. « Le personnel infirmier travaille en situation de burn-out », rapporte la Fédération, en faisant remarquer « qu’il existe des risques d’erreur dans les soins infirmiers car la charge d’une personne est de 40 lits de malades ».

Selon la Fédération, le droit du travail n’est respecté dans aucun hôpital, 800 000 jours de repos et congés normaux sont dus. « Si les droits légaux étaient appliqués au personnel infirmier comme il se doit, le gouvernement fermerait les hôpitaux, signale la Fédération en mentionnant que 5 000 employés des services infirmiers avec déclarations de problèmes de santé ou de problèmes familiaux ont des demandes en attente pour un allègement de charges, 4 500 employés ont un certificat d’invalidité et peuvent prendre leur retraite d’invalidité, 7 000 employés ont acquis leurs droits à la retraite, mais « s’ils prennent leur retraite, les hôpitaux mettent la clef sous le paillasson ».

traduction Palili

http://kinisienergoipolites.blogspot.fr/2017/04/blog-post_744.html

Les chiffres se portent bien et les malades meurent

La « Fédération Panhellénique des Travailleurs des Hôpitaux Publics » dénonce l’ hôpital de Volos « qui a renvoyé de l’hôpital cinq malades atteints du cancer. »

« Les malades atteints du cancer pleurent et disent qu’ils rentreront chez eux pour mourir. »

Cinq malades qui devaient faire une chimiothérapie immédiate ont été renvoyés lundi dernier de l’ hôpital de Volos, vers d’autres hôpitaux du pays, malgré l’opposition de l’oncologue Giorgos Riga,dénonce la Fédération.

« Le Budget de l’hôpital de Volos pour les chimiothérapies est épuisé et depuis lundi dernier (20-3- 2017), les malades atteints du cancer sont renvoyés vers une destination inconnue » indique le communiqué de la Fédération.

Détails

« Hôpital de Volos

Encore un hôpital excédentaire, selon M.Polakis. Les chiffres se portent bien et les malades meurent.

Le budget prévisionnel de l’hôpital de Volos pour les chimiothérapies est épuisé et depuis lundi dernier 20-3-2017, les malades sont renvoyés vers une destination inconnue.

L’Unité de Chimiothérapie de l’hôpital de Volos est composée de deux médecins oncologues et de cinq infirmières. Elle effectue en moyenne 400 séances par mois pour 200 malades atteints du cancer.

Le budget prévisionnel dont dispose l’hôpital est de 220 mille euros par mois.

Vendredi 17-3-2017, l’Administrateur de l’hôpital de Volos a convoqué le médecin oncologue Giorgos Riga pour lui communiquer en présence du Directeur du Service de Santé qu’à partir de cette date il ne serait plus accepté de nouveaux malades pour la chimiothérapie, en raison du dépassement de 50% du budget. l’Administrateur déclare que la dépense est de 280 000 euros par mois au lieu de 220 000.

Le médecin oncologue M. Giorgos Riga refusa de renvoyer les malades atteints du cancer et l’Administrateur lui communiqua que le Directeur du Service de Santé le ferait. Concrètement, il lui annonça que tout nouveau malade atteint du cancer qui viendrait à l’unité de chimiothérapie serait dirigé vers le Directeur du Service de Santé qui se chargerait de le renvoyer. Depuis lundi 20-3-2017 ont été renvoyés cinq malades pour lesquels la Commission Oncologiste de l’hôpital avait jugé qu’une chimiothérapie immédiate était nécessaire.

L’administrateur n’a pas seulement ordonné de renvoyer les nouveaux malades, il a ordonné au médecin oncologue M. Riga, pour redresser les dépenses, de renvoyer des malades qui sont déjà suivis en chimiothérapie. Si cela est possible ?????

La plupart des malades qui arrivent à l’Unité de l’hôpital de Volos, ne sont pas de nouveaux malades, ils viennent à la suite d’une rechute et confient leur histoire à l’Unité. Ils connaissent l’unité oncologiste, lui font confiance et leur renvoi serait dommageable pour leur santé.

Mercredi 22-3-2017, ils ont renvoyé un malade en fauteuil roulant qui venait pour une chimiothérapie !!! Avec pour tout soin un antalgique !!!

Les malades du cancer sont renvoyés pour la chimiothérapie, vers une destination inconnue. Imaginez l’épreuve pour les malades en stade terminal ? C’est une tragédie qui se développe ces jours-ci à l’hôpital de Volos.

Les malades renvoyés pleurent, s’exaspèrent, désespèrent de leur sort et disent aux infirmières et aux médecins qu’ils vont aller chez eux pour mourir. Pour faire une chimiothérapie, il faudrait qu’ils demandent aux hôpitaux de Larissa, de Thessalonique, d’Athènes. Où vont ils trouver l’argent pour les frais ? L’épreuve qu’ils subissent est inimaginable. Pour faire une chimiothérapie, les malades deviennent une balle qu’on se renvoie d’hôpital en hôpital car les autres hôpitaux refusent de les recevoir par manque de financement.

Est ce que l’on mérite d’avoir des ministres de la Santé si irresponsables et si peu fiables ? C’est un danger public !!!

Nous tenons à féliciter le médecin oncologue Giorgos Riga qui n’a pas participé à cela et a rendu public le problème auprès des moyens d’information de masse de Volos.
Puissent les Administrateurs du Système, trouver une telle sensibilité !!! »

kinisi ENERGOI POLITES et Larisa CITY NEWS

traduction Palili

http://www.larisacitynews.gr/2017/03/kataggelies-tis-poedin-gia-to-nos…

»» http://kinisienergoipolites.blogspot.fr/2017/04/blog-post_744.html ;htt…

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https://www.legrandsoir.info/fin-de-l-hopital-public-grec.html

Grenoble : Tous dans la rue le 1er mai !

Pour les français, les grecs, les européens
tous dans la rue le 1er mai !
 

Rendez-vous lundi à 14 heures gare de Grenoble

Parcours : avenue Alsace Lorraine, cours Jean Jaurès, boulevard Maréchal Foch, place Gustave Rivet, boulevard Maréchal Joffre, Place Pasteur, rue Jean Bistesi, boulevard Maréchal Lyautey, rue Agutte Sembat, rue Lesdiguières, place de Verdun (arrivée).

Barrer la route à M. Le Pen, oui, bien sûr !
Adhérer au programme du candidat des banques et de l’économie ultralibérale, jamais ! »

Grèce : médicaments à crédits

De plus en plus de Grecs achètent leurs médicaments à crédit à la pharmacie, et les payent en plusieurs versements, en raison de difficultés financières.

Selon l’Association des pharmacies ( FAT) de la deuxième plus grande ville de Grèce, Thessalonique , il y au moins 50 à 100 citoyens par pharmacie qui demandent leurs médicaments à crédit.

Les dettes des Grecs dans le besoin recouvrent une gamme de médicaments de 10 € à 400 €. Dans de nombreux cas, le délai moyen de remboursement de la dette est jusqu’à trois mois ou six mois. Cependant, il y a aussi des cas où les dettes remontent à trois ans.

En tant que président de la FAT, Kyriakos Theodosiadis, note qu’un certain nombre de pharmacies font des versements de 50 à 100 euros. Les pharmaciens demandent souvent à leurs clients de verser des acomptes quelle que soit leur possibilité, même 3 ou 5€, afin qu’ils puissent être enregistrés.

« Certains clients reviennent en effet jamais à la pharmacie de honte car ils ne peuvent pas payer leurs dettes. Ils cherchent une nouvelle pharmacie pour obtenir leurs médicaments et ouvrir un nouveau cycle de la dette « , a déclaré Theodosiadis ajoutant que lorsque la dette est supérieure à 200 €, le débiteur ne répond pas normalement. « Certains paient par carte de crédit, mais ce n’est pas une solution, car ils reportent le problème à la banque de la pharmacie »

C’est la déficience économique qui oblige les retraités, les chômeurs et les travailleurs à temps partiel à acheter des médicaments à crédit. ils attendent les derniers ou les premiers jours du mois, quand ils obtiennent leur pension, le salaire ou l’ allocation de chômage pour payer leur dette à la pharmacie.

En raison des soi-disant « réformes » dans le secteur de la santé en 2012, une série de médicaments ne sont plus couverts par le fonds de sécurité sociale. Parmi ceux-ci sont des antibiotiques, des médicaments pour le rhume d’hiver, les sirops anti-toux – la liste est longue . En même temps, l’augmentation de la part de participation par l’assuré est élevée dans l’achat de médicaments et rend l’accès aux médicaments souvent impossible.

« Par exemple, pour un cardiotonique à valeur commerciale 1,42 euros €, le patient assuré paie 1,32 € euros et le EOPYY [Caisse nationale d’ assurance] seulement 0,06 euros €. En outre, pour le bien connu Lexotanil, l’assuré paie la totalité du montant de 1,88 €. Il faut ajouter 1 euro par ordonnance « , a déclaré Theodosiadis. Souvent, 10 euros doivent être payés par le patient, si le médecin a atteint le nombre de rendez-vous dans un mois.

« Dans sa tentative de réduire le coût des soins pharmaceutiques, le gouvernement n’a pas encore aboli le 1 euro par ordonnance. De plus, avec le soi-disant prix de référence qui change à intervalles réguliers, « le pourcentage d’auto-participation des assurés a augmenté à 35% en moyenne, alors qu’il était de 11% en 2010, » précise le président de la FAT.

La conclusion est que de nombreux patients ne vont pas du tout chez le médecin pour une prescription. Parce qu’en fin de compte, ils paient moins lorsqu’ils achètent le médicament directement à la pharmacie et non par une ordonnance.

« Nous parlons surtout des retraités et des personnes âgées à faible revenu qui ont besoin de ces médicaments, » souligne t il.

La « réforme de la santé » en 2012 a eu pour effet la montée en flèche de l’auto-participation des patients assurés à l’achat de médicaments. Au sommet de la crise économique, les personnes âgées et les retraités à faible revenu ont été contraints de couper leur traitement car ils ne pouvaient pas se le permettre. Pour certains, le dilemme était acheter un médicament ou manger….

A qui profite la dette grecque ?

Crise grecque. On nous parle d’une dette grecque insoutenable, impayable… mais au fait : à qui cette dette profite ? Qui sont les créanciers de la Grèce ? Pourquoi ont-ils prêté de l’argent à la Grèce et à quelles conditions ? Pourquoi la Grèce n’a pas été « sauvée » ?

Cette courte vidéo animée vous propose quelques éléments de réponses sur les trop peu connus prêts bilatéraux des pays européens, FESF et MES. Élaborée à partir du travail d’audit de la dette grecque, elle sera suivie par d’autres vidéos sur les créanciers de la Grèce.

Aidez-nous à diffuser cette vidéo réalisée par ZinTV et le CADTM Belgique auprès de vos contacts pour que les mensonges sur la dette grecque cessent (n’hésitez pas à l’inclure dans vos newsletters, la publier sur vos sites internet, sur vos réseaux sociaux, etc.)

http://www.cadtm.org/Video-A-qui-profite-la-dette


Printemps des poulpes: la rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque  et cette fois-ci un regard sur les élections en France.

Printemps des poulpes

Mois d’avril. Printemps ! Les terrasses des tavernes au centre-ville d’Athènes sont remplies. Des musiciens, plutôt tristes, amusent alors nos touristes comme ils le peuvent. Bouzouki indispensable, superbes chansons du rebétiko classique aux paroles poignantes, celles que nos touristes ne saisiront finalement pas. Entre deux bières et trois “brochettes à la grecque”… et à la viande de porc à 95% importée depuis les Pays-Bas, les médias de la colonie s’extasient déjà sur la… “seule grande victoire de l’unique… et grand Macron”. Printemps des poulpes !

Presse grecque. Athènes, le 25 avril 2017

Comme prévu, il y a eu aussitôt la réaction… spontanée des cadres SYRIZA, à l’instar de la porte-parole du parti Tsiprosaure, Rania Svigou, ayant publiquement et si chaleureusement félicité Pierre Laurent et son PC décidément Macronymique de leur “attitude responsable car de gauche” (quasi-explicitement se rangeant derrière Macron). Et pour ce qui tient de l’inqualifiable… qualifié d’Alexis Tsipras, celui-ci s’est empressé d’appeler au téléphone Emmanuel Macron pour lui souhaiter, d’après le reportage des médias grecs “le plus grand succès dans la bataille pour le second tour contre l’extrême droite, et pour lui exprimer toute sa confiance devant son élection. Et alors, pour qu’elles se prolongent enfin, l’amitié et la coopération entre la Grèce et France.”

“Emmanuel Macron lui a répondu qu’il avait soutenu depuis le début, en sa qualité de ministre de François Hollande, tous les efforts du gouvernement grec, et également, cette nécessité impérative de changer d’attitude envers la Grèce: ‘Il est certain que si je suis élu, nous travaillerons ensemble pour que l’Europe puisse répondre aux besoins de notre génération”… les Français, déjà après les Grecs, génération après génération devraient donc… se sentir rassurés.

L’Europe, fille du roi de Tyr, ayant été déjà et depuis bien longtemps enlevée par Zeus, transformé comme on sait en taureau à l’occasion, les Grecs ont l’impression que leur temps tourne plutôt rapidement et ainsi… en rond dans cette “Europe”. Heureusement que le cinéma existe toujours ; pour se changer un peu les idées à Athènes, c’est peut-être le moment d’un “Tour de France” , bien particulier, s’agissant bien entendu du film de Rachid Djaïdani avec Gérard Depardieu et Sadek, projeté en ce moment dans les salles à Athènes, dans le cadre du festival du cinéma francophone. Printemps, car tout n’est pas perdu !

Europe sur le taureau, terre cuite d’Athènes, 5e siècle av. J.-C. Musée Kanellopoúlou, Athènes, avril, 2017
“Le dernier tango à Paris du bipolarisme politique”. Presse grecque, le 25 avril 2017
“Tour de France”, le film de Rachid Djaïdani. Athènes, avril 2017

L’indifférence, ou sinon son apparence, se généralise, en réalité l’opinion grecque est en ce moment secouée par un bien détonant mélange de dépit et de colère, intériorisés jusqu’au plus profond des retranchements de la psyché. Après tout, le port de Thessalonique vient d’être à son tour vendu pour très exactement 231.926.000€, à une… coalition entrepreneuriale franco-germano-russe, les… heureux gagnants sont les sociétés, et funds: “Deutsche Invest Equity Partners GmbH”, “CMA-CGM”, “Belterra Investments” et “Terminal Link SAS” (presse grecque du 25 avril 2017) .

En cette même semaine… décidément bien Macronymique, le “gouvernement” Tsipras de la bonne méthode enfin découverte… pour enfin satisfaire aux exigences de la Troïka élargie, au sujet de l’ouverture des commerces durant tous les dimanches de l’année. Cette décision peut-elle être prise désormais au niveau régional et local (presse grecque du 26 avril) . C’est certainement en cela (également), que l’Europe… finira par répondre aux besoins dune certaine génération, d’après toujours la déclaration téléphonique… et d’amour, entre Emmanuel Macron et Alexis Tsipras.

Ainsi va la vie… et d’ailleurs pour de nombreux Grecs, leur quête de la survie s’approche bien fatalement du cercle implacable des nécessités vitales, d’où également cette mutation quand à leur sens politique restant. Lorsqu’on sait que l’action politique ne débute qu’à partir du moment où les humains transgressent un jour le domaine des nécessités vitales pour s’interroger sur le juste et l’injuste, on prend alors toute la mesure de… l’acosmisme triomphant en Grèce (comme ailleurs) en ce moment.

Sur nos murs, slogans du siècle précédant. Athènes, avril 2017
Concert gratuit sous l’Acropole. Athènes, avril 2017
Antiquité… Tardive. Athènes, avril 2017

Sur nos murs, les slogans du siècle précédant en rajoutent à leur manière à cette impression qu’alors laisse derrière elle, l’accélération de l’histoire. Les illusions finissent par s’épuiser, les badauds et les touristes quant à eux, ils apprécieront surtout les concerts gratuits organisés à présent par la Ville d’Athènes sous l’Acropole, devant son nouveau musée. Pourquoi pas !

Après tout, Athènes ce n’est tout de même pas “Karakas” (au lieu de Caracas), son Agora antique nous paraîtrait même plus belle et davantage “parlante” que jamais. Eh oui ; la vie des peuples… ou des poulpes, c’est selon, elle restera toujours quelque part digne d’être vécue, même contre vents et marées.

Comme du temps de la longue (autre) Antiquité Tardive (IIIe-VIIe siècles de notre chronologie), l’ordre de notre monde connaît des changements sensibles. Le rôle et le statut des citoyens semblent s’être dégradés, pour bien le dire alors gentiment. L’effritement des revenus caractérise le sort du plus grand nombre, les cités (nos villes et États actuels) souffrent alors du déclin de leurs ressources propres et leur situation financière, et alors le statut d’emploi forcé rapproche les ouvriers de ces ateliers de la condition d’esclaves alors qu’ils sont en théorie des citoyens… à une différence près et cependant de taille: c’est bien le travail qui disparaît actuellement, tandis que comme au IVe siècle, la petite propriété continue à régresser et les petits propriétaires ont de plus en plus de mal à satisfaire les exigences fiscales de l’Empire.

Il me semble d’ailleurs, que suite à une énième réforme de l’Éducation nationale (en France), modifiant profondément l’enseignement de l’histoire au Collège et au Lycée, des périodes entières de cette histoire sont éliminées, l’Antiquité Tardive notamment (IIIe-VIIe siècles) et l’histoire byzantine, comme par hasard.

L’Agora ancienne près du cimetière du Céramique. Athènes, avril 2017
Karakas… à Athènes. Avril 2017
Le poisson et son marché. Athènes, avril 2017

Ce serait pourtant Byzance en apparence (et dans un autre sens), les touristes émerveillés se promènent sous l’Acropole, on découvre de nombreux livres en français chez certains bouquinistes de l’Agora d’Athènes (celle de 2017 !), et le poisson reste toujours étalé sur son marché. Nous contemplerions donc ce temps rallongé de la Troïka, à la manière d’un rite de passage, la récente Macronymie comprise.

Comme l’écrit d’ailleurs à son propos et si justement, mon ami Olivier Delorme sur son blog , “En Grèce, ‘En Marche !’ s’appelle Potami (Le Fleuve) et Macron (Stávros) Theodorakis, mais c’était déjà allé trop loin en 2015 pour que les gens s’y laissent prendre. Alors il y a eu Tsipras qui, au final, a joué le même rôle.”

“En Italie, Macron s’appelle Renzi et c’est venu par un coup d’État intérieur au parti dit de gauche PDS; ça c’est très vite usé. En Espagne, Macron s’appelle Rivera, En Marche ! porte le nom de Ciudadanos (Citoyens), et ça a suffisamment marché pour permettre à la droite de rester au pouvoir grâce au soutien faux-cul des socialistes.”

“Chaque fois, il s’est agi de faire croire qu’on faisait du neuf afin de donner un répit au vieil empire germano-européen en voie d’effondrement sur lui-même mais dont les peuples ne parviennent pas à comprendre qu’il faut se débarrasser pour retrouver des marges de maîtrise de leur propre destin. Chaque fois, il s’est agi de fournir une roue de secours au carrosse du désastre qui nous emporte à toute berzingue vers l’abîme. Partout, ça s’installe grâce au ralliement de la nomenklatura affolée de voir le peuple remettre en question sa position dominante – son dû.”

Touristes sous l’Acropole. Athènes, avril 2017
Livres en français. Athènes, avril 2017
Touristes très matinaux. Place de la Constitution, Athènes, avril 2017

Depuis la Grèce, nous savons déjà qu’il ne s’agit ni d’une “transition” d’un temps court et encore moins d’un moment (seulement ou simplement) électoral. Notre… Antiquité Tardive ainsi revisitée en avant-goût, est un temps relativement (et historiquement) long, et sûrement dangereux. Ce qui ne veut guère dire que ce… même temps ne nous serait-il pas compté dans un sens, bien au contraire, la Macronymie politique incarne déjà ce premier stade de la métapolitique, “l’épopée” d’Elon Musk et la technoscience en plus et en gestation.

Emmanuel Macron appartient ainsi à cette première génération 100% cooptée d’automates de la “politique” robotisée, à une différence près, les électeurs sont encore gentiment “menés” à finaliser le choix de… l’Empire. Seulement, ce processus métanthropique, se terminera tôt ou tard (si rien ne change), et tout simplement le droit de vote sera supprimé (ou sinon très largement réduit).

Les Grecs “d’en bas”, commentent alors le résultat de ce premier tour de la Présidentielle en France non sans une certaine amertume, pour ne pas dire sympathie hélas impuissante, face aux… perspectives qui semblent ainsi “s’offrir” au peuple français. Ensuite, les Français rencontrés par exemple à Athènes, sont visiblement hésitants et inquiets, indépendamment des choix politiques d’ailleurs. Nous cheminons parfois ensemble rue de la Théorie, et c’est comme pour les besoins d’une cérémonie pratiquante, qu’ensemble toujours, nous restons très méditatifs dans les musées, par exemple devant cet “ostrakon” portant le nom de Thémistocle fils de Néoclès, morceau de poterie sur lequel on inscrivait son vote durant le court épisode de la démocratie athénienne antique.

Le grand homme d’État et stratège athénien fut comme on sait, frappé d’ostracisme en 471 av. J.-C., et il s’était réfugié dans un premier temps à Argos, et ensuite auprès du roi de Perse Artaxerxès I, fils de Xerxès, que Thémistocle avait vaincu à Salamine. Le grand roi achéménide lui avait confié le gouvernement de cités grecques d’Asie Mineure, qu’il a administré jusqu’à sa mort en 459 av. J.-C.

L’ostrakon portant le nom de Thémistocle. Athènes, Musée Kanellopoúlou, avril 2017
Animaux adespotes entre les ruines antiques. Athènes, avril 2017
Sous l’Acropole. Athènes, avril 2017
Femme, sans-abri. Athènes, avril 2017

Rappelons que dans la Grèce Antique, l’ostracisme est le bannissement d’une personne de la cité par décision de l’assemblée publique, procédure d’exclusion temporaire, de dix ans, permettant d’écarter un citoyen considéré comme dangereux pour l’État.

Sous l’Acropole justement, sous le soleil des… ostracismes parfois modernes, nos animaux adespotes (sans maître) se cachent parfois à peine entre les vielles pierres, puis, nos sans-abri souffriraient déjà un peu moins grâce à la météo désormais plus clémente. Notre muséographie enfin du théâtre antique, alors exact miroir de la démocratie, comme autant de sa fin en bien d’autres temps, pourrait peut-être nourrir encore notre réflexion.

Le visiteur attentif de la ville d’Athéna, remarquera finalement ce beau texte du cimetière antique de Céramique, reproduit d’ailleurs par un artiste de notre temps sur un mur proche:

“Il est une chose facile, louer un homme bon. Louange alors abondante que l’on peut trouver aisement. Mais maintenant, c’est dans les greniers de Perséphone, et dans une chambre ainsi partagée par tous, que Dionysos, apprécie alors cet éloge.”

Épitaphe de Dionysos, reproduit. Athènes, avril 2017
Exposition sur le théâtre antique revisité. Musée Kanellopoúlou, avril 2017
Aspects revisités du théâtre antique. Musée Kanellopoúlou, Athènes, avril 2017

Mois d’avril finissant. Printemps aux terrasses au centre-ville d’Athènes déjà remplies de notre théâtre bien contemporain.

Les médias s’extasient comme ils le peuvent, nos animaux adespotes nous observent alors sous l’Acropole, ils ont sans doute… l’aura de ceux qui ont vu certainement d’autres horizons… que nos métadémocraties actuelles.

Nous apprécions pourtant notre temps historique, nos échanges, encore réalisés au moyen d’un certain Logos, notre présentéisme, si possible réfléchi. Printemps… des poulpes et pourtant !

Animal adespote sous l’Acropole. Athènes, avril 2017
* Photo de couverture: Des musiciens, plutôt tristes. Athènes, avril 2017

mais aussi pour un voyage éthique “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !” http://greece-terra-incognita.com/

et son livre  » La Grèce fantôme » Voyage au bout de la crise 2010-2013

Réactions Unité populaire au résultat des élections en France

Le résultat de Mélenchon et de la Gauche française au premier tour des élections présidentielles en France est une grande réussite

Déclaration de Panayiotis Lafazanis, secrétaire du Conseil Politique dUnité Populaire

Je salue de la part d’Unité Populaire les pourcentages obtenus par Mélenchon, et la Gauche française de combat, au premier tour des élections présidentielles.

Les pourcentages de Mélenchon sont une grande réussite pour lui et pour la Gauche. Obtenus à ce combat électoral mené dans les conditions d’adversité et d’alarmisme, ils sont une surprise agréable et positive.

La réussite de Mélenchon a d’autant plus de valeur qu’elle a été obtenue en dépit d’un climat de diffamation de la Gauche, créé dans l’Europe entière, et en France en particulier, par Alexis Tsipras et par SYRIZA, transformé en parti nouvellement converti aux mémorandums, par leur capitulation humiliante et leur trahison.

La Gauche se révèle bien résiliente ; en se refondant elle devient la réponse à un grand besoin des peuples, l’espoir pour des sociétés et un monde plus humains.

Nous souhaitons à Mélenchon, et aux forces qui l’ont soutenu, le succès aux élections législatives françaises à venir, lors desquelles un Grec binational, militant d’Unité Populaire, se propose comme candidat aux bulletins électoraux de la Gauche de combat, soutenus par Mélenchon.

Après ce premier tour des élections présidentielles la France ne restera pas la même. Les establishments d’Allemagne et d’Europe ont beau jubiler. Leur victoire aux élections françaises est  une victoire à la Pyrrhus, sans perspective.

L’axe franco-allemand est gravement traumatisé. Tout comme la zone euro et l’UE, il est sans avenir, voire sans avenir immédiat.

La Grèce a encore moins d’avenir avec l’euro dans l’UE néolibérale.

Le message des élections françaises est un message pour marcher et lutter en commun adressé à toutes les forces de la Gauche de combat en Grèce.

C’est un message pour la création d’un grand front politique, populaire et électoral de toutes les forces radicales de gauche, des forces progressistes, patriotiques, anti-mémorandistes de notre pays, sans exclusions ni velléités de petites hégémonies.

Toutes les forces de l’espace politique ainsi défini, qui opposent un déni, ou qui feignent lindifférence, face au besoin d’un grand projet unitaire, offrent objectivement des services précieux et inespérés au régime mémorandiste compromis, dont nous avons le devoir de faire tomber ici et maintenant et de faire s’écrouler avec lui le personnel politique et l’oligarchie qui le soutiennent et qui pillent notre pays et notre peuple.

Le Bureau de Presse

Athènes, le 24/04/2017  

https://unitepopulaire-fr.org/2017/04/24/declaration-de-panayiotis-lafazanis-secretaire-du-conseil-politique-dunite-populaire-grece/

Zone euro : qui doit réformer d’abord, la France ou l’Allemagne ?

Par Romaric Godin 17/4/17

Emmanuel Macron propose de réformer d’abord la France pour pouvoir obtenir de l’Allemagne un cadre plus coopératif en zone euro. Mais l’urgence ne serait-elle pas plutôt de réformer l’Allemagne ?

Dans cette « super année électorale », deux chemins se dressent devant la zone euro : la poursuite de la situation actuelle fondée sur des ajustements unilatéraux et la compétition de tous contre tous au sein de l’union monétaire ou la réforme de son fonctionnement dans un cadre plus coopératif. L’issue de l’élection présidentielle française sera une étape déterminante pour l’issue de ce choix qui, par ailleurs, peut se résumer simplement ainsi : qui doit « réformer » en premier, la France ou l’Allemagne ?

La France devrait réformer d’abord

La plupart des observateurs français et la quasi-totalité des observateurs allemands estiment que c’est à la France de réformer d’abord. C’est, d’ailleurs, le choix qui est fait par Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche ! Dans un entretien à Ouest-France paru le 12 avril, ce dernier place la priorité dans les « réformes » françaises. Selon lui, tant que la France ne sera pas réformée, « on ne pourra pas retrouver la confiance des Allemands ». Et tant qu’on n’aura pas retrouvé cette confiance, pas question d’aller plus loin dans l’intégration. Grâce à la magie des réformes françaises, Emmanuel Macron espère ensuite arracher à Berlin un « budget de la zone euro contrôlé par un parlement de la zone euro » et lançant des investissements communs. Bref, le programme de Benoît Hamon, mais seulement après les réformes françaises.

Les mots utilisés par Emmanuel Macron dans son interview sont sans équivoque. C’est seulement une fois la « confiance » en la France revenue que l’Allemagne devra se réformer : « ensuite, il faut que l’Allemagne considère que sa situation elle-même n’est pas durablement tenable », explique l’ancien secrétaire générale de l’Elysée (je souligne). Bref, la clé réside donc dans la réforme française.

Les réformes françaises, prélude à une Europe plus coopérative ?

Cette priorité n’est pas anodine. Emmanuel Macron adhère ainsi à l’idée que l’essentiel des difficultés de la France vient de son manque de compétitivité, et que ce manque de compétitivité s’explique principalement par des effets « structurels » qui, pour être simple, se résument à une question de coût du travail. Ce qu’on appelle souvent « flexibilité » n’est qu’une façon d’évoquer le coût des licenciements, car il est en réalité, assez aisé à un employeur de licencier en France pour peu qu’il accepte d’en payer le prix. C’est donc un élément de coût du travail. De même, la consolidation budgétaire n’a d’autre fonction que de permettre des baisses d’impôts et de cotisations. Les « réformes » ne visent donc qu’à réduire ce coût du travail, perçu comme l’alpha et l’omega de la politique économique.

Une fois redevenue compétitive, la France ne présentera plus de « risque » pour le contribuable allemand qui, dès lors, pourra accepter de mettre en commun une partie de ses recettes fiscales. C’est ce qu’Emmanuel Macron et son soutien allemand, le ministre fédéral des Finances Wolfgang Schäuble, appellent la « confiance ». Faire en sorte que le besoin de solidarité disparaisse pour mettre en place la solidarité. C’est l’Europe au moindre coût pour les Allemands.

Double langage et leurre

Cette stratégie pose plusieurs problèmes. Le premier, et non des moindres, c’est qu’il est étrange de reconnaître que la position de l’Allemagne n’est pas tenable dès à présent, et ne rien proposer pour changer la donne immédiatement. Il n’est pas moins étonnant d’entendre Jean Pisani-Ferry, le principal conseiller économique du candidat, reconnaître que la politique européenne de 2010 à 2014 a été une « erreur » qui a conduit à une seconde récession parfaitement évitable, et proposer en même temps de se conformer à une architecture institutionnelle de la zone euro qui est le fruit de ces erreurs et qui les a même inscrites dans le marbre des traités : surveillance budgétaire renforcée, sanctions facilitées, pacte budgétaire et solidarité sous conditions d’austérité dans le traité du Mécanisme européen de Stabilité.

Ce double langage laisse inévitablement penser que la stratégie de réformes de la zone euro relève davantage du leurre que de la vraie volonté. En s’engageant d’abord dans les réformes françaises, sans exiger de réformes allemandes, le candidat d’En Marche ! accepte l’ordre établi de l’union monétaire. Il accepte sa logique d’ajustement unilatéral. Or c’est cette logique qui a échoué à partir de 2010 et qui a donné à beaucoup – non sans raison – le sentiment que l’euro n’était plus une monnaie protectrice.

Rétablir la confiance ? Mission impossible !

Car l’Allemagne sait parfaitement jouer sur le registre de la confiance que l’on perd aisément, mais que l’on retrouve difficilement. Il faudra faire preuve non seulement de volonté, mais aussi prouver des résultats. Et quand bien même ces résultats seront obtenus, alors il faudra encore sans doute en faire davantage. Si l’on observe les attitudes face à l’Espagne, au Portugal ou à la Grèce, on remarque que ces pays ne vont jamais assez loin dans les réformes. La Grèce en est l’exemple caricatural puisqu’on en est encore à réclamer des gages de confiance sous la forme de nouveaux plans d’austérité après sept ans d’ajustements. Mais l’Espagne, dont on loue tant les « réformes », qu’a-t-elle obtenu ? Deux ans pour réduire son déficit public au lieu d’une sanction immédiate. Et pas même la présidence de l’Eurogroupe qui semble devoir encore échapper à son ministre des Finances Luis de Guindos, alors que le pays n’a plus de représentants au directoire de la BCE et n’obtient aucun poste à responsabilité en Europe… L’Italie de Matteo Renzi a tenté d’obtenir des concessions en retour de ses « réformes » : elles lui ont été refusées. Pourquoi diable la France d’Emmanuel Macron obtiendrait davantage ?

Déni allemand

La réalité est plus cruelle : l’Allemagne n’accepte pas de se remettre en cause. Elle voit dans son succès économique le fruit de sa « vertu » et cette vision morale ne peut donc déboucher que sur l’exigence de se dresser en modèle. Il n’est qu’à voir les articles indignés de la presse conservatrice allemande sur les critiques d’Emmanuel Macron, pourtant modérées. Le directeur adjoint de la rédaction du Handelsblatt, le quotidien officiel du monde des affaires outre-Rhin, Hans-Jürgen Jakob, parle de « communication patriotique » du candidat pour contrer le FN « sous la forme d’un bashing de Teutons ». On peut voir ici un vrai refus de toute remise en cause de l’excédent courant allemand, qui s’élève à 8,6 % du PIB, soit 270 milliards d’euros, un record. Ce refus est également illustré par le dernier rapport du conseil des experts économiques allemands qui s’échine à prouver le caractère bénin de cet excédent.

Un poids pour la demande

Pourtant, cet excédent pose clairement plusieurs problèmes majeurs. D’abord, il est le symptôme d’une économie allemande qui vit en dessous de ses moyens. Le sous-investissement a été estimé par Marcel Fratzscher, le président de l’institut DIW de Berlin, à 100 milliards d’euros annuels. Cet investissement trop faible touche autant le secteur privé que le secteur public. En donnant la priorité à son désendettement, le gouvernement fédéral est allé très loin, refusant même d’utiliser la très faible marge de manœuvre que lui offre le « frein à l’endettement » inscrit en 2009 dans la Constitution. L’investissement public en a pâtit.

Dans le secteur privé, les entreprises allemandes investissent également trop peu. L’investissement productif a été ralenti par la position de quasi-monopole obtenue sur certains secteurs comme les biens d’équipements ou sur certains niveaux de gamme dans les biens de consommation. Dans ces secteurs, l’investissement nécessaire est minimal. Ailleurs, la modération salariale et les effets des « réformes » du marché du travail ont réduit l’incitation à augmenter la productivité et à investir. Car les salaires sont clairement encore sous-évalués outre-Rhin, et c’est aussi ce que dit l’excédent allemand. Certes, les rémunérations réelles se sont accélérées depuis 2014, avec trois ans de hausse à 1,9 %, 2,4 % et 1,8 %. Mais ces hausses sont encore trop faibles au regard de la quasi stabilité des salaires pendant la décennie précédente. Surtout que, en 2016, le rattrapage s’est singulièrement ralenti.

Un ajustement unilatéral plus difficile

Pas assez d’investissements, pas assez de salaires, c’est autant de moins pour la demande mondiale et celle de la zone euro. Globalement, cet excédent allemand est donc un frein à la croissance des partenaires commerciaux de l’Allemagne. Mais il y a pire : cet excédent rend quasiment impossible l’ajustement unilatéral au sein de la zone euro. Si l’Allemagne disposait encore de sa propre monnaie, son excédent conduirait à une forte appréciation de sa monnaie. Parallèlement, ce phénomène contribuerait à faciliter l’ajustement des pays en déficit. Dans une union monétaire, ce phénomène n’existe pas et seuls les pays en déficit doivent s’ajuster. Mais si l’excédent allemand continue de progresser, l’ajustement devient de plus en plus difficile, voire quasiment impossible. Rééquilibrer cette balance à coup de « réformes » est un leurre. Et lorsque que l’on observe l’évolution des soldes allemands avec les pays de la zone euro qui ont mené des politiques de « réformes », on constate que l’excédent allemand ne se réduit guère suite à ces politiques. C’est pour cette raison que réformer la France seule est une gageure.

Le refus de Bruxelles de sanctionner Berlin

Il conviendrait donc de mettre en place un système permettant de réduire les excédents excessifs en zone euro. En théorie, ce système existe puisque la Commission européenne peut demander des politiques correctrices depuis 2013 lorsque l’excédent courant dépasse 6 % du PIB. Mais si Bruxelles blâme régulièrement Berlin, elle n’engage pas une politique du même ordre dans ce domaine que dans celui des déficits. Rien n’oblige donc Berlin à investir et à dépenser plus, pas davantage qu’à favoriser un meilleur ajustement des salaires. La politique européenne est donc clairement déséquilibrée : elle instaure des plans de consolidation des déficits, sans en faire autant pour les excédents. Elle renonce à « réformer » ceux qu’elle juge « bons élèves », faisant porter le fardeau aux seuls « mauvais élèves ». La morale reste la règle.

Les maux de la France se règleront-elles par des « réformes » ?

Globalement, l’excédent allemand est bel et bien un problème plus urgent que les « réformes » françaises. En octobre dernier, une enquête réalisée auprès de 67 économistes européen par l’institut étasunien Center for Economic and Policy Research (CEPR) montrait que près des deux tiers d’entre eux jugeait inquiétant cet excédent. A l’inverse, les maux de la France pourraient ne pas être où on le croit. Le CEPR publie ce mardi 18 avril une note de recherche qui conclut qu’il existe « de nombreuses preuves qui soutiennent l’idée que le chômage de masse et la stagnation en France sont le résultat d’une demande inadéquate plutôt que de problèmes structurels sur le marché du travail ou d’une dette publique trop élevée. » La question de la « demande inadéquate » souligne à la fois la difficulté de la France à trouver un bon niveau de gamme et la faiblesse structurelle de la demande où l’Allemagne a sa part, comme on l’a vu. On voit mal alors comment une politique de baisse des dépenses publiques pourrait relancer cette demande, quand bien même seraient-elles compensées par des baisses d’impôts qui, souvent, viennent alimenter l’épargne.

La question du niveau de gamme de l’industrie est centrale. Monter en gamme suppose des investissements, notamment dans la recherche. La France dispose d’un outil assez performant dans ce domaine, le Crédit Impôt Recherche qui, cependant, ne se traduit pas par une montée de gamme de l’industrie. Il est vrai que l’Allemagne occupe une place prépondérante sur les marchés de cette gamme. Baisser le coût du travail serait-il alors la solution ? On ne saurait réussir une montée de gamme par ce biais qui, au contraire, à tendance à maintenir la France dans son point faible : un niveau de gamme moyen qui subit la concurrence directe des pays à bas coût. La solution réside sans doute plutôt dans le soutien public à des industries nouvelles et innovantes. C’est, en tout cas, dans cette voie que le Royaume-Uni, après le Brexit vient de se lancer avec un ambitieux plan industriel centré sur les industries nouvelles. Mais ceci, comme la relance de la demande, exige d’oublier la priorité donnée au désendettement par l’architecture de la zone euro mise en place après 2011. On pourrait aussi envisager un vaste plan au niveau européen, porté par la Banque européenne d’Investissement (BEI) pur porter ce type d’évolution dans l’ensemble de la zone euro.

Un choix erroné

Le choix de réformer la France sans réformer l’Allemagne ressemble donc à une erreur comme celle qui a été commise après 2010. C’est le signe, en réalité, de l’acceptation du statu quo actuel. Derrière les dénonciations de l’excédent allemand, rien de concret n’est engagé pour mettre en place une politique plus coopérative. Se contenter d’un « plus tard » ou d’une volonté de « rétablir la confiance » revient à donner à Berlin le pouvoir de décider à quel moment son excédent est trop élevé et à quel moment la France aura bien fait ses « devoirs ». Or, l’expérience prouve que l’Allemagne n’est pas décidée à changer de logique. La politique de réformes promise risque donc d’affaiblir la France sans permettre de renforcer la zone euro. C’est un scénario bien inquiétant.

https://lemouvementreel.com/author/romaricgodin/

 

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