Austérité : Solutions fiscales

Inspiré du GDS Québec d’avril 2015 et autres sources

DPour Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, une réforme basée sur la diminution du déficit n’est pas un objectif souhaitable en soi. Il explique pourquoi, en revanche, l’augmentation des inégalités a contribuer au ralentissement économique et comment l’accroissement de la progressivité de l’impôt stimule la croissance économique.

Il affirme qu’une réforme de la fiscalité est essentielle pour ramener la vitalité économique :

  • en implantant une taxe sur les transactions financières ou en augmentant le taux d’imposition des corporations, en abolissant les échappatoires fiscales,
  • en augmentant la progressivité de l’impôt des particuliers ou en taxant l’héritage,
  • en améliorant la redistribution,
  • en encourageant des comportements socialement responsables de la part des individus et des corporations, par exemple en instaurant une taxe sur la pollution.

Voici une liste de solutions envisagées par ATTAC Québec :

  • améliorer la progressivité de l’impôt
  • rétablir un équilibre entre la fiscalité des particuliers et celle des entreprises
  • lutter contre la fraude et la mauvaise gestion des fonds publics
  • ajouter des paliers d’imposition, diminuer l’impôt des plus démunis et augmenter l’impôt des plus riches
  • ne plus offrir de traitement privilégié aux revenus provenant du capital : revoir les traitements privilégiés offerts aux personnes ayant des revenus élevés, abolir le crédit d’impôt sur les gains en capitaux et réduire celui pour les revenus de dividendes.
  • restaurer la taxe sur le capital auprès des institutions financières et de réduire les subventions et autres crédits aux entreprises.
  • lutter contre l’évasion fiscale et pas seulement contre la petite criminalité, mais davantage à l’évasion fiscale de la grande entreprise et des plus riches, qui ont à leur disposition des spécialistes qui leur permettent de se soustraire à leurs obligations fiscales.

L’austérité, une idéologie ?

ARGUMENTAIRE

En synthèse de Thomas Picketty dont le livre « le capital au XXI siècle » est traduit dans toutes les langues et de ce député européen, tous deux socialistes, il faut se rappeler des points essentiels qu’ils nous disent :

  • l’inflation est l’axe qui a permis à la France et l’Allemagne d’après guerre de se défaire de leur dette. Pourquoi ne permet-on pas un retour à l’inflation qui permettrait à tous les pays de se dégager de leur dette et ainsi relancer la machine économique? N’ayons pas peur des mots, c’est une question idéologique.
    • C’est parce que la dette justifie les mesures gouvernementales : fléxibilisation du marché du travail pour faire pression sur les salaires, privatisation des services publics pour permettre aux entreprises privées d’engranger les bénéfices correspondants,
    • C’est à cause de la rémunération excessive du capital qui conduit les entreprises à diminuer les salaires et les investissements, au risque de casser l’outil de travail, pour permettre une rémunération du capital de 15% minimum exigée par les actionnaires et autres fonds de pension.
    • paarce que l’inflation profite aux consommateurs tandis que l’argent gagné par les capitalistes est plus important dans les périodes d’inflation réduite.
  • Thomas Piketty, en plus de permettre l’inflation, propose de lever un impôt exceptionnel sur le capital privé et même prélever la totalité des revenus acquis de façon frauduleuse.
  • Et pourquoi la communauté européenne s’acharne-t-elle à imposer un modèle de société ? C’est pour des raisons idéologiques liées au capitalisme qui veut plus de flexibilité nous dit Guillaume Balas, député socialiste européen. Il recommande au contraire que la Grèce mette en place des mesures qui permettront le redressement du pays, telles que la lutte contre la fraude fiscale et la mise en place d’un impôt sur les plus riches.

EXPLICATIONS

C’est Piketty, directeur d’étude à l’EHESS et professeur à l’école d’économie de Paris. Il est membre du PS. Il propose les moyens qui permettraient au capitalisme d’améliorer les conditions de vie des peuples.

Or, le 24 avril dans le journal Libération, il s’interrogeait sur l’obligation faite aux Etats de payer leur dette. Il distingue

  • d’une part la méthode lente, qui vise à accumuler patiemment des excédents budgétaires, afin de rembourser petit à petit les intérêts puis le principal des dettes en question ;
  • et, d’autre part, une série de méthodes visant à accélérer le processus : inflation, impôt exceptionnel, annulations pures et simples.

Il note, je le cite, que l’Allemagne et de la France, se retrouvent en 1945 avec des dettes publiques de l’ordre de deux années de produit intérieur brut, c’est à dire 200% du PIB, soit des niveaux encore plus élevés que la Grèce ou l’Italie aujourd’hui. Je précise que la Grèce a un taux d’endettement de 175% de son PIB. Dès le début des années 50, nous dit Thomas Piketty, la dette de la France et de l’Allemagne était retombée à moins de 30% du PIB. Or, une réduction aussi rapide n’aurait évidemment jamais été possible avec l’accumulation d’excédents budgétaires. Les deux pays utilisent, au contraire, toute la panoplie des méthodes rapides. L’inflation, très forte des deux côtés du Rhin entre 1945 et 1950, joue le rôle central. A la Libération, la France institue également un impôt exceptionnel sur le capital privé, atteignant 25% sur les plus hauts patrimoines, et même 100% sur les enrichissements les plus importants survenus entre 1940 et 1945. Il y a eu aussi les accords de Londres de 1953, où on annula l’essentiel de la dette extérieure allemande.

C’est ainsi dit-il, que ces deux pays ont pu dans les années 50-60 investir dans les infrastructures publiques, l’éducation et le développement. Et qui expliquent maintenant au sud de l’Europe que les dettes publiques devront être repayées jusqu’au dernier euro, sans inflation et sans mesure exceptionnelle.

la Grèce serait ainsi censée dégager un énorme excédent de 4% du PIB pendant des décennies afin de rembourser ses dettes, alors que la France et l’Allemagne n’ont fort heureusement jamais appliqué à elles-mêmes cette stratégie absurde.

Le plus absurde, dit Thomas Piketty, c’est que les dettes européennes de 2015 sont pour l’essentiel des dettes internes, comme d’ailleurs celles de 1945. Les épargnants des banques françaises détiennent une part des dettes allemandes et italiennes, les institutions financières allemandes et italiennes possèdent une bonne part des dettes françaises, et ainsi de suite. Mais si l’on considère la zone euro dans son ensemble, alors nous nous possédons nous-mêmes. Et même davantage : les actifs financiers que nous détenons en dehors de la zone euro sont plus élevés que ceux détenus en zone euro par le reste du monde.

Plutôt que de se rembourser à nous-mêmes notre dette pendant des décennies, il n’appartient qu’à nous de nous organiser différemment.

Ce même vendredi 24 avril sur France Culture, Quentin Dickinson notait qu’il n’y avait toujours pas d’accord en vue entre l’Europe et la Grèce au sommet de l’Eurogroupe qui se tenait à Riga.

Le député européen Guillaume Balas est également socialiste. Pour lui, l’hypothèse de la sortie de la Grèce de la zone euro ou de la communauté européenne ne sont pas réalistes malgré la poussée des partis de droite à faire sortir la Grèce de l’eurozone pour faire un exemple qui sera également utile comme menace contre la France.

Pour Guillame Balas, la France et d’autres pays de la communauté européenne ne souhaitent pas que la Grèce tombe complètement dans l’orbite de la Russie et qu’elle, la France, avec l’Italie et d’autres, fera tout pour que la Grèce ne sorte pas de la zone euro car une sortie pour des raisons économiques intensifierait la menace qu’ils soient, à leur tour, mis sous surveillance renforcée.

Mais surtout, Guillaume Balas met en évidence le discours idéologique du FMI qui décide quelle doit être l’économie de marché la plus souhaitable en Grèce, alors que cette question n’a rien à voir avec le remboursement de dette.

Guilllaume Balas s’étonne qu’on ne parle plus des demandes du FMI vieilles d’il y a 9 mois seulement de s’attaquer à l’évasion fiscale et de s’intéresser à l’impôt des plus riches qui sont deux problèmes essentiels. On ne parle plus que de taux de TVA et flexibilisation du marché du travail qui n’ont aucun rapport avec les remboursements grecs. Pour lui, il ne faut pas imposer aux grecs un modèle de société au prétexte de remboursement de la dette.

 

Compte rendu du 27 avril

Présents : Max, Béatrice, Francis, Jojo, Liliane, Christine, Marie-Claude, Bruno, Gilles

1. Compte rendu de la réunion à Eygians / Buech

A Eygians, à la suite du film « La Tourmente grecque », bourré d’infos sur la situation économique, le désastre humanitaire. Marie-Claude a insisté sur l’annulation possible et l’audit en cours. Pendant la dégustation de la soupe, les personnes présentes ont été très intéressées par les tableaux expliquant la dette.

Une personne était venue avec son argumentaire contre Syriza. Il a été difficile de reprendre la parole.

Une question importante : Que se passera-t-il si Syriza échoue. Bruno s’empare de cette question.

Une question en séance : comment aider le peuple grec : voir la catégorie à ce sujet sur le site. Question complémentaire : Où va cet argent ? Réponse provisoire : les adresses ont été tirées du site ATTAC France.

2. Action de rue

Elle aura lieu mardi 12 mai place Victor Hugo de 12h à 14h. Nous envisageons de faire une action récurrente, toujours au même endroit avec le même scénario. Nous serons en principe tous présents à l’exception de Francis et Béatrice.

Prévoir les parapluies s’il pleut.

Le scénario consiste à

  • tourner autour de la place en portant un drapeau grec. L’objectif est d’interpeler les passant à l’image des « femmes de mai » en Argentine. Les panneaux du CADTM seront accrochés sur des barrières du parc. Certains d’entre nous déambuleront avec des panneaux sandwichs sur lequel on pourra mettre des informations, argumentaires, phrases faciles à lire.
  • Certains d’entre tenteront d’entrer en contact avec les passants en s’aidant du tract
  • diffuser de la musique grecque
  • afficher la banderolle

3. Organisation du collectif

Pour répondre aux questions d’organisation posées depuis la dernière réunion, il est décidé de préciser que le collectif de citoyens est soutenu par ATTAC Isère et le CADTM Grenoble.

Cette organisation devrait permettre d’obtenir l’impression des quelques tracts nécessaires par ATTAC Isère.

4. Rencontrer les Grecs de Grenoble

Christine a listé 7 groupes différents regroupant des Grecs. Elle leur enverra par mail l’affiche annonçant la journée du 12 mai, la date de la prochaine réunion du collectif qu’elle fera aussi parvenir par l’intermédiaire de sa professeure de grec.

Christine va organiser un rendez-vous entre elle-même, Catherine Sifakis, sa professeure et le Président de l’Association Franco-Hellenique de Grenoble pour expliquer en quoi consiste ce collectif, tenter d’obtenir leur participation aux actions et obtenir qu’ils acceptent de jouer le rôle d’intermédiaire entre le collectif et les groupes de Grecs.

5. Odeur de Grèce

Francis revient d’Athènes où il est parti quelques jours.

Il a rencontré des personnes de ATTAC Athènes, les infirmières toujours en grève. Il a été surpris par la misère qui se voit dans les rues, à un autre niveau que les simples clochards que nous avons à Grenoble. Il a vu des écoles fermées par manque d’enseignants, la distribution de cartables, le secours populaire qui aide les dispensaires.

Il a vu le film « la tourmente grecque » et a utilisé à cette occasion la fiche des « bobards » qui a intéressé les personnes présentes qui ont découvert ces arguments.

6. Construire une autre Europe – Le temps est venu d’agir!

Nous rappelons ici la position de l’’assemblée de convergence réunie ce 28 mars au Forum social mondial à Tunis qui a exprimé sa solidarité avec le peuple grec en lutte contre l’austérité, pour la démocratie, le changement social et une autre Europe.

L’Assemblée est convaincue que les mouvements sociaux grec et européens ont un rôle clé à jouer et qu’ils doivent agir dans les semaines à venir pour s’opposer fermement au chantage organisé par les institutions européennes sur le gouvernement grec et le peuple grec.

Répondant à la déclaration des syndicalistes allemands « la Grèce après les élections – pas une menace mais une opportunité pour l’Europe » (voir ici) et à la Déclaration de l’Assemblée générale de l’Altersummit « donner à la Grèce une chance » (voir ici), qui est soutenue par de nombreux réseaux européens, cette Assemblée du FSM appelle toutes les organisations syndicales, sociales et politiques :

  • à exprimer le 1er mai leur solidarité avec le peuple grec partout en Europe et à appeler des délégations internationales à prendre part à la manifestation du 1er mai à Athènes ;
  • à se rencontrer le 2 mai à Athène pour discuter et décider d’actions communes de solidarité ;
  • à participer activement au festival de « Solidarité pour tous » à la mi-juin afin d’en faire une grande mobilisation des mouvements de base en Europe exprimant leur soutien au peuple grec ;
  • à profiter du Sommet des Peuples les 8 et 9 juin à Bruxelles pour informer largement sur la lutte du peuple grec ;
  • à se mobiliser pour une semaine d’action européenne décentralisée en juin contre l’austérité et en solidarité avec le peuple grec (date à confirmer en fonction des négociations prévues entre la Grèce et les institutions européennes) ;
  • à une Assemblée citoyenne européenne sur la dette dans une grande ville européenne (hors Grèce) à l’automne 2015 ;
  • à un événement social et politique majeur à l’automne 2015 à Athènes.

L’avenir des peuples d’Europe est lié à l’avenir du peuple grec. Ensemble, nous allons construire une autre Europe ! Le temps est venu d’agir !

Dans ce contexte, nous soutenons la proposition de tenir au premier semestre 2016 à Athènes un séminaire stratégique entre les membres du Conseil international du FSM, les réseaux européens, les acteurs sociaux et les mouvements mondiaux.

Signé l’assemblée de convergence, Tunis, 28 mars 2015.

A faire

jojo trouver une proposition de drapeaux grecs sur internet
Christine rédige une affiche d’invitation à la journée d’action du 12 mai et d’invitation à rejoindre le collectif lors de sa prochaine réunion le 19 mai à 19h à la MDA et à signer la pétition à venir dont l’adresse sera écrite en bas de l’affiche
tous s’approprier une (des) fiches argumentaire ici, les rédiger et les envoyer sur le site en mettant [doc en préparation] dans l’objet. Bien mettre les crochets comme il est écrit ici. M’informer des fiches qui manquent pour que je les rajoute.
jojo rédige le tract sur la base de celui utilisé le 1er mai, en imprimer 100. Mettre l’adresse www.grece-austerite.ovh et l’adresse de la pétition en bas de la 1ère page.
christine envoyer des musiques grecques à jojo qui les mettra sur clé usb
jojo porter le porte voix le 12 mai
jojo faire une banderolle « solidarité avec le peuple grec », porter scotch et ficelle pour l’accrocher
Marie-Claude Annonce la création du collectif au CAC et au collectif AAA et propose aux citoyens de rejoindre le collectif
Marie-Claude Organise une réunion du CAC

Prochains rendez-vous

12 mai 12h – 14h action de rue place Victor Hugo
19 mai 17h à la MDA : échange sur les fiches argumentaire et finalisation
19 mai 19h à 21h à la MDA : échange d’information et questions sur les questions relatives à l’austérité et la Grèce
26 mai 12h-14h : action de rue place Victor Hugo

 

Programme de Syriza

Extrait du blog de Pierre Khalfa dont l’intégralité peut être consultée ici

Les chiffres

En moins de cinq ans, 30% des entreprises grecques ont fermé, 150 000 postes ont été supprimés dans le secteur public, il y a eu 42% d’augmentation du chômage, 45% de baisse des retraites, une hausse de près de 100% des personnes sous le seuil de pauvreté. Le PIB a diminué de 25% et la dette publique est passée de 120% à 175% du PIB. En 2014, le taux de chômage atteignait 27 % – plus de 50 % pour les jeunes – et le salaire minimum était de 480 euros net.

Le programme de Syriza

Il prévoyait quatre points : une renégociation des contrats de prêts et de la dette publique ; un plan national de reconstruction immédiate : mesures pour les plus pauvres, rétablissement du salaire minimum, réinstauration des conventions collectives ; la reconstruction démocratique de l’État : lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, contre la corruption, réembauche des fonctionnaires licenciés ; un plan de reconstruction productive : arrêt des privatisations, industrialisation et transformation de l’économie par des critères sociaux et écologiques.

Liste des réformes envoyée par le gouvernement grec le 23 février

 

  1. La réforme des politiques fiscales : elle prévoit la mise en place d’instruments à grande échelle, inédits, pour contrer la fraude fiscale et la corruption, mais aussi la poursuite de l’austérité (notamment concernant la santé, les salaires et les retraites) et des concessions au credo néolibéral (revenus et évaluation individualisés, maximisation de la mobilité des ressources humaines, etc.).
  2. La stabilité financière : elle prévoit de dépénaliser l’endettement des personnes à faible revenu et de ne pas exproprier les petits propriétaires endettés de leur résidence principale mais aussi l’engagement à payer l’intégralité de la dette ainsi que l’attribution des 10 milliards d’euros du Fonds Hellénique de Stabilité Financière non pas au budget de l’État comme le défendait le gouvernement grec mais seulement pour la recapitalisation des banques
  3. La promotion de la croissance : elle prévoit des instruments de lutte contre le chômage et n’évoque pas de nouveaux licenciements comme l’exigeaient les projets initiaux de la Troïka, mais aussi la poursuite des privatisations, le report de l’augmentation du salaire minimum et de la restauration des négociations salariales, la promotion de la compétition et l’ouverture au capital des professions réglementées.
  4. La crise humanitaire : le principe de mesures d’urgence (bons d’alimentation, aides concernant la santé et l’énergie pour les ménages aux plus faibles revenus) contre la grande pauvreté est validé, le projet d’un revenu minimum garanti est évoqué, mais il est stipulé que ces mesures ne doivent pas avoir « d’effet fiscal négatif », c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas avoir de coût budgétaire.

Dans les faits

La vice-ministre des politiques migratoires, Tasia Christodoulopoulou, a annoncé que le droit du sol remplacerait enfin en Grèce le droit du sang, permettant ainsi que 200.000 enfants d’immigrés obtiennent la nationalité grecque, ainsi que la fermeture de tous les centres de rétention de migrants en Grèce.

Le ministère de la lutte contre la corruption annonce la saisie de plusieurs centaines de millions d’euros sur des comptes bancaires de déposants riches ne pouvant justifier fiscalement leurs actifs.

Le 17 mars, Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement grec annonce la constitution d’une commission d’audit de la dette publique grecque, qui est coordonnée par Eric Toussaint (porte parole du CADTM International)[11] et dont l’objectif explicite est de « déterminer l’éventuel caractère odieux, illégal ou illégitime des dettes publiques contractées par le gouvernement grec ».

Le 18 mars, le gouvernement fait adopter la première loi de sa mandature, consacrée à un ensemble de mesures sociales en faveur des plus pauvres. Elle prévoit notamment de fournir l’électricité gratuite et une aide au logement pour les foyers les plus démunis, d’accorder une aide alimentaire pour 300 000 personnes, ainsi qu’une aide financière pour toutes celles et ceux qui sont privés de sécurité sociale par la perte de leur emploi.

Réaction de l’eurogroupe

Les institutions européennes ont répondu par une demande accrue de contrôle des services administratifs et financiers à Athènes. Il s’agit notamment d’éviter que soient remises en cause les pratiques de concurrence et « d’optimisation » fiscales par ailleurs encouragées par ces mêmes institutions ainsi que de continuer à faire peser la responsabilité de cette fraude fiscale sur les contribuables grecs (dont on rappellera au passage que les impôts sur le revenu sont prélevés à la source…).

Deuxième liste de réformes

Amélioration des rentrées fiscales de la Grèce (nouveau système de collecte d’impôt, mesures complémentaires de lutte contre l’évasion fiscale), la vente de licences de radiodiffusion, un relèvement du taux supérieur d’imposition sur le revenu ainsi que certains taux de TVA sur les produits de luxe et les boissons alcoolisées, ainsi que la poursuite de certaines privatisations (notamment du Port du Pirée au bénéfice de la société chinoise Cosco, ce qui a amené Pékin à acheter 100 millions de bons à court terme, appelés T-Bills, émis par l’État grec). Dans l’ensemble, cette liste ne fait que préciser et prolonger celles déjà présentées le 23 février, puis le 6 mars.

Elle ne prévoit pas les réformes du marché du travail et le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite (à 67 ans) explicitement exigés par l’Eurogroupe.

La stratégie de l’étranglement

Soit l’acceptation par la Grèce de la politique définie par l’Eurogroupe, soit la sortie de l’euro.

Une capitulation serait utilisée pour démontrer aux autres peuples d’Europe qu’aucune alternative n’est possible et que même un gouvernement de la gauche radicale est obligé d’être « raisonnable ».

Un succès de Syriza remettrait en cause 30 ans de néolibéralisme en Europe et risquerait d’entraîner une contagion dans toute l’Europe à commencer par l’Espagne avec Podemos. Pour les plus extrémistes des dirigeants européens, tout, même une sortie de la Grèce de l’euro, serait préférable à ce scénario catastrophe.

150330 Déblocage anticipé compromis

Publié par Cécile Ducourtieux, et Adéa Guillot au journal Le Monde

Une liste  »  assez proche de la réalité  « , précise une source gouvernementale grecque, a fuité lundi dans la presse, évoquant une vingtaine de mesures chiffrées. La lutte contre le trafic de carburant ou de cigarettes pourrait ainsi rapporter 250  millions d’euros  ; le contrôle des comptes ouverts à l’étranger par des Grecs pourrait, lui, rapatrier 725  millions, alors qu’un changement du code fiscal pourrait générer 300  millions. Le gouvernement propose de créer une structure de défaisance ( »  bad bank  « ) pour faire face à l’accumulation des créances douteuses des banques. Au total, le plan grec prévoit plus de 3  milliards d’euros de recettes nouvelles pour l’année 2015, un excédent primaire fixé à 1,5  % du PIB et une croissance à 1,4  %.  »  Cela ne semble pourtant toujours pas assez pour nos créanciers, se désole-t-on chez Syriza. Ils nous avaient parlé d’un Eurogroupe d’urgence cette semaine que nous ne voyions pas arriver.   »

Sous asphyxie financière, Athènes attend impatiemment le déblocage anticipé d’une partie des 7  milliards d’euros encore disponibles dans le cadre de l’accord de prêt prolongé le 20  février. Le 9  avril, les Grecs doivent rembourser plus de 450  millions d’euros au FMI, et le 14 racheter pour 1,4  milliard d’euros de bons du Trésor, puis encore 1  milliard le 17  avril.

Si, pendant un temps, le principe de ce déblocage anticipé partiel semblait acquis, il serait aujourd’hui de nouveau compromis.  »  C’est une décision politique qui doit être prise par l’Eurogroupe  « , précise au Monde le vice-président de la Commission en charge de l’euro, Valdis Dombrovskis. Et à en croire de nombreuses sources bruxelloises, l’Eurogroupe ne sera convoqué, au mieux, qu’après la fête de Pâques catholique (le 5  avril).  »  Il y aura bien un Euroworking Group – réunion des responsables des Trésors des 19  membres de la zone euro –  « , mercredi 1er  avril, mais il ne devrait s’agir que d’un point d’étape sur les négociations en cours, à en croire des sources bruxelloises.

Si, du côté des créanciers, les discussions sont jugées  »  constructives  « , précise ainsi Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne –, la partie est donc loin d’être gagnée pour Tsipras.  »  On travaille dans un bon état d’esprit mais les échanges ne sont pas simples  « , a reconnu le commissaire à l’économie, Pierre Moscovici, lors d’une audition au Parlement européen.

De fait, si les Européens sont prêts à des compromis, leur base de travail reste la liste de réformes à laquelle s’était engagé le précédent gouvernement grec de M.  Samaras.  »  Comment exiger que nous négocions sur des engagements antérieurs à l’élection du 25  janvier qui nous a portés au pouvoir, alors que nous avons, depuis, signé l’accord du 20  février nous autorisant à proposer nos propres réformes du moment qu’elles sont budgétées  « , critique-t-on côté grec. Pour le politologue Gérassimos Moschonas se cacherait là une  »  volonté de certains pays européens d’en finir au plus vite avec l’expérience d’un gouvernement de gauche radicale  « .  »  La situation actuelle n’aurait pas dû exister. Nous aurions pu terminer le programme – le plan d’aide – avant, au mois de décembre  2014  « , lors de la dernière revue de la  »  troïka  « , confie M.  Dombrovskis.

A l’époque, en décembre, c’est le FMI qui, des créanciers, avait été le plus dur en affaires. Il avait refusé la conclusion de la revue, pointent deux sources européennes haut placées. La pierre d’achoppement à l’époque comme aujourd’hui  ? Une réforme des retraites et une libéralisation plus poussée du marché du travail que continuent d’exiger les bailleurs de fonds du pays.  »  Ils insistent sur de nouvelles atteintes au droit du travail, mais c’est une ligne rouge pour nous  « , affirme-t-on à Athènes.  »  Pas touche aux retraites, aux salaires et au droit du travail  « , résume, sans ambiguïté, un membre du comité directeur de Syriza. Un langage commun, et c’est un progrès, existe désormais entre la Grèce et ses créanciers, mais les négociations atteignent désormais ces fameuses  »  lignes rouges   » qui avaient déjà entraîné la fin du précédent gouvernement grec. Le blocage reste donc bien réel.

150330 Réunion houleuse avec les partis d’opposition

Ce devait être le discours de l’union nationale, ralliant au gouvernement grec du parti de la gauche radicale Syriza l’ensemble des partis d’opposition dans la lutte contre l’austérité et les douloureuses négociations à Bruxelles. Or la discussion d’urgence, qui s’est tenue dans la soirée du lundi 30  mars au Parlement grec, a confirmé les antagonismes apparemment irréconciliables entre le premier ministre, Alexis Tsipras, et les leaders des principaux partis d’opposition.

 »  Au lieu des 3,5  % d’excédent primaire que vous aviez promis au peuple grec pour 2014, nous avons trouvé un excédent d’à peine 0,3  % du produit intérieur brut – PIB – , s’élevant tout juste à 592  millions d’euros  « , a lancé le premier ministre, lors d’un discours très offensif à l’encontre du précédent gouvernement conservateur dirigé par Andonis Samaras.  »  Nous avons hérité d’un déficit de 2,5  milliards d’euros. (…) Quelles réformes avez-vous vraiment menées pendant ces cinq années d’austérité  ? Le licenciement de fonctionnaires  ? La fermeture d’écoles et d’hôpitaux  ? La Grèce n’avait pas besoin de ces réformes-là  !  « 

M.  Tsipras a bien évoqué quelques-unes des mesures encore en cours de discussion avec les créanciers – comme la lutte contre le trafic de carburant ou d’alcool ou contre la fraude fiscale  –, mais sans entrer dans les détails.  »  Allez-vous soutenir notre tactique de négociations pour mettre fin à l’austérité ou allez-vous continuer à vous faire le porte-parole des vues néolibérales européennes les plus extrêmes  ?  « , a finalement demandé le premier ministre.  »  Pourquoi nous avoir fait venir ici ce soir  ? Où sont ces informations sur les négociations que vous deviez nous donner  ?  « , a vertement répliqué M.  Samaras, président du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND). Il n’y avait en réalité que peu de chance que M.  Tsipras obtienne un chèque en blanc de l’opposition, tant l’inimitié réciproque est forte. Alors à quoi bon cette réunion  ?

 »  Nous avons montré aux Grecs à quel point nous tentons de mener une politique différente du précédent gouvernement, affirme un député de Syriza. A quel point nous luttons pour eux à Bruxelles.  «  De difficiles négociations sont, en effet, toujours en cours entre Athènes et le  »  groupe de Bruxelles   » (Fonds monétaire international, Union et Banque centrale européennes), qui a planché tout le week-end jusqu’au 30  mars midi, sur les réformes proposées le vendredi  27 par le gouvernement grec.

040330 Les dockers contre la privatisation du Pyrée

Le syndicat des dockers du port du Pirée menace de lancer des mouvements sociaux si l’Etat ne revient pas sur sa décision de céder une partie de sa participation majoritaire de l’Autorité du Port d’Athènes (OLP). Lors d’une visite en Chine, le vice-premier ministre, Yannis Dragasakis, est en effet revenu sur une promesse phare du gouvernement d’Alexis Tsipras. Car, à peine élu, celui-ci avait annoncé qu’il annulait une série de privatisations lancées par le précédent gouvernement, dont celle de ses deux plus grands ports, au Pirée et à Thessalonique. M.  Dragasakis a cependant précisé, lundi 30 mars au soir, que, quelle que soit la forme finale de l’accord, l’Etat garderait des parts dans l’entreprise.

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