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Archives de catégorie Relations avec Europe

MSF: « L’Europe participe au démantèlement du concept même de réfugié »

Article d’Agathe Duparc publié sur Médiapart le 18 juin

Médecins sans frontières n’acceptera plus un seul financement institutionnel en provenance de l’Union européenne et de ses États membres, jugeant « honteuse »la réponse apportée par Bruxelles à la crise migratoire qui met en danger le concept même de réfugié, comme l’explique à Mediapart Bruno Jochum, le directeur de MSF Suisse.

MSF Refus fonds europeen

Le débat  » Après la capitulation de Syriza »

Après la capitulation de SYRIZA quelles stratégies pour la Gauche en Europe ?  » débat au Lieu-dit à Paris le 4 juin 2016

Intervention de Stathis KOUVELAKIS (docteur en Philosophie politique, professeur au King’College de Londres),
Ancien membre du Comité central du parti SYRIZA en Grèce, membre du Bureau national du nouveau parti Laïki Enotita (Unité Populaire) créé suite à la capitulation du gouvernement SYRIZA-ANEL face aux créanciers de la Grèce en ligne ici :
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Intervention d’ Eric TOUSSAINT (docteur en Sciences politiques, coordinateur de la Commission d’Audit de la Dette grecque), au même endroit le même jour, en ligne ici :

Grèce. Experts européens, banquiers, privatisations et brigandage

Rosa Moussaoui
Mardi, 7 Juin, 2016
L’Humanité

Stergios Pitsiorlas, le président du Taiped, signe la cession du port du Pirée, au géant chinois Cosco !
Photo : Marios Lolos/XINHUA-REA

Six experts du Taiped, le fonds chargé de liquider les biens publics, ont été relaxés, vendredi. Ils étaient poursuivis dans l’affaire de la cession litigieuse de 28 bâtiments publics. L’ingérence de la Commission européenne n’est pas étrangère à cette décision de justice.

Pas de levée des poursuites, pas de déblocage d’une nouvelle tranche de prêt de 7,5 milliards d’euros. C’est en substance le chantage que laisse deviner la relaxe de six « experts » du Taiped, le fonds de privatisation chargé de la liquidation des biens publics grecs, après leur comparution, vendredi, devant la justice. Comme trois membres du conseil d’administration du fonds, ils étaient poursuivis pour « abus criminel de biens sociaux ».

L’affaire remonte à 2011, lorsque le gouvernement Papandréou transfère au Taiped 28 propriétés et bâtiments publics en vue de leur cession. Ces biens appartiennent aux ministères de la Culture, de l’Intérieur, de la Justice, de la Santé, de l’Éducation, mais aussi à l’administration fiscale, au secrétariat général des systèmes informatiques, à l’Agence statistique nationale et à la police d’Athènes.

Grande braderie de biens publics

En 2013, le conseil d’administration du Taiped approuve, sur proposition unanime du conseil des experts, et sous l’oeil bienveillant du gouvernement Samaras-Venizelos, la vente de ces biens, répartis en deux portefeuilles de 14 lots chacun, à deux établissements financiers, Ethniki Pangaia, filiale de la Banque nationale (rachetée depuis par le fonds d’investissement néerlandais Invel Real Estate), et Eurobank Property, filiale de la banque grecque Eurobank, propriété du milliardaire Spiro Latsis. Montant total de la transaction : 261 millions d’euros. Problème, les deux contrats de vente sont assortis de 28 contrats de location sur vingt ans : les institutions publiques concernées restent dans les murs, en contrepartie de loyers annuels qui s’élèvent, pour la première année, à 25,5 millions d’euros. Pour les banques acquéreuses, c’est une affaire en or : elles sont assurées d’amortir l’investissement en dix ans et de doubler leur mise en vingt ans. Mais pour l’État grec, c’est une perte sèche, propre à creuser encore un déficit public abyssal. Qu’importe, les créanciers de la Grèce, FMI en tête, pressent le pays de mettre en gage tous ses actifs publics pour éponger sa dette et l’affaire est conclue au mois de mai 2014. Au passage, les nouveaux propriétaires sont exemptés de tout impôt, taxe ou droit, et une clause du contrat les prémunit contre toute réduction des loyers. Pour bétonner l’arnaque, la Cour des comptes donne sa bénédiction à la transaction. Mieux encore, la somme perçue dans le cadre de cette vente n’est pas créditée sur un compte spécial du Trésor dans un délai de dix jours, comme le prévoit la loi. Et l’État grec ne verra jamais la couleur des 100 000 euros d’intérêts qui auraient dû lui être versés pour le retard.

Scandalisés par ce braquage, des avocats du Pirée portent plainte. Une enquête est ouverte, elle est confiée au parquet anticorruption. Lequel conclut, en 2015, dans un rapport de 200 pages, à la sous-estimation de la valeur raisonnable des immeubles et de leur plus-value future. La justice évalue le préjudice, pour l’État grec, à 580 millions d’euros. Couverts par l’avis de la Cour des comptes, les experts et membres du conseil d’administration du Taiped ne peuvent, pourtant, être poursuivis pour malversation et détournement de fonds. Qu’à cela ne tienne, les suspects sont mis en examen pour « abus criminel de biens sociaux ».

Une relaxe contre toute attente

Parmi les six experts relaxés vendredi contre toute attente, il y a trois Grecs et trois technocrates étrangers : un Slovaque, un Espagnol et un Italien, désignés par le groupe de travail de l’Eurogroupe. Tous ont minimisé leur rôle dans la transaction litigieuse, se présentant comme de simples « consultants ». Surtout, cette décision de justice n’est pas sans rapport avec les pressions extérieures, à commencer par celle de l’Eurogroupe qui aurait menacé, selon le quotidien grec Kathimerini, de bloquer le versement d’une tranche de prêt de 7,5 milliards d’euros déjà conditionnée à l’adoption, le 22 mai, d’un nouveau mémorandum d’austérité.

En fait, il semblerait même que Bruxelles ait exercé un chantage à l’immunité de ses « experts » intervenant en Grèce pour mettre en œuvre les programmes d’austérité. Le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, l’a confirmé vendredi, en des termes à peine voilés : « Des marges de manœuvre satisfaisantes devraient être garanties à tous les experts européens qui aident la Grèce à redresser son économie et à retrouver le chemin de la croissance. »

Sur les réfugiés

Publié sur npa2009 MigrantEs : Une insupportable hécatombe

Depuis 2014, plus de 10 000 migrantEs ont perdu la vie en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe : tels sont les sinistres statistiques délivrées ce mardi 7 juin à Genève par un porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés. En 2014, il y a eu 3 500 mortEs, l’an dernier 3 771, auxquels s’ajoutent 2 814 décès depuis le début de cette année. Depuis 2014, le chiffre des morts en mer Méditerranée ne cesse d’augmenter, indique le décompte macabre.

Selon une autre organisation internationale, l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), qui ne dépend pas de l’ONU, depuis le début de l’année 2016, il y a eu 2 809 mortEs en Méditerranée, à comparer avec les 1 838 mortEs du 1er semestre 2015. « Le nombre de décès en Méditerranée en 2016 dépasse de presque 1 000 personnes le bilan du premier semestre 2015, alors qu’il reste encore trois semaines avant la fin du premier semestre 2016 », indique l’OIM. L’organisation donne également des précisions sur le naufrage la semaine dernière d’un bateau de migrantEs au large des côtes de la Crète. D’après des témoignages, 648 à 650 personnes étaient à bord du bateau, et 320 manquent à l’appel…

Ces chiffres sont un terrible acte d’accusation contre la politique des États européens. Ils sont non seulement coupables de non-assistance à personne en danger mais directement responsables de la situation qui contraint des centaines de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants à risquer leur vie pour fuir la misère et la guerre. L’ouverture des frontières est une mesure d’urgence pour mettre un terme à cette insupportable hécatombe.

Publié le 6/6/16 moving-europe.org : Procédure de pré-inscription Grèce

Le processus de pré-inscription par EASO, le HCR et l’Etat grec a finalement commencé. L’un des six centres de pré-enregistrement annoncées se trouve au Bureau régional de l’asile dans la banlieue industrielle de Thessalonique. Les réfugiés sont amenés à la plaque tournante des camps et « traités » dans les 30 minutes. L’idée de traiter les êtres humains se reflète dans le cadre ensemble du processus d’enregistrement.

Europe en mouvement documenté les conditions terribles dans les camps qui sont situés dans les zones industrielles, les zones reculées et les régions inhabitées. La pratique de garder les réfugiés loin de la société et de l’attention du public se reflète dans le processus de pré-inscription. Réfugiés sont déplacés avant et en arrière d’une zone industrielle à l’autre: des endroits où ils sont contraints de vivre à l’identification et à l’enregistrement des moyeux gouvernementales – tout cela se produit fermé de toute réalité sociale et humaine. L’expérience apparaît comme des échanges de biens qui a lieu dans ce domaine: être distribué et livré dans ces zones industrielles par des dizaines de camions qui passent le moyeu.

Pourtant, le personnel d’exploitation – des ONG, EASO et le HCR – semblent refléter peu sur le pouvoir qu’ils ont sur la vie des gens qui sont traités comme des «charges de travail». De cette manière, le personnel d’exploitation distribue des bracelets aux réfugiés avant le transfert au moyeu. Le bracelet montre l’heure et le jour du transfert de pré-inscription. Un ami de rester au camp Oreokastro a commenté: « Je devais porter ce bracelet pendant quatre jours. Mais je l’ ai enlevé. Comment puisje aller à la ville avec ce bracelet? Il est tout à fait remarquable et embarrassante « Apparemment , les autorités et les organisations compétentes ne tiennent pas compte du fait que les« charge de travail » , ils« gèrent »sont des gens -. Les personnes qui se déplacent et tentent de trouver une certaine normalité en dehors de la réalité du camp. Notre ami L. poursuit: «Ceci est utilisé pour marquer le bétail, il est mis dans leurs oreilles. Dieu merci, ils n’ont pas percé nos oreilles! « 

Beaucoup d’espoir est connecté au processus de pré-enregistrement, mais en même temps beaucoup de méfiance envers les autorités. Les gens ont été déçus trop de fois déjà par des promesses non tenues. Il reste en outre se demander si pré-inscription sera effectivement accélérer les procédures pour répondre aux droits et aux besoins de ceux qui sont coincés. Les options disponibles pour les gens coincés sont limitées et d’ailleurs le regroupement familial, pas très prometteuse: Relocation et de l’asile en Grèce ne sont pas des solutions viables pour la majorité. Les gens doivent aller dans des endroits où ils peuvent construire leur propre avenir. Ceci est probablement la raison pour laquelle l’OIM offre inscription, les retours volontaires »à l’intérieur de ces centres ainsi.

Il semble que la procédure de pré-inscription a deux objectifs principaux: pour compter les refuges pour mieux les contrôler et de garder les gens au calme par la fabrication de procédures bureaucratiques qui soulèvent l’espoir pour quelque chose à changer bientôt.

Publié le 10/06/2016

Néocolonialisme en Grèce, enième episode : EASO, le « Bureau européen d’appui en matière d’asile » tente de faire la loi dans le camp des refugiés à Moria, Lesvos. Après l’accord UE-Turquie, des avocats de réfugiés sont contrôlés à l’entrée et doivent spécifier avec qui exactement ils vont parler, sur quel sujet etc. ce qui viole leur secret professionnel. Souvent en plus, ce n’est pas un fonctionnaire grec qui les pose les questions mais quelqu’un d’une compagnie privée de sécurité ou des experts d’EASO qui sont installés de façon permanent dans le camp. Mardi dernier une telle experte d’EASO a annoncé l’interdiction d’entrée à certains avocats. Ceci dépasse clairement son mandat de soutien aux autorités d’asile grecques et viole la législation nationale sur le statut des avocats ainsi que la souveraineté nationale. Les avocats ont demandé à la police sur place d’activer la procédure de flagrant délit. L’experte en question a été conduite au commissariat mais elle a été relâchée un peu plus tard sans charges. Les avocats ont déposé plainte et une enquête judiciaire est en cours. http://www.emprosnet.gr/arti…/84207-ntoy-dikigoron-sti-moria

Les armateurs grecs menacent l’UE

Vendredi 10 Juin 2016 17:45   L’expression

L’Union grecque des armateurs s’est élevée vendredi contre une remise en cause par l’UE des privilèges fiscaux de leur secteur, mettant en garde contre un étalage de linge sale pour toute la marine européenne. « Si nous entrons dans une enquête complète et que les consultations s’engagent (…) sur ce qui se passe dans le secteur de la marine marchande européenne, cela ouvrira la boîte de Pandore, pas pour la Grèce mais pour d’autres pays », a lancé le président de l’Union, Théodore Veniamis, au cours d’une conférence de presse. S’exprimant aux côtés de la commissaire européenne aux Transports, Violeta Bulc, il réagissait à une remise en cause par la Commission européenne des privilèges fiscaux dont profite en Grèce  l’ensemble du secteur maritime : armateurs, courtiers et actionnaires.

L’Union grecque des armateurs, qui détiennent la première flotte mondiale, se demande pourquoi cette remise à plat n’est pas également demandée à l’Allemagne ou aux Pays-Bas.

Que font vraiment Manuel Valls et Michel Sapin actuellement à Athènes ?

Par Yannis Youlontas le 3 juin
Info expresse : Manuel Valls et Michel Sapin actuellement à Athènes
VALLS FÉLICITÉ PAR TSIPRAS
PENDANT QUE SAPIN COORDONNE LE PILLAGE !
Depuis hier soir, Athènes est sous très haute surveillance. Une tentative d’enyaourtage(1) du premier ministre français a malheureusement échoué près du parlement, suite à la fermeture du centre-ville, notamment de la station de métro de la place Syntagma à partir de 18h. Les déploiements policiers sont immenses et les gardes du corps sur les dents.
https://www.youtube.com/watch?v=O8-Ssyy1p60

C’est avec un statut similaire à un chef d’Etat que Valls, visage fier et allure de colon, a passé en revue la garde nationale grecque devant le monument du soldat inconnu, avant de finir la soirée dans l’opulence, sur la terrasse du musée de l’Acropole, à quelques centaines de mètres seulement d’un campement de sans-abris (dont plusieurs enfants) expulsés de leur domicile suite à la réforme du code civil. Le repas gastronomique a été servi en compagnie du ministre de l’économie français Michel Sapin, coordinateur du pillage du bien commun en Grèce au bénéfice de grandes firmes françaises : EDF, Vinci(2), Thalès, Veolia, Suez ou encore la SNCF qui s’apprête à racheter pour une bouchée de pain la société grecque de chemin de fer, TRAINOSE, ce qui aura pour effet de doubler des prix qui étaient jusqu’ici parmi les plus bas en Europe, et qui convoite également des infrastructures ferroviaires. Harlem Désir, secrétaire d’État aux affaires européennes figurait également parmi les convives, ainsi que Giorgos Stathakis, le très controversé ministre grec de l’économie, héritier d’une grande famille d’armateurs, connu pour avoir oublié de déclarer au fisc 38 biens immobiliers (oui, vous avez bien lu : 38 !) et plus de 1,8 millions d’euros égarés sur un compte discret. Ce scandale dure depuis le mois de décembre en Grèce et les manifestants y font souvent allusion, parmi d’autres cas de corruption et de népotisme qui s’ajoutent au bilan désastreux de la capitulation du 13 juillet 2015.

Hier soir également, sous les applaudissements nourris d’une assistance triée sur le volet, Tsipras n’a pas manqué de féliciter Valls et de témoigner son « estime » à l’un des hommes politiques pourtant les plus détestés de l’hexagone, qu’il a même qualifié d’ « ami ».

Ce vendredi matin, il a été également impossible de gêner la visite de Manuel Valls à l’Institut français d’Athènes, complètement encerclé de barrages filtrants. Depuis 10h30, Michel Sapin est en rendez-vous avec son homologue grec et quelques amis costumés pour la séquence « bonnes affaires », alors que depuis 11h, Manuel Valls est reçu au Palais Maximou, résidence du premier ministre, pour finaliser une feuille de route basée sur un « partenariat stratégique ».

Quel sera le contenu réel de cet accord ?

Valls et Tsipras vont évoquer un partenariat économique pour « sortir le pays de la crise » et rappeler le « soutien indéfectible de la France depuis l’entrée de la Grèce dans l’union européenne », en 1981. Mais en réalité, cet accord concerne les conséquences de la « seconde capitulation » du 24 mai 2016 (3), c’est-à-dire l’extension de la grande braderie qui prévoit désormais jusqu’à 597 îles mises en vente et 538 sites archéologiques. Le gouvernement français veut faire profiter ses amis grands patrons de cette juteuse affaire. C’est l’heure des soldes et tout le monde accourt en Grèce, à commencer par les responsables politiques russes et chinois, en début de semaine(4), accompagnés par des dizaines d’hommes d’affaires. Les domaines clés de la coopération gréco-française seront « le développement rural, la réforme de l’administration publique, l’innovation, le tourisme et, bien sûr, l’investissement », motif principal du séjour.

L’autre annonce qui va tenter de masquer la réalité mortifère, c’est la promesse du gouvernement français d’accueillir 400 ou 500 réfugiés par mois, en provenance de Grèce. Mais la face sombre de ce sujet, c’est que plus de 200 policiers et gendarmes français participent actuellement à la gestion calamiteuse de la question des réfugiés et migrants dans les îles grecques. Ces jours-ci, les mutineries se multiplient dans les camps inhumains de Lesbos et de Samos. Mercredi soir, le camp de réfugiés de Moria à Lesbos s’est encore rebellé, puis, hier soir, celui de Samos, entre 20h et minuit, suivi d’une répression terrible des gardiens et de la quasi-totalité des forces de police de l’île qui ont aussitôt convergé sur les lieux. Il y a au moins 30 blessés donc plusieurs adolescents. Certains sont dans un état grave et ont du être transportés vers un hôpital mieux équipé, celui de Samos étant complètement dégradé par les politiques d’austérité depuis quelques annéesris

Les mass-médias grecs, relayés par les agences de presse internationales, osent noyer le poisson en évoquant une obscure rixe entre des migrants, ce qui est totalement faux selon les témoignages directs recueillis depuis. C’est encore une mutinerie pure et simpl.e contre des conditions de détentions violentes, arbitraires et inhumaines. Rien d’autre. D’ailleurs, au moins deux bungalows ont été incendiés et plusieurs prisonniers ont réussi à s’échapper.

Pour seule réponse, Tsipras et Valls annoncent la prochaine conversion de l’agence de surveillance Frontex en « armada de garde-côtes européens », directement coordonnée depuis Bruxelles. Valls a également évoqué le renforcement imminent de la présence policière française dans les îles grecques, avec 300 CRS et gendarmes supplémentaires d’ici peu.

« Tout va bien, Madame la marquise », semblent-ils entonner en trinquant : l’Euro de foot va commencer, ainsi que la saison touristique estivale ! Mais ils oublient d’évoquer les millions d’insoumis qui bloquent de plus en plus la Grèce(5), la France, l’Espagne, le Portugal et la Belgique, en attendant plus. Jusqu’à quand feindront-ils d’être sourds ? Et jusqu’où faudra-t-il aller dans nos luttes ?

Yannis Youlountas

1) équivalent en Grèce des « entartages » en France ou en Belgique (souvent préparés par Noël Godin et ses compagnons pâtissiers).
2) Xavier Huillard, le PDG de Vinci, avait même accompagné François Hollande en Grèce lors de son voyage des 22 et 23 octobre 2015.
3) durant l’Eurogroupe du 24 mai 2016.
http://www.economie.gouv.fr/accord-dette-grece-eurogroupe-des-24-mai-2016
(4) Tsipras a reçu Poutine à Athènes, puis s’est rendu à Pékin.
(5) Par exemple, il y a un mois :
http://blogyy.net/2016/05/08/le-blocage-de-la-grece-vu-de-linterieur/

Grèce. «La crise politico-économique reste devant nous»

Par Antonis Ntavanellos  Publié par Alencontre le 1 – juin – 2016

L’ensemble des dits radicaux de gauche – soit les élus de Syriza – ont voté, le 22 mai 2016, au parlement, un paquet de lois (quelque 7000 pages) à caractère thatchérien exigées par les créanciers. Dans la foulée est adoptée la mise en place d’un «mécanisme automatique de correction budgétaire», baptisé Koftis (pince coupante). Il a été introduit par le biais d’un amendement au projet de loi. Il sera déclenché chaque année jusqu’en 2018 si des écarts budgétaires sont constatés au printemps et que le ministère des Finances ne prend pas l’initiative de coupes ciblées. L’adoption de par 153 voix de ce «omnibus bill» répondait au timing imposé par l’Eurogroupe qui se réunissait le 24 mai (voir l’article publié sur ce site en date du 25 mai). Vasiliki Katrivanou – députée de Syriza depuis le 20 avril 2015 et membre de la commission des migrations – a démissionné du parlement après avoir voté en faveur de l’«omnibus bill» mais contre le fonds de privatisation et les mesures automatiques issues du FMI. La direction de Syriza exerce une pression énorme sur les députés pour qu’en cas d’opposition ils démissionnent et laissent la place à des viennent-ensuite. En l’occurrence, Giorgios Kyritsis a pris la place de Vasiliki Katrivanou. Il faut souligner que l’adoption du Koftis entérine le pouvoir supérieur d’instances transnationales imposant les décisions dites néolibérales, pouvoir supérieur au gouvernement national, au parlement et à toute institution qui pourraient, directement ou indirectement, être influencés par la volonté populaire.

Mais que s’est-il passé au parlement ces derniers jours ? Précisément ce qu’avait proclamé le FMI, par la voix de Poul Thomsen, et qui avait été révélé par Wikileaks [1]. Les créanciers, le FMI, mais aussi les instances de l’UE ont conduit Tsipras aux limites d’une nouvelle crise financière (échéance de paiements en juillet). Et, dès lors, Tsipras a signé docilement les mesures brutales qui lui ont été présentées.

Ce que le gouvernement a obtenu par cette procédure honteuse est l’achèvement accéléré de l’évaluation des divers engagements «adoptés» par le gouvernement grec, ce qui devait permettre le versement, par tranches, d’une somme de 5,4 milliards et de répondre ainsi aux échéances de juillet [l’essentiel des 5,4 milliards retourne à la BCE et sert à quelques dettes dues par le gouvernement à des entreprises privées]. C’est cela que Tsipras a présenté comme une «sortie de la tempête». Sauf que cette sortie sera suivie par la «tempête» suivante, soit la deuxième évaluation qui commencera en septembre-octobre 2016.

Pourtant, ce que Tsipras a cédé est d’une importance capitale pour la vie des salarié·e·s et des classes populaires: 1° Une réforme du système de la sécurité sociale que même le quotidien britannique The Guardian, qui se situe au centre-gauche, a jugée d’être la contre-réforme néolibérale de la sécurité sociale la plus brutale appliquée en Europe jusqu’aujourd’hui. 2° Un vrai «tsunami » des impôts, les plus socialement marqués parmi eux étant l’ENFIA [impôt immobilier touchant les petits propriétaires de logement] et la TVA «turbo», qui passe à 24% dès le 1er juin; cela revient à un pillage fiscal des revenus des travailleurs et l’épargne populaire. 3° Un programme des privatisations tellement ample – qui est intégré au système Koftis dans la mesure où ses résultats font partie du calcul de l’excédent budgétaire – qu’il ferait rougir même Thatcher.

La dette

La feuille de vigne qui sert à cacher cette déroute est dessinée par les promesses concernant la dette. En ce moment, nous n’avons pas connaissance du compromis exact entre le FMI et l’Eurogroupe. Pourtant, le sens général de leur discussion est bien connu: ils refusent toute éventualité de suppression de la dette et ils organisent simplement la prolongation des délais de remboursement, un allégement des taux d’intérêt et peut-être une petite période de grâce. Il s’agit de l’organisation de la «traite» qui permet simplement la survie de la «vache». Les créanciers veulent prendre plus que possible et rien de moins. C’est pour cette raison que ces règlements de la dette ne vont pas fonctionner en faveur du gouvernement, qui va vite prendre conscience que cette solution –qu’il a réclamée lui-même – n’est qu’un saut dans le vide…

L’accord prévoit un «surplus» [excédent budgétaire avant paiement du service de la dette] de 0,5% pour 2016, 1,75% pour 2017 et enfin 3,5% pour la décennie dès 2018 jusqu’à… 2028. Il s’agit ici de performances qu’aucune économie au monde ne peut pas atteindre, au moins dans les conditions actuelles. Encore une fois, les «sommités» dans le domaine de l’économie qui entourent Alexis Tsipras jouent aux dés et misent le futur des travailleurs et des classes populaires sur l’estimation que le capitalisme transnational va rapidement sortir de la crise et qu’une période de forte «croissance» va suivre. Sauf que tous les économistes sérieux prévoient le prolongement de la crise et plus probablement son aggravation. Dans ce cas, ce qui va suivre en Grèce ne sera pas un nouveau «cycle de prospérité» du capitalisme, mais l’enfermement dans ce qui a été qualifié de «permafaillite».

Alors, le Koftis sera activé. Interviendront des mesures additionnelles d’austérité draconienne, des réductions automatiques des retraites et des salaires, des compressions des dépenses sociales, qui ont en fait été votées au parlement le dimanche 22 mai.

Ces perspectives noires, économiques et sociales, vont nécessairement avoir des conséquences politiques majeures. Personne n’a le droit de se faire des illusions: la crise économique se trouve encore devant nous et pas derrière nous.

Perspectives politiques

Le lendemain du vote au parlement, Dimitrios Papadimoulis, eurodéputé de Syriza, a déclaré que le remaniement ministériel était désormais une nécessité. En effet, le remaniement sera un premier petit pas sur le long chemin conduisant à un changement d’ampleur de la configuration gouvernementale. Un chemin qui est devenu nécessaire (et inévitable) à cause du contenu véritable de la politique sanctionnée par les députés de Syriza-ANEL (Grecs indépendants).

Mais dans quelle direction conduit ce chemin? Pour répondre à cette question il ne faudrait pas sous-estimer la participation d’Alexis Tsipras au congrès de la social-démocratie européenne. Après l’adoption du nouveau super-mémorandum, la direction de Syriza n’a que deux options stratégiques. 1° Attendre sa propre chute en tant comme un «fruit mûr» et transmettre le pouvoir gouvernemental, sans autres complications, au chef – n’importe lequel – de la Nouvelle Démocratie. 2° Reconnaître que la solution politique du 20 septembre 2015 [2e gouvernement Syriza] est désormais morte et opérer une tentative de «remaniement» des forces politiques actuelles en faisant le pari que la direction de Syriza pourrait se reproduire en tant que leader d’un «camp» élargi comprenant le PASOK, le centre et, pourquoi pas, une fraction de la Nouvelle Démocratie…

Ces préoccupations traversent également la Nouvelle Démocratie. Ainsi, l’intervention d’ex-premier ministre Antonis Samaras a indiqué à Kyriakos Mitsotakis – actuel leader de Nouvelle Démocratie – de voter contre le Koftis en faisant usage d’une rhétorique à tonalité de souveraineté nationale! Ensuite, les «karamanlistes» [les partisans de Kostas Karamanlis, autre aile de la Nouvelle Démocratie], même s’ils ont appliqué la ligne de la ND de s’opposer à l’ensemble des mesures, ont exprimé leur mécontentement face au choix de Mitsotakis. Les différences au sein de la ND étaient ouvertes et publiques, y compris exprimées à la télévision par la soeur de Kyriakos Mitsotakis, Dora Bakoyannis. Kyriakos Mitsotakis, élu leader de la ND, et présenté comme un dirigeant de stature historique, ressemble aujourd’hui de plus en plus à une comète de la politique.

En ce moment, le problème crucial est que nombreux sont les activistes et les membres de la gauche qui ont perdu courage. La capitulation sans conditions de Tsipras face au Capital et face aux créanciers a suscité du désespoir. Mais nous devrions tous garder en tête une vue d’ensemble de la situation: la rupture entre les mémorandistes et les anti-mémorandistes est toujours là. Elle a déjà impacté beaucoup de monde et elle va encore le faire. La crise économique et politique, avec des épisodes nouveaux et cruciaux, ainsi que des «phases» qui s’ensuivront, se trouve devant nous et pas derrière nous. Du point de vue des salariés et des classes populaires, face à une situation tellement grave, il n’y a qu’une seule façon de réagir: soutenir systématiquement et organiser les luttes, et engager un effort politique afin de réunir pratiquement les forces de la gauche radicale, anti-mémorandiste et anticapitaliste. (26 mai 2016, traduction S. Siamandouras; édition rédaction A l’Encontre)

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[1] Le 19 mars, une conférence téléphonique s’était tenue entre Poul Thomsen, directeur Europe du FMI, Dalia Velculescu, cheffe de la mission du FMI en Grèce, et la fonctionnaire du FMI Iva Petrova. Cette conversation révélait simplement que, pour s’assurer l’accord dans les temps voulus du gouvernement grec, un «incident de crédit» (retard de remboursement à une échéance donnée) pourrait être le bienvenu. (Réd. A l’Encontre)

Recettes et biens publics donnés en pâture aux créanciers

Source Iskra.gr Par Yannis Tolios Docteur en sciences économiques, responsable de la politique et de l’économie pour l’Unité Populaire (Grèce).

Le gouvernement Syriza-Anel promeut le vote immédiat au Parlement du plan d’austérité, lequel constitue un coup d’État économique et politique à l’encontre du peuple grec. Outre l’institution de nouvelles taxes indirectes à hauteur de 1,8 milliard d’euros sur les biens courants et les services, la réduction automatique des salaires, des retraites, des dépenses sociales, les licenciements de fonctionnaires, ainsi que la vente des prêts (dont on connaît l’existence) non seulement « rouges », mais aussi « verts » à des « charognards » étrangers (funds), il procède à deux nouvelles réformes exceptionnelles qui livrent aux mains des créanciers supranationaux (UE-FMI-BCE-MES), toutes les recettes futures de l’État et tous les biens publics grecs. Il s’agit d’une dynamique de confiscation sans précédent exercée sur le peuple grec par ses « libérateurs » supranationaux, par un gouvernement à leur solde, lequel érige au rang de priorité la soumission volontaire conduisant à un recul essentiel de la souveraineté nationale et populaire.

LE « POUVOIR » EST AILLEURS… MAIS LE « COLONIALISME » EST ICI !

Le projet de loi prévoit notamment la conversion du Secrétariat général des dépenses publiques (GGDE) en Autorité indépendante (AA). Le choix de l’administration et surtout le fonctionnement et la gestion des recettes sera donc l’affaire de quelques « technocrates indépendants », lesquels fonctionneront comme un « État dans l’État », ne tenant aucunement compte ni du ministre des Finances ni du gouvernement en place. L’Autorité indépendante disposera d’un Gouverneur et d’un « Conseil d’administration » constitué de 5 membres (le président plus 4 membres). Le Gouverneur et le « Conseil d’administration » seront mis en place par un « comité de sélection » auquel participent cinq hauts responsables de la fonction publique et deux représentants de l’UE. Il prévoit également qu’un « expert » spécial, dans le rôle de conseiller mandaté, soit nommé parmi 3 candidats sélectionnés par l’UE ! Il s’agit en substance d’un gouverneur supranational et « informel » de l’AA. Il est important de souligner que toutes les compétences, déléguées (aujourd’hui et à l’avenir) à l’AA, sont considérées comme irrévocables !!! Tout le processus de sélection, de fonctionnement et d’action de l’AA constituera le levier de l’oppression économique du peuple grec (concentration des impôts pour livrer les fonds d’amortissement aux créanciers), contrôlée et réglementée par l’UE. Pour résumer, nous avons la confirmation que… le « pouvoir » est ailleurs… mais le « colonialisme » est ici !

COUP D’ÉTAT ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

C’est en s’appuyant sur la même philosophie que s’est créée la Société grecque d’actifs et de participations à laquelle adhéreront en tant que filiales, le Fonds de développement des actifs de la République hellénique (HRADF), le Fonds grec de stabilité financière (TAIPED), la Société de biens publics (TXS) et la Société d’actifs publics (EDIS). Cette dernière, en cours de création, collectera tous les biens publics qui ne rentrent pas dans les organismes cités précédemment. Ainsi, tous les biens publics, mobiliers et immobiliers, sont désormais soumis au contrôle d’un opérateur unique dont l’administration sera directement et indirectement gérée par les « proxénètes » supranationaux… un résultat obtenu sous contrôle du « conseil de surveillance » (2 membres parmi les 5 qui le constituent plus le président, élu par les « institutions »). Le « conseil de surveillance » nomme le conseil d’administration de la nouvelle société dont le président et le directeur général sont élus par les « institutions » ! Le personnel, pour ce qui est du régime d’emploi, dépend du droit privé, et peut être issu du public suite à un détachement ou à une sous-traitance contractuelle effectuée par des sociétés privées (autrement dit, des relations de travail qui sont une vraie … « galère »). D’ici à 2018, la liquidation des biens publics devra être effectuée à hauteur d’environ 6 milliards d’euros, et, à terme, toutes les recettes provenant de la cession de l’« argenterie » du peuple grec !!!

INTERVENTION MILITANTE ET UNIQUE PERSPECTIVE PROMETTEUSE

L’« Unité Populaire » appelle les travailleurs, les jeunes, professions libérales, agriculteurs, indépendants, micro-entrepreneurs à résister à ce nouveau coup d’État économique et politique, encouragé par un gouvernement aux ordres des chefs supranationaux, et soutenu par les forces mémorandaires nationales. Il faut s’imposer par la lutte sur le devant de la scène, dans les limites du soulèvement populaire, pour faire obstacle au pillage des revenus du peuple et des biens publics. Pour une sortie de crise en faveur du peuple, il est indispensable de procéder à l’abrogation des mémorandums, au rétablissement de la monnaie nationale, à un contrôle public des banques et des entreprises stratégiques, à une transition économique allant vers une productivité écologique, à la baisse du chômage et au maintien des revenus des actifs et des retraités qui permettront de retrouver une justice sociale et une croissance économique. Seule l’intervention militante du peuple grec peut assurer la mise en œuvre de cette politique.

Traduction Vanessa de Pizzol

 

 

Eurogroupe : Accord-Fiasco,mesures supplémentaires,Braderie imminente du pays

Article publié le 30/5/16 sur Unité populaire

Le gouvernement assiste en spectateur muet au jeu entre UE et FMI

L’accord auquel a abouti la longue réunion de l’Eurogroupe est un grave fiasco pour notre pays, selon les cercles politiques qualifiés de Bruxelles. Le gouvernement Tsipras s’est comporté en spectateur muet au cours des discussions : la négociation s’est déroulée entièrement entre les « tuteurs » néocolonialistes de notre pays, UE et FMI se renvoyant la balle avec comme enjeu la Grèce.

Cet accord aura pour résultat des mesures supplémentaires et la braderie imminente de la richesse du pays, afin de mettre un terme à l’évaluation. Des tranches de prêts seront accordés sous réserve de nouvelles contraintes, au compte-goutte – et iront pour l’essentiel dans les poches des créanciers pour le remboursement de la dette. Toute intervention sur la question de la dette est renvoyée à après 2018, et par étapes, tandis que le gouvernement abandonne définitivement toute idée d’effacement.

Le parcours des mémorandums s’allonge, accompagné d’une tragédie économique et sociale interminable : la crise la plus grave qu’ait connue notre pays en période de paix.

La Grèce a besoin de toute urgence d’un renversement démocratique de cette politique des mémorandums : avec la reconstitution d’une monnaie nationale, l’annulation de la dette publique, l’annulation profonde des dettes privées des plus faibles et la nationalisation des banques. Il faudra aussi mettre au point un plan de reconstruction et de transformation économique et sociale qui soutiendra les salaires, les retraites, les conditions de travail et surtout donnera l’espoir d’un avenir positif et de l’optimisme à notre pays.

Voici l’accord dans sa totalité :

L’Eurogroupe salue l’accord conclu entre la Grèce et les institutions. Il est satisfait de l’accord concernant le mécanisme préventif annoncé le 9 mai, et tout particulièrement de l’adoption probable de mesures structurelles permanentes (la « pince coupante » de droit public), comportant des mesures pour les revenus qui feront l’objet d’un accord avec les institutions.

Ce mécanisme garanti que la Grèce remplisse les objectifs fixés par le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) concernant le déficit primaire (3,5% du PIB à moyen terme).

Parallèlement l’Eurogroupe salue la ratification par le Parlement grec de la plupart des prior actions correspondant à la première évaluation, concernant de mesures fiscaux dont l’impact sera au niveau de 3% du PIB, permettant d’atteindre l’objectif de 2018. Il salue aussi la libéralisation de la vente des crédits bancaires, ainsi que la création du Fonds de privatisations qui sera totalement indépendant.

L’Eurogroupe a donné l’ordre au EWG (EuroWorking Group) de vérifier dans les jours qui suivent la pleine application de tous les préalables et notamment des corrections apportées à la législation concernant la libéralisation de la vente des crédits bancaires, la réforme des assurances, ainsi que la menée à bien de tous les préalables concernant la question des privatisations.

Après pleine application de tous les préalables et sous condition d’approbation par les Parlements nationaux, le Mécanisme européen de Stabilité (MES) approuvera le MoU (Memorandum of understanding) complémentaire et la deuxième tranche du programme.

La deuxième tranche du programme se monte à 10,3 milliards d’euros et sera remise à la Grèce en plusieurs versements. Le premier aura lieu en juin (7,5 milliards) afin d’assurer le service de la dette ; il permettra aussi de commencer à rembourser les arriérés en cours comme moyen de soutenir l’économie réelle (dettes publiques à échéance).

Les versements suivants pour le règlement des emprunts en retard et la suite du service de la dette auront lieu après l’été.

Les versements pour le règlement des arriérés sont conditionnés au rapport fait aux institutions européennes concernant la marche générale de cette procédure. Les versements pour continuer à assurer le service de la dette seront liés aux conditionnalités des privatisations, y compris celles concernant le nouveau Fonds de privatisations, la direction des banques, le Secrétariat aux travaux publics, le secteur de l’énergie. Les étapes seront évaluées par les institutions européennes et vérifiées par la CEE et par le MES.

A la suite de la communication du 9 mai et dans la perspective où tous les préalables seraient réalisés et où l’évaluation serait achevée, l’Eurogroupe a examiné la question de la soutenabilité de la dette publique grecque.

L’Eurogroupe a évalué la soutenabilité de la dette par rapport à l’indice des besoins financiers bruts (GFN). Sur la base du scénario principal, ces dépenses pour la dette doivent rester en-dessous de la barre des 15% du PIB après achèvement du programme à moyen terme et par la suite en-dessous de 20%.

L’Eurogroupe insiste sur l’objectif à moyen terme du déficit primaire de 3, 5% du PIB en 2018 et souligne l’importance de l’avancement de la démarche de droit public en concordance avec les engagements de droit public dans le cadre de l’UE.

L’Eurogroupe rappelle les principes directeurs généraux convenus le 9 mai sur d’éventuelles mesures supplémentaires concernant la dette :

1/ Facilitation de l’accès aux marchés pour que le privé supplée à la dette publique.

2/Normalisation du profil des paiements.

3/ Motivations pour le processus de réajustement même après l’achèvement du programme.

4/Souplesse face aux incertitudes sur l’augmentation du PIB et sur les taux qui seront pratiqués à l’avenir.

Le 9 mai l’Eurogroupe a réaffirmé qu’un effacement de la dette est exclu et que toutes les mesures qui seront prises le seront en conformité avec les lois de l’UE, du MES et du Fonds européen de stabilité financière (EFSF).

Avec pour guide ces principes et à la condition de l’achèvement de la partie technique de la totalité du processus par la CEE, l’Eurogroupe s’est mis d’accord aujourd’hui pour un paquet de mesures concernant la dette, qui seront prises par étapes, afin de couvrir les besoins financiers bruts ; elles seront définies de façon à être en concordance totale avec le programme du MES.

A court terme, l’Eurogroupe a convenu d’un premier paquet de mesures qui seront mises en application après achèvement de la première évaluation et fin du programme. Elles comprendront :

– Assouplissement du « profil » des remboursements  des prêts consentis par l’EFSF sur la base des maturités courantes calculées.

– Utilisation de la stratégie élargie de financement de l’EFSF pour diminuer le danger tenant aux taux d’intérêt – sans nuire économiquement aux pays qui ont participé dès le début à ce programme.

– Limite imposée à l’augmentation des taux concernant le rachat de la dette du deuxième programme grec pour 2017.

L’Eurogroupe a demandé aux directions du MES et de l’EFSF de mettre en application ces mesures sur la base de leurs règlements, après travail préparatoire de la CEE, partout où cela sera jugé nécessaire afin de préparer la prise de décisions par les organes compétents du MES et de l’EFSF.

La décision d’assouplissement du profil des remboursements de l’EFSF et de minorisation du danger lié aux taux est celle qui doit être prise en priorité.

A moyen terme, l’Eurogroupe attend l’application probable de la deuxième partie des mesures préalables, après achèvement réussi du programme du MES.

Ces mesures seront mises en application si l’analyse actualisée de la viabilité de la dette, à laquelle procéderont les institutions à la fin du programme, montre qu’elles sont nécessaires pour atteindre l’objectif du GFN. La réalisation du programme est soumise à évaluation positive des institutions et de l’Eurogroupe :

– Suppression de l’augmentation de la marge des intérêts pour le remboursement de la dette en 2018.

– Utilisation des gains réalisés en 2014 par les obligations grecques du compte du MES et par les prestations reçues par la Grèce au titre de l’ANFA et des SMP (au cours de l’exercice 2017) afin d’en faire un « coussin » pour diminuer à l’avenir les besoins financiers.

– Gestion du passif, remboursement partiel avant terme des prêts existants à la Grèce, avec diminution des taux et prolongement de la période de maturité.

– Restructuration de certains prêts de l’EFSF (p.ex. allongement du temps de remboursement, réorganisation des amortissements de l’EFSF et du différentiel des taux) de façon à ce que le montant du GFN reste au niveau de ce qui a été décidé, afin d’avoir l’accord du FMI mais sans alourdir l’EFSF ou les pays qui ont participé dès le début à son programme.

A long terme, l’Eurogroupe est persuadé que l’application de cet accord concernant la dette, jointe à l’achèvement du programme par la Grèce et à la réalisation des objectifs concernant le déficit primaire, conduira la dette grecque vers la viabilité, à moyen et à long terme et permettra le retour progressif du pays  dans le champ des marchés.

En même temps, l’Eurogroupe est d’accord pour un mécanisme préventif concernant la dette qui sera mis en application après achèvement du programme et devra assurer la viabilité de la dette à long terme, même dans le cas du pire scénario.

L’Eurogroupe examinera la mise en route du mécanisme s’il y a besoin de mesures supplémentaires pour réaliser les objectifs concernant les besoins financiers. Cela sera conditionné à la confirmation par l’Eurogroupe que la Grèce se conforme bien à la réglementation de la SGP (Société de gestion des porte-feuilles).

Ce mécanisme comportera des mesures pour la poursuite de la restructuration des prêts de l’EFSF mais aussi des délais pour le remboursement des intérêts. De plus l’Eurogroupe s’engage à une aide technique de longue durée dans le but de favoriser le développement de la Grèce.

L’Eurogroupe reconnait qu’après le temps exceptionnellement long mis à l’examen de la viabilité de la dette on ne peut faire de prévisions, seulement émettre des hypothèses compte tenu de la grande incertitude qui règne dans le domaine de la macroéconomie.

Dans la perspective de la réussite à venir de la première évaluation, dans la perspective aussi de l’accord d’allègement de la dette, l’Eurogroupe accueille favorablement la proposition du FMI de soumettre à l’approbation de son Comité directeur l’objectif d’un accord financier avant la fin 2016 – un accord qui favorisera l’application des réformes structurelles et de droit public qui ont été convenues.

En accord avec les règles du FMI, l’application de cet accord se fondera sur une nouvelle analyse de la viabilité de la dette et sur une évaluation des mesures éventuelles d’allègement de la dette décrites plus haut.

Cet allègement éventuel de la dette sera mis en application après la fin du programme, courant 2018, et ses modalités seront décidées par l’Eurogroupe sur la base d’une analyse révisée de la viabilité de la dette, en collaboration avec les institutions européennes, sous condition de la totale application du programme.

L’Eurogroupe reste prêt à pousser à l’achèvement des évaluations futures sur la base du paquet de mesures convenues aujourd’hui, y compris celles concernant le mécanisme préventif.

L’Eurogroupe réitère que la mise en application du programme et des objectifs sera examinée à intervalles réguliers sur la base des éléments que lui transféreront les institutions.

Source Iskra

Traduction Joelle Fontaine

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https://unitepopulaire-fr.org/2016/05/30/eurogroupe-accord-fiasco-mesures-supplementaires-braderie-imminente-du-pays/

Sur les réfugiés

Publié le 3 /6/16 sur Médiapart par Carine Fouteau : Asile: Amnesty international appelle l’UE à cesser les renvois vers la Turquie

Publié le 30/5/16 Grèce : les nouveaux centres pour les réfugiés évacués d’Idomeni pas à la hauteur (Conseil de l’Europe) http://www.lorientlejour.com/article/988580/grece-les-nouveaux-centres-pour-les-refugies-evacues-didomeni-pas-a-la-hauteur-conseil-de-leurope.html

Publié le 30/5/16 La Hongrie renforce sa clôture antimigrants à la frontière serbe 

La Hongrie a entrepris de renforcer sa clôture antimigrants à sa frontière serbe en raison d’une augmentation du nombre de réfugiés depuis la fermeture du camp d’Idomeni par la Grèce, a annoncé aujourd’hui un haut responsable gouvernemental.

« A la suite de la suppression du camp de réfugiés d’Idomeni la semaine dernière, le nombre de réfugiés qui essayent de traverser la clôture hongroise a augmenté », a déclaré György Bakondi, responsable du ministère de l’Intérieur chargé de la lutte contre les migrants clandestins. En conséquence, un « renforcement de la clôture a été lancé: là où les fils barbelés étaient jusque-là jugés suffisants, nous procédons à la pose de clôtures permanentes », a-t-il souligné à la radio nationale Kossuth.
Selon György Bakondi, le nombre de franchissements illégaux de la clôture est passé de 70-90 par jour à 100-150 depuis la fermeture par Athènes, en milieu de semaine dernière, du camp improvisé d’Idomeni, où plus de 8.200 réfugiés attendaient de passer en Macédoine. 200 à 250 migrants attendaient du côté serbe de la frontière hongroise de pouvoir passer en Hongrie aujourd’hui.

La Hongrie, principal pays de transit l’été dernier pour les migrants désirant rejoindre l’ouest de l’Europe, a érigé en septembre une clôture barbelée sur les 175 km de sa frontière avec la Serbie, puis en octobre à sa frontière croate.

Publié le 29/5/16 Migrants : semaine meurtrière en Méditerranée

http://www.lefigaro.fr/international/2016/05/29/01003-20160529ARTFIG00171-migrants-semaine-meurtriere-en-mediterranee.php

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