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Le parlement grec adopte une loi durcissant la législation sur les demandeurs d’asile

Adoptée précipitamment, une nouvelle loi complique fortement la vie des demandeurs d’asile en Grèce

Par La rédaction Publié le : 04/11/2019

Le Parlement grec a adopté dans la nuit du jeudi 31 octobre au vendredi 1er novembre un projet de loi controversée durcissant la législation sur les demandeurs d’asile malgré les critiques émises par le Conseil de l’Europe et de nombreuses ONG, dont Amnesty International.

Avec sa nouvelle loi sur l’asile, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis compte bien “envoyer un message clair” : “Ceux qui savent qu’ils ne peuvent pas obtenir l’asile et entreprendront de venir pour rester dans notre pays, seront renvoyés dans leur pays et perdront l’argent investi dans leur voyage », a-t-il déclaré à la tribune du Parlement jeudi 31 octobre, peu avant l’adoption du texte controversé.

Celui-ci prévoit :

  • de réduire les possibilité de faire appel après avoir été débouté du droit d’asile en première instance,
  • de prolonger de trois à dix-huit mois la durée possible de rétention des demandeurs d’asile,
  • de limiter le concept de « vulnérabilité » (comme la clause du stress post-traumatique) qui rend plus facile l’octroi d’asile,
  • d’élargir la liste des pays tiers jugés « sûrs » pour y expulser des migrants,
  • de confier, en partie, les entretiens pour demandeurs d’asile à la police et à l’armée,
  • de mettre en place une procédure accélérée pour les mineurs non-accompagnés,
  • ou encore de faciliter le rejet des demandes pour vice de forme.

>> À (re)lire : La Grèce veut supprimer le droit d’appel pour les demandeurs d’asile déboutés

Au pouvoir depuis juillet dernier, le nouveau gouvernement conservateur avait déjà laissé entendre qu’il souhaitait réformer l’asile au plus vite. Ainsi, les autorités grecques ont mis en place une procédure accélérée pour envoyer les 237 pages du projet de loi au Parlement, après seulement six jours de consultations publiques. Un laps de temps particulièrement limité dont se sont plaintes de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme.

Une loi qui « compromet les droits des migrants et réfugiés »

Parmi elles, Amnesty International, dont le directeur de la recherche au bureau régional européen Massimo Moratti, estime que la nouvelle loi constitue “une tentative précipitée et inquiétante de résoudre les problèmes migratoires en Grèce aux dépens de la protection des personnes”.

Le Conseil de l’Europe, par la voix de sa Commissaire aux droits de l’homme Dunja Mijatovic, s’est également dit particulièrement inquiet. Elle a notamment mis en garde contre l’extension de la durée de détention des demandeurs d’asile et souligné le risque d’une évaluation « superficielle » des demandes d’asile par les autorités grecques, ce qui compromettrait les droits des migrants et réfugiés.

>> À (re)lire : À Moria, l’attente sans espoir de milliers de migrants abandonnés à leur sort

En face, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a réaffirmé sa volonté de « distinguer les réfugiés des immigrés ». Mais aussi celle de renforcer les contrôles frontaliers de façon à garantir « la sécurité » du pays, estimant que le précédent gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras avait fait preuve de « laxisme » sur la question.

Avec plus de 70 000 demandeurs d’asile en Grèce, dont près de 33 000 sur les îles égéennes proches de la Turquie, la Grèce est redevenue cette année la principale porte d’entrée des migrants en Europe, devant l’Espagne.

Devant la multiplication des arrivées, le gouvernement grec avait indiqué fin septembre que le pays vivait sa « pire période » migratoire depuis l’accord UE-Turquie de 2016. Il avait alors annoncé sa volonté de renvoyer 10 000 migrants en Turquie d’ici fin 2020 – contre un peu plus de 1 800 en quatre ans et demi, sous le précédent gouvernement de gauche.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/20572/adoptee-precipitamment-une-nouvelle-loi-complique-fortement-la-vie-des-demandeurs-d-asile-en-grece

L’île de Samos des milliers d’exilés

Sur l’île de Samos, une poudrière pour des milliers d’exilés confinés à l’entrée de l’UE Par Elisa Perrigueur

Avec 6 000 migrants pour 650 places, le camp grec de Samos est une poudrière ravagée par un incendie à la mi-octobre. Alors que la Grèce redevient la première porte d’entrée dans l’UE, autorités comme réfugiés alertent sur la catastrophe en cours. Reportage sur cette île, symptôme de la crise européenne de l’accueil.

 

Samos (Grèce), correspondance.– La ligne d’horizon se fond dans le ciel d’encre de Samos. L’île grecque des confins de l’Europe est isolée dans la nuit d’automne. Sur le flanc de la montagne qui surplombe la ville côtière de Vathy, des lumières blanches et orange illuminent un amas de blocs blancs d’où s’élèvent des voix. Elles résonnent loin dans les hauteurs de cyprès et d’oliviers, où s’égarent des centaines de tentes. Ces voix sont celles d’Afghans et de Syriens en majorité, d’Irakiens, de Camerounais, de Congolais, de Ghanéens… Pour moitié d’entre eux, ce sont des femmes et des enfants. Un monde au-dehors qui peine à s’endormir malgré l’heure tardive.

À deux kilomètres des côtes turques, l'île de Samos (Grèce) est rejointe en Zodiac par les exilés. © Dessin Elisa Perrigueur À deux kilomètres des côtes turques, l’île de Samos (Grèce) est rejointe en Zodiac par les exilés. © Dessin Elisa Perrigueur

Ils sont 6 000 à se serrer dans les conteneurs prévus pour 648 personnes, et la « jungle » alentour, dit-on ici. Ce camp est devenu une ville dans la ville. On y compte presque autant de migrants que d’habitants. « Samos est un petit paradis avec ce point cauchemardesque au milieu », résume Mohammed, Afghan qui foule ces pentes depuis un an. Les exilés sont arrivés illégalement au fil des mois en Zodiac, depuis la Turquie, à deux kilomètres. Surpeuplé, Vathy continue de se remplir de nouveaux venus débarqués avec des rêves d’Europe, peu à peu gagnés par la désillusion.

À l’origine lieu de transit, le camp fut transformé en 2016 en « hotspot », l’un des cinq centres d’identification des îles Égéennes gérés par l’État grec et l’UE. Les migrants, invisibles sur le reste de l’île de Samos, sont désormais tous bloqués là le temps de leur demande d’asile, faute de places d’hébergement sur le continent grec, où le dispositif est débordé par 73 000 requêtes. Ils attendent leur premier entretien, parfois calé en 2022, coincés sur ce bout de terre de 35 000 habitants.

Naveed Majedi, Afghan de 27 ans rencontré à Vathy. © Elisa Perrigueur Naveed Majedi, Afghan de 27 ans rencontré à Vathy. © Elisa Perrigueur

Naveed Majedi, un Afghan de 27 ans, physique menu et yeux verts, évoque la sensation d’être enlisé dans un « piège » depuis sept mois qu’il s’est enregistré ici. « On est bloqués au milieu de l’eau. Je ne peux pas repartir en Afghanistan, avec les retours volontaires [proposés par l’Organisation internationale pour les migrations de l’ONU – ndlr], c’est trop dangereux pour ma vie », déplore l’ancien traducteur pour la Force internationale d’assistance à la sécurité à Kaboul.

Le camp implose, les « habitations » se négocient au noir. Naveed a payé sa tente 150 euros à un autre migrant en partance. Il peste contre « ces tranchées de déchets, ces toilettes peu nombreuses et immondes. La nourriture mauvaise et insuffisante ». Le jeune homme prend des photos en rafale, les partage avec ses proches pour montrer sa condition « inhumaine », dit-il. De même que l’organisation Médecins sans frontières (MSF) alerte : « On compte aujourd’hui le plus grand nombre de personnes dans le camp depuis 2016. La situation se détériore très vite. Le lieu est dangereux pour la santé physique et mentale. »

Il n’existe qu’une échappatoire : un transfert pour Athènes en ferry avec un relogement à la clef, conditionné à l’obtention d’une « carte ouverte » (en fonction des disponibilités, de la nationalité, etc.). Depuis l’arrivée en juillet d’un premier ministre de droite, Kyriakos Mitsotakis, celles-ci sont octroyées en petit nombre.

Se rêvant dans le prochain bateau, Naveed scrute avec obsession les rumeurs de transferts sur Facebook. « Il y a des nationalités prioritaires, comme les Syriens », croit-il. Les tensions entre communautés marquent le camp, qui s’est naturellement divisé par pays d’origine. « Il y a constamment des rixes, surtout entre des Afghans et des Syriens, admet Naveed. Les Africains souvent ne s’en mêlent pas. Nous, les Afghans, sommes mal perçus à cause de certains qui sont agressifs, on nous met dans le même sac. » Querelles politiques à propos du conflit syrien, embrouilles dans les files d’attente de repas, promiscuité trop intense… Nul ne sait précisément ce qui entraîne les flambées de colère. La dernière, sanglante, a traumatisé Samos.

Le camp était une poudrière, alertaient ces derniers mois les acteurs de l’île dans l’indifférence. Le 14 octobre, Vathy a explosé. Dans la soirée, deux jeunes exilés ont été poignardés dans le centre-ville, vengeance d’une précédente rixe entre Syriens et Afghans au motif inconnu. En représailles, un incendie volontaire a ravagé 700 « habitations » du camp. L’état d’urgence a été déclaré. Les écoles alentour ont fermé. Des centaines de migrants ont déserté le camp.

L’Afghan Abdul Fatah, 43 ans, sa femme de 34 ans et leurs sept enfants ont quitté « par peur » leur conteneur pour dormir sur la promenade du front de mer. Les manifestations de migrants se sont multipliées devant les bureaux de l’asile. Des policiers sont arrivés en renfort et de nouvelles évacuations de migrants vers Athènes ont été programmées.

Dans l’attente de ces transferts qui ne viennent pas, les migrants s’échappent quand ils le peuvent du camp infernal. Le jour, ils errent entre les maisons pâles du petit centre-ville, déambulent sur la baie, patientent dans les squares publics.

« Nous ne sommes pas acceptés par tous. Un jour, j’ai voulu commander à dîner dans une taverne. La femme m’a répondu que je pouvais seulement prendre à emporter », relate Naveed, assis sur une place où trône le noble Lion de Samos. Un homme du camp à l’air triste sirote à côté une canette de bière. Une famille de réfugiés sort d’un supermarché les bras chargés : ils viennent de dépenser les 90 euros mensuels donnés par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) dans l’échoppe où se mêlent les langues grecque, dari, arabe et français.

D’autres migrants entament une longue marche vers les hauteurs de l’île. Ils se rendent à l’autre point de convergence des réfugiés : l’hôpital de Samos. Situé entre les villas silencieuses, l’établissement est pris d’assaut. Chaque jour entre 100 et 150 demandeurs s’y pressent espérant rencontrer un docteur, de ceux qui peuvent rédiger un rapport aidant à l’octroi d’un statut de « vulnérabilité » permettant d’obtenir plus facilement une « carte ouverte ».

Samuel et Alice, un couple de Ghanéens ont mis des semaines à obtenir un rendez-vous avec le gynécologue de l'hôpital. © Elisa Perrigueur Samuel et Alice, un couple de Ghanéens ont mis des semaines à obtenir un rendez-vous avec le gynécologue de l’hôpital. © Elisa Perrigueur

La « vulnérabilité » est théoriquement octroyée aux femmes enceintes, aux personnes atteintes de maladies graves, de problèmes psychiques. Le panel est flou, il y a des failles. Tous le savent, rappelle le Dr Fabio Giardina, le responsable des médecins. Certains exilés désespérés tentent de simuler des pathologies pour partir. « Un jour, on a transféré plusieurs personnes pour des cas de tuberculose ; les jours suivants, d’autres sont venues ici, nombreuses, en prétextant des symptômes, relate le médecin stoïque. On a également eu beaucoup de cas de simulations d’épilepsie. C’est très fatigant pour les médecins, stressés, qui perdent du temps et de l’argent pour traiter au détriment des vrais malades. Avec la nouvelle loi en préparation, plus sévère, ce système pourrait changer. »

En neuf mois, l’établissement de 123 lits a comptabilisé quelque 12 000 consultations ambulatoires pour les réfugiés. Les pathologies graves constatées : quelques cas de tuberculose et de VIH. L’unique psychiatre est parti de l’hôpital il y a quelques mois. Depuis un an et demi, deux postes de pédiatres sont vacants. « Le camp est une bombe à retardement, lâche le Dr Fabio Giardina. Si la population continue d’augmenter, on franchira la ligne rouge. »

Dans le couloir où résonnent les plaintes, Samuel Kwabena Opoku, Ghanéen de 42 ans, est venu pour sa femme Alice enceinte de huit mois. Ils ont mis longtemps à obtenir ce rendez-vous, qui doit être pris avec le médecin du camp. « Nous, les Noirs, passons toujours au dernier plan, accuse-t-il. Une policière m’a lancé un jour : vous, les Africains [souvent venus de l’ouest du continent – ndlr], vous êtes des migrants économiques, vous n’avez rien à faire là. » Ils sont les plus nombreux parmi les déboutés.

Le maire : « L’Europe doit nous aider »

Samuel, lui, raconte être « menacé de mort au Ghana. Je devais reprendre la place de mon père, chef de tribu important. Pour cela, je devais sacrifier le premier de mes fils, eu avec mon autre femme. J’ai refusé ce crime rituel ». Son avocate française a déposé pour le couple une requête d’urgence, acceptée, devant la Cour européenne des droits de l’homme. Arrivés à Samos en août, Samuel et Alice ont vu le gynécologue, débordé, en octobre pour la première fois. L’hôpital a enregistré 213 naissances sur l’île en 2019, dont 88 parmi la population migrante.

Des ONG internationales suisses, françaises, allemandes sillonnent l’institution, aident aux traductions, mais ne sont qu’une quinzaine sur l’île. « Nous sommes déconnectées des autorités locales qui communiquent peu et sommes sans arrêt contrôlées, déplore Domitille Nicolet, de l’association Avocats sans frontières. Une situation que nous voulons dénoncer mais peu de médias s’intéressent à ce qui se passe ici. »

Une partie de la « jungle » du camp de Vathy, non accessible aux journalistes ni aux ONG. © Elisa Perrigueur Une partie de la « jungle » du camp de Vathy, non accessible aux journalistes ni aux ONG. © Elisa Perrigueur

Chryssa Solomonidou, habitante de l’île depuis 1986 qui donne des cours de grec aux exilés, est en lien avec ces groupes humanitaires souvent arrivés ces dernières années. « Les migrants et ONG ont rajeuni la ville, les 15-35 ans étaient partis à cause de la crise », relate-t-elle. Se tenant droite dans son chemisier colorée au comptoir d’un bar cossu, elle remarque des policiers anti-émeute attablés devant leurs cafés frappés. Eux aussi sont les nouveaux visages de cette ville « où tout le monde se connaissait », souligne Chryssa Solomonidou. En grand nombre, ils remplissent tous les hôtels aux façades en travaux après une saison estivale.

« J’ai le cœur toujours serré devant cette situation de misère où ces gens vivent dehors et nous dans nos maisons. C’est devenu ici le premier sujet de conversation », angoisse Chryssa. Cette maman a assisté, désemparée, à la rapide montée des ressentiments, de l’apparition de deux univers étrangers qui se croisent sans se parler. « Il y a des rumeurs sur les agressions, les maladies, etc. Une commerçante vendait des tee-shirts en promotion pour 20 euros. À trois hommes noirs qui sont arrivés, elle a menti : “Désolée, on ferme.” Elle ne voulait pas qu’ils les essayent par peur des microbes », se souvient Chryssa.

Il y a aussi eu cette professeure, ajoute-t-elle, « poursuivie en justice par des parents d’élèves » parce qu’elle voulait faire venir des migrants dans sa classe, ce que ces derniers refusaient. L’enseignante s’est retrouvée au tribunal pour avoir appelé les enfants à ignorer « la xénophobie » de leurs aînés. « Ce n’est pas aux migrants qu’il faut en vouloir, mais aux autorités, à l’Europe, qui nous a oubliés », déplore Chryssa.

« L’UE doit nous aider, nous devons rouvrir les frontières [européennes – ndlr] comme en 2015 et répartir les réfugiés », prône Giorgos Stantzos, le nouveau maire de Vathy (sans étiquette). Mais le gouvernement de Mitsotakis prépare une nouvelle loi sur l’immigration et a annoncé des mesures plus sévères que son prédécesseur de gauche Syriza, qui devaient être présentées au parlement ce jeudi 31 octobre, comme le durcissement des lois sur l’asile et le renvoi de 10 000 migrants en Turquie.

Des centaines de migrants ont embarqué sur un ferry le 21 octobre, direction Athènes. © Elisa Perrigueur Des centaines de migrants ont embarqué sur un ferry le 21 octobre, direction Athènes. © Elisa Perrigueur

Les termes de l’accord controversé signé en mars 2016 entre Ankara et l’UE ne s’appliquent pas dans les faits. Alors que les arrivées en Grèce se poursuivent, la Turquie affirme que seuls 3 des 6 milliards d’euros dus par l’Europe en échange de la limitation des départs illégaux de ses côtes auraient été versés. Le président turc Erdogan a de nouveau menacé au cours d’un discours le 24 octobre « d’envoyer 3,6 millions de migrants en Europe » si celle-ci essayait « de présenter [son] opération [offensive contre les Kurdes en Syrie – ndlr] comme une invasion ».

À Samos, où les avions militaires turcs fendent régulièrement le ciel, ce chantage résonne plus qu’ailleurs. « Le moment est très critique. Le problème, ce n’est pas l’arrivée des familles qui sont réfugiées et n’ont pas le choix, mais les hommes seuls. Il n’y a pas de problèmes avec les habitants mais entre eux », estime la municipalité. Celle-ci « n’intervient pas dans le camp, nous ne logeons pas les réfugiés même après les incendies, ce n’est pas notre job ».

L’édile Giorgos Stantzos multiplie les déclarations sur Samos, trop éclipsée médiatiquement, selon les locaux, par la médiatisation, légitime, de l’île de Lesbos et de son camp bondé, avec 13 000 migrants. Au cours d’un rassemblement appelé le 21 octobre, Giorgos Stantzos a pris la parole avec les popes sur le parvis de la mairie de Samos. « Nous sommes trop d’êtres humains ici […], notre santé publique est en danger », a-t-il martelé sous les applaudissements de quelques milliers d’habitants.

La municipalité attend toujours la « solution d’urgence » proposée par l’État grec et l’UE. Bientôt, un nouveau camp devrait naître, loin des villes et des regards. Un mastodonte de 300 conteneurs, d’une capacité de 1 000 à 1 500 places, cernés de grillages de l’OTAN, avec « toutes les facilités à l’intérieur : médecins, supermarchés, électricité, etc. », décrypte une source gouvernementale. Les conteneurs doivent être livrés mi-novembre et le camp devrait être effectif à la fin de l’année. « Et le gouvernement nous a assuré qu’il organiserait des transferts de migrants vers le continent toutes les semaines d’ici la fin novembre pour désengorger Samos », précise le maire Giorgos Stantzos.

Sur les quais du port, le soir du 21 octobre, près de 700 Afghans, Syriens, Camerounais, Irakiens… ont souri dans le noir à l’arrivée du ferry de l’État aux lumières aveuglantes. Après s’y être engouffrés sans regret, ils ont fait escale au port du Pirée et voulu rejoindre des hébergements réquisitionnés aux quatre coins du continent. Quelque 380 passagers de ce convoi ont été conduits en bus dans le nord de la Grèce. Eux qui espéraient tant de cette nouvelle étape ont dû faire demi-tour sous les huées de villageois grecs : « Fermez les frontières », « Chassez les clandestins ».

Source https://www.mediapart.fr/journal/international/311019/sur-l-ile-de-samos-une-poudriere-pour-des-milliers-d-exiles-confines-l-entree-de-l-ue?onglet=full

L’actuel camp de conteneurs de Vathy, entouré de barbelés, n’est accessible qu’avec l’autorisation du gouvernement, et il est donc uniquement possible de se rendre dans la « jungle » de tentes alentour.

Dès le 10 octobre, nous avons formulé des demandes d’interviews avec le secrétaire de la politique migratoire, Giorgos Koumoutsakos (ou un représentant de son cabinet), la responsable du « hotspot » de Samos et/ou un représentant de l’EASO, bureau européen de l’asile. Le 15 octobre, nous avons reçu une réponse négative, après les « graves incidents » de la veille. Nous avons réitéré cette demande les 20 et 23 octobre, au cours de notre reportage à Samos. Avec un nouveau refus des autorités grecques à la clef, qui évoquent une « situation trop tendue » sur les îles.

21 novembre une soirée SOS MEDITERRANEE à Grenoble

Le collectif citoyen de Grenoble 

soutenu par Attac 38 et le CADTM

et SOS MEDITERRANEE

 

 

 

vous invitent à la projection – débat du film

10 jours en mer

La véritable histoire de l’Aquarius

en soutien à

SOS MEDITERRANEE

Jeudi 21 novembre – 20h00

 Maison des associations 6 rue Berthe de Boissieux – Grenoble

en présence de membres de SOS MEDITERRANEE

Ce documentaire retrace ce qu’il s’est passé à bord du navire humanitaire affrété par SOS MEDITERRANEE France quand il s’est retrouvé au cœur de l’une des plus graves tempêtes que l’Europe ait eues à affronter, en juin 2018.

SOS MEDITERRANEE est une association indépendante de tout parti politique et de toute confession, qui se fonde sur le respect de l’homme et de sa dignité, quelle que soit sa nationalité, son origine, son appartenance sociale, religieuse, politique ou ethnique.

SOS MEDITERRANEE a vocation à porter assistance à toute personne en détresse sur mer se trouvant dans le périmètre de son action, sans aucune discrimination. Les personnes concernées sont des hommes, femmes ou enfants, migrants ou réfugiés, se retrouvant en danger de mort lors de la traversée de la Méditerranée.

SOS MEDITERRANEE est financée par des dons privés et des subventions publiques. Les fonds collectés sont alloués à la location du bateau, aux frais quotidiens d’entretien et de sauvetage.

Entrée libre.

 

Pour nous aider à diffuser l’information SOS MEDITERRANEE 2019-11-21

Soirée organisée dans le cadre du festival des solidarités : le programme complet festisol2019-depliant

 

 

Moria à Lesbos Nous ne pourrons pas dire qu’on ne savait pas

2 articles celui de Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux pour la mandature 2018-2020 et de Cécile de Kervasdoué journaliste

15/10/19  POINT DE VUE. Je reviens de Moria…

Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux, revient du camp de migrants de Moria (Grèce). « L’avenir des droits de l’homme se joue à Moria, à quelques kilomètres des côtes turques qui baignent dans la lumière dorée du soleil d’automne. Et nous ne pourrons pas dire qu’on ne savait pas ! » alerte-t-elle.

Je reviens de Moria. Moria, sur l’île grecque de Lesbos. À 15 km des côtes turques. Une terre de l’Union européenne. Une île où notre droit commun européen s’applique. Celui de l’Union et celui de la Convention européenne des droits de l’homme.

Moria, 14 000 personnes livrées à elles-mêmes dans un camp prévu pour 3 000. 1 000 enfants sans aucun parent. On les appelle les « mineurs isolés ». Des montagnes de poubelles et une foule de gens agglutinés, certains à l’extérieur, devant des grillages, d’autres à l’intérieur de l’enceinte.

Ils attendent d’hypothétiques entretiens qui marqueront le début de leur procédure d’asile. Des entretiens qu’ils attendront pendant des semaines, des mois, parfois même jusqu’à deux ans. 14 000 personnes nourries aléatoirement par l’armée. Avec des files d’attente en moyenne de 3 à 4 heures chaque jour. 14 000 personnes. Douze policiers, trois médecins. Quelques volontaires débordés. Et des avocats bénévoles qui tentent, dans ce chaos, de réinsérer le droit. Le droit… Qui a disparu. Le droit qui a abandonné ces femmes, hommes et enfants.

Lesbos, chez moi, chez vous, chez nous…

Dans une section du camp, une centaine de mineurs isolés. Ils ont entre 8 et 17 ans. Ils ont été rassemblés dans une section « B ». On nous dit que cette section n’est pas surveillée la nuit, faute de budget pour ouvrir un poste de garde. Agressions, violences, viols, parfois même suicides… La nuit, les enfants ont peur. Alors, ils ne dorment pas la nuit pour rester en alerte. Ils dorment le jour.

Il fait chaud à Moria. Pas autant que le mois dernier où la température atteignait 40 degrés. On attend désormais la pluie qui va transformer la zone en marécage boueux. Et le froid. Où sont les droits de l’homme lorsqu’on ne traite plus nos semblables comme des êtres humains ?

À Moria, j’ai constaté la faillite de l’Europe. La faillite de notre système juridique. L’abandon par les autres États membres de l’État grec, débordé face à une situation hors de contrôle. Oui, à Moria – comme ailleurs – les droits de l’homme sont devenus subsidiaires.

En Grèce comme ailleurs, des ministres nous expliquent que leur priorité est la sécurité de leurs concitoyens. Quand j’entends le slogan de certains de nos hommes politiques européens : « La sécurité est la première des libertés », je pense à ces enfants de Moria, sacrifiés sur l’autel de peurs irrationnelles. Privés de leurs droits fondamentaux. Ils ont quitté l’enfer et arrivent dans le néant. Le néant juridique, la fin de l’humanisme, la mort de la fraternité.

L’avenir des droits de l’homme se joue à Moria, à quelques kilomètres des côtes turques qui baignent dans la lumière dorée du soleil d’automne. Et nous ne pourrons pas dire qu’on ne savait pas !

Le Conseil national des barreaux soutient European Lawyers in Lesbos qui mobilise des avocats bénévoles pour accompagner les réfugiés. Nous allons intensifier notre effort, face à une urgence qui est tout à la fois humanitaire, sanitaire et juridique. Mais nous allons aussi interpeller nos dirigeants français et européens.

Le président de la République a souhaité un grand débat national sur l’immigration. Je proposais qu’il commence à Moria. Pour que nous osions regarder au-delà de nos quartiers, de nos peurs et de nos égoïsmes.

Ce qui se passe à Lesbos se passe chez moi, chez vous, chez nous. C’est à Lesbos que l’Europe peut mourir. Mais renaître aussi, si collectivement nous le voulons. »

Source https://redon.maville.com/actu/actudet_-point-de-vue.-je-reviens-de-moria…_54135-3872719_actu.Htm


14/10/19 Insalubrité, manque de nourriture, violences : le calvaire des enfants du camp de réfugiés de Lesbos par Cécile de Kervasdoué

Après un afflux de réfugiés cet été sur les îles grecques, 14 000 personnes se trouvent à Lesbos (Grèce) dans le camp de Moria, prévu pour 3 100 maximum. Tout autour, un bidonville de tentes, détritus et boue ne cesse de grossir. Une jungle où vivent près de 6 000 enfants dont plus de 1 000 mineurs non accompagnés.

Dans la jungle du camps de Moria des enfants s’entassent avec des adultes dans des tentes minuscules sur un terrain en pente parsemé d’oliviers. © AFP / Angelos Tzortzinis

Des enfants partout, qui crient, pleurent et jouent au bord de la route, dans les poubelles, la boue, avec l’odeur des eaux usées qui débordent. La plupart ont moins de 12 ans. Nombreux sont les nourrissons qui survivent et naissent aussi, parfois, dans ce dédale de tentes, installées à la va-vite dans les champs d’oliviers en pente qui bordent l’ancien terrain militaire de Moria, sur l’île grecque de Lesbos.

Contrairement à 2015, où l’afflux de réfugiés se comptait par milliers chaque jour, les arrivées se comptent actuellement en centaines par jour. 10 000 depuis le début de l’été, soit trois fois plus que l’année dernière. À Moria, ce sont, pour l’essentiel, des femmes et des enfants, de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreux. Ils restent plusieurs mois, parfois plus d’une année à survivre dans ces conditions indignes.

Aujourd’hui, officiellement, près de 6 000 enfants sont bloqués dans ce camp. Parmi eux, on compte plus d’un millier de mineurs non accompagnés. La plupart de ces enfants en provenance d’Afghanistan ont moins de 15 ans. Ils ont souvent été séparés de leurs parents à la frontière avec l’Iran et vivent sans aucune protection, dormant dans des tentes collectives avec des adultes qu’ils ne connaissent pas. À même le sol, aussi parfois. Ils sont la proie de tous les trafics, de toutes les maltraitances.

Le froid, la pluie, et les files d’attente interminables

Alice*,  jeune afghane de 12 ans est arrivée il y a deux mois :

« La vie à Moria, c’est faire la queue toute la journée avec nos mères. La queue pour les toilettes pendant au moins 2 heures. Dès 5 heures du matin pour un peu de nourriture, la queue pour des couvertures avant l’arrivée de l’hiver, la queue pour l’administration, pour avoir une tente et surtout pour voir un docteur. Parfois ça dure toute la journée et on doit revenir le lendemain… »

La vie dans cette jungle a de quoi traumatiser un enfant. Des tentes de deux places où s’entasse une famille de six personnes avec parfois avec d’autres adultes encore. Le froid, la nuit, pour ceux qui dorment à même le sol sans couverture. La pluie, qui trempe tout et qui fait sortir des serpents s’infiltrant dans les tentes. Le manque de nourriture. Les sanitaires bouchés et sales où les toilettes sont aussi des douches ; il y en a un seul pour 100 personnes. Et surtout, le manque de sécurité.

« Il y a des bagarres entre les communautés syriennes et afghanes. Les hommes boivent et deviennent violents. L’autre jour, ils ont voulu rentrer dans notre tente mais heureusement mon père les a sortis. Je n’ose même imaginer comment ça se passe pour tous les enfants ici qui n’ont pas leurs parents avec eux et qui traînent », raconte Parwana, une jeune afghane de 15 ans.

Trop de monde, pas assez d’investissements publics. Les associations humanitaires prennent donc le relais pour accueillir les réfugiés. Ainsi, pour éviter l’expulsion de la jungle, une ONG hollandaise Movement on the Ground a loué les champs d’oliviers autour du camp de Moria et tente d’organiser des logements sous des tentes plus solides et plus grandes. L’ONG Oxfam conseille les réfugiés dans leur langue d’origine (63% du camp est occupé par les Afghans, 22% par des Syriens) sur le droit d’asile européen.

Désordres psychiques

Le besoin de médecin est le besoin le plus cruel, à Moria. Médecin sans Frontières a donc installé un dispensaire pédiatrique spécialisé dans la santé mentale des enfants. Car il y a les maladies dues aux mauvaises conditions d’hygiène et de logement mais surtout il y a les traumatismes causés ou ravivés par ce camp. De plus en plus d’enfants arrivent au dispensaire de MSF en pleine régression et avec des désordres psychiques liés à leur condition de vie. Plus longtemps ils restent à Moria, plus sévères sont leurs dysfonctionnements.

Dans la file d’attente du dispensaire, un réfugié afghan témoigne :

Je ne sais plus quoi faire. Ma fille fait des crises d’hystérie. Ses jambes ne fonctionnent plus, elle ne peut plus marcher !

À 8 ans, certains enfants du camp de Moria remettent des couches, ne parlent plus, ne jouent plus et évitent de regarder les autres. Il y a ceux qui refusent d’ouvrir les yeux le matin et restent dans un coin de la tente toute la journée. À Moria, il n’y a pas d’endroit pour jouer, pas d’école. Beaucoup de parents culpabilisent et se désespèrent. Pour les médecins et psychologues de MSF, il y a l’impression permanente de ne jamais pouvoir faire assez.

Angela Metaldi est pédopsychologue pour MSF :

« Chaque jour, des parents désespérés nous amènent des enfants de moins de 10 ans qui s’arrachent les cheveux, se frappent, se jettent la tête contre les murs, se scarifient. Ce sont des enfants qui ne veulent plus vivre, qui n’ont plus d’espoir. Il faut les sortir d’ici. Tout de suite. »

Les plus mal lotis sont encore les mineurs non accompagnés. Pour eux, une ONG grecque, Metadrasi, tente de les protéger mais avec trop peu de moyens. Cinq tuteurs et éducateurs spécialisés protègent 40 enfants chacun. Soient 200 enfants pris en charge sur les 1 060 que compte officiellement le camp.

« C’est absurde, nous sommes obligés de choisir les enfants que nous allons protéger. Souvent ce sont les plus vulnérables, les filles ou les enfants déjà victimes de trafic sexuel, les moins de 15 ans et aussi ceux qui ont de la famille en Europe, afin d’obtenir la réunification familiale. Mais on est loin du compte. Beaucoup d’enfants sont abandonnés dans ce camp de l’enfer », explique Sevi Saridaki, tutrice et éducatrice spécialisée au sein de l’ONG Metadrasi.

De nombreux enfants non accompagnés attendent de rejoindre leur famille ailleurs en Europe mais la plupart des États membres font barrage via des procédures de plus en plus complexes. C’est le cas de la France, où les documents ne suffisent plus pour attester d’un lien de famille : il faut également des tests ADN, sur décision d’un tribunal. Résultat, de nombreux enfants sont coincés des mois dans des camps où ils sont en danger en permanence.

Mahathi 15 ans, jeune afghan non accompagné, depuis 9 mois à Moria, ne cache pas son amertume :

« C’est horrible ici, je suis toujours sale, j’ai toujours faim et surtout j’ai peur. Les adultes boivent et deviennent violents. La nuit il y a des bagarres, de la drogue alors beaucoup de jeunes garçons essayent de se cacher dans les coins. On m’avait dit l’Europe c’est la justice et l’humanité mais je ne vois pas ça à Moria. »

Source  https://www.franceculture.fr/emissions/le-reportage-de-la-redaction/a-lesbos-des-milliers-denfants-pris-au-piege-de-la-politique-migratoire-europeenne

Le 24 octobre à Grenoble on soutient les solidaires

Les 2 et 24 octobre prochains, deux solidaires passeront au tribunal de Grenoble (38) en appel pour délit de solidarité… Ils sont accusés d’aides à l’entrée de personnes en situation irrégulière sur le territoire français alors qu’ils portaient assistance à personnes en danger. Ces appels font suite à des peines de prison prononcées à leur encontre par le tribunal de Gap (05) en janvier dernier.

Cette répression s’inscrit dans une politique générale de harcèlement et d’intimidation tant pour les solidaires que pour les exilés d’ici et d’ailleurs. Kevin et Pierre ont besoin de soutien comme les 3+4 de Briançon ou comme encore Blessing, Tamimou… qui en auraient eu besoin avant de mourir à la frontière des Hautes-Alpes (05).

Tout comme pour le 2 octobre nous devons être nombreux à 13h45 devant la Cour d’Appel de Grenoble, située place Firmin Gauthier, dans le nouveau quartier proche de la gare SNCF (côté est), pour soutenir les solidaires et lutter contre les répressions et les politiques migratoires actuelles.

SOS Méditerranée Un témoignage d’un marin sauveteur

TÉMOIGNAGE] « Durant le sauvetage, on entendait un bébé pleurer! »

Charlie raconte 4 sauvetages en septembre 2019

Charlie fait partie des plus anciens marins-sauveteurs chez SOS MEDITERRANEE. Il a occupé à peu près tous les postes de l’équipe en mer. Si l’Aquarius n’avait plus de secrets pour lui, ce gaillard norvégien, marin de profession et militant des droits de l’Homme par conviction, apprécie la robustesse de l’Ocean Viking, avec lequel 656 personnes ont déjà été secourues entre août et septembre 2019.

« Parfois je m’imagine dans quelques années, entouré de mes futurs enfants qui me demanderaient : ‘Mais où étais-tu toi quand des gens étaient victimes d’injustice ? Pourquoi ne t’es-tu pas engagé?’ Je veux pourvoir leur répondre sans honte. »

Charlie aura de quoi leur répondre. Il pourra notamment leur raconter, comme il le fait dans cette vidéo, la seconde rotation de l’Ocean Viking, durant laquelle il a participé à quatre sauvetages les 17, 18 et 19 septembre 2019.

Crédits

Images vidéo : Laurence Bondard / SOS MEDITERRANEE  et  Hannah Wallace Bowman / MSF

Montage : Isabelle Vali / SOS MEDITERRANEE

Source http://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/Charlie-raconte-2019

Pour soutenir l’association http://www.sosmediterranee.fr/

Un enfant afghan tué par un camion Moria, Lesbos

Grèce : un enfant afghan de 5 ans tué par un camion près du camp de Moria, à Lesbos (infomigrants.net)

En Grèce, un enfant réfugié de 5 ans est mort, mardi 24 septembre, après avoir été renversé par un camion près du camp de migrants de Moria sur l’île de Lesbos. Selon un communiqué de la police grecque, l’enfant, originaire d’Afghanistan, était caché dans un carton près de la route lorsque le véhicule l’a percuté mardi après-midi.

« Nous sommes en deuil suite à la mort d’un enfant de 5 ans à Lesbos. Il jouait sur la route et a été percuté par un camion à l’extérieur de Moria […] Cette tragédie n’aurait jamais dû arriver », a commenté le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR) sur Twitter.

Le conducteur, qui a déclaré à la police ne pas avoir réalisé qu’un enfant se cachait dans le carton, est détenu par la police grecque.

Cet accident tragique est, pour certains, le résultat malheureusement prévisible d’une situation hors de contrôle à Lesbos. « La semaine dernière, le gouvernement de droite nouvellement élu a fermé le seul endroit où pouvaient jouer les enfants de Moria : une aire de jeu avec des châteaux gonflables et un petit terrain de football, où les enfants étaient en sécurité et pouvaient regarder des films », fulmine Iasonas Apostolopoulos de Médecins sans frontières, sur un post Facebook.

« Cet ‘accident’ est la conséquence de toutes ces politiques menées par les différents gouvernements en Grèce, et par le régime raciste de la forteresse européenne, qui traite les immigrés comme des ennemis », poursuit-il…

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/19752/grece-un-enfant-afghan-de-5-ans-tue-par-un-camion-pres-du-camp-de-moria-a-lesbos?fbclid=IwAR1qCnUxnUNp9I2X1xAN3qflvsXGxgsktWzUGhnoGq5PJPqaoF81DdMgPgE

 

Le procès en appel des solidaires c’est à Grenoble !

Urgence à la mobilisation : 2 et 24 octobre : le procès en appel des solidaires approche ! 

Les 2 et 24 octobre prochains, deux solidaires passeront en appel au tribunal de Grenoble pour délit de solidarité… Ils sont accusés d’aide à l’entrée de personnes en situation irrégulière sur le territoire français alors qu’ils portaient assistance à des personnes en danger qui avaient déjà franchi la frontière. Ces appels font suite à des peines de prison prononcées à leur encontre par le tribunal de Gap (05) en janvier dernier (respectivement 4 et 3 mois de prison avec sursis), au mépris de tous les droits de la défense (dossier non parvenu à l’avocat, refus de visionnement d’une vidéo contredisant la version des policiers…). Bientôt suivra le procès en appel des 3+4 de Briançon.

 Cette répression s’inscrit dans une politique générale de harcèlement tant pour les solidaires que pour les exilés. L’Organisation « Human Rights Watch » vient de publier un rapport à ce sujet, dénonçant ces pratiques d’intimidation : https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/05/les-militants-pro-migrants-dans-les-hautes-alpes-harceles-par-la-police-selon-hrw_5506616_3224.html

La mobilisation de tous est nécessaire car la justice veut créer une jurisprudence qui pèsera sur tous les solidaires. Il faut absolument que Kévin et Pierre soient acquittés.

Pour soutenir les solidaires et lutter pour un monde fraternel, à l’inverse des politiques migratoires actuelles, RV à 14h devant le tribunal de Grenoble, le 2 et le 24 octobre

Le Comité de Soutien aux 4+3+2

SOS Méditerranée exhorte les États européens

Communiqué

Alors que s’ouvre un sommet européen à La Valette, l’Italie assigne un port à 182 rescapés de l’Ocean Viking

SOS MEDITERRANEE exhorte les Etats européens à mettre en place un mécanisme de débarquement pérenne.

Marseille, le 23 septembre 2019 – Dimanche soir, l’Ocean Viking, navire humanitaire de sauvetage affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a reçu l’instruction des autorités italiennes de se diriger vers Messine (Italie) pour débarquer 182 rescapés.

C’est la deuxième fois en une semaine que les autorités italiennes ouvrent un port à des personnes vulnérables secourues en Méditerranée centrale par un navire humanitaire de sauvetage. SOS MEDITERRANEE est soulagée de cette annonce, et salue la décision des autorités italiennes. Bien que celle-ci survienne après plusieurs jours d’attente, elle met fin à une souffrance inutile et répond aux exigences du droit maritime et international, qui stipule qu’un sauvetage prend fin lorsque les personnes secourues sont débarquées en lieu sûr.

Trois opérations de sauvetage sans coordination des autorités libyennes

Ces personnes fragiles ont été secourues lors de trois opérations de sauvetage distinctes, menées les 17 et 18 septembre. Alors que les équipes de SOS MEDITERRANEE ont constamment informé, comme il se doit, le Centre Conjoint de Coordination du Sauvetage de Tripoli (JRCC, crée à l’été 2018 et reconnu par l’Organisation Internationale Maritime) de toutes ces alertes de détresse -les embarcations se trouvant toutes dans la zone de recherche et sauvetage libyenne-, les opérations ont été menées en l’absence totale de coordination de la part des autorités maritimes libyennes.

Qui plus est, suite à la demande de lieu sûr formulée le 17 septembre par l’Ocean Viking au JRCC Tripoli, ce dernier a, le lendemain, indiqué le port de Al-Khoms, en Libye. « Au regard du droit international, nous ne sommes pas en mesure de nous diriger vers un port libyen, qui ne saurait être considéré comme un lieu sûr», a déclaré Nicola Stalla, coordinateur des opérations de recherche et sauvetage sur l’Ocean Viking. Les rescapés présents sur notre navire tentent par tous les moyens de fuir ce pays, et risquent d’être victimes d’abus, de torture, d’exploitation et de violences sexuelles s’ils y sont renvoyés ». Par conséquent, l’Ocean Viking a dû décliner cette instruction, et demander qu’un lieu sûr lui soit assigné, conformément aux exigences du droit maritime et international.

Jeudi 19 Septembre, les équipes de SOS MEDITERRANEE et MSF ont également procédé à un quatrième sauvetage et secouru 35 personnes d’une embarcation en bois, dans la zone maltaise de recherche et sauvetage et sous la coordination des autorités maritimes maltaises. Le lendemain, suivant les instructions du Centre maltais de coordination des sauvetages, ces 35 rescapés ont été transbordés de l’Ocean Viking à un navire militaire maltais, et débarqués à Malte en toute sécurité, comme le prévoit le droit maritime.

Mécanisme européen et coordonné de débarquement

La pratique récurrente des États européens, qui négocient la relocalisation des personnes secourues en mer au cas par cas et pendant des jours, avant de les autoriser à débarquer, est inacceptable et en totale contradiction avec le droit maritime et international.

En l’absence d’autres navires humanitaires de sauvetage en Méditerranée centrale, et alors que des hommes, femmes et enfants continuent à fuir la Libye, SOS MEDITERRANEE et MSF ne doivent en aucun cas être empêchés de patrouiller en mer et de remplir leur mission : sauver des vies humaines. « Les moyens de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale sont totalement insuffisants », indique Sophie Beau, cofondatrice et directrice générale de SOS MEDITERRANEE France« Nous ne savons pas -et ne saurons probablement jamais- combien de personnes ont réellement disparu en mer, dans l’anonymat total. Il n’est pas acceptable que des rescapés qui ont survécu à cette périlleuse traversée, secourus par des navires humanitaires d’embarcations de fortune surchargées, subissent ces blocages de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant d’arriver en lieu sûr. Il est urgent qu’un accord européen soit trouvé pour mettre fin à ces blocages répétés ».

SOS MEDITERRANEE suit avec attention la volonté d’une coalition d’États européens élaborant une approche coordonnée pour prendre en charge les personnes secourues en mer. Réunis aujourd’hui à La Valette, les ministres de l’Intérieur ont l’opportunité d’exprimer leur solidarité avec les états côtiers, et de mettre en place un mécanisme partagé, prévisible et pérenne de débarquement, conforme à ce que requiert le droit maritime et international. Il s’agirait là d’un premier pas vers une amélioration de la situation en Méditerranée centrale, où trop de gens continuent de mourir en raison du manque de navires dédiés au sauvetage, et de l’absence de coordination des opérations de recherche et sauvetage.

SOS MEDITERRANEE 
Ensemble agissons pour sauver des vies en mer

Depuis 2014, près de 20 000 hommes, femmes et enfants sont morts noyés en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune. SOS MEDITERRANEE est une association européenne de sauvetage en mer constituée de citoyens mobilisés pour porter secours à celles et ceux qui risquent leur vie en mer. Depuis le début de ses opérations en février 2016, SOS MEDITERRANEE a secouru 30 179 personnes dont près du quart étaient mineures. L’association est basée en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse. Elle a reçu le Prix Unesco Houphouët-Boigny 2017 pour la Recherche de la Paix.

http://www.sosmediterranee.fr/

Crédit photo : Hannah Wallace Bowman / MSF

Source http://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/CP-23-09-2019-Messine

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