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Grèce : La mort sociale des retraités

par Stathis Kouvelakis

Le parlement grec a voté le 5 mai 2016 un projet de loi aux lourdes conséquences pour la population puisqu’il portait à la fois sur la réforme des retraites et de nouvelles mesures fiscales. La discussion à la Vouli (= parlement grec) étalée sur un week-end a duré moins de 48 heures. Cette hâte s’explique facilement : il s’agissait en effet de faire passer de nouvelles décisions anti populaires avant la réunion de l’eurogroupe du lundi 6 mai. Le vote de ces mesures dans les délais impartis figurait en première ligne des exigences posées par la Troïka pour valider l’examen (review) de la mise en œuvre des engagements contractés par le gouvernement grec lors de la signature du troisième mémorandum. Après tout, ce même mémorandum, signé par Alexis Tsipras en juillet 2015 (un document de plus de mille pages sans les annexes), qui impliquait l’ensemble des mesures que le parlement grec ne fait que valider depuis cette date, avait également été voté en moins de 48 heures, là encore pour se conformer aux ultimatums de la Troïka et parfaire le tableau de la vassalisation du pays et de ses institutions représentatives.

La réforme des retraites votée par la majorité Syriza et Anel de la Vouli est hautement symbolique. Elle est la troisième de ce genre depuis le premier Mémorandum de 2010. Les retraités grecs (27% de la population du pays) ont déjà vu leurs pensions diminuer de 30 à 50% au cours des six dernières années. La pension moyenne en Grèce, avant la mise en œuvre de cette troisième réforme, s’élevait à 882 euros, dans un pays où le coût de la vie hors logement est comparable à celui des pays européens les plus développés.

Fait d’une importance cruciale pour saisir la portée de cette destruction du système des retraites : dans un pays dévasté par la crise, où le taux de chômage officiel dépasse 23% et où plus de quatre cent mille personnes ont émigré depuis 2010, le budget de plus d’un ménage sur deux dépend majoritairement de la retraite des grands-parents. En effet, selon les chiffres communiqués par Savas Robolis, un universitaire expert de la question, proche par ailleurs du gouvernement, 350 000 familles ne disposent d’aucune source de revenu provenant de l’activité de leurs membres, 500 000 familles ne comptent qu’un seul actif et seuls 105 000 parmi les 1,35 million de chômeurs sont indemnisés |1|.

Le caractère explosif de ce dossier explique pourquoi la non-diminution supplémentaire des retraites était l’une des « lignes rouges » du gouvernement Syriza lors de la première phase, celle de la « négociation conflictuelle » avec la Troïka, qui s’est achevée avec la capitulation de Tsipras en juillet 2015. C’était également l’une des principales exigences du « plan Juncker » qui avait été rejeté lors du référendum du 5 juillet 2015.

Pour couvrir leurs reniements, Tsipras et son gouvernement, tout particulièrement le ministre du travail Giorgos Katrougalos, ont multiplié les déclarations apaisantes, dont le caractère mensonger devenait de plus en plus évident une fois arrêtées les grandes lignes de la « réforme ». Ils ont persévérés dans cette ligne jusqu’au bout. Ainsi, lors de son allocution au parlement, Katrougalos déclarait « aucune retraite principale ne sera diminuée » tout en affirmant que « ce gouvernement n’enverra pas la facture aux générations suivantes » |2|. Alexis Tsipras, de son côté, n’a pas hésité à dire aux parlementaires que « nous protégeons les forces sociales qui pendant cinq ans, ont supporté le fardeau de la crise. Retraités, ouvriers, paysans, scientifiques, chômeurs. Ce sont les forces sociales que nous voulons représenter … Avec le projet de loi que nous votons aujourd’hui, nous visons à créer un système de retraite durable qui garantit des pensions pour tous les citoyens et en même temps ce sera conforme avec la justice sociale, en tenant compte des difficultés économiques de la situation » |3|.

La réalité des mesures votées, et une simple énumération de leurs conséquences, apporte un démenti cinglant à ces affirmations. Elle révèle en même temps un niveau de cynisme et de manipulation de l’opinion jamais atteint dans le pays après la chute de la dictature des colonels. Dans le texte qui suit Dimitris Stratoulis, ancien vice-ministre des affaires sociales du premier gouvernement Syriza, et l’un de meilleurs connaisseurs du dossier, démonte le mécanisme implacable qui ne fera qu’accélérer la mort sociale du retraité grec, et d’une bonne partie de la population de ce pays.


Des coups mortels portés au système des retraites

Dimitris Stratoulis, Unité Populaire, ancien vice-ministre des affaires sociales |4| |5|

Résumé par Stathis Kouvélakis

  1. Suppression graduelle jusqu’en 2019 de l’aide accordée aux 370 000 pensionnés recevant les retraites les plus faibles (EKAS), qui verront leur retraite diminuer en moyenne de 193 euros.
  2. La division des retraites en « retraite nationale » (sorte de filet minimal de 384€) et « retraite principale » ne conduit pas seulement à une baisse mais à un système « proportionnel » appliqué à la retraite principale qui signifie la fin de la retraite par répartition et l’engagement vers un système par capitalisation.
  3. Le durcissement des conditions d’attribution de la retraite nationale, la seule qui est garantie par l’Etat, touchera certaines catégories comme les handicapés avec un taux de handicap inférieur à 80%, qui n’atteindront même plus ce minimum.
  4. Diminution de 20 à 30% des retraites principales pour tous ceux qui partent à la retraite après le vote de la nouvelle loi du fait de la diminution du taux de remplacement ramené à 40,7% (la proposition initiale du gouvernement était de 45%, le taux précédent était de 60%).
  5. Les retraites principales déjà versées seront « recalculées » sur la base des nouveaux taux de remplacement et donc drastiquement diminuées. La perte sera compensée pour les celles et ceux qui sont déjà retraités jusqu’en 2018, par la règle de la « différence personnelle », mais celle-ci prendra graduellement fin à partir de 2018.
  6. Une grande part des retraites subit déjà des coupes du fait de la mise en place d’un plafond maximal de 1820 euros net, de la suppression graduelle de l’EKAS (cf 1) et de l’augmentation de la contribution santé, de la diminution de la retraite nationale pour ceux partis à la retraite à partir du 1er juillet 2016 et de la pénalisation supplémentaire à hauteur de 10% pour ceux qui partent à une retraite anticipée.
  7. Coupes de 15 à 20% aux retraites complémentaires, appelées à se poursuivre, du fait de l’application de la règle du « déficit zéro » aux régimes complémentaires.
  8. Instauration d’un nouveau mécanisme de diminution des retraites applicable à partir de 2017 pour tenir l’engagement de non dépassement de plus de 2,5% de l’enveloppe globale consacrée aux retraites par rapport à son niveau de 2009 et ce jusqu’en 2060, date à laquelle le nombre de retraités aura augmenté de 70% par rapport à 2009.
  9. Les retraités qui ont un emploi verront leur retraite diminuer de 60%.
  10. Hausse brutale cotisations retraites des professions libérales, des indépendants et des auto-entrepreneurs, catégories très développées en Grèce où seulement 66% de la population active est constituée de salariés et dont la plupart ont des revenus moyens et faible. Avec la hausse de la fiscalité, ce sont deux tiers du revenu de ces catégories qui aboutit aux caisses de l’État.

Notes

|1| http://www.efsyn.gr/arthro/apo-enan…

|2| http://www.tovima.gr/politics/artic…

|3| http://www.efsyn.gr/arthro/vrady-i-…

|4| http://www.dikaiologitika.gr/eidhse…

|5| Voir le communiqué qu’Eric Toussaint avait publié suite à la rencontre avec le ministre Dimitris Stratoulis qui a eu lieu en mai 2015 http://www.cadtm.org/Communique-d-E…

enseigne la philosophie politique au King’s College de l’université de Londres, est membre du comité central de Syriza et du Courant de gauche de ce parti. Membre de la rédaction de la revue Contretemps, il a dirigé l’ouvrage Y a t il une vie après le capitalisme ? (Le Temps des Cerises, 2008) et il est l’auteur de La France en révolte : Luttes sociales et cycles politiques (Textuel, 2007) et de Philosophie et révolution, De Kant à Marx (PUF, 2003). Il est membre du comité central de la Coalition de gauche grecque SYRIZA -EKM.

Article publié sur le site du CADTM

http://www.cadtm.org/Grece-La-mort-sociale-des

 

Grèce : Suite expulsions des squats solidaires

8/8/16 Grève de la faim des réfugiés en Grèce par Yannis Youlontas : 

Dix jours après l’expulsion scandaleuse des squats solidaires de Thessalonique.

GRÈVE DE LA FAIM DES RÉFUGIÉS DU CAMP SOFTEX DE THESSALONIQUE

C’est dans ce camp de l’ouest de la ville que la jeune Syrienne Azaz Ragda a trouvé la mort, à l’âge de 29 ans, en l’absence d’assistance médicale(1).

D’autres formes de protestations ont également été signalées à Lesbos et à Chios. La colère gronde parmi les réfugiés, particulièrement maltraités par l’Etat grec depuis l’accord Union européenne-Turquie, et dans le mouvement social qui les soutient de toutes ses forces.

A Thessalonique comme ailleurs en Grèce, la résistance s’organise à travers plusieurs formes de ripostes : multiples attaques de groupes — principalement anarchistes et anti-autoritaires — contre les locaux de Syriza (au moins une quinzaine en dix jours), de l’Etat grec et des institutions européennes (notamment à Athènes), et ouvertures de nouveaux squats solidaires, dont deux cette semaine à Thessalonique.

Depuis plusieurs mois, partout en Grèce, le mouvement social et les réfugiés se rapprochent et s’unissent pour dénoncer ensemble l’Europe forteresse et tous ceux qui la servent.

Yannis Youlountas (avec Constant Kaimakis et Grigoris Tsilimantos)

L’acharnement de l’Etat contre les hébergements autogérés continue en Grèce par Yannis Youlontas

LE PROCÈS DES MEMBRES DU SQUAT SOLIDAIRE HURRIYA VIENT DE COMMENCER À THESSALONIQUE

Depuis une semaine, les collectifs sont convoqués et jugés, les uns après les autres.

Avant-hier, 5 camarades du squat Orfanotrofeio (orphelinat) ont été condamnés à 10 mois de prison avec sursis et 2000 euros d’amende chacun, soit un total de 10 000 euros, sans compter les autres frais.

Rappelons également qu’ils ont tout perdu : leurs affaires, stocks alimentaires, matériel médical et même jouets d’enfants ont été détruits ou ensevelis.

La criminalisation des occupations vise actuellement à stopper un mouvement social qui s’étend de plus en plus depuis l’automne (après un net ralentissement durant le premier semestre 2015, alors que Tsipras et Varfoufakis jouaient les zorros). Mais cela ne l’arrêtera pas : le mouvement social est bien décidé à poursuivre sa résistance et son développement. En s’acharnant, le pouvoir ne fait qu’accentuer sa détermination.

Un appel urgent à la solidarité internationale vient d’être lancé à Thessalonique pour surmonter cette épreuve.

5/8/16 REPORT DU PROCÈS DES 60 MILITANTS ARRÊTÉS POUR LE SQUAT HURRYA à THESSALONIQUE :

Ce matin devait avoir lieu le 3 ème procès concernant les 60 personnes arrêtées lors de l’évacuation du squat HURRYA à Thessalonique
( cf https://www.facebook.com/constant.kaimakis/posts/1751703715097848)
Le Tribunal des flagrants délits de Thessalonique a reporté le procès au 26 janvier 2017 acceptant une demande des avocats de la défense de report du procès en raison des problèmes de santé de certains accusés. Sur les 60 accusés , en majorité des ressortissants étrangers, ont comparus seulement 28 personnes, 15 hommes et 13 femmes , 2 grecs et les autres étant des ressortissants européens, accusés de perturbation de l’ordre public et de destructions de biens. Un certain nombre d’étrangers qui avaient participé à l’évènement « No Border Camp » sont restés à Thessalonique. Tous avaient été libérés le lendemain de leur arrestation, après avoir été soumis à un procès dans la procédure de flagrant.
Ce matin un rassemblement a eu lieu aux portes du Tribunal

 

Grèce : quand les entreprises tentent d’échapper au contrôle des capitaux

Paru le 8/8/16 dans La Tribune

La police grecque a démantelé lundi un réseau frauduleux de terminaux de paiement électronique qui permettait à leurs utilisateurs de stocker leur argent hors du pays.

En Grèce, plusieurs entrepreneurs avaient trouvé une parade au contrôle des capitaux, en vigueur depuis juin 2015 dans le pays. Une entreprise luxembourgeoise proposait des terminaux de paiement électronique (TPE) leur permettant de transférer des fonds illimités à l’étranger. En clair, dès qu’une transaction en carte bleue était réalisé via ces TPE, la somme était transférée hors de Grèce.

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-quand-les-entreprises-tentent-d-echapper-au-controle-des-capitaux-591411.html

Euro, Plan B. Sortir de la crise en Grèce, en France et en Europe

Euro, Plan B. Sortir de la crise en Grèce, en France et en Europe
par Costas Lapavitsas, Heiner Flassbeck, Cédric Durand, Guillaume Etievant, Frédéric Lordon
Disponible le 20 août, commandes en ligne dès maintenant :
http://www.editions-croquant.org/…/…/product/346-euro-plan-b
Il y a un an, le 5 juillet 2015, un nouveau plan d’austérité était massivement rejeté en Grèce. Le gouvernement d’Alexis Tsipras cédait pourtant à la pression des institutions européennes et signait une semaine plus tard un troisième Mémorandum. Cette capitulation a ouvert un débat sur les perspectives de la gauche radicale en Europe. Y avait-il une alternative ?
Pour les auteurs de ce livre, la réponse est clairement positive. Ils récusent l’idée qu’il est possible de réformer de l’intérieur l’Union européenne et ce qui en est le noyau : la monnaie unique et la zone euro.
Le cœur du livre est constitué par la présentation par Heiner Flassbeck et Costas Lapavitsas d’un « programme de salut public pour la Grèce ». À partir d’une analyse économique rigoureuse, ils montrent que le problème de la zone euro est pour l’essentiel à chercher dans la politique allemande, qui est à l’origine de l’écart de compétitivité en faveur de ce pays. Et ils proposent des solutions concrètes pour sortir de la zone euro, régler le problème de la dette publique et libérer les peuples du pouvoir de la finance. Les contributions de Cédric Durand, Guillaume Etiévant et Frédéric Lordon complètent cet ouvrage de référence dans les débats pour un « plan B » en Grèce, en France et en Europe.
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Lettre ouverte des militants du squat NIKIS de Thessalonique

Vous trouverez ci-dessous la lettre ouverte des militants du squat NIKIS de Thessalonique, expulsés la semaine passée avec ceux de 2 autres squats.

Pendant de nombreuses années, « Nikis » était un centre social bien connu sur la promenade du centre-ville de Thessalonique . Pour beaucoup de militants, il a été un lieu actif de solidarité en période de crise sociale générale. Au cours des derniers mois, les organisateurs y ont accueilli des réfugiés.

« LETTRE OUVERTE À ALEXIS TSIPRAS ET SON GOUVERNEMENT :

A l’aube du 27 Juillet, vous et votre gouvernement avaient envahi trois squats qui accueillaient des réfugiés et des migrants à Thessalonique. Dans le même temps vous avez arrêté 75 sympathisants grecs et et européens, alors que vous avez envoyé les réfugiés dans des camps de concentration, dont certains ne les ont pas accepté en raison de leur occupation bondée. Ainsi, vous les avez laissés au milieu de nulle part.
Parce que les squats de « Orfanotrofeio » et « Hurriya » ont leur propre voix politique, et que nous ne voulons pas les remplacer, nous nous adressons à vous seulement en tant que squat « Leoforos Nikis 39 », pour vous rappeler certains faits que nous sommes sûrs,vous connaissez déjà .
Le squat « Leoforos Nikis 39 » est né lors de la révolte de Décembre 2008 et il a été le premier squat de logement pour les personnes qui ont pris part à ce mouvement politique et qui avaient déjà de réels problèmes de logement. Intégré dans cet espace, par le biais d’un bâtiment abandonné, il affirma le niveau de vie décent pour ceux qui participèrent, réévaluant le sens de l’espace public. Pour cette raison, il accueillit toutes ces années, des centaines de militants et de manifestants, non seulement de la Grèce, mais de tout le monde. Lorsque la crise des réfugiés a eu lieu, il s’ouvrit dans le but d’accueillir et de cohabiter équitablement avec les plus vulnérables d’entre eux, les familles avec des enfants. Dans le même temps, il a adhéré à un système de soins médicaux et alimentaires qui avait été créé dès le début de Eidomeni. Contre ces personnes à l’aube du mercredi 27 Juillet vous avez réservé pour une fois de plus le cauchemar qu’ils ont essayé d’éviter, traversant comme des milliers d’autres, la mer Egée.
Avant que vous ayez pris le pouvoir, nous vous avons accueilli dans son enfer, avec l’impossibilité de vous en échapper et vous avez accepté la responsabilité de diriger. Saturé par l’étatisme et le « gouvernisme », vous dupliquez les ruines de la politique loyaliste, parce que vous n’êtes pas parvenu à créer quelque chose de nouveau. Cet état d’urgence vous conquis, parce qu’il ne peut pas être rétabli. La devise « la gauche pour la première fois », est vraie, mais pas de la façon dont vous avez été la vendre en fanfaronnant à l’étranger , mais de la façon dont nous le vivons. Quoi que ce soit que l’aile droite n’a pas osé faire, vous vous êtes engagé à le faire en assumant le coût des excuses. Non seulement vous êtes chaque mot de la constitution, mais vous grandissez rapidement dans chaque mot de la loi et l’ordre. Pour ces choix, vous avez des alliés et beaucoup de clowns pour accepter ce rôle. Avec votre point de vue sur la clôture d’Evros , votre reconnaissance de la Turquie comme un pays sûr, avec l’administration gouvernementale de la crise des réfugiés dans la voie de camp de concentration, vous avez libéré la voie
la moins conciliante et ultra-conservatrice . Boutaris, Kaminis, la direction de l’Université de Thessalonique et de l’église, sont apparus en accord afin de vous soutenir.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois, parce que nous vous avons vu lors de la guerre contre les militants solidaires qui a explosé au milieu de la crise des réfugiés. Ensuite, vous avez réalisé que la solidarité prenait des formes éloignées de vous, de l’Etat et des organisations non gouvernementales et vous l’avez immédiatement attaquée. Mais les décès et l’insalubrité se sont installés dans les structures gouvernementales. Que n’avez-vous pas compris avec la mort de cette jeune fille de 27 ans, dans le camp de concentration de la « SOFTEX » ?
Nous sommes conscients que l’invasion contre les squats était la réponse d’État au festival « No Border » . Nous savons aussi que vous voulez apporter la solidarité en vertu des règles des camps de concentration et c’est la raison pour laquelle vous avez placé un invraisemblable « cheval de bataille» (Toskas) pour nous donner des conseils. Mais vous ignorez sans doute que nous ne sommes ni romantiques ni rebelles…
L’autogestion et ses structures, la solidarité participative et l’équité pour un monde ne peuvent pas exister sans les «autres», la démocratie directe, la justice sociale, et la lutte pour l’anti-autoritarisme social, sont vivants et sont là, s’opposant à vous.
Rendez-vous dans les rues.
P.S .: Que pouvons-nous dire au sujet de ceux-ci qui se transforment de personnalités politiques en sous-fifres du pragmatisme de l’autorité ?

Squat de « L. Nikis 39 »
Mihalis Haritelis
Odysseas Dermatas
Sandra Crochet
Dionisis Koutloglou
Grigoris Tsilimantos
Nikos Hatzis
Niki Dimitriadi
Anna Karageorgiou
Xanthi Parashidou
Olga Papadimitriou
Mihalis Vlahos
Markos Proveleggios
Vasilis Papadopoulos

Carnet de notes d’un ethnologue en Grèce

Panagiotis  Grigouriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce.

Sur son site  www.greekcrisis.fr ; le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. 

31/7/16 L’Obsolescence… de l’été ? http://www.greekcrisis.fr/2016/07/Fr0525.html#deb

22/7/16 Soleil Égéen http://www.greekcrisis.fr/2016/07/Fr0524.html#deb

Appel du Dispensaire autogéré de Ilion (Athènes)

Publié: juillet 30, 2016

COORDINATION DES ASSEMBLEES DES DISPENSAIRES/PHARMACIES SOCIAUX AUTOGERES

Les dispensaires/pharmacies sociaux et solidaires autogérés ont été créés ces dernières années en tant que réponse du mouvement social, émanant de la base, face à l’écroulement général du système de santé – qui était déjà en état de décomposition – dû à l’imposition des mémorandums successifs ; beaucoup de ces dispensaires s’efforcent en priorité de créer une alternative radicale dans le domaine de la santé, allant dans le sens de l’auto-organisation. Les mémorandums ont eu des conséquences tragiques pour la santé et la vie de tous (et surtout des couches sociales les plus pauvres), conséquences qui ne cessent de s’aggraver.

La conjonction des coupes budgétaires brutales dans le secteur de la santé et de l’effondrement du niveau de vie (alimentation de mauvaise qualité, voire réduite au minimum, privation d’électricité, de chauffage, etc.) a causé l’augmentation du nombre de décès la plus dramatique de l’après-guerre : en 2009-2014, 33500 morts de plus que durant les cinq années précédentes. Le problème de la multiplication constante du nombre de personnes non assurées (que viennent rejoindre de plus en plus de personnes « assurées », désormais incapables de faire face aux dépenses occasionnées par leur traitement, quel qu’il soit) a été traité par un dispositif législatif qui constitue une véritable bouffonnerie et tourne en dérision toute idée de « politique de santé ». Il s’agit du « programme parallèle », soit un peu moins qu’un cachet d’aspirine face aux conséquences de la destruction systématique du système de santé, entreprise par l’actuel gouvernement lui-même avec le « programme central », également de son cru, qui consiste à appliquer les mémorandums.

Dans le cadre de leur « programme parallèle », ils essaient (et ils n’hésitent pas à le clamer sur tous les tons) de se servir des dispensaires/pharmacies sociaux et solidaires pour boucher les trous de plus en plus grands qu’ils creusent eux-mêmes chaque jour dans le système, en une tentative pour transformer la solidarité du mouvement social en une entreprise charitable et en travail bénévole et non rémunéré.

Nous exprimons notre opposition radicale à toute tentative de mainmise venue d’en haut et à toute « alliance/conjuration des bonnes volontés» visant à utiliser les dispensaires/pharmacies sociaux comme des outils complémentaires d’un système de santé qui craque de partout. Les véritables dispensaires sociaux autogérés répondent, et continueront de répondre, aux besoins de tous, assurés ou non, réfugiés et migrants avec ou sans papiers ; position qui résulte directement de la logique et de la pratique de la solidarité en tant que démarche du mouvement social contestant les politiques mises en œuvre et tous les pouvoirs établis, dont la survie et la reproduction sont désormais étroitement associées à l’appauvrissement massif et à l’anéantissement littéral des couches populaires au sens large.

Voici les axes sur lesquels nous voulons avancer ensemble vers l’émancipation en créant pour ce faire notre propre réseau :

  1. Nous luttons contre toute forme de privatisation et de marchandisation de la santé, pour un système de santé exclusivement public, qui soit un bien commun doté d’un financement suffisant, fournissant des soins gratuits et de haute qualité (de premier, deuxième et troisième degrés) aux travailleurs, aux chômeurs, aux migrants, à toutes et à tous, sans discriminations ni exclusions, et fonctionnant sous le contrôle et avec la participation effective des destinataires des services et de la société.
  1. Nous luttons pour un système fondé sur une conception tout autre que la conception bipolaire santé-maladie qui prévaut. Pour une médecine (et une psychiatrie) centrée non simplement sur la maladie, mais sur la personne souffrante et sur ses besoins dans leur globalité ; une médecine pour laquelle la valeur de la personne, en bonne santé ou malade, normale ou non normale, va au-delà de la valeur de la santé et de la maladie, de la normalité et de la non-normalité. Nous avons pour objectif une médecine (et une psychiatrie) qui considère et qui affronte la maladie en lien avec la totalité de l’existence et avec le corps social, et qui comprenne et organise en conséquence la réponse thérapeutique aux besoins du sujet souffrant.
  1. Nous estimons que le médicament ne peut être une vulgaire marchandise grâce à laquelle l’industrie pharmaceutique s’enrichit aux dépens de la santé du plus grand nombre, mais qu’il doit être un bien commun, produit (et contrôlé quant à sa pertinence) par des organismes publics et mis gratuitement à la disposition de ceux et celles qui en ont besoin.
  1. Nous refusons tout rapport d’intégration et de coopération avec l’Etat, les collectivités locales, l’Eglise, les ONG, ainsi que les logiques et modes de fonctionnement qui s’apparentent à ceux des ONG. Nous ne négocions pas, nous ne demandons pas l’aumône, nous ne participons pas à des comités chargés de répartir des financements venus d’en haut, quelle qu’en soit la source. Nous exigeons et revendiquons avec intransigeance que soit fourni tout ce à quoi ils ont droit à tous les patients, assurés et non assurés, ressortissants et réfugiés/migrants, en contestant à chaque pas et en combattant les mentalités et pratiques dominantes, qui rejettent et excluent de plus en plus de gens de toute prestation de services. Toutes les structures et les institutions dans le domaine de la santé appartiennent à la société, et elles doivent passer sous son contrôle, afin que leur organisation et leur fonctionnement prennent une direction radicalement différente, impliquant des priorités émancipatrices.
  1. Nous soutenons par tous les moyens les réfugiés et les migrants que l’Europe-forteresse a emmurés en Grèce. Nous nous battons contre leur refoulement violent (et souvent mortel) en mer Egée et leur expulsion des centres de rétention pour les renvoyer en Turquie ; nous sommes opposés à toutes les mesures prévues par l’accord UE-Turquie et appliquées avec empressement par le gouvernement Syriza-ANEL. Nous luttons pour l’ouverture des frontières, pour des conditions de logement dignes, dans des bâtiments intégrés au tissu social, contre toute forme d’internement en camp, que ce soit sous la forme de l’ « hospitalité » fermée ou soi-disant ouverte, et nous exigeons la régularisation immédiate du séjour de toutes les personnes par l’octroi de l’asile ou par une réponse à toute demande de réinstallation. Nous nous battons contre tous les discours et actes racistes, nationalistes, fascistes et contre toute visée d’utilisation des dispensaires sociaux comme branche sanitaire du fonctionnement et de la reproduction des centres de rétention/camps de concentration.
  1. Nous encourageons et participons à des actions qui ont un rapport avec tous les aspects de notre vie, en commun avec d’autres collectifs, structures autogérées, assemblées, associations, mouvements de travailleurs et mouvements sociaux.
  1. Nous avons pour but la création d’un réseau de coopération entre les dispensaires sociaux autogérés au-delà des différentes actions dans le cadre du mouvement social, notamment sur la question du médicament et de la couverture médicale, ainsi que pour la mise en place d’une interconnexion avec les travailleurs du système national de santé (ESY) au travers de « référents » précis, c’est-à-dire des travailleurs ayant des fonctions sociales, des groupes partie prenante du mouvement social, des syndicalistes, etc., qui luttent en contestant ce système « de l’intérieur », afin d’assurer un accès à la santé immédiat et sans obstacles à tous ceux et celles qui en ont besoin et qui, d’une manière ou d’une autre, sont arrêtés/rejetés par le fonctionnement officiel de l’institution.

traduction en français Sylvie Herold

Signataires de l’appel :

Dispensaire et pharmacie de solidarité sociale de Ilion
-Dispensaire et pharmacie sociaux solidaire de N. Philadelphia, N. Ionia, N. Chalkidona etc
-Dispensaire et pharmacie sociaux solidaires de Patission-Acharnon
-Dispensaire social solidaire / club de travail de N. Smyrne
-Dispensaire social solidaire de Salamina 
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