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Espoir ? La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. Dans cette rubrique il aborde entre autres  la rencontre Trump Tsipras et l’accord sur la base militaire et les avions militaires.

Espoir ? 

Réalités grecques dépourvues d’horizon de temps. Le vingt-et-unième siècle entamé, il s’embourbe d’emblée dans notre boue transitionnelle. En Grèce, comme ailleurs. “Tout est pareil et en même temps tout change, c’est bizarre, très bizarre que l’époque macronienne”, m’écrit l’ami Pierre depuis la France. Finalement, l’ailleurs existe-t-il encore? Peut-être, et alors sûrement dans le rire des musiciens. Jadis, Euterpe, en grec ancien “qui sait plaire” était la Muse qui présidait à la musique. Choses que l’on semblait avoir oubliées, sous la tempête du pire comme climat de notre époque.

Place de la Constitution. Athènes, octobre 2017

En attendant la fin (?) de la transition nos univers… se résument et se confondent. Place de la défunte Constitution, les matinées communément respirées auraient pu presque être belles. Tout y est, nos chiens adespotes (et cependant recensés par le Service des Adespotes de la Ville d’Athènes), les prospecteurs… de prospectus, nos vendeurs de journaux de la rue car “c’est une chance pour les sans-abri” comme on aime raconter en Europe dès les années 1990. Réalités tout court, dépourvues d’horizon de temps.

Sur cette place historique, les affiches du spectacle “Alexis et Yanis”, toujours produit à Athènes depuis le Printemps dernier, preuve déjà, que nos comédiens autant que nos musiciens, parviennent encore à nous faire rire. On s’en souvient, Alexandre Kollatos, comédien et auteur franco-grec du spectacle, avait déclaré en août à l’issue de la représentation de sa dernière satire à Égine, “Alexis et Yanis”:

“Déçu par ce couple politique que j’avais pourtant soutenu et pour lequel j’avais voté, j’ai écrit ce texte pour faire rire.” Les deux principaux personnages de la pièce sont comme on le devine, Yanis Varoufákis, ministre grec des Finances (2015), et Alexis Tsipras, Premier ministre. Le dit “pouvoir”, désormais abhorré par le sens le plus commun qu’il soit sous l’Acropole.

Nuits et jours d’automne à la partie haute de la place de la Constitution, passantes et passants, le dit “Parlement” n’impressionne plus grand monde ici. Boue transitionnelle toujours… Vingt-et-unième siècle entamé, de surcroît entièrement promis aux industries prétendument créatives et innovantes. La tempête du pire… plus l’électricité.

“Alexis et Yanis”, affiche. Place de la Constitution, Athènes, octobre 2017
Le dit “Parlement”. Athènes, octobre 2017
“industries (prétendument) créatives”. Affiche, Athènes, octobre 2017

Il n’y aurait ainsi plus matière… à innover, pour ce qui relève des attitudes humaines en tout cas. Une jeune femme, agent du fisc grec, a été sauvagement assassinée le 18 octobre, son corps a été retrouvé dans un cimetière d’Athènes par un pope (presse du 19 octobre) , puis, l’autre nouvelle, laquelle a largement occupé les medias grecs cette semaine. Celle de l’assassinat, jeudi 12 octobre, de l’avocat Mihális Zafiropoulos, avocat pénaliste, figure célèbre du barreau d’Athènes, tué par arme à feu dans son cabinet par deux personnes. Comme le fait remarquer également la presse française, “un assassinat qui a semé la stupeur dans une ville où ce genre d’agression est peu fréquent”.

“Mihális Zafiropoulos, 52 ans, était très connu. Il était le fils d’un ancien président du barreau d’Athènes dans les années 80, Épaminondas Zafiropoulos, aussi ancien député du parti conservateur Nouvelle Démocratie. La victime avait représenté au cours des dernières années de nombreuses personnes dans des procès de corruption. Selon les premières informations de la police, il a été tué de sang-froid par deux personnes encagoulées qui sont entrées vers 20h10 dans son cabinet situé près du quartier populaire, également très fréquenté par des groupes anarchistes, d’Exárchia”, “Le Figaro”, daté du 12 octobre .

Finalement, et d’après la presse grecque des jours suivants, les deux assassins n’auraient pas été cagoulés, puis, durant plusieurs heures, les journalistes, les cameras et les… microphones se sont installés en face de l’immeuble abritant le cabinet de Mihális Zafiropoulos, et des fleurs ont été déposées devant sa porte.

Depuis, la… vie reprend ses droits au centre-ville d’Athènes, l’avocat connu pénaliste n’est plus, le… mendiant inconnu… et pénalisé (grec ou migrant) du trottoir de la rue athénienne demeure encore à sa place, devant les boutiques fermées. Quelle Justice ?

Tempête du pire comme climat de notre époque, et en ville, comme dans ses faubourgs, les affiches vantant les mérites des écoles d’arts martiaux et d’autodéfense font de fait partie du paysage visuel, maintenant que les affiches politiques ne connaissent guère leur succès des années 2010-2015. Alors, “École d’Arts Martiaux et d’Autodéfense – La Légion, Welcome to the world of Martial Arts”, visiblement, il n’y aurait plus matière… à innover, toujours pour ce qui relève des attitudes humaines.

Journalistes et cameras, cabinet de Mihális Zafiropoulos. Athènes, octobre 2017
Fleurs déposées, cabinet de Mihális Zafiropoulos. Athènes, octobre 2017
Le mendiant… pénalisé. Athènes, octobre 2017
Enseigne fermée. Athènes, octobre 2017
“École d’Arts Martiaux et d’Autodéfense – La Légion”. Affiche, Athènes, octobre 2017

L’autre… (médiatiquement) grande nouvelle de la semaine, fut évidemment celle du voyage officiel d’Alexis Tsipras à Washington, et sa rencontre avec Donald Trump. Les… analystes radiophoniques, par exemple de 90,1 FM et Alpha FM entre autres (16 et le 17 octobre), ont largement insisté sur le fait “que seules les États-Unis possèdent la puissance nécessaire pour ainsi extraire la Grèce du guet-apens de l’Europe Merkelochrome ; moyennant évidemment en échange la présence renforcée des États-Unis en Grèce, entre investissements, modernisation des avions de combat F-16, et la consolidation de certaines bases militaires”, (propos cités de mémoire). Géopolitique… alors !

Un dessin de presse a même présenté les deux hommes lors de leur rencontre, Donald Trump devant la Maison Blache en tenue bien américaine (rendue célèbre par une créature de marketing par la société McDonald’s), et Alexis Tsipras aux allures de Karaghiózis, ce célèbre personnage central du théâtre d’ombres grec auquel il a donné son nom. Figure qui représente un Grec vivant pauvrement dans une cabane sous l’Empire ottoman, flânant pieds-nus et habitant très exactement en face du palais du vizir. Pour les besoins du dessin de presse, c’est alors la Maison Blanche qui remplace ce dernier.

“Karaghiózis” (Tsipras) et le “Vizir” (Trump). Quotidien “Kathimeriní”, le 17 octobre 2017
La rue… d’Athènes ! Octobre 2017

Vizir ou pas, la presse grecque reprend également les analyses et informations relatées par les médias américains: Au sujet de la rencontre entre Donald Trump et Alexis Tsipras, la “grande question à l’ordre du jour, sera de l’extension de l’accord pour l’utilisation des États-Unis de la grande base navale dans la baie de Souda, en Crète, ainsi que la modernisation de la flotte grecque d’avions militaires F-16. Cette base a un rôle stratégique décisif dans la région et d’après les plans de l’administration Trump pour combattre l’État islamique et le terrorisme, ou pour protéger les couloirs énergétiques du Moyen-Orient et du le Golfe. En outre, certains sources nous ont indiqué qu’il pourrait être envisagé que de créer une deuxième base militaire des États-Unis sur la côte sud de la Crète”, quotidien “Kathimeriní” (Grèce) et CNBC (États-Unis).

Sauf que la rue grecque ne se laisse plus impressionner par les états d’âme des journalistes. La Grèce, l’Europe, les États-Unis, la géopolitique, c’est certes important. Cela étant dit et sous l’exacte lourdeur de l’ordinaire grec, les sondages récents, commandés par le Parlement Européen, indiquent que seulement pour 38% des Grecs, la participation de leurs pays à l’Union européenne est une affaire positive, soit vingt points de moins que ce que répondent à la même question, les autres… sujets de l’Empire européiste, presse grecque du 18 octobre . Boue transitionnelle encore!

Heureusement qu’au moins la météo de la semaine nous est plus largement… familière que presque tout le reste. Au quartier de la Pláka, la vue sur l’Acropole s’offre inlassablement à la belle fenêtre si possible ouverte.

Au même moment, Régions, Municipalités et entreprises organisent de temps à autre leurs “Semaines du goût et de la gastronomie”, à l’instar de celle organisée au sujet de la cuisine de Thessalonique. Le marketing y est, le cœur non. Travailleurs, saisonniers ou pas, et passants, en sortent le plus souvent les visages assombris, marqués par l’amertume et par l’horizon obstrué en cette… huitième année de la dite “crise grecque”. Pauvre cuisine!

“Nous sommes en train de couler – Aidez-nous”, peut-on lire sur une affiche de l’intersyndicale du personnel hospitalier du secteur public, ou encore: “La Justice a adopté un animal de compagnie” ; graffiti plus… ésotérique on dirait que l’on découvre ce dernier temps sur certains murs d’Athènes. La rue grecque et ses états d’âme.

Gastronomie de Thessalonique. Athènes, octobre 2017
Fenêtre ouverte. Pláka, Athènes, octobre 2017
Vue sur l’Acropole. Athènes, octobre 2017
“Nous sommes en train de couler”. Affiche, Athènes, octobre 2017
“La Justice a adopté un animal de compagnie”. Athènes, octobre 2017

Athènes commémore sa libération… celle d’octobre 1944. Les musiciens de bouzouki, comme du chat rebétiko peuvent certes parfois rire, sauf que ce n’est guère souvent le cas. Sous l’Acropole exactement, si l’on tend bien l’oreille, on discerne que pour ces “musiciens” de rue, vivre et survivre n’est qu’une affaire de notes à peine audibles, et leurs notes, elles ne sont pas fausses. Et pourtant…

Nos touristes, certes bienveillants prennent alors ce spectacle que pour du folklore. Admirable pays, beau soleil, pêche à la ligne, marbre antique retravaillé et réutilisé dans les murs des églises, puis, ces… fresques murales ajustées à notre historicité naissante. Réalités grecques dépourvues d’horizon de temps. Vingt-et-unième siècle entamé, s’embourbant dans notre boue transitionnelle. En Grèce comme ailleurs. La prochaine décennie, aura pour tâche historique de faire accoucher un monde qui refuse encore de naître… tempête du pire.

Fresque… Athènes, octobre 2017

Il n’y aurait en plus, plus matière… à innover, pour ce qui relève des attitudes humaines en tout cas. Sauf peut-être via… le métanthropisme, ultime trouvaille et alors ultime temps du travail humain, quelque part déjà réellement existants.

De nombreux Grecs se voient ainsi notifier en ce moment même, leur mise à mort économique (et parfois, mise à mort tout court), à force de ne plus pouvoir faire face aux besoins, et encore moins au dépenses santé. Ces scènes se déroulent dans les milliers cabinets d’avocats, non plus pénalistes, mais désormais spécialistes des… dossiers déposés en vue de la sortie à la retraite de leurs clients.

Les lois et réglementations qui leur sont relatives changent deux à trois fois par an ; ainsi, la dernière loi-cadre datant du mémorandum Tsipras et du Ministre “de gauche” Katroúgalos (2015-2016), ont paupérisé l’ensemble des futurs retraités du pays, transformant les pensions en (faible) revenu minimum d’existence, (au mieux, de 400€ par mois).

Athènes commémore sa libération… celle de 1944. Athènes, octobre 2017
Musicien sous l’Acropole. Athènes, octobre 2017
Pêche à la ligne. Sud d’Athènes, octobre 2017
Marbre ancien. Athènes, octobre 2017

Réalités grecques dépourvues ainsi d’horizon de temps. La fin du travail massif, son non-remplacement, si ce n’est que par le néant, supposons innovant et abouti. Ce qui est déjà nommé ou accompli à moitié, puis, ce non-dit à travers la grammaire… quelque part apocryphe des cercles dominants.

Discours, forcément sur l’avenir de l’Europe, l’européisme et autres foutaises, tout cela, jusqu’au jour où notre mutation (et celle des générations présumées futures) s’accomplira, au-delà l’actuelle boue transitionnelle… Quelle hypothèse!

Cela dit, à Athènes sous la dite “crise” (en réalité mutation), il y a ces nouveaux bistrots qui apparaissent à la place des ateliers tombés en désuétude il y a plus de deux décennies. De même, que pour ce qui est des boutiques prêchant l’homme métanthropisé: réel, symbolique et dans un sens, marchandisé et gadgétisé. Un certain peuple s’y met… et s’y soumet.

L’homme… nouveau. Athènes, octobre 2017
Athènes, nouveau café. Octobre 2017

Piqure de rappel. Journal du poète Yórgos Seféris: “Jeudi, 18 août 1949. Nouvelles de Californie: Le benthoscope d’Otis Berton est arrivé à 1.370 mètres. Nombreux poissons rencontrés dans les grands fonds dont la luminosité était aveuglante… Il se plaignait du froid intense qui régnait dans le benthoscope. Il me semble que c’est bien l’épiderme de la mer que nous aimons, lorsque nous disons que nous aimons la mer.”

L’épiderme de la mer, comme peut-être finalement, l’épiderme du temps. Réalités grecques (et autres) dépourvues d’horizon. Vingt-et-unième siècle entamé, boue transitionnelle. Tout est pareil et en même temps tout change ! Espoir ?

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

La crise grecque a rapporté 7,8 Milliards d’euros à la BCE

Les quelque 7,8 milliards d’euros d’intérêts perçus par la BCE sur la dette grecque devaient être reversés à Athènes, mais les versements ont cessé en 2015.

Débat entre Eric Toussaint, porte-parole du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, et Constantin Stephanou, professeur en droit économique international et européen à l’Université Panteion d’Athènes.

https://www.rts.ch/play/radio/forum/audio/la-crise-grecque-a-rapporte-78-milliards-deuros-a-la-banque-centrale-europeenne?id=8974454&station=a9e7621504c6959e35c3ecbe7f6bed0446cdf8da

Migrants cibles de groupuscule fasciste

Le samedi 7 octobre, à Aspropyrgos, petite ville à l’ouest d’Attique, deux ouvriers agricoles pakistanais  ont été la cible d’une agression violente par un groupe de 5 hommes qui les ont frappés avec une brutalité particulière  avec de poings américains en concluant leur agression avec un coup de couteau. La victime la plus grièvement blessé, Asfak Mahmud, portait de blessures très importantes au visage et fut hospitalisé d’urgence.  Cet ouvrier pakistanais, installé en Grèce depuis dix ans, était devenu la cible du groupuscule fasciste à cause de ses activités antifasciste et antiraciste : il avait participé aux manifestations antiracistes organisées sur place en mai et juin dernier.

 C’est la énième agression des migrants dans cette petite ville où le taux de chômage atteint de records et une partie de la population habite dans des favelas ; selon les organisations antiracistes, on y dénombre une soixantaine d’attaques racistes depuis un an. Non seulement des personnes ont été grièvement blessés mais aussi  des maisons arbitrant des migrants attaquées en pleine nuit en mettant ainsi la vie de leurs habitants en danger. Les agresseurs sont connus des autorités, car leur groupe se promène en ville à visage découvert en proférant des injures racistes et en semant la terreur. D’ailleurs plusieurs d’entre eux ont été formellement identifiés par des victimes des agressions précédentes, mais malgré cela, aucun d’eux n’a   été  jusqu’à maintenant inquiété par la police. D’après Petros Konstantinou du KEERFA (Mouvement united Against racisme and fascist threat)  il s’agit du  même groupe qui avait attaqué la manifestation antiraciste du 17 juin dernier. Leur impunité ne saurait persister sans la connivence de la police et des autorités municipales. A chaque agression raciste, les premiers à être arrêtés sont les victimes, surtout s’il s’agit des sans-papiers, tandis que les agresseurs jouissent de la protection des forces de l’ordre.

Samedi dernier, les agresseurs après avoir lacéré  avec des poings américains et un couteau le visage de leurs victimes, ils ont menacé de les brûler vives si ils ne quittaient pas le pays. Les deux victimes ont reconnu deux de leurs agresseurs qui pour l’instant n’ont pas été arrêtés. Asfak Mahmud a confirmé avoir reçu à plusieurs reprises des menaces par des membres de l’Aube Dorée (nazis grecs)  qui très probablement est l’auteur de cette attaque, malgré un communiqué de démenti que l’organisation nazie a publié.

 Une deuxième agression raciste a eu lieu dans un quartier populaire d’Athènes à peine quelques heures après.  Un groupe de 15 a failli lyncher un ouvrier pakistanais qui rentrait chez lui après la fin de son travail tard dans la nuit du samedi au dimanche. Ils l’ont encerclé et n’arrêtaient de lui donner de coups de pied au visage et au corps jusqu’à ce quil perde connaissance. La victime, grièvement blessé, a été hospitalisée d’urgence; il devrait subir une opération nécessitant plusieurs jours d’hospitalisation. Le ministre de Protection du Citoyen (euphémisme pour l’Ordre public) Toskas après avoir reçu des représentants de la communauté pakistanaise a confirmé sa détermination de poursuivre les auteurs de ses actes odieux.  Sauf qu’il avait déjà affirmé la même chose en juin dernier sans que le régime d’impunité de sections d’assaut anti-immigré et de policiers qui les couvrent change d’un iota.

(source –en grec- Efimerida tôn Syntaktôn, )

Grèce : génération 400 euros

« GENERATION400 » Christos Xagoraris  Par Lepetitjournal Athènes | Publié le 02/10/2017

Christos Xagoraris est membre du collectif « Generation400 ». Âgé de 25 ans, ce diplômé en droit vit chez ses parents. Contraint et forcé par son salaire de 400 euros. Comme beaucoup de jeunes grecs. Depuis la crise économique : il lutte contre les mesures d’austérité

Pourquoi avez-vous créé le groupe « Generation400 » ?

Depuis le début de la crise économique en Grèce, il y a eu une réduction significative des salaires et une forte hausse du chomage. Le premier signe de la force de cette crise intervient en 2008. De nombreuses discussions ont lieu autour de la génération qui aura un salaire de 700 euros par mois. Progressivement, après l’intervention de la Commission européenne et du Fond monétaire international sur la dette grecque, en 2010, et les mesures d’austérité, le revenu mensuel des jeunes travailleurs a atteint les 400 euros, une fois les taxes payées.

En conséquence, les conditions de travail et le niveau de vie des jeunes sont devenus des sujets brûlants. Tout le monde parle de cette fameuse génération 400 euros.

Nous avons débuté « Generation400 », sur internet et sur le terrain, à travers l’activisme et le tractage. Nous avons voulu mettre le sujet en avant, lui donner plus d’importance, Tout le monde peut comprendre que les mesures et la politique d’austérité en Grèce menacent les espoirs, les rêves, la motivation, la créativité. Le niveau de vie est très bas. Et ce, tout spécialement pour les jeunes grecs, pour cette fameuse génération qui vit avec seulement 400 euros par mois.

La situation en Grèce est donc très difficile pour la jeune génération. Qu’est-ce qui a vraiment changé depuis la crise économique ?

Comme expliqué avant, depuis la crise économique, les facteurs qui affectent les conditions de travail et le niveau de vie des jeunes, c’est la crise de l’emploi. Il y a 50% de chomage chez les jeunes à l’heure où nous parlons. La diminution du revenu mensuel, autour de 400 euros, à temps plein, et bien moins à temps partiel. Les emplois à temps partiels représentent 60% des emplois, alors qu’il est de 40% à temps plein. Ce sont les estimations depuis les recrutements de fin d’année 2016. Nous subissons aussi la déréglementation agressive du droit du travail. En particulier depuis l’accord signé en 2012. Le plus visible, c’est l’augmentation du taux de chomage chez les jeunes diplômés, les jeunes scientifiques. Ce facteur contribue à la « fuite des cerveaux« , c’est-à-dire à l’immigration massive de jeunes gens instruits dans d’autres pays du centre de l’Europe : Allemagne, France, Pays-Bas. On estime qu’environ 500 000 jeunes gens instruits, âgés de moins de 35 ans, ont migré vers d’autres pays, à la recherche d’emplois dans leur domaine d’études.

« Il y a 50% de chomâge chez les jeunes à l’heure où nous parlons »

Sur la page facebook Generation400, vous critiquez le Premier ministre Alexis Tsipras. Pour vous, qui sont les vrais coupables de cette situation ?

Pour nous, il est clair que le cas grec est un « crime organisé« , avec de nombreux auteurs. Chaque gouvernement grec, qui a signé des mesures d’austérité et des accords depuis 2010, y compris le gouvernement Syriza et Alexis Tsipras, est responsable de la situation actuelle. Avec eux, l’Union europénne et le Fond monétaire international sont également coupables. Ils ont promu des politiques d’austérité, demandant le paiement intégral de cette dette nationale. Cherchant à satisfaire d’énormes bénéfices pour les marchés financiers. Il a été prouvé que les pratiques de l’Union européenne, soit les inspirations du Fond monétaire international, entraînent l’étouffement de l’économie nationale, de la productivité, de la motivation, et de la créativité de notre population. Leur expérience a échoué encore et encore, mais cela ne semble pas les inquiéter, tant que l’austérité en Grèce continue.

Comment peut-on s’en sortir avec 400 euros par mois en Grèce ?

Personne ne peut vivre avec un tel revenu. Vous pouvez survivre avec un niveau de vie de base, un confort de base, satisfaisant tout au plus vos besoins vitaux. En un mot, vous ne pouvez pas vivre avec dignité. Permettez-moi de vous donner un exemple. En supposant que vous avez un revenu mensuel de 400 euros, que vous quittez le foyer familial et devez payer un loyer. Un loyer ne coûte pas moins de 200 euros. Si vous partagez ce loyer avec une autre personne, dans un appartement plus grand, vous ne payez pas moins de 125 euros. Vous payez 50 euros vos factures d’électricité, 10 euros pour vos factures d’eau, minimum 20 euros pour votre téléphone portable, 30 euros pour une carte mensuelle de transports publics.

En fin de compte, il vous reste de 90 euros à 165 euros pour satisfaire d’autres besoins. Chaque jour, vous pouvez dépenser de 3 euros à 5,50 euros. Ce montant équivaut à une tasse de café et un sandwich ou à moins d’un repas complet. Vous pouvez acheter des produits de base dans un supermarché, pour 50 euros.

Après avoir calculé, il est clair qu’il n’y a aucun moyen de satisfaire vos envies, en tant que jeune personne. Simplement vos besoins vitaux. Vous ne pouvez pas vous permettre de boire un verre, de faire un voyage, d’acheter un cadeau à un ami, d’aller au cinéma, de bien manger. Sinon, vous aurez des ennuis financiers pendant un ou plusieurs jours.

En tant que jeune grec, parlez-nous de votre situation personnelle.

Pour le moment, je suis diplômé de la faculté de droit d’Athènes. Je suis avocat stagiaire, dans un bureau d’avocats. Je vis avec moins de 400 euros par mois. Heureusement, ou pas, je vis toujours avec mes parents, à Athènes. Je n’ai donc pas à payer de loyer ou d’autres biens de base, bien sûr. Je suis capable de faire face à mes dépenses chaque mois. Généralement, avec une petite aide financière de mes parents. Bien qu’il soit clair pour moi que, sans cette aide de mes parents, je n’aurais pas le moindre espoir de payer un loyer, la nourriture, les factures, et d’autres dépenses.

« Vous ne pouvez pas vivre avec dignité »

Face à la crise économique, les Grecs font preuve d’une grande solidarité, à l’image de « Generation400 ». Pensez-vous que cette solidarité vous aide à supporter la situation ?

La solidarité entre amis et l’aide familiale sont définitivement un facteur crucial. Je l’ai souligné en ce qui concerne ma propre situation. Donc, c’est une des raisons de la survie de nombreux jeunes, comme moi. Après avoir fait les calculs, il n’y a aucune chance de vivre en Grèce aujourd’hui, avec 400 euros ou moins, sans l’aide financière de sa famille ou de ses amis.

Cependant, même cette aide est de plus en plus courte. Les politiques d’austérité persistantes ont peu à peu raccourci les revenus de la majorité des familles grecques, y compris les salaires des parents et les pensions des grands-parents. Une chose est certaine : il existe une « bombe temporelle sociale« , dans ce modèle d’organisation des conditions de travail et des salaires en Grèce.

Gardez-vous espoir pour l’avenir de la Grèce ?

Comme je l’ai dit, la solidarité entre les gens est une arme contre la pauvreté, la solitude et la dépression massive. D’autant que nous avons besoin de plus que cela si nous voulons vivre des jours meilleurs dans notre pays. Il faut un mouvement massif, une action. Nous devons nous battre, aujourd’hui et maintenant, contre les politiques de notre gouvernement, contre les accords et les plans de l’Union européenne. Ainsi que contre le reste des technocrates qui cherchent à appauvrir la vie des gens. Personnellement, je n’ai pas perdu espoir. Je crois que les Grecs, et surtout les jeunes grecs, finiront par s’opposer à la situation actuelle.

Mais nous aurons besoin de beaucoup de force et de courage. Notre initiative, « Generation400 », essaie de jouer son rôle dans cette direction. Bien sûr, nous aurons besoin de soutien ! C’est là que la solidarité entre les personnes de différents pays peut jouer un rôle crucial. Il est très important pour les peuples d’Europe de connaître la situation réelle que nous vivons, ici en Grèce. Savoir que les gens, et surtout les jeunes, souffrent de ces politiques. Nous travaillons beaucoup. Tout ce que nous voulons, c’est vivre dans la solidarité, l’égalité et la justice sociale. Satisfaire les besoins de la grande majorité des travailleurs de ce pays. Non les désirs des banques et des gouvernements européens.

Plus d’infos sur Generation400 :

Site : http://g400.gr/

Facebook : https://www.facebook.com/400generation/

Twitter : https://twitter.com/generation400

https://lepetitjournal.com/athenes/generation400-christos-xagoraris-157461

Jugement des conditions de détention dans les hotspots grecs

La Cour européenne des droits de l’homme va juger les conditions de détention dans les hotspots grecs

La Cour européenne des droits de l’homme vient d’annoncer qu’elle allait examiner la requête déposée voici plus d’un an par 51 personnes, demandeuses d’asile, de nationalités afghane, syrienne et irakienne (parmi lesquelles de nombreux mineurs) alors qu’elles étaient maintenues de force dans une situation de détresse extrême dans le hotspot de l’île de Chios, en mer Egée. [1]

Dans leur requête, ces personnes ont mis en évidence l’insuffisance et le caractère inadapté de la nourriture, les conditions matérielles inhumaines et dégradantes, voire dangereuses auxquelles elles étaient soumises, les grandes difficultés d’accès aux soins, la non prise en compte de situations de particulière vulnérabilité – femmes enceintes, enfants en bas âge, mineurs isolés -, mais aussi l’arbitraire administratif et le maintien dans un état d’incertitude angoissante dont elles étaient victimes. Et cela, alors qu’elles étaient interdites de quitter l’île de Chios, devenue prison à ciel ouvert.Tous ces éléments sont documentés dans le rapport rendu public par le Gisti après la mission qu’il a effectuée dans les hotspots de Chios et de Lesbos, au mois de mai 2016, au cours de laquelle il a rencontré les 51 plaignants : Accord UE-Turquie : la grande imposture.

Cette annonce de la Cour intervient au moment même où, dans un rapport du 26 septembre 2017, dont les observations convergent avec celles du rapport du Gisti, le Comité pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) du Conseil de l’Europe critique sévèrement la façon dont sont traités les ressortissants étrangers dans les hotspots sur les îles de la mer Egée, pointant notamment la « surpopulation combinée à un niveau accru de violence entre personnes retenues, à des soins de santé de base insuffisants, à une aide aux personnes vulnérables non appropriée et à des garanties juridiques déficientes », qui, selon le CPT, « a créé une situation hautement explosive ».

Elle coïncide également avec le terme de l’opération de « relocalisation », dans les différents États membres de l’Union européenne (UE), des demandeurs d’asile arrivés dans les hotspots de Grèce et d’Italie depuis le mois de septembre 2015. Une opération dont l’échec patent (moins du quart de l’objectif fixé a été atteint), faute de volonté politique et de solidarité au sein de l’UE, renvoie la Grèce et l’Italie, qu’elle était censée soulager, à leur rôle de gardes-frontières de l’Europe, avec toutes les conséquences dramatiques que cette situation entraîne pour les personnes qui se trouvent bloquées dans ces deux pays.

Dans sa communication sur le cas des 51 demandeurs d’asile de Chios, la Cour européenne des droits de l’homme interroge les conditions matérielles de leur détention et leur conformité avec les règles posées par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme (CEDH) (pas de détention arbitraire, droit d’être informé des raisons de sa détention, droit de former un recours pour qu’il y soit mis fin). Elle a en revanche écarté les risques invoqués par les requérants pour leur droit à la vie, également protégé par la CEDH. On peut certes considérer que dans leur cas, ce droit n’était pas violé à la date de la requête. Cependant, le caractère chronique des très mauvaises conditions d’« accueil » des personnes confinées dans les hotspots grecs, qui s’est confirmé au fil des mois, a entraîné le décès de plusieurs d’entre elles, soit de froid, soit de maladie, soit par suicide. Des morts qu’on ne saurait imputer à la fatalité ou la malchance, mais bien aux effets directs, bien que discrets, d’une politique inhumaine.

Voir le rapport de mission du Gisti dans les hotspots de Lesbos et Chios « Accord UE-Turquie, la grande imposture », juillet 2016

Version en anglais : mission report in the Greek hotspots in Lesvos and Chios « EU-Turkey statement : the great deception », july 2016

[1Requête n° 34215/16, AK et autres contre la Grèce

27 septembre 2017 http://www.gisti.org/spip.php?article5739

Couleurs d’automne La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Couleurs d’automne 

Couleurs d’automne. Belle lumière, pluie… nouvelle qui tombe parfois sur l’Hellade, et la première neige couvrant déjà les sommets de l’Olympe. Dans le Péloponnèse côtier, les pêcheurs regagnent le port au petit matin chaudement habillés, leurs prises sont certes modérées mais suffisantes. Une fois à quai, leur constat exprimé de règle à haute voix, relève pour ainsi dire du rituel: “Dieu nous a préservés du pire encore aujourd’hui.” Qui sait ?

Automne. Pêche à la ligne. Péloponnèse, septembre 2017

En cette Grèce primo-automnale seuls les journalistes, tous medias confondus d’ailleurs, n’en finissent pas d’évoquer, de prédire, d’annoncer comme de redire, au sujet des élections en Allemagne. Trivialités et alors truismes européens en plein hiver politique… établi en réalité depuis près de trente ans.

“Nous consacrerons ‘à chaud’ toute notre soirée du 24 septembre aux élections en Allemagne, elles sont importantes, très importantes aussi pour la Grèce” ; alertaient dès la veille les journalistes de la radio 90,1 FM, à l’instar des autres medias. On en déduira que les événements de la Métropole influencent de fait sur ceux de la Colonie, truismes toujours, et cela depuis Thucydide comme autant par exemple depuis le temps de l’Empire romain.

Sur les terrasses des bistrots du Péloponnèse, toujours durant cette soirée du 24 septembre, les habitués auront toutefois préféré suivre les matchs de football, on en déduira par conséquence que les événements du ballon rond influencent… de fait sur ceux de la Colonie, d’après une certaine doxa populaire en tout cas.

Plus au nord en Grèce, les visiteurs enchantés contemplent quant à eux la terre et le ciel des Météores, beau spectacle, tandis que les religieuses des monastères homonymes déchargent… très sérieusement de leur pick-up 4×4 les vivres achetés en ville, modernité oblige. Admirables Météores, à la spiritualité visiblement insaisissable car trop emplis de visiteurs, on dirait que seuls leurs animaux adespotes boivent encore de l’eau comme alors du petit lait. Météores, soulignons-le, du grec ancien “meteôros – élevé, dans les airs – suspendu”, réalité suspendue, car c’est autant d’époque.

Les Météores, beau spectacle. Thessalie, septembre 2017
Les visiteurs enchantés des Météores. Thessalie, septembre 2017
Religieuses des monastères homonymes déchargent… Météores, septembre 2017
Animal adespote buvant de l’eau. Monastères des Météores, septembre 2017

En ville proche et profondément thessalienne de Trikala, les retraités du coin, tout comme ceux du lointain Péloponnèse comptent notamment leurs sous… devant trois grappes de raisins de Corinthe, réputés comme on sait sans pépins. Sur le marché traditionnel car tenu à Trikala depuis le 19ème siècle, les producteurs locaux étalent leurs légumes et autant leur scepticisme. Pourtant, en cette Grèce périphérique, les existences humaines se montrent plus souriantes qu’à Athènes.

La vie s’y voudrait davantage paisible, et immanquablement elle l’est aux dires de tous. Petite allégresse locale, perceptible également jusqu’au site de l’antique dispensaire d’Asclépios, un financement (essentiellement privé) a été trouvé après plus de quatre décennies d’apraxie, et les fouilles ont ainsi pu reprendre.

En cette fin septembre, certes aux belles couleurs d’automne, à Trikala, comme dans les bistrots du Péloponnèse côtier au lendemain du temps électoral allemand, les sujets abordés sont en réalité forts différents. Tel le patron d’un café du Péloponnèse évoquant avec ses amis son expérience issue d’un récent déplacement à Thessalonique et à Vólos. Ils comparent naturellement les prix pratiqués dans les tavernes à ouzo “là-haut”, “sensiblement plus bas que chez nous” aux usages dans leur région. La saison touristique se terminer d’ailleurs en ce moment, c’est aussi l’heure du bilan… comme du foot à la télévision.

“Chez nous, les restaurateurs exagèrent. Leurs plats coûtent deux fois plus cher qu’à Vólos. C’est de la démesure, mais elle s’explique. Étant donné la situation du pays, la paupérisation des habitants, les prix devraient baisser, mais elles ne baissent pas. C’est pour cette raison que parmi ceux qui sortent, certains iront le plus souvent se restaurer auprès des petites tavernes à souvlaki. Brochettes, petits prix uniformisés, du standard alors ordinaire.”

Trikala, retraités du coin et raisins de Corinthe. Septembre 2017
Les producteurs locaux et leurs légumes. Trikala, septembre 2017
Les producteurs locaux et leurs légumes. Trikala, septembre 2017
Le marché réputé traditionnel. Trikala, Thessalie, septembre 2017

“Écoutez les gars, je peux vous exposer la raison pour la quelle les prix ne baissent pas chez nous. D’abord, nos restaurateurs veulent gratter le maximum durant la saison touristique… mais aussi durant le reste de l’année si possible. Ensuite, la réalité grecque se résume en ceci: Un tiers de la population est en train de subir une paupérisation sans précédant, ces gens, touchent rarement une petite allocation de deux cent euros par mois, le plus souvent, ils sont soutenus par leurs familles. Donc ils ne fréquentent plus nos établissements, sauf très rarement et cela pour une petite brochette souvlaki une fois tous les six mois ou pour un petit café.”

“Un deuxième tiers de la population vivote… convenablement, gagnant de cinq cents à mille euros par mois, fonctionnaires d’ailleurs compris. Ces gens sont nos clients, mais ils consommeront de manière bien modérée et pondérée, c’est normal. Vient ensuite le dernier tiers de la population, fonctionnaires parfois comme tous les autres.”

“Ces Grecs ont de l’argent capitalisé sous formes diverses depuis près de trente ans, c’était durant les années fastes, et c’est connu. Ils se plaignent car il faut faire comme les autres sauf qu’ils ont les moyens, ainsi leur manière de consommer, plus la surimposition qui pèse sur nous, font que les prix restent anormalement élevés.”

“Et les plus affaiblis en souffrent, et ils souffriront encore et encore. Les restaurateurs, par exemple de Vólos, ils l’ont compris, il faut ratisser plus large, proposer ainsi leurs plats à une clientèle beaucoup plus étendue, donc beaucoup moins aisée. C’est plus juste et à la longue, c’est à mon avis payant pour ces entreprises. Sauf que les nôtres ici ne comprendront jamais rien.”

Fouilles sur le site d’Asclépios. Trikala, septembre 2017
Le port de Vólos. Thessalie, septembre 2017
Retraités à Vólos. Septembre 2017
“Je rédige vos travaux universitaires”. Vólos, septembre 2017

Et à Vólos même, les retraités, grands habitués des bistrots auront ces discussions ainsi similaires, puis, près du grand port thessalien et de son université, une petite pancarte… artisanale publicitaire informe très précisément son éventuelle clientèle: “Je rédige vos travaux et mémoires sur de sujets de pédagogie et d’éducation spécialisées, et je peux aussi traduire de l’anglais vers le grec”.

La… marchandisation dévergondée du savoir, livré à la manière des pizzas… au service des futurs chômeurs. Il fallait autant y penser, sauf qu’à Vólos, l’ouzo et les tavernes se montrent vraiment plus abordables que dans le Péloponnèse. Époque manquée !

“Les hommes, vraiment nécessaires manquent ; les nuisibles parmi eux sont par contre bien nombreux: revendeurs, escrocs, égotiques, opportunistes, baratineurs, bons à rien, je-m’en-foutistes et tant d’autres. Il fut un temps, ces derniers ne comptaient guère, à présent, ils deviennent fléau. C’est parce que les autres sont humiliés et amputés, alors tout est susceptible d’irriter leurs plaies”, écrivait dans son carnet notre poète Yórgos Seféris, le dimanche 20 septembre 1942 (édition, “Ikaros”, Athènes 2007).

Yorgos Seféris (presse grecque)
Les obsèques de Yorgos Seféris, Athènes, 22 septembre 1971 (presse grecque)

Yórgos Seféris, nom de plume du poète et diplomate Yórgos Seferiádis, lauréat du prix Nobel de littérature en 1963, était né le 13 mars 1900 à Smyrne, et il est mort à Athènes le 20 septembre 1971… sous l’autre dictature, celle des Colonels. Ses obsèques ont donné lieu à une grande manifestation populaire et spontanée contre le régime, la poésie en plus.

En ce 20 septembre 2017, les medias de la Colonie ont (bien furtivement) évoqué la date anniversaire de la disparition physique de notre poète avant de passer à autre chose. Journalistes… revendeurs, escrocs, opportunistes, baratineurs, ont ainsi évoqué Seféris, le temps de revenir aux balivernes habituelles à usage alors plénier. Nouvelles sans cesse juxtaposées sans le moindre regard critique, ce monde que déjà en 1942 Yorgos Seféris abhorrait tant.

Parmi ces… nouvelles, la supposée grande pollution du Golfe Saronique par le naufrage du petit pétrolier près de Salamine il y a deux semaines, puis, le départ soudain du navire nettoyeur dépêché sur place afin de pomper les quantités d’hydrocarbures restant dans les cuves du pétrolier coulé… Le capitaine du navire nettoyeur a été mis en état d’arrestation pour trafic présumé illégal de carburants (presse grecque du 20 septembre) , puis… l’importance annoncée de partout des élections tenues en Allemagne.

La Grèce, et toutes ses couleurs locales, ses animaux adespotes sous les Météores, ou alors ses boutiques chinoises parfois déjà en faillite à Trikala, le tout sous cet automne… en réalité omniscient. “Dieu nous a préservés du pire encore aujourd’hui” !

La Grèce et ses couleurs locales. Thessalie, septembre 2017
Animaux adespotes sous les Météores. Septembre 2017
Animaux adespotes sous les Météores. Septembre 2017
La Grèce et ses couleurs locales. Thessalie, septembre 2017
Boutique chinoise en faillite. Trikala, Thessalie, septembre 2017

Couleurs d’automne. Dans les montagnes grecques, les traces ultimes du camping libre seront bientôt levées et sur les plages de la Grèce centrale, ceux de passage se contentent parfois que de mettre un seul pied dans l’eau. “Dans quel monde vivrons-nous ?”, suggère alors à son unique manière ce message griffonné sur un mur à Trikala, l’aporie est du moins bien claire.

Loin, très loin même des préoccupations du plus grand nombre (ou de celui dont l’esprit fonctionne encore un peu) les familles aisées de Trikala célèbrent comme toujours le baptême de leurs petits, dans les églises les plus anciennes de la région. L’histoire monumentale… au secours de l’hybris monumentale, plus l’électrifié et le kitsch.

Sinon pourtant, belle lumière, nouvelles pluies sur l’Hellade et la première neige qui couvre déjà les sommets de l’Olympe, magnifique pays… été comme hiver !

Traces ultimes de camping libre. Thessalie, septembre 2017
Mettre un seul pied dans l’eau. Grèce centrale, septembre 2017
“Dans quel monde vivrons-nous ?”. Trikala, septembre 2017
Baptême chez la classe aisée de Trikala. Thessalie, septembre 2017
Baptême chez la classe aisée de Trikala. Thessalie, septembre 2017

Belle lumière, pluies sur l’Hellade et la première neige qui couvre déjà les sommets de l’Olympe. Il était temps dans un sens. Dans les bistrots, on discute alors météo, tandis que les baignades restent encore possibles ici ou là, dans le Péloponnèse côtier par exemple.

Les petits pêcheurs reviendront à quai port au petit matin habillés chaudement, et un drôle de navire sous pavillon britannique a brièvement fait son apparition près de l’île d’Hydra.

Drôle de navire. Entre Hydra et le Péloponnèse. Septembre 2017

Automne… et quant à la survie de ce blog… les difficultés hivernales s’annoncent déjà. Belles couleurs d’automne pourtant, Hermès, le (deuxième) chat de “Greek Crisis” grandit, et l’espoir peut-être avec.

Hermès… le deuxième chat de “Greek Crisis”. Septembre 2017
* Photo de couverture: Couleurs d’automne. Péloponnèse, septembre 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

En réponse à la visite du président français à Athènes

Par Maria Negreponti-Delivanis ancien recteur de l’université de Macédoine – Thessalonique, Grèce. présidente de la fondation Delivanis

Emmanuel Macron, en tant que visiteur dans notre pays la semaine passée, s’est montré agréable dans sa communication, cultivé mais également fier car il se passionne pour l’histoire de la Grèce antique, comme cela arrive avec les Français éduqués.

Cherchant des problèmes (comme il est d’usage) relativement à cette visite, je m’empresse de souligner que du côté du président Français il n’y en a pas, mais je n’en dirai pas autant concernant les dirigeants Grecs. Le gouvernement, et aussi dans une large mesure l’opposition, espéraient beaucoup de cette visite, et curieusement, à sa suite, ont affiché une satisfaction extrême et absolument injustifiée. Voyons, donc, ce que le président Français a apporté à la Grèce avec son discours, et quelle aurait dû être la réponse du gouvernement, et pourquoi pas de l’opposition aussi, ce qui malheureusement n’a pas été le cas.

  1. Le discours

Le discours de monsieur Macron, si l’on met de côté ce qui avait rapport aux grandes réalisations de nos ancêtres et aussi la tentative fort appréciée de saluer en grec, était général et ne comportait aucune promesse précise relativement à l’allègement des souffrances infligées par l’UE depuis quelque 8 années à la Grèce. Bien entendu, le président Français a parlé du martyr enduré par les Grecs, mais si je ne me trompe, j’ai discerné une certaine note à l’adresse de notre gouvernement, prenant soin de convaincre le peuple de la nécessité de ces souffrances et prétendant que celles-ci lui sont bénéfiques.

Monsieur Macron était parfaitement clair, tout comme l’est d’ailleurs le ministre des Finances Allemand, sur le fait qu’un “allègement de la dette” est hors de question avant l’achèvement des “réformes”. Pour monsieur Macron, qui non seulement est un des élus des banquiers internationaux mais, comme il le déclare à chaque occasion, est un libéral, les “réformes” constituent le vaisseau amiral de sa cosmothéorie. Sachant que notre monde dispose de deux systèmes macroéconomiques, le libéral et l’interventionniste, son choix n’est en aucun cas répréhensible. Il est, bien évidemment, nécessaire d’ajouter que le fonctionnement normal des économies demande que ces deux systèmes soient associés dans leur mise en œuvre, et non que l’un s’impose dogmatiquement en excluant l’autre. Il aurait en cela été intéressant que monsieur Macron donne quelques précisions quant au genre de ces “réformes” que lui-même et le ministre Allemand des Finances estiment qu’elles sont la condition préalable à la “sortie de cette mauvaise passe” de notre pays. Il est vrai que personne du côté du gouvernement ou de l’opposition, pas plus que du côté de “nos partenaires” n’a jamais jugé nécessaire, tout au long de ces 8 années dramatiques, de nous informer du contenu de ces “réformes” mythifiées, de ce que l’on e n attend exactement et de leur échéance. Car il est clair que mentionner simplement des réformes, sans en déterminer le contenu, n’a aucun sens. Concernant la Grèce, on sait que dès le début de la crise les “réformes”, qui en réalité ne sont pas des réformes, se limitent premièrement à la suppression totale de toutes les améliorations acquises par les luttes sociales durant les 200 dernières années dans l’environnement barbare du marché du travail, et deuxièmement au bradage massif de la Grèce tout entière. Les Français, bien sûr, et tout particulièrement monsieur Macron, économiste, savent parfaitement que cela ne relève pas de la catégorie des “réformes”, comme cela est largement enseigné dans les facultés françaises d’économie. Ils savent également que l’appauvrissement des travailleurs donne, au-delà des résultats sociaux, des résultats économiques pitoyables, et aussi que le bradage des ports et des aéroports, de l’eau, de l’électricité et en général des services sociaux sensibles de l’État ne figure pas au chapitre des réformes, et qu’il n’est pas souhaitable mais plutôt dangereux à tout point de vue. Par contre, une série de vraies réformes existe, dont la Grèce a urgemment besoin, mais qui n’intéressent pas nos partenaires.

Un autre point du discours du président Français souligne l’importance de l’Europe, sa cohésion qui doit être sauvegardée à tout prix, afin qu’elle joue le rôle important qui lui appartient sur la scène économique et politique internationale, et où il va de soi que la présence de la Grèce est absolument indispensable. Dans le même temps, il a reconnu (indirectement mais clairement) que cette Europe doit changer (car manifestement elle est minée par de multiples problèmes) et se fédéraliser, en se dotant, comme principal représentant, d’un ministre des Finances européennes. L’idée, cela va sans dire, n’est pas nouvelle, puisque les européistes y ont pensé afin de calmer les réactions des citoyens européens, parmi lesquels le nombre des eurosceptiques a dépassé le nombre de ceux qui acceptent la poursuite de l’Europe unie. Cependant, hormis le fait que cette vision à long terme a été fort justement qualifiée par le journal allemand Die Welt, au lendemain du discours du président Français, d’ “utopie naïve”, il y a dans cela une pointe empoisonnée que monsieur Macron n’a pas hésité à saisir, et qui plus est dès le premier instant de son entrée en fonction, provoquant de nombreuses réactions à l’étranger (mais curieusement, pas en Grèce), et qui concerne la refondation de l’Europe, laquelle est constituée d’États membres égaux (selon le principe de sa convention fondatrice), en vue d’une Europe à plusieurs vitesses. Je me demande si les membres de notre gouvernement, qui, avec un enthousiasme si émouvant, ont parlé de l’Europe et du maintien coûte que coûte en son sein de la Grèce, ont également accepté, sans hésitation aucune, le fait que notre pays soit la cinquième roue de la charrette européenne.

Il est naturel et tout à fait compréhensible que le président Français serve les intérêts de son pays comme il l’entend, et que par conséquent, il évite de prendre des positions ou de faire des promesses qui pourraient lui causer des problèmes vis-à-vis de l’Allemagne. Le renouveau de l’axe franco-allemand est au centre des efforts de redressement du régime vacillant en Europe. Or, cette position, ou plutôt la position de nos hommes politiques, est, que l’on me permette ce qualificatif, incompréhensible. En deux mots, la blessante position tributaire du gouvernement grec, renforcée aussi par son enthousiasme, qu’on ne peut raisonnablement expliquer, à l’égard de ce qui a été dit par monsieur Macron, est hélas la preuve qu’il a accepté l’état de COLONIE européenne.

  1. Ce que voudraient entendre les Grecs de la part de leurs dirigeants en réponse à Emmanuel Macron

“Cher monsieur le Président de cette grande amie la France,

Nous sommes extrêmement heureux de vous accueillir en Grèce, et sensibles au fait que vous avez choisi notre pays, vous et votre épouse, pour une de vos premières visites officielles à l’étranger. Nous vous considérons comme un ami de notre pays, c’est pourquoi, au-delà des compliments et des conventions, nous allons vous parler avec sincérité du drame inacceptable que vit notre peuple depuis 8 ans, avec la conviction que vous le transmettrez, de la manière que vous choisirez vous-même, aux autres partenaires.

Pour commencer, nous sommes d’accord avec vous sur le fait qu’il serait dommage que l’Europe se disloque et que l’euro, en dépit de ses problèmes, doit être sauvé (si cela est possible, évidemment). C’est pourquoi l’Europe doit fondamentalement changer et se tourner vers ses peuples, et non vers plus de bureaucratie, d’élitisme et de réduction de la démocratie. La tâche est difficile, aux limites peut-être de l’irréalisable. Nous espérons que vous y parviendrez. Mais d’ici là, la Grèce ne peut attendre, car elle croule sous le poids insupportable de mémorandums qui ne mènent à rien et de quasi-réformes qui l’appauvrissent chaque jour davantage. N’écoutez pas, monsieur le Président, ce qu’il nous arrive d’affirmer pour apaiser la colère justifiée de nos compatriotes. La Grèce ne va pas, et ne peut aller mieux. En réalité, le chômage augmente, mais il est dissimulé par les chômeurs de longue durée qui, dépités, ont cessé de rechercher un emploi, par les milliers de jeunes qui sont partis pour trouver un sort meilleur loin de la Grèce, et surtout par l’extension des formes de travail précaire où figurent aussi ceux qui travaillent 1 ou 2 heures par semaine et sont quand même considérés comme ayant un emploi. Par ailleurs, vous êtes vous aussi un économiste et par conséquent vous savez que la croissance, aussi désirée soit-elle, ne peut en aucun cas se faire dans une économie où toutes, toutes sans exception aucune, les propensions à la croissance ont sombré. Je n’en citerai qu’une seule qui est amplement suffisante, à savoir la demande concernant les produits alimentaires de base, en baisse constante ces dernières années. Et en dépit de l’appauvrissement des travailleurs, dont une large part travaille pour 200 ou 300 euros par mois, souvent 10 à 12 heures par jour, et en dépit du fait que le marché du travail (du fait des “réformes”) s’est transformé en jungle, nos partenaires exigent que cela continue, et qui plus est, ils ont fortement réagi au fait que la nouvelle ministre du Travail a tenté de faire passer dans un récent projet de loi quelques améliorations, du reste tout à fait marginales. Les impôts de toute sorte, résultante d’une imagination enflammée, pompent dans l’économie les liquidités jusqu’à la dernière goutte, achevant l’œuvre inhumaine de la ponction complètement démesurée des excédents primaires exigés par nos partenaires. Les réductions drastiques des salaires et des retraites se poursuivent résolument. Les hôpitaux publics manquent de personnel, de médicaments de base et de gazes. Le nombres des entreprises qui mettent la clé sous la porte est largement supérieur à celui des créations d’entreprise. Oublions donc (entre nous maintenant) la croissance car l’évoquer, compte tenu des conditions qui prévalent en Grèce, est la démonstration d’un manque total de sérieux.

Or, sans croissance, il est impossible de rembourser cette dette colossale, même pas en l’an 3000. Et il va de soi que jusqu’à ce qu’elle en rembourse 75 %, la Grèce sera sous supervision, toujours soumise à une quelconque forme de mémorandum. Par conséquent, monsieur le Président, ne prenez pas au sérieux ce que nous affirmons, à savoir que notre sortie sur les marchés est censée nous assurer la fin des mémorandums. Au contraire même, nous paierons alors beaucoup plus cher les emprunts… mais que faire, le peuple a besoin d’espérer, peu importe si ces espoirs sont vains.

Partageons donc, monsieur le Président, votre enthousiasme pour l’actuelle et pour la nouvelle Europe, et tâchons pour l’heure de ne pas entrer en conflit avec la zone euro, quoique dans notre cas, ce serait nécessaire. Vous admettrez néanmoins que nous avons déjà fait d’indicibles sacrifices compte tenu de la taille et des capacités de notre petite Grèce, afin de sauver les banques françaises et allemandes et pour que l’Europe ne se disloque pas. Des sacrifices qui ont détruit une nation entière et qui ont exterminé un peuple entier. Mais maintenant, la fin du monde est arrivée et nous, l’UE et pour lui faire plaisir nous aussi, ne pouvons plus nous moquer du peuple grec qui est au supplice et agonise. L’UE, ne serait-ce que sans le FMI, doit assumer ses responsabilités, et cesser d’imposer à la Grèce des programmes et des mesures dont ELLE SAIT (tout comme nous) que non seulement ils sont tout simplement voués à l’échec, mais aussi qu’ils achèvent sa destruction. De toute évidence, vous le savez bien, monsieur le Président, depuis le début de la crise et constamment, on nous impose des programmes erronés et sans issue, lesquels ne sont pas révisés pour que nul n’ait ainsi à reconnaître son erreur, j’entends celle des partenaires européens et du FMI. Cette erreur criminelle est néanmoins continuellement pointée du doigt par certains dignitaires isolés de l’UE et du FMI, mais malgré cela, on s’y accroche, portant désormais atteinte à la survie même de la Grèce.

Cette tromperie permanente n’est pas conforme au peuple français historique, n’est pas conforme à la Démocratie qui, comme vous l’avez dit, est née sur la colline du Pnyx, ne sert aucunement l’Europe. Car tôt ou tard, le peuple grec, qui est prêt et qui n’a plus rien à perdre, va se soulever. Vous savez en outre que des économistes renommés, parmi lesquels des Français (citons par exemple le professeur Gérard Lafay) ont pris une position très claire, analysant dans des livres et maints articles (ce qui d’ailleurs est l’évidence même), comment et pourquoi les mémorandums et les “réformes” détruisent la Grèce au lieu de la sauver.

Alors, si vous voulez sauver l’UE de la dislocation certaine vers laquelle elle va, nous vous demandons d’être notre précieux ambassadeur et de faire comprendre à nos partenaires pourquoi il est urgent de réviser en profondeur les plans européens pour la Grèce. Mais encore, pourquoi il faut cesser d’encourager la nécessité de réaliser des quasi-réformes, vides de contenu, et pourquoi des réformes adéquates doivent être étudiées sérieusement, grâce auxquelles l’économie grecque pourra vraiment s’améliorer, en se basant sur sa croissance et non sur sa contraction.

Résumons, monsieur le Président. Pour la Grèce, c’est la capacité de croissance (rendue impossible par les des mémorandums et les “réformes”) qui compte infiniment plus que n’importe quelle forme d’allègement de la dette. Si cette dette est libérée de ses parts odieuse et onéreuse, et que l’on permet à la Grèce de se développer, nous n’aurons pas besoin d’emprunts, de mémorandums, de négociations interminables et autres violences de cette sorte. Avec un rythme de croissance annuel de 3,5 %, que nous pouvons tout à fait atteindre, avec le temps, nous paierons notre dette.

Une solution sincère au problème de la Grèce est maintenant plus urgente que jamais, car il n’est plus possible de continuer indéfiniment ces histoires sur la croissancecoucou la voici, coucou la voilà.

Et puis, monsieur le Président, comprenez que dans cette nouvelle Europe à plusieurs vitesses que vous imaginez, ne serait-il pas absurde que la poursuite des sacrifices mortels que vous nous demandez ait comme contre-poids un état de servitude qui appartient aux temps anciens ?

source http://www.defenddemocracy.press/en-reponse-a-la-visite-du-president-francais-a-athenes/

 

Sur les réfugiés semaine 39

29/9/17 État d’urgence en Turquie : menaces sur les réfugiés :La Turquie est de moins en moins sûre pour les réfugiés et les demandeurs d’asile depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016. /Reportage.

https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/etat-durgence-en-turquie-menaces-sur-les-refugies

26/9/17 Deux ans après, quel bilan pour « les quotas » de migrants dans l’UE ?   Alors que la question migratoire reste l’une des plus actuelles, quel pays a respecté ses engagements européens ? Jade Toussay Journaliste

RÉFUGIÉS – Deux ans de mise en application, de menaces et d’encouragements. Ce mardi 26 septembre marque l’échéance du plan voté par la Commission Européenne pour la relocalisation de 120.000 réfugiés dans les 28 pays membre de l’Union Européenne. Prévu sur deux ans, l’heure est maintenant au bilan. Et il n’est vraiment pas glorieux.

En septembre 2015, le plan a été établi comme suit: 120.000 réfugiés hébergés dans les centres d’accueil de Grèce et d’Italie devaient être transférés dans les pays membres de l’UE. Cette répartition, dite des « quotas d’accueil », se fait en fonction de la taille de la population et du PIB du pays (à hauteur de 40%), moins le nombre de demandes d’asiles au cours des quatre dernières années et le taux de chômage (à hauteur de 10%).

Les Etats devaient recevoir 6000 euros par personne accueillie, tandis que que l’Italie et la Grèce recevaient 500 euros par personne relocalisée pour couvrir les frais de transport. Le profil des personnes à relocaliser avait également été défini: en grande majorité, des Erythréens, des Irakiens et des Syriens, pour qui le taux moyen de reconnaissance à la protection internationale dépasse les 75%.

Voilà pour la théorie. Dans la pratique, ça s’est avéré (beaucoup) plus délicat.

Pas facile tout d’abord de faire accepter à l’ensemble des pays membres de l’UE l’idée d’un quota de réfugiés sur son sol. Ainsi, il a fallu recourir au vote à la majorité pour faire passer le texte. La Finlande s’est abstenue, tandis que la Hongrie, la Slovaquie, la République Tchèque et la Roumanie ont voté contre. Un recours en justice a même été déposé par la Hongrie et la Slovaquie, sans succès. Le 6 septembre dernier, la Cour de Justice a rejeté les recours « dans leur intégralité ».

Selon les chiffres publiés par la Commission Européenne, l’objectif de 120.000 réfugiés a finalement été revu à la baisse, pour ne concerner que 98.255 réfugiés. Mais le résultat n’est pas meilleur pour autant: au 6 septembre 2017, date du dernier rapport de la Commission sur le sujet, seulement 27.695 réfugiés avaient été relocalisés (19.244 arrivaient de Grèce et 8451 d’Italie), soit 28% des objectifs totaux. Et si certains pays ont tenu leurs promesses, d’autres ont brillé par leur absence.

Fin du programme, fin de la relocalisation?  Dans son quinzième rapport, publié le 6 septembre dernier, la Commission Européenne a souligné la tendance positive enregistrée en 2017, par rapport à 2016.

Après deux ans de mise en pratique certains pays ont réussi (ou presque) à atteindre les objectifs fixés: c’est le cas de Malte (+12% par rapport aux quotas de l’UE) et de la Finlande ou l’Irlande qui sont en passe d’y parvenir. Cependant, les prises en charge sont inégales: la plupart des migrants relocalisés arrivent de Grèce, alors que l’Italie doit parallèlement faire face à des arrivées toujours plus importantes.

De même, la Commission s’est également félicitée des premiers balbutiements de pays jusqu’alors peu enclins à accueillir les réfugiés: c’est par exemple le cas de l’Autriche et de la Slovaquie, qui ont relancé leur processus de relocalisation.

Quid des pays qui refusent d’appliquer l’accord? Après moult rappels à l’ordre, la Commission Européenne a engagé mi-juin une procédure d’infraction à l’encontre de la République Tchèque, la Hongrie et la Pologne et saisi la Cour de Justice de l’UE, qui a débouté les pays réfractaires. Le 8 septembre, le premier ministre hongrois Viktor Orban a reconnu que la Hongrie « doit respecter les traités et reconnaître les décisions de la Cour », sans pour autant s’engager à respecter son quota d’accueil, toujours à 0.

Que se passera-t-il à compter de ce mardi 26, où le programme touche à son terme? Dans son rapport, la Commission précise que ses décisions « s’appliquent à toutes les personnes admissibles qui arriveront en Grèce ou en Italie jusqu’au 26 septembre 2017, ce qui signifie que les demandeurs admissibles devront encore être relocalisés après cette date. » Elle encourage donc tous les états membres à redoubler d’efforts.

Malgré tout, espérer que les quotas de 98.255 relocalisés seront atteints dans des délais raisonnables reste illusoire.

http://www.huffingtonpost.fr/2017/09/25/deux-ans-apres-quel-bilan-pour-les-quotas-de-migrants-dans-lue_a_23214522/

26/9/17 Revue de presse hellénique : Sous le titre « les demandeurs d’asile resteront en Grèce » Kathimerini relève que dans le cadre de nouvelles corrélations politiques au sein de l’UE la solidarité européenne envers la Grèce au sujet de la crise des réfugiés prend fin alors que les flux de réfugiés vers les îles grecques augmentent. Le journal souligne que le programme de relocalisation des demandeurs d’asile depuis la Grèce et l’Italie vers d’autres pays
européens s’achève officiellement aujourd’hui sans aucune décision de l’UE concernant ses prochaines initiatives dans ce domaine. Sans nouveau programme de relocalisation et sans réforme du règlement Dublin II tous les demandeurs d’asile arrivant en Grèce resteront dans le pays, souligne le journal.

22/9/17 Feu vert du Conseil d’État grec au renvoi de réfugiés syriens en Turquie

 Le Conseil d’État grec a débouté deux réfugiés syriens qui contestaient leur renvoi en Turquie en vertu du pacte migratoire UE-Ankara, ce qui ouvre la voie aux premiers renvois forcés de réfugiés dans le cadre de cet accord, a indiqué vendredi une source judiciaire.

Les deux Syriens avaient déposé un recours en dernière instance devant le Conseil d’État contre la décision de commissions grecques d’asile de les renvoyer en Turquie au motif qu’ils seraient en sécurité dans ce pays puisqu’ils y ont développé des liens lors de précédents séjours. 

En les déboutant, le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative grecque, établit une jurisprudence en faveur des renvois forcés en Turquie de demandeurs d’asile notamment syriens arrivés sur les îles grecques depuis le 20 mars 2016.

« C’est une décision qui viole le droit des réfugiés, et qui tombe à pic pour servir l’accord conclu entre les Etats de l’UE et la Turquie », a commenté pour l’AFP Dimitris Christopoulos, président de la Fédération internationale des droits de l’homme.

Plus de 750 exilés syriens en attente d’une décision sur leur sort sur les îles grecques sont concernés dans l’immédiat par la perspective de tels renvois forcés, selon une source proche du dossier.

Ces renvois, prévus par le pacte UE-Ankara dans les cas où la Turquie est jugée « sûre » pour les requérants, avaient été gelés en pratique dans l’attente de la décision du Conseil d’État, saisi en plénière de l’affaire vu son importance.

Les avocats et ONG soutenant les requérants, dont la grecque Metadrasi et l’allemande Pro Asyl, avaient prévenu dès avant l’annonce de la décisdion qu’ils déposeraient un recours si nécessaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Les requérants déboutés sont deux jeunes hommes de 29 et 22 ans. Ils ont plaidé l’absence de garanties concernant leur sécurité en Turquie, affirmant y avoir notamment dans un premier temps été victimes de refoulements.

Fortement contesté par les humanitaires, le pacte UE-Turquie a considérablement réduit le flux migratoire en Méditerranée orientale après le pic de 2015.

Les arrivées sur les îles grecques en provenance des côtes turques toutes proches sont toutefois reparties à la hausse depuis le mois d’août, à plus d’une centaine par jours.

Selon une autre source judiciaire, les juges du Conseil d’Etat avaient débattu lors de l’examen de l’affaire de la possibilité de demander une interprétation du cadre légal s’appliquant à la Cour de justice de l’UE, mais cette option a été rejetée par 13 juges contre 12.

https://www.lorientlejour.com/article/1074106/feu-vert-du-conseil-detat-grec-au-renvoi-de-refugies-syriens-en-turquie.html

Emmanuel au pays d’Hermès La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. Il évoque dans cet article la visite d’Emmanuel Macron.

Emmanuel au pays d’Hermès 

Temps de l’hybris. Sur un mur d’Athènes, le dit “Parlement” caricaturé est… aspiré (et inspiré) par un imposant OVNI. C’est là bien une caractéristique imagée des disjonctions actuelles. Les supposées structures de représentation parlementaire acclimatées au totalitarisme des vanités européistes et financieristes ne peuvent alors plus être considérées autrement. Entre-temps, la “fusée” Macron est passée par Athènes, visite officielle et poussière cosmique !

Visite officielle d’Emmanuel Macron à Athènes. Athènes, septembre 2017

D’abord, la frénésie marketing a largement préparé et accompagné cette visite d’Emmanuel Macron à Athènes. Aux yeux des Grecs, à part la… sympathie certaine et au-delà de la causerie impériale européiste du type: “Ce soir je veux que collectivement nous retrouvions la force de refonder notre Europe, en commençant par l’examen critique sans concession de ces dernières années” (le Président français aux côtés du Premier ministre grec Alexis Tsipras sur le Pnyx), l’essentiel dans cette visite tient du dépeçage économique, symbolique et structurel du pays faisant exactement suite à sa vassalisation néocoloniale accélérée et très actuelle.

“La Grèce est ainsi bradée à travers les accords de type colonial imposés par la Troïka et ce n’est pas de la sorte que l’Europe deviendra démocratique”, fait remarquer dans son communiqué commentant la visite Macron, le mouvement de Yanis Varoufákis “DiEM25” .

Ainsi, les 39 hauts représentants des très grandes entreprises françaises qui ont accompagné Emmanuel Macron à Athènes, procèdent non pas dans un cadre de coopération économique avec un minimum d’équité, mais dans celui des accords néocoloniaux imposés à la Grèce par l’Eurogroupe. Je dois rappeler que l’Eurogroupe n’a pas d’existence formellement légale quant au droit international (et européen), c’est un club informel des ministres de zone euro, où c’est d’abord la loi du plus fort qui s’impose à tous les autres, c’est-à-dire la loi de l’Allemagne.

Emanuel Macron sur le Pnyx. Presse grecque du 7 septembre 2017
La… communication Macron à Athènes. Presse grecque du 7 septembre 2017
Les…gouvernants à Athènes accueillent… Emmanuel Macron. Presse grecque, septembre 2017

C’est d’ailleurs pour cette raison que les cinq ordonnances réformant le Code du travail en France ont été présentées le 31 août au Conseil des ministres en présence et avec l’approbation du vice-chancelier allemand, et nous voilà ainsi dans le… nouveau monde du néocolonialisme pluridimensionnel mais oligopolaire.

À chacun son niveau de formatage, et pour ce qui du très bas niveau de formatage de la Grèce, parmi les accompagnateurs d’Emmanuel Macron, la presse a cru remarquer la présence de Jacques Le Pape, ancien directeur adjoint de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, nommé depuis 2016 à la tête du dit Fonds grec chargé des privatisations.

En réalité, il s’agit de cette agence fiduciaire imposée à la Grèce par le carcan des colonisateurs européistes et copiée sur le modèle de la Treuhand de nom complet Treuhandanstalt, laquelle était l’organisme de droit ouest-allemand chargée de la privatisation des biens de la République démocratique allemande (RDA) après la réunification du pays.

“Vous pouvez manger autant de la brioche que vous voulez !”, presse grecque, septembre 2017

Tout le monde en Grèce sait que le directoire de cette Agence des Privatisations (autant que la dite Administration Autonome des Recettes Publiques), échappe à tout contrôle étatique (et démocratique, parlementaire) grec. Pour ce qui est de l’agence fiduciaire plus précisément, les décisions sont prises à la majorité des 3/5, entre le directeur Français et les quatre autres membres, un Espagnol et trois Grecs, tous d’ailleurs nommés depuis le grand jardin de l’acclimatation financieriste et européiste.

C’est alors ainsi que dans les cafés grecs on estime qu’en dépit des messages officiels, le but de la visite Macron c’est de participer au dépeçage des biens du pays visité (eau, énergie, transports, télécommunications, renforcement même du contrôle par la mécanique sociale): “La Grèce c’est un cadavre, donc le monde des puissants s’en sert”, analyse… publiquement énoncé dans le café du coin par le retraité Mitsos.

“Vous pouvez manger autant de la brioche que vous voulez !” nous dit ainsi d’après un dessin de la presse grecque Emanuel Macron… déguisé en reine Marie-Antoinette estampillée… Allemagne et apportant aussi le message: “Austérité – Coupes sobres – Chômage” (car la phrase présumée historique sur la brioche avait été attribuée comme on sait à Marie-Antoinette). Temps vraiment nouveaux ?

“Avgí”, quotidien Syriziste et… Macroniste. Septembre 2017
Athènes… accueil. Athènes, septembre 2017
Commerce à vendre, Athènes, septembre 2017

Temps donc de l’hybris. Emmanuel Macron est reparti d’Athènes… comme il était déjà arrivé. Il n’aura pas vu, ni les soupes populaires qui reprennent dans la foulée du temps automnal qui s’annonce, ni les messages désespérés marqués au feutre par ceux de la dite “génération 400€”, autrement-dit, ces jeunes qui ne gagneront au mieux que 400€ par mois pour un travail qualifié et à temps plein.

Des histoires finalement… à Hérodote à se raconter alors sans fin, comme celle des sans-abri face à la mer profitant de l’énergie solaire, voilà une idée ayant peut-être échappé aux… investisseurs si bien accomplis au sein du cabinet Lagarde.

Le Vélos remorqué. Le Pirée, septembre 2017

Les voyageurs autres qu’Emmanuel Macron et les touristes sont déjà moins nombreux au Pirée, puis, le vieux Vélos (visitable, depuis 2002, comme navire musée à Fáliro) a été aperçu récemment près du grand port, remorqué jusqu’aux chantiers proches pour que les travaux d’entretien puissent être effectués. Au Pirée, les passants se sont même un long moment arrêtés pour l’admirer, comme parfois pour s’en souvenir.

Car son histoire n’est pas encore tout à fait oubliée, l’USS Charrette (DD-581), destroyer de classe Fletcher de la marine américaine, ayant pris le nom de HNS Velos (D-16) en 1959 dans la marine grecque se fait remarquer le 25 mai 1973 en refusant de rejoindre la Grèce, pour protester contre la Dictature des colonels et ainsi resté durant un bref moment en Italie, lorsqu’il participait à des exercices de l’OTAN.

Soupe populaire. Athènes, septembre 2017
Génération 400€. Athènes, septembre 2017
Sans-abri et énergie solaire. Athènes-Sud, septembre 2017
Au Pirée. Septembre 2017

Temps flottant. À Athènes… sous l’Acropole, le vieux bâti est souvent acheté et rénové par des investisseurs suffisamment internationaux, c’est déjà prouvé et acquis, les vieilles colonnes ont toujours la cote.

Sur d’autres murs d’Athènes et des environs, les… aspirations du temps éphémères (et vulgaires) se mesureront ainsi à “l’argent… aimé” ou encore à “Schäuble con”. Temps de l’hybris, automne en vue. Cynisme ainsi ambiant… supposé réaliste ; dans l’air du temps toujours, le vieux journaliste et chroniqueur radio Yórgos Trangas (Radio 90,1 FM, le 8 septembre, zone matinale), donne son point de vue sur l’actualité de la visite d’Emmanuel Macron à Athènes: “Puisque la Grèce est devenue une colonie européiste, vaut mieux qu’elle soit contrôlée par la France, plutôt que par l’Allemagne”, joli monde !

Bâti rénové, acheté par des étrangers. Athènes, septembre 2017
Mur Athénien. Septembre 2017
Mur au sud d’Athènes. Septembre 2017

Voilà notre temps… entier aux réalités fragmentées ! Les supposées structures de représentation parlementaire acclimatées au totalitarisme des vanités européistes et financieristes ne peuvent certainement plus être considérées autrement.

Visite d’Emmanuel Macron… autrement-dit très sympathique humainement sauf pour ce qui est de son contexte géopolitique, voire français tout simplement. L’hybris donc. “C’est de la souillure que d’avoir prononcé son discours sur le Pnyx, de Périclès et de la Démocratie”, a déclaré à l’occasion Manólis Glézos . Comme l’écrivait déjà Badia Benjelloun (“Un Bonaparte de pacotille”) en mai 2017 :

“Les nouveaux arrivants sur le ‘marché’ du travail continueront à toucher le stabilisateur social du RSA tout en habitant chez leurs parents, à cumuler des stages de formation ou des petits boulots d’intérimaires pour un certain temps. Quelques points d’écarts sur le taux de la dette obligataire, et nous voici transformés en misérables Grecs, contraints de vendre la Tour Eiffel et le Louvre, alors que les aéroports de Toulouse, Lyon et Nice et d’autres biens publics ont déjà été cédés à des firmes privées sous la houlette de Mac(a)ron.”

“Fabius, alors au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, ambitionnait pour la France un avenir de pays touristique, une industrie de nations pauvres, certes, mais une activité non délocalisable. Mais bientôt les sites, les aéroports, les chaînes hôtelières seront tous aux mains d’entreprises étrangères au profit externalisé employant des travailleurs détachés ou des migrants chassés par les guerres.”

Vielles colonnes. Athènes, septembre 2017
Une certaine classe moyenne se marie… Cap Sounion, septembre 2017
Hérodote chez le bouquiniste. Athènes, septembre 2017

“A ignorer la situation dans laquelle ont été plongés les Hellènes sous la domination du carcan européen, à fonder leurs espoirs sur un bonimenteur qui n’offre d’autre illusion que celle de les faire marcher, les Français concourent à leur malheur et à celle du monde. Il est vrai qu’ils tirent encore avantage à la position de leur pays comme protectorat étasunien capable de conserver quelques terrains de prédation protégés en Afrique, de plus en plus restreints.”

“La classe moyenne, spectatrice et rouage de l’acceptation de cette globalisation qui la précipitera tôt ou tard dans le camp des 99% de ceux d’en bas, témoigne de son insouciante légèreté qui lui fait conjurer cette issue. Elle s’offusque de ce qu’un parti ‘fasciste’ puisse prendre le pouvoir en France. Les conditions de la réalisation d’un fascisme à la mode du 20ième siècle sont révolues. Les structures de représentation parlementaire acclimatées au gouvernement de l’argent depuis deux siècles, avec la dose requise de suffrage universel, sont devenues encombrantes, les lois d’exception (‘Patriot Act’) et les états d’urgence sont adoptés comme nouvelle norme.”

Une certaine classe moyenne, spectatrice et rouage de l’acceptation de cette globalisation qui la précipitera tôt ou tard dans le camp des 99% de ceux d’en bas, se marie encore parfois, se faisant photographier pour les besoin du… glamour de pacotille au Cap Sounion devant la beauté de l’Égée sous le Temple de Poséidon.

Les navires passent. Cap Sounion, septembre 2017
Les histoires demeurent. Bouquiniste à Athènes, septembre 2017
Mimi de Greek Crisis. Septembre 2017

Les navires passent, nos histoires demeurent, la “fusée” Macron est passée par Athènes, visite officielle et poussière cosmique appartenant déjà au passé, tandis que Mimi (le chat de Greek Crisis) restée indifférant à la politique des humains, est désormais bouleversé depuis l’arrivée à domicile du… très jeune Hermès.

Dépassant l’hybris autant que faire se peut, nous avons ainsi sauvé Hermès (jadis… l’aînée des Pléiades) resté orphelin, espérant qu’un autre foyer, si possible économiquement réellement existant, puisse l’adopter d’ici un à deux mois… Avis aussi aux amis du blog.

Les navires passent, nos histoires demeurent !

Hermès… aussi de Greek Crisis. Athènes, septembre 2017

* Photo de couverture: Le ‘Parlement’ et son… OVNI. Athènes, septembre 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Grèce-Turquie : le gaz, le pétrole…..les conflits

Grèce-Turquie. Le gaz, le pétrole dans la Méditerranée de l’Est et le conflit potentiel qui s’y rattache et s’ajoute à la question chypriote Publié par Alencontre le 19 sep 2017 Par Antonis Ntavanellos

Selon divers analystes, la Méditerranée de l’Est serait actuellement une des régions du monde soumises à des tensions militaires parmi les plus intenses.

Au moment où ces lignes sont écrites [fin juillet 2017], au large de l’île de Chypre, face au navire patrouilleur turc Barbaros [entre autres pour repérer les refugié·e·s potentiels de Turquie se dirigeant vers la Grèce], et aux deux et trois navires de guerre qui l’accompagnent, se sont rassemblées des frégates françaises en soutien à la recherche pétrolière et gazière de la firme Total [1], ainsi que des navires de guerre américains, grecs et égyptiens. Par ailleurs, l’espace aérien couvrant le site est «occupé» par l’aviation militaire d’Israël, basée en Grèce pour des «exercices» [2].

A ceux qui, à gauche, s’empressent de calculer les rapports de force mutuels, nous rappelons que la Turquie – de concert avec le départ de Barbaros – a annoncé un achat de missiles S-400 Triumph ultramodernes, rendant ainsi officiel le renforcement de ses relations militaires avec la Russie de Poutine. Il est évident qu’il y a danger d’une course combinée vers une aventure militaire, ou d’un «glissement» vers un désastre. Ceux qui ne veulent pas y croire n’ont qu’à regarder une carte, avec les coordonnées géographiques indiquant la proximité de pays tels que le Liban, Israël, la Syrie, Chypre…

Cette sorte de poudrière est le résultat de la rencontre de deux problèmes majeurs. La situation chypriote (division de l’île en deux zones depuis 1974, l’une occupée par l’armée turque, l’autre zone grecque avec comme capitale Nicosie), d’une part, et, d’autre part, le conflit du partage des hydrocarbures en Méditerranée de l’Est (Zones économiques exclusives – ZEE –, espace maritime sur lequel un Etat côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources ; cette zone s’étend de la ligne de base d’un Etat jusqu’à 200 milles marins, soit quelque 370 km) :

1. Ceux qui avaient constaté dans les derniers développements autour de la question chypriote un «nouveau plan Annan» [3], et avaient supporté le rejet d’un accord de réunification de l’île, ont démontré aujourd’hui être absolument déconnectés de la réalité.

1.1. Les Grecs et les Chypriotes grecs participèrent aux négociations avec un objectif précis : renverser par des moyens diplomatiques les conséquences de la guerre de 1974. A son arrivée à Crans-Montana (Suisse), N. Kotzias [4] a déclaré que même il y a deux ans, il aurait été impensable de mettre sur la table des négociations les questions de l’abolition des garanties [5] et du retrait de l’armée turque. C’est une différence majeure quant aux négociations du temps d’Annan (2004).

Cette différence est le résultat du grand changement des rapports de forces dans la région. D’une part, la formation de «l’axe» Grèce-Chypre-Egypte-Israël, avec le soutien unilatéral de l’UE et des Etats-Unis. D’autre part, par la rupture entre la Turquie d’Erdogan et les grandes puissances de l’Ouest, complétée actuellement par le déplacement graduel de la Turquie vers la Russie après le coup d’Etat de l’été de 2016.

1.2. La partie turque, à Crans-Montana, ayant compris le renversement du rapport de force, a accepté de négocier sur les garanties et le retrait de l’armée, en espérant obtenir des gains sur le calendrier d’application des décisions, avec sa présence dans le «mécanisme de surveillance» de la mise en œuvre du plan. Elle a fait face ici à une nouvelle «surprise». La proposition grecque – avec le soutien de l’UE, du secrétaire général de l’ONU et des Britanniques (donc des Etats-Unis également) – a mis le contrôle du «mécanisme de surveillance» dans les mains d’une seule force : celle de l’UE. L’effacement graduel du rôle de garante et de la présence militaire de la Turquie sur l’île était ainsi livré aux mains d’une institution impérialiste internationale, à laquelle la Turquie ne participe pas ; institutions avec lesquelles les relations de la Turquie se détériorent progressivement (voir par exemple le conflit avec l’Allemagne de Merkel et d’autres pays comme les Pays-Bas).

Il y a là la vraie raison du «naufrage» de la négociation de Crans-Montana. Comme l’a déclaré N. Kotzias à son retour de Suisse, il y avait deux camps à Crans-Montana: la Turquie face à tous les autres.

1.3. Ce sentiment d’avoir acquis une position meilleure eut comme résultat l’augmentation des revendications grecques quant aux caractéristiques d’un potentiel Etat unifié de Chypre. N. Kotzias a déclaré qu’il ne signerait rien, tant qu’il ne s’agira pas d’une transformation de Chypre en un «Etat normal», où les décisions seraient prises selon le principe de majorité. Sauf que Chypre n’est pas un «Etat normal»: il y a une communauté majoritaire (quelque 770’000 Chypriotes grecs vivant dans le sud) et une communauté minoritaire (117’000 Chypriotes turcs auxquels se sont ajoutés 70’000 «colons» venus d’Anatolie après 1974) et – à la charge des nationalistes des deux camps – du sang a coulé. La seule solution véritablement démocratique dans de telles situations, à l’échelle internationale, est la prise de mesures spécifiques de protection des minorités (des mesures qualifiées d’«anormales» par N. Kotzias).

Nous sommes de ceux qui se méfient des solutions venant «d’en haut». Nous mettons nos espoirs dans la prise d’initiatives visant à la restauration d’une confiance mutuelle à partir «d’en bas», par l’action unitaire des salarié·e·s, du peuple, de la gauche. Pourtant, il faut noter que se manifeste, aujourd’hui, le rejet de l’idée de réunification, de dualité étatique et communautaire, y compris de la part du KKE. Un changement de position se note, parmi ceux qui étaient en faveur d’une telle solution durant des années – par exemple Synaspismos (Coalition de la gauche, des mouvements et de l’écologie, constituée en 1991 et participant en 2004 à la création de Syriza en tant que force majoritaire). Ces derniers font aujourd’hui volte-face et leur orientation satisfait les nationalistes grecs et chypriotes. Ainsi, ces forces laissent la voie ouverte aux gouvernements de Tsipras et d’Anastasiadis [6] pour manœuvrer librement sur ce terrain, sans opposition.

1.4. Cette position relève de l’«aveuglement» politique. La Turquie et le camp turco-chypriote, en voulant précipiter les choses, pourraient choisir une voie dangereuse qui se voudrait une sortie de la situation d’impasse. Elle pourrait avoir comme configuration, au-delà des différences, celle du scénario de Crimée, c’est-à-dire l’unification de Chypre du Nord avec la Turquie suite à un référendum virtuel ou authentique. Et dans ce cas, l’éventualité d’une guerre civile serait encore plus probable…

1.5. Ces développements eurent un effet politique collatéral. N. Kotzias, qui était dépeint tel un diable préparant un nouveau «plan Annan», est maintenant transformé en une «idole» par les journalistes qui soutiennent le rejet du plan Annan et par tous les agents de «l’espace patriotique», qu’ils viennent du PASOK, de la droite ou de l’extrême droite. La tentation est grande pour Tsipras aussi : rechercher une solution au fort déclin de son parti, en prenant une direction nouvelle vers une politique ethno-patriotique. On repère déjà dans certaines librairies et salles de conférences le contenu «patriotique» de certaines publications et la présence d’un éventail politique composé d’amis des Etats-Unis, de «patriotes» traditionnels, d’éléments de l’ancien pasokisme et d’une partie importante de SYRIZA. Un phénomène qu’on ne devrait pas sous-estimer…

2. Cette situation délicate se complexifie davantage suite à la dimension géopolitique de l’extraction d’hydrocarbures dans la Méditerranée de l’Est et à l’instauration déclarée des Zone Economiques Exclusives (ZEE).

Certains parlent de l’application du Droit international de la mer. Cela n’est que pure naïveté. Ce n’est que le résultat d’un pur rapport de forces. Ce n’est pas par hasard que les cartes de ZEE furent rendues publiques par l’Etat d’Israël, puis avalisées par Chypre et l’Egypte.

Il est révélateur que l’Etat grec – sous les gouvernements successifs de Karamanlis, de G. Papandreou, d’A. Samaras et d’A. Tsipras – n’ait pas reconnu officiellement ce partage, et ait choisi de ne pas déclarer de ZEE grecque.

Le «spécialiste nationaliste» Th. Kariotis a expliqué la raison dans les colonnes du quotidien Kathimerini: ce serait, dit-il. un crime contre la nation, car cela donnerait à la Turquie le droit de déposer cette question devant la Cour internationale de justice (CIJ siégeant aux Pays-Bas), avec l’espoir légitime d’en tirer deux renversements majeurs: a) la séparation de la mer Egée entre la Grèce et la Turquie, qui est aujourd’hui dans un rapport respectif de 93% à 7%; b) la reconnaissance de la «grande ZEE» de Kastelorizo (île grecque qui se situe à quelque 7 km de la ville de Kas, dans la province turque d’Antalya). Cette zone est d’importance majeure du point de vue stratégique, car elle assure la continuité géographique entre l’Israël, Chypre et la Grèce. Ainsi, à la place du droit international, de grands professeurs comme Th. Kariotis proposent de prendre la voie de la création de faits accomplis par le commencement des recherches et des forages pour le gaz et le pétrole, et par l’avancement du grand projet du gazoduc East Med [7].

2.1. La création des faits accomplis est ce qui se passe déjà dans la Méditerranée de l’Est. La présence de colosses tels qu’ExxonMobil, Total et Eni, la mobilisation militaire des Etats-Unis et de la France et la «surveillance» d’Israël ne laissent pas d’espace pour des illusions concernant qui soutient qui. Le prétendu «espace patriotique», qui se réclamait pendant des années d’une espèce d’anti-impérialisme, se trouve aujourd’hui derrière le char des Etats-Unis, de l’UE et de l’Etat d’Israël.

2.2. Quand on se retrouve devant de potentiels grands désastres – comme la guerre –, s’aligner sur les grandes puissances n’est pas un refuge sécurisé. On se souvient qu’en 1918-22, quand les impérialistes en eurent terminé avec la conquête des territoires du Moyen-Orient auxquels ils avaient vraiment intérêt, ils laissèrent à son sort l’armée grecque. Elle se trouvait alors en retraite désordonnée dans les profondeurs de l’Anatolie, comme traduction de la fin sanglante d’une campagne militaire dans laquelle même les généraux grecs ne croyaient pas… (voir à ce sujet les développements du conflit gréco-turc de 1919 à 1922).

2.3. La logique du conflit est l’escalade. En mer Egée, il y a eu déjà un événement dangereux dont la responsabilité incombe à la Grèce, au large de l’île de Rhodes. Le pouvoir grec ordonna d’inspecter un navire en partance d’un port turc, se dirigeant vers un autre port turc [8]. Il a donc remis directement en question le droit de passage, et flirta avec le blocage naval. Aucun pays – encore moins un pays au littoral important et développé – ne peut pacifiquement accepter un tel développement. En mer Egée, cela aboutit à jouer avec le feu.

3. Dans ces conditions, la priorité absolue de la gauche devrait relever d’une politique antiguerre et anti-impérialiste.

Choisir la paix pour des raisons de principe et soutenir une politique d’amitié et de solidarité avec tous ses voisins est en accord avec la priorité d’un point de vue des intérêts des classes populaires, et nécessaire à une orientation réelle de gauche face à la crise économique et sociale, à laquelle un gouvernement peut répondre par une orientation d’unité nationale «face à l’ennemi historique».

L’abandon de ce point de vue mène nécessairement à un recul sur toute la ligne.

Seulement ainsi peut-on répondre politiquement au gouvernement de Tsipras. Le gouvernement des mémorandums et de la tutelle impérialiste (la Troïka), un gouvernement qui a dans ses rangs des ministres dont l’opportunisme est illimité, tels que Kammenos [9] et Kotzias. (Article paru dans le bimensuel La gauche ouvrière de DEA, courant de l’Union populaire, le 19 juillet 2017. Traduction S. Siamandouras et édition par A l’Encontre)

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[1] Comme on lit dans le quoitidien économique Les Echos: «Total a démarré, le 13 juillet, avec son partenaire ENI (Italie), les opérations de forage pour l’exploration du champ Onisiforos, au large des côtes de l’île. Une opération à haut potentiel, «l’une des explorations les plus critiques de l’année dans le monde», avait estimé le cabinet IHS Markit en début d’année.» Anne Feitz, «La Méditerranée, ce nouvel eldorado gazier» {25 juillet 2017)

[2] Tous ces Etats ont des intérêts liés au gaz dans la région. Comme on lit dans Les Echos: «Les grandes découvertes dans la région ont commencé en 2009 et 2010 au large d’Israël, avec les gisements de Tamar, puis du champ géant Léviathan, par la compagnie américaine Noble Energy, associée à la société locale Delek. Elles se sont poursuivies en 2011 à Chypre, où Noble a aussi trouvé le vaste champ Aphrodite. La découverte de Zohr par l’italien ENI en Egypte, en 2015, a achevé de convaincre les compagnies que la zone pouvait être un nouvel eldorado gazier». Eni est aussi associé à BP –multinationale britannique- (10 %) et au russe Rosneft (30%) (op.cit.).

[3] Le plan a pour nom celui de l’e secrétaire des Nations unies Kofi Annan. Il proposait un système fédéral où les deux communautés seraient représentées. Il fut soumis par référendum aux deux populations chypriotes le 24 avril 2004. Les Chypriotes turcs ont voté en faveur de ce plan à 64,90%, par contre 75,83 % des Chypriotes grecs ont voté contre, parce que le plan ne prévoyait pas le retour de tous les réfugiés chypriotes grecs dans la partie nord, ni l’expulsion complète des colons turcs, ni la démilitarisation totale de l’île. En outre, le plan laissait intactes les deux bases britanniques sur l’île.

[4] N. Kotzias est l’actuel ministre des Affaires étrangères de la Grèce. Il est professeur en sciences politiques et relations internationales et européennes à l’Université du Pirée. Antérieurement, il avait été un cadre connu du KKE (PC grec) dans les années 1970-80 (notamment membre fondateur de la Jeunesse du parti – KNE – et de son institut des études marxistes – KME; et enfin membre du comité central du KKE). Il fut par deux fois condamné par la Junte militaire (1967-1974). Il se retrouva par la suite à la tête du think tank du PASOK (ISTAME), avant de soutenir SYRIZA. En 1992, il entre au ministère des Affaires étrangères en tant que consultant. Il reste jusqu’en 2008, et en sort avec le grade d’ambassadeur. Conseiller de Georges Papandreou (PASOK) en 1996 lorsqu’il était vice-ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement de Costas Simitis, PASOK, Premier ministre de 1996 à 2004. Il reste son conseiller proche jusqu’en 2009, mais il y a rupture entre les deux hommes quand il n’est pas nommé aux Affaires étrangères du gouvernement Georges Papandreou (octobre 2009-11 novembre 2011).

[5] Référence au traité de garantie signé à Nicosie le 16 août 1960 (et précédé par les accords de Zurich du 11 février 1959 et les accords de Londres du 19 février 1959). Selon ce traité, qui officialise l’indépendance de Chypre, les trois puissances garantes – Royaume-Uni, Grèce et Turquie – ont établi un droit d’intervention militaire.

[6] Nikos Anastasiadis est l’actuel Président de la République de Chypre. Il est le dirigeant du Rassemblement démocrate, parti conservateur.

[7] D’un coût de 5,8 milliards d’euros, ce gazoduc devrait acheminer le gaz découvert aux larges des côtes chypriotes et israéliennes en Europe en passant par la Grèce puis par l’Italie. Les études de faisabilité sont désormais achevées et, d’après le projet, le gazoduc devrait être opérationnel d’ici à 2025.

[8] L’épisode a eu lieu le 3 Juillet. Lorsque le navire M/V ACT – qui par les autorités grecques était suspecté de trafic de drogue – refusa d’être inspecté, la police des ports grecque ouvra le feu. Selon le capitaine turc, son navire reçut au moins 16 balles.

[9] Ministre de la Défense Nationale du le gouvernement de Tsipras, et Président du parti « Grecs Indépendants », un parti de la droite populiste aux idées xénophobes, homophobes et ultrareligieuses.

Grèce-Turquie. Le gaz, le pétrole dans la Méditerranée de l’Est et le conflit potentiel qui s’y rattache et s’ajoute à la question chypriote

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