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Élections en Grèce

Lendemain inquiétant

Crédit Photo Wikimedia Commons

Après la victoire de la Nouvelle Démocratie (ND) le 21 mai, on pouvait espérer pour ces nouvelles élections législatives que la gauche, sévèrement battue, allait opposer à Mitsotakis une dynamique d’unité minimum contre la droite et les fascistes qu’elle remet en selle.

Faute du moindre sursaut, la droite confirme sa victoire et va pouvoir poursuivre sa destruction des acquis et des valeurs démocratiques.

Un boulevard pour Mitsotakis and Cie

Certes, la victoire de ND est moins forte qu’espéré par certains : avec 40,5 %, elle perd 0,15 % et 290 000 voix par rapport à mai. Mais elle atteint l’objectif d’une majorité de députéEs (158, pour un seuil de 150) et a promis de « se mettre au travail » illico : universités privées, privatisations à outrance, confiscation de logements pour dettes, sur-tourisme… On a pu lire que ND séduisait par un apport de stabilité : sur fond de vie chère et de casse des services publics (d’où la catastrophe ferroviaire de Tèmbi), c’est tout le contraire ! Les menaces pour les travailleurEs et les jeunes sont d’autant plus fortes que le fiston Mitsotakis concentre des pouvoirs exceptionnels avec le soutien du grand patronat et que sa politique « à la chilienne » lui a fait placer à des postes clés des militants d’extrême droite, ultralibéraux et antidémocrates.

La campagne électorale de ND s’est appuyée sur un discours raciste et nationaliste crapuleux — un candidat s’est réjoui de la mort des centaines de réfugiéEs qui sinon « seraient venus voler ». Et une ouverture décomplexée à l’extrême droite a eu comme résultat soit le soutien de fascistes à ND, soit une publicité pour des groupes par ailleurs inexistants, comme Niki ou Spartiates, relayée par les réseaux talibans orthodoxes ou les messageries. Résultat : 3 groupes obtiennent au total 12,8 % et 34 députés, dont Spartiates, promu depuis sa prison par l’un des assassins en chef d’Aube dorée. Face à ce poison, pas encore structuré sur le terrain, la relance du mouvement antifasciste est cruciale.

Profonde défaite de la gauche

Toutes les composantes de la gauche ont perdu des voix : – 26 000 pour le KKE (PC grec) qui augmente un peu son pourcentage à 7,7 %, – 21 000 pour Mera (Varoufakis, 2,5 %) non élu. La coalition anticapitaliste Antarsya perd la moitié de ses voix (16 000 voix), passant de 0,5 à 0,3 %. C’est Syriza qui connaît la plus significative défaite : en perdant depuis mai 260 000 voix (désormais à 17,8 %), il perd en tout 860 000 voix depuis 2019. Certes, il reste le 1er parti d’opposition, mais son avenir devient alarmant, même si dans les banlieues populaires, il reste autour de 20 à 22 % (le KKE à 11-12 %). L’un des éléments de cette nouvelle défaite à gauche, c’est une très forte abstention : 47,2 %, soit 800 000 voix en moins depuis mai (sur 9,9 millions d’inscritEs, ce qui veut dire aussi que « seulE » 1 électeurE sur 5 a voté ND !) ! À cela, deux raisons : le départ des jeunes saisonniers pour bosser au service des touristes européens… Et aussi : alors que toute la gauche évoquait le risque d’une ND les mains libres, chaque parti a pourtant continué son offre boutiquière, avec attaques contre le voisin et tir groupé, plus contre Syriza que contre ND. Effet dissuasif prévisible et effectif ! C’est donc en très mauvais état que la gauche aborde une nouvelle étape aux dangers évidents, qui nécessitera vite de fortes mobilisations unitaires si on veut empêcher le « Orbán grec » d’aggraver sa politique au service des oligarques.

Athènes, le 26 juin 2023

Source https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-des-lendemains-inquietants

Responsabilité de l’Europe – Charnier en Méditerranée

Crimes sans châtiment – ou comment l’UE transforme la Méditerranée en charnier liquide

Le naufrage du 14 juin en mer Ionienne est venu s’ajouter à la longue série noire de tragédies similaires dont une partie seulement bénéficie de couverture médiatique, ou même d’un quelconque signalement. Avec sans doute plus de 650 morts (104 survivants sur un total de 750 à 800 personnes à bord), ce naufrage est d’ores et déjà le second plus meurtrier jamais enregistré en Méditerranée, après celui du 19 avril 2015 (plus de 900 morts) au large des côtes libyennes mais dépassant la « tragédie de Lampedusa » d’octobre 2013 (366 corps retrouvés).

Pourtant, aussi terrifiantes soient-elles, ces tragédies ne représentent qu’une fraction des pertes humaines occasionnées par les traversées de la Méditerranée que tentent quotidiennement réfugié·es et migrant·es venant du Sud global à bord d’embarcations de fortune. Les estimations varient mais ce qui est certain c’est qu’elles se comptent par dizaines de milliers rien que pour la dernière décennie : 27000 depuis 2014 selon Missing Migrant Project, entre 17 et 18000 pour la période 1993-2014 selon d’autres estimations, parmi les plus modérées. Il s’agit donc d’une véritable hécatombe, qui s’est produite et se déroule quotidiennement, sans que cela soulève d’émotion particulière en dehors d’événements perçus comme exceptionnels à l’instar des naufrages évoqués ci-dessus.

Au-delà de la comptabilité macabre, il y a bien sûr la question des responsabilités politiques. Celles des États bien entendu, mais s’agissant de notre continent, celle de l’instance qui définit dans le détail et met en œuvre le cadre d’ensemble, à savoir l’Union européenne (UE). Car, contrairement à ce qui est souvent dit les frontières européennes n’ont pas toujours été létales pour les populations venues du Sud, et, en tout cas, certainement pas à l’échelle à laquelle les opinions publiques se sont habituées depuis des décennies. Le phénomène cesse d’être marginal à partir de 1990, lorsque commencent à se mettre en place les dispositifs de l’espace Schengen, et il ne prend de l’ampleur qu’à partir de 1995, lorsque le dispositif s’applique pleinement.

C’est donc la politique dite d’ « externalisation des frontières », revers de la « libre circulation » (fort relative) à l’intérieur de celles-ci qui, en réduisant drastiquement (et de façon croissante), les voies d’accès régulières aux Etats-membres de l’UE pour les personnes venant en particulier du Sud global a conduit à des trajets de plus en plus dangereux et mortels. La méthodique construction de ce qu’on appelle couramment l’« Europe forteresse » s’est ainsi traduite par une politique délibérée de « laisser mourir » à une échelle de masse.

Cette politique est désormais justifiée par la « promotion de notre mode de vie européen » selon la dénomination officiellement adoptée par l’UE pour désigner le domaine au sein duquel prend place la politique d’asile et de migration. Implicitement mais non moins clairement, une vie non-européenne, en particulier si elle est non-blanche et/ou non-chrétienne, peut passer par pertes et profits, au nom de la défense des prétendues « valeurs » qui fondent l’« Europe » telle que les divers traités du néolibéralisme constitutionnalisé l’ont façonnée au fil des décennies.

 À vrai dire, une telle escalade meurtrière ne saurait surprendre de la part d’une construction issue d’un continent d’où est partie l’expansion coloniale et impérialiste, avec le cortège d’horreurs qui l’a accompagnée. C’est de cette Europe que parlait Frantz Fanon quand il écrivait, en conclusion des Damnés de la terre : « Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue ‘aventure spirituelle’ elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle. (…) L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse. Elle ne s’est montrée parcimonieuse qu’avec l’homme, mesquine, carnassière, homicide qu’avec l’homme. »

C’est avec cette Europe – et avec cet « Occident »-là – qui aujourd’hui encore osent parader en modèles de morale et de civilisation sur la scène internationale, qu’il nous faut radicalement et définitivement rompre.

Pour notre commune humanité, il y a urgence.

Stathis Kouvélakis

Athènes, 16 juin 2023, manifestation de protestation contre les politiques de migration et d’asile

Source https://www.contretemps.eu/crimes-frontex-europe-exil-migrations-morts-grece-naufrages/

Infos Grèce par Yannis Youlountas

Prison pour Rouvikonas et autres nouvelles, ces dix derniers jours par Yannis Youlountas ·

Bonjour,

Quelques nouvelles de Grèce où nous nous trouvons encore, alors que plusieurs de nos compagnons de convoi viennent de repartir en France et que d’autres viennent à l’instant d’arriver. Depuis une dizaine de jours, l’actualité s’accélère ici.

1- Procès de Giorgos Kalaïtzidis et Nikos Porgiotis à Athènes :
TROIS ANS ET DEMI DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE ROUVIKONAS !

2- Révélations du New York Times (vidéo) qui confirment ce que nous disions :
L’ÉTAT GREC ASSASSIN EXPULSE DES ADULTES ET DES ENFANTS MIGRANTS SUR DES EMBARCATIONS PRÉCAIRES !

3- Résultats des élections législatives :
ABSTENTION RECORD EN GRÈCE, REFUS MASSIF DU SYSTÈME POLITIQUE, LA JEUNESSE ABSENTE DES URNES, TSIPRAS DÉFINITIVEMENT GRILLÉ

4- Suite du convoi solidaire dans les lieux autogérés en Grèce :
MERCI, MILLE FOIS MERCI POUR VOTRE SOUTIEN !

5- Quatrième film documentaire en préparation :
NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES SORTIRA DURANT L’HIVER

1- Procès de Giorgos Kalaïtzidis et Nikos Porgiotis à Athènes :

TROIS ANS ET DEMI DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE ROUVIKONAS !

Deux membres du groupe anarchiste Rouvikonas viennent d’être condamnés lourdement pour avoir repeint en rouge et noir le parlement grec le 21 mai 2019.

Il y a quatre, la procédure avait rapidement été reportée sous la pression internationale, les ambassades de Grèce ayant été prises d’assaut sous différentes formes dans de nombreuses régions du monde durant le mois de juin 2019, à commencer par celle de Paris dès le 27 mai (photo ci-dessous).

Quelques semaines plus tard, en septembre 2019, la droite se ridiculisait à son tour. Le nouveau président du parlement, Konstantinos Tasoulas (à gauche sur la photo ci-dessous), annonçait en grande pompe « Une ligne… Maginot contre Rouvikonas » pour « empêcher les anarchistes de revenir. » À la demande du nouveau premier ministre Kyriakos Mitsotakis et de nombreux parlementaires anxieux, le président du parlement s’était réuni avec le chef de la police, Michalis Karamalakis (à droite sur la photo ci-dessous), et plusieurs « experts » pour mettre en place « un dispositif dans le but de renforcer la protection des députés et du lieu où ils se réunissent. » Le projet ? Une augmentation du nombre de caméras et de policiers autour du bâtiment, mais aussi des obstacles extérieurs supplémentaires, ainsi qu’une amélioration de l’arsenal à l’intérieur des lieux, au cas où il serait « pris d’assaut par les anarchistes. » Résultat : un grand éclat de rire en Grèce pour le choix de ce symbole, car on se rappelle que la ligne Maginot avait été un échec complet !

Finalement, un procès bâclé s’est déroulé ces derniers jours et le tribunal d’Athènes s’est dépêché de rendre son verdict durant les derniers jours de la campagne électorale contre les deux membres de Rouvikonas ! À la surprise générale, les trois juges ont décidé de frapper très fort : trois ans et demi de prison, pour un peu de peinture et quelques fumigènes!

Certes, Mitsotakis s’est immédiatement frotté les mains et s’en est servi durant la fin de sa campagne, mais rappelons que c’est sous le gouvernement Tsipras du printemps 2019 (avant qu’il soit battu par Mitsotakis en juillet 2019, que les poursuites ont été déclenchées contre les deux membres de Rouvikonas (qui demandaient simplement que les droits fondamentaux du prisonnier politique Dimitris Koufodinas soient respectés). À l’époque, les mots de Tsipras avaient été très durs, appelant à une « condamnation lourde et exemplaire » et ajoutant : « Une telle action de vandalisme est complètement antidémocratique et n’a rien à voir avec les luttes sociales ». Jusque-là, Mitsotakis accusait parfois Tsipras de protéger Rouvikonas : une rumeur absurde, bien sûr, mais à laquelle croyaient certains naïfs. Tsipras avait sans doute voulu se démarquer, un mois et demi avant les futures élections législatives du 7 juillet 2019.

Les libertaires avaient aussitôt réagi à ces propos avec des visuels comme celui-là sur Internet : « Quelles traces laissent les actions contre la « démocratie » ? De la peinture ! Quelles traces laissent les actions de la « démocratie » ? Faim, Pauvreté, désespoir, suicides, chômeurs, morts » (image ci-dessous).

Voilà pourquoi, aujourd’hui, le mouvement social en veut tout autant à Syriza qu’au parti de droite Nouvelle Démocratie pour cette procédure démesurée et cette sentence brutale contre les deux militants antiautoritaires. À la veille des élections, Giorgos Kalaïtzidis et d’autres membres du mouvement social ont publiquement appelé à boycotter Tsipras, dissuadant ceux qui envisageaient de pousser discrètement pour faire tomber Mitsotakis. Finalement, l’échec total de Tsipras ce dimanche est aussi lié à cette affaire. Même si les voix des révolutionnaires sont rares et peu nombreuses, en Grèce comme ailleurs, cela a clairement participé au refus de beaucoup de jeunes proches du mouvement social de se déplacer. Et puis surtout, personne en Grèce n’a oublié la violation du résultat du référendum de juillet 2015 par Tsipras sous la pression des principaux dirigeants européens. Rares sont ceux qui lui pardonnent. Pour beaucoup, Tsipras est définitivement grillé et ne reviendra plus jamais au pouvoir.

Sur quel principe le jugement du tribunal d’Athènes se base-t-il pour condamner aussi lourdement les deux membres de Rouvikonas ? Il existe en Grèce une vieille loi qui qualifie de crime toute profanation d’un monument historique. Hors, cette loi n’a jamais été utilisée. Et elle ne concerne que les monuments antiques ou médiévaux régulièrement entretenus par les services d’archéologie. Il se trouve que le parlement n’en fait pas partie : il est très récent et n’a aucune spécificité dans ce domaine. Durant le procès, l’avocate de Rouvikonas a parfaitement montré, preuves à l’appui, que le batiment centenaire n’est pas du tout suivi par les services d’archéologie. Elle a également rappelé qu’un des deux membres de Rouvikonas poursuivis n’a pas été identifié avec certitude. Il y a quelques jours, le procureur lui-même a proposé aux juges de requalifier le crime en délit, avec les conséquences que cela implique, en l’occurrence une condamnation beaucoup plus légère.

Mais, dans un climat politique délétère, en particulier une surenchère de discours sécuritaires qui a profité à la droite, les trois juges ont décidé de maintenir la qualification de « crime par profanation de monument historique » et ont finalement condamné à trois ans et demi de prison ferme les deux militants (l’amende est de 26400 euros).

Bien sûr, les deux membres du groupe anarchiste vont faire appel. Pour l’instant, ils sont encore en liberté, parmi nous. Mais la brutalité de l’État montre à quel point la situation s’est encore tendue ces derniers mois en Grèce, un peu comme en France, avec une répression sans cesse plus menaçante. Pour l’instant, cela ne freine pas le groupe dans ses nombreuses actions, un peu partout à Athènes et ailleurs, bien au contraire ! Le groupe a même essaimé dans toute l’Attique (cf carte) et les actions se sont multipliées cette semaine.

Dans ce contexte kafkaïen, toute initiative de solidarité à l’égard des membres de Rouvikonas condamnés sera la bienvenue : action, texte, photo, vidéo, soutien financier ou politique… Ou ne serait-ce qu’en relayant l’info. Merci d’avance !

Parmi les chansons de soutien à Rouvikonas, en voilà une francophone, signée Sid (qui est déjà venu en convoi avec nous) :
https://soundcloud.com/user-752405251/rouvikonas

Présentation vidéo de Rouvikonas : https://youtu.be/342ZzVVCm70

 

.2- Révélations du New York Times (vidéo) qui confirment ce que nous disions :

L’ÉTAT GREC ASSASSIN EXPULSE DES ADULTES ET DES ENFANTS MIGRANTS SUR DES EMBARCATIONS PRÉCAIRES !

Autre événement à la veille des élections grecques : le New York Times a choisi ce moment pour diffuser une preuve formelle des renvois d’exilés par la police grecque sur des embarcations précaires. Une pratique à la fois illégale et dangereuse. Une atteinte à la vie des personnes : adultes et enfants.

Voici la vidéo :
https://www.nytimes.com/2023/05/19/world/europe/greece-migrants-abandoned.html

Visible également ici : https://youtu.be/izf8KBLPYQ8

Malheureusement, selon plusieurs observateurs, cette vidéo n’aurait pas affaibli la candidature de Mitsotakis à sa réélection, bien au contraire. En effet, il semble qu’elle lui ait permis de racoler dans les rangs de l’extrême-droite. Des anciens leaders d’Aube Dorée souhaitaient qu’aucune voix n’aille à Mitsotakis (suite à leur impossibilité de se présenter aux élections). Mais l’image de migrants renvoyés brutalement a probablement séduit les anciens électeurs d’Aube dorée, aux dires de plusieurs journalistes, amplifiant ainsi le score du premier ministre sortant. La construction de l’immense mur à la frontière de la Turquie a également pesé en faveur d’un puissant report des voix de l’extrême-droite sur Mitsotakis.

 

Au fil des années, la condition des migrants et des réfugiés ne cesse de se détériorer en Grèce, à la porte de l’Europe. Nos lieux autogérés sont sans cesse harcelés, menacés ou expulsés. Mais on ne baisse pas les bras et les squats et collectifs d’accueil continuent de résister avec beaucoup de courage et de persévérance, parfois en modifiant un peu leur projet initial, par exemple en jumelant l’accueil des exilés et l’accueil logistique des réunions de collectifs de luttes (c’est par exemple ce que fait actuellement le Notara 26, à Exarcheia). Cela permet d’affirmer encore plus la dimension politique de nos squats de réfugiés/migrants en tant que membres à part entière du mouvement social, mais aussi cela encourage les organisations et groupes amis à veiller un peu plus sur les squats menacés d’expulsion : les soutenir et les protéger autant que possible.

Dernière minute :

Une embarcation de migrants a chaviré avant-hier au large de Mykonos. 17 personnes essayaient de rejoindre l’Italie depuis la Turquie : 11 hommes, 5 femmes et une fillette de 7 ans. Deux hommes ont été sauvés in extremis (un Syrien et un Palestinien). Trois corps ont été retrouvés : un homme et deux femmes. Tous les autres sont portés disparus, y compris la fillette de 7 ans. Les recherches se poursuivent aujourd’hui, en mer et le long des côtes de l’île touristique.

3- Élections législatives dimanche dernier :

ABSTENTION RECORD EN GRÈCE, REFUS MASSIF DU SYSTÈME POLITIQUE, LA JEUNESSE ABSENTE DES URNES, TSIPRAS DÉFINITIVEMENT GRILLÉ

Le parti unique de la droite a atteint les 40%. La gauche a fait un peu plus au total, mais elle a perdu car elle est divisée et très conflictuelle. L’extrême-droite n’est représentée dans le parlement que par le parti identitaire, clérical et complotiste « Solution grecque » (4,5%, 16 députés sur 300). Certes, on est loin du score de Le Pen et Zemmour en France, mais l’extrême-droite grecque est aussi une composante du parti de Mitsotakis jusqu’à son gouvernement : plusieurs de ses ministres sont des transfuges de l’ancien parti d’extrême-droite LAOS. Bref, les idées nationalistes et fascistes sont loin d’avoir disparues en Grèce. Elles sont encore en action un peu partout dans la société, au grand dam de toutes les personnes victimes et discriminées.

Concernant la remontée du PASOK, étonnante vu d’ailleurs en Europe, il faut comprendre que ce parti est l’un des seuls à avoir changé de porte-parole et candidat principal pour le poste de premier ministre. Cette petite remontée du score du PASOK, de 6% à 11% est donc une prime à la nouveauté, alors même que la lassitude est forte à l’égard des autres leaders politiques plus connus qui ont, pour beaucoup, trempés dans d’innombrables affaires.

En légère hausse, le parti communiste KKE (de 5 à 7%) a un peu profité de la chute de Syriza. Mais pas Zoé Konstantopoulou ni Yanis Varoufakis qui ont loupé de peu leur entrée au parlement, en se présentant l’un et l’autre : il fallait 3% des suffrages exprimés et ils n’ont atteint que 2,8% et 2,6%.

Sur quelle île la droite a-t-elle obtenu le score le plus bas ? Cette fois, ce n’est pas en Crète, mais sur l’île d’Icare (Ikaria). Comme le montre la carte ci-dessus, la droite n’a atteint que 19%, derrière le parti communiste (35%) et Syriza (22%).

En Crète, dans le département d’Héraklion, la droite a réuni 35% des suffrages exprimés (c’est la première fois qu’elle dépasse les 30%), l’extrême-droite stagne à 2% (le parti « Solution grecque ») et la gauche plafonne à 60% : Syriza 23% (en très forte baisse), Pasok 22%, KKE 5%, Mera25 3% (Varoufakis), Plesio Elefterias 2% (Zoé Konstantopoulou), autres partis de gauche 5%.

Quel est le premier parti de Grèce actuellement ? L’absention ! Près de 40% de Grecs ont refusé de voter (alors que le vote est censé être obligatoire) et 3% de ceux qui se sont déplacés ont glissé des bulletins blancs ou nuls : par exemple, la photo d’une chèvre dans plusieurs petits villages de Crète (île sur laquelle l’abstention a été plus forte qu’à l’habitude, ce qui a fait très mal à Syriza).

À Kastoria, près de la frontière nord de la Grèce, un mouton a été introduit dans un bureau de vote, scène immortalisée par une photo (ci-dessous) qui a fait le buzz jusqu’à la soirée électorale.

Et maintenant, que va-t-il se passer ? En fait, Mitsotakis ne veut pas d’une majorité relative. Il veut la majorité absolue. Il va donc se représenter le dimanche 25 juin, lors d’une seconde élection. En attendant, c’est le président de la Cour des comptes, Ioannis Sarmas, qui assure l’intérim. La loi prévoit que pour l’élection suivante, la prime au premier sera activée : jusqu’à 50 sièges en bonus (dans un parlement de 300 sièges). À ses yeux, c’est la garantie d’atteindre non pas seulement 51% des députés, mais 60%… ce qui lui permettrait de modifier la Constitution, projet qu’il caresse depuis longtemps ! Encore un projet autoritaire. Un de plus !

Seule une alliance Syriza-Pasok pourrait contrer la réélection de Mitsotakis le 25 juin. Mais plus personne ne veut s’associer à Tsipras et le nouveau chef du Pasok, Nikos Androulakis, espère percer progressivement jusqu’au pouvoir, en commençant par passer devant Syriza. Bref, de la cuisine politicienne dégoûtante, comme souvent. Un journal d’extrême-gauche présente ce casting comme celui d’un western, avec en titre sur l’affiche : « Le salopard, le traitre et l’ambitieux. »

Pendant ce temps, sur le terrain, des milliers de militants et de militantes mènent d’innombrables luttes concrètes, proposent l’exemple d’une autre façon de vivre ensemble, dans l’entraide, la concertation, l’intelligence collective, la création et la résistance, le respect de nos différences, la liberté de choisir sa voie, l’envie de changer profondément la société et non pas simplement la vitrine d’un système politique complètement à bout de souffle.

Non, je vous assure : Mitsotakis n’est pas apprécié en Grèce. Ce n’est pas vrai. Il est ridicule. Il est la risée des conversations, des caricatures, des détournements de photos… Et tout le monde sait surtout qu’il est pourri jusqu’à la moelle : on ne compte plus les affaires de corruption, d’écoutes téléphoniques illégales, d’entraves à la liberté d’expression, de violences policières, sans oublier le terrible accident de train lié à la privatisation sauvage des services publics sous sa responsabilité, qui a causé 57 morts il y a quelques semaines.

Mitsotakis est encore là parce que beaucoup ne veulent plus jouer à la roue de l’infortune : jeu pernicieux proposant des alternatives qui n’en sont pas — ou pas suffisamment. La plupart des médias de masse qui fabriquent l’opinion appartiennent aux milliardaires qui nous exploitent, par conséquent les règles du jeu électoral sont viciées. Les dés de la pseudo démocratie sont pipés. Dans le berceau historique du concept de démocratie (bien que réduite à une élite citoyenne masculine à l’origine), énormément de Grecs répètent en avoir « marre de [ce que beaucoup appellent] la démocratie anglaise » (démocratie représentative).

Il devient urgent de prendre nos vies en mains, de passer à la démocratie directe ou mieux encore : le fruit de la conscience politique n’est peut-être pas encore mûr, mais l’urgence est là, criante, dans tous les domaines. Et nous œuvrons ensemble, de toutes nos forces, dans ce sens. Pour montrer que cette voie utopique est non seulement possible et désirable, mais aussi indispensable.

4- Suite du convoi solidaire dans les lieux autogérés en Grèce :

MERCI, MILLE FOIS MERCI POUR VOTRE SOUTIEN !

Beaucoup de camarades et compagnons de voyage ont été retardés par leur engagement dans les luttes en France et, encore plus, par une avalanche de soucis de santé. Malgré tout, les fourgons solidaires arrivent tant bien que mal, au fil des semaines, dans différentes régions de Grèce ! Une par une ou deux par deux, les arrivées se succèdent. Non seulement nous avons réussi à livrer la plus grande partie de ce que nous avons collecté en France (et un peu en Suisse et en Belgique), mais nous avons aussi effectué à plusieurs reprises des livraisons d’huile d’olive et de fruits et légumes de Crète, achetés à des paysans compagnons de luttes, grâce à vous !

 

Nous avons également transmis des soutiens financiers aux assemblées des lieux et collectifs (quand nous le pouvions) et nous sommes aussi allés faire des courses dans plusieurs villes accompagnés des mandatés de lieux ou collectifs dans le besoin, en utilisant nos fourgons pour transporter les achats nécessaires, parfois volumineux, ou encore pour aider à effectuer des déménagements, sans oublier le ramassage de mobilier donné à l’autre bout d’une même ville, mais qu’il nous restait à acheminer.

Parmi les nouveaux lieux aidés, nous avons apporté un soutien financier au squat Botanikos Gypos (« Jardin Botanique ») à Petroupoli, au nord d’Athènes. Ce lieu autogéré formidable a subi une attaque fasciste il y a un mois : tags nazis sur les murs extérieurs, cris et menaces dans le hall d’entrée…). Le squat Botanikos Gypos vous sera présenté, parmi d’autres, dans le prochain film documentaire, y compris les serres autogérées attenantes au bâtiment principal qui participent à ce projet original et prometteur.

Nous avons aussi participé à des tables rondes, des concerts, des animations, des chantiers solidaires, des rencontres-débats sur divers sujets, notamment avec Rouvikonas au K*VOX (photos), au Notara, mais aussi ailleurs sur le continent et en Crète, dans l’ouest et le sud de l’île. Et ce n’est pas fini !

Si jamais vous avez prévu d’aller en Grèce durant l’été (par la route et par ferry), contactez-nous : car nous avons encore quelques cartons en attente dans plusieurs régions de France (pas beaucoup et ce sont les moins urgents, mais ce serait bien qu’ils puissent profiter de votre voyage. Sinon, ne vous inquiétez pas, on se débrouillera autrement durant l’automne (surtout ne faites pas le voyage exprès pour ça).

Si vous voulez donner un coup de pouce financier, vous savez comment le faire. C’est toujours pareil : virement, paypal ou chèque.

1- Pour effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »

2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
https://www.paypal.com/donate/?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY

3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues

Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80

Et surtout n’hésitez pas à nous faire savoir à quoi ou à qui vous souhaitez que votre soutien soit transmis (frais de Justice de militant-es, cuisines solidaires, aide aux exilé-es…). On a l’habitude 🙂

5- Quatrième film documentaire en préparation :

NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES SORTIRA DURANT L’HIVER

Tout d’abord, on vous le répète : inutile de nous demander l’autorisation pour diffuser nos films, en particulier pour financer les caisses de grèves ou des frais de Justice. Tous nos films sont à votre entière disposition, en creative commons, à votre service pour faire réfléchir le public et soutenir les luttes en France aussi. Plusieurs dizaines de projections de nos trois films ont eu lieu depuis février. Servez-vous ! Ne nous demandez pas notre accord ! Nous sommes nos propres pirates !

Après Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’Amour et la Révolution, le quatrième opus sortira l’hiver prochain : Nous n’avons pas peur des ruines témoignera de la période de juillet 2019 à aujourd’hui. Le tournage a repris ces derniers mois, mais se termine actuellement. Le montage reprend également, une dernière fois. On avance bien, en bonne compagnie ! Et, comme vous le découvrirez, avec de belles surprises et de superbes musiques, donc plusieurs écrites pour le film.

En attendant, bonnes luttes ! Tenez bon !

De tout cœur avec vous depuis la Grèce, avec nos camarades et compagnons grecs, migrants et convoyeurs !

Vive la Sociale !

Yannis Youlountas po/ les membres de l’action

 

VioMe La commande groupée 2023

Le Comité Grenoblois Grèce-Austérité-Grenoble a tenu une permanence ce vendredi 26 mai et samedi 27 mai 2023 pour le retrait des marchandises reçus dans le cadre de la commande groupée 2023 (336 kg représentant 1 790 €) pour soutenir les VioMe.

Le Comité remercie les 25 personnes ou structures qui ont participé et espère pouvoir vous donner rendez-vous en 2024.

 

 

 

 

Gouvernement provisoire en Grèce

Ioannis Sarmas a prêté serment en tant que Premier ministre intérimaire

25 mai 2023   

Le président de la Cour des comptes, Ioannis Sarmas, a prêté serment en tant que Premier ministre d’un gouvernement intérimaire qui conduira la Grèce au second tour des élections, le 25 juin.

Peu après 16 heures, M. Sarmas, 66 ans, a prêté serment au palais présidentiel en présence de la présidente de la République hellénique, Katerina Sakellaropoulou.

Mme Sakellaropoulou lui avait donné l’ordre de former un gouvernement intérimaire mercredi, à la suite de ses réunions avec les dirigeants des trois principaux partis issus des élections du 21 mai. Tous les dirigeants ont successivement refusé les mandats exploratoires pour former un gouvernement….

Mitsotakis lui a souhaité « bonne chance » dans ses fonctions avant de lui remettre un volumineux dossier bleu contenant « toutes les informations nécessaires à l’exercice de ses fonctions et à l’information sur les questions et obligations nationales et internationales actuelles », comme il l’a indiqué.

Ioannis Sarmas devrait être le premier ministre intérimaire pendant les 32 prochains jours, si le second tour des élections du 25 juin produit un gouvernement et plus longtemps si un troisième tour est nécessaire.

Selon les médias, le gouvernement intérimaire sera composé d’une vingtaine de ministres dans les ministères essentiels et d’aucun ministre adjoint ou suppléant.

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2023/05/25/sarmas-sworn-n-caretaker-pm/

Grèce : lourde défaite de la gauche plus que jamais divisée

Les élections législatives du 21 mai ont déjoué tous les pronostics, qu’il s’agisse de l’abstention, du score de la gauche ou des résultats du parti au pouvoir.

On attendait une forte abstention, mais elle s’est maintenue aux niveaux de septembre 2015 et 2019. On donnait très peu de chances de victoire à Syriza mais on attendait un écart de sept points maximum entre la Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis et Syriza. Il est de 20 points, avec une écrasante victoire de ND à environ 40,7 % (39,8 % en 2019), et un recul très inquiétant de Syriza, qui passe de 31,5 % en 2019 à 20 %, perdant environ 600 000 voix. Même si ND frôle la majorité en sièges, le plus probable en ce dimanche soir, en fonction des résultats définitifs, est qu’elle refusera un gouvernement de coalition et que de nouvelles élections auront lieu début juillet, avec un bonus au premier parti pouvant aller jusqu’à 50 députéEs.

Les premiers enseignements

Alors que sa politique de casse ultra-libérale a provoqué colères et mobilisations populaires, que les atteintes aux droits démocratiques sont des plus inquiétantes, les ressorts de la victoire de ND sont à l’évidence son contrôle de la plupart des grands médias, une campagne raciste et emplie de mensonges (Tsipras présenté comme complice des nazis… par un gouvernement qui a des ministres fascistes !). Mais un élément déterminant a été la division active de la gauche, faisant feu avant tout sur Syriza et s’entre-accusant systématiquement en mettant au second rang la table rase sociale de ND.

Syriza est le grand perdant de ces élections, n’étant en tête que dans une seule région au lieu d’une dizaine en 2019. Une partie de ses électeurs qui avaient quitté le Pasok après son alliance avec ND et un parti fasciste pour appliquer les mémorandums, semblent être retournés au Pasok, pourtant plus droitier que jamais mais qui regagne un peu (11,5 % contre 8,1 en 2019). Il faudra étudier où sont allées toutes les voix perdues, mais il est certain que Syriza dans l’opposition a continué à décevoir, étant bien peu présent dans les mobilisations. Cela dit, il reste perçu comme le principal parti de gauche pour dire non à Mitsotakis et ND. Par contre, ce résultat pourrait accroître la fragilité organisationnelle et militante de Syriza.

Éclatement à gauche

Dimanche soir, le KKE (PC grec) était satisfait, comme si le résultat catastrophique n’allait pas renforcer l’attaque de la droite extrême de Mitsotakis. Certes, en obtenant 7,2 % (5,30 en 2019), il progresse un peu nationalement, bien plus fort dans les banlieues ouvrières, mais son objectif de devenir le troisième parti est raté et, surtout, il n’ouvre aucune autre perspective politique que continuer à voter pour le KKE.

Comme attendu, le seuil de 3 % pour obtenir des députéEs, maintenu avec ces élections à la proportionnelle, fait passer de 8 % à 15 % les voix non représentées au Parlement. Au moins 6 % sont des voix de gauche, réparties entre l’Unité populaire, MeRA25 (Varoufakis), Plevsis (Zoé Konstantopoulou) et d’autres groupes ayant moins de 1 %. Parmi eux, nos camarades d’Antarsya qui, avec 0,5 %, ne font que maintenir un score qui n’aidera en rien à relancer une dynamique pour la construction d’une gauche anticapitaliste large, plus que jamais nécessaire face au fort recul de toute la gauche (environ 43 % en 2019, et 33 % en 2023).

Urgence d’une relance à gauche

Pour couronner le tout, notons le score du groupe fasciste Elleniki Lyssi (4,5 %). Un autre groupe fascisant frôle 3 %, et d’autres sont à moins de 1 %, ce qui, ajouté au poids de l’extrême droite dans ND, forme un ensemble des plus menaçants. Raison supplémentaire pour que la gauche prenne enfin ses responsabilités avant les probables élections de juillet : face à la politique néolibérale dure d’une droite affairiste et répressive liée à l’extrême droite, il faut mettre fin à la division suicidaire autour de campagnes communes, par exemple contre les refoulements de réfugiéEs ou contre les confiscations par les banques des ­logements de modestes propriétaires.

À Athènes

https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-lourde-defaite-de-la-gauche-plus-que-jamais-divisee

L’insécurité alimentaire des réfugiés augmente en Grèce

Asile et migration – L’insécurité alimentaire des réfugiés augmente en Grèce, dénonce une ONG

(Belga) L’insécurité alimentaire des réfugiés et demandeurs d’asile augmente en Grèce, dénonce lundi l’ONG INTERSOS qui fournit des repas à Athènes à plus de 5.000 exilés.

Asile et migration - L'insécurité alimentaire des réfugiés augmente en Grèce, dénonce une ONG
Selon le rapport publié lundi, 59% des personnes à qui l’ONG est venue en aide n’avaient accès à suffisamment de nourriture qu’entre une à trois fois par semaine. Ils se trouvaient ainsi dans une insécurité alimentaire sévère selon les critères de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Depuis février 2022, 5.932 personnes ont été intégrées au programme « Nourriture pour tous » d’INTERSOS, dont 54% de mineurs. Mais en un an, la liste d’attente a quadruplé et plus de 2.000 exilés sont dans l’attente de cette aide. « Après la période de Covid-19, de nombreux réfugiés qui travaillaient au noir se sont retrouvés sans aides de l’État, en détresse. Ensuite l’inflation a empiré la situation », souligne Matina Stamatiadou en charge du projet pour l’ONG. « Des enfants vont à l’école le ventre vide et s’évanouissent. Les parents nous disent qu’ils doivent choisir entre payer le loyer et leur offrir de bons repas », ajoute-t-elle. Fin décembre 2022, la fin du programme ESTIA, financé par l’Union européenne et lancé en 2015 pour aider les demandeurs d’asile à accéder à un logement, a également accentué les difficultés des réfugiés. Pour Lefteris Papagiannakis, directeur du Conseil grec pour les réfugiés qui coopère avec INTERSOS dans la mise en place du programme, ce manque d’accès à la nourriture fait « partie d’une même politique en Grèce envers les demandeurs d’asile, qui sont confrontés à la violence aux frontières, à l’isolement dans les camps et aux obstacles systématiques à la protection sociale et à l’intégration ». Depuis son arrivée au pouvoir il y a quatre ans, le gouvernement conservateur grec a durci sa politique migratoire. (Belga)
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Ce que les graffitis athéniens ont à nous dire

Poésie et lutte sur les murs d’Athènes.

Illustration 1Cette ville est à nous de part en part

Athènes est, après les îles grecques de la mer Egée, la porte d’entrée vers l’Europe pour des milliers d’exilés, immigrés, réfugiés venus du monde entier. Véritable melting-pot culturel, elle accueille depuis toujours ceux qui viennent s’y installer durablement, ou ne font qu’y passer en attendant de continuer leur route.

Illustration 2Les violeurs ne sont pas une race à part. Ce sont des hommes de tous les jours.

Illustration 3Visitez Kipseli comme un habitant du coin. Trouvez un job pour 3,5 € l’heure

En Grèce, le salaire minimum est de 780 euros depuis le 1er avril dernier. Pourtant, les prix ne cessent de flamber. Kipseli est un quartier populaire du nord-est de la capitale.

Illustration 4Flics partout, hôpitaux nulle part

Depuis la pandémie de covid, les effectifs des policiers ont été augmentés alors que les soignants ne cessent d’alerter sur leur manque d’effectifs.

Illustration 5Ioanna je t’aime

Illustration 6Réfugiés bienvenue. Touristes allez vous faire foutre!

Illustration 7Sans Zackie, pas de paix

Zak Kostopoulos, ou Zackie, était un militant LGBT tué le 21 septembre 2018 dans le quartier d’Omonia. Passé à tabac par un bijoutier et des passants, bientôt rejoints par des policiers, il est décédé dans l’ambulance qui l’emmenait à l’hôpital. L’affaire a ému le pays entier et Zackie est devenu le symbole de la lutte contre les violences policières et pour les droits des personnes LGBT en Grèce.

Illustration 8Peu importe où on va et ce qu’on porte, on mérite de se sentir en sécurité partout

Illustration 9Merde à la société du spectacle

Illustration 10

Illustration 12Grèce, Turquie, Macédoine, nos ennemis sont les banques et les ministères

Illustration 13Kipseli antifa

Illustration 14Ce qui se passe à Petrou Ralli n’est un secret pour personne / Centre de détention = enfer

Petrou Ralli est le nom du quartier d’Athènes dans lequel se trouve le centre de rétention administrative dans lequel sont enfermés les étrangers en attente d’expulsion. Certains vivent en Grèce depuis des années mais n’ont pas les moyens de renouveler leur carte de séjour. Depuis plusieurs années, des médias indépendants alertent sur les conditions inhumaines dans lesquelles ils sont enfermés: insalubrité, violences policières, harcèlement sexuel.

Illustration 15Le fouet pour les violeurs

Illustration 16Manger de la viande c’est la mort

Illustration 17

Certains yeux voient

Source https://blogs.mediapart.fr/550506/blog/120523/ce-que-les-graffitis-atheniens-ont-nous-dire-1

Grèce : quatre ans de casse ultra­libérale et d’attaques contre les droits


Crédit Photo Le Premier ministre Mitsotakis. Wikimedia Commons

Après moult hésitations, le Premier ministre Mitsotakis junior a fixé les élections législatives au 21 mai. Même si les sondages donnent son parti, Nouvelle Démocratie (ND), en tête, les résultats sont incertains, tant est grande la colère après quatre ans d’ultra-libéralisme et donc de répression et d’attaques contre les droits.

Même si Mitsotakis contrôle la plupart des médias et verrouille l’appareil d’État, il est inquiet. Dans ce climat, la date et la forme des élections sont un enjeu : celles-ci se feront à la proportionnelle — avec un seuil minimum de 3 % pour avoir des députés — mais, sauf entente pour un gouvernement de coalition, devraient déboucher sur de secondes élections qui se feront, elles, selon une loi ND donnant au premier parti un bonus de 20 à 50 députéEs. Ces secondes élections auraient lieu début juillet : Mitsotakis espère ainsi priver de vote quelque 220 000 jeunes travailleurEs saisonniers partis bosser sur les lieux touristiques. Précisons que les sondages mettent Syriza largement en tête chez les jeunes…

Cette manœuvre électoraliste est l’une des innombrables attaques antidémocratiques et antisociales de ce gouvernement de droite extrême, le pire depuis la junte des colonels pour de nombreux GrecQUEs, à tel point qu’il inquiète même les instances européennes quant à ses méthodes, par exemple avec l’affaire des innombrables écoutes, que Mitsotakis tente d’étouffer. Comme par ailleurs la situation économique n’est guère meilleure pour la population que sous les mémorandums, toutes les raisons sont là pour que cette droite radicalisée tombe dès le 21 mai, d’autant que pendant ces quatre ans, les luttes populaires n’ont jamais cessé. Mais on retrouve ici une condition connue : pour faire tomber la droite, quelle alternative à gauche ? Pour ce premier article avant les élections, nous évoquons les quatre ans de ce gouvernement de combat contre les travailleurEs, les migrantEs et les jeunes.

Un gouvernement à composition fasciste

On a parlé souvent pour ce gouvernement d’un pouvoir à la chilienne, ultra-libéral et ultra-répressif. La comparaison a du vrai : il fallait le cynisme de Mitsotakis pour mettre à des postes clés, quelques années après les meurtres du groupe nazi Aube dorée, des fascistes certes « recyclés ND », mais dont deux avaient été ministres en 2011 (gouvernement ND-PASOK-Laos) sous l’étiquette du groupe fasciste Laos. Dès son élection en 2019, la ND a ainsi cajolé les électeurs des fascistes et, après la condamnation des meurtriers nazis en 2020, elle les a laissé agir en prison, à tel point que l’un des chefs d’Aube dorée a pu présenter des candidats d’un groupe fasciste reconstitué, que les sondages donnent à 3 ou 4 %…

Quant aux ministres fascistes, leur rôle est important dans le gouvernement : l’un est ministre de l’Intérieur et fabrique des mesures afin que « plus jamais la gauche ne revienne au pouvoir » (ses propres propos) ; l’autre est au Développement et pèse de tout son poids pour la privatisation à tout-va ; le troisième est à la Santé où il systématise la casse de l’hôpital public au profit du privé : dans la plupart des hôpitaux de la région athénienne, 50 % des lits post-opératoires ne fonctionnent pas faute de personnel…

Mais ne nous y trompons pas : les ministres de la droite d’origine « classique » n’ont rien à envier aux ministres d’extrême droite. Que ce soit à l’Éducation, avec la police universitaire et les cadeaux à l’école privée, au Travail, avec une loi anti-syndicale et cassant la journée de huit heures pour offrir au patronat des heures sup gratuites, à la Culture avec une conception Disneyland des sites et musées ou des attaques contre les droits des artistes… Mais aussi une politique migratoire meurtrière et un ministre niant contre l’évidence que les réfugiéEs sont souvent repoussés vers le large. Miser sur le racisme a été et reste un axe prioritaire de Mitsotakis : sa campagne électorale a commencé devant le mur en construction entre la Grèce et la Turquie, pour bien donner le ton.

À Athènes

Andreas Sartzekis

Source http://www.cadtm.org/Grece-quatre-ans-de-casse-ultra-liberale-et-d-attaques-contre-les-droits

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