La plupart d’entre vous connaissent déjà l’usine de VIOME, récupérée par les travailleurs et placée sous leur contrôle. Les travailleurs de VIOME à Thessalonique, en Grèce, se sont opposés au chômage et à la pauvreté en menant une longue lutte pour autogérer l’usine occupée, dans des conditions très défavorables. Depuis 10 ans, ils produisent et vendent des produits de nettoyage écologiques dans les locaux occupés. Ils ont travaillé sur un pied d’égalité, en prenant leurs décisions collectivement par le biais de l’assemblée générale. Dans le même temps, ils ont reçu une grande vague de solidarité de la part de mouvements non seulement en Grèce, mais dans le monde entier, [mouvements] qui ont reconnu leur lutte comme emblématique de la dignité humaine. Cette lutte est devenue un grand exemple de résistance et de praxis préfigurative.
À plusieurs reprises, l’État grec a attaqué l’usine et l’a menacée de fermeture. Le 20 septembre 2023, des représentants de fonds d’investissement ont tenté d’entrer dans l’usine et d’expulser les travailleurs. Viome a été sauvée : Malgré l’opération surprise du fonds et de l’entrepreneur pour démanteler le projet, les travailleurs et les groupes de solidarité se sont rassemblés à l’entrée et ont empêché l’expulsion. Mais rien n’est fini, ils essaieront encore.
Pour résister à cette attaque, il est important de montrer notre solidarité à tous ceux qui ont fait de leur corps un bouclier protecteur contre la cupidité, le profit et la destruction. Il est crucial pour nous, membres de la communauté universitaire qui luttons pour des avenirs alternatifs, de prendre part à cette résistance, en commençant par signer cette déclaration.
Je signe cette déclaration en solidarité avec la lutte des [travailleurs] de VIOME contre la récente attaque visant à les expulser de l’usine qu’ils ont réussi à maintenir en vie au cours des dix dernières années.
Name / Nombre Affiliation / Afiliación Email (optional)
Professor Maria Daskalaki / Oxford Brookes University / mdaskalaki@brookes.ac.uk Dr Dimitra Vladimirou / Coventry University / dimitravlad@yahoo.co.uk Dr Dimitris Pettas / Technical University of Berlin / pettasdimit@gmail.com Prof Denise Kasparian / University of Buenos Aires / dkasparian@conicet.gov.ar Prof Monika Kostera / University of Warsaw, Poland and University of Södertörn, Sweden / kostera@onet.eu Prof Iain Munro / Newcastle University, UK Prof Ignasi Martí / ESADE Business School / ignasi.marti@esade.edu Dr Emmanouela Mandalaki / NEOMA Business School / emmanouela.mandalaki@neomabs.fr Dr. Anastasios Hadjisolomou / University of Strathclyde / a.hadjisolomou@strath.ac.uk Prof Daniel Arenas / ESADE-Universitat Ramon Llull / daniel.arenas@esade.edu Andrew Kilmister / Oxford Brookes University Business School / ackilmister@brookes.ac.uk Dr Guilherme Azevedo Audencia Business School gazevedo@audencia.com Dr Katia Novikova / SWPS University in Warsaw, Poland Prof Chris Land / Anglia Ruskin University, School of Management Professor Yuliya Shymko/ Audencia Business School / yshymko@audencia.com Prof. Bhabani Shankar Nayak / Уniversity for the Creative Arts, UK / bhabani79@gmail.com Dr Ruth Elizabeth / Slater University of Central Lancashire, UK Dr. Dimitris Soudias / University of Groningen / d.soudias@rug.nl Dr Beverly Geesin / Northumbria University, Newcastle Business School Julien Lafaille / Grenoble Ecole de Management / julien.lafaille@grenoble-em.com Prof Jason Glynos / University of Essex, Department of Government Professor Carole Elliott / Sheffield University Management School / carole.elliott@sheffield.ac.uk Professor Marianne Maeckelbergh / University of Ghent, Belgium / marianne.maeckelbergh@ugent.be Jes Fernie / University of the Arts London / j.fernie@csm.arts.ac.uk Professor Marianna Fotaki / Warwick Business School / Marianna.Fotaki@wbs.ac.uk Professor Andreas Chatzidakis / Royal Holloway University of London / Andreas.Chatzidakis@rhul.ac.uk Dr. Marco Gottero / Università degli Studi di Torino / marco.gottero@unito.it Dr Anna Paraskevopoulou / Anglia Ruskin University / anna.paraskevopoulou@aru.ac.uk Professor Lynne Segal / Birkbeck, University of London / l.segal@bbk.ac.uk Professor Carine Bouzir / Neoma business school / carine.chemin-bouzir@neoma-bs.fr Dr. Christina Sakali / Aristotle University of Thessaloniki / christina.sakali@gmail.com Dr. Cagatay Sahin / Ordu University, Türkiye / cedgucansahin@gmail.com Dr Dermot O’Reilly / Lancaster University / d.oreilly@lancaster.ac.uk Dr Stephen Allen / University of Sheffield / stephen.allen@sheffield.ac.uk Aleksandra Hall / University of Ghent / aleksandra.hall@ugent.be Dr Alia Weston / OCAD University / aweston@ocadu.ca Dr Anke Strauß / Eberswalde University for Sustainable Development / anke.strauss@hnee.de Prof Alison Pullen / Macquarie University
Pauvreté énergétique en Grèce : un ménage sur deux réduit sa consommation alimentaire pour payer ses factures d’énergie
Un ménage grec sur deux a réduit ses dépenses alimentaires afin de pouvoir payer ses factures d’électricité et de chauffage, une étude menée par l’Association grecque des consommateurs EKPOIZO dans le cadre du programme européen «Reverter», avec la coopération du Laboratoire de technologie minière et d’exploitation minière environnementale de NTUA (coordinateur du projet) et du Centre pour les sources renouvelables et les économies d’énergie (ENERGY). L’étude a été menée auprès de ménages d’Athènes et d’Attique. 75 % des ménages grecs ont réduit l’utilisation du chauffage et environ 50 % l’utilisation de l’eau chaude Les données de l’enquête montrent l’ampleur de la pauvreté énergétique en Grèce. Il montre qu’une grande partie des ménages sont exposés à un risque de pauvreté énergétique, qui pourrait être atténué par des programmes de valorisation énergétique des logements, qui devraient s’accompagner d’une subvention accrue en faveur des ménages vulnérables sur le plan énergétique, d’une réduction de la bureaucratie et d’informations ciblées sur les programmes et l’utilisation optimale des ressources énergétiques disponibles (énergie verte). En particulier, environ la moitié des ménages déclarent ne pas être en mesure de garder leur maison suffisamment au chaud ou au frais. Un cinquième des ménages ont signalé un paiement tardif de leurs factures d’énergie, tandis qu’environ 5 % ont déclaré avoir récemment subi une coupure d’électricité ou d’essence au cours des 12 derniers mois. En outre, selon les résultats de l’enquête, environ un tiers des ménages signalent des problèmes de santé liés à un chauffage insuffisant et/ou à la présence d’une forte humidité à la maison (36,15 %). Environ 80 % des ménages ont réduit leur consommation d’électricité – plus de 75 % pour le chauffage et environ 50 % pour l’eau chaude – pour pouvoir payer l’énergie au cours des 12 derniers mois. Environ 36 % des ménages consacrent plus de 10 % de leur revenu net aux coûts de l’énergie et 67,23 % des ménages déclarent que les fournisseurs d’énergie ne traitent pas équitablement les consommateurs à faible revenu et, surtout, ne les facilitent pas en leur permettant de régler leurs dettes en plusieurs versements.
Profil socio-économique des participants81 % des ménages se composaient de deux à quatre personnes. En outre, environ un cinquième des ménages interrogés comptaient au moins un membre handicapé ou souffrant d’une maladie de longue durée, et 16,3 % comptaient au moins un membre en chômage de longue durée. Tous les ménages dont le revenu mensuel net est inférieur à 680 euros ont déclaré éprouver de graves problèmes de survie, et environ 75 à 80 % des ménages dont le revenu se situe entre 680 euros et 1 250 euros ont déclaré avoir du mal à joindre les deux bouts. Ce pourcentage tombe à 50-60 % pour les ménages dont le revenu se situe entre 1 251 et 1 950 euros.
Caractéristiques des maisons et des systèmes de chauffage Environ 40 % des maisons ont été construites avant 1980 et n’ont pas de caractéristiques d’isolation de base. 22,6 % ont été construits entre 1981 et 1995, 23,4 % entre 1996 et 2005 et le reste après 2006. 71,42% déclarent posséder une maison, alors qu’il est à noter que 31,9% ont des prêts et des hypothèques. Environ 56 % d’entre eux chauffent leur maison à l’aide de systèmes de chauffage central, principalement au mazout (41,1 %) et au gaz naturel (14,5 %). Les ménages restants utilisent principalement des systèmes de climatisation (13,9%), le chauffage individuel au gaz naturel (12,3%) et des appareils électriques (4,6%). Il est intéressant de noter que 9 sur 10 de ceux qui ont le chauffage central au mazout et 8 sur 10 de ceux qui ont le chauffage central au gaz naturel utilisent également des systèmes de chauffage supplémentaires, principalement des climatiseurs (46,09%) et des appareils électriques (25,58%). Environ 2,5 % des participants déclarent qu’ils ne chauffent pas du tout leur maison.
Coût De L’Énergie Environ 20 % des ménages utilisent le système de chauffage moins de 2 heures par jour ou pas du tout et 35 % de 2 à 4 heures par jour. En conséquence, plus de la moitié des ménages signalent une température intérieure à la température ambiante recommandée par l’OMS, qui se situe entre 18 et 21 °C. Cette constatation particulière est particulièrement inquiétante, car le pourcentage de ménages déclarant des problèmes de santé dus à un chauffage insuffisant pour une température domestique comprise entre 15 et 18°C est deux fois plus élevé que le pourcentage correspondant pour une température domestique comprise entre 18 et 21°C, tandis que le pourcentage pour une température domestique inférieure à 15°C est environ quatre fois plus élevé. Le coût total moyen de l’énergie par an est d’environ 1.900 euros. Les dépenses énergétiques dépendent de la taille des maisons, du type de système de chauffage et des caractéristiques des ménages, car les ménages au chômage ont tendance à dépenser moins. Difficulté à joindre les deux bouts Dans l’ensemble, 47,5 % des ménages ont déclaré avoir du mal à faire face à leurs dépenses mensuelles et seulement 33,62 % d’entre eux peuvent s’en sortir avec leur revenu actuel, tandis que 10,5 % vivent confortablement. afin de payer les frais d’électricité et de chauffage au cours des douze derniers mois ; un ménage sur deux a réduit ses dépenses alimentairesenviron un ménage sur cinq a coupé les médicamentsquatre entreprises sur cinq ont réduit leurs dépenses en appareils électriques et en éclairageun sur deux sur l’eau chaudetrois ménages sur quatre ont coupé le chauffage domestique,quatre ménages sur cinq ont réduit leurs dépenses de loisirs et trois sur cinq leurs dépenses de voyage.
Aucune donnée n’est disponible sur la période au cours de laquelle l’étude a été menée, mais il convient de rappeler que le gouvernement subventionne les factures d’électricité pour de nombreuses personnes et les factures de chauffage pour quelques-unes depuis l’année dernière.
La Commission européenne a exhorté ses membres à réduire les mesures d’aide à l’énergie en faveur de leurs citoyens d’ici à la fin de l’année 2023.
Une équipe est arrivée à 9h15 à l’usine, accompagnée de la police, pour installer une clôture à l’entrée, à la demande du fonds qui a acquis le terrain vendu aux enchères de Filkeram. Les travailleurs et les solidaires qui gardent l’usine occupée et autogérée, ont empêché la pose de la clôture. Il y a peu, le chef des travaux s’est déclaré dans l’impossibilité de procéder à l’installation de la clôture. Finalement, les représentants du fonds ( l’avocat, l’entrepreneur, l’équipe), après avoir discuté avec les travailleurs présents, se sont retirés et ont déclaré qu’ils donnaient un délai d’un jour.
La solidarité avec BIOME et la mobilisation pour protéger l’usine autogérée sont plus importantes que jamais.
Le ministère de l’Environnement autorise les parcs éoliens dans la forêt incendiée d’Evros
Incroyable! À peine vingt jours se sont écoulés après les incendies destructeurs dans la forêt d’Evros, au nord-est de la Grèce, et le ministère de l’Environnement et de l’Énergie a autorisé les parcs éoliens dans les zones brûlées de l’Evros, dans les zones NATURA 2000, foyer des vautours noirs et autres vautours protégés.
L’incendie d’Evros, devenu incontrôlable pendant deux semaines, a été classé comme le plus important jamais survenu dans un pays de l’Union européenne.
Vidéo postée le 3 septembre : Un vautour noir, stupéfait, est revenu dans la forêt de Dadia après les incendies. Il cherche son nid et sa famille…
Selon un article de la Société grecque d’ornithologie, l’Administration décentralisée de Macédoine – Thrace (ADM-Th) a procédé il y a quelques jours, le 20 septembre, à l’autorisation d’une centrale éolienne (ASPIE) dans la zone brûlée et dans le Zone NATURA (Zone de Protection Spéciale, ZEP) GR1110009 « Complexe Forestier du Sud d’Evros ».
L’autorisation était en fait basée sur la recommandation unanimement positive du Conseil régional des autorisations environnementales (PESPA) de Thrace, qui a outrepassé de manière provocante l’avis négatif de l’OFYPEKA, de l’unité de gestion du delta de l’Evros et des parcs nationaux de Dadia pour le projet spécifique. .
Sur la base des informations issues de la réunion de PESPA, la recommandation positive reposait simplement sur une question pertinente du président de PESPA au directeur général de la politique environnementale (DGPP) du ministère de l’Environnement et de l’Énergie (EEM) qui « a rapporté que le ministère est positif ». avec l’autorisation environnementale du projet », sans aucune documentation et réfutation des positions d’OFYPEKA.
Alors que la société locale en particulier et la société grecque en général sont encore traumatisées par le fait que, pendant deux années consécutives, la majeure partie de l’unique parc national de Dadia a été incendiée, le cynisme et l’indifférence des services administratifs responsables de l’autorisation des projets, qui sont documentés comme étant dangereux pour la vie des oiseaux, est choquant mais aussi exaspérant, a noté la Société d’Ornithologie. I Surtout à une époque où l’habitat critique du vautour noir dans la forêt de Dadia a subi un coup aussi grave et où l’avenir de sa population unique en Grèce est incertain, il est insensé que l’EEM n’ait pris aucune mesure pour réglementer , au niveau local, une activité (installation d’éoliennes) qui constitue une menace sérieuse pour toutes les espèces de vautours.
Le Ministère a entre les mains toutes les études scientifiques et les outils législatifs nécessaires pour une régulation optimale de cette activité dans le sens de la protection des vautours menacés, cependant, dans de nombreux cas, non seulement il ne les consulte pas, mais il les contourne même ! En même temps, cette question de l’AEPO est un maillon dans une chaîne d’autorisations de plus en plus alarmante, principalement de projets RES, qui ont lieu alors qu’il y a un avis négatif de l’OFYPEKA, chargé de procéder à l’évaluation appropriée des effets des projets. sur les espaces NATURA et leurs objets protégés.
Plusieurs permis ASPIE délivrés à l’été 2023 ont été refusés par l’OFYPEKA. En d’autres termes, il semble que les avis de l’OFYPEKA aient désormais une valeur décorative pour la Direction Générale du Ministère de l’Intérieur et des Administrations Décentralisées, même si pour la majorité des projets, l’OFYPEKA est la seule agence qui s’occupe de la bonne évaluation. de leurs effets sur les régions NATURA. La Société a souligné : « Nous considérons qu’il va de soi que l’Administration décentralisée de Macédoine Thrace révoquera immédiatement l’AEPO pour ASPIE MYTAKAS 1 & 2 dans la zone brûlée d’Evros. Néanmoins, les questions posées aux dirigeants du ministère, qui assume également la responsabilité principale des projets situés dans ou affectant directement les zones NATURA, se posent sans effort et nécessitent des réponses claires et surtout des actions claires. source : Société grecque d’ornithologie
PS Pourquoi on se demande ? Le Premier ministre, qui a attribué les incendies au changement climatique, a déclaré récemment que le changement climatique était une opportunité pour le tourisme du pays…
Déclaration commune – Détention illégale et aggravation des conditions : Plus de 4 000 demandeurs d’asile illégalement détenus à Samos et Lesbos
Fait extrêmement inquiétant, les demandeurs d’asile des îles égéennes de Samos et de Lesvos sont illégalement détenus en masse dans des conditions sordides dans des centres fermés d’accès contrôlé (CCEC) financés par l’UE, en attendant que leur demande d’asile soit enregistrée. Suite à la forte augmentation des arrivées de demandeurs d’asile en provenance de Turquie depuis juillet 2023, plus de 4 000 personnes ont été détenues dans les KKEP.
L’arrivée croissante de demandeurs d’asile a mis en évidence l’incapacité des autorités à gérer efficacement cet afflux. En conséquence, une politique de détention automatique et de facto de tous les nouveaux arrivants a été mise en œuvre, conduisant à des violations massives du droit à la liberté consacré à l’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Cette pratique risque de violer l’article 3 de la CEDH qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants et viole à la fois le droit grec et le droit européen, qui stipule que la détention ne doit être utilisée qu’en dernier recours et accompagnée d’un ordre de réservation personnalisé.
Détention illégale de facto
Cette pratique consistant à détenir automatiquement les demandeurs d’asile est illégale pour plusieurs raisons :
1. Cela viole l’exigence selon laquelle la détention doit être utilisée comme mesure de dernier recours. 2. Des personnes sont détenues pendant de longues périodes (environ un mois) sans la décision écrite individualisée légalement requise ni la justification de leur détention. 3. Dans les cas où les requérants reçoivent des documents écrits justifiant leur détention, une ordonnance de « restriction de liberté » est émise au lieu d’un ordre de détention, ce qui ne reflète pas fidèlement la réalité de la détention. 4. La justification de cette détention de facto n’est pas évaluée individuellement, et une justification générale selon laquelle « les procédures d’accueil et d’identification ne sont pas achevées » est systématiquement avancée.
Conditions de détention inhumaines et dégradantes
Les deux KKEP ont soumis les nouveaux arrivants à des conditions inhumaines et dégradantes :
– A Samos, des centaines de personnes ont été confinées dans les « zones d’hébergement temporaire » du KKEP, des espaces fermés avec des conteneurs entourés de barbelés. Ces zones sont gardées par la police, sous surveillance 24 heures sur 24, et les résidents ont un accès limité aux soins médicaux d’urgence. Les téléphones portables et les mots de passe sont confisqués par la police à leur arrivée pendant plusieurs jours, violant la vie privée des candidats et les empêchant d’accéder à une aide significative. – À Lesbos, les personnes nouvellement arrivées sont de facto détenues dans de vastes zones de concentration, où hommes, femmes, enfants et groupes vulnérables sont hébergés ensemble sans mesures d’intimité ou de sécurité adéquates. Les conditions dans ces endroits sont déplorables, avec un manque de literie, de nourriture et d’eau, laissant les gens constamment affamés et sans vêtements appropriés.
L’accès médical est sévèrement limité dans les deux KKEP et l’absence de professionnels de santé à l’arrivée viole à la fois la législation nationale grecque et la directive européenne sur les conditions d’accueil.
Vingt-deux organisations appellent de toute urgence à mettre fin immédiatement à la pratique illégale consistant à détenir systématiquement de facto des personnes à leur arrivée et en attendant l’enregistrement de leur demande d’asile. Le manque de préparation des autorités face à l’augmentation des arrivées ne peut justifier la violation massive du droit des individus à la liberté et à l’absence de traitements inhumains.
signe,
Organisations à Samos et Lesvos :
Avocats sans Frontières France
Fenix Aide juridique humanitaire
Conseil grec pour les réfugiés (GCR)
Projet juridique sur les droits de l’homme
J’ai des droits (IHR)
Juste de l’action
Centre juridique de Lesbos
Médecins Sans Frontières-Section grecque
Volontaires de Samos
Usine de compétences
Yoga et sport avec des réfugiés
Autres organismes :
Soyez conscient et partagez (BAAS)
Le réseau de surveillance de la violence aux frontières
Une autre entrée mortelle dans la forteresse de l’Europe : la nécessité de parler de ce qui s’est passé , de crier une fois de plus que les gardes côtes grecs, en complicité avec Frontex, l’Etat grec et en définitive l’UE, tuent tous les jours aux frontières de l’Europe.
Le texte « The Pylos Massacre » a été publié dans Mytilene en août 2023. Il a été imprimé en grec et en anglais, est disponible en différentes langues en ligne et est gratuit. Son utilisation est gratuite à des fins non commerciales. Assurez-vous d’examiner les rapports publiés en relation pour plus d’informations.
Le scrutin du 25 juin dernier en Grèce a amplifié les tendances révélées par celui du 21 mai : domination à un haut niveau de la droite au pouvoir depuis 2019, poussée de l’extrême-droite, au sein de laquelle réapparaît un pôle néonazi qui prend le relais d’Aube dorée, poursuite de la déroute de Syriza, faible progression du Parti communiste (KKE), échec des autres forces de la gauche radicale, en particulier de la coalition autour du parti de Yanis Varoufakis et d’Unité populaire sous la bannière de MeRA25-Alliance pour la Rupture.
La démission d’Alexis Tsipras de la direction de Syriza, le 29 juin dernier, dans une ambiance lugubre, symbolise à elle-seule la fin d’une époque. Une époque qui a commencé au printemps 2010 avec l’imposition d’une thérapie néolibérale d’une brutalité inouïe et la mise sous tutelle du pays par l’UE, qui s’est poursuivie avec une vague impressionnante de mobilisations populaires et la montée au pouvoir en janvier 2015 d’une formation de la gauche radicale jusqu’alors aux marges du système politique et qui s’est achevée sept mois plus tard par la capitulation de cette même formation face aux diktats de l’UE et par la destruction de l’espoir que ce petit pays a représenté pour les forces progressistes pendant ces années de tumulte.
Dans cet article, Mariana Tsichli, co-secrétaire d’Unité Populaire, analyse les traits principaux de ce cycle électoral et politique et formule quelques propositions pour la reconstruction de la gauche radicale dans la période difficile qui s’annonce.
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Le scrutin du 25 juin a validé et approfondi les changements enregistrés lors de celui du 21 mai. Trois éléments de dégagent :
– La Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis a cristallisé sa domination sur la scène politique.
– Le déclin de Syriza s’est accentué, le privant de sa fonction d’opposition capable accéder à moyen terme au pouvoir, quelle que soit l’évolution de ce parti au cours de la prochaine période.
– Le Pasok n’a pas réussi à dépasser le score atteint lors du scrutin de mai. Εntièrement contrôlé par les centres de pouvoir, traversé en interne par de stratégies contradictoires, ce parti ne peut constituer un pôle revendiquant l’alternance gouvernementale.
Dans l’ensemble, la séquence électorale de mai et juin débouche sur un renforcement de la droite et de l’extrême droite et une défaite majeure de la gauche. Ce résultat tout à la fois reflète et produit des déplacements idéologiques et politiques.
La droite a obtenu en juin un total de près de 55% des voix ; pour la première fois depuis 1974, elle obtient une majorité des votants. Sa reconstruction et l’expansion de son influence sont évidentes. La poussée de l’extrême droite est tout autant révélatrice de cette radicalisation à droite d’autant qu’elle s’exprime à fois par reconstitution d’un pôle néonazi [les Spartiates] et par l’émergence, ou la consolidation, de formations obscurantistes et complotistes [Solution grecque et Niki : Victoire]. La remontée limitée du Parti communiste grec (KKE), ou le niveau élevé de l’abstention ne sauraient relativiser ce constat. En effet, tout au long de cette période, l’abstention a davantage affecté l’électorat de centre-gauche et de gauche que celui de droite. La forte augmentation de l’abstention au cours des dernières décennies reflète en partie une crise de légitimité des partis politiques, mais elle ne peut conduire à une délégitimation du pouvoir si elle ne s’accompagne pas d’une montée du mouvement populaire. Au contraire, en l’absence de participation populaire à l’action politique et au processus parlementaire, la montée de l’abstention traduit un virage conservateur.
Le principal facteur à l’origine de la victoire électorale de la ND est la recomposition sociale de grande ampleur qui résulte de la thérapie de choc imposée par les trois Mémorandums conclus entre l’UE et les gouvernements successifs. Cette stratégie de stabilisation du capitalisme grec a connu un succès relatif même si celui-ci demeure à des niveaux nettement inférieurs à ceux d’avant la crise. Ce processus a produit des gagnants (dont le poids dans la représentation politique s’est accru) et des perdants (dont la représentation et la présence politique se sont réduites).
Le résultat du cycle électoral est l’expression combinée des tendances de fond qui ont marqué la période à savoir, d’une part, les restructurations qui ont modifié les rapports de force en faveur du capital et le recul corrélatif des formes organisées du mouvement ouvrier et, de l’autre, l’occupation de l’appareil d’État par la ND et son utilisation pour stabiliser autour de la bourgeoisie un bloc social qui inclut largement la petite bourgeoisie et certains secteurs populaires.
Dans ce contexte, la ND a profité de l’assouplissement des politiques budgétaires pendant la pandémie et de l’attitude favorable des cercles dirigeants de l’UE pour canaliser d’importantes ressources (Fonds européens, excédents accumulés sous le gouvernement Syriza, excédents primaires) afin de stabiliser sa base sociale. Ces fonds ont pour la plupart été alloués aux secteurs bourgeois et aux classes moyennes supérieures. Toutefois, une partie a également été distribuée aux petites entreprises et aux travailleurs indépendants. Ces aides ponctuelles ont contribué à atténuer, dans une mesure limitée, les effets directs de la crise sur les couches populaires.
Les grands médias ont également joué un rôle important dans le maintien de la base électorale de la ND, malgré ses politiques agressives, ses échecs majeurs et le scandale des écoutes. Pour la première fois depuis la chute de la dictature, le système médiatique soutient en bloc le parti au pouvoir, alors que l’opposition n’a ni base médiatique propre ni accès significatifs aux grands médias. Les médias se sont ainsi efforcés, et ont en partie réussi, de redresser l’image du gouvernement après la catastrophe ferroviaire de Tempi, comme ils l’ont fait durant les années précédentes. Les erreurs commises par l’opposition pendant la période électorale, principalement, mais pas seulement, par Syriza, ont eu un effet réel, mais secondaire, sur le résultat des élections, en alimentant un sentiment d’insécurité parmi une partie des électeurs à la recherche de « stabilité et de normalité ».
La stratégie de la bourgeoise grecque
Après 2015, tous les secteurs de la bourgeoisie ont cherché de manière coordonnée à créer les conditions de domination d’un seul pôle sur la scène politique et en même temps une configuration d’ensemble avec un seul parti dominant (de droite) et deux partis faibles (de « centre-gauche ») incapables, à moyen terme, de revendiquer l’alternance gouvernementale. L’agressivité dont ont fait preuve les centres de pouvoir à l’égard de Syriza montre qu’un postulat fort répandu à gauche n’est pas valide en tout circonstance : la bourgeoisie n’a pas nécessairement besoin d’un système politique bipartisan pour maintenir la stabilité politique à travers un mécanisme d’alternance entre les deux pôles et neutraliser/intégrer de cette façon les classes populaires.
En même temps, au cours de cette période, le bloc au pouvoir en Grèce est dominé par des secteurs capitalistes moins dépendants que par le passé d’une stratégie de développement à long terme. La remontée visible des profits et du taux de profit n’est pas obtenue au moyen d’une reprise significative de l’accumulation capitaliste, mais par la compression de la valeur de la force de travail et les opportunités créées par la mise à l’encan des richesses naturelles et des infrastructures publiques suite à la thérapie de choc imposée par les Mémorandums. Les raisons du soutien absolu accordé par la bourgeoisie grecque à la ND évolution trouvent, pour une part, leur origine dans cette évolution.
La trajectoire de Syriza
Le scrutin de juin a accentué le recul de Syriza, qui enregistre une perte cumulée de plus de 1,3 million de voix depuis 2015. Seule une fraction réduite de cet électorat s’est déplacée à gauche, tandis que la majeure partie s’est tournée soit vers la droite, soit vers l’abstention. En particulier au cours de la période 2019 – 2023, la majeure partie des pertes de Syriza s’est tournée vers la droite, même dans les zones populaires et celles à prédominance ouvrière. Les interprétations qui attribuent la défaite électorale de Syriza exclusivement à son virage à droite s’avèrent simplificatrices dans la mesure où il n’y a pas eu de renforcement substantiel des formations politiques sur sa gauche. Ceci dit, le reniement du « non » du référendum de 2015 et le virage néolibéral qui s’en est suivi ont sans aucun doute façonné le substrat des tendances idéologiques et politiques qui ont déterminé le résultat de ces élections.
Une autre voie aurait exigé un choix radicalement différent de la part de son groupe dirigeant dès le premier trimestre de 2015, bien avant le référendum, alors que les signes de la dégradation de la situation se multipliaient. Une stratégie politique alternative aurait nécessité un deuxième scrutin, et non une alliance avec ANEL [parti souverainiste de droite qui a participé au gouvernement de 2015 à 2019], une rupture des négociations avec la Troïka, un arrêt du remboursement de la dette, l’utilisation des réserves existantes et la recherche d’autres alliances économiques et politiques au niveau international autour de l’axe émergent des BRICS.
Il s’est avéré que Syriza n’avait ni la structure organisationnelle, ni les liens avec les secteurs sociaux et les références internationales qui lui auraient permis de diriger une alliance de classe populaire et mener un tel conflit avec le capital grec, les appareils d’État et les puissances impérialistes. Syriza dans son ensemble n’était absolument pas préparé politiquement, socialement et idéologiquement à une rupture de cette ampleur. Son ascension électorale était basée sur le mécontentement social et la volonté de larges couches de la population d’imposer une politique différente pour arrêter la chute rapide de leur niveau de vie. Cependant, ce mouvement social avait des limites politiques et idéologiques quant au niveau de conflit qu’il était prêt à assumer. Syriza se présentait comme une solution intermédiaire, à moindre coût. D’une part, il répandait un discours flatteur assurant qu’il serait facile de négocier avec les centres impérialistes européens un changement de politique sans recourir à un conflit majeur. D’autre part, le fait qu’il ait été orienté, tout au long de son parcours antérieur, vers le bloc impérialiste d’Europe occidentale offrait certaines garanties, non seulement à la bourgeoisie, mais aussi aux couches populaires et petites-bourgeoises à la recherche d’un changement de politique mais sans rupture radicale.
Le sens de la remontée du KKE
Pour la gauche radicale, le résultats des élections de mai et juin signale également un virage conservateur, dans la mesure où le seul pôle qui en sort renforcé est le KKE. Celui-ci est désormais la seule force à gauche de Syriza à être représentée au Parlement. Sa capacité à conserver une base organisée, qui lui permet d’être en contact direct avec des secteurs populaires dans des conditions de réalignement de leur positionnement politique, a été un facteur décisif de sa progression électorale. Il faut cependant également tenir compte du fait qu’il a profité d’un traitement bienveillant de la part des médias qui l’ont présenté comme un parti de gauche « sérieux et responsable ». Le KKE est ainsi reconnu par le système comme un parti de protestation qui, à chaque moment critique, a été un facteur de stabilisation.
L’interprétation du résultat électoral par le KKE lui-même est à cet égard révélatrice. Celui-ci y voit une justification de sa stratégie au cours de la période 2012-2015, c’est-à-dire de sa position sur le mouvement d’occupation des places [qu’il a dénoncé], le référendum de juillet 2015 [lors duquel il a appelé au vote nul], ou sur la zone euro [hostile à la sortie]. Il est de ce fait incompréhensible que certains courants de la gauche radicale aient appelé implicitement ou explicitement à soutenir électoralement ce parti alors qu’ils se sont frontalement opposés à ses choix pendant les 13 dernières années. Quoi qu’il en soit, le KKE n’a réussi à attirer qu’une petite partie des électeurs qui se sont détournés de Syriza. Malgré son succès relatif, à mesure que se cristallisent les effets des politiques néolibérales et autoritaires, les possibilités d’intervention du KKE se réduiront également, tant qu’il ne changera pas d’orientation politique.
L’échec de la gauche radicale
Une partie confuse du vote de gauche s’est orientée tourne vers la formation de Zoé Konstantopoulou (Cap vers la liberté), qui ne peut cependant pas être considérée comme une force de gauche. Cette formation a bénéficié d’une grande visibilité dans les principaux médias, qui traduit une forme de soutien par certains centres de pouvoir soucieux de réduire l’influence de Syriza et des formations de gauche telles que MeRA25 – Alliance pour la Rupture.
Le résultat de MeRA25-Alliance pour la Rupture, qui n’a pas réussi à atteindre le seuil de 3% pour entrer au parlement, est un échec pour la gauche dans son ensemble. Le résultat de juin était dans une large mesure déterminé par la dynamique négative du résultat de mai, dynamique qui ne pouvait pas être inversée dans le peu de temps qui séparait les deux scrutins. Dans ce contexte, le maintien du score à un niveau légèrement en deçà de 3% est un point d’appui dans une situation d’ensemble défavorable.
L’une des principales raisons de l’échec se trouve dans l’incapacité de MeRA25 à nouer, au cours des quatre dernières années, des liens organiques avec des secteurs des classes populaires, même à petite échelle. De ce fait, sur une grande partie du territoire, la diffusion du message de la coalition était dépendant de sa présence dans les médias et les réseaux sociaux. Cette situation a limité les possibilités de contenir les pertes produites par la stigmatisation de MeRA25 par l’ensemble des autres formations et par les principaux médias.
Toute erreur tactique lors de la campagne a ainsi eu des effets démultipliés. Mettre en avant un programme quasi-gouvernemental, même s’il contenait des éléments de rupture avec les principaux axes de la stratégie néolibérale (garantie des logements menacés de saisie par les fonds spéculatifs, création d’une banque de développement, reprise de contrôle du système bancaire, abolition du fonds de privatisation, remise en cause de la dette publique, etc.) était un choix inappropriée pour une petite formation de gauche qui luttait pour entrer au parlement.
Au-delà de ces questions tactiques, sont apparues des erreurs stratégiques qui affectent la gauche radicale dans son ensemble, mais aussi Syriza. Le cycle électoral a révélé une incapacité aigüe à comprendre les évolutions et reclassements au sein des couches populaires mais aussi l’épuisement de l’énergie qui a alimenté au cours des années 2010-2015 la montée de Syriza et le « non » au référendum. Le succès de la droite, l’effondrement de Syriza, mais aussi l’échec du MeRA25-Alliance pour la rupture sont liés au rejet de la possibilité d’une répétition d’une crise comme celle de 2015. Cette période est vécue comme un traumatisme par de larges couches de la population, non seulement par les plus riches, mais aussi par celles et ceux qui ont un emploi relativement stable ou même une pension. Elle reste également comme celle de la perte de l’espoir pour les couches qui se retrouvent laminées par la crise et la thérapie néolibérale de choc. L’insistance – lors de la campagne pour le scrutin de mai – de MeRA25-Alliance pour la Rupture sur le clivage de 2015 n’a pas pris en compte le basculement du rapport de forces politique et idéologique qui s’est produit au cours des huit dernières années.
Outre l’épuisement des énergies du « non » de juillet 2015, est également apparue une forme d’épuisement de l’espace qui a émergé de la séquence de rupture de 2015 qui concerne toutes les formes de dissidence de gauche, que ce soit celles issues de Syriza ou d’Antarsya. En refusant de rejoindre, ou de soutenir, le regroupement tenté par MeRA25-Alliance pour la Rupture, certaines forces de la gauche radicale ont manqué une opportunité cruciale de peser sur le rapport de forces politique global. Elles ont commis la même erreur qu’Antarsya en 2015, ne réalisant pas qu’en l’absence de représentation institutionnelle d’un courant de la gauche radicale, il n’y a pas de terrain favorable à une recomposition des forces.
En ce qui concerne Antarsya, ses résultats ont confirmé l’effritement de cet espace politique depuis plus de dix ans. Le maintien obstiné d’un discours d’agitation axé sur la « révolution anticapitaliste » s’est, une fois de plus, révélé autoréférentiel, narcissique et inefficace. Au terme d’une période de crise sociopolitique de portée historique, pendant laquelle des millions de travailleu.se.rs se sont, dans un premier temps, déplacés vers la gauche, puis ont pris le chemin inverse, ou se sont abstenus, Antarsya se retrouve à un étiage inférieur à celui des forces qui l’ont précédée au cours des années 1990 et 2000.
La nécessaire réorientation de la gauche
Le rapport de forces actuel permet une accélération significative de la politique du gouvernement Mitsotakis et la consolidation, sous certaines conditions, de sa domination à moyen terme sur la scène politique. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de contradictions ou de place pour les luttes sociales, ni que ce rapport de forces ne peut être remis en question. Le caractère agressif et autoritaire de la politique de la ND suscitera des mécontentements et des résistance. De plus, les dernières années ont montré que les positions politiques et électorales se caractérisent par une grande fluidité et que les relations organiques de la société avec les partis politiques ont été démantelées.
La possibilité d’une intervention sur ce terrain dégradé exige un travail patient et une orientation résolument unitaire. L’aspect clé d’une telle stratégie consiste à aborder les questions de l’heure et les fronts de lutte qui en découlent avec un discours simple et compréhensible et par des pratiques susceptibles d’impliquer les secteurs populaires. Cette stratégie reconnaît le caractère défensif dans lequel se trouve actuellement le mouvement social et combine les délimitations politiques nécessaires avec des réponses aux questions cruciales pour les classes populaires, telles que la santé publique, l’éducation, l’inflation et la coût de la vie, la crise du logement.
Un travail à plus long terme est également nécessaire afin d’élaborer de nouveaux éléments programmatiques qui remettent en question le modèle de développement du capitalisme grec et donnent forme à l’opposition aux intégrations impérialistes (UE, OTAN). Cette orientation devrait également prendre la forme d’une unité d’action, avec la création de cadres d’intervention unifiés dans les mouvements sociaux et les syndicats afin de construire des liens durables avec des secteurs, même minoritaires, des classes populaires. Le combat antifasciste constitue un front distinct de très grande importance qui exige des cadres spécifiques.
Au niveau politique, il s’agit de construire un réseau de forces, d’organisations, de militants non-encartés ou qui se sont retirés de l’action politique ou qui seront, au cours de la période à venir, à la recherche d’une issue de gauche à la crise de Syriza. Cet espace devrait inclure la totalité du spectre qui va de MeRA25 aux organisations de la gauche radicale qui sont disposées à participer à un cadre unitaire, à dépasser les désaccords et des blocages passés et à promouvoir des relations de respect et de parité. Un tel processus pourrait commencer à se concrétiser lors des prochaines élections municipales et régionales [qui auront lieu en octobre prochain], créant ainsi des conditions favorables pour un cadre commun en vue des élections européennes de 2024.
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Texte initialement paru dans Jacobin Greece le 13 juillet 2023, traduit pour Contretemps par Stathis Kouvélakis.
Note
* En juin 2023, les formations d’extrême droite représentées au parlement sont les Spartiates, parti néonazi qui se présentait pour la première fois et qui prend le relais d’Aube Dorée (4,7%) et les deux formations de type alt-right : Solution grecque (4,4%), représentée au parlement depuis 2019, et Niki (Victoire) qui se présentait pour la première fois lors du scrutin de mai 2013 et qui obtient en juin 3,7%. Aube Dorée entrait au parlement en 2012, avec 7 et 6,9%, respectivement aux scrutins de mai et juin 2012, puis de nouveau en janvier et septembre 2015, avec respectivement 6,3 et 7% des suffrages. Elle avait obtenu 2,9% en 2019, dernier scrutin où elle s’est présentée sous son nom, en-deçà du seuil d’entrée au parlement (3%).
FACE À LA RECRUDESCENCE DE MEURTRES ET ATTAQUES RACISTES/FASCISTES, BRISONS LE SILENCE COMPLICE !
Alors que l’extrême droite est plus que jamais dans l’ADN du nouveau gouvernement Mitsotakis, que les Spartiates sont désormais au Parlement avec Solution grecque et Niki, que le nazi Kasidiaris tente de participer aux élections municipales, on constate une augmentation des attaques fascistes et racistes dans les rues athéniennes.
Shiraz Saftar, un jeune homme de 25 ans originaire du Pakistan, a été assassiné le 12 août dernier à Perissos, dans une zone où de nombreuses attaques racistes ont déjà été recensées. L’assassinat de Shiraz est survenu quelques jours après le meurtre de Michalis Katsouris par des hooligans nazis à Nea Filadelfia, à l’extérieur du stade de l’AEK. Ce nouveau meurtre réveille les souvenirs de celui du travailleur pakistanais Shahzat Loukman, tué à Petralona par des membres de l’organisation criminelle et nazie Aube dorée il y a dix ans. Tout comme Shahzat, Shiraz a été tué tôt le matin. Tout comme Shahzat, Shiraz se rendait au marché où il travaillait.
Le 16 juin dernier à Peristeri, c’est Gulam Abbas qui a été victime d’insultes racistes et islamophobes, menacé de mort par un automobiliste qui l’a finalement blessé à la tête. La plainte de cet autre travailleur pakistanais pour violence raciste n’a pas été transmise au Département de la police grecque prétendant lutter « contre la violence raciste ». Le 9 juillet dernier, c’est Fiaz Ahmad, immigré pakistanais vivant à Sepolia, qui a été agressé au visage par une personne vêtue de noir et armée d’un poing américain. Toujours en juillet dernier, Nazir Ahmed, travailleur pakistanais a subi des insultes racistes et été agressé par son patron à Plateia Anixi.
Comme souvent en Grèce (et ailleurs), il est impossible de connaître les détails et l’ampleur de ces violences et de ces meurtres ciblant des personnes racisées. Il existe une indifférence voire la complicité de nombreux médias, de la police, de la justice (celle de classe, souvent discriminante envers les personnes opprimé.es/ racisées et indulgente envers les personnes de pouvoir et les fascistes) et d’une large partie de la société. Ce climat de haine est propice à des violences structurelles, qui sont souvent à la fois racistes, islamophobes, classicistes et sexistes.
Toujours, nous serons des ennemi.es féroces des fascistes et des racistes de toutes sortes. Toujours, nous serons aux côtés des victimes du racisme, du fascisme et du capitalisme. Ensemble, nous luttons contre le régime meurtrier des frontières, contres les Etats et leurs hommes de main racistes. L’entraide et l’autodéfense antifascistes sont nos armes !
Assemblée du squat de réfugié.es/migrant.es Notara 26
Voilà 24 heures que les opérations de sauvetage et de stabilisation d’embarcations en détresse s’enchaînent pour les équipes de l’Ocean Viking.
Hier après-midi, nos équipes ont secouru 272 personnes, dont neuf bébés, lors de trois opérations de sauvetage dans les eaux internationales au large de la Libye. Puis, tôt ce matin, alors que nous remontions en direction du Nord de l’Italie, nous avons repéré de nouvelles embarcations en détresse dans le « couloir tunisien ». Nos équipes leur portent secours, en coordination avec les autorités italiennes. C’était déjà sur cet axe migratoire, reliant Sfax en Tunisie à l’île italienne de Lampedusa, que l’Ocean Viking avait porté secours à la majorité des 623 personnes sauvées les 10 et 11 août derniers.
A l’heure où nous vous écrivons, nos équipes sont pleinement mobilisées et la séquence opérationnelle s’annonce, à nouveau, extrêmement intense.
La répétition du scénario de la dernière mission de l’Ocean Viking le prouve : la situation humanitaire en Méditerranée centrale est absolument critique. Pourtant, ces derniers jours, trois autres navires d’ONG ont été placés en détention administrative pour une vingtaine de jours par les autorités italiennes vidant encore un peu plus la zone de moyens de recherche et de sauvetage cruciaux.
Notre présence en mer est vitale, et c’est grâce à votre soutien que nous sommes aujourd’hui en Méditerranée, pour porter secours à celles et ceux qui se noient.
Le pire gouvernement de tous les temps et les divers lobbies de la corruption, de la déraison et de l’extrême droite qui tentent de l’aider, essaient maintenant d’attribuer la responsabilité d’une catastrophe nationale énorme et largement évitable aux immigrés, aux agents turcs et russes ou aux extraterrestres.
Avant, c’était la crise climatique. Certes, il y a la crise climatique, mais c’est une raison pour faire plus, et non moins, face aux répercussions des phénomènes climatiques extrêmes qu’elle provoque !
Comme le changement climatique ne suffit plus à justifier la destruction sans précédent de la Grèce et la responsabilité du gouvernement dans cette destruction, on utilise des expressions au sens insondable comme « guerre hybride » et « menaces asymétriques » pour expliquer le bordel grec. Plus une expression est pompeuse, plus elle impressionne. Plus elle est incompréhensible et obscure, moins on la soumet à la critique et à l’examen. C’est la pire des relations publiques.
Même la Cour suprême s’est mobilisée pour trouver les bandes criminelles qui mettent le feu aux bois. Mais elle n’a pas besoin de fouiller les forêts de Thrace (nord-est de la Grèce). Il suffirait d’enquêter au Maximou (bâtiment où se trouve le bureau du Premier ministre grec) et dans les ministères pour constater que rien ne fonctionne ni dans l’État ni dans le gouvernement et que cet État et ce gouvernement sont incapables de faire face aux incendies ou à tout autre problème du pays. Tous les Grecs intelligents savent ce qui intéresse exclusivement le gouvernement et l’État. Nous supposons que les honorables hauts magistrats le savent également.
Attendent-ils vraiment de cet État et de ces hommes politiques qu’ils nous protègent contre les incendies, ce qu’ils n’ont pas réussi à faire même à une époque bien meilleure ?
Et s’ils veulent connaître les bandes criminelles qui opèrent en Thrace, pourquoi ne demandent-ils pas à M. Mitsotakis, qui surveille tout le monde (ou bien aux services secrets israéliens qui ont mis en place le réseau de surveillance) ?
On ne peut certainement pas exclure que certaines personnes allument des incendies. Il ne s’agit pas, bien sûr, des immigrés ou des agents russes et turcs, mais, plus probablement, des cercles corrompus bien connus des entreprises de construction grecques de toutes sortes (qui entretiennent généralement d’excellentes relations avec le gouvernement). Historiquement, ils sont à l’origine de nombreux incendies nécessaires au « développement » de l’immobilier.
Quoi qu’il en soit, pourquoi personne ne se fait prendre ?
Le chef des forces armées s’est rendu en Thrace avec ses commandos pour effectuer des patrouilles, l’État répandant à nouveau des rumeurs sur des incendiaires inconnus !
Bien sûr qu’il y a une guerre. C’est une guerre bien réelle, lancée par le gouvernement, les médias totalitaires systémiques (qui ont surpassé les médias de la dictature, bien qu’avec des méthodes différentes), notre monde journalistique, intellectuel et universitaire entremêlé et toutes les versions d’une extrême droite stupide qui a été libérée à la suite de l’incroyable gâchis de la gauche et du centre-gauche grecs de toutes les nuances. C’est la guerre menée par l’indescriptible « élite » grecque et le gouvernement de ce pays contre l’esprit, l’intégrité, la mémoire et la dignité des citoyens grecs.
D’accord, admettons que les immigrés, les Turcs et les Russes ont allumé les incendies. Les immigrés, les Turcs et les Russes ont-ils provoqué la collision des trains en mars dernier ? Les ambulances étaient-elles à temps pour atteindre les patients qui sont morts en les attendant ? Ont-ils détruit le pont de Patras, tuant les personnes qui se trouvaient en dessous ? Ont-ils détruit nos écoles et nos hôpitaux ? Ont-ils laissé nos aéroports et nos compagnies aériennes sans certification ? Ont-ils laissé les avions de lutte contre les incendies de Kanadair sans entretien adéquat, provoquant ainsi la mort de deux pilotes le mois dernier ? Les immigrés, les Turcs et les Russes ont-ils forcé nos politiciens à accepter des pots-de-vin de Siemens, Novartis et d’un millier d’autres entreprises ?
Dans l’état où se trouve l’État grec aujourd’hui, si des agents turcs et russes le voulaient vraiment, ils l’auraient littéralement fait exploser.
Les scandales et les crises se produisent dans d’autres pays. Ce n’est que dans les pays à peu près « normaux », c’est-à-dire les pays qui conservent des perspectives et des possibilités de survie, qu’ils provoquent une sorte de réaction corrective. En Grèce, ils provoquent des écarts encore plus importants par rapport au mode de fonctionnement normal de l’État.
Le pays ressemble à un patient en phase terminale, souffrant d’une défaillance de plusieurs organes…
PS. Une question majeure et très importante qui n’était pas le sujet de cet article est le cannibalisme de l’État grec pendant treize ans en application des programmes coloniaux destructeurs imposés par l’Allemagne, l’UE et le FMI, qui fonctionnent toujours – malgré les mensonges des partis politiques grecs – ,et qui resteront en vigueur jusqu’en 2060, en supposant que la Grèce existe encore à ce moment-là.
Alors que la crise climatique rend nécessaire la création d’une infrastructure beaucoup plus résiliente, l’infrastructure grecque n’a fait l’objet d’aucun nouvel investissement, tandis que le personnel de l’État et les dépenses gouvernementales ont été réduits de façon spectaculaire en application des « programmes de sauvetage » imposés par les puissances européennes et le FMI à la Grèce.
Les désastres actuels, et ceux encore plus graves à venir, sont programmés par les programmes de sauvetage.
Aux résultats matériels des politiques européennes, il faut ajouter les résultats moraux et psychologiques non négligeables de la pression exercée sur le pays.
PPS . Nous rappelons que les pompiers et la protection civile ont demandé, comme l’ancien ministre Alekos Papadopoulos, au premier ministre Kyriakos Mitsotakis de demander de l’aide à la Russie. Mais il semble que le gouvernement soit plus intéressé par le maintien de bonnes relations avec l’Amérique que par la sauvegarde des forêts grecques.
Traduit du grec Υβριδικός Πόλεμος | ΔΗΜΗΤΡΗΣ ΚΩΝΣΤΑΝΤΑΚΟΠΟΥΛΟΣ