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Résolution du Parlement européen sur l’État de droit en Grèce

Les députés se déclarent préoccupés par l’état de droit en Grèce

Le Parlement européen a demandé mercredi à la Commission d’agir sur ce qu’elle a qualifié de « graves préoccupations » concernant l’État de droit en Grèce, citant un environnement hostile pour les journalistes, l’utilisation de logiciels espions contre les opposants politiques et les journalistes et les abus de pouvoir de la part de la police.

Les députés ont adopté la résolution par 330 voix pour, 254 contre et 26 abstentions.

Les parlementaires européens ont noté l’absence de progrès dans l’enquête sur l’assassinat du journaliste de la criminalité Giorgos Karaivaz en avril 2021, et ont déclaré que les journalistes faisaient l’objet de menaces physiques et d’agressions verbales, dans certains cas même de la part de politiciens de haut rang, et de violations de leur vie privée par le recours à des logiciels espions illégaux.

Ils ont également cité des actions abusives de personnes d’affaires et de responsables politiques mentionnés dans des rapports d’enquête.

En ce qui concerne le scandale des écoutes téléphoniques, la résolution a condamné le recours généralisé à la « sécurité nationale » comme moyen d’écouter les opposants politiques, y compris les députés européens. En réponse au scandale, les députés demandent des enquêtes efficaces avec l’aide d’Europol et expriment des inquiétudes quant au transfert de l’enquête à un procureur différent et à la pression politique, à l’intimidation et au harcèlement à l’encontre des fonctionnaires qui examinent le gouvernement.

La résolution souligne également le recours excessif à la force par la police et la qualité insuffisante des enquêtes et décisions de justice ultérieures, la durée des procédures judiciaires et d’éventuels conflits d’intérêts, y compris l’infiltration de la police par la criminalité organisée.

Les députés citent également le traitement des migrants et les rapports de refoulement systématique, ainsi que les attaques contre la société civile, en particulier les campagnes de dénigrement et le harcèlement judiciaire contre les militants des droits de l’homme.

Ils ont également déclaré qu’ils soupçonnaient « l’absence d’impartialité politique » dans l’enquête parlementaire sur la catastrophe du train – qui a causé des dizaines de morts en février 2023.

Le Parlement européen a invité la Commission à utiliser pleinement les outils disponibles pour remédier aux violations des valeurs de l’UE en Grèce, y compris l’évaluation de l’utilisation des fonds de l’UE.

Résolution ici sur le site web du PE

Source https://www.keeptalkinggreece

Mobilisation agricole de la Grèce à l’Espagne

« Les revenus, c’est le point central » : de la Grèce à l’Espagne, partout des mobilisations agricoles

Les mobilisations des agricultrices et agriculteurs dépassent les frontières françaises. Que ce soit au Portugal, en Grèce, en Espagne, le mouvement demande une régulation du marché et un meilleur accompagnement dans la transition écologique.

« Les revenus des agriculteurs, c’est le point central. L’année dernière, avec l’inflation, ils ont chuté. C’est toujours plus difficile pour les agriculteurs d’avoir les conditions de vivre dignement. » Vitor Rodrigues est le président de la Confédération nationale de l’agriculture du Portugal (Confederação Nacional da Agricultura), qui représente surtout l’agriculture familiale dans le pays.

Au Portugal aussi, les agriculteurs et agricultrices se mobilisent. Le mouvement y a débuté il y a quelques semaines. « Il y a un mouvement fort du secteur. L’élément qui a peut-être le plus contribué à la mobilisation ici, ce sont les coupes dans les aides de la Politique agricole commune (Pac). Mais ces coupes arrivent dans un contexte où les agriculteurs subissent depuis quelques années de fortes augmentations des coûts de la production, des aliments pour les animaux, des fertilisants… et où les prix payés aux producteurs par les chaînes de la grande distribution sont très bas. C’est cette conjonction qui a poussé les agriculteurs dans la rue », poursuit Vitor Rodrigues.

Le mouvement agricole qui a touché la France en début d’année est en fait européen. Des protestations ont eu lieu en Allemagne, en Belgique, en Roumanie, en Pologne… et dans le Sud de l’Europe, en Italie, en Grèce, au Portugal. Les éléments déclencheurs sont différents selon les pays : la fin d’un avantage fiscal sur le diesel a mis le feu aux poudres en Allemagne ; l’import de blé ukrainien en Pologne… Partout, la question des revenus, trop bas, est au cœur des revendications.

« Le problème, c’est le coût de la production »

« Nous demandons un prix garanti pour nos produits », souligne Thomas Moschos, éleveur bio dans le nord de la Grèce, président de l’Union des agriculteurs de Kastoria et représentant de la Coordination européenne Via Campesina. En Grèce, les mobilisations agricoles ont débuté en janvier. « Cela a commencé par trois ou quatre blocages, on en a aujourd’hui plus de dix. Les grandes exploitations et les petites se mobilisent ensemble, tout comme les éleveurs et les céréaliers, et aussi les pêcheurs. Le problème, c’est le coût de la production », nous dit au téléphone l’éleveur, alors qu’on entend ses moutons et chèvres en fond de conversation.

« Nous n’avons pas en Grèce de prix spécial sur le diesel pour les agriculteurs comme dans d’autres pays européens. On veut un prix sur le diesel. Et nous demandons une réforme de la Pac qui inclut les agriculteurs dans les discussions. Le gouvernement grec nous a aujourd’hui promis une aide temporaire pour le diesel et moins 10 % sur les factures d’électricité pendant sept mois. Mais nous voulons un prix permanent sur le diesel. Nous nous opposons aussi à l’accord de libre-échange avec le Mercosur [qui regroupe plusieurs pays d’Amérique latine, ndlr] et voulons sortir du Ceta [l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada adopté en 2017, ndlr]. »

Des tracteurs avec le slogan "Sein camp no hay vida" écrit sur une pancarte.
Une manifestation d’agriculteurs début février à Bilbao, en Espagne/ © LVC

En Espagne, les manifestations ont débuté le 8 février. « La mobilisation est très importante, elle touche 30 sites dans l’ensemble du pays. Et une mobilisation nationale est prévue à Madrid le 26 février pour coïncider avec la réunion du Conseil des ministres de l’Union européenne, nous explique Andoni Garcia, du Comité de coordination des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs en Espagne (Coordinadora de Organizaciones de Agricultores y Ganaderos, COAG). La question des revenus est essentielle. Il y a beaucoup d’incertitudes sur les coûts et les prix payés aux producteurs, ce qui provoque une insécurité, un malaise et une frustration face à des politiques néolibérales appliquées au secteur agricole et alimentaire qui ont pour conséquence la destruction de milliers de petites exploitations. »

Les accords de libre-échange pointés du doigt

En plus des augmentations des coûts, les agriculteurs espagnols ont également souffert de la sécheresse des deux dernières années. « Ce point est aussi au cœur des revendications, dit Andoni Garcia. Il faut une garantie de revenus pour les agriculteurs qui n’ont pas produit pendant deux ans à cause de la sécheresse. »

Les organisations espagnoles demandent elles aussi l’arrêt des négociations de libre-échange avec le Mercosur et la régulation des marchés. « Une Politique agricole commune qui prévoit un budget plus important pour la transition agricole vers des modèles plus durables, et la limitation des investissements des fonds d’investissement et des grandes fortunes dans les terres “agricoles” », liste aussi Andoni Garcia parmi les revendications. Il ajoute : « Nous espérons que la réponse du gouvernement sera à la hauteur des problèmes. »

Au Portugal, le gouvernement (mené par les socialistes) a répondu aux mobilisations par des propositions, concrètes, mais pas suffisantes selon Vitor Rodrigues. « La réponse de notre gouvernement a été d’annoncer un retour en arrière sur les coupes des aides de la Pac. Mais ces mesures ne s’attaquent pas au marché. Il y a des problèmes structurels de la Pac et du secteur agricole, ce ne sont pas quelques millions qui vont les régler, défend-il.

« Il faut lutter contre la spéculation »

Pour lui, « il faut garantir qu’aucun producteur ne soit pas payé en dessous des coûts de production. Et il faut lutter contre la spéculation. Sans une intervention sur le marché pour résoudre ces problèmes, nous pensons que la Pac ne pourra pas garantir que les agriculteurs et agricultrices puissent vivre dignement de leur travail. Le problème fondamental de l’agriculture en Europe, c’est d’avoir plus de gens qui travaillent la terre et puissent vivre dignement de ce travail. Je pense que c’est évident pour tout le monde dans la population que la situation actuelle n’est pas satisfaisante. » Et Vitor Rodrigues conclut : « Les agriculteurs sont en grande difficulté financière, mais les gens vont au supermarché et voient que les produits sont toujours plus chers, pour des raisons en partie complètement spéculatives, car les grandes chaînes de grande distribution font toujours plus de bénéfices. »

Sur le même sujet

L’actuel mouvement agricole qui traverse toute l’Europe pourrait-il enfin changer la donne, au sein du monde agricole et au-delà ? « Vous savez, la plupart des agriculteurs qui protestent aujourd’hui en Grèce ont voté pour le parti de l’actuel gouvernement », de droite, se désole Thomas Moschos en Grèce. « Ils ont voté pour les capitalistes. »

Rachel Knaebel

Photo de une : Une manifestation d’agriculteurs le 7 février au Portugal/©Confederação Nacional da Agricultura

Source Bastamag

SOS MEDITERRANEE / Ocean Viking détenu administrativement

L’Ocean Viking est détenu administrativement pour la troisième fois en trois mois. Cette sanction a été prononcée par les autorités italiennes le 9 février, suite au sauvetage de 261 personnes dans les eaux internationales au large de la Libye. Nous dénonçons cette décision injuste qui marque une nouvelle escalade dans le mépris, par les États, du droit maritime et des conventions humanitaires en Méditerranée centrale.

Cela fait suite à la journée chaotique du 6 février : en moins de 12h, l’Ocean Viking a été témoin de violations répétées et graves des conventions maritimes et des droits humains par des navires de patrouille libyens financés par l’Union Européenne. Interceptions et retours forcés vers la Libye, manœuvres agressives et dangereuses à proximité de notre navire et des embarcations en détresse : nous disposons de nombreuses preuves de ces évènements.

Or, plutôt que d’agir contre ces graves violations du droit international, les autorités italiennes criminalisent une organisation civile et humanitaire qui respecte le droit de la mer. Dès l’arrivée de l’Ocean Viking dans le port de Brindisi, avant même de questionner les membres de notre équipage, les autorités italiennes nous ont présenté une déclaration de détention de 20 jours et une amende de 3 333 €. Une décision uniquement basée sur les déclarations mensongères des navires libyens, nos équipes n’ont pas eu la possibilité d’expliquer ce qui s’était réellement passé.

Chacun des 4 sauvetages opérés par l’Ocean Viking a été effectué en toute transparence et en coordination avec les autorités italiennes et les navires libyens présents, qui ont donné leur feu vert. Pourtant, lors du dernier sauvetage, les bateaux libyens ont subitement changé d’avis et nous ont demandé de quitter les lieux. La panique a alors éclaté sur l’embarcation en détresse, la situation s’est brutalement détériorée et nous avons dû mettre nos canots de sauvetage rapides à l’eau pour porter secours aux naufragé.e.s.

« Devoir justifier le simple fait de sauver des vies en mer n’a aucun sens, ni moral, ni juridique. L’Ocean Viking a secouru 261 personnes qui étaient en très grand danger de mort imminente. Les patrouilleurs libyens ramènent les naufragé.e.s de force en Libye, ce qui est contraire à l’obligation légale de les débarquer dans un lieu sûr », explique Soazic Dupuy, notre directrice des opérations.

Malgré les entraves et cette criminalisation constante, nous savons que notre présence en Méditerranée centrale est vitale. Grâce à votre soutien, nous reprendrons la mer dès la fin de cette détention inacceptable pour continuer notre mission : sauver des vies.

Source https://sosmediterranee.org


En Grèce, malgré les menaces, le mouvement étudiant se renforce !

Le mouvement des étudiantEs mais aussi des personnels des universités contre le projet obsessionnel de la droite grecque de créer des facs privées (voir l’Anticapitaliste du 18 janvier) semble avoir pris au dépourvu le gouvernement de Mitsotakis qui s’illusionne après sa victoire électorale de juin sur sa capacité à faire passer toutes ses mesures désastreuses contre le camp des travailleurEs et des jeunes.

Ses réactions, après trois semaines de très grosses mobilisations, prouvent avant tout sa peur des mauvaises idées que le mouvement pourrait donner à toute une série de secteurs – des mobilisations paysannes ont commencé, et les paysans de la région de Larissa, sinistrée après les inondations de l’automne, ont eu droit aux charges des Mat [l’équivalent des CRS].

Disqualification et répression du mouvement

La réaction du gouvernement est de deux ordres. D’abord, il tente de faire passer la mobilisation pour un mouvement minoritaire et violent. Quitte à faire s’embrouiller ses piliers : pour la manif du 18 janvier à Athènes, la police indiquait 5 000 manifestantEs, mais la chaîne de télé Skaï, chien de garde de la droite, osait n’en voir qu’à peine 1 000 ! Du coup, la police a pris les devants pour la manif du 25, en annonçant pour Athènes 1 000 manifestantEs pour un cortège bien plus gros que les deux semaines précédentes : au moins 8 000 dans la rue ! Ces derniers jours, les journaux de la droite titrent sur les « Assemblées générales de la terreur » ou sur les « Occupations par quelques-uns » opposées aux « Examens voulus par la majorité ».

Ensuite, le gouvernement lance le chantage aux examens qui de fait s’inscrit dans une ligne répressive croissante : le ministre de l’Éducation veut contourner le mouvement d’occupations en obligeant les directions des universités à organiser les examens semestriels, si nécessaire en distanciel (ce qui avait été catastrophique pendant la période de la pandémie !). Et comme bien sûr un certain nombre d’administrations rechignent (elles savent elles aussi le danger de la création de facs privées), les menaces sur des baisses de financement sont proférées.

Face à cela, les présidents d’université viennent d’affirmer que les examens doivent être passés « d’une manière ou d’une autre », mais la réponse sur cette passation, qui n’est pas une mince question dans une période de chômage jeune restant très fort, viendra certainement des équipes enseignantes et des AG. En dernier lieu, la répression vise avant tout les jeunes : présence policière suffocante, intervention policière ou judiciaire contre telle ou telle occupation, et même convocation à la police de collégienNEs dénoncéEs par leur directrice pour participation à l’occupation de leur collège en Crète. Sans oublier les agressions fascistes : une lycéenne membre de l’organisation des jeunes de nos camarades de NAR a été agressée au Pirée, ce qui a entraîné une manif de riposte antifasciste.

Une mobilisation qui fragilise le « gouvernement des 41% »

Début janvier, le porte-parole du gouvernement affirmait que le projet de loi « Université libre » (!!) serait déposé pour être voté fin janvier. En cette fin janvier, le gouvernement n’a toujours pas déposé ce projet, ce qui est déjà une première victoire. Cela tient sûrement à deux raisons. Tout d’abord, même si depuis deux ans, la droite a pu avancer dans son projet de privatisation/marchandisation, elle bute sur l’obstacle de l’article 16 de la Constitution, qui est formel : l’enseignement supérieur est public et gratuit. Elle tente donc de le contourner en s’appuyant sur un autre article, mais personne n’est dupe, et plus le gouvernement qui voulait passer en force tarde à déposer son projet, plus la fragilité constitutionnelle de son bricolage sera connue et risque de faire désordre. Le porte-parole parle désormais de fin février pour le vote, et la mobilisation, dont les manifs athéniennes s’achèvent de manière spectaculaire devant le parlement, vise à empêcher le dépôt du projet.

L’autre raison renvoie à une évidente difficulté de Mitsotakis dans la période. Montré du doigt y compris au sein des instances européennes pour ses atteintes aux droits (scandales des écoutes, attaques contre la liberté de la presse, comme vient de l’illustrer un procès mené par son neveu, ex-numéro 2 du gouvernement, contre le journal Efimerida ton Syntakton et d’autres médias), il a besoin, sur fond de mécontentement croissant contre la vie chère (en un an, la bouteille d’huile d’olive, base de la cuisine grecque, a plus que doublé son prix), de soigner sa prétention à se faire passer pour moderniste libéral.

L’un de ses actuels projets, annoncé lors de sa campagne électorale, est de faire voter le mariage homosexuel. Or, la droite grecque, liée très fortement à une église orthodoxe (religion d’État) très réactionnaire, se divise, avec une fronde interne très forte – le tiers de ses députéEs ne voteraient pas une telle loi – et on assiste à des coups tordus étonnants. Alors que l’un des ministres issus de l’extrême droite, Voridis, ex-dirigeant des jeunesses de la junte militaire (1967-74) a fait savoir qu’il ne voterait pas un tel droit, un autre ministre d’extrême droite, Georgiadis, connu pour avoir publié des textes bêtes et odieux contre l’homosexualité, tente quant à lui de convaincre la partie réticente de la droite de voter le projet… Mitsotakis pensait peut-être faire passer son projet de facs privées comme un élément de sa politique « moderniste », mais vu la grave tension que provoque ces jours-ci le projet de mariage homosexuel, il est peut-être plus prudent pour lui d’attendre un tout petit peu pour éviter l’extension à une grave crise politique. Même si la gauche reste non crédible dans les sondages, ce sont 58 % des sondéEs qui se déclarent aujourd’hui mécontents de la politique de ce gouvernement…

Consolidation du mouvement

Les étudiantEs en sont bien conscientEs : la situation est difficile, face à un gouvernement disposant de tous les moyens pour salir et réprimer le mouvement, et d’autant plus dangereux qu’il se sait actuellement en difficulté. Mais fort de mobilisations répétées depuis 2019, fort aussi de l’affaiblissement de la droite étudiante (qui était première aux élections étudiantes jusqu’à peu), le mouvement s’est bien préparé à s’opposer à un projet de loi qui rendrait encore plus fragiles le droit et les possibilités de poursuivre des études.

Même chose du côté des personnels enseignants et administratifs : dans la manif athénienne du 25 janvier, ils et elles étaient plusieurs centaines dans la rue, renforcés par l’arrêt de travail déposé par les deux fédérations du primaire et du secondaire, DOE et OLME. Les enseignantEs du supérieur multiplient d’ailleurs les réunions et textes d’information sur ce que signifierait pour la Grèce l’introduction des universités privées. Et dans le secondaire, ce sont non seulement les enseignantEs mais aussi les élèves qui se mobilisent, et contre le projet de loi universitaire, et contre l’état déplorable et dangereux de nombreux établissements publics. Le 25, ils et elles étaient en nombre à Athènes, dans un cortège très décidé et très animé !

Ce qui fait la force de la mobilisation actuelle, ce sont trois éléments : d’abord, la participation aux AG. Prin, le journal de NAR, donnait des chiffres : dans de nombreux endroits, on a eu des AG de 600 à 900 étudiantEs. Et ce n’est pas la « terreur » dénoncée par la presse de droite qui y règne, mais la volonté de s’informer et de décider. Même la droite vient parfois y participer, ce qui se conclut par un rejet de ses propositions. Mais l’autre atout du mouvement, dans la grande tradition des mobilisations jeunes en Grèce, ce sont les occupations : ce sont bien plus de la moitié des départements universitaires qui sont aujourd’hui occupés, et dans ce contexte, le chantage aux examens perd en efficacité face à la priorité : « Non à la dévalorisation de nos diplômes, gratuité des études ! Les étudiantEs ne sont pas des clientEs! ». Et bien sûr, les trois journées nationales de manifestations ont été des temps forts, d’autant qu’à côté des grandes manifs à Athènes, Salonique ou Patras, les étudiantEs sont descenduEs dans la rue dans toute une série de villes moyennes dotées de départements universitaires. Enfin, même s’il y a des obstacles, la tendance est à la coordination du mouvement, gage d’efficacité.

La prochaine journée nationale de mobilisation aura lieu ce jeudi 1er février, a priori sous les mêmes formes. Étendre le mouvement, peut-être déjà à toute l’Éducation (nouvelle tentative de la droite d’imposer aux enseignantEs du primaire et du secondaire des évaluations sanctions), lier cette lutte à d’autres secteurs, font partie des discussions sur la suite de cette lutte difficile mais massive et porteuse d’espoirs sur la dynamique qu’elle contribue à créer.

Solidarité avec la mobilisation des étudiantEs contre la marchandisation de l’éducation!

A. Sartzekis, Athènes, le 30 janvier 2024

Source NPA

Protestations contre les universités privés

Des milliers de personnes défilent en Grèce pour protester contre les universités privées

Des milliers d’élèves, d’étudiants et d’enseignants se sont rassemblés à Athènes et dans d’autres villes grecques pour protester contre la création d’universités privées. Les manifestants ont marché de l’université d’Athènes à la place Syntagma en scandant des slogans et en brandissant des banderoles en faveur d’une « éducation gratuite pour tous » et de »l’éducation n’est pas à vendre ».

Les enseignants et les professeurs ont observé un arrêt de travail de trois heures afin de pouvoir participer au rassemblement.

La grande manifestation s’est déroulée pacifiquement jusqu’à ce qu’un groupe d’une cinquantaine de personnes mette le feu à des poubelles, endommage des vitrines de magasins et se heurte à la police près de l’université polytechnique.

Des rassemblements de protestation ont également eu lieu à Thessalonique, où le média local thesstoday.gr a rapporté que la police a surveillé le rassemblement à l’aide de caméras portables. Les étudiants sont déterminés à poursuivre leurs protestations par des rassemblements et des occupations d’universités.

Source

En Grèce, des facs privées, pas question !

Fort de sa victoire législative au printemps 2023, Mitsotakis tente de réaliser un vieux rêve de la droite grecque : la création de facs privées interdite par l’article 16 de la Constitution qui impose pour le (seul) enseignement supérieur le monopole public et la gratuité.

Malgré la casse du droit du travail, les diplômes universitaires gardent leur importance, d’autant que l’entrée en fac s’organise autour d’examens nationaux, les « panhelliniès », où une note élevée permet d’obtenir la section et le lieu des études choisis en priorité.

Marchandisation et exclusion

Système sélectif sévère, bachoté souvent dans de petites boîtes privées, mais ayant permis à un grand nombre de jeunes l’accès à des études sinon gratuites, en tout cas moins chères que dans bien des pays européens. Cela est fortement remis en cause depuis plusieurs années par un processus de marchandisation de l’enseignement avec l’existence de boîtes « supérieures » privées donc payantes, les « collèges », liées à des facs étrangères (environ 18 000 élèves). L’ex-ministre de l’Éducation a instauré l’équivalence professionnelle de leurs diplômes avec ceux de l’enseignement public. Avec l’instauration depuis trois ans d’une note minimum pour l’admission en fac. Ce système a déjà écarté 38 000 jeunes de la fac avec comme choix soit les « collèges » s’ils sont riches, soit la recherche d’emploi (précarité). Et aussi, l’affaiblissement continu des facs : baisse des financements (de 2008 à 2021, moins 18 %) et du nombre de personnels dans les facs (même période, moins 33 %). Le nombre moyen d’étudiantEs par enseignantE est de 47 (la moyenne en Europe est de 13).

Mitsotakis pense donc que le fruit est mûr et qu’il peut tenter de contourner l’article 16. Il se base aussi sur des sondages (59 % de la population ne serait pas contre les facs privées…) et sur une opposition réformiste pas prête à une lutte centrale.

Un début de mobilisation étudiante prometteur

Les étudiantEs ont eux et elles très bien compris le projet : une attaque frontale contre la fac publique et gratuite, une mise en cause de leurs diplômes et de la possibilité de faire des études ! Loin de la propagande sur « la fac privée aidera la fac publique à s’améliorer », ils refusent la fac privée comme accélérateur de la casse du public (moins de financements, fermeture de départements…). Et après infos et discussions en AG, 120 sections syndicales (dans chaque département d’université, 1 section) dans tout le pays ont appelé à une première mobilisation nationale. Le jeudi 11, des milliers de jeunes étaient dans la rue, dont au moins 5 000 à Athènes avec des dizaines d’enseignantEs et des centaines de lycéenNEs conscients de la menace. Preuve de la peur du pouvoir, une pesante présence policière qui n’a pu empêcher le succès général de l’action. Le mouvement va chercher à s’étendre avec AG, occupations, liens aux syndicats ouvriers et une prochaine mobilisation le jeudi 18 janvier. Une réjouissante détermination qui a besoin d’une forte solidarité !

Athènes, le 14 janvier 2024

Source https://lanticapitaliste.org

Liberté des médias et démocratie

Par le responsable du plaidoyer de l’IPI Europe
Jamie Wiseman
10 janvier 2024

La liberté de la presse ne va pas bien dans le berceau de la démocratie. Au cours des dernières années, la liberté des médias en Grèce a connu une nette érosion qui a vu le pays méditerranéen dégringoler dans le classement de la liberté de la presse pour devenir le plus bas de l’Union européenne, ce qui a tiré la sonnette d’alarme à Bruxelles et au-delà. Au cours de cette période, le pays a connu l’assassinat en plein jour d’un journaliste spécialisé dans les affaires criminelles, de multiples incendies criminels dans les bureaux des médias, un scandale tentaculaire de logiciels espions et une série de procès vexatoires contre les journalistes d’investigation, pour n’en citer que quelques-uns.

Ces attaques très médiatisées contre la liberté de la presse ont braqué les projecteurs sur la Grèce, ce qui a conduit à une surveillance accrue de la part de la Commission européenne et à une récente mission d’enquête internationale menée par une coalition d’organisations internationales de défense de la liberté des médias, dont l’Institut international de la presse (IPI). Cependant, les défis immédiats se situent au-dessus de problèmes systémiques bien plus profonds, notamment un manque de pluralisme des médias, des menaces pour l’indépendance des médias découlant de la propriété oligarchique, et une faible régulation de la presse.  Pour compliquer encore le tableau, le marché des médias a été frappé par des crises économiques et financières répétées, qui ont vidé le marché de la publicité et ont conduit les médias traditionnels dans les mains des magnats de l’industrie navale. Il en résulte un paysage médiatique caractérisé par des niveaux élevés de fragmentation et de polarisation et par une autocensure généralisée au sein d’une profession journalistique sous-protégée et sous-financée.

Alors que l’environnement d’une presse libre et d’un journalisme indépendant est depuis longtemps confronté à des défis, le déclin de ces dernières années a coïncidé avec l’élection en 2019 du parti de centre-droit Nouvelle Démocratie, dirigé par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Le parti s’est vu confier un second mandat par les électeurs lors d’élections législatives anticipées en juin 2023. Si Nouvelle Démocratie a réussi à stabiliser l’économie, son bilan en matière de valeurs démocratiques, telles que la liberté des médias et les droits de l’homme, a suscité des inquiétudes, de même qu’un vaste scandale d’écoutes téléphoniques impliquant des hommes politiques, des fonctionnaires et des journalistes, qui a suscité des comparaisons avec l’affaire du Watergate. Confronté à un malaise croissant quant à ses références en matière de liberté de la presse, le gouvernement a pris certaines mesures pour tenter de remédier à la situation, notamment la création d’un groupe de travail pour la sécurité des journalistes. Si certains changements positifs sont apparus, la réaction des autorités grecques n’a pas été à la hauteur de l’ampleur et de la gravité des défis auxquels sont confrontés les médias du pays.

Un assassinat à Athènes

Le coup de grâce pour la liberté de la presse en Grèce a été porté dans l’après-midi du 9 avril 2021 dans une banlieue de la capitale Athènes. Alors que Giorgos Karaivaz, journaliste chevronné spécialisé dans les affaires criminelles, rentrait chez lui après son travail, il a été abattu en plein jour par deux hommes circulant à mobylette. Les assassins lui ont tiré dessus à dix reprises avec une arme silencieuse. Le journaliste avait travaillé pour la chaîne de télévision STAR et tenait son propre blog sur les liens entre le monde criminel grec et les fonctionnaires de police prétendument corrompus. Les autorités ont immédiatement pointé du doigt les organisations criminelles et ont qualifié le meurtre de « coup professionnel ». Face au tollé, le gouvernement a promis une réponse rapide. Cependant, plus de deux ans se sont écoulés sans que des mises à jour significatives n’aient été effectuées. La situation a finalement changé au début de cette année, lorsque deux frères, tous deux de nationalité grecque, ont été arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir commis le meurtre. Le procès n’a pas encore commencé et aucune autre arrestation n’a eu lieu depuis. À ce jour, aucun intermédiaire ou cerveau présumé n’a été publiquement identifié ou appréhendé et aucune condamnation n’a été prononcée. Cette impunité persistante pour le meurtre continue de jeter un froid sur la profession journalistique grecque.

Si l’assassinat de Karaivaz en est l’exemple le plus viscéral, la situation générale de la sécurité des journalistes en Grèce au cours des dernières années est l’une des pires de l’Union européenne.. En 2022, le siège du Real Media Group à Athènes a été la cible d’un incendie criminel, qui a causé de graves dégâts matériels mais n’a pas fait de blessés. La même année, d’autres journalistes ont subi sans succès des attaques au canon à gaz devant leur domicile. Toujours en 2021, le rédacteur en chef d’un grand quotidien a bénéficié d’une protection policière après avoir reçu des informations d’une source au sujet d’un contrat de mort circulant dans le milieu criminel. Plusieurs journalistes ont été agressés physiquement et blessés par la police anti-émeute alors qu’ils couvraient des manifestations. Plus récemment, en août 2023, un journaliste du journal TA NEA a été frappé à l’arrière de la tête par un homme d’affaires et armateur bien connu. Dans pratiquement aucun de ces cas, l’auteur n’a été condamné ou emprisonné. De même, l’assassinat en 2011 d’un autre journaliste, Sokratis Giolias, n’a toujours pas été élucidé. Par conséquent, la confiance dans la capacité des autorités chargées de l’application de la loi et des procureurs à rendre la justice est faible, ce qui aggrave le climat d’impunité.

Le Watergate grec

Outre les craintes concernant la sécurité des journalistes dans la rue, la sécurité dans le domaine numérique reste une menace. À partir de 2021, de nombreuses révélations ont été faites sur la surveillance des journalistes grecs par le biais d’écoutes téléphoniques légales et de logiciels espions illégaux.  Plusieurs journalistes et propriétaires de médias ont été mis sur écoute par le Service national de renseignement (EYP), un organisme qui a été placé sous le contrôle du bureau du Premier ministre immédiatement après la formation du gouvernement Mitsotakis. Bien que les autorités aient justifié ces écoutes par la nécessité de protéger la sécurité nationale, les journalistes ont été surveillés alors qu’ils travaillaient sur des sujets tels que la corruption bancaire. Un autre journaliste, Stavros Malichudis, du média d’investigation Solomon, a été surveillé alors qu’il travaillait sur un reportage d’intérêt humain concernant un enfant réfugié, ce qui a suscité de vives inquiétudes quant à l’utilisation abusive des services de renseignement.

Outre ces écoutes téléphoniques controversées mais techniquement légales, au moins un journaliste grec a été ciblé par un logiciel espion. En avril 2022, il a été révélé que le journaliste financier et bancaire Thanasis Koukakis, qui travaille pour CNN Grèce et d’autres médias internationaux, a été surveillé pendant au moins dix semaines au cours de l’été 2021 à l’aide d’un puissant logiciel espion appelé Predator. Il s’agit du premier cas signalé de piratage d’un journaliste dans le monde entier à l’aide de cette technologie, commercialisée par la société malhonnête Intellexa. Comme le logiciel espion Pegasus, mieux connu, il est également capable d’infecter le téléphone portable de la victime, d’accéder à ses données et de le transformer secrètement en un dispositif d’écoute dans la poche de l’utilisateur. Le gouvernement grec a immédiatement nié tout rôle, évoquant plutôt un vague acteur non étatique. Au fur et à mesure que les journalistes d’investigation publiaient de nouvelles révélations, le discours s’est modifié et le Premier ministre a fini par accuser des acteurs malhonnêtes au sein des services de renseignement. Alors que les demandes de comptes se multipliaient, le secrétaire général de Mitsotakis, qui se trouvait être son neveu, a été licencié, de même que le chef de l’agence de renseignement. Bien que les autorités continuent de nier avoir joué un rôle dans l’utilisation des logiciels espions et qu’elles aient depuis adopté une loi interdisant purement et simplement toute utilisation de logiciels espions, il existe un schéma clair entre la fin des écoutes légales de journalistes et le début des logiciels espions illégaux, ce qui indique une coordination évidente dans l’utilisation des outils d’espionnage et permet de pointer du doigt l’État. Bien que de nombreuses plaintes aient été déposées, aucun responsable n’a été désigné pour la violation de la vie privée ou de la confidentialité des sources journalistiques. Les enquêtes pénales n’ont rien donné jusqu’à présent.

La jalousie juridique


Ces dernières années, la Grèce a également connu une augmentation du nombre de procès en diffamation vexatoires et de poursuites stratégiques contre la participation publique (SLAPP), reflétant une tendance croissante dans toute l’Europe. Parmi les cas les plus marquants, on peut citer un procès SLAPP intenté par le neveu du Premier ministre contre les médias qui ont révélé ses liens avec des sociétés de logiciels espions, ce qui a conduit à sa démission. Dans le nord du pays, le média d’investigation Alterthess a été poursuivi en vertu des règles du GDPR pour un rapport judiciaire qui mentionnait le nom d’un dirigeant d’une mine d’or condamné pour la pollution environnementale de l’entreprise. Les exemples de ce type de litiges abusifs sont nombreux. Dans une autre affaire juridique alarmante, quatre journalistes et éditeurs grecs ont fait l’objet de poursuites pénales et risquaient de longues peines d’emprisonnement à la suite d’un reportage d’investigation réalisé par leur média, qui avait révélé un scandale pharmaceutique. Les quatre ont finalement été acquittés en juillet 2022.

Bien que le gouvernement grec se soit plaint d’être le pire pays de l’UE en matière de liberté des médias, derrière des pays comme la Pologne ou même la Hongrie, la réalité est que dans aucun de ces pays un journaliste n’a été assassiné en plein jour ces dernières années, et que les journalistes n’y sont pas non plus confrontés à un éventail de pressions aussi toxiques, allant de la surveillance aux attaques physiques en passant par les poursuites-bâillons. Dans l’UE, seule la Hongrie a connu plus de cas de journalistes surveillés à l’aide de logiciels espions au cours de cette période. Et si la Grèce ne présente pas la même forme de mainmise de l’État sur les médias que celle inaugurée par Victor Orbán – dans laquelle un écosystème médiatique pro-gouvernemental gonflé par la publicité de l’État domine le discours public -, l’écosystème médiatique grec souffre de multiples problèmes systémiques et à long terme.

Une crise pour les médias indépendants

Nombre d’entre elles peuvent être attribuées à la crise financière prolongée du pays, qui a gravement affaibli le marché des médias et aggravé l’enchevêtrement toxique des médias avec des intérêts politiques et commerciaux particuliers. La propriété des principales chaînes de presse et de télévision par des dynasties familiales et des magnats du transport maritime, dont beaucoup ont des liens politiques et des intérêts croisés dans des industries dépendant de contrats avec l’État, expose ces médias à des conflits d’intérêts potentiels et affaiblit leur indépendance éditoriale. En conséquence, bien que les actes de censure directe soient rares, l’autocensure est très répandue au sein de la profession journalistique et certains sujets sont largement considérés comme interdits. Les reportages qui risquent de nuire au contrôle du message du gouvernement, y compris les reportages sur des sujets tels que les refoulements de réfugiés ou les violations des droits de l’homme, sont largement absents des grands médias, en particulier de la télévision. La précarité économique des journalistes en Grèce, due aux bas salaires et aux faibles protections du secteur, rend les professionnels des médias plus vulnérables aux pressions éditoriales.

Pour compliquer encore les choses, le radiodiffuseur public du pays, la Hellenic Broadcasting Corporation (ERT), et l’Athens-Macedonian News Agency, la principale agence de presse, restent sous le contrôle direct du cabinet du Premier ministre. Cette décision d’exercer un contrôle politique plus étroit sur les organes de presse publics a été l’une des premières mesures prises par Mitsotakis lorsqu’il a pris le pouvoir. Bien que les organes se soient stabilisés après une période de crise, cela continue à poser des questions majeures sur leur indépendance, malgré les garanties ostensibles. L’indépendance et la compétence du Conseil national de la radio et de la télévision (NCRTV) restent également sujettes à caution.

Parmi les nombreux problèmes, il y a des exemples positifs. Alors que le pays bénéficie d’un groupe restreint mais très professionnel de médias indépendants et d’investigation publiant un journalisme d’intérêt public primé, ces titres restent isolés en marge du paysage médiatique et manquent de soutien. Les révélations fracassantes faites par ces médias d’investigation sont régulièrement ignorées ou déformées de manière à réduire les dommages potentiels pour le gouvernement. La combinaison de ces nombreux défis signifie que le journalisme grec est confronté à une crise de crédibilité et qu’il est l’un des pays de l’UE où le niveau de confiance des citoyens dans les médias est le plus bas, selon le Reuters Institute for the Study of Journalism (Institut Reuters pour l’étude du journalisme).

Des politiques pour inverser la tendance


Pour endiguer le phénomène et répondre à l’inquiétude croissante de Bruxelles, le gouvernement a créé en 2022 un groupe de travail sur la sécurité des journalistes, qui réunit notamment la police, les procureurs, les syndicats et les associations de journalistes.
 Un amendement controversé visant à faire passer une loi réglementant les « fake news » a été supprimé. Pour mettre fin au scandale de la surveillance, le gouvernement a adopté une loi interdisant officiellement toute utilisation de logiciels espions, bien que le commerce de cette technologie à l’intérieur de la Grèce reste légal. Des mesures ont également été prises au niveau systémique. Parmi les changements positifs, citons le nouveau registre de la presse écrite (MET) et le registre de la presse électronique (MHT), qui visent à améliorer la transparence de la propriété des médias, y compris la propriété effective. Dans le cadre d’un nouveau système, les médias qui ne sont pas enregistrés dans ces organismes ne peuvent pas bénéficier des campagnes publicitaires de l’État. Cette mesure fait suite au scandale de la pandémie de 2020, surnommé « liste Petsas », dans lequel les fonds destinés à la diffusion de messages de santé publique dans les médias ont été distribués de manière discriminatoire. Si ces changements semblent positifs sur le papier, leur impact reste à voir.

En fin de compte, les défis du pluralisme et de l’indépendance des médias sont parmi les plus complexes à relever et toute évolution positive en Grèce nécessitera l’action et la responsabilité des journalistes et des médias, soutenus par les syndicats et appuyés par une forte volonté politique de la part du gouvernement. Si la forte détérioration de la liberté de la presse amorcée en 2021 semble s’être calmée pour l’instant, il reste encore beaucoup à faire pour remédier à la situation et l’améliorer. Les journalistes et les groupes de défense de la liberté des médias ont le sentiment que la réaction des autorités grecques n’est pas à la hauteur de la gravité de la situation. L’État doit notamment mettre en place des mécanismes beaucoup plus solides pour protéger la sécurité des journalistes, rendre pleinement justice pour le meurtre de Karaivaz, veiller à ce que les responsables de la surveillance illégale rendent compte de leurs actes et mettre en œuvre de meilleures lois pour protéger l’indépendance et le pluralisme des médias. Reconstruire les piliers sévèrement érodés de la liberté des médias ne sera pas une tâche facile, mais elle est essentielle pour la résilience de la démocratie grecque.

Ce texte a été initialement publié dans la British Journalism Review le 4 décembre 2023.

Source http://www.defenddemocracy.press

Soutenir les VioMe de Thessalonique


Après que leur usine ait été mise en faillite et abandonnée par les employeurs, les salariés, il y a 10 ans, l’ont reprise en coopérative ouvrière.

Ils ont été expulsé des locaux par le fond de pension qui a participé à l’enchère publique mais les ouvriers ont réussi à s’installer dans des locaux plus précaires à proximité. Ils en appellent à la solidarité internationale.

Ils viennent de nous confirmer qu’ils pourront honorer une commande groupée du comité de Grenoble comme nous le faisons chaque année depuis 2016 pour les soutenir.

Les documents pour organiser cette commande pour le printemps 2024 sont en préparation.

Nous les communiquerons ultérieurement.

Vous pouvez suivre sur leur blog leur situation en utilisant la fonctionnalité traduction http://biom-metal.blogspot.com/

Le comité de rédaction

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