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Violence policière et mort d’un jeune de 16 ans

La police grecque affronte violemment des manifestants pour marquer la mort d’un adolescent

Par Eleni Stamatoukou

La police est accusée de brutalité excessive lors d’affrontements avec des manifestants à Athènes et à Thessalonique pour commémorer le meurtre d’un adolescent par la police en 2008 – un Rom de 16 ans a été hospitalisé.

Alors que des milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Athènes et de Thessalonique pour le 14e anniversaire du meurtre d’Alexis Grigoropoulos, un étudiant de 15 ans, la journée a été marquée par des affrontements avec la police et l’agression d’un Rom de 16 ans, Kostas Fragoulis.

Selon le média grec Efsyn, la police anti-émeute a utilisé des gaz lacrymogènes, frappé des civils et procédé à des interpellations, dont neuf se sont soldées par des arrestations. Ils ont également pulvérisé des produits chimiques à l’intérieur de restaurants et d’immeubles d’habitation, pourchassant les personnes qui participaient aux manifestations.

Le 6 décembre 2008, Alexis Grigoropoulos et ses amis traînaient dans le quartier d’Exarchia, à Athènes, lorsque le groupe s’est disputé avec deux policiers, qui se sont d’abord éloignés avant de revenir.

Le garde spécial Epaminondas Korkoneas a abattu Alexis. Korkoneas a été condamné pour ce meurtre mais a depuis été libéré.

Immédiatement après la mort de l’adolescent, les gens sont descendus dans la rue et des émeutes ont éclaté dans toute la Grèce, entraînant la destruction de bâtiments publics et privés, principalement à Athènes.
Le père d’un manifestant mort, Vassilis Maggos, Yiannis, participe avec des manifestants à un rassemblement marquant le 14e anniversaire du meurtre de l’adolescent Alexis Grigoropoulos, à Athènes, le 6 décembre 2022. Photo : EPA-EFE/YANNIS KOLESIDIS GREECE OUT

La police a également été accusée de brutalité à Thessalonique, où un Rom de 16 ans, Kostas Fragoulis, a été blessé à la tête par l’arme d’un policier. Il a été hospitalisé dans un état critique.

Les procureurs ont accusé un policier de 32 ans de tentative d’homicide avec préméditation et d’utilisation illégale de son arme de service.

BIRN a demandé un commentaire à la police, mais a été renvoyé aux communiqués de presse. Selon la police, après avoir refusé de payer de l’essence, le véhicule de Fragoulis a effectué des manœuvres dangereuses et a tenté de percuter la moto des policiers, mettant ainsi leur vie en danger.

Face à un danger immédiat, la police a déclaré avoir fait usage d’une arme. Dans un second communiqué de presse, la police a annoncé l’arrestation du policier et une enquête officielle sur ses actions. Dans le même temps, il a été suspendu.

Des affrontements entre la communauté rom et la police ont éclaté mardi soir à Athènes et à Thessalonique. La police a été attaquée à coups de cocktails Molotov et de pierres, tandis que des barricades faites de poubelles ont été incendiées.
Photo : La police anti-émeute se tient près des flammes causées par un cocktail molotov lancé par des manifestants lors des affrontements qui ont suivi un rassemblement marquant le 14e anniversaire du meurtre de l’adolescent Alexis Grigoropoulos, à Athènes, en Grèce, le 06 décembre 2022. Grigoropoulos, un étudiant de 15 ans, a été tué le 6 décembre 2008 lors d’une fusillade apparemment provoquée par la police dans le centre d’Athènes, ce qui a déclenché des émeutes dans la capitale grecque. EPA-EFE/ORESTIS PANAGIOTOU GRÈCE OUT

Dans son rapport de juin 2022 sur l’arbitraire des autorités chargées des poursuites en Grèce, le médiateur grec note que l’année précédente, 308 plaintes ont été déposées, la plupart contre des policiers.

En octobre 2021, Nikos Sampanis, un Rom de 18 ans, a été abattu par la police lors d’une poursuite en voiture. La police a considéré que le véhicule avait été volé.

« Je ne sais pas dans quel pays développé quelque chose de similaire se produirait. Le ministre ferme les yeux sur les policiers accusés d’homicide, avant même qu’ils ne s’excusent, et discrédite en même temps tout concept de séparation des pouvoirs, une valeur fondamentale dans un État de droit », a déclaré le journaliste Kostas Koukoumakas à News247, qui a enquêté sur les brutalités policières.
Des véhicules passent devant des objets en feu après des affrontements entre Roms et policiers près du campement d’Ag.Sofia dans le quartier de Diavata à Thessalonique. Photo : EPA-EFE/ACHILLEAS CHIRAS GREECE OUT

Au milieu de ces développements, le Premier ministre a annoncé une allocation supplémentaire de 600 euros aux policiers et aux officiers du port. « Je ne pense pas que ce soit juste un mauvais timing », a déclaré M. Koukoumakas.

Le récent rapport de la Ligue hellénique des droits de l’homme documente que le recours à une force excessive et à l’arbitraire par la police grecque est un phénomène systémique.

« Les incidents ne sont pas isolés. Dans le même temps, il existe une culture bien ancrée d’impunité et d’absence de responsabilité en raison de l’insuffisance des enquêtes sur les affaires et de leur dissimulation systématique. Nous sommes à un point de basculement », a déclaré Katerina Pournara, avocate et membre du conseil d’administration de la Ligue hellénique des droits de l’homme.

Les recherches menées depuis plusieurs années par l’organisation de défense des droits Amnesty International ont également confirmé que la violence policière en Grèce est un phénomène systémique, et non exceptionnel, qui se reproduit à travers une culture de l’impunité.

« Les autorités grecques doivent rendre des comptes et protéger immédiatement les citoyens contre le recours illégal à la force et l’entrave à l’accès à la justice », a déclaré Despina Paraskeva-Veludogianni, responsable des campagnes d’Amnesty

Le procès en appel d’Amir Zahiri et Akif Razuli (communiqué)

Communiqué de presse des initiatives Legal Centre Lesvos, Aegean Migrant Solidarity, borderline-europe e.V., You can’t evict Solidarity et Deportation Monitoring Aegean

Le 8 décembre 2022, le procès en appel d’Amir Zahiri et Akif Razuli, reporté à deux reprises, a eu lieu à Mytilini, en Grèce. À la fin, la Cour d’appel composée de trois juges a acquitté Akif, mais a déclaré Amir coupable de « conduite de bateau » et l’a condamné à 8 ans de prison. Par rapport à la décision de toute première instance, sa peine a été considérablement réduite, ce qui signifie qu’il peut bénéficier d’une libération anticipée sur parole. Les initiatives Legal Centre Lesvos, Aegean Migrant Solidarity, borderline-europe e.V., You can’t evict Solidarity et Deportation Monitoring Aegean ont observé le cas de ces deux personnes à Lesvos et se réjouissent de leur prochaine libération de prison.

Après une journée de suspense quant à savoir si le procès allait avoir lieu ou être à nouveau reporté, le procès a finalement commencé jeudi en fin d’après-midi. Quatre témoins ont témoigné pour les accusés, qui étaient représentés par des avocats du Legal Center Lesvos et du Human Rights Legal Project Samos.

À la fin du procès, le procureur a proposé qu’Akif soit déclaré non coupable, en raison de l’absence de toute preuve qu’il conduisait le bateau, et les juges ont accepté.

Malgré les doutes émis quant à la culpabilité d’Amir, le tribunal l’a déclaré coupable d’avoir facilité l’entrée illégale sur le territoire, c’est-à-dire d’avoir conduit le bateau. Ils ont rejeté l’argument selon lequel Amir a été contraint de conduire le bateau par nécessité pour sauver la vie de sa famille et des autres personnes présentes sur le bateau – une raison légale d’acquittement. Toutefois, le tribunal a réduit sa peine à huit ans en raison de circonstances atténuantes, de sorte qu’il peut désormais demander une libération anticipée, compte tenu du temps qu’il a gagné en travaillant et en étudiant pendant son séjour en prison. Ce résultat, bien qu’insuffisant, est une bonne nouvelle pour sa famille.

Bien qu’il n’y ait jamais eu de preuves crédibles contre eux, les deux accusés sont maintenant en prison depuis presque 3 ans.

Le témoin des garde-côtes – le seul témoin de l’État contre Akif et Amir – ne s’est pas présenté une fois de plus pour témoigner au tribunal hier. Lors de leur procès en appel prévu en avril 2022, ledit témoin ne s’est pas présenté, ce qui a servi d’excuse pour reporter le procès.

Il s’agit malheureusement d’une situation courante dans ces affaires de « conduite de bateau », où les garde-côtes ou la police sont les seuls témoins contre l’accusé. Lundi dernier, dans l’affaire A.B., le tribunal de Mytilène a reporté le procès d’A.B. jusqu’en mai 2023, car le témoin des garde-côtes ne s’est pas présenté au procès et n’a pas donné d’excuse pour son absence. Bien que le tribunal ait infligé une amende de 200 euros à l’officier des garde-côtes pour ne pas s’être présenté, il s’agit d’une simple tape sur la main, alors que la vie d’A.B. est à nouveau maintenue dans les limbes pendant six mois supplémentaires.

Hier, le témoin des garde-côtes qui avait fait un témoignage écrit contre Amir et Akif ne s’est pas présenté au procès. Cette fois, heureusement, l’affaire a avancé.

Il est important de rappeler que les accusés ont témoigné lors du premier procès que lorsqu’ils ont atteint les eaux grecques dans leur voyage depuis la Turquie en mars 2020, les garde-côtes helléniques ont tenté de les refouler vers la Turquie et, ce faisant, ont endommagé le bateau qui a commencé à couler. Selon le témoignage des défendeurs, les garde-côtes ont alors été contraints de prendre tous les passagers à bord et de les ramener en Grèce. Il est particulièrement important de noter qu’hier, c’est le Procureur qui a soulevé la question de savoir s’il y a eu ou non une tentative de refoulement par les garde-côtes pendant la traversée d’Amir et Akif, dans son interrogatoire des défendeurs. L’absence continue du témoin des garde-côtes est également à noter, étant donné les implications qu’il pourrait avoir été impliqué dans cette tentative de refoulement – le véritable crime dans cette affaire.

Environ 40 personnes des groupes de solidarité et de la presse étaient présentes à l’intérieur de la salle d’audience et se sont rassemblées à l’extérieur après le procès. À 19 heures, lorsque les verdicts et les peines ont été annoncés, les deux hommes ont été accueillis par des banderoles et des chants célébrant leur liberté.

L’acquittement d’Akif Razuli et la réduction de peine d’Amir Zahiri, hier, constituent une petite victoire. Mais il s’agit d’un tout petit pas dans un contexte où il y a encore des milliers de personnes qui sont emprisonnées en Grèce avec la même accusation, simplement parce qu’elles cherchaient un meilleur avenir. Nous serons aux côtés de tous ceux qui sont en prison pour avoir franchi les frontières et nous lutterons avec eux pour leur liberté.
– Kim Schneider de l’initiative Vous ne pouvez pas expulser Solidarité.

Après presque trois ans, ce résultat est le strict minimum de ce que mérite Akif. Il est venu en Grèce comme réfugié et s’est retrouvé en prison sans aucune preuve contre lui. Nous espérons que la loi injuste contre la contrebande dont lui et Amir ont été accusés sera abolie et que la persécution des réfugiés dans les rouages du système judiciaire grec prendra fin.
-Vicky Aggelidou, du Centre juridique de Lesvos, qui a représenté Akif Rasuli.

    Si je ne considère que ce seul procès, je n’ai rien à critiquer du point de vue de la procédure. Cependant, la poursuite d’Akif Razuli et d’Amir Zahiri n’est pas faite de ce seul procès. Même si les violations précédentes étaient corrigées par l’acquittement d’Akif Razuli, il ne récupérera aucune des presque trois années qu’il a passées en prison sans raison. Et il ne faut pas oublier qu’Amir Zahiri a de nouveau été reconnu coupable. Bien que la peine ait été considérablement réduite et qu’Amir Zahiri puisse maintenant espérer être bientôt libéré sur parole, il s’agit toujours d’une condamnation motivée par des raisons politiques dans un procès qui n’aurait pas dû avoir lieu.    -Annina Mullis, observatrice du procès pour European Lawyers for Democracy and Human Rights et Swiss Democractic Lawyers.

Le procès d’hier a partiellement réparé une grande injustice contre Amir et Akif. Nous espérons qu’à l’avenir, nous ne verrons plus jamais de cas similaires de personnes condamnées sans preuves ni témoins et sans interprétation adéquate, comme ce fut le cas lors du tout premier procès d’Amir et Akif.
-Équipe de pacificateurs communautaires – Aegean Migrant Solidarity

Contact presse :
Lorraine Leete
Centre juridique de Lesvos
@legalcentrelesvos.org
Téléphone : +30 695 5074724
Notre adresse postale est la suivante
info@legalcentrelesvos.org

Grèce : il y a 49 ans, le massacre de Polytechnique

A. Sartzekis
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Retour sur la mobilisation organisée le 17 novembre en Grèce à l’occasion du 49e anniversaire du massacre de Polytechnique.

Le 17 novembre 1973 est l’une des dates clés de l’histoire contemporaine grecque et des luttes politiques et sociales du pays : se situant dans le prolongement des innombrables actes de résistance au régime fascisant de la dictature des colonels (1967-1974) mis en place sur instigation de la CIA, des centaines d’étudiantEs avaient occupé l’Université Polytechnique d’Athènes (dans le quartier d’Exarcheia) et popularisé leur action en appelant à la chute des colonels. Ceux-ci ont alors lancé l’armée contre les étudiantEs, l’image du tank défonçant le portail de l’université étant connue de tous les Grecs depuis cette sinistre date. Bilan de la répression : au moins 24 morts, des centaines de blesséEs et d’arrestations. Un an plus tard, la dictature, de plus en plus déstabilisée, tombait, en envoyant l’armée grecque occuper l’île de Chypre et lui faisant subir une terrible défaite face à l’armée turque, ce qui a débouché sur le partage de l’île en deux zones depuis lors séparées par des murs.

Des manifestations très puissantes

Depuis la fin de la dictature, le 17 novembre est une journée de mobilisation de la jeunesse scolarisée, précédée souvent par des initiatives commémoratives (débats, concerts…) dont le sens n’a jamais été perdu malgré les ans.

Cette année, une semaine après le très grand succès de la grève générale du 9 novembre, le gouvernement espérait un « petit » 17 novembre. À cet effet, comme d’habitude il a voulu jouer sur la peur en déployant une armée de MAT (les CRS, presque 6 000 à Athènes) et en multipliant des hélicos avec projecteurs. À Salonique, le président de la fac, qui se réjouit que des flics puissent patrouiller dans « son » université, avait carrément fait fermer l’université, sinistre provocation contre la mémoire des luttes du peuple grec et tout simplement contre la démocratie.

Mais les discours lénifiants sur le 17 novembre comme « fête de tous les Grecs » (de même, le 1er mai est depuis l’époque du dictateur Metaxas la « Fête des fleurs ») et le cadre répressif n’auront servi à rien : de l’avis de beaucoup, les manifestations du 17 novembre ont été encore plus fournies que celles du 9 novembre. À Athènes, la police a compté 20 000 manifestantEs comme pour le 9, mais nos camarades de NAR annoncent entre 35 000 et 40 000 personnes. Les cortèges étudiants étaient incroyablement massifs, ceux des syndicats étaient souvent fournis, de même que ceux des organisations de la gauche révolutionnaire ou réformiste. Sans oublier des cortèges associatifs, comme celui des habitantEs d’Exarcheia, mobilisés contre un projet vicieux de station de métro sur la place du même nom. Et des manifs importantes ont eu lieu ailleurs, comme à Salonique, Patras, dans les villes universitaires de Crète…

Les mots d’ordre portaient bien sûr contre la politique du Premier ministre Mitsotakis, « Pain, éducation, liberté » étant plus que jamais un concentré des revendications sociales et démocratiques. Les mots d’ordre anti-impérialistes ont également résonné très fort, ce qui se justifie face aux cadeaux faits à l’impérialisme US qui peut maintenant disposer d’une base maritime au nord-est de la Grèce, à Alexandroupolis, pas loin de l’entrée dans les détroits menant à la mer Noire. Refuser que la Grèce soit impliquée dans une future guerre inter-impérialiste, notamment par le biais de ces bases, est central. Mais on doit pourtant noter une faiblesse de la dimension anti-impérialiste de cette manif de 2022, liée au fait que sur la question de la sale guerre russe en cours en Ukraine, en dehors de quelques organisations sur des positions marxistes révolutionnaires, le « moins mauvais » qu’on constate dans la gauche radicale et révolutionnaire grecque est de dénoncer à la fois l’impérialisme US et l’invasion poutinienne de l’Ukraine.

À Athènes, A. Sartzekis

Source https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-il-y-49-ans-le-massacre-de-polytechnique-0

Propos gravement diffamatoires, injures et menaces proférés contre SOS MEDITERRANEE

Communiqué

« L’association SOS MEDITERRANEE condamne avec la plus grande fermeté les propos gravement diffamatoires proférés publiquement par certains responsables politiques, l’accusant de complicité avec des passeurs ou mettant en cause les conditions de son action en mer Méditerranée, ainsi que les injures et menaces portées contre ses dirigeants et ses salariés. 


Sa mission s’opère dans le strict respect du
droit maritime international. L’association SOS MEDITERRANEE a d’ailleurs été reconnue Grande Cause nationale en 2017 et a reçu le prix UNESCO Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix en 2017. En octobre 2022, elle s’est vu décerner le prix de la Fédération Internationale du Sauvetage en Mer (IMRF) pour la « contribution exceptionnelle d’une équipe aux opérations de recherche et de sauvetage en mer ». 

SOS MEDITERRANEE a mandaté ses avocats pour qu’ils étudient toutes actions judiciaires appropriées, en vue de sauvegarder ses intérêts et ceux de tous ses bénévoles et salariés qui, jour après jour, sauvent des vies humaines. 

Nous sommes une association humanitaire, nous ne faisons pas de politique. Face à une situation humanitaire d’urgence en Méditerranée, notre raison d’être est notre mission de sauvetage en mer. »  

François Thomas, Président de SOS MEDITERRANEE France 

Source https://sosmediterranee.fr/communiques-et-declarations/propos-diffamatoires-injures-menaces/

Grèce : colère sociale sur fond de possible tempête politique

Après 10 ans de mémorandums, la crise économique actuelle est encore plus dure en Grèce, d’autant que la seule préoccupation du gouvernement ultralibéral de Mitsotakis est de brader le public au privé.

La politique de Mitsotakis, c’est aussi l’argent facile sans emplois durables (tourisme estival), ce sont également des décisions énergétiques sans plan d’ensemble : implantations autoritaires de champs d’éoliennes pour le seul profit de patrons copains et comme seul effet de massives mobilisations locales, comme en Eubée la semaine dernière.

Au total, la situation est tragique pour une grande partie de la population : une inflation record (12 % en septembre), des hausses vertigineuses des prix de l’énergie et des produits de base, et cela sans aucune perspective de vraie relance. Sur les 23 régions de l’Union européenne où le chômage des jeunes dépasse 30 %, six sont grecques, et trois millions d’habitantEs (sur 10,7) sont en même temps en danger de pauvreté et d’exclusion sociale1. Face à cela, la mise en scène du « panier bon marché de la ménagère » par le ministre d’extrême droite Georgiadis est jugée aussi ridicule que vaine.

Déferlante de la colère sociale

Comme le montrent diverses mobilisations, la colère enfle face à un gouvernement au seul service des riches et qui s’enfonce dans une logique faite de violente répression mais aussi de flicage paranoïaque : les écoutes téléphoniques du cercle de Mitsotakis visent non seulement la gauche militante et les politiciens réformistes ou centristes, mais aussi le cœur de la droite, d’où une charge violente la semaine dernière d’un des piliers du régime, le glauque armateur propriétaire de deux des principaux journaux-propagande lèche-bottes du Premier ministre !

Une crise de la droite peut-être non durable mais qui affaiblit le gouvernement face à la pression sociale de la rue. En effet, GSEE (confédération unique du privé) et ADEDY (fédération unique du public) ont été obligées d’appeler à la grève générale le 9 novembre, pour exiger une hausse réelle des salaires, le rétablissement des conventions collectives, l’abolition de la loi anti-syndicat. La grève a été massive, et les manifestations très importantes dans tout le pays : à Athènes, la police a compté 20 000 manifestantEs, nos camarades de NAR jusqu’à 30 000 ; on a pu compter plus de 15 000 avec PAME (courant syndical du PC KKE, au cortège massif mais assez terne), 10 000 fort dynamiques avec les syndicats de base soutenus par la gauche radicale et révolutionnaire, 3 000 à 5 000 avec GSEE aux côtés duquel Syriza faisait un retour fourni dans la rue. Mais comme toujours, trois cortèges s’évitant, et donc une absence de dynamique unitaire qui risque d’offrir comme seule perspective d’alternative à la droite un futur gouvernement Syriza-Pasok pour « mieux gérer » la crise du capitalisme. Construire dans les luttes le front unique pour rendre crédible la seule vraie alternative, la rupture avec la meurtrière loi du marché, ça urge !

À Athènes

A. Sartzekis

  • 1. Chiffres publiés par le quotidien Ef Syn.

Source https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-colere-sociale-sur-fond-de-possible-tempete-politique

Rejet du Conseil d’Etat sur le gel des travaux à Exarchia

Le Conseil d’État rejette la demande des résidents d’Exarchia de  » geler  » la station de métro

Anniversaire du 17 novembre

Athènes : Plus de 5 500 policiers, des restrictions de circulation pour l’anniversaire du 17 novembre.

Plus de 5 500 policiers sont déployés à travers la capitale grecque Athènes pour les événements du 17 novembre, lorsque les Grecs honoreront le 49e anniversaire du soulèvement des étudiants contre la junte militaire.
Les manifestations, qui dureront trois jours, débuteront mardi à l’École polytechnique d’Athènes, dans le centre-ville, à côté du Musée national, et atteindront leur apogée jeudi avec la grande marche dans les rues principales jusqu’à l’ambassade des États-Unis.

Des policiers du service anti-émeute ainsi que des agents en civil surveilleront principalement la zone entourant le bâtiment historique de l’École polytechnique d’Athènes, tandis que les universités, les ambassades sensibles et les bâtiments gouvernementaux bénéficieront d’une sécurité supplémentaire, rapportent les médias.

La police sera également déployée à Athènes depuis d’autres régions du pays.

La police grecque mobilisera également des drones et des hélicoptères pour surveiller la situation à Athènes depuis le ciel, et en particulier la zone du centre-ville d’Exarchia, où se trouve l’École polytechnique d’Athènes et qui a été l’épicentre des émeutes anti-establishment des années précédentes.

Les mesures comprendront également des restrictions de circulation et de stationnement dans le centre-ville d’Athènes ainsi que des perturbations dans les transports publics.

L’opération sera mise en œuvre à partir de mercredi et comportera des restrictions dans le centre-ville d’Athènes susceptibles d’affecter les transports publics.

Les restrictions d’urgence à la circulation seront en vigueur du mardi à 6h00 au vendredi à 6h00, du 15 au 18 novembre 2022.

Détails sur les restrictions de circulation ici en grec ici

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2022/11/14/athens-police-traffic-restrictions-17-nove-anniversary/

Ça chauffe à Athènes !

[INFOS GRÈCE !!!]

Bonjour,
Nous sommes actuellement pour certains à Athènes et pour d’autres à Héraklion, en partance pour livrer Exarcheia avec des fourgons solidaires pleins de nourriture fournie par des paysans crétois en luttes.
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1- DÉLUGE DE FEU DEVANT LE PARLEMENT

Hier, jour de grève en Grèce, les cocktails Molotov ont enflammé plusieurs points de la capitale, à commencer par les parvis du parlement sous haute protection policière.
À ce sujet, regardez et partagez la vidéo tournée sur place par nos compagnons du collectif Perseus999 :
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Pour rappel, présentation de Perseus999 :
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2- RÉVOLTE À EXARCHEIA

Comme nous l’avons déjà évoqué à plusieurs reprises, la tension ne cesse de monter à Exarcheia et aux alentours. La révolte gronde. Les affrontements se multiplient. La répression se durcit. Une bonne partie de l’opinion a progressivement rejoint les défenseurs du quartier face aux assauts répétés du pouvoir. Après avoir subi de nombreuses évacuations de squats et lieux autogérés, Exarcheia est maintenant la cible d’une gentrification planifiée au moyen d’un chantier pour la construction d’une station de métro sur la place principale, ou encore face à l’appétit de promoteurs immobiliers qui veulent s’accaparer Strefi, la colline du quartier : véritable poumon vert, superbe point de vue sur Athènes et lieu d’activités sociales en tous genres.
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À ce sujet, lisez et partagez l’excellent reportage photo de Reporterre à Exarcheia ces derniers jours :
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Si vous ne l’avez jamais vu, vous pouvez aussi regarder notre film documentaire « L’Amour et la Révolution » qui présente la période récente des luttes à Exarcheia, juste avant cette nouvelle offensive du pouvoir :
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(n’hésitez pas à partager, à bloguer et à projeter où bon vous semble)
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Regardez également cette vidéo tournée il y a trois jours, lors des nouveaux affrontements à Exarcheia et alentours pour la défense du quartier :
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(on compte 16 arrestations !)
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3- LIVRAISON DES LIEUX SOLIDAIRES AUTOGÉRÉS AVEC LE SOUTIEN  DES PAYSANS CRÉTOIS EN LUTTES

Ce jeudi 10 novembre, nous sommes pour certains à Athènes et pour d’autres à Héraklion, en partance pour livrer Exarcheia avec des fourgons solidaires plein de nourriture (entre autre) fournie par des paysans crétois en luttes.
Ce sera l’ultime livraison de l’année — et la plus importante — cette fois vers Athènes en provenance de Crète. C’est celle qui va aider nos principaux lieux autogérés à entrer dans l’hiver (Notara 26, K*Vox, SODAA, réseau des cuisines solidaires de l’Attique, etc.). L’huile d’olive, par exemple, est produite par des camarades paysans de la région de Kastelli opposés au projet d’aéroport, notamment Giorgi qui présentait cette lutte dans « L’Amour et la Révolution ».
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En raison de la hausse récente du nombre de résidents dans le squat de réfugiés/migrants Notara 26 (Exarcheia) et du nombre également croissant de sans-abris (grecs et migrants) soutenus par le réseau de cuisines solidaires autogérés et gratuites dans la région d’Athènes, nous devons revoir à la hausse nos calculs, notamment le nombre de nos bidons d’huile d’olive, de nos caisses de légumes et de fruits, ainsi que quelques autres denrées et produits d’hygiène signalés manquants.
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Si certains d’entre vous peuvent participer, cela nous permettra d’étendre nos moyens d’agir (denrées et soutien financier).
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—> par virement à ANEPOS :
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Livraisons Athènes »
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—> ou par chèque à l’ordre d’ANEPOS à envoyer à l’adresse ci-dessous :
ANEPOS – « Livraisons Athènes » – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
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Nous menons ce type d’action une fois tous les six mois depuis 5 ans sous cette forme, dans la mesure du possible, en complément de nos convois solidaires au départ de la France, de la Suisse et de la Belgique.
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Voici le compte-rendu des trois dernières livraisons similaires (cliquez sur les photos pour les voir en grand format) :
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4- CRÉATION D’UNE CAISSE ANTI-RÉPRESSION

Les arrestations et les procès se multipliant actuellement, à Exarcheia et ailleurs en Grèce, la question s’est récemment posée de nous donner les moyens de réagir au plus vite pour faire face spécifiquement aux frais de Justice de nos compagnons de lutte. Plusieurs de nos proches sur place nous ont vivement conseillé de créer une caisse anti-répression pour être plus à même de participer à la solidarité dans ce domaine, dès que c’est nécessaire, dans la mesure de nos moyens.
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Si vous souhaitez contribuer à ce fond d’entraide, vous pouvez faire un virement à ANEPOS en mentionnant « CAR » en objet (signifiant Caisse Anti-Répression) ou envoyer un chèque à l’ordre d’ANEPOS en mentionnant « CAR » au dos du chèque ou de l’enveloppe. Si vous préférez utiliser Paypal, merci de nous signaler par mail que c’est pour la CAR : solidarite@anepos.net
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Un grand merci de votre participation, que vous puissiez ou pas cette fois (un compte-rendu des actions en cours suivra, dans quelques jours, accompagné de photos).
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Bon courage dans les luttes, où que vous soyez ! Pas question de baisser les bras !
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Anarmicalement,
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Maud, Éric et Yannis po/ les membres de l’action
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Pour toute info supplémentaire : solidarite@anepos.net ou tél. 06 24 06 67 98 (numéro français) ou 0030 694 593 90 80 (numéro grec).
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PS : ambiance insolite dans un bar d’Exarcheia, il y a trois jours, tenez vous bien 😉 https://youtu.be/i9f-AAjq_50
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Un amer soulagement

230 rescapés à bord de l’Ocean Viking débarqueront finalement à Toulon : un amer soulagement

10 novembre 2022

Un lieu sûr a enfin été attribué pour permettre le débarquement des 230 rescapés encore à bord secourus au cours de six sauvetages entre le 22 et 26 octobre. Trois personnes dans un état de santé critique et un proche ont du être évacuées ce matin pour recevoir des soins d’urgence à l’hôpital de Bastia, Corse. Les rescapés sont enfin autorisés à débarquer à Toulon, dans le Sud de la France. L’Ocean Viking est en route. Au vu des prévisions météo instables qui s’annoncent, notre navire prévoit d’arriver au port vendredi en fin de matinée.  

C’est avec un mélange de soulagement et de colère que nous accueillons cette nouvelle.

“Nous sommes extrêmement soulagés de ce dénouement à venir grâce à l’attribution d’un port en France, qui met fin à une situation critique sur notre navire. Mais cette solution à un goût amer : les 230 femmes, enfants et hommes à bord de l’Ocean Viking viennent de vivre un véritable calvaire et sont épuisés, tout comme nos équipes. Débarquer près de trois semaines après les sauvetages, si loin de la zone d’opération en Méditerranée centrale est le résultat d’un échec dramatique de la part de l’ensemble des Etats européens, qui ont bafoué le droit maritime d’une manière inédite”, déclare Sophie Beau, co-fondatrice et Directrice Générale de SOS MEDITERRANEE France.

Les bateaux de sauvetage citoyens, portés par des ONG comme SOS MEDITERRANEE, ne font que pallier le désengagement grave et mortel des Etats Européens en Méditerranée centrale. Comme le rappelle la Commission Européenne hier (9 novembre): “L’obligation légale de secourir et d’assurer la sauvegarde de la vie en mer est claire et sans équivoque, quelles que soient les circonstances qui conduisent les personnes à se trouver dans une situation de détresse […] Le caractère sacré de la vie étant de la plus haute importance et de la plus haute considération.”

L’instrumentalisation politique du devoir d’assistance en mer, à laquelle nous avons assisté ces dernières semaines, est inacceptable : c’est un renoncement cynique à un impératif moral, légal et universel. Nous appelons urgemment les Etats membres de l’Union européenne et Etats associés, avec la Commission européenne, à établir enfin un mécanisme de débarquement prévisible en lieu sûr des rescapés, là où leur sécurité n’est plus menacée et où leurs besoins humains fondamentaux peuvent être satisfaits.

Source https://sosmediterranee.fr/communiques-et-declarations/230-rescapes-a-bord-de-locean-viking-debarqueront-finalement-a-toulon-un-amer-soulagement/

À Athènes, le quartier solidaire d’Exarcheia lutte pour sa survie

La mairie d’Athènes veut construire une station de métro sur la place du quartier contestataire d’Exarcheia. Les habitants voient dans cette décision autoritaire une attaque politique contre l’esprit des lieux.

Athènes (Grèce), reportage

Les riverains présents ce jour-là n’en reviennent toujours pas. Le 9 août dernier, sur la place principale du quartier athénien d’Exarcheia, au beau milieu des vacances estivales et vers 4 h 30 du matin, une centaine de MAT — les policiers anti-émeute grecs, équivalents de nos CRS– – se sont déployés, accompagnés d’une poignée d’ouvriers. En quelques heures, la place a été barricadée de palissades de chantier et de barbelés. C’est ici, dans le cœur historique de ce quartier contestataire et en grande partie autogéré de la capitale grecque que doit se construire la station de métro desservant la zone.

Une décision pour le moins expéditive de la mairie d’Athènes, du ministère des Transports et du Métro de la région de l’Attique, qui avaient jusque-là peu communiqué sur le projet. « Il n’y a eu strictement aucune concertation publique concernant ces travaux, aucune information donnée aux habitants ou aux commerçants — et l’on parle d’un chantier censé prendre au moins huit ans — et, à ce jour, il n’y a toujours aucun affichage d’autorisation d’urbanisme, qui est obligatoire sur tous les chantiers. Cela montre bien l’opacité de ce projet », dénonce Barbara Svoronou, native du quartier et membre de l’initiative citoyenne Non au métro sur la place d’Exarcheia.

Une chaîne humaine a été organisée le 23 octobre, rassemblant plusieurs centaines d’habitants et d’opposants au projet de station de métro sur la place d’Exarcheia. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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Habituellement, en lieu et place du chantier, la plateia grouille d’initiatives citoyennes comme des stands solidaires et soupes populaires, mais aussi de structures telles qu’un centre de soins autogéré, ou encore un parc pour enfants construit par les habitants.

Alors, depuis cette nuit d’août, la lutte s’est organisée à Exarcheia. De nombreux habitants et opposants au projet se sont structurés en un comité inédit, qui mobilise aujourd’hui activement plusieurs centaines de personnes. Les rassemblements se sont multipliés et, le 24 septembre dernier, plus de 4 500 personnes ont manifesté contre le chantier.

Depuis début août, soit près de trois mois après le début du chantier, une centaine de policiers se relaient 24h24 autour de la place où ont lieu les travaux mais aussi dans l’ensemble du quartier. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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La nouvelle ligne 4 du métro d’Athènes et ses 35 stations doit traverser des quartiers non desservis du centre pour les relier aux banlieues de la capitale. Une avancée en matière d’urbanisme et, a priori, d’environnement. Mais si le plan de cette ligne avait été projeté depuis la fin des années 1990, les opposants à la station Exarcheia perçoivent le choix de la place comme une stratégie politique. « Nous ne sommes pas du tout contre une station de métro, qui est une bonne chose ; c’est son emplacement que nous dénonçons, qui est totalement injustifié », insiste Barbara.

Alternative rejetée

De nombreux résidents avaient notamment proposé une autre option de lieu, consolidée par une étude d’urbanistes, à trois rues de là, près du Musée archéologique d’Athènes. La proposition a été rejetée par les autorités, qui ont invoqué des difficultés de construction et de budget. « C’est un choix qui aurait été beaucoup plus cohérent, il y a beaucoup plus d’espace au niveau du musée, le lieu est fréquenté et les autres stations de métro en sont plus éloignées. Sur la place d’Exarcheia, il n’y a aucun site touristique, aucune grande entreprise ou institution, qui nécessiterait un passage à cet endroit précis. »

Depuis quelques années, ce quartier peu cher et prisé des touristes a fait les affaires des investisseurs immobiliers. Un graffiti « touristes, rentrez chez-vous » rapelle la colère des locaux qui peinent de plus en plus à se loger face aux locations saisonnières et à la gentrification. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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De nombreux habitants considèrent, comme le dit Barbara, que « le choix de cet emplacement est politique plutôt que d’intérêt public. Il s’agit clairement d’une opération de destruction d’Exarcheia ». Chaque jour, la polémique enfle autour de la construction de la station. D’autant que le maire d’Athènes, Kostas Bakoyannis, neveu du Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, relaye les discours belliqueux du gouvernement.

Dès 2019, à son arrivée au pouvoir, Kyriakos Mitsotakis annonçait des interventions policières drastiques « pour remettre de l’ordre » à Exarcheia, en évacuant plusieurs de ses squats autogérés — notamment ceux accueillant des migrants — dont il promettait la fin. Plus récemment, le maire usait de propos aux relents xénophobes, arguant que les opposants à cette station « n’étaient qu’une petite dizaine, en errance » et que beaucoup d’entre eux « ne sont même pas grecs ». Les gouvernements successifs et en particulier la droite conservatrice n’en sont pas là à leur premier bras de fer avec ce quartier unique en Europe, héritier des luttes antifascistes et très marqué à l’extrême gauche.

Nikos, avocat de 54 ans, vit à Exarcheia depuis plus de 20 ans. Comme de nombreux habitants impliqués dans la vie citoyenne du quartier, il vient s’occuper plusieurs fois par semaine du parc autogéré de Navarinou. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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L’identité contestataire d’Exarcheia est née il y a un demi-siècle, lorsqu’en 1973, sous la dictature des colonels, les étudiants grecs se soulevèrent contre la junte et occupèrent l’Université polytechnique nationale d’Athènes, située à 200 mètres de la place. Les militaires y pénétrèrent par la force, faisant officiellement au moins 24 morts dans un élan de répression, quelques mois avant la chute du régime. Les événements ont eu pour conséquence l’adoption, quelques années plus tard, d’un droit d’asile universitaire — interdisant à la police d’intervenir dans les universités, sauf en cas de crime —, levé en 2019 par l’actuel Premier ministre.

Exarcheia est devenu à partir de la fin des années 1970 un bastion des mouvances anarchistes grecques, un lieu d’affrontements récurrent entre libertaires, manifestants et forces de police, sans perdre pour autant son identité résidentielle et familiale, mais aussi artistique.

L’histoire du quartier est marquée par les émeutes qui suivirent la mort en 2008 d’Alexandros Grigoropoulos, un lycéen de 15 ans tué par balle par un agent de police. Une plaque en mémoire de l’adolescent a été érigée dans la ruelle d’Exarcheia où a eu lieu le meurtre. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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Elle est devenue aussi un refuge pour les minorités de tous bords et les exclus du système grâce aux nombreuses structures autogérées mises en place au fil du temps. Les initiatives citoyennes et les squats de nombreux bâtiments abandonnés s’y sont multipliés à partir de la crise de la dette en 2008, puis de l’arrivée massive de demandeurs d’asile syriens ou afghans à partir de 2015. Notara 26, l’un des squats ayant survécu aux expulsions, a accueilli à lui seul près de 10 000 migrants en sept ans.

« Ici, nous avons une vie citoyenne unique, fondée sur le vivre ensemble, la solidarité, l’écologie »

Ce quartier, Barbara y a grandi et refuse de voir son identité enterrée sous une bouche de métro. « Notre quartier a une histoire qui s’est bâtie sur celle des luttes du pays. Exarcheia a échappé, toutes ces années, au système néolibéral. Ici, nous avons une vie citoyenne unique, fondée sur le vivre ensemble, la solidarité, l’écologie. Nous ne voulons pas que tout cela soit détruit. »

Les violences policières se sont multipliées avec leur présence continuelle autour du chantier. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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D’autant plus que le chantier du métro coïncide avec des travaux commencés sur la vaste colline de Strefi, autre lieu public emblématique du quartier. À la suite d’un accord en 2019 avec la mairie d’Athènes, la société Prodea Investments, l’une des plus grosses sociétés d’investissement immobilier du pays, s’est vue attribuer la prise en charge de la « réhabilitation » de cette colline sinueuse, offrant une vue d’exception sur l’Acropole.

« L’intérêt soudain pour un site qui avait été laissé à l’abandon par la mairie et dont seuls les habitants s’occupaient est étonnant », ironise Barbara. Les habitants, pourtant, y réclamaient vainement depuis de nombreuses années une amélioration des infrastructures et notamment de l’éclairage public et craignent à présent une privatisation du lieu.

Au même moment, des policiers quadrillent une partie de la colline de Lofos Strefi, où ont été entamés des travaux pris en charge par l’un des plus gros investisseurs immobiliers du pays. © Initiative pour la défense de Lofos Strefi

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« Ce qui est sidérant, c’est que ce sont les deux quasi uniques espaces publics libres et verts du quartier qu’ils veulent détruire », raconte Nikos, résident du quartier et membre, comme Barbara, de l’initiative contre le métro sur la place. Très impliqué dans la vie du quartier, cet avocat de 54 ans s’investit presque quotidiennement dans l’entretien bénévole du parc autogéré de Navarinou, situé à quelques rues du chantier.

« En pleine crise climatique, ils veulent arracher les 72 arbres de l’unique place ombragée de notre quartier »

Nikos fulmine lorsqu’il évoque les plans de la future station prévue sur la place boisée d’Exarcheia. « Ici, il fait 40 °C en été. En pleine crise climatique, ils veulent arracher les 72 arbres de l’unique place ombragée de notre quartier », se désespère l’avocat. Pour le moment, au moins quatre de ces arbres auraient été coupés. Le maire d’Athènes avait brièvement assuré que de nouveaux arbres « qui seront plus nombreux qu’avant » seraient plantés, tandis que sur l’un des uniques schémas du projet a avoir été rendu public n’en apparaissent que douze.

En haut, la place boisée d’Exarcheia vue depuis GoogleEarth. En bas, le plan prévisionnel de la nouvelle station de métro, où figurent seulement douze arbres à la place des 72 originels. © Google ; © Métro de la région de l’Attique

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Concernant les coupes, Barbara décrit des « méthodes mafieuses, faites à la dérobée ». Pour éviter les oppositions des riverains, certaines coupes ont été faites inopinément et en pleine nuit, comme le 18 octobre dernier.

« Imaginez deux hommes débarquer sur la place, à minuit trente, sans uniforme et avec une tronçonneuse », raconte la libraire. « Le bruit de la tronçonneuse a réveillé le voisinage et des habitants sont intervenus pour les empêcher de couper un deuxième arbre. »

Les interventions des riverains, qui se rassemblent à chaque coupe, ralentissent considérablement les travaux et le chantier semble avancer à pas comptés. « À chaque tentative de coupe d’arbres, nous serons là », prévient la quadragénaire.

Barbara Svoronou, membre du comité Non au métro sur la place d’Exarcheia et native du quartier. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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Malgré la ténacité des habitants, leur inquiétude est palpable. D’autant qu’Exarcheia, déjà fortement affectée par la politique d’expulsion des squats du gouvernement Mitsotakis, est en proie, depuis plusieurs années, à un embourgeoisement grandissant et une explosion des locations saisonnières.

Celle-ci est notamment liée au tourisme toujours croissant que connaissent le pays et sa capitale. Les squats et les petits commerces disparaissent peu à peu au profit de cafés branchés ou de bureaux. « Les prix et les loyers flambent pour les habitants comme pour les petits commerces et la situation ne fait qu’attiser l’appétit des investisseurs. La station de métro serait le coup de grâce pour Exarcheia », s’inquiète la libraire.

Les habitants d’Exarcheia ont réhabilité le parc navarinou en un petit poumon vert, en y plantant, un à un, plusieurs dizaines d’arbres fruitiers. Ils ont aussi fabriqué deux aires de jeux pour enfants, ainsi qu’un amphithéâtre en bois pour des événements culturels ou des concertations citoyennes. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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« Ils ne peuvent pas venir tout démolir pour bâtir des escalators et des bouches de métro, qui en feront un simple lieu de transit et un lieu touristique et commercial, et qui va happer tout espace public libre pour les citoyens ! » s’insurge de son côté Kiki Menou, habitante et militante libertaire active dans le quartier.

Comme de nombreux opposants au projet, Kiki ne doute cependant pas un instant de l’aboutissement de leur combat. « Vont-ils garder durant dix ans ces policiers ici, en guise de sécurité privée, au frais du contribuable ? Vont-ils aller jusqu’à nous passer dessus physiquement ? »

Huit ans d’omniprésence policière ?

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Car la question de la surveillance policière du chantier, dont les travaux doivent prendre au minimum huit ans, pose question. Depuis le début du chantier, en août dernier, la centaine de policiers et d’agents anti-émeutes mobilisée n’a plus quitté la place ni les rues alentours, se relayant 24 heures sur 24.

Interrogé par le journal économique Naftemporiki sur une « possible présence de huit années des forces de l’ordre », le président de la société du métro de l’Attique affirme que, « dès lors qu’il n’y a pas d’autres moyens [pour effectuer ces travaux], il est du rôle de l’État de protéger un tel investissement ».

Explosion des violences

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Depuis le mois d’août, les cas de violences policières ont explosé et des incidents sont relayés quasi quotidiennement par la presse ou les réseaux sociaux. Par exemple, une passante, a été traînée, puis frappée dans le chantier début septembre par des policiers surveillant le site.

Début octobre, un parent d’élève d’une école primaire d’Exarcheia s’est fait rouer de coups devant ses enfants, sur le terrain de basket municipal situé au pied de la colline Stréfi, avant d’être interpellé. Le 3 octobre, lors d’une manifestation contre le projet, un photojournaliste étasunien a été agressé par des policiers anti-émeute. Plusieurs restaurants attenants au chantier ont également rapporté des cas de violences policières sur leurs employés.

Les messages d’opposition à la station de métro sur la place fleurissent sur les balcons © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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Le bras de fer entre opposants au métro et autorité n’en est qu’à ses débuts, y compris sur le plan juridique. Une pétition a été mise en ligne, et les habitants mobilisés comptent déposer un recours auprès du Conseil d’État pour réclamer une suspension temporaire des travaux.

Antonios Tsiligiannis, ingénieur-urbaniste et expert en mobilités durables, par ailleurs ancien étudiant à l’École polytechnique située à Exarcheia, reste pessimiste quant à cette procédure : « Il sera difficile de trouver des failles juridiques, car les autorités font en sorte d’être dans les clous, avec un système très laxiste sur ces questions. »

Les habitants, qui ont largement repris en main l’organisation du quartier, ont été écartés de la prise de décision sur le nouveau métro. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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L’étude d’impact du projet, rendue publique seulement deux mois après le début du chantier à la demande des habitants, laisse également Antonios perplexe. « Lorsque l’on regarde de près l’étude d’impact environnemental, les différents segments d’études ne font chacun qu’une demi-page et ne donnent qu’une vision globale de la ligne de métro, et non de chaque lieu spécifique. Cela signifie qu’aucune véritable recherche ou étude n’a eu lieu, que les bureaux chargé du travail n’ont fait que répéter les connaissances générales sur Athènes et ont adapté le texte en fonction du projet de la ligne de métro. »

L’étude comporte ainsi une unique section « impact sur l’environnement naturel, la faune et la flore » d’une quinzaine de lignes de recommandations génériques pour l’ensemble de la ligne, et les arbres de la place d’Exarcheia n’y sont pas mentionnés. « Aucune évocation, non plus, des conséquences en matière de bilan carbone ni concernant l’impact direct d’un tel chantier — qui comme on le sait va durer des années —, ni concernant la découpe des 72 arbres, qui ont pour certains 70 ans. » Des angles morts liés à des problématiques plus larges, selon lui. « En Grèce, les études d’impacts environnementaux sont validées par les mêmes ministères qui les commandent », regrette l’urbaniste.

Source https://reporterre.net/A-Athenes-le-quartier-populaire-d-Exarcheia-lutte-pour-sa-survie

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