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Anniversaire du 17 novembre

Athènes : Plus de 5 500 policiers, des restrictions de circulation pour l’anniversaire du 17 novembre.

Plus de 5 500 policiers sont déployés à travers la capitale grecque Athènes pour les événements du 17 novembre, lorsque les Grecs honoreront le 49e anniversaire du soulèvement des étudiants contre la junte militaire.
Les manifestations, qui dureront trois jours, débuteront mardi à l’École polytechnique d’Athènes, dans le centre-ville, à côté du Musée national, et atteindront leur apogée jeudi avec la grande marche dans les rues principales jusqu’à l’ambassade des États-Unis.

Des policiers du service anti-émeute ainsi que des agents en civil surveilleront principalement la zone entourant le bâtiment historique de l’École polytechnique d’Athènes, tandis que les universités, les ambassades sensibles et les bâtiments gouvernementaux bénéficieront d’une sécurité supplémentaire, rapportent les médias.

La police sera également déployée à Athènes depuis d’autres régions du pays.

La police grecque mobilisera également des drones et des hélicoptères pour surveiller la situation à Athènes depuis le ciel, et en particulier la zone du centre-ville d’Exarchia, où se trouve l’École polytechnique d’Athènes et qui a été l’épicentre des émeutes anti-establishment des années précédentes.

Les mesures comprendront également des restrictions de circulation et de stationnement dans le centre-ville d’Athènes ainsi que des perturbations dans les transports publics.

L’opération sera mise en œuvre à partir de mercredi et comportera des restrictions dans le centre-ville d’Athènes susceptibles d’affecter les transports publics.

Les restrictions d’urgence à la circulation seront en vigueur du mardi à 6h00 au vendredi à 6h00, du 15 au 18 novembre 2022.

Détails sur les restrictions de circulation ici en grec ici

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2022/11/14/athens-police-traffic-restrictions-17-nove-anniversary/

Ça chauffe à Athènes !

[INFOS GRÈCE !!!]

Bonjour,
Nous sommes actuellement pour certains à Athènes et pour d’autres à Héraklion, en partance pour livrer Exarcheia avec des fourgons solidaires pleins de nourriture fournie par des paysans crétois en luttes.
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1- DÉLUGE DE FEU DEVANT LE PARLEMENT

Hier, jour de grève en Grèce, les cocktails Molotov ont enflammé plusieurs points de la capitale, à commencer par les parvis du parlement sous haute protection policière.
À ce sujet, regardez et partagez la vidéo tournée sur place par nos compagnons du collectif Perseus999 :
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Pour rappel, présentation de Perseus999 :
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2- RÉVOLTE À EXARCHEIA

Comme nous l’avons déjà évoqué à plusieurs reprises, la tension ne cesse de monter à Exarcheia et aux alentours. La révolte gronde. Les affrontements se multiplient. La répression se durcit. Une bonne partie de l’opinion a progressivement rejoint les défenseurs du quartier face aux assauts répétés du pouvoir. Après avoir subi de nombreuses évacuations de squats et lieux autogérés, Exarcheia est maintenant la cible d’une gentrification planifiée au moyen d’un chantier pour la construction d’une station de métro sur la place principale, ou encore face à l’appétit de promoteurs immobiliers qui veulent s’accaparer Strefi, la colline du quartier : véritable poumon vert, superbe point de vue sur Athènes et lieu d’activités sociales en tous genres.
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À ce sujet, lisez et partagez l’excellent reportage photo de Reporterre à Exarcheia ces derniers jours :
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Si vous ne l’avez jamais vu, vous pouvez aussi regarder notre film documentaire « L’Amour et la Révolution » qui présente la période récente des luttes à Exarcheia, juste avant cette nouvelle offensive du pouvoir :
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(n’hésitez pas à partager, à bloguer et à projeter où bon vous semble)
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Regardez également cette vidéo tournée il y a trois jours, lors des nouveaux affrontements à Exarcheia et alentours pour la défense du quartier :
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(on compte 16 arrestations !)
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3- LIVRAISON DES LIEUX SOLIDAIRES AUTOGÉRÉS AVEC LE SOUTIEN  DES PAYSANS CRÉTOIS EN LUTTES

Ce jeudi 10 novembre, nous sommes pour certains à Athènes et pour d’autres à Héraklion, en partance pour livrer Exarcheia avec des fourgons solidaires plein de nourriture (entre autre) fournie par des paysans crétois en luttes.
Ce sera l’ultime livraison de l’année — et la plus importante — cette fois vers Athènes en provenance de Crète. C’est celle qui va aider nos principaux lieux autogérés à entrer dans l’hiver (Notara 26, K*Vox, SODAA, réseau des cuisines solidaires de l’Attique, etc.). L’huile d’olive, par exemple, est produite par des camarades paysans de la région de Kastelli opposés au projet d’aéroport, notamment Giorgi qui présentait cette lutte dans « L’Amour et la Révolution ».
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En raison de la hausse récente du nombre de résidents dans le squat de réfugiés/migrants Notara 26 (Exarcheia) et du nombre également croissant de sans-abris (grecs et migrants) soutenus par le réseau de cuisines solidaires autogérés et gratuites dans la région d’Athènes, nous devons revoir à la hausse nos calculs, notamment le nombre de nos bidons d’huile d’olive, de nos caisses de légumes et de fruits, ainsi que quelques autres denrées et produits d’hygiène signalés manquants.
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Si certains d’entre vous peuvent participer, cela nous permettra d’étendre nos moyens d’agir (denrées et soutien financier).
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—> par virement à ANEPOS :
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Livraisons Athènes »
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—> ou par chèque à l’ordre d’ANEPOS à envoyer à l’adresse ci-dessous :
ANEPOS – « Livraisons Athènes » – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
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Nous menons ce type d’action une fois tous les six mois depuis 5 ans sous cette forme, dans la mesure du possible, en complément de nos convois solidaires au départ de la France, de la Suisse et de la Belgique.
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Voici le compte-rendu des trois dernières livraisons similaires (cliquez sur les photos pour les voir en grand format) :
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4- CRÉATION D’UNE CAISSE ANTI-RÉPRESSION

Les arrestations et les procès se multipliant actuellement, à Exarcheia et ailleurs en Grèce, la question s’est récemment posée de nous donner les moyens de réagir au plus vite pour faire face spécifiquement aux frais de Justice de nos compagnons de lutte. Plusieurs de nos proches sur place nous ont vivement conseillé de créer une caisse anti-répression pour être plus à même de participer à la solidarité dans ce domaine, dès que c’est nécessaire, dans la mesure de nos moyens.
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Si vous souhaitez contribuer à ce fond d’entraide, vous pouvez faire un virement à ANEPOS en mentionnant « CAR » en objet (signifiant Caisse Anti-Répression) ou envoyer un chèque à l’ordre d’ANEPOS en mentionnant « CAR » au dos du chèque ou de l’enveloppe. Si vous préférez utiliser Paypal, merci de nous signaler par mail que c’est pour la CAR : solidarite@anepos.net
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Un grand merci de votre participation, que vous puissiez ou pas cette fois (un compte-rendu des actions en cours suivra, dans quelques jours, accompagné de photos).
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Bon courage dans les luttes, où que vous soyez ! Pas question de baisser les bras !
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Anarmicalement,
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Maud, Éric et Yannis po/ les membres de l’action
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Pour toute info supplémentaire : solidarite@anepos.net ou tél. 06 24 06 67 98 (numéro français) ou 0030 694 593 90 80 (numéro grec).
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PS : ambiance insolite dans un bar d’Exarcheia, il y a trois jours, tenez vous bien 😉 https://youtu.be/i9f-AAjq_50
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Un amer soulagement

230 rescapés à bord de l’Ocean Viking débarqueront finalement à Toulon : un amer soulagement

10 novembre 2022

Un lieu sûr a enfin été attribué pour permettre le débarquement des 230 rescapés encore à bord secourus au cours de six sauvetages entre le 22 et 26 octobre. Trois personnes dans un état de santé critique et un proche ont du être évacuées ce matin pour recevoir des soins d’urgence à l’hôpital de Bastia, Corse. Les rescapés sont enfin autorisés à débarquer à Toulon, dans le Sud de la France. L’Ocean Viking est en route. Au vu des prévisions météo instables qui s’annoncent, notre navire prévoit d’arriver au port vendredi en fin de matinée.  

C’est avec un mélange de soulagement et de colère que nous accueillons cette nouvelle.

“Nous sommes extrêmement soulagés de ce dénouement à venir grâce à l’attribution d’un port en France, qui met fin à une situation critique sur notre navire. Mais cette solution à un goût amer : les 230 femmes, enfants et hommes à bord de l’Ocean Viking viennent de vivre un véritable calvaire et sont épuisés, tout comme nos équipes. Débarquer près de trois semaines après les sauvetages, si loin de la zone d’opération en Méditerranée centrale est le résultat d’un échec dramatique de la part de l’ensemble des Etats européens, qui ont bafoué le droit maritime d’une manière inédite”, déclare Sophie Beau, co-fondatrice et Directrice Générale de SOS MEDITERRANEE France.

Les bateaux de sauvetage citoyens, portés par des ONG comme SOS MEDITERRANEE, ne font que pallier le désengagement grave et mortel des Etats Européens en Méditerranée centrale. Comme le rappelle la Commission Européenne hier (9 novembre): “L’obligation légale de secourir et d’assurer la sauvegarde de la vie en mer est claire et sans équivoque, quelles que soient les circonstances qui conduisent les personnes à se trouver dans une situation de détresse […] Le caractère sacré de la vie étant de la plus haute importance et de la plus haute considération.”

L’instrumentalisation politique du devoir d’assistance en mer, à laquelle nous avons assisté ces dernières semaines, est inacceptable : c’est un renoncement cynique à un impératif moral, légal et universel. Nous appelons urgemment les Etats membres de l’Union européenne et Etats associés, avec la Commission européenne, à établir enfin un mécanisme de débarquement prévisible en lieu sûr des rescapés, là où leur sécurité n’est plus menacée et où leurs besoins humains fondamentaux peuvent être satisfaits.

Source https://sosmediterranee.fr/communiques-et-declarations/230-rescapes-a-bord-de-locean-viking-debarqueront-finalement-a-toulon-un-amer-soulagement/

À Athènes, le quartier solidaire d’Exarcheia lutte pour sa survie

La mairie d’Athènes veut construire une station de métro sur la place du quartier contestataire d’Exarcheia. Les habitants voient dans cette décision autoritaire une attaque politique contre l’esprit des lieux.

Athènes (Grèce), reportage

Les riverains présents ce jour-là n’en reviennent toujours pas. Le 9 août dernier, sur la place principale du quartier athénien d’Exarcheia, au beau milieu des vacances estivales et vers 4 h 30 du matin, une centaine de MAT — les policiers anti-émeute grecs, équivalents de nos CRS– – se sont déployés, accompagnés d’une poignée d’ouvriers. En quelques heures, la place a été barricadée de palissades de chantier et de barbelés. C’est ici, dans le cœur historique de ce quartier contestataire et en grande partie autogéré de la capitale grecque que doit se construire la station de métro desservant la zone.

Une décision pour le moins expéditive de la mairie d’Athènes, du ministère des Transports et du Métro de la région de l’Attique, qui avaient jusque-là peu communiqué sur le projet. « Il n’y a eu strictement aucune concertation publique concernant ces travaux, aucune information donnée aux habitants ou aux commerçants — et l’on parle d’un chantier censé prendre au moins huit ans — et, à ce jour, il n’y a toujours aucun affichage d’autorisation d’urbanisme, qui est obligatoire sur tous les chantiers. Cela montre bien l’opacité de ce projet », dénonce Barbara Svoronou, native du quartier et membre de l’initiative citoyenne Non au métro sur la place d’Exarcheia.

Une chaîne humaine a été organisée le 23 octobre, rassemblant plusieurs centaines d’habitants et d’opposants au projet de station de métro sur la place d’Exarcheia. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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Habituellement, en lieu et place du chantier, la plateia grouille d’initiatives citoyennes comme des stands solidaires et soupes populaires, mais aussi de structures telles qu’un centre de soins autogéré, ou encore un parc pour enfants construit par les habitants.

Alors, depuis cette nuit d’août, la lutte s’est organisée à Exarcheia. De nombreux habitants et opposants au projet se sont structurés en un comité inédit, qui mobilise aujourd’hui activement plusieurs centaines de personnes. Les rassemblements se sont multipliés et, le 24 septembre dernier, plus de 4 500 personnes ont manifesté contre le chantier.

Depuis début août, soit près de trois mois après le début du chantier, une centaine de policiers se relaient 24h24 autour de la place où ont lieu les travaux mais aussi dans l’ensemble du quartier. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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La nouvelle ligne 4 du métro d’Athènes et ses 35 stations doit traverser des quartiers non desservis du centre pour les relier aux banlieues de la capitale. Une avancée en matière d’urbanisme et, a priori, d’environnement. Mais si le plan de cette ligne avait été projeté depuis la fin des années 1990, les opposants à la station Exarcheia perçoivent le choix de la place comme une stratégie politique. « Nous ne sommes pas du tout contre une station de métro, qui est une bonne chose ; c’est son emplacement que nous dénonçons, qui est totalement injustifié », insiste Barbara.

Alternative rejetée

De nombreux résidents avaient notamment proposé une autre option de lieu, consolidée par une étude d’urbanistes, à trois rues de là, près du Musée archéologique d’Athènes. La proposition a été rejetée par les autorités, qui ont invoqué des difficultés de construction et de budget. « C’est un choix qui aurait été beaucoup plus cohérent, il y a beaucoup plus d’espace au niveau du musée, le lieu est fréquenté et les autres stations de métro en sont plus éloignées. Sur la place d’Exarcheia, il n’y a aucun site touristique, aucune grande entreprise ou institution, qui nécessiterait un passage à cet endroit précis. »

Depuis quelques années, ce quartier peu cher et prisé des touristes a fait les affaires des investisseurs immobiliers. Un graffiti « touristes, rentrez chez-vous » rapelle la colère des locaux qui peinent de plus en plus à se loger face aux locations saisonnières et à la gentrification. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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De nombreux habitants considèrent, comme le dit Barbara, que « le choix de cet emplacement est politique plutôt que d’intérêt public. Il s’agit clairement d’une opération de destruction d’Exarcheia ». Chaque jour, la polémique enfle autour de la construction de la station. D’autant que le maire d’Athènes, Kostas Bakoyannis, neveu du Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, relaye les discours belliqueux du gouvernement.

Dès 2019, à son arrivée au pouvoir, Kyriakos Mitsotakis annonçait des interventions policières drastiques « pour remettre de l’ordre » à Exarcheia, en évacuant plusieurs de ses squats autogérés — notamment ceux accueillant des migrants — dont il promettait la fin. Plus récemment, le maire usait de propos aux relents xénophobes, arguant que les opposants à cette station « n’étaient qu’une petite dizaine, en errance » et que beaucoup d’entre eux « ne sont même pas grecs ». Les gouvernements successifs et en particulier la droite conservatrice n’en sont pas là à leur premier bras de fer avec ce quartier unique en Europe, héritier des luttes antifascistes et très marqué à l’extrême gauche.

Nikos, avocat de 54 ans, vit à Exarcheia depuis plus de 20 ans. Comme de nombreux habitants impliqués dans la vie citoyenne du quartier, il vient s’occuper plusieurs fois par semaine du parc autogéré de Navarinou. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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L’identité contestataire d’Exarcheia est née il y a un demi-siècle, lorsqu’en 1973, sous la dictature des colonels, les étudiants grecs se soulevèrent contre la junte et occupèrent l’Université polytechnique nationale d’Athènes, située à 200 mètres de la place. Les militaires y pénétrèrent par la force, faisant officiellement au moins 24 morts dans un élan de répression, quelques mois avant la chute du régime. Les événements ont eu pour conséquence l’adoption, quelques années plus tard, d’un droit d’asile universitaire — interdisant à la police d’intervenir dans les universités, sauf en cas de crime —, levé en 2019 par l’actuel Premier ministre.

Exarcheia est devenu à partir de la fin des années 1970 un bastion des mouvances anarchistes grecques, un lieu d’affrontements récurrent entre libertaires, manifestants et forces de police, sans perdre pour autant son identité résidentielle et familiale, mais aussi artistique.

L’histoire du quartier est marquée par les émeutes qui suivirent la mort en 2008 d’Alexandros Grigoropoulos, un lycéen de 15 ans tué par balle par un agent de police. Une plaque en mémoire de l’adolescent a été érigée dans la ruelle d’Exarcheia où a eu lieu le meurtre. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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Elle est devenue aussi un refuge pour les minorités de tous bords et les exclus du système grâce aux nombreuses structures autogérées mises en place au fil du temps. Les initiatives citoyennes et les squats de nombreux bâtiments abandonnés s’y sont multipliés à partir de la crise de la dette en 2008, puis de l’arrivée massive de demandeurs d’asile syriens ou afghans à partir de 2015. Notara 26, l’un des squats ayant survécu aux expulsions, a accueilli à lui seul près de 10 000 migrants en sept ans.

« Ici, nous avons une vie citoyenne unique, fondée sur le vivre ensemble, la solidarité, l’écologie »

Ce quartier, Barbara y a grandi et refuse de voir son identité enterrée sous une bouche de métro. « Notre quartier a une histoire qui s’est bâtie sur celle des luttes du pays. Exarcheia a échappé, toutes ces années, au système néolibéral. Ici, nous avons une vie citoyenne unique, fondée sur le vivre ensemble, la solidarité, l’écologie. Nous ne voulons pas que tout cela soit détruit. »

Les violences policières se sont multipliées avec leur présence continuelle autour du chantier. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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D’autant plus que le chantier du métro coïncide avec des travaux commencés sur la vaste colline de Strefi, autre lieu public emblématique du quartier. À la suite d’un accord en 2019 avec la mairie d’Athènes, la société Prodea Investments, l’une des plus grosses sociétés d’investissement immobilier du pays, s’est vue attribuer la prise en charge de la « réhabilitation » de cette colline sinueuse, offrant une vue d’exception sur l’Acropole.

« L’intérêt soudain pour un site qui avait été laissé à l’abandon par la mairie et dont seuls les habitants s’occupaient est étonnant », ironise Barbara. Les habitants, pourtant, y réclamaient vainement depuis de nombreuses années une amélioration des infrastructures et notamment de l’éclairage public et craignent à présent une privatisation du lieu.

Au même moment, des policiers quadrillent une partie de la colline de Lofos Strefi, où ont été entamés des travaux pris en charge par l’un des plus gros investisseurs immobiliers du pays. © Initiative pour la défense de Lofos Strefi

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« Ce qui est sidérant, c’est que ce sont les deux quasi uniques espaces publics libres et verts du quartier qu’ils veulent détruire », raconte Nikos, résident du quartier et membre, comme Barbara, de l’initiative contre le métro sur la place. Très impliqué dans la vie du quartier, cet avocat de 54 ans s’investit presque quotidiennement dans l’entretien bénévole du parc autogéré de Navarinou, situé à quelques rues du chantier.

« En pleine crise climatique, ils veulent arracher les 72 arbres de l’unique place ombragée de notre quartier »

Nikos fulmine lorsqu’il évoque les plans de la future station prévue sur la place boisée d’Exarcheia. « Ici, il fait 40 °C en été. En pleine crise climatique, ils veulent arracher les 72 arbres de l’unique place ombragée de notre quartier », se désespère l’avocat. Pour le moment, au moins quatre de ces arbres auraient été coupés. Le maire d’Athènes avait brièvement assuré que de nouveaux arbres « qui seront plus nombreux qu’avant » seraient plantés, tandis que sur l’un des uniques schémas du projet a avoir été rendu public n’en apparaissent que douze.

En haut, la place boisée d’Exarcheia vue depuis GoogleEarth. En bas, le plan prévisionnel de la nouvelle station de métro, où figurent seulement douze arbres à la place des 72 originels. © Google ; © Métro de la région de l’Attique

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Concernant les coupes, Barbara décrit des « méthodes mafieuses, faites à la dérobée ». Pour éviter les oppositions des riverains, certaines coupes ont été faites inopinément et en pleine nuit, comme le 18 octobre dernier.

« Imaginez deux hommes débarquer sur la place, à minuit trente, sans uniforme et avec une tronçonneuse », raconte la libraire. « Le bruit de la tronçonneuse a réveillé le voisinage et des habitants sont intervenus pour les empêcher de couper un deuxième arbre. »

Les interventions des riverains, qui se rassemblent à chaque coupe, ralentissent considérablement les travaux et le chantier semble avancer à pas comptés. « À chaque tentative de coupe d’arbres, nous serons là », prévient la quadragénaire.

Barbara Svoronou, membre du comité Non au métro sur la place d’Exarcheia et native du quartier. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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Malgré la ténacité des habitants, leur inquiétude est palpable. D’autant qu’Exarcheia, déjà fortement affectée par la politique d’expulsion des squats du gouvernement Mitsotakis, est en proie, depuis plusieurs années, à un embourgeoisement grandissant et une explosion des locations saisonnières.

Celle-ci est notamment liée au tourisme toujours croissant que connaissent le pays et sa capitale. Les squats et les petits commerces disparaissent peu à peu au profit de cafés branchés ou de bureaux. « Les prix et les loyers flambent pour les habitants comme pour les petits commerces et la situation ne fait qu’attiser l’appétit des investisseurs. La station de métro serait le coup de grâce pour Exarcheia », s’inquiète la libraire.

Les habitants d’Exarcheia ont réhabilité le parc navarinou en un petit poumon vert, en y plantant, un à un, plusieurs dizaines d’arbres fruitiers. Ils ont aussi fabriqué deux aires de jeux pour enfants, ainsi qu’un amphithéâtre en bois pour des événements culturels ou des concertations citoyennes. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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« Ils ne peuvent pas venir tout démolir pour bâtir des escalators et des bouches de métro, qui en feront un simple lieu de transit et un lieu touristique et commercial, et qui va happer tout espace public libre pour les citoyens ! » s’insurge de son côté Kiki Menou, habitante et militante libertaire active dans le quartier.

Comme de nombreux opposants au projet, Kiki ne doute cependant pas un instant de l’aboutissement de leur combat. « Vont-ils garder durant dix ans ces policiers ici, en guise de sécurité privée, au frais du contribuable ? Vont-ils aller jusqu’à nous passer dessus physiquement ? »

Huit ans d’omniprésence policière ?

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Car la question de la surveillance policière du chantier, dont les travaux doivent prendre au minimum huit ans, pose question. Depuis le début du chantier, en août dernier, la centaine de policiers et d’agents anti-émeutes mobilisée n’a plus quitté la place ni les rues alentours, se relayant 24 heures sur 24.

Interrogé par le journal économique Naftemporiki sur une « possible présence de huit années des forces de l’ordre », le président de la société du métro de l’Attique affirme que, « dès lors qu’il n’y a pas d’autres moyens [pour effectuer ces travaux], il est du rôle de l’État de protéger un tel investissement ».

Explosion des violences

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Depuis le mois d’août, les cas de violences policières ont explosé et des incidents sont relayés quasi quotidiennement par la presse ou les réseaux sociaux. Par exemple, une passante, a été traînée, puis frappée dans le chantier début septembre par des policiers surveillant le site.

Début octobre, un parent d’élève d’une école primaire d’Exarcheia s’est fait rouer de coups devant ses enfants, sur le terrain de basket municipal situé au pied de la colline Stréfi, avant d’être interpellé. Le 3 octobre, lors d’une manifestation contre le projet, un photojournaliste étasunien a été agressé par des policiers anti-émeute. Plusieurs restaurants attenants au chantier ont également rapporté des cas de violences policières sur leurs employés.

Les messages d’opposition à la station de métro sur la place fleurissent sur les balcons © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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Le bras de fer entre opposants au métro et autorité n’en est qu’à ses débuts, y compris sur le plan juridique. Une pétition a été mise en ligne, et les habitants mobilisés comptent déposer un recours auprès du Conseil d’État pour réclamer une suspension temporaire des travaux.

Antonios Tsiligiannis, ingénieur-urbaniste et expert en mobilités durables, par ailleurs ancien étudiant à l’École polytechnique située à Exarcheia, reste pessimiste quant à cette procédure : « Il sera difficile de trouver des failles juridiques, car les autorités font en sorte d’être dans les clous, avec un système très laxiste sur ces questions. »

Les habitants, qui ont largement repris en main l’organisation du quartier, ont été écartés de la prise de décision sur le nouveau métro. © Isabelle Karaiskos / Reporterre

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L’étude d’impact du projet, rendue publique seulement deux mois après le début du chantier à la demande des habitants, laisse également Antonios perplexe. « Lorsque l’on regarde de près l’étude d’impact environnemental, les différents segments d’études ne font chacun qu’une demi-page et ne donnent qu’une vision globale de la ligne de métro, et non de chaque lieu spécifique. Cela signifie qu’aucune véritable recherche ou étude n’a eu lieu, que les bureaux chargé du travail n’ont fait que répéter les connaissances générales sur Athènes et ont adapté le texte en fonction du projet de la ligne de métro. »

L’étude comporte ainsi une unique section « impact sur l’environnement naturel, la faune et la flore » d’une quinzaine de lignes de recommandations génériques pour l’ensemble de la ligne, et les arbres de la place d’Exarcheia n’y sont pas mentionnés. « Aucune évocation, non plus, des conséquences en matière de bilan carbone ni concernant l’impact direct d’un tel chantier — qui comme on le sait va durer des années —, ni concernant la découpe des 72 arbres, qui ont pour certains 70 ans. » Des angles morts liés à des problématiques plus larges, selon lui. « En Grèce, les études d’impacts environnementaux sont validées par les mêmes ministères qui les commandent », regrette l’urbaniste.

Source https://reporterre.net/A-Athenes-le-quartier-populaire-d-Exarcheia-lutte-pour-sa-survie

Appel SOS MEDITERRANEE Naufragés bloqués en mer

Naufragés bloqués en mer : SOS MEDITERRANEE sollicite l’assistance de la France, de l’Espagne et de la Grèce 

Malgré de multiples demandes d’assignation d’un port sûr envoyées aux centres de coordination de sauvetage de Malte et d’Italie, l’Ocean Viking reste confronté à une impasse. Conformément au droit de la mer, SOS MEDITERRANEE demande aux autorités maritimes de la France, de l’Espagne et de la Grèce, qui sont les plus à même d’apporter leur assistance, de faciliter la désignation d’un port sûr pour le débarquement des 234 rescapés bloqués à bord de l’Ocean Viking. Une solution doit être trouvée sans délai.

Entre le 22 et le 29 octobre, plusieurs navires humanitaires, l’Ocean Viking, le Humanity 1 et le Geo Barents, ont respectivement secouru 234, 179 et 572 femmes, enfants et hommes à bord d’embarcations impropres à la navigation, trouvées en détresse en Méditerranée centrale. Les sauvetages effectués par ces navires ont été menés dans les zones de recherche et de sauvetage libyenne et maltaise. Conformément aux conventions maritimes, les trois navires ont informé les autorités maritimes compétentes à toutes les étapes des opérations de recherche et de sauvetage. Toutefois, les centres de coordination de sauvetage (RCC) libyen et maltais n’ont pas répondu aux demandes de coordination, de partage d’information et de désignation d’un lieu sûr, ce qui ne nous a laissé d’autre choix que de nous tourner vers l’autre RCC le plus à même de porter assistance, à savoir celui de l’Italie, comme le prescrit le droit maritime.

Cependant, le 25 octobre, le nouveau gouvernement italien a pris une position radicale contre les ONG de recherche et de sauvetage. Le nouveau ministre italien de l’Intérieur annonce avoir émis une directive avertissant les forces de police et les autorités portuaires que son ministère évaluait la « conduite » de nos navires de sauvetage afin d’adopter une interdiction d’entrée dans les eaux territoriales. À ce jour, ni le navire de SOS MEDITERRANEE, ni celui de SOS Humanity, ni celui de MSF, n’ont reçu de communication officielle sur une telle décision. Ils sont néanmoins confrontés à un blocage total en haute mer et à une interdiction implicite d’entrer dans les ports italiens.

La situation à bord de l’Ocean Viking se détériore gravement. Les prévisions météorologiques annoncent un vent fort, de hautes vagues et une baisse de température d’ici la fin de la semaine. Et les provisions commencent à manquer.

234 vies sont en danger. De nombreux rescapés présentent des signes de torture, de violence sexuelle et d’abus dus à leur séjour en Libye. Ces temps prolongés en mer ont de graves répercussions sur le bien-être physique et psychique des personnes à bord qui ont échappé de peu à la mort en mer. Et ils mettent en péril la sécurité de vies humaines en mer.

« SOS MEDITERRANEE demande instamment aux autorités maritimes françaises, espagnoles et grecques, ainsi qu’aux autres centres de coordination de sauvetage en mer les plus à même d’apporter leur assistance, de faciliter un débarquement immédiat dans un lieu sûr. Ce blocus en mer n’est pas seulement une honte mais aussi une violation flagrante du droit maritime international et du droit humanitaire. Les rescapés doivent toucher terre sans plus tarder. Nous sommes face à une urgence absolue et toute journée d’attente supplémentaire pourrait avoir des conséquences fatales », déclare Nicola Stalla, coordinateur des opérations de recherche et de sauvetage de SOS MEDITERRANEE à bord de l’Ocean Viking.

Alors que les autorités italiennes et maltaises ferment les yeux sur le sort de ces personnes, SOS MEDITERRANEE a sollicité officiellement les autorités maritimes les plus à même de porter assistance pour qu’elles interviennent auprès de leurs homologues italiens et maltais afin de coopérer, coordonner et faciliter le débarquement des rescapés bloqués en mer depuis 13 jours sur l’Ocean Viking.

La désignation d’un lieu sûr avec un minimum de déviation par rapport au voyage prévu du navire n’est pas seulement une obligation morale mais c’est aussi une obligation légale. Elle incombe à l’État responsable de la zone de recherche et de sauvetage où le sauvetage a eu lieu mais aussi à toute autre autorité gouvernementale qui peut être en mesure de porter assistance lorsque l’État responsable ne répond pas.

L’actuel blocage en mer de 985 personnes est illégal et inhumain. SOS MEDITERRANEE demande une fois de plus aux membres de l’Union européenne et aux États associés de respecter leurs obligations en mettant en place un mécanisme de débarquement prévisible afin d’alléger la pression sur les États côtiers européens. Un tel mécanisme doit garantir la possibilité de débarquer les rescapés dans le lieu sûr le plus proche d’où sont menées les opérations de recherche et de sauvetage, comme l’exige le droit maritime.

Les personnes ayant échappé à la mort en mer ne doivent plus être instrumentalisées dans des débats politiques.

Notes aux rédactions

– En 2018, après la fermeture des ports italiens, le taux de mortalité en Méditerranée centrale a doublé (5,6%) par rapport au taux de mortalité de 2017 (2,4%). En 2019, le taux de mortalité a été multiplié par quatre (9%). (Source : OIM- Projet Migrants disparus)

Extraits des conventions et résolutions maritimes internationales 

– Obligation de coopération et d’assistance de tous les États en vertu du principe de solidarité avec l’État SAR – Convention SAR chapitre 3 § 3.1.9 :
« Les Parties doivent coordonner et coopérer pour faire en sorte que les capitaines de navires qui fournissent une assistance en embarquant des personnes en détresse en mer soient libérés de leurs obligations avec un minimum de déviation supplémentaire par rapport au voyage prévu du navire, à condition que la libération du capitaine du navire de ces obligations ne compromette pas davantage la sauvegarde de la vie en mer ».

– « dans le cas où le RCC responsable de la zone où les survivants sont recueillis ne peut être contacté, tenter de contacter un autre RCC ou, si cela n’est pas possible, toute autre autorité gouvernementale qui pourrait être en mesure d’aider, tout en reconnaissant que la responsabilité incombe toujours au RCC de la zone où les survivants sont recueillis » [Rés. OMI MSC.167(78) de 2004].

– « Toute Partie devrait autoriser ses centres de coordination de sauvetage à prendre les dispositions nécessaires en coopération avec d’autres RCC pour identifier le ou les lieux les plus appropriés pour débarquer les personnes trouvées en détresse en mer. » [Annexe à la Convention SAR, chapitre 3 – 3.1.6]

Obligation de non-discrimination

« L’obligation de prêter assistance s’applique quels que soient la nationalité ou le statut de ces personnes ou les circonstances dans lesquelles elles se trouvent. » Convention SOLAS Chapitre V, Règle 33.1, 1974 (telle que modifiée en 2006)

– « 6.20 Toutes les opérations et procédures telles que le filtrage et l’évaluation de l’état des personnes secourues qui vont au-delà de la fourniture d’une assistance aux personnes en détresse ne devraient pas être autorisées à entraver la fourniture de cette assistance ou à retarder indûment le débarquement des survivants du ou des navires qui prêtent assistance. » RÉSOLUTION MSC.167(78) de l’OMI (adoptée le 20 mai 2004)

Source https://sosmediterranee.fr/communiques-et-declarations/naufrages-bloques-demande-assistance-france-espagne-grece/

Grèce : contre l’extrême droite sous toutes ses formes

Deux ans après la condamnation des nazis de Chryssi Avgi (Aube dorée), leur procès en appel est l’occasion d’étendre la mobilisation antifasciste.

Débuté en juillet, ce procès — qui pourrait aboutir à un allongement des peines de 2020 — est entré dans le dur, avec fin septembre les provocations des soutiens aux inculpés dans la salle d’audience (saluts nazis sans intervention de la police).

Le danger fasciste demeure

Bien sûr, le danger de reconstitution de Chryssi Avgi n’est pas pour demain, ne serait-ce que parce que, depuis deux ans, ses dirigeants se sont classiquement divisés, entre un Kassidiaris, ancien dirigeant des groupes d’assaut ayant fondé son groupuscule, un Lagos, député européen comptant parmi les responsables du meurtre en 2013 du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, et un Michaloliakos, le führer actuellement moins provocateur que les deux autres.

Mais il est clair que le danger fasciste demeure, et Kassidiaris tente de faire du procès une tribune en vue d’« exprimer la voix de [ses] concitoyens avec un parti fort, comme ceux qui dominent maintenant dans toute l’Europe ». Or, le terreau reste fertile en Grèce pour la constitution d’un parti d’extrême droite qui pourrait un jour regrouper les tueurs nazis et les fascistes peu à peu recyclés en passant par le parti d’extrême droite Laos qui gouverna avec la droite et le Pasok en 2011 puis par la Nouvelle Démocratie, où ils poussent à une ligne d’État policier en occupant des postes clés : ministère de l’Intérieur, du Développement…

Un cas symbolique est celui du ministre de la Santé, l’avocat Thanos Plevris, un des « recyclés », fils de l’idéologue nazi grec Kostas Plevris, sinistre admirateur d’Hitler et auteur de livres pronazis et antisémites, avec des passages comme celui-ci : « Juif et être humain sont deux notions contradictoires, l’une exclut l’autre. » Pour de tels écrits, le père Plevris était passé en procès, défendu alors par son fils, qui n’hésitait pas encore en 2009 à protester contre la tentative d’empêcher de prêcher le national-socialisme. Aussi ne le croit-on pas un instant aujourd’hui quand il parle d’attitude « bestiale » de son père, lui-même avocat défenseur de Lagos et qui, face à la mère de Fyssas, lui a fait en plein tribunal le salut nazi…

Dans la rue contre la peste brune

Face à tout cela, certains exigent l’interdiction pour des groupes ou des personnes relevant de condamnations criminelles de pouvoir se présenter aux élections. Il faut surtout se battre contre la politique de droite extrême du Premier ministre Mitsotakis, entre emploi systématique de la violence policière et flicage de la société, et ses ponts recherchés avec l’extrême droite. Un rassemblement de quelques centaines d’anti­fascistes a eu lieu le 7 octobre devant le tribunal, en soutien à Magda Fyssas qui témoignait ce jour-là et a rappelé à la présidente : « Mon fils n’est pas mort, il a été assassiné »… Pour Pavlos, pour Loukman, pour les pêcheurs égyptiens et pour les autres victimes, et contre le danger persistant, le combat antifasciste continue !

À Athènes

https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-contre-lextreme-droite-sous-toutes-ses-formes

Condamnation pour les agresseurs de SOS MEDITERRANEE

Nous revenons vers vous pour partager les dernières informations concernant le procès des 23 militant.e.s ex-membres de Génération identitaire pour l’irruption violente dans les locaux de SOS MEDITERRANEE à Marseille le 5 octobre 2018, alors que sept salarié.e.s étaient présent.e.s.

Le tribunal correctionnel de Marseille a rendu son jugement hier jeudi 20 octobre.

L’audience ayant démontré l’ampleur des préjudices subis, notre association et les sept salarié.e.s ont été reconnu.e.s victimes de cette attaque. Les 23 prévenu.e.s ont été condamné.e.s pour ces faits de violence.

Pour François Thomas, président de l’association, « Nous sommes soulagé.e.s que justice soit faite. Ce n’est ni une victoire, ni une vengeance, mais il était crucial que les assaillant.e.s soient reconnu.e.s coupables de ces violences. Quatre ans plus tard, les victimes sont toujours profondément choquées. Elles vont désormais pouvoir entamer un processus de reconstruction ».

« Cette opération a porté une atteinte grave à la réputation de l’association et à sa mission », a déclaré Maître Sébastien Mabile, avocat de SOS MEDITERRANEE. À la suite de l’attaque, nous avons dû déménager et mettre en place une série de mesures de sécurité.

« La justice a fait preuve d’une grande fermeté. […] On ne peut pas tirer sur une ambulance », a conclu Maître François de Cambiaire, également avocat de l’association.

Tout au long de cette épreuve, vos nombreux messages de soutien nous ont donné la force de poursuivre malgré tout notre mission. Grâce à vous, l’Ocean Viking patrouille en ce moment même en Méditerranée centrale à la recherche d’embarcations en détresse.

Merci d’être à nos côtés,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#TogetherForRescue

Source https://sosmediterranee.fr

Dossier : Italie, comment a-t-on pu en arriver là ?

Comment un pays qui se distinguait il y a quelques décennies encore par le plus puissant parti communiste d’Europe, disposant d’une base sociale immense et d’une haute stature culturelle, mais aussi par une gauche extra-parlementaire particulièrement forte et vivace, a-t-il pu sombrer dans un tel cauchemar ?

Car c’est bien de cauchemar qu’il faut parler, lorsque les seules options qui se détachent dans l’élection actuelle tiennent dans une coalition des droites radicales dominée par les néofascistes, une coalition du centre menée par le Parti démocrate (un parti qui s’est bâti justement sur les cendres du Parti communiste italien et sur la base d’une rupture totale avec l’héritage communiste dans quelque sens qu’on l’entende), et un Mouvement 5 étoiles dont on a vu au pouvoir ce que valait sa rhétorique et ses prétentions « anti-système ».

Ce dossier de Contretemps permet d’y voir plus clair en revenant sur la quinzaine d’années qui vient de s’écouler, marquée par des coalitions bancales et des gouvernements technocratiques, où se sont mêlés l’extrême centre, la droite et l’extrême droite, et dont le point commun a été d’imposer la continuité de la grande destruction néolibérale. Or c’est bien sur le fond de cette destruction – des solidarités collectives et des espoirs de changement – que prospèrent les néofascistes, ici comme ailleurs.

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Fratelli d’Italia : qui sont les néofascistes aux portes du pouvoir ? [Podcast], par David Broder et Ugo Palheta

L’extrême droite aux portes du pouvoir en Italie, Franco Ferrari

Cessez de prétendre que les fascistes italiens étaient des victimes innocentes, par Eric Gobetti

Avec le gouvernement Draghi, le retour paradoxal du bloc bourgeois, par Stefano Palombarini

Italie : un concentré de l’histoire du monde. Entretien avec David Broder

La Lega, Salvini et le spectre du fascisme. Leçons d’Italie pour la France, par Stefanie Prezioso

« Il n’y a rien de mystérieux dans le désastre de la gauche italienne ». Entretien avec Franco Turigliatto

Avec le gouvernement Draghi, le retour paradoxal du bloc bourgeois, par Stefano Palombarini

Italie : les droites radicales ne viennent pas de nulle part. Entretien avec David Broder

Italie: comment l’hégémonie néolibérale se renouvelle par une révolution apparente, par Stefano Palombarini

Italie : les chaînons clés de la crise politique et la gauche alternative, par Franco Turigliatto

Sur les décombres… Où va l’Italie ?, par Stefanie Prezioso

Italie : la démocratie contre le néolibéralisme, par Cinzia Arruzza

Fin de cycle politique et nouveaux départs pour la gauche italienne, par Stefanie Prezioso

Une gauche invertébrée. L’héritage dilapidé de la gauche italienne, par Perry Anderson

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Illustration : Wikimedia Commons. Source https://www.contretemps.eu/dossier-italie-politique-extreme-droite-berlusconi-salvini-meloni/

Alarm Phone 8 ans de lutte!

Il y a huit ans, le 11 octobre 2014, nous inaugurions le lancement de l’Alarm Phone, une ligne d’assistance pour les personnes se trouvant en détresse en mer. Nous avons choisi cette date car elle marquait l’anniversaire d’une catastrophe qui s’était produite le 11 octobre 2013, lorsque les autorités italiennes et maltaises avaient retardé le sauvetage d’un bateau en train de couler. Plus de 200 personnes sont mortes dans le naufrage. Au cours des huit dernières années, nos équipes ont été disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et ont aidé plus de 5 000 bateaux en détresse le long des différentes routes maritimes vers l’Europe – la mer Méditerranée, l’Atlantique jusqu’aux îles Canaries et, depuis 2022, également la Manche, de la France au Royaume-Uni. Ces 5 000 bateaux ne transportaient parfois que cinq ou dix personnes, pour la plupart entre 30 et 80 individus, mais aussi fréquemment plus de 100 personnes, parfois même plus de 500 personnes.

Par téléphone, nous avons été témoins de la disparition ou de la noyade de milliers de personnes au cours des huit dernières années. Nous avons écouté leurs parents et amis désespérés, à la recherche de leurs proches ou en quête de réponses. Nous avons également été témoins de refoulements violents, de la manière dont des personnes sont abandonnées à leur sort en pleine mer, ou bien capturées et renvoyées de force vers le pays qu’elles avaient cherché à fuir.

Dans le même temps, nous avons vécu d’innombrables moments de joie, de résistance et de solidarité, avec des personnes ayant pu atteindre l’Europe, ou ayant été secourues à temps. Nous avons été témoins de la façon dont les personnes qui font la traversée se sont organisées de manière collective pour contourner les frontières de l’UE, et comment celles-ci ont construit des structures de soutien tout au long de leur voyage. Et nous avons fait partie de réseaux de solidarité de plus en plus grands, avec une flotte et des avions civils qui sillonnent la mer et le ciel, des équipages de navires marchands, ainsi que des mouvements militants qui se sont rassemblés pour lutter contre la violence des frontières.

En Méditerranée occidentale, entre le Maroc et l’Espagne, nous pouvons encore observer des opérations de sauvetage menées par le Salvamento Maritimo espagnol, souvent le long de la route vers les Canaries. Malgré tout, l’Espagne, et l’UE dans son ensemble, continuent de financer le Maroc pour qu’il joue son rôle de gardien des frontières européennes et nous avons assisté à de terribles brutalités dans cette région, notamment près de Melilla. Le 24 juin 2022, au moins 40 personnes ont été tuées lors d’un massacre à caractère raciste au niveau de la clôture de l’enclave espagnole – une scène insoutenable de violence néocoloniale, menée par les forces marocaines, mais soutenue par les politiques migratoires et frontalières de l’UE. Ces victimes font partie des milliers de personnes qui meurent aux frontières espagnoles chaque année, notamment le long de la route de l’Atlantique.

La guerre contre les personnes qui se déplacent est également une réalité quotidienne en mer Égée, ainsi qu’à la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce. Les gouvernements grec et turc utilisent les personnes qui voyagent comme des pions dans leurs jeux de pouvoir militaristes et nationalistes. Si les refoulements grecs existent depuis longtemps, ils sont devenus systématiques à partir de mars 2020. Même les personnes ayant déjà mis le pied sur les îles grecques sont forcées de monter sur de petits radeaux de sauvetage et abandonnées dans les eaux turques. Ce sont clairement des cas de tentatives de meurtre. Ces crimes qui se déroulent aux frontières sont devenus monnaie courante en mer Égée et dans la région de l’Évros. En mars dernier, la petite Maria, âgée de 5 ans, faisait partie des personnes qui ont perdu la vie à cause de ce régime de refoulement.

En Méditerranée centrale, un régime de refoulement inversé a été mis en place, notamment grâce à une collaboration entre les drones de Frontex, les avions de l’UE, et les soi-disant « garde-côtes libyens ». La flotte civile étant souvent présente dans cette zone frontalière, de nombreux cas de non-assistance et d’interception ont pu être contrés, des personnes secourues, et les crimes frontaliers documentés et dénoncés publiquement. Néanmoins, la route de la Méditerranée centrale reste l’une des plus meurtrières au monde, notamment parce que les États membres de l’UE ne viennent pas secourir les bateaux en détresse dans les zones les plus dangereuses au large des côtes libyennes et tunisiennes.

De plus en plus de personnes ayant survécu à la traversée de l’UE doivent à nouveau utiliser des embarcations précaires pour tenter de rejoindre le Royaume-Uni. Les arrivées par la Manche ont considérablement augmenté ces dernières années. En constatant ce phénomène, nous avons décidé, en 2022, d’intégrer la route de la Manche dans le travail de l’Alarm Phone. Notre équipe WatchTheChannel a effectué des recherches et préparé un manuel de détresse en collaboration avec d’autres réseaux locaux en France et au Royaume-Uni.

Toutes les voies maritimes sont, et restent, des espaces contestés sur le plan politique. Les personnes qui se lancent dans la traversée exercent leur liberté de circulation, tandis que nous, en tant que réseau Alarm Phone, essayons d’instaurer de la solidarité le long des différentes routes. La circulation et la ténacité des personnes migrantes restent les forces motrices de la lutte contre les régimes d’apartheid européens et mondiaux. Des milliers d’arrivées continuent de défier l’étanchéité et l’externalisation des frontières de l’UE. Dans le même temps, les luttes auto-organisées pour le droit de rester et contre l’exploitation raciste à l’intérieur de l’UE se poursuivent. Les parents et les amis des personnes disparues ou mortes continuent d’organiser des actions de commémoration pour se souvenir et rechercher leurs proches, tout en protestant contre la violence aux frontières qui sont la cause de la disparition ou de la mort de ces derniers.

Nous nous sommes battus pendant huit ans.
Nous continuerons.
Nous n’abandonnerons jamais.

Alarm Phone
Octobre 2022

Source alarmphone.org/en/2022/10/11/8-years-of-struggle/

Grèce : une première victoire de la mobilisation étudiante

Crédit photos DR

Alors que la rentrée universitaire a lieu en ce moment, une impressionnante mobilisation étudiante s’est déroulée en septembre, avant tout à Athènes et Salonique, mais avec un écho national favorisant la suite du mouvement.

Les raisons de la mobilisation : la mise en route d’un projet reflétant le caractère policier du gouvernement ultra-­libéral de Mitsotakis, à savoir la création d’un corps de police affecté aux facs, avec tourniquets aux entrées et caméras de surveillance. Tout cela agrémenté de réformes des instances administratives, avec renforcement du pouvoir des chefs. Et comme raison de fond, dans un pays où les luttes ont permis de garder à l’université un caractère relativement démocratique, le projet d’adapter la fac aux stricts besoins des entreprises et de permettre le développement des facs privées, jusque-là interdites par la Constitution, tout en réduisant autoritairement le nombre d’étudiantEs dans le public, ce qui a commencé depuis un an. N’ayant jamais étudié dans une fac grecque mais connaissant la résistance populaire aux plans de casse, Mitsotakis et sa fine équipe (une ministre de l’Éducation nationale réac ultra-orthodoxe, un ministre du Supérieur qui nie la révolte anti-fasciste des étudiants de Polytechnique en 1973, un ministre de la Police voulant faire oublier qu’il a milité au KKE, le PC grec, etc.) ont donc décidé de commencer par la répression, les premiers groupes de la nouvelle police se présentant (de nuit) dans les facs début septembre.

Une répression sauvage

Mais ces nouveaux venus n’étaient pas seuls : d’un côté, ils étaient accompagnés par les MAT (CRS grecs). Et surtout, de l’autre, les étudiantEs se sont immédiatement mobilisés : plusieurs centaines en pleine nuit à Salonique, et plus encore en plein jour, bloquant les entrées des facs de Salonique et Athènes, et relayant dans les rues leur refus d’une université de la terreur, avec d’impressionnantes manifs dans les deux villes, notamment à Salonique où la complicité du doyen avec les forces de ­répression a conduit à exiger sa démission.

Furieux, le pouvoir a déchaîné sa police contre la jeunesse étudiante : le 16 septembre, elle chargeait un concert de solidarité à la fac de Salonique (une « action de résistance à l’occupation du territoire », selon un étudiant organisateur), auquel participaient 5 000 personnes, dont des enfants, et il s’en est fallu de peu qu’on ait des morts devant une telle sauvagerie. Même scénario contre une grosse manif à Athènes. Résultats : le lendemain, les manifs étaient encore plus grosses, et des sondages montraient le soutien massif de la jeunesse à ces mobilisations.

Alors, après plusieurs autres charges et provocations et le risque évident d’une mobilisation encore plus forte, le pouvoir a mis la pédale douce ces deux dernières semaines, sa police « universitaire » se faisant quasiment invisible. Victoire donc pour le mouvement étudiant et son organisation en AG, mais victoire que, comme le disent beaucoup à gauche, on sait provisoire : d’une part le gouvernement explique ce « répit » par le manque d’équipements (caméras, tourniquets) indispensable à ses facs prisons ; d’autre part, comme ce gouvernement n’a pas d’autre cap que les privatisations, les cadeaux aux copains (comme on l’a vu avec l’enseignement à distance), il est évident qu’il va repartir à l’agression contre l’université publique et ses usagerEs.

Face à cette perspective, le mouvement devra veiller à s’auto-­organiser pour obtenir la victoire : le retrait de la loi universitaire, avec sa dimension policière unique en Europe. Dimension s’expliquant par un autre élément : en juin 2023 au plus tard auront lieu les élections et la seule ligne politique actuellement possible pour Mitsotakis est de s’aligner davantage encore sur l’extrême droite, avec clins d’œil aux électeurs du groupe nazi interdit Chryssi Avgi. Une raison de plus pour soutenir le mouvement étudiant en cours !

A. Sartzekis

Athènes, le 9 octobre 2022

Source https://lanticapitaliste.org/actualite/international/grece-une-premiere-victoire-de-la-mobilisation-etudiante

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