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Archives de catégorie Austérité-Neolibéralisme

Grèce : l’expérience autogestionnaire des Viome menacée

Les 19 septembre et 24 octobre, les travailleurs de Viome à Thessalonique tenteront une nouvelle fois d’empêcher la vente aux enchères de leur usine. Cet été, Makis et Vasilis, l’un ouvrier, l’autre membre du collectif de soutien d’Athènes à l’usine autogérée, ont répondu à nos questions.

Déclarée en faillite en 2011, l’usine Viome est d’abord occupée pendant un an par ses travailleurs qui réclament le paiement de leurs salaires. En 2012, les salariés redémarrent l’activité à leur compte et remplacent la production de colles pour carrelage par la fabrication de savons et lessives écologiques. Depuis plus de six ans, une vingtaine de travailleurs gèrent collectivement l’entreprise et se battent contre la vente aux enchères du site.

 Pouvez-vous nous expliquer pourquoi votre usine est régulièrement mise aux enchères ?

Makis : Le terrain où se trouve l’usine appartenait à l’entreprise Filkeram & Johnson, la maison mère de Viome. Du fait de la faillite de l’entreprise, il sera vendu aux enchères afin de régler les dettes envers les fournisseurs. Mais nous ne toucherons rien alors que l’entreprise a aussi énormément de dettes envers nous. Nous occupons 1/5 du terrain correspondant à l’espace qu’occupait l’ancienne filiale. Nous produisons les produits que vous connaissez et résistons en même temps à la vente aux enchères de ce 1/5 de terrain où nous nous trouvons.

Vasilis : Les enchères consistent en une tentative de cession/vente des biens immobiliers de la société mère – Filkeram & Johnson – ainsi que de l’immobilier de la coopérative. Cela risque ainsi d’entraver le fonctionnement et l’expérimentation de l’autogestion à l’usine Viome. Il s’agit d’une procédure légale qui permet aux créanciers/débiteurs de l’entreprise en faillite de réclamer leurs prêts par la vente de biens mobiliers et immobiliers.

 Comment êtes-vous parvenus à les empêcher jusqu’à présent ?

Makis : En assurant une forte présence dans les tribunaux afin d’empêcher la venue d’acheteurs potentiels. Parallèlement, nous avançons notre proposition auprès des ministères concernés : nous demandons la légalisation du fonctionnement de l’usine en nous rendant le terrain, qui est de toute façon retenu par l’État à cause des impayés de Filkeram & Johnson sur la TVA.

Vasilis : Ayant comme objectif stratégique de continuer la production de cette usine occupée, l’assemblée des travailleurs et le mouvement de solidarité qui la soutient sont constamment en alerte et en lutte. Nous avons réussi jusqu’à présent à rendre les enchères infructueuses. Nos principaux moyens pour empêcher la vente sont les appels à des résolutions solidaires de la part des syndicats et des collectifs, des campagnes d’information sur internet et dans des espaces sociaux très fréquentés, des piquets dans des ministères ou d’autres institutions concernées. À cela s’ajoute notre présence massive lors des ventes aux enchères aux tribunaux de Thessalonique et au ministère du Travail à Athènes.

 Quand est-ce que sont les prochaines enchères, et quels en sont les enjeux ?

Makis : Prochainement, il y a deux séances de vente aux enchères en septembre et en octobre. Vu que le prix du terrain a beaucoup baissé, il y a un risque qu’un acheteur potentiel tente de nous expulser. Plus le prix de vente baisse plus les investisseurs capitalistes s’y intéressent.

Vasilis : La chute des prix de l’immobilier – 30 millions d’euros lors de la première vente aux enchères contre 10 millions aujourd’hui – finit par inciter de façon importante les acheteurs potentiels. Compte tenu du soutien de l’État et des gouvernements aux investisseurs privés, de leur hostilité à l’égard du caractère social et ouvrier de l’autogestion, mais aussi du message émancipateur de la reprise d’unités de production en faillite par les travailleurs, le danger est de plus en plus grand. Les 19 septembre et 24 octobre 2019 se dérouleront la suite des trois enchères stériles du 4e tour/cycle qui ont eu lieu les 13, 20 et 27 juin 2019.

 Comment s’organise la solidarité ?

Vasilis : L’Assemblée des travailleurs de Viome participera avec les syndicats de classe (syndicats de base) à la grande manifestation au moment de la 84e Foire internationale de Thessalonique. Chaque année, le Premier ministre y annonce de nouvelles mesures, généralement anti-ouvrières et antisociales, en vue de la présentation du prochain budget. Viome y lancera un nouvel appel au soutien. Également, le deuxième festival Coopenair a lieu à l’usine Viome les 11, 12 et 13 octobre. Il est coorganisé par des coopératives de travail radicales venant des différentes régions de la Grèce. Discuter de la diffusion et de l’extension du travail en coopérative avec nos compagnons permettra de revoir notre stratégie et de décider de nos actions en cours pour que l’usine reste aux mains des employés.

 L’activité a été relancée il y a six ans avec une nouvelle production sous le contrôle des ouvriers. Ne pouvez-vous pas reprendre la propriété de l’usine ?

Makis : Non. À la suite d’une décision de justice, le terrain est considéré comme une seule unité. Il est interdit d’en vendre une seule partie, donc le 1/5 où nous nous trouvons. Seul l’ensemble des 150 000 m2 peuvent être vendus, mais le prix reste trop élevé pour nous.

 Vasilis : Les travailleurs de la coopérative Viome restent au sein de l’usine avec une demande politique principale : « les usines et la gestion de la richesse aux mains de ceux qui produisent ». Nos positions sont connues et nous codécidons avec la société en lutte et le mouvement de solidarité qui nous entoure. Dans ce contexte, nous avons déposé une proposition visant à réclamer les parcelles appartenant à Viome et leur concession pour un loyer symbolique, en contrepartie des dettes contractées par la sécurité sociale et les impôts de la sécurité sociale. Sachant que le pouvoir et ses agents sont hostiles à l’expérience Viome et que tout est une question de rapport de force, nous ne réussirons que dans la mesure où le mouvement antagoniste large et la solidarité de classe se renforceront.

 Est-ce que le retour de la droite au pouvoir change quelque chose pour Viome ?

Makis : Oui, le risque de répression est plus élevé à cause de la connivence qui existe entre le nouveau gouvernement et une partie de l’extrême droite.

Vasilis : Syriza en tant qu’opposition avait utilisé et manipulé les luttes des mouvements sociaux pour accéder au pouvoir et gouverner le pays pendant cinq ans. Viome incluse. Alexis Tsipras était venu à l’usine annoncer une solution pour les unités de production en faillite, abandonnées par les patrons pendant la crise. Son choix de gérer la crise systémique dans le cadre des politiques néolibérales a fait de lui, non seulement un gestionnaire de la situation antérieure, mais également un homme lâche qui n’a pas osé geler les parcelles de Viome contre ses anciens propriétaires qui doivent de l’argent à l’État. Ce choix a également eu pour effet d’éloigner les soutiens de Syriza de la réelle solidarité avec la lutte des travailleurs.

 La politique du nouveau gouvernement, telle qu’elle est formulée dans son programme, sera un mélange de néolibéralisme extrême, de privatisations pour le grand capital et les élites, avec en parallèle des attaques contre les droits sociaux et les conquêtes restantes du mouvement ouvrier. En ce sens, la question de Viome rentre dans le cadre de ces choix. C’est pourquoi, comme nous l’avons toujours souligné, le problème de Viome est relatif à la question sociale dans son ensemble. Et sa solution contribue aux luttes sociales.

 Comment est-il possible d’aider Viome en dehors de la Grèce ?

Makis : Une des possibilités serait de mettre la pression au gouvernement grec pour trouver une solution rapide aux problèmes de Viome. Par exemple, bombarder de courriers les ambassades grecques ou les ministères concernés, celui du Travail, de l’Économie et du Développement. Il est aussi aidant d’avoir l’appui de quelques parlementaires. Enfin en soutenant Viome par l’achat de ses produits dans votre ville.

Vasilis : Au-delà de la promotion de la solidarité politique et de la sensibilisation du public européen au sujet de Viome, notre réelle force réside dans nos propres produits. Il s’agit de nettoyants naturels et écologiques de haute qualité, distribués aujourd’hui dans plusieurs villes européennes par le biais de réseaux de solidarité et d’espaces de coopération. L’aide des médias alternatifs à cet égard est pour nous bienvenue et plus que jamais nécessaire.

Interview et traduction réalisées par Kostas, un militant libertaire grec vivant en France.

Source https://rapportsdeforce.fr/ici-et-maintenant/grece-lexperience-autogestionnaire-des-viome-menacee-09124158

Fermeture programmée de 2750 moulins à huile grecs

Le « trésor national » de l’huile d’olive livré à des multinationales américaines -Ces dernières pressent le gouvernement grec de mettre un terme à 2750 unités grecques.

Début janvier, le célèbre syndicaliste paysan de Fthiotida Vaios Ganis a révélé à newx.gr que des propositions de construction de trois « méga usines » d’olives et d’huile d’olive avaient été déposées dans des régions spécifiques au cours des quatre dernières années.En effet, la Banque nationale semble soutenir cet effort, selon M. Ganis.

Quel sera l’impact de la construction des trois «méga usines»? Vaios Ghanis décrit la situation, dans la plus sombre des couleurs, en déclarant :

« 2 750 petits pressoirs seront effacés en une nuit dans les zones où les méga usines seront implantées. » Les trois zones ciblées par la multinationale américaine sont la Grèce occidentale, le Péloponnèse et la Crète. « Alors imaginez la richesse de l’olive, l’huile sera concentrée dans une multinationale. Il n’y aura pas d’intermédiaire, il n’y aura rien. Un petit oléiculteur ne pourra pas survivre en raison de conditions telles que la gestion des déchets et la purification biologique, qui ne peuvent être satisfaites en raison de la taille accrue de l’économie. En une nuit, les petites entreprises auront disparu. Imaginez ce qui va se passer », a souligné Vaios Ganis.

Aujourd’hui, une nouvelle « pierre » dans l’édifice des révélations provient du président de GEOTEE, Institution Géotechnique, Spyros Mamalis, qui a déclaré à newx.gr qu’il était au courant du problème et qu’il fournissait des informations supplémentaires sur l’effort « d’effacement de la carte » des 2750 moulins.
Selon M. Mamalis, la multinationale américaine aurait trouvé des « alliés » parmi des universitaires grecs, dont les noms seront publiés prochainement par newx.gr. »

« Nous le savons et nous avons même interféré avec cette logique dans la réglementation de l’étiquette grecque d’huile d’olive, car certains ont tenté de faire passer une réglementation afin que 25% de l’huile ne soit pas grecque, qu’une huile puisse être décrite comme grecque, alors que 25%  ne l’est pas.

La même chose s’est produite avec le lait et nous sommes intervenus en tant que GEOTEE et avec d’autres organismes et avons essentiellement empêché de tels développements. Il y a cette logique et je ne veux pas parler de noms, mais si je suis défié, je le ferai, car j’ai les noms de ceux qui ont proposé au gouvernement grec de fermer ces petites usines « , a souligné M. Mamalis.

Le président de GEOTEE a même fait valoir que le nouveau programme de développement rural (RDP) limitait le subventionnement de nouvelles usines.

« Il y a pas mal de monde autour du ministère, des cadres officiels, des entités ou des individus qui cherchent simplement à faire valoir leur point de vue auprès du gouvernement pour fermer ces petites unités sous prétexte d’économies d’échelle et de tailles plus grandes qu’une telle offre apporterait. Ils sont grecs et ont même une place dans les universités. Nous essayons d’éviter cela parce que nous croyons que l’avantage comparatif de l’huile grecque est la faible acidité obtenue par le transfert direct des olives aux moulins, qui, s’ils sont transportés sur de plus longues distances et attendent que les olives soient transformées, l’acidité sera évidemment plus élevée, comme en Espagne et en Italie. Ces propositions sont directement liées à la multinationale américaine « , a déclaré Spyros Mamalis.

Mais quel rôle les autorités locales et les communautés locales peuvent-elles jouer dans ce cas? Tout investissement réalisé est susceptible de durer et nécessite l’approbation des conseils régionaux.   Mais avec la loi-cadre mémorandaire, s’il s’agit d’un investissement de plus de 100 millions de dollars, toutes les institutions sont ignorées.

« Et nous avons signalé cela à la Chambre. Par exemple, un homme d’affaires avec 100 millions d’euros peut venir dans le comté de Serres et utiliser le photovoltaïque sur le terrain « , a déclaré le président de GEOTEE, Spyros Mamalis. »

Constant Kaimakis

Source en grec Λουκέτο σε 2750 Ελληνικά ελαιοτριβεία

Σε Αμερικάνικη πολυεθνική παραδίδουν τον «εθνικό θησαυρό» του…


Appel des VioMe

« Le texte d’un appel du comité de solidarité avec VIOME et de ses employés pour participer à la Manifestation à Thessalonique (samedi 18h00 Kamara) et contre les ventes aux enchères de BIOME qui vont suivre (19 septembre, 24 octobre)

APPEL DES VIO.ME TOUJOURS EN LUTTE :

Ils ne nous ont pas payé.

Ils ne nous ont pas respecté et ont essayé de nous virer. Pour fermer l’usine.

Cela fait 8 ans que nous avons répondu. Et nous leur avons répondu pour de bon.
« Si vous ne pouvez pas, nous pouvons »
Nous avons l’usine et nous travaillons.
Seulement nous avons toujours travaillé et ils nous ont eu. Et ils ont eu l’argent.
Maintenant, nous ne travaillons plus  que pour nous et personne ne nous commande.
Nous parlons tous ensemble, nous travaillons avec la démocratie
Nous décidons lors de notre assemblée générale et partageons la richesse que nous produisons.
Notre travail nous appartient et non à un gros actionnaire paresseux.
La route n’était pas facile. Ils sont allés nous couper l’eau, nous frapper dans les marches, nous vendre aux enchères.
Et pourtant, nous sommes toujours là. Aux côtés du mouvement syndical en difficulté ainsi que de nos collègues grecs et étrangers, nous luttons pour gagner notre vie.
Les associations de travailleurs du monde entier soutiennent nos produits.
Notre solidarité et notre travail tournent maintenant à la vitesse supérieure.
Nous vous invitons donc à faire de même. C’est la seule route ici que nous pouvons suivre.
Nous vous invitons à vous joindre à nous et à tenter votre chance entre vos mains.
Nous serons avec vous dans ce combat.
Nous vous invitons à nous rejoindre À 18h00 à Kamara- Thessalonique
Nous vous invitons à nous aider à annuler toutes les enchères qu’ils  essaient de nous faire. À partir du 19 septembre dans les tribunaux de Thessalonique.
Syndicat des travailleurs de VIOME
BIOME Solidarité Initiative ouverte »
source : https://www.facebook.com/…/a.18992551103…/2354773764762612/…

Le collectif de Grenoble continue à soutenir la lutte des VioMe en organisant pour la 4eme année une commande groupée de leurs produits. Des contacts sont pris pour faire ce lancement lors d’une projection-débat dans la 1ere quinzaine d’octobre.Les informations seront données prochainement sur ce site.

Huiles essentielles La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. Il évoque la fermeture programmée de 2750 moulins à huile grecs avec le projet d’installation des multinationales américaines.

Huiles essentielles

L’été, ses baraquements sur les rivages, ses souvenirs. De Thessalonique à Athènes en passant par les plages du vieux Péloponnèse, on salue tristement l’été 2019, si bref il faut dire pour la majorité, déjà des Grecs. Nos touristes auront tant admiré et photographié la Garde Evzone place Sýntagma au cœur de la capitale avant leur propre rentrée. Sinon, rien de très nouveau du côté des gouvernants actuels comme passés. Pays mis sur pilote automatique lorsque ses réalités substantielles sont délestées dans la hâte pour ne rien laisser d’elles au bout du processus que l’on dénomme alors… crise.

La Garde Evzone. Athènes, place Sýntagma, août 2019

L’été, celui des médias et de la publicité comme de leur atmosphère pressentie aurait pu être celui d’une prétendue légèreté ou encore le soi-disant grand moment du souvenir commercialisé. Or il n’en est rien. Les plages ont été certes remplies en Attique fin août par ce pays réel, largement, trop largement même populaire, mais en même temps certains murs expriment autant de douleur face aux touristes: “Vivre la vraie expérience grecque. Salaires à 500 euros, loyers à 400. Airbnb fait augmenter les loyers.”

Et ce n’est qu’un exemple, une facette des mutations en cours. Le pays se transforme et d’ailleurs violemment en espace administré, colonisé pour tout dire, d’en haut par les “investisseurs”, et d’en bas, par les migrants déracinés que la programmation en cours projette d’installer chez les acculturés locaux ou en phase de l’être. Les récalcitrants, autrement-dit, les esprits encore logiques et enracinés dans leur culture et leur territoire seront par la même occasion traités de tous les noms. Déjà en Grèce centrale, élus locaux et une partie des habitants manifestent contre l’installation des migrants chez eux, presse du 5 septembre. Erdogan et les passeurs mafieux compatibles Sóros ont ouvert les vannes de la misère provoquée et instrumentalisée; les migrants arrivent ces dernières semaines par milliers sur les côtes des îles grecques de la mer Égée, le calendrier semble donc s’accélérer. J’ouvrirai toutes portes vers l’Europe déclare encore Erdogan, exigeant entre autres le contrôle d’une partie de la mer Égée et des hydrocarbures qui s’y trouvent, pourtant tout cela du côté grec, Chypre comprise, presse du 5 septembre. Les migrants, leur instrumentalisation surtout, c’est autant une arme… géopolitique massive.

Et comme par hasard, le gouvernement Mitsotákis, déjà pour désengorger les îles, car il est vrai que la situation dans les campements de Lesbos notamment est plus qu’explosive, les installe en Macédoine grecque, très exactement près de la frontière avec les pays slaves et voisins, très exactement au cœur géographique, voire géopolitique de la “restructuration” que l’Allemagne et les États-Unis imposent une fois de plus en cette région des Balkans. Les Grecs des contrées concernées sont très en colère d’après les reportages, et il y a de quoi, presse de la semaine. Car il faut rappeler qu’ils ont déjà été trahis par l’accord Macédonien de Tsípras et que Mitsotákis ne remettra aucunement en cause, d’après la presse allemande, telle fut la condition nécessaire pour qu’il puisse être reçu la semaine dernière à Berlin, chez la Chancelière… du énième Reich.

D’après les médias allemands, de surcroît parmi les plus officiels, “les réticences allemandes s’expliquent notamment par la pratique de la Nouvelle Démocratie de Mitsotákis de ne pas adopter les mesures des mémorandums en tant qu’opposition officielle, ainsi que par le refus obstiné devant l’accord de Macédonien de Tsípras, dans lequel Berlin avait tant investi. Car pour l’Allemagne, il ne s’agissait pas d’un simple accord pour résoudre un problème de la périphérie européenne. La résolution du problème du nom de ce pays a été jugée essentiellement nécessaire car elle a créé les conditions permettant à la Macédoine du Nord de rejoindre l’OTAN et de rester sur la voie européenne, empêchant ainsi la Russie, la Chine ou même la Turquie d’essayer d’accroître leur influence dans ce pays. L’assurance reçue entre-temps à Berlin par le nouveau gouvernement grec, considérant que dans le cas de cet accord précisément, le principe de pacta sunt servanda s’applique, a constitué un premier geste important pour instaurer entre nous une relation de confiance”, presse allemande, fin août 2019. Rajoutons que certains projets disons parallèles, feront de cette partie du Nord de la Grèce où les migrants nouveaux sont en phase d’être installés, une zone économique et industrielle… hors sol au profit des dits acteurs économiques mondialisateurs.

Atmosphère pressentie. Athènes, été 2019
La vraie expérience grecque. Athènes, septembre 2019
Plage en Attique, fin août 2019
Autre… pays réel. Athènes, septembre 2019

Dans la foulée, la Nouvelle Démocratie et son gouvernement poursuivent dans le chemin des “gouvernements” mémorandaires et ainsi… mutants, que le pays connaît à ses dépends depuis 2010. Comme l’écrivent parfois certains vieux militants issus de la gauche, autant sortie de l’histoire politique pour les mêmes raisons, “depuis dix ans maintenant, la Grèce se meurt lentement, privée des derniers retranchements de sa souveraineté nationale et populaire. Cependant, le premier article de la Constitution stipule que: La souveraineté populaire est à la base de l’État. Tous les pouvoirs découlent du peuple, s’exercent en faveur de celui-ci et de la nation, et sont exercés conformément à la Constitution.”

“Les gouvernements se succèdent depuis 2010, les uns après les autres, comme des trains dans les gares, mais de plus en plus, ces gouvernements sont assujettis aux pouvoirs étrangers. Ils arrivent comme ils partent, en promettant divers procédés, allant de la suppression des mémorandums à la réduction des excédents primaires et des taxes, puis ils appliquent une politique économique opposée à leurs proclamations préélectorales, une politique qui est bien sûr imposée par Berlin. Au niveau géopolitique, le pays est autant subordonné à la puissance des États-Unis, semble-t-il davantage que du temps de la junte des colonels.”

“C’est le déclin final de la démocratie parlementaire. Par exemple, et c’est autant un signe des temps, la ‘politique’ est devenue une sorte de profession lucrative et du marketing, alors que la vraie politique économique du pays est pratiquée depuis la chancellerie allemande”, texte de Papoúlis sur le site du Plan-B.

“Décombres ainsi absolus de la République hellénique abolie” d’après Papoúlis, c’est un constat largement partagé, mais je dirais de plus accepté, un constat lequel échappe par ailleurs aux médias. Ces derniers font alors tout et même souvent en rajoutent, pour faire croire qu’il y a toujours ici bas une vie politique, des partis, des débats et des querelles. Heureusement, le pays réel arrive parfois à se rendre inquiet pour d’autres enfin bonnes raisons, la disparition de Lora comme celle de Yannakis en font par exemple partie, autant que les séismes d’ailleurs. Le récent séisme du mois d’août aura fait disparaître une partie des installations industrielles datant d’environ un siècle et situées à l’entrée du grand port. Signes sans doute des temps!

Disparition de Lora. Athènes, septembre 2019
Disparition de Yannakis, il nous manque énormément. Athènes, août 2019
Entrée du port du Pirée. Septembre 2019

Dans la vraie vie aussi, c’est l’Institut Goethe qui engage des travaux d’envergure sur son bâtiment à Athènes, histoire de renforcer sa résistance aux séismes. Finalement, nul n’est à l’abri, de certains séismes en tout cas. En face de l’Institut, c’est sur les vitres de la librairie allemande qu’une affichette fait la promotion d’un séminaire d’écriture en allemand entre août et septembre, “dans le cadre idyllique de l’île d’Égine”. Pour ne pas… perdre le nord, allons donc au sud.

Dans la vraie vie toujours, les derniers vacanciers du mois d’août quittent alors Égine, l’été prend fin… mais pas les affaires. D’après le reportage, lors de la visite de Mitsotákis à Berlin, il a été annoncé de manière volontairement vague, qu’un projet d’envergure dans le domaine de l’énergie dite verte sera inauguré, voire renforcé sur une période de vingt ans. On comprendra alors comment et combien, les montagnes du Pinde comme Agrafa finiront défigurées à jamais du fait des éoliennes fabriquées et imposées par la… métropole, vieille méthode.

Il en va de même pour ce qui est de la production d’huile au pays de l’olivier, comme on aime dire parfois. D’après une source mentionnée et surtout traduite par Constant Kaimakis (et nous le remercions tous), la fermeture de 2750 moulins à huile grecs serait déjà programmée, sur Facebook également, dont celui de mon ami, historien et écrivain, Olivier Delorme.

“Le ‘trésor national’ de l’huile d’olive sera ainsi livré à des multinationales américaines. Ces dernières pressent le gouvernement grec pour mettre un terme à ces 2750 unités grecques. Début janvier, le célèbre syndicaliste paysan de Fthiotida Vaios Ganis a révélé à newx.gr que des propositions de construction de trois ‘méga usines’ d’olives et d’huile d’olive avaient été déposées dans des régions spécifiques au cours des quatre dernières années. En effet, la Banque nationale semble soutenir cet effort, selon M. Ganis. Quel sera l’impact de la construction des trois ‘méga usines’? Vaios Ganis décrit la situation, dans la plus sombre des couleurs, en déclarant:”

L’Institut Goethe en travaux. Athènes, août 2019
Séminaire d’écriture en allemand à Égine. Athènes, septembre 2019
Embarquement. Égine, septembre 2019

“2750 petits pressoirs seront effacés en une nuit dans les zones où les méga usines seront implantées. Les trois zones ciblées par la multinationale américaine sont la Grèce occidentale, le Péloponnèse et la Crète. Alors imaginez la richesse de l’olive, l’huile sera concentrée dans une multinationale. Il n’y aura pas d’intermédiaire, il n’y aura rien. Un petit oléiculteur ne pourra pas survivre en raison de conditions telles que la gestion des déchets et la purification biologique, qui ne peuvent être satisfaites en raison de la taille accrue de l’économie. En une nuit, les petites entreprises auront disparu. Imaginez ce qui va se passer, a souligné Vaios Ganis. Aujourd’hui, une nouvelle ‘pierre’ dans l’édifice des révélations provient du président de GEOTEE – Institution Géotechnique, Spýros Mamalis, qui a déclaré à newx.gr qu’il était au courant du problème et qu’il fournissait des informations supplémentaires sur l’effort pour l’effacement de la carte des 2750 moulins. Selon M. Mamalis, la multinationale américaine aurait trouvé des ‘alliés’ parmi les universitaires grecs, dont les noms seront publiés prochainement.”

“Il y en a pas mal de monde autour du ministère, entre certains cadres officiels, voire des individus qui cherchent simplement à faire valoir leur point de vue auprès du gouvernement pour ainsi fermer ces petites unités actuelles sous prétexte d’économies d’échelle et de taille plus grande qu’une telle offre apporterait-elle. Ils sont Grecs et ils ont même leur bonne place dans les universités.”, l’article en grec c’est ici.

L’article souligne en conclusion que toute réticence locale ou régionale devient de fait caduque, dès que le montant global de l’investissement proposé dépasse les 100 millions d’euros, telle est la loi-cadre mémorandaire des pseudo-gouvernements qui… gouvernent surtout depuis dix ans, en réalité, depuis je dirais 1831, et ceci à de très rares exceptions près.

En attendant, on se consolera des petits trésors quotidiens, chez les bouquinistes par exemple entre la Civilisation Égyptienne et les Annales de l’ethnographie de Giuseppe Pitré et de sa collection au Musée Ethnographie de Palerme qui porte alors son nom.

On peut encore voyager en Septembre, même pour le travail, ou admirer le vieux bateau Liberty transformé en musée dans le port du Pirée. Notons que de nombreux armateurs, la plupart grecs comme Aristote Onassis ou Stávros Niárchos, ont accru leur fortune en achetant des Liberty ships du surplus des inventaires pour faire du cabotage, avant de se lancer dans le transport pétrolier.

Chez les bouquinistes. Athènes, septembre 2019
Voyageurs. Golfe Saronique, septembre 2019

Pays ainsi mis sur pilote automatique colonial. Le terroir, ses rivages, son souvenir et ses restes que les visiteurs ne peuvent guère voir, l’acculturation surtout des plus jeunes rend autant la réalité brouillée pour une partie de la population déjà. Et quant aux migrants, de par leur situation savamment provoquée, ils feront semble-t-il le même usage du pays que les prédateurs mondialistes. Le pays est un “topos”, un lieu à mettre à profit sans histoire, ni passé, ni racines, sans parler de la perte de sa souveraineté laquelle les laisse froidement indifférents. Voilà pour le vaste programme.

Car ce qui est en œuvre c’est la suppression pure et simple d’un peuple en s’en prenant à tout ce qui fait son existence propre, et le démembrement de son territoire, après celui de son identité et de son histoire à commencer par des institutions sous contrôle totalitaire et autant financier, à savoir le système éducatif et bien entendu les universités, sans oublier les médias et leur soupe à poison tétanisant.

Le Liberty-ship. Le Pirée, septembre 2019

De Thessalonique à Athènes en passant par les plages du vieux Péloponnèse, on salue alors tristement l’été 2019. Donc rentrée. La presse mainstream nous informe que dans la ville de Bach en Allemagne, personne n’a peur des investisseurs Chinois, s’agissant d’Arnstadt, où Jean-Sébastien Bach il se forge une solide réputation d’organiste à l’église de la ville, quotidien “Kathimeriní” du 4 septembre 2019. Nous voilà… rassurés autant chez nous.

Rentrée, et ce blog salue et alors remercie de tout cœur ses ami(e)s. Sans eux, sans leur soutien moral et matériel, il serait déjà avalé par le néant environnant.

L’automne en vue, entre espoir et ténacité, comme pour ce matou que mon ami Aristote a recueilli chez lui en quelque part en Attique, ou pour ces autres chats recueillis par mon ami Olivier Delorme à Nisyros.

Beau pays, vraiment !

Le matou recueilli par Aristote. En Attique, août 2019
* Photo de couverture: Souvenirs. Thessalonique, août 2019
5 septembre 2019

Manifeste – L’Appel du contre-G7

Manifeste rédigé par les organisations des plateformes Alternatives G7 et G7 EZ ! à l’occasion de la clôture du contre-sommet à Hendaye et Irun.

Le contre-G7 d’Hendaye et Irun a rassemblé des milliers de participant.e.s et permis d’organiser des centaines d’activités, de faire vivre un camp alternatif et de multiplier les actions et manifestations de rue.

Nous nous mobilisons face à un G7 divisé et dont il ne sortira rien. Il reste, malgré ses beaux discours sur la réduction des inégalités, le symbole de politiques néolibérales et autoritaires. Il porte des politiques qui ont creusé les inégalités sociales, renforcé les divisions et les dominations dues au racisme et au patriarcat, organisé l’industrialisation de l’agriculture, nourri l’industrie de l’armement, accéléré les crises environnementales, les dérèglements climatiques et la chute de la biodiversité. Il colonise des continents et pille leurs ressources naturelles. Il lève des murailles et empêche la libre circulation des personnes les plus pauvres.

Dans les années 1990, les institutions internationales et le G7 avaient promis que la mondialisation néolibérale allait permettre le triomphe de la “démocratie de marché”, le développement des pays et la réduction des inégalités. Toutes ces promesses se sont fracassées sur les crises majeures du système, la montée de l’autoritarisme sur tous les continents et l’explosion des inégalités et de la précarité, qui touche en priorité les femmes. Et il n’est resté qu’une vérité crue : ce système à la prétention de transformer toutes les réalités du monde, qu’elles soient humaines ou naturelles, en marchandises à la merci de marchés financiers avides de profits ; d’offrir aux multinationales un marché-monde pour leurs produits uniformisés ; et de proposer comme seules aspirations et rêves aux populations du monde entier une consommation sans limite de ces marchandises. Tout cela en multipliant leurs profits au détriment de travailleur.se.s eux-aussi réduit.e.s en marchandise jetable et précarisée.

Avec ce contre-G7 nous voulons démontrer qu’il est possible de résister au système capitaliste qui scie la branche sur laquelle l’Humanité est assise. A l’inverse de la mondialisation néolibérale, il est possible de développer des alternatives en partant des territoires et des collectifs humains qui priorisent la collaboration à la compétition, les biens communs et les droits humains aux profits privés, la garantie d’un logement digne pour toutes et tous à la spéculation, l’égalité et la diversité à la réussite individuelle et à l’uniformisation culturelle. Ici au Pays Basque, comme dans beaucoup d’autres endroits du monde, se construisent des relations différentes, d’autres systèmes fondés sur la coopération, les circuits courts, des relations entre humains et nature respectueuses et une démocratie réelle.

Il ne s’agit pas d’idéaliser des réalités qui sont contradictoires, mais de comprendre que remettre les pieds sur nos territoires et développer des coopérations multiples permettent de mieux répondre aux défis auxquels nous faisons face. Oppression des femmes, drame et chasse des migrant.e.s, dérèglements climatiques, industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation, extinction de la biodiversité, détricotage du droit du travail, recul des libertés publiques, démantèlement des États providence… tout ceci nous appelle à renforcer les luttes et les solidarités aux niveaux local, national, étatique, continental et mondial.

Nos alternatives, qui mettent en oeuvre les valeurs de démocratie, de solidarité et d’égalité entre les femmes et les hommes, sont incompatibles avec le développement du capitalisme néolibéral qui s’appuie sur les États dominants et défend les intérêts des marchés financiers et des multinationales par la multiplication d’accords de libre-échange destructeurs, la privatisation des services publics et des biens communs…. Aujourd’hui, toute forme de contestation de ce système se traduit par des répressions policières et des restrictions aux libertés publiques de plus en plus importantes et la banalisation des interventions militaires.

Nos alternatives construisent des territoires plus solidaires, plus résilients face aux crises majeures et à l’effondrement à venir, et mieux armés contre la marchandisation de nos sociétés et de nos vies, la délocalisation et la mise en compétition des peuples et des individus, la destruction de la nature et des cultures populaires. Nos alternatives .

Elles permettent également aux citoyen.ne.s, et en particulier aux plus précaires, de se réapproprier l’exercice de la démocratie, de renouer avec l’engagement politique, de reprendre conscience de leur pouvoir de peser sur le cours des choses, comme nous l’avons vu avec le mouvement des Gilets Jaunes, les mobilisations féministes et les marches pour le climat. Ceci implique de reconnaître le droit à l’expérimentation et à l’autodétermination sur les terrains politiques, économiques, alimentaires, énergétiques et culturels. Nous sommes à ce titre solidaires des mobilisations actuelles des citoyen.ne.s en Algérie, à Hong Kong, en Catalogne, en Palestine, au Soudan et ailleurs.

L’accélération et l’aggravation des dégâts sociaux, écologiques et démocratiques causés à l’échelle planétaire par l’offensive néolibérale, comme nous le voyons aujourd’hui en Amazonie, rend urgente la mise en place d’alliances et de stratégies permettant d’inverser au plus vite le cours des choses. Ce contre-G7 est une étape importante pour la construction de ces alliances nécessaires entre mouvements sociaux, environnementaux, syndicaux, féministes, politiques. Une étape pour les constructions d’alliances sur des terrains spécifiques, mais aussi pour des alliances de plus large portée, d’alliances globales qui pourront être décisives pour les actions à venir.

Les plateformes Alternatives G7 et G7 EZ !

Source https://france.attac.org/se-mobiliser/contre-le-g7-et-son-monde/article/manifeste-l-appel-du-contre-g7

Virage à droite en Grèce

Virage à droite en Grèce

13 août par Stathis Kouvelakis , Eva Betavatzi , Emilie Chaudet , Tiago Moreira Ramalho  

Ce samedi 10 août, Eva Betavatzi, membre du CADTM Belgique était l’invitée de l’émission Le Magazine du Weekend sur France Culture, présentée par Emilie Chaudet, au côté de Stathis Kouvelakis, philosophe et politologue, et Tiago Moreira Ramalho, doctorant en sciences politiques, pour discuter de la Grèce après Tsipras.

http://www.cadtm.org/Podcast-Virage-a-droite-en-Grece

 Kyriakos Mitsotakis, premier ministre grec entré en fonction il y a un peu plus d’un mois, se présente comme le « sauveur » de la classe moyenne en promettant une réduction d’impôts, la libéralisation de l’économie et la négociation d’une réduction des exigences des créanciers vis-à-vis de l’excédent budgétaire primaire de 3,5% que le précédent gouvernement avait promis d’atteindre lors du dernier accord sur la dette publique grecque, signé en 2018. Pourtant dès le début de son mandat, Mário Centeno, président de l’Eurogroupe, et Klaus Regling, directeur général du MES (Mécanisme européen de stabilité financière), avaient prévenu Mitsotakis qu’aucune exigence ne serait revue à la baisse et que la Grèce devait se tenir à l’accord signé. Les promesses du nouveau premier ministre grec ne sont donc pas prêtes d’être tenues. Mais la Grèce, qui connaît une crise économique et humanitaire depuis 10 ans, a vu nombre de ses dirigeants ne pas tenir leurs promesses.

Tsipras avait quant à lui promis de mettre fin au cercle infernal de l’austérité pour finalement capituler en juillet 2015 plongeant la Grèce et toute la gauche européenne dans une profonde déception. Mitsotakis lui se trouve dans une situation avantageuse puisqu’il n’a plus à discuter de la dette, ni des mémoranda. Les médias dominants et la plupart des partis politiques, en ceux compris Syriza, ont assez menti sur le dernier accord pour qu’il apparaisse comme une « victoire » alors qu’il n’est en réalité que l’étalement de la crise et la tutelle de la Grèce par l’UE sur de longues années. Le pays ne pourra donc pas échapper à l’austérité qui lui est imposée ni à la surveillance de ses créanciers si le dernier accord signé par Tsipras en 2018 est respecté. C’est ainsi que les électrices et électeurs, déçu·e·s des gouvernements successifs de droite ou dits de « gauche », ont revu leurs exigences à la baisse et sont allé·e·s aux urnes au début du mois de juillet sans grande conviction. Le fort taux d’abstention aux élections (42%) et les évolutions au sein du parti Syriza (la moitié des eurodéputé·e·s élu·e·s un peu plus tôt la même année viennent de partis de droite) en attestent.

La victoire de Nouvelle Démocratie ne présage rien de bon, au contraire. Mitsotakis veut instaurer un gouvernement autoritaire en concentrant des pouvoirs sur son poste (il a placé sous son contrôle personnel et par simple décret ERT (la radiotélévision publique grecque), l’Agence de Presse nationale et les services secrets du pays), en annonçant l’embauche de plus de 2000 policiers, en multipliant les attaques contre des squats de réfugié·e·s (à Exarcheia notamment), etc… L’asile universitaire, qui n’est autre que l’interdiction d’entrer sur les lieux universitaires par les forces de l’ordre sans l’accord du recteur, a été une des premières cibles du gouvernement Mitsotakis. Son annulation constitue un acte très fort pour celles et ceux qui se souviennent de l’attaque contre l’école polytechnique d’Athènes en 1973 par l’armée contre des étudiant·e·s, évènement extrêmement important puisqu’il a marqué le début de la fin de la dictature des colonels. Mitsotakis et son gouvernement de droite, dont certains membres hauts placés sont issus de l’extrême droite, ont déjà profité de la crise grecque pour toucher aux symboles les plus forts de la démocratie et porter atteinte au peu d’espace démocratique qui subsistait encore en Grèce.

Lettre ouverte des employés de l’hôpital de Rhodes

« Lettre ouverte des employés : Voici la situation catastrophique de l’hôpital de Rhodes

L’hôpital de Rhodes a fait l’actualité récemment à plusieurs reprises pour sa dotation en personnel médical et pour la situation de la clinique pédiatrique. Bien sûr ce n’est pas la première fois. Ces problèmes ne sont pas non plus uniques.

La vérité est que la situation à l’hôpital de Rhodes est bien pire. Sa sous-utilisation est le problème principal. Les pénuries de personnel infirmier médical et paramédical sont telles qu’elles créent des situations dangereuses pour le personnel hospitalier et les patients.

Nous sommes incapables d’obtenir nos congés, notre salaire et les emplois proportionnés à la charge de travail à laquelle nous devons faire face. Par exemple, deux infirmières de la clinique traitent jusqu’à 35 patients lorsque l’OMS nomme une infirmière pour 3,5 patients. En réanimation, cela devrait correspondre à une infirmière par patient. Aujourd’hui, il y en a deux pour un maximum de six patients.
Surtout en été, période de repos ailleurs, réservée aux travailleurs, aux travailleurs des hôpitaux et des autres travailleurs de l’île, nous devons faire face à l’énorme augmentation du volume de travail due au trafic touristique et la surpopulation. Toute personne raisonnable comprend que cela a des conséquences sur la santé du personnel hospitalier et sur le niveau des services hospitaliers fournis aux patients et à leurs proches.

Cependant, à la pénurie de personnel, il faut également ajouter des machines obsolètes et sans assistance. Anciennes machines radiologiques, unités de dialyse, fours de stérilisation, chariots, lave-vaisselle et blanchisseries, carences en consommables, nécessaires à notre travail, dont nous manquons souvent. Nous avons des lacunes dans les cardiographes et les pompes à transfusion. Carences dans les réactifs utilisés dans des tests plus spécifiques.

Le bâtiment lui-même est insoutenable. En hiver, nous avons froid, en été, la chaleur est insupportable pour les patients et les travailleurs. Dans les sèche-linge de l’hôpital, vous ne pouvez même pas respirer en été. Les services techniques sont complètement dégradés depuis des années. Tous les travaux effectués ont été sous-traités. Désormais, le financement des hôpitaux ayant été considérablement réduit, l’hôpital de Rhodes est incapable de gérer les tâches les plus simples, telles que la peinture du bâtiment.

La liste de ces carences mentionnée ci-dessus, bien que incomplète, pour un hôpital situé sur une île aussi vaste et surpeuplée et si éloignée du continent pose un gros problème. Les habitants de Rhodes doivent recourir soit à des laboratoires privés pour des problèmes mineurs et à payer des examens et traitements onéreux, soit aux hôpitaux d’Athènes pour parler de problèmes plus graves, tels que des interventions chirurgicales difficiles, qui peuvent coûter vraiment une fortune.

Cependant, cette situation n’est pas tombée soudainement du ciel. Ce n’est pas non plus quelque chose que nous devrions considérer comme acquis et accepter qu’il ne peut en être autrement. C’est un choix politique conscient que les gouvernements ont fait au fil du temps, sans exception. Les chiffres eux-mêmes le prouvent.

Le financement dans les hôpitaux publics, dont on doit dire qu’il n’a jamais totalement répondu aux besoins, a baissé de 30% de 2013 à 2019. Cette année, qui est censée être la première année sans mémorandums, comme l’a dit le gouvernement précédent, la baisse s’est poursuivie, 65 millions de moins étant alloués aux hôpitaux publics ….

Les grandes entreprises du secteur de la santé, qui réalisent d’énormes profits, exigent qu’elles obtiennent une plus grande part du gâteau.

C’est l’objectif des directives de l’Union européenne sur la santé, les directives des gouvernements que le suivant complète toujours là où le précédent s’est arrêté. Le contenu de base de cette politique, quelle que soit la fréquence à laquelle elle est exprimée et mise en œuvre, est d’une part de fournir un espace vital pour le développement des entreprises dans le secteur de la santé et d’autre part d’économiser des fonds du budget de l’État, qui pourraient être alloués. pour la santé, mais finissent par subventionner des groupes d’investisseurs, pour servir des emprunts publics, etc. Il ne leur reste pas d’argent pour répondre aux besoins de la population à concurrence de 55 milliards d’euros Alors que le budget de l’Etat tire ses recettes des impôts, les grandes entreprises paient moins de 3 milliards (!), Le reste est à la charge de la population.

Surtout sur l’île de Rhodes, cette énorme contradiction se voit à l’«œil nu». Chaque année, des unités hôtelières modernes et gigantesques sont construites, coûtant des millions d’euros, dont beaucoup sont subventionnées de différentes manières. Mais rien pour la santé publique de l’île, ainsi que d’autres infrastructures liées aux besoins populaires créant des risques inutiles pour la vie humaine.

Dans ce contexte, le syndicat des employés de l’hôpital général de Rhodes estime qu’il est nécessaire que le peuple rhodésien lutte pour la santé publique, à la hauteur de nos besoins modernes. À cet égard, il poursuivra avec un travail plus systématique l’effort qui a commencé à soulever les problèmes de l’hôpital, département par département. Nous poursuivons nos revendications:
• pour un financement généreux des hôpitaux
• Fourniture d’équipements modernes
• contrats permanents, recrutement de personnel médical et paramédical permanent en fonction des besoins modernes de l’île
• Fournir gratuitement des services de santé de qualité à tous, sans conditions à tous les habitants de la Rhodésie.

Nous appelons toutes les parties prenantes de l’île à prendre position publiquement sur la question des soins de santé sur l’île. Nous nous adressons principalement aux syndicats des secteurs public et privé, au Centre des travailleurs de Rhodes, mais également aux associations sportives et culturelles, aux autorités municipales et à la région, aux partis politiques qui ont demandé notre vote lors des élections précédentes. »

source ; iskra.gr Ανοιχτή επιστολή εργαζομένων: Ιδού τα χάλια του Νοσοκομείου της Ρόδου

Grèce Résistance à la frénésie pétrolière

En Grèce, face à la frénésie pétrolière, la résistance s’organise

6 juillet 2019 / Andrea Fuori et Raphaël Goument (Reporterre)

Depuis 2014, 72 % des eaux et 13 % des terres de la Grèce sont destinées à la recherche et l’exploitation des hydrocarbures, bien souvent à l’insu des populations locales. Mais, avec l’aide d’associations environnementales, la résistance s’organise, notamment dans l’Épire.

  • Région de Ioannina (Grèce), reportage

« C’est impossible que ça arrive pour de vrai. Non, je ne peux pas imaginer qu’il n’y ait plus d’arbres ici. Si les travaux se font vraiment, s’ils commencent à sortir du pétrole de la terre, nous les bloquerons. Nous n’avons pas le choix. » Costas, prof de maths à la retraite, nous dit ça tout en déchargeant d’énormes sacs d’engrais et de terre de sa voiture. Et, comme chaque jour, pose la même question à sa fille, qui gère le commerce : « Et les ouvriers de la prospection, on a eu des nouvelles aujourd’hui ? » Son visage est doux, son front cuivré luit sous le soleil. « Non rien. Je crois qu’ils ont été aperçus ce matin vers Zagori [un village voisin d’une trentaine de kilomètres], mais le maire est venu protester en personne, les ouvriers ont tout replié et sont partis. »

Costas, prof de maths à la retraite : « Tout le monde a peur de ce changement, pas juste nous, les retraités. »

Difficile d’imaginer que leur village, Zitsa, petit bourg d’environ quatre-cents habitants perdu dans un massif montagneux de l’Épire, soit au cœur des appétits de grands groupes pétroliers. Et pourtant, le sous-sol de cette région du nord-ouest de la Grèce, la plus pauvre du pays, pourrait regorger d’hydrocarbures (pétrole, gaz et gaz de schiste). Tout comme un gros tiers du pays, à la fois dans les terres et en milieu marin. « Le gouvernement a ouvert tout l’ouest du pays aux compagnies pétrolières, il y en a pour des années, nous en sommes encore aux toutes premières phases », se désole Takis Grigoriou, chargé de mission chez Greenpeace Grèce. L’ONG, après un engagement historique contre l’extraction du lignite, a décidé de placer le pétrole au cœur de ses activités fin 2017. « C’est devenu clair qu’il fallait s’en soucier, que ça devenait un enjeu majeur. »

Vingt « blocs » ont été délimités comme on coupe un gâteau, le long de la côte occidentale, des Balkans à la Crète

L’hypothèse de présence d’hydrocarbures dans les sous-sols de l’Épire n’est pas nouvelle. L’armée italienne fut la première à y mener des recherches durant la Seconde Guerre mondiale, avant qu’Athènes ne reprenne le flambeau dans les années 1960, puis 1980. Mais le paysage, difficile et escarpé, avait rendu les prospections infructueuses. Les récentes innovations technologiques, notamment le traitement des données sismiques, ont rebattu les cartes. La seule concession de Ioannina, qui couvre une partie de l’Épire, promet ainsi aujourd’hui de produire entre 3.000 et 10.000 barils par jour.

 

Zitsa, bourg de 400 habitants, en Épire, dans le nord-ouest de la Grèce.

À en croire les déclarations en 2014 d’Antonis Samaras, alors Premier ministre (droite) : en 30 ans, pas moins de 150 milliards d’euros d’entrées fiscales pourraient bénéficier à la Grèce. Une manne pour un État qui peine toujours, neuf ans plus tard, à sortir son économie du marasme dans lequel l’a plongée la crise de la dette publique, qui lui a fait perdre près du tiers de son produit intérieur brut (PIB).La suite est connue : 20 « blocs » ont été délimités comme on coupe un gâteau, le long de la côte occidentale, des Balkans à la Crète. Les sites en mer couvrent au total 58.000 km2, soit 72 % des eaux grecques. À terre, 17.000 km2 sont concernés, soit 13 % du territoire. Tous les blocs ont été attribués ou sont en cours d’attribution sous la forme de concessions de 25 ans. Au rendez-vous, deux compagnies nationales : Hellenic Petroleum et Energean. Mais aussi des grandes compagnies occidentales : Total, ExxonMobil, Repsol ou encore Edison, une filiale d’EDF.

Carte des « blocs » attribués et en voie d’attribution.

Pour l’instant, au cœur des massifs épirotes, ni forage ni puits de pétrole, seulement la chaleur et les nuées de papillons. Pour apercevoir les travaux préparatoires, une seule solution : suivre les pistes. Costas, le vieux prof de maths, ne se fait pas prier. Petrus, son vieux copain, un ancien boulanger à Athènes, insiste pour nous accompagner. Il faut s’éloigner du village, quitter la route et ralentir l’allure sur les chemins rocailleux, s’enfoncer à pied dans le maquis escarpé, traverser les forêts de noyers et de châtaigniers. « Peu de gens viennent jusqu’ici. » La zone est reculée, à peine parcourue par les chasseurs, qui y traquent lièvres et sangliers. Difficile de comprendre comment les ouvriers peuvent l’atteindre.

Petrus, l’ami de Costas. Boulanger à la retraite, il est lui aussi revenu couler ses vieux jours dans les montagnes de l’Épire.

Soudain, le vrombissement d’un hélicoptère se répand dans le ciel. À basse altitude, il hélitreuille des caisses volumineuses. « C’est comme ça qu’ils transportent leur matériel et tous leurs outils, certaines zones ne sont même pas accessibles par la route », précise Costas, visage tourné vers les cimes. Lorsqu’on lui demande comment il peut être sûr qu’il s’agit bien d’ouvriers de la compagnie pétrolière, il rit jaune. « Pourquoi y aurait-il un hélicoptère ici autrement ? » Son copain rigole à son tour.

Un des hélicoptères utilisés pour déplacer outils et matériel dans le maquis de Zitsa, une zone escarpée et difficile d’accès.

Après un bon moment à crapahuter, le vieux professeur s’immobilise. Il pointe du doigt un petit ruban jaune qui flotte au vent, noué à la branche d’un arbuste. « C’est comme ça qu’ils balisent leurs chemins jusqu’aux zones où ils font leurs explosions. » Effectivement, tous les 20 mètres, un ruban conduit à un autre. À la fin du jeu de piste, des trouées artificielles autour desquelles la végétation a été arrachée. Au milieu, des sacs de sable couvrent les orifices qui ont servi à introduire des explosifs dans le sol. Depuis un an, des milliers de ces trouées clairsèment la région.

Des sacs de sables ont été déposés à l’endroit ou les explosifs ont été utilisés.

« D’ici un an, ils auront fini les tests sismiques, ensuite ce sera le moment des premiers forages » 

Les habitants des dizaines de hameaux dispersés dans le massif de l’Épire semblent parfois à peine au courant du destin qui a été négocié pour eux, à des centaines de kilomètres de là, à Athènes. C’est le cas de Stavros, originaire de Kalahori, patelin d’une quarantaine d’âmes. « J’ai découvert ce projet seulement fin 2016, en tombant sur un reportage sur Alpha [une télévision privée] qui vantait les aspects positifs de l’exploitation pétrolière de Prinos [l’ancienne et unique exploitation grecque, dans l’est du pays, exploitée depuis le début des années 1970]. La seconde partie du reportage, c’était mon village ! Tu imagines ? Il montrait les traces de pétrole qui remontent à la surface, près de la rivière. » Personne alors, dans les communautés locales, ne se soucie réellement du problème. C’est seulement l’année suivante, avec l’arrivée des premiers ouvriers et le lancement des recherches à l’automne 2017, que les locaux prennent conscience de la situation, sans n’avoir jamais vu l’esquisse d’une consultation publique.

Les massifs montagneux proches de Zitsa.

La région abrite pourtant un des blocs à l’agenda le plus avancé. Le Parlement grec a ratifié le lancement des opérations dans la zone en octobre 2014. 4.187 km2 sont concernés, faisant craindre un désastre écologique d’ampleur. Pas moins de 20 espaces naturels protégés pourraient être touchés, rien que pour ce bloc. Deux autres sites, cette fois dans le Péloponnèse, inquiètent aussi les ONG : Katocolo (cinq millions de barils espérés) et le golfe de Patras (200 millions de barils espérés). « L’extraction pétrolière est un danger imminent. D’ici un an, ils auront fini les tests sismiques, ensuite ce sera le moment des premiers forages », dit Takis, de Greenpeace.

Vassiliki, 65 ans, née à Zitsa, où elle ouvert une boulangerie en 1992. Avec l’exploitation pétrolière, « il y aura du travail seulement pour quelques-uns et pour quelques temps, ça ne changera rien au problème du chômage dans notre village ».

Aucun des partis politiques représentés à la Vouli (le Parlement grec) ne semble désireux de remettre en question cette frénésie pétrolière. Ni même la formation de gauche radicale Syriza, au pouvoir depuis 2015, qui s’était pourtant fait élire avec un programme ne laissant guère de place à l’extractivisme. « C’est une trahison inacceptable, ils étaient contre. Une trahison qui aura des conséquences désastreuses sur l’économie locale et l’environnement ! » dit Dimitris Ibrahim, engagé avec WWF. Et d’ajouter : « Les seuls qui nous soutiennent, c’est le MeRA25 et Varoufakis [le Front réaliste européen de la désobéissance, formation fondée en 2018 par l’ancien ministre des Finances du premier gouvernement Tsipras]. » Après avoir approché les 3 % aux élections européennes, la jeune formation pourrait espérer faire son entrée à la Vouli lors des élections anticipées le 7 juillet prochain.

« Il y a toujours eu ici un sens très fort de la communauté, de l’attachement à la terre » 

Au cœur des maquis, les communautés épirotes se sont faites à l’idée qu’il fallait s’organiser sans rien attendre de personne. En 2017, Lila, une habitante de la région lance le premier groupe Facebook dédié au sujet. Deux ans plus tard, Save Epirus compte plus de 16.000 membres des quatre coins du pays. « Il n’y avait aucune information pour les habitants. On a créé ce groupe pour informer et aussi pour s’organiser. C’est compliqué de se croiser ici, il n’y a pas forcement beaucoup de contacts entre les communautés », explique Lila. Âgée de 44 ans aujourd’hui, elle a quitté Athènes en 2007 pour se lancer dans les chambres d’hôtes. Comme elle, les jeunes de la capitale ou de Thessalonique, la deuxième ville la plus peuplée du pays, sont nombreux à envisager de s’installer dans le massif de l’Épire, reprenant parfois des terres familiales. Sans compter les retraités, comme Costas ou Petrus, qui reviennent au village pour leurs vieux jours. « Il y a un réseau de la diaspora épirote en Grèce. Il y a toujours eu ici un sens très fort de la communauté, de l’attachement à la terre. Les jeunes reviennent tous passer l’été dans leur village », nous confirme Anastasis, un jeune étudiant investi dans l’opposition au projet à Ioannina, chef-lieu de l’Épire adossée au lac Pamvotis. « Cette région fait office de laboratoire pour les industries pétrolières : si le projet parvient à être accepté ici, alors ils pourront le faire partout », analyse le jeune homme.

Le lac Pamvotis, que borde Ioannina.

Dans les villes d’Athènes, de Thessalonique ou encore de Ioannina, les milieux militants et écologistes grecs se sont rapidement mobilisés. L’Alimura, centre social autogéré au cœur de la petite capitale régionale, accueille chaque semaine depuis février 2018 une assemblée ouverte. Jusqu’à 60 ou 70 personnes font parfois le déplacement, parfois de communes éloignées. Un rôle de relais essentiel, mais que Dimitris Ibrahim, de la WWF, veut nuancer : « Ils [les réseaux anarchistes et antiautoritaires grecs] sont très actifs, ils ont des réseaux très développés, mais ils ne touchent pas tout le monde, les Grecs ne s’y retrouvent pas forcement. »

Vassilis, 85 ans, né à Zitsa : « Je suis tout de même inquiet pour la pollution, est-ce qu’ils maitrisent vraiment ce qu’ils font ? »

Les petits villages semblent en tous cas mobiliser au-delà de leurs maquis. Les premières manifestations organisées à Ioannina ont fait le plein de soutiens. Plus de 2.000 personnes défilaient en mai 2018 dans le chef-lieu de l’Épire, qui ne compte que 65.000 habitants. Puis, à nouveau en juin 2019. Un exploit sans le soutien d’un parti politique. La manifestation organisée à Athènes, en février, n’a en revanche rassemblé que quelques centaines de personnes. « Ils doivent prendre conscience que ce problème nous concerne tous, il faut que tout le monde se rende compte et se mobilise », dit Lila.

« Tout le monde est d’accord pour travailler ensemble. On se structure peu à peu » 

Des réunions publiques et des assemblées se multiplient un peu partout sur les territoires concernés. L’idée émerge d’une grande coordination de toutes les assemblées contre les exploitations pétrolières de Grèce pour le mois de septembre. Un mouvement vu avec enthousiasme par les ONG. « Bien sûr que nous y participerons, si nous avons la chance d’être invités. Mais ce sont des mouvements citoyens, portés par des collectifs très divers, cela n’a rien à voir avec nos structures, notamment en matière d’organisation, il ne faut pas tout mélanger », dit le chargé de mission de la WWF.

L’Alimura, centre social de Ioannina, accueille chaque soir des discussions et des assemblées, notamment celle des opposants à l’extraction pétrolière.

Bien qu’elles tiennent à s’afficher en retrait, les organisations Greenpeace et WWF demeurent très actives et cherchent à faire décoller le mouvement. Samedi 22 juin, 13 délégations de dix différentes zones promises à l’exploitation d’hydrocarbures se sont ainsi rendues à bord du mythique Rainbow Warrior afin de tenter de coordonner les différents collectifs. « Je pense que c’était un succès, tout le monde est d’accord pour travailler ensemble. On se structure peu à peu. Maintenant, comment trouver des idées concrètes rapidement ? » résume Takis, chargé de mission de Greenpeace.Les deux organisations ont aussi essayé d’emmener la bataille sur le terrain juridique, sans guère de garantie de succès. Deux recours déposés par les ONG sont en cours d’examen par les plus hautes institutions du pays. L’un a été lancé en 2018 et concerne le bloc de Ioannina, l’autre, cette année, pour le bloc marin au sud-ouest de la Crète. À chaque fois, les organisations mettent en cause des infractions à la législation existante sur les études des conséquences environnementales. Les décisions sont attendues pour la rentrée. Ni le ministère grec de l’Environnement et de l’Énergie ni l’entreprise Repsol, qui gère les recherches dans le bloc de Ioannina, n’ont pas pour l’instant donné suite à nos sollicitations.

Grèce Le projet de mine d’or de Skouries

« Enthousiasme chez Eldorado pour le « changement de climat » en Grèce

Selon un reportage de capital.gr, la prise de contrôle du gouvernement par Mitsotakis, associée à la hausse importante du prix de l’or et à l’achèvement du refinancement, ont créé un élan positif pour le groupe canadien.

Selon le directeur général de la société, le ministère de l’environnement a mis en place un comité mixte avec la société, le dialogue entre les deux parties étant positif.
« La décision de mettre en place un comité conjoint entre le ministère et l’entreprise témoigne d’une volonté de coopérer, d’une manière mutuellement acceptable. «Nous sommes déterminés à créer un investissement sûr, moderne et de classe mondiale en Grèce. Cela inclut l’application des meilleures technologies disponibles, telles que la méthode des résidus secs en tas à Skouries, qui réduit l’empreinte environnementale de 40%. Nos investissements créeront des emplois bien rémunérés pour les familles et les entreprises locales, conduiront à la responsabilité sociale des entreprises, paieront des taxes importantes et généreront des revenus d’exportation pour des générations. Le gouvernement partage ces objectifs avec nous « , a déclaré en particulier le chef de la division Eldorado Gold.

« Nous sommes vraiment enthousiasmés par le changement de climat », a déclaré George Burns dans son message.

Toutefois, il convient de rappeler que la société canadienne utilise des filiales à l’étranger depuis des années pour éviter toute imposition via les Pays-Bas et, par la suite, jusqu’aux îles de la Barbade. Cette pratique a été divulguée depuis 2014 avec les recherches de l’ONG néerlandaise SOMO, tandis que les documents de Paradise Papers ont confirmé que ces sociétés restaient actives, au moins jusqu’en 2016. »

source : thepressproject.gr

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