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Retour illégal de réfugiés à Evros

« Rapport au procureur de la Cour suprême sur le retour illégal des réfugiés à Evros par le Conseil hellénique des réfugiés »

Le Conseil hellénique pour les réfugiés a adressé au procureur de la Cour suprême une requête, accompagnée d’un dossier contenant toutes les informations dont il disposait, concernant des plaintes concernant le refoulement illégal, informel et violent de réfugiés de la région d’Evros.

Dans une déclaration, il indique que les plaintes concernent des citoyens turcs et se réfèrent en particulier à la période du 27 avril 2019 à aujourd’hui.

Parallèlement, comme il a été noté, il a soumis au bureau du procureur de la première instance d’Athènes trois plaintes à renvoyer au bureau du procureur d’Orestiada, avec cinq réfugiés turcs et leur enfant mineur. Les six réfugiés représentés par le Conseil hellénique pour les réfugiés ont fait appel à la justice grecque pour obtenir des réponses aux actes dont ils se sont plaints d’avoir été commis.

Parmi les concernés se trouve une jeune réfugiée, détenue dans des prisons turques à la suite de son prétendu retour illégal de Grèce en Turquie. Le procès en cause comprend de nombreuses preuves et le témoignage de son frère, qui vit à Athènes.

Le Conseil grec pour les réfugiés appelle les autorités judiciaires compétentes à enquêter efficacement sur ces plaintes. Comme il l’a souligné, il a demandé à plusieurs reprises l’ouverture d’une enquête sur les violations des droits de l’homme dans la région d’Evros, se déclarant profondément préoccupé par des plaintes similaires. « Cependant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée à ce jour et les plaintes concernant la pratique illégale de refoulement continuent à augmenter », a-t-il ajouté. »

Le travail des enfants à Thessalonique

Enfants sans enfance: des données choquantes sur le travail des enfants à Thessalonique 12 juin 2019

Les enfants travaillent de 6 à 12 heures par jour dans les champs, dans les chantiers de construction ou dans les stations de lavage de voitures, ils se promènent en vendant de petits objets dans les rues ou ils mendient aux feux tricolores. Ils sont victimes d’exploitation par des gangs du tabac et des drogues illicites, ils conduisent des voitures, risquent leur vie et celle d’autres réfugiés pour les transporter à l’intérieur de la Grèce.

Les données sur le travail des enfants en Grèce publiées par l’ONG «Arsis», une association de soutien social à la jeunesse, sont choquantes.

«Ce sont des enfants qui ne vivent pas comme des enfants, ils doivent travailler pour survivre et ils ne jouent pas, ont prématurément perdu leur enfance ou n’ont jamais acquis leur enfance», a déclaré Arsis dans un communiqué prononcé à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants je 12 juin.

Depuis début 2019 jusqu’en mai, les groupes de travail ARSIS Street – Organisation de soutien à la jeunesse ont été en contact avec environ 550 enfants vivant dans les rues de Thessalonique, dans le nord de la Grèce. Parmi eux, il y avait 450 réfugiés mineurs non accompagnés et 95 de Grèce ou d’autres pays des Balkans, c’est-à-dire de Bulgarie et d’Albanie.

«Ce sont des enfants qui considèrent le travail comme une« normalité »puisqu’ils ont travaillé dans leur propre pays. Pour se rendre en Grèce, ils ont également voyagé en travaillant principalement dans l’industrie textile, la pêche et la tannerie. Le risque est donc de croire que le travail des enfants est autorisé dans notre pays et d’ajouter à l’illégalité et plus tard comme  jeunes adultes de faire face à de lourdes sanctions », a déclaré le chef du service juridique d’Arsis, Thomas Charalambides.

«Ne soutenez pas le travail des enfants»

À l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, ARSIS appelle les citoyens à lutter contre ce phénomène et organise un événement de sensibilisation le mercredi 12 juin de 18h à 23h aux «parapluies» de Nea Paralia, Thessalonique.

Au cours de l’événement, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation ciblant les enfants des feux de circulation, un groupe de membres du personnel d’ARSIS sera aux feux de circulation principaux. Ils porteront des masques qui indiqueront le nom et l’âge d’un enfant et remettront des tracts  avec des textes du type: «Étais-tu réveillé violemment tôt le matin pour aller au travail quand tu étais enfant? Non Ne soutenez pas le travail des enfants!

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2019/06/12/child-labor-greece-children-arsis/

Solidarité avec Yannis Youlountas

Le collectif de Grenoble exprime toute sa solidarité à Yannis qui a été agressé mercredi 13 juin au soir alors qu’il sortait de l’espace social autogéré Favela au Pirée. Ils étaient à 3 contre un et c’est l’intervention de voyageurs qui sortaient du tram qui a fait fuir les agresseurs.

Yannis est venu plusieurs fois à l’invitation du collectif de Grenoble pour présenter ses films sur la situation en Grèce et surtout la résistance qui y est toujours présente face à la violence du système qu’elle soit politique, étatique, européenne. Il continuera à être invité sans hésitations.

Bon rétablissement à lui et pour savoir comment réagir dans pareilles situations nous relayons ici son message :

Ne pas céder à la peur par ·

NE PAS CÉDER À LA PEUR

Il n’y a qu’une seule chose que nous ayons à craindre, c’est la peur elle-même. C’est là, le piège éculé de ceux qui se prétendent supérieurs : autoritaires ou fascistes, légaux ou factieux, avec leur meute de flics ou de miliciens. La fabrique du consentement ne passe pas seulement par une construction imaginaire, une représentation symbolique, un rang illusoire auquel se soumettre est présenté comme une évidence, une règle, un devoir. Cette servitude est, plus encore, le produit du sentiment d’impuissance et d’insécurité que suscite la peur. Peu importe que la menace soit directe ou indirecte : baisser les yeux quand elle survient, c’est se résigner ; regarder ailleurs quand d’autres sont opprimés, c’est s’apprêter à subir le même sort.

À l’inverse, ne pas céder à la peur, c’est rester résolument en dehors de ce cercle vicieux, de ce cycle infernal, de cette accumulation de non-dits. C’est crier non, haut et fort, quand le silence équivaut à un consentement. C’est surprendre ceux qui croyaient nous faire obéir, courir ou demander pitié.

Ne pas céder à la peur, c’est refuser de baisser la tête, regarder dans les yeux ceux qui veulent nous dominer, nous exploiter, nous molester, et montrer que nous céderons pas, que nous resterons debout jusqu’au bout. Hier soir, les quatre néo-nazis(2) qui m’ont tendu un piège ont cru m’impressionner. Mais ils ont vite compris que le sang froid et la détermination font plus que le nombre. Certes, je souffre encore à l’heure qu’il est, mais j’ai sans doute échappé à pire. Je dois également leur renoncement à l’arrivée d’un tram à la station voisine, peu après le début de l’attaque. Cette foule imprévue m’a peut-être sauvé la vie. Une vie qui tient parfois à un fil : le fil du lien social, de la présence, de la solidarité.

Ne pas céder à la peur, c’est ne pas reculer face aux tentatives d’intimidations. Les néo-nazis du Pirée fulminent ces jours-ci de voir l’espace social libre Favela fêter son deuxième anniversaire et réussir ce qui paraissait impossible : tenir bon dans un quartier difficile où les fascistes et autres nationalistes ont pignon sur rue. Avec un courage exemplaire et beaucoup d’idées formidables, mes camarades de Favela ont montré, une fois de plus, que les seules luttes perdues d’avance sont celles qu’on n’ose pas mener. C’est pourquoi j’appelle toutes celles et ceux qui sont en Attique ce soir à se rendre à l’anniversaire de Favela et à montrer leur solidarité par leur présence en nombre à ce rendez-vous, au cœur du Pirée(3).

Ne pas céder à la peur, c’est aussi ne pas laisser faire quand d’autres subissent l’injustice et la répression. Cette solidarité nécessite cependant d’être à la hauteur de la force écrasante qui s’abat parfois sur les victimes. Face aux représailles récentes de l’État grec, avec une sévérité sans précédent au moyen d’une faille juridique sournoise, le groupe Rouvikonas semblait depuis un mois condamné à un coup d’arrêt et à l’emprisonnement de deux de ses membres(4). La somme à réunir en dépôt de garantie (futurs frais de réparations et jours-amendes) paraissaient impossible à réunir : 30 000 euros pour Nikos et autant pour Giorgos, le cofondateur du groupe, soit 60 000 euros en tout, c’est-à-dire dix à vingt fois plus que d’habitude. Et bien non ! Nous venons, hier, de réussir à ramener libre Nikos du tribunal ! Alors que les médias du pouvoir annonçaient déjà l’emprisonnement imminent de nos camarades, nous sommes parvenus à réunir et à déposer la première valise énorme de 30 000 euros, grâce à des soutiens du monde entier, petits et grands, jusqu’à des migrants pourtant très pauvres qui ont insisté pour participer modestement : « Vous nous avez défendus tant de fois ! À notre tour de vous défendre ! »

Ce soir, je ne pourrai pas participer à la fête de mes camarades de Favela, non seulement à cause de ma convalescence, mais aussi parce que j’ai prévu d’être, dans la soirée, avec mes camarades de Rouvikonas pour faire le point sur la situation, avant de retourner me reposer. Alors, où en sommes exactement ? C’est bien simple.

A l’heure où j’écris ces lignes, le pot commun affiche 26 700 euros, c’est-à-dire en réalité 22 400 puisque 4 300 avaient déjà été retirés pour deux procès antérieurs. En comptant tout à la fois (pot commun + paypal + virements + versements en liquide sur place ou sur la tournée de Spiros), nous en sommes à plus du double : 47 850 euros en tout ! Autrement dit, nous avons déjà dépassé la moitié de la somme nécessaire pour empêcher l’État grec d’emprisonner Giorgos. Il reste 6 jours pour trouver 12 150 euros. 2000 par jour jusqu’au vendredi 21 juin, date à laquelle la somme devra être déposée pour permettre au co-fondateur de Rouvikonas de repartir libre à son tour(5). 12 150 équivaut au quart de la somme rassemblée en trois semaines. Cela semble presque impossible, vu le délai très court, mais ça reste faisable, à condition de ne pas renoncer si près du but. Avec 47 850 sur 60 000, nous avons fait 80% du chemin. Il serait dommage d’échouer à quelques encablures d’une démonstration formidable à destination du pouvoir ; ce pouvoir qui règne en nous divisant, en nous isolant, en nous rendant indifférents et même jaloux les uns à l’égard des autres.

Ne pas céder à la peur, c’est se rappeler de notre capacité à changer le cours des choses, en mettant bout à bout les actes, les idées, les moyens. Le fait que des soutiens arrivent parfois de l’autre bout du monde symbolise parfaitement l’horizontalité de cette lutte globale face aux géants de papiers qui prétendent encore nous gouverner, nous juger et nous enfermer.

C’est pourquoi les luttes contre le capitalisme et contre le fascisme sont indissociables. Ce sont en réalité les deux versants d’une même lutte : la lutte pour l’émancipation individuelle et sociale, dans la liberté et l’égalité, dans l’amour et la révolution, dans la joie de participer à un élan qui renversera un jour le vieux monde autoritaire.

Les temps sont durs. Oui, certes. Les nazis rôdent, frappent à la nuit tombée et parfois même en plein jour. Mon corps en témoigne. Le capitalisme se durcit, défonçant les conquêtes sociales passées et creusant toujours plus les inégalités. C’est un fait indéniable que seuls les nantis osent contredire. Le pouvoir se raidit, avec de nouvelles armes, de nouveaux outils pour surveiller et de nouvelles lois pour punir. Assurément, vu le nombre de victimes. Le constat est rude, mais il ne doit pas conduire à baisser les bras ou la tête. Car c’est justement parce que les temps sont durs qu’ils sont ouverts, que rien n’est terminé et que nous avons la contrainte vitale, cérébrale, viscérale d’en sortir.

C’est parce que cette société est profondément mortifère que nous n’avons pas d’autre choix que sortir de la préhistoire politique de l’humanité pour sauver la vie et la partager autrement.

C’est parce qu’on me menace, qu’on me frappe et qu’on veut me voler ma vie que je suis d’autant plus déterminé à en finir avec ceux qui m’agressent et avec la société qu’ils veulent m’imposer.

Là où nos ennemis essaient de susciter la peur, ils ne font qu’accroître la révolte : chaque menace m’inonde d’adrénaline, chaque coup me fouette le sang, chaque épreuve nouvelle me fait serrer le poing toujours plus haut.

Ils ne nous auront pas comme ça. Nous sommes encore debout. Et, pour garder le cap et la force de continuer, la seule chose que nous ayons à craindre, c’est la peur elle-même.

Yannis Youlountas

(1) Le communiqué de Maud, suite à mon agression :
http://blogyy.net/2019/06/14/yannis-agresse-par-des-neo-nazis-hier-soir-au-piree/
(2) Trois qui m’ont attaqué et un quatrième qui guettait pendant ce temps côté port, seul issue possible (point de passage plutôt régulier et bien éclairé).
(3) Ce soir au Pirée, rendez-vous, aussi nombreux que possible, pour les deux ans de Favela :
https://www.facebook.com/events/308401606756331/
(4) Comment l’État grec a réussi à piéger Rouvikonas, et pourquoi maintenant en particulier :
http://blogyy.net/2019/05/29/giorgos-kalaitzidis-increvable-anarchiste-bientot-embastille-par-tsipras/
(5) Pour participer à l’appel à soutien financier (avant le 21 juin), le pot commun avec toutes les informations est ici :
https://www.lepotcommun.fr/pot/mjj83sy2
Pour procéder par paypal ou virement (ou chèque, mais c’est un peu long et compliqué par rapport aux autres formes possibles), contacter en français : rouvikonasfrancophone@riseup.net
Si vous passez à Athènes avant le 21 juin :
Rendez-vous au K*Vox tous les jours, de 16:00 à minuit, place Exarcheia.


D’autres réactions

En français :
https://www.monde-libertaire.fr/?article=Les_enfoires_du_Piree
http://www.cadtm.org/Solidarite-a-Yannis-Youlountas-No-pasaran
http://endehors.net/news/yannis-agresse-par-des-neo-nazis-hier-soir-au-piree
https://www.facebook.com/UnionCommunisteLibertaire/posts/2821563887916965

En grec :
http://voidnetwork.gr/2019/06/14/nazis-attack-yannis-youlountas-in-piraeus/
http://net.xekinima.org/fasistes-epitethikan-ston-skinotheti-antifasista/
https://www.kar.org.gr/2019/06/14/fasistes-chtypisan-antifasista-ston-peiraia/
https://www.facebook.com/freesocialcenterfavela/posts/899755467028824
https://www.facebook.com/konpol64/posts/2303617716339907
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1432724003534208&id=645186555621294
https://www.imerodromos.gr/epithesi-fasiston-ston-peiraia/
http://www.antinazizone.gr/2019/06/blog-post_92.html#more

Liberté d’informer

 Taha Bouhafs : « Je ne suis pas plus militant qu’un journaliste du “Point” ou de BFM TV »  14 juin 2019 / Entretien avec Taha Bouhafs

Mardi 11 juin, le journaliste Taha Bouhafs a été placé en garde à vue pendant 24 heures alors qu’il couvrait une manifestation de travailleurs sans papiers. Pour Reporterre, il raconte ce qu’il a vécu – une nouvelle atteinte à la liberté d’informer. Et défend le journalisme de terrain.

En avril dernier, le journaliste Gaspard Glanz avait subi deux jours de garde à vue, interpellé alors qu’il couvrait une manifestation. Cette semaine, le pouvoir s’est de nouveau attaqué à un journaliste : Taha Bouhafs, journaliste à Là-bas si j’y suis et qui avait révélé les images d’Alexandre Benalla frappant un manifestant, a subi une garde à vue d’une journée alors qu’il couvrait une manifestation de travailleurs sans-papiers.

Reporterre — Que vous est-il arrivé mardi 11 juin ?

Taha Bouhafs — Je suis parti en fin d’après-midi faire un reportage sur les travailleurs sans papiers de Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne). Ils occupent leur lieu de travail afin d’être régularisés. La police était déjà sur place. Je n’ai pas pu entrer à l’intérieur du bâtiment. Le portail était fermé. Je me suis joint à un groupe qui les soutenait à l’extérieur et j’ai commencé à recueillir des témoignages.

La situation s’est tendue lorsque un responsable du site est sorti du bâtiment et a commencé à enlever, depuis l’intérieur, les drapeaux syndicaux accrochés aux grillages. Les manifestants ont voulu les remettre. J’ai sorti mon téléphone pour filmer la scène et c’est à ce moment qu’un policier en uniforme s’est placé devant moi, et m’a poussé.

Un homme est ensuite arrivé. Il n’était pas reconnaissable, il portait un sweat. Je lui ai demandé où se trouvait son matricule. Il m’a fait reculer et a répondu : « J’ai pas de matricule, et alors ? » Il a continué à avancer vers moi, je reculais, il m’a repoussé sur une quinzaine de mètres avant de me mettre un coup de poing au torse.

Comment avez-vous réagi ? L’avez-vous repoussé ?

Non, mais je me suis énervé, je lui ai dit : « Vous avez pas à faire ça ! » À mes yeux, ce n’était pas un policier, il ne portait aucun signe distinctif, ni brassard ni matricule. Il se permettait d’être au-dessus de la loi. Il y avait juste un homme en sweat qui me frappait et me provoquait. Autour, d’autres policiers se sont regroupés pour m’interpeller. L’homme à sweat m’a alors pris le bras et l’a retourné. Je hurlais de douleur. Il m’a déboité l’épaule gauche puis m’a menotté et plaqué à terre, posant un genou sur ma tête, qui cognait le sol. J’ai encore des hématomes sur le visage. Les policiers m’ont traîné jusqu’à la voiture alors que je leur répétais que je suis journaliste. Un militant, Christian, a tenté de s’interposer, il a été aussitôt interpellé et embarqué.

Quand la voiture de police dans laquelle j’étais a commencé à rouler, l’homme à sweat — je suppose que c’était un policier de la BAC [brigade anticriminalité] — a commencé à me frapper au visage en m’insultant : « Alors, petite salope, tu fais moins le malin quand tu es toute seule ? » « Quand on va arriver au commissariat, je vais te défoncer. »

À aucun moment, je n’ai frappé un policier, ni eu un geste qui pourrait s’apparenter à un coup. Pourtant, au début de la garde à vue, ils ont écrit ce motif dans les chefs d’inculpation. Il a plus tard disparu et il n’est resté que le motif d’« outrage et rébellion » pour lequel je suis convoqué au tribunal en 2020.

« Je faisais juste mon travail de journaliste »

Dans un article du « Parisien », il est écrit que vous vous êtes interposé ?

C’est faux. Je faisais juste mon travail de journaliste. On m’a empêché de filmer et on m’a interpellé.

Comment la garde à vue s’est-elle passée ?

Quand je suis arrivé au commissariat d’Alfortville, des policières ont dit qu’il fallait m’envoyer aux urgences. À l’hôpital Henri-Mondor, les médecins ont constaté mes blessures et m’ont prescrit trois semaines d’arrêt de travail. Les policiers étaient dans la même salle que nous, sans respecter le secret médical. Ils écoutaient ce que les médecins disaient, et transmettaient ce qu’ils entendaient au commissariat.

J’ai ensuite été ramené dans une cellule. Elle était minuscule. J’ai essayé de dormir par terre, mais il faisait froid. Un autre médecin, plus tard au cours de la garde à vue, a constaté mes hématomes au visage et m’a prescrit 10 jours d’arrêt de travail.

Comment s’est passée l’audition devant l’officier de police judiciaire ?

Il était avec d’autres policiers. J’étais avec mon avocat, Me Arié Alimi. Les policiers m’ont posé plus de 70 questions. La plupart n’avaient rien à voir avec l’affaire : « Qu’avez-vous fait comme étude pour devenir journaliste ? », « Comment définiriez-vous votre pratique du journalisme ? » Je leur ai dit que je n’avais aucun compte à leur rendre là-dessus. Ils étaient très agacés et répétaient leur questions : « Avez-vous une animosité contre les forces de l’ordre, si oui pourquoi ? », « Avez-vous quelque chose contre l’État ? », « Où habitez-vous ? « Êtes-vous inscrit sur le bail ? », « Combien payez-vous de loyer ? », « Avez-vous le bac ? », etc. J’ai répondu que je souhaitais garder le silence.

Combien de temps avez-vous passé en garde à vue ?

Environ 24 heures, je suis entré vers 18 h le mardi et suis sorti à 17 h 35 le lendemain. Une heure avant de sortir, on m’a fait monter dans le bureau de l’officier de police judiciaire, où l’on m’a dit que mon téléphone allait être mis sous scellé et envoyé au parquet pour être exploité.

C’est le plus grave pour moi. Ce téléphone est mon outil de travail. C’est celui qui m’a servi à filmer Alexandre Benalla le 1er mai 2018. J’y ai toutes mes correspondances relatives aux sujets sur lesquels je travaille, avec les sources, les interviews de personnes, mes courriels, contacts, images privées. Cela peut mettre en danger beaucoup de sources.

Allez-vous porter plainte ?

On va lancer un recours pour récupérer mon téléphone. Mon avocat a aussi porté plainte pour violence en réunion par des personnes dépositaires de l’autorité publique. On va faire un signalement à l’IGPN [Inspection générale de la police nationale].

Avez-vous reçu des soutiens de la profession et des journalistes ?

Quand je suis sorti de la garde à vue, les seuls journalistes venus par solidarité devant le commissariat étaient des indépendants, l’équipe de Street Press, Gaspard Glanz de Taranis News, les médias des Gilets jaunes, David Dufresne, la rédaction de Là-bas si j’y suis. Mais je n’ai vu aucun média mainstream. Sur les réseaux sociaux, il y a eu quelques communiqués de soutien, notamment du Syndicat national des journalistes et de Hervé Kempf.

J’ai aussi constaté la différence de traitement entre les journaux. L’Humanité a fait un papier et a titré « un journaliste victime de violences policières ». Le Monde, lui, a simplement repris une dépêche de l’AFP avec pour titre « Taha Bouhafs, le journaliste militant convoqué pour outrage et rébellion ».

Êtes-vous journaliste militant ?

Je suis journaliste, pas journaliste militant. Je peux être militant dans ma vie de tous les jours, ailleurs que dans mon boulot, mais quand je suis journaliste, je suis journaliste.

Je sais ce que cache l’utilisation du mot « militant » dans ce contexte. Ça veut dire que je suis journaliste, mais pas trop quand même… D’ailleurs, je ne vois pas en quoi je serais plus militant qu’un journaliste du Point ou de BFM TV, ou que Christophe Barbier !

                                                         _______________________

Une vingtaine de rédactions expriment leur solidarité avec le journaliste Taha Bouhafs, du site d’informations Là-bas si j’y suis, interpellé lors d’un reportage. Nous dénonçons une nouvelle atteinte à la liberté d’informer. Nous ne pouvons tolérer d’être régulièrement pris pour cibles par les forces de l’ordre dans le cadre de l’exercice de notre métier.

Le texte est signé par les sociétés des journalistes, sociétés des rédacteurs et du personnel de :  Les sociétés des journalistes, des rédacteurs et/ou des personnels de l’AFP, Arte, BFM-TV, Courrier international, Les Échos, L’Express, France Culture, Franceinfo.fr, France 24, L’Humanité, Le Journal du dimancheLibération, Mediapart, Le Média, Le Monde, L’Obs, Paris Match, Reporterre, Sud OuestTélérama, TV5 Monde et la rédaction des Jours.

Source https://reporterre.net/Taha-Bouhafs-Je-ne-suis-pas-plus-militant-qu-un-journaliste-du-Point-ou-de-BFM

Criminalisation italienne des sauvetages en mer ?

Sauvetages de migrants en Méditerranée : la capitaine Pia Klemp risque 20 ans de prison en Italie

Pia Klemp, l’ancienne capitaine allemande des navires de sauvetage de migrants Iuventa, puis Sea Watch-3, est accusée par la justice italienne de « suspicion d’aide et de complicité à l’immigration illégale ». Alors que son procès a lieu en ce moment en Italie, se pose la question de la judiciarisation du sauvetage des migrants.

Pia Klemp, ancienne capitaine des navires Iuventa et Sea Watch-3 est jugée en Italie pour des soupçons d’aide et complicité d’immigration illégale. Cette ancienne « matelot de pont » a commencé sa carrière il y a six ans à bord du navire Iuventa (appartenant à une autre ONG humanitaire de sauvetage de migrants, Jugend Rettet), et gravi les échelons pour en devenir capitaine.

C’est d’ailleurs en août 2017 que les autorités italiennes confisquent le navire Iuventa commandé par cette humanitaire de 35 ans, au large de Lampedusa. Les ordinateurs et les téléphones portables qui étaient à bord sont saisis. Une enquête était en cours depuis 2016. 

Les droits de l’homme ne sont pas seulement pour notre bénéfice personnel. C’est une obligation. Si les droits de l’homme ne s’appliquent pas à tous, ils ne s’appliquent à personne.Déclaration de Pia Klemp, capitaine du Iuventa et du Sea Watch, humanitaire allemande jugée en Italie, sur le journal en ligne ze.tt

La décision de justice de pouvoir lire les contenus des appareils du Iuventa — repoussée plusieurs fois — est finalement prise en mai 2018 par le procureur sicilien ayant ordonné la saisie, Ambrogio Cartosio.

D’après les dossiers auxquels Pia Klemp a eu accès par son avocat (comme le relate le journal en ligne ze.tt le 30 mars 2019), ce sont au moins quatre autorités d’enquête italiennes différentes qui ont travaillé contre elle et son équipage, dont les services secrets italiens. Le plus inquiétant reste que son navire a été mis sur écoute, tout comme les téléphones et les ordinateurs portables de l’équipage, le tout doublé d’une surveillance opérée par des informateurs présents sur d’autres navires.

Le gouvernement ayant autorisé ces surveillances est celui de Paolo Gentiloni, le successeur de Matteo Renzi du Parti démocrate, deux ans avant l’arrivée au pouvoir de l’alliance entre la Ligue et le parti 5 étoiles.

L’enquête qui a mené au procès actuel doit donc déterminer si la capitaine Pia Klemp aurait « collaboré » avec des passeurs libyens afin de sauver les migrants perdus en mer grâce à son bateau : cette « complicité », si elle était démontrée par la justice italienne, transformerait le statut de l’ex-capitaine du Sea Watch « d’humanitaire sauveteuse de milliers de personnes en mer » à « complice d’immigration illégale ». L’avocat italien de Pia Klemp a prévenu sa cliente qu’elle risquait 20 ans de prison. Les soutiens à Pia Klemp fleurissent sur les réseaux, à l’instar de ce tweet : 

Criminalisation italienne des sauvetages en mer ?

Le Sea Watch-3 — que Pia Klemp ne peut plus commander par crainte d’une arrestation préventive — a été immobilisé en Italie  le 20 mai dernier pour avoir secouru des migrants au large de la Libye.

Il a pu néanmoins repartir une nouvelle fois en mer, sur ordre de la justice italienne ce 1er juin 2019. L’ONG allemande qui possède le navire a tweeté sa satisfaction à propos de cette décision, plus qu’inattendue dans le contexte actuel : 

« Le Sea-Watch 3 est libre ! Nous avons reçu une notification formelle sur la libération du navire saisi et son retour aux opérations.« 

Ce nouveau « blocage » puis « déblocage » judiciaire du Sea Watch-3 est la continuation d’une politique italienne tendant à criminaliser les sauvetages de migrants par les ONG au large de la Libye, en les accusant de complicité avec les passeurs et dont Pia Klemp fait les frais aujourd’hui.

Cette dernière opération du Sea Watch-3 a permis de sauver 67 migrants en détresse, ramenés par le navire sur l’île de Lampedusa, contournant ainsi la politique de Matteo Salvini de « fermeture des ports ». Le ministre de l’Intérieur italien n’a d’ailleurs pas mâché ses mots sur cette opération au moment du débarquement des migrants, après avoir demandé la saisie du navire et l’arrestation du capitaine :  

Salvini : « Un navire a été saisi, alors j’avais peut-être raison. Ils ont aidé des trafiquants d’êtres humains et j’espère que le capitaine de ce navire sera arrêté.« 

Les propos de Matteo Salvini souhaitant l’arrestation du capitaine du Sea Watch-3, font écho à ceux sur la complicité des ONG avec les passeurs « dans certains cas » de Christophe Castaner qui avaient fait polémique en France, et dont il s’était expliqué sur Twitter :  

Dix jours avant le blocage du Sea Watch-3, Matteo Salvini avait quant à lui présenté un nouveau projet de loi anti-immigration . Parmi les mesures de cette loi, la possibilité de sanctionner financièrement les navires qui portent assistance aux migrants par une amende de 3 500 à 5 500 euros avait été mise en avant.

Que dit le droit en matière de secours en mer ?

Le droit maritime international est très précis : La Convention internationale de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer prévoit qu’un capitaine de navire qui reçoit un message de détresse doit porter secours aux personnes concernées. « Par personne en détresse, on entend toute personne qui risque la noyade et nécessite en urgence un sauvetage en mer », explique Patrick Chaumette, professeur de droit à l’Université de Nantes.

Europe : renvoyer les migrant(e)s au viol et à la torture en Libye

La bataille judiciaire à l’encontre de Pia Klemp est parallèle au changement de politique européenne face au drame des traversées clandestines de Libye vers l’Italie, faites d’embarcations pleines à craquer de femmes, d’enfants et d’hommes en détresse. Désormais le Conseil de l’Europe prône une collaboration avec les autorités libyennes. L’Union européenne a annoncé il y a trois mois qu’elle mènerait désormais l’opération navale « Sophia » (EUNAVFOR Med, lancée en 2015)… sans navires et qu’elle « n’observerait la mer que depuis les airs ». L’Allemagne a d’ailleurs stoppé la mise à disposition de navires pour cette opération.

L’objectif affiché de l’UE en 2019 est de « démanteler le modèle économique des passeurs et des trafiquants d’êtres humains dans la partie sud de la Méditerranée centrale. L’opération remplit également des tâches de soutien. Elle forme la marine et les garde-côtes libyens et contrôle l’efficacité de la formation sur le long terme; elle contribue à la mise en œuvre, en haute mer, au large des côtes libyennes, de l’embargo des Nations unies sur les armes. » 

Aujourd’hui, les gardes-côtes libyens patrouillent donc en Méditerranée et ramènent les bateaux de migrants en Libye, soutenus dans cette action par l’opération « Sophia », ce que dénonce Pia Klemp, qui n’accepte pas que les droits de l’Homme soient devenus des droits « à sens unique ». « Les droits de l’Homme ne sont pas seulement pour notre bénéfice personnel. C’est une obligation. Si les droits de l’Homme ne s’appliquent pas à tous, ils ne s’appliquent à personne.« 

Il est en effet avéré que s’il y a moins de traversées depuis la mise en place de cette nouvelle politique de retour en Libye, les agressions brutales, la torture et les violences sexuelles contre les migrants ont augmenté dans une proportion dramatique dans ce pays, comme le souligne une étude publiée par une ONG basée à New York, la Women’s Refugee Commission (WRC, Commission des femmes réfugiées).

L’étude a révélé que les violences sexuelles perpétrées contre des migrants et des réfugiés le long de la route méditerranéenne incluent la torture sexuelle, la violence génitale et la castration, et contraignent des hommes et des garçons à violer autrui – y compris des membres de la famille et des cadavres – ainsi que des violences sexuelles meurtrières.

Humanitaires contre politique migratoire

Pia Klemp a témoigné il y a peu à une réunion d’ONG au Parlement européen. L’humanitaire a alors raconté une expérience en mer où elle a dû naviguer pendant des jours dans les eaux internationales avec un petit garçon de deux ans, mort et « entreposé » dans la chambre froide du navire, parce qu’aucun pays européen n’avait accepté de laisser entrer son bateau.
La mère du garçon était aussi à bord, vivante. Pia Klemp a alors posé cette question à la fin de son témoignage : « Que dois-je dire à une femme traumatisée dont l’enfant mort gît dans mon réfrigérateur, au sujet de l’UE, lauréate du prix Nobel de la paix ? ». Cette question pourrait être reposée par l’humanitaire, lors de son procès en Italie.

Les accusations de « trafic humain » à l’encontre des ONG en Méditerranée ont débuté avant même la judiciarisation du cas de Pia Klemp, par la voix d’un autre magistrat, le procureur italien Carmelo Zuccaro. Celui-ci avait en effet lancé le premier dans le quotidien La Stampa début 2017 des interrogations sur une « concentration anormale de navires en Méditerranée » et soupçonné certaines ONG de nouer des contacts avec des « trafiquants d’êtres humains », après avoir ouvert une enquête sur les activités des ONG en mer « pour comprendre comment elles se financent et dans quel but. »

Le procureur Ambrogio Cartosi,  à l’époque de la saisie du Iuventa, avait quant à lui expliqué que des membres d’équipage du Iuventa étaient soupçonnés d’avoir « pris à bord à plusieurs reprises des migrants sur des canots pneumatiques amenés directement par des trafiquants« , et que « dans un cas, les passeurs étaient même arrivés à la rencontre du Iuventa avec une vedette des gardes-côtes libyens« . Mais il avait confessé ensuite que cette pratique, bien que « fréquente », l’était pour « des motifs purement humanitaires ».  L’ONG avait malgré tout nié ces accusations

Une pétition pour soutenir Pia Klemp a été ouverte en ligne il y a une semaine, des récoltes de fonds sont en cours pour l’aider à payer des frais de justice pour son procès, qui pourrait durer des années et coûter des centaines de milliers d’euros.
Des accusations aux preuves, le pas n’est pas encore franchi, mais si Pia Klemp est condamnée, une question importante se pose : quelle image donnerait alors l’Europe au reste du monde dans le cadre de sa politique de défense des droits de l’Homme ? 

Publication vidéo de Pia Klemp pour la promotion de l’ONG Iuventa le 24 mai 2019 :

https://www.facebook.com/iuventa10/videos/597284144079176/

Source https://information.tv5monde.com/info/sauvetages-de-migrants-en-mediterranee-la-capitaine-pia-klemp-risque-20-ans-de-prison-en-italie

Editeurs avec les sans-papiers de Chronopost

Nous, éditeurs et éditrices, sommes des usagers réguliers de la Poste, et notamment de Chronopost. Nous envoyons de nombreux livres par la voie postale. Depuis plusieurs années, nous avons constaté et subi la dégradation de la qualité de ce service public. Cette régression s’est notamment manifestée, et nous en sommes témoins, par la détérioration des conditions de travail des employé.es de tous les services de la Poste, ce qui a aussi pour conséquence de nuire à la qualité des services rendus.

Aujourd’hui, nous voyons que la Poste sous-traite une partie de ses activités à des entreprises qui « emploient » des sans-papiers, exploité.es et méprisé.es ; c’est une pratique courante, et l’État actionnaire principal de la Poste – couvre cette forme de travail indigne.

Nous nous rangeons résolument aux côtés des travailleurs et travailleuses sans papiers qui se battent pour leur régularisation. Ces travailleurs et travailleuses qui, tous les jours, transportent nos livres ont le droit à notre respect et à notre solidarité.

Nous exigeons que la Poste réinternalise toute la sous-traitance en son sein et qu’elle remplisse les documents de régularisation des travailleurs et travailleuses sans papiers.

Paris, le 31 mai 2019

Éditions Acratie

Éditions Alternative libertaire

Éditions Arcane 17

Éditions Atelier de création libertaire

Éditions Chant d’orties

Éditions de l’Asymétrie

Éditions Divergences

Éditions du Coquelicot

Éditions du Croquant

Éditions du Monde libertaire

Éditions du Sextant

Éditions Entremonde

Éditions La Brèche

Éditions La Découverte

Éditions La fabrique

Éditions Les Nuits rouges

Éditions Nada

Éditions Noir et Rouge

Éditions Recherches 36

Éditions Sociales

Éditions Syllepse

Éditions Syndicalistes

Source https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/06/01/editeurs-avec-les-sans-papiers-de-chronopost/

Message de SOS Méditerranée

3 QUESTIONS À Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS MEDITERRANEE

Frédéric Penard revient sur la situation plus qu’alarmante en Méditerranée centrale aujourd’hui et sur l’urgence de trouver un navire au plus vite. Pour autant, chercher et trouver un navire adapté aux activités de recherche et de sauvetage de SOS MEDITERRANEE prend du temps. Le cahier des charges est conséquent. Pour y parvenir, il rappelle que le soutien de tous les citoyens mobilisés contre cette tragédie est indispensable.

Soutenir SOS Méditerranée  http://www.sosmediterranee.fr/

Isère : contre la privatisation des barrages

 

Rassemblement samedi 15 juin 2019

Barrage de St Egrève (38) de 12 h à 17 h

 

 

Communiqué de presse

PRIVATISATION DES BARRAGES !
L’intérêt financier ne doit pas primer sur l’intérêt général !
Mobilisons-nous !

Un à un les Services Publics sont démantelés par cette logique libérale dans laquelle l’intérêt général des citoyens n’a que peu de place.

Depuis plus de 5 ans, des syndicats, des collectifs citoyens, des élus politiques font entendre leur voix pour sauvegarder les barrages hydroélectriques dans le giron public. L’exploitation des ouvrages hydrauliques par le secteur public a, depuis des décennies, démontré le sérieux et la cohérence dans la gestion de cet outil industriel majeur.

Les barrages hydroélectriques ont une importance capitale dans l’équilibre du système électrique car c’est une des seules énergies stockables à grande échelle, pouvant démarrer en quelques minutes.

Ces barrages sont également des réservoirs d’eau essentiels à l’agriculture, au tourisme, à la faune et à la flore mais aussi au maintien du niveau des nappes phréatiques, et on le sait moins, au refroidissement de centrales nucléaires…

Comment envisager une seule seconde la possibilité qu’une industrie aussi stratégique pour le pays et  les citoyens soit livrée à des grandes multinationales privées en concurrence ? Cela reviendrait à leur donner un moyen de pression sur n’importe quel gouvernement, collectivité locale ou même sur les citoyens.

Pour preuve l’augmentation incessante des tarifs de l’électricité depuis l’ouverture du marché pour satisfaire la concurrence au détriment des usagers et des citoyens !

Comment la France pourrait-elle suivre cette voie en devenant le seul pays à céder aux injonctions de l’Europe sur ce dossier ? Rappelons que le devoir de l’État et des élus de la Nation est de veiller à l’intérêt général !

À l’heure où il nous faut combattre le réchauffement climatique, la gestion de l’eau sera un réel enjeu de société. Au vu de la diminution des réserves d’eau et de l’augmentation des températures, nous ne pouvons accepter de livrer les barrages à des intérêts privés au détriment de la collectivité dans le seul but de dégager des profits.

C’est pourquoi les organisations signataires appellent
les citoyens, les salariés, les élus politiques de tout bord
à se mobiliser sur le barrage de St Egrève le samedi 15 juin 2019 de 12h à 17h

Ensemble sauvons nos barrages !

———————————————-Organisations signataires——————————————–

Collectif « Ne nous laissons pas tondre » – Collectif « Sauvons nos barrages », les Amis de la Terre – Citoyens pourle Climat Grenoble – Alternatiba – ANV COP21 – Marche pour le Climat- Gilets Jaunes Isère – ATTAC – CADTM
Syndicats : CGT Énergie Isère, Sud Énergie, CFDT Chimie Énergie, CFE GE Alstom, UD CGT Isère,
UD Solidaires Isère, Solidaires Météo-France, CGT GE Alstom

Informations de dernière minute, détails et compléments : www.privatisation-barrages.fr

Le communiqué en pdf 2019-06-15-Communiqué-presse-Non-à-la-privatisation-de-lhydro(1)

Quand monte le soleil La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. Il évoque notamment les résultats des élections municipales et régionales.

Quand monte le soleil

 

Le pays a voté. Deuxième tour des élections régionales et municipales, dimanche 2 juin. De l’abstention plutôt victorieuse, elle se situe entre 50% et 60%, voilà pour les premières impressions. Sinon, réussite dite écrasante de la Nouvelle Démocratie, comme on l’a répété depuis à travers les médias. La carte des régions, douze sur treize, elle s’affiche en bleu, couleur du parti de la Nouvelle Démocratie et des Mitsotákis, voilà pour l’écran plat des nouvelles, fumée comprise. La Grèce tourne alors sa page entachée sous SYRIZA, tout en faisant du sur place dans le même chapitre. Seuls nos touristes… admirent-ils peut-être ce qui reste des apparences et des réalités.

Touristes en Golfe Saronique. Juin 2019

Sur le papier peint des illusions et des médias, “ce fut un grand moment de Démocratie”, “une gifle pour SYRIZA autant que l’approbation générale pour ce qui est du programme de la Nouvelle Démocratie”. Cependant et déjà, la récente loi électorale que SYRIZA a imposé au paysage des élections Municipales et Régionales, oblige à la proportionnelle intégrale, ce qui donne un résultat alors inédit. Pour les Maires et pour les Présidents de Région surtout élus au deuxième tour, et qui ne disposent pas de la majorité absolue, il va falloir composer avec les élus des autres listes, ce qui modère un peu le sens absolu de la victoire de la Nouvelle Démocratie.

Et au pays réel on fait finalement ses décomptes, telle la voisine Anna, rencontrée devant l’immeuble. “Cela… va très mal, pas de vacances cet été, et c’est la première fois. Nous nous enfonçons lentement mais sûrement, notre seule préoccupation, la survie, maintenant que la politique est morte voire, elle est même mortifère. Nous ne sommes pas allés voter et nous représentons la moitié du pays. Le résultat d’ailleurs est à la hauteur du non-choix. Les gens auront élu Mitsotákis, une nouvelle catastrophe qui s’ajoutera à tants d’autres.”

“Et c’est ainsi qu’entre voisins nous nous perdons de vue, chacun de nous immergé comme il est dans ses soucis quotidiens. Oui, j’ai vu ces visages des Syrizístes et de Tsípras et de Doúrou -Présidente SYRIZA de la Région Attique, battus – à la télévision. Ils n’ont pas l’air de digérer leur défaite. Ils se sont accrochés au pot de miel et voilà qu’ils sont en train de chuter. Mais sinon et surtout pour nous, rien ne changera.”

Lourde défaite de Tsípras. Presse grecque du 3 juin

 

Tsípras et Doúrou après les résultats. Presse grecque – ‘IN’ du 3 juin

 

Tsípras parle aux siens après les résultats. Presse grecque – ‘IN’, juin 2019

Pour Státhis Stavrópoulos, dessinateur de presse et analyste issu de SYRIZA mais SYRIZA d’il y a plus de dix ans maintenant, il n’y a pas photo. “Chez les Syrizístes ce qui fait vraiment peur, c’est leur arrogance, leur suffisance, tout comme l’absurdité dont ils sont les porteurs à l’instar de Nikos Pappás, ministre et ami personnel de Tsípras, lorsqu’il déclare qu’il n’a pas perçu l’écrasement de SYRIZA, ‘car le parti a perdu tout juste deux régions’. Sauf qu’elles étaient les seules que SYRIZA contrôlait. Ils ont perdu le Nord et le Sud avec dans toute la Grèce, sauf qu’ils ne le comprennent pas pourquoi. Toutes les explications de cette surdité seront-ils alors acceptées !”

“Cette démonstration de stupidité doit avoir une explication, ce n’est pas possible ! Seule la question de notre existence reste plutôt inexplicable. Cependant, notre existence est sujette à de nombreuses explications. Néanmoins, dans le cas de SYRIZA, la science semble éprouver des difficultés pour expliquer son hybridation celle aussi des cadres de ce parti, ce n’est guère possible. Cependant, et pour rester sérieux, les élections législatives sont déjà annoncées. Et de quoi parle-t-on chez les politiques et à travers les médias ? Parlons-nous de la dette ? Parlons-nous de la menace turque en mer Égée, à Chypre et en Thrace ? Quel est le problème dramatique enfin, pour ainsi l’exclure du débat ? Le problème de la démographie ? Celui des migrants ? Quoi d’autre ?”

“Tout ce que les partis politiques comme la Nouvelle Démocratie, SYRIZA et KINAL-PASOK font semblant de discuter, et en réalité ils ne publient que des annonces, c’est de savoir comment gérer les conséquences des mémorandums, autrement-dit, du style de vie et des règles sous l’Occupation. Ces partis tiennent d’ailleurs le même langage néolibéral et pourtant, leurs mesures néolibérales qu’ils ont prises ont échoué, provoquant le malheur du peuple, la destruction de l’économie et faisant peser de graves menaces sur la nation.”

Soirée électorale en berne, candidat SYRIZA aux municipales. Athènes, le 2 juin 2019
Garde Présidentielle Evzone. Athènes, juin 2019
Immobilier… aux mains des investisseurs. Athènes, juin 2019

“Ce sera également le même problème lors de la prochaine législature. La pomme de la dispute est bien pourrie. Et l’on traitera des arrangements dans le cadre des clientélismes, des comités d’initiés comme dans celui des ruses. Les politiques useront et abuseront ainsi d’une rhétorique sur l’insignifiant, bien de niveau provincial disons de l’entre-deux-guerres. Et pendant ce temps, les frontières se déplacent d’un pays à l’autre dans notre région, il y des populations en mouvement, des bouleversements sociaux au vers le pire, puis tant de nuages arrivés depuis l’Occident. D’ailleurs, les dix années d’Occupation sous la Troïka ont transformé les mécanismes de déclin en institutions. Nous sommes habitués de la corde qui nous étouffe, autant que des salopards qui la resserrent”, “To Pontíki” du 5 juin 2019.

Ces derniers jours et pendant que l’Assemblée vient d’arrêter ses travaux ce vendredi 7 juin, elle sera dissoute lundi prochain d’après la presse, SYRIZA se met à faire voter lois, réformes et autres faveurs, alors qu’il admet sa défaite. Du jamais vu même dans le cadre de la démocratie d’opérette habituelle, en Grèce comme ailleurs. C’est une parodie visant le Parlement écrit-elle-même la presse mainstream, et elle a raison, quotidien Kathimeriní. Dans la métastase des régimes méta-démocratiques actuels, SYRIZA a été… nommé on dirait par les Oligarques mondiaux pour finir alors encore plus bas qu’avec les autres marionnettes. Dans le même ordre d’idées, le gouvernement Tsípras vient d’annoncer dans la foulée, la requête à l’encontre de l’Allemagne au sujet des réparations de guerre, autant celle de 1940 que de 1914, puis, l’embauche de dix mille enseignants dans la fonction publique, c’est sauve qui peut en une semaine, presse de la semaine.

SYRIZA fait donc voter en ce moment lois et amendements en faveur des agents de l’État, tout comme il fait adopter un nouveau Code Pénal, très controversé. Enfin, certains députés Syrizístes s’insurgent même contre leurs ministres lorsque leurs amendements sont jugés excessifs, comme par exemple celui modifiant la hauteur légale des combles aménagés pour l’île de Céphalonie, presse de la semaine. La Présidente Syrizíste de l’Assemblée Tasia Christodoulopoúlou vient de faire muter sa fille de la Poste, au personnel de l’Assemblée. Et elle le reconnait, “avoir bénéficié du pouvoir et des réseaux, et je ne recherche pas d’alibi”, précise-t-elle, presse grecque du 7 juin.

Pendant ce temps, le pays poursuit-il comme il peut, suspendu à la… fin de l’histoire. Anciens ateliers qui se transforment en hôtels, jeunes femmes faisant de leur beauté une supposée carrière, des événements photographiques annoncés comme dignes du temps qui est le nôtre, justement sur la méta-Polis, la Cité, la ville d’après, toute une obsession civilisationnelle sur le monde d’après, rien que le monde d’après.

Transformation en hôtel. Athènes, juin 2019
Un certain… modélisme. Athènes, juin 2019
Méta-Polis. Athènes, juin 2019

Maria, employée municipale du côté du Péloponnèse des bourgades, nous raconte-elle alors sa condition humaine. Fatiguée des élections, elle n’a voté “rien que pour faire partir les affreux Syrizístes”, puis, pour la liste aux municipales où figurait alors le nom de son cousin, “lettré et dynamique” nous dit-elle. “Sinon, tout est cuit, je ne peux pas dire que je suis en train de vivre avec mes 750€ mensuels. Je vois les touristes et les vacanciers arriver, puis repartir. Je ne voyage jamais, je m’occupe également de ma très vieille mère, la famille manque cruellement de moyens, il n’y a pas que moi. Ce n’est plus une vie, c’est… un parking jusqu’à notre mort. Parfois, ces politiciens survolent notre parking… en OVNI, et c’est tout. Leurs salades ne nous intéressent donc plus.”

Péloponnèse mythique aux cafés branchés, à Nauplie ou encore jusqu’à Athènes. Cafés grecs aux fresques parfois inhabituelles, celle par exemple rappelant l’apogée de l’Empire romain d’Orient, dit généralement Byzance. Au pays étendu tel un corps sans tête, déjà politique, on sait tant attendre son heure, ou sinon son siècle. Nos matous quant à eux, ils attendront devant les tavernes et autres établissements à crêpes ou à pizzas cette saison touristique, voire, la suivante.

Quant à la voisine Anna, elle estime que “près de 50% des Grecs ne participent plus au cirque politique, ils ne votent plus et ils attendent peut-être leur heure. C’est comme une casserole en train de chauffer mais lentement. Explosera-t-elle, et alors dans combien de temps ?”.

Byzance sur un mur. Athènes, juin 2019

 

Pays couché. Athènes, juin 2019
En attendant la saison. Athènes, juin 2019

Quittons donc et enfin un peu, les Syrizístes, les Mitsotákis comme tous les autres. Songeons plutôt aux espaces Égéens, aux ouvertures aux quatre vents, comme le faisait souvent notre poète Odysséas Elýtis (1911 – 1996), lequel a reçu le prix Nobel de littérature en 1979.

“Devant la crête de l’île de Sérifos, quand monte le soleil, les canons de toutes les grandes théories du monde échouent dans leur mise à feu. L’intelligence est vaincue par quelques vagues et une poignée de pierres – chose étrange peut-être, et pourtant capable d’amener l’homme à ses véritables dimensions. En effet, qu’est-ce qui, sinon, lui serait plus utile pour vivre ? S’il aime commencer de travers, c’est qu’il ne veut pas entendre. Sans qu’il en prenne conscience, la mer Égée dit et redit sans cesse, depuis des milliers d’années, par la bouche du clapotis de ses vagues, sur l’immense étendue de ses côtes: voilà qui tu es !”

Songeons plutôt au clair soleil, à l’azur profond… aux nouvelles portées de l’année. Nous aussi, admirons-nous parfois ce qui reste des apparences et des réalités. Rien que pour amener l’homme à ses véritables dimensions.

La portée de l’année. Péloponnèse, juin 2019

* Photo de couverture: Garde Présidentielle Evzone. Athènes, juin 2019

Le collectif de Grenoble solidaire des VioMe

Le collectif de Grenoble est solidaire des travailleurs en lutte VioMe et partage le communiqué du CSPG de Lyon ( Comité de Solidarité avec le Peuple Grec ) 

Chers Camarades , chers Amis,

 La lutte de VIOME est exemplaire pour un monde où les travailleurs ont pris en mains leur outil de travail et sa gestion  de manière collective et autogérée .

Ils font face depuis des années aux tentatives du patronat grec et du pouvoir politique de les déloger et donc de casser leur expérience et leur existence,.

alors qu’ils démontrent qu’il est possible et nécessaire que les salariés soient en possession de leur moyens de production pour une répartition juste et équitable du fruit de leur travail.

Ils développent des actions au service de la population locale , notamment dans le domaine de la santé , pendant que le gouvernement grec , au service du patronat et des puissances capitalistes européennes , cassent tous les services publics , privatisent massivement et vendent le pays .

Nous soutenons sans réserve la lutte des travailleurs de VIOME contre les menaces d’expulsion et nous nous associons aux mobilisations populaires organisées à Thessalonique .

 Tous unis et fraternels pour sauver VIOME !

 Αγαπημένοι σύντροφοι,αγαπημένοι φίλοι.

Ο αγώνας του ΒΙΟΜΕ είναι παραδειγματικός για ένα κόσμο πού οι εργάτες έχουν πάρει στα χέρια τους το εργαλείο τους της εργασίας και τη διαχείρηση του κατά ομαδικό και αυτοδιαχειριζόμενο.τρόπο. Αντιμετοπίζουν έδω και πολλά χρονία τις προπάθιες της ελληνικής εργοδοσίας και πολιτικής εξουσίας να τους βγάλουν και επομένως να σπάσουν την εμπειρία καθώς και την ύπαρξη τους, ενώ αυτοί αποδεικνύουν ότι είναι δυνατό και απαραίτητο οι μισθωτοί να έχουν τα μέσα παραγωγής τους για δίκαίο και ακριβοδίκαιο καταμερισμό του καρπού της εργασίας.τους.

Αναπτύσσουν δράσεις στην υπερησία του τοπικού πληθυσμούς, κυρίως στον τομέα της υγειάς, ενώ η ελληνική κυβέρνηση, η οποία είναι στην υπηρεσία της εργοδοσίας,καθώς επίσης των καπιταλιστικών και ευρωπαικων δυνάμων, σπάζουν όλα τα δημόσια, μαζικά ιδιωτικοποιούν και πουλούν την χώρα.

Υποστηρίζουμε ανεπιφύλακτα τον αγώνα των εργάτων του ΒΙΟΜΕ κατά των απειλών απέλασης και στηριζούμε τις λαικές κινητοποίησεις οι οποίες οργανώνονται στη Θεσσαλόνικη.

Να είναι δεμένοι και αδελφικοί για να διασωσούμε ΒΙΟΜΕ.

Ο σύλλογος της στήριξης για το ελληνικό λαο.

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