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Pour une commission d’enquête parlementaire pour le respect des droits des exilées

Nous demandons une commission d’enquête parlementaire pour le respect des droits des personnes exilées à nos frontières

Amnesty, La Cimade, Médecins du Monde, Médecins sans frontières et le Secours catholique se mobilisent dans plusieurs villes et demandent la création d’une commission d’enquête parlementaire pour le respect des droits des personnes exilées à nos frontières.

Aujourd’hui, des mobilisations vont avoir lieu dans plusieurs villes-frontières afin d’appeler les député·e·s à l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire pour que soient respectés les droits fondamentaux des personnes migrantes et réfugiées aux frontières intérieures. À midi, au moment où les sirènes des pompiers retentissent partout en France comme autant de symboles de nos alertes, des centaines de personnes seront rassemblées aux frontières à Briançon, à Calais, à Dunkerque ou encore à Hendaye et à Menton mais aussi à Londres, devant l’ambassade de France.

De Grande Synthe à Menton, en passant par la vallée de la Roya et par Hendaye, les frontières françaises sont les lieux d’atteintes inacceptables aux droits fondamentaux des personnes exilées. Absence de tout dispositif sanitaire et social, destruction d’abris, obstacles à la demande d’asile, non-protection des mineur·e·s isolé·e·s, refoulements systématiques, comportements brutaux, harcèlement des personnes qui, par solidarité, tentent d’apporter une aide aux exilé·e·s… La liste d’atteintes aux droits humains est longue.

Malgré les dizaines de rapports venant d’autorités publiques indépendantes et d’ONG qui documentent ces violations, le gouvernement reste sourd à ces alertes. Pourtant, la protection des droits et libertés fondamentales de toute personne constitue un impératif commun sur lequel nous ne pouvons transiger et dont nous appelons la représentation nationale à s’emparer.

Nos associations s’adressent aujourd’hui aux député·e·s pour demander la création d’une commission d’enquête parlementaire afin de procéder à des investigations aux frontières et surtout de proposer des mesures pour que les droits des personnes migrantes et réfugiées soient enfin respectés.

Partout sur les territoires frontaliers, des dizaines d’associations agissant en soutien aux personnes exilées se joignent à cet appel.

Les constats de nos cinq associations et de tous les acteurs locaux sont alarmants. L’état de santé physique et/ou psychologique de ces personnes est dramatique, que ce soit, comme à la frontière italienne, en raison de leurs arrestations, refoulements et privations de liberté dans des conditions indignes, ou en raison du harcèlement et de la destruction de leurs abris, notamment à la frontière britannique.

Rares sont les obligations, prévues par la loi française et le droit international, qui sont respectées aux frontières italienne et espagnole : les personnes ne sont pas informées de leurs droits, ne peuvent pas demander l’asile et certaines sont même détenues pendant des heures sans fondement légal. Ces frontières sont devenues des zones de non-droit, à l’image du lieu d’enfermement situé à Menton, où même des élu·e·s de la République se sont vues refuser l’accès, en octobre et novembre dernier. Sur le littoral nord, les personnes exilées se font expulser de leurs campements précaires sans solution digne d’hébergement.

Tous les jours, les acteurs de terrain recueillent des témoignages de mineurs isolés : leur minorité est rarement prise en compte par les forces de l’ordre aux frontières, qui les refoulent, au mépris des lois françaises et des conventions internationales, aggravant leur précarité et leurs traumatismes. Une fois sur le territoire, leur situation n’est pas meilleure, comme le dénoncent les associations de terrain, notamment à Calais et à Grande Synthe, où ces jeunes survivent en attendant d’essayer d’aller au Royaume-Uni.

Face aux manquements de l’État, de nombreux citoyens, des collectifs et des associations viennent en aide aux personnes exilées. Mais, au lieu de voir leurs missions encouragées, ils doivent faire face à des pratiques d’intimidation, de harcèlement, des poursuites et, dans certains cas, à des condamnations en justice. Le droit international est pourtant très clair : aider des personnes réfugiées et migrantes n’est pas une infraction et aucune poursuite pénale ne devrait avoir lieu.

Source https://www.lacimade.org/presse/nous-demandons-une-commission-denquete-parlementaire-pour-le-respect-des-droits-des-personnes-exilees-a-nos-frontieres/

Télécharger le dossier de presse ici.

Signataires :
Amnesty International France
La Cimade
Médecins du Monde
Médecins sans Frontières
Secours Catholique-Caritas France
Anafé
MRAP
Syndicat des avocats de France

Frontière franco-espagnole
Diakité
Collectif Etorkinekin – solidarité migrants
Ongi Etorri Errefuxiatuak – Pais Vasco
SOS Racismo – Bizkaiko SOS Arrazakerria

Frontière franco-italienne
Adn Association pour la démocratie à Nice
Collectif Kesha Niya
Diaconia Valdese
Emmaüs Roya
Ligue des droits de l’homme – Nice
OdV Caritas Intemelia
Pastorale des migrants du diocèse de Nice
Roya Citoyenne
Tous Migrants
WeWorld

Frontière franco-britannique
ADRA France antenne de Dunkerque
AMIS (Aide Migrants Solidarité Téteghem)
ASR adhérents
Auberge des Migrants
Bethlehem
Cabane Juridique
Cercle de Silence Hazebrouck
Collectif Cambresis pour l’Aide aux Migrants
ECNOU
Emmaüs Dunkerque
Flandre Terre Solidaire
Fraternité Migrants Bassin Minier 62
Help Refugees
Ligue des droits de l’Homme – Dunkerque
Refugee Women’s Centre
Refugee Youth Service
Salam Nord /Pas-de-Calais
SAVE
Solidarity Border
Terre d’Errance Steenvoorde
Terre d’Errance Norrent-Fontes
Utupia56 Calais

UE : nouveaux dirigeants, anciens problèmes

UE : nouveaux dirigeants, anciens problèmes par Attac Allemagne – Groupe de projet sur l’Europe


Commission européenne à Bruxelles, Belgique (CC – Flickr – Fred Romero)

Sur la situation de l’UE au moment de l’entrée en fonction de la nouvelle Commission européenne.

1. Lors de la campagne électorale pour le Parlement Européen en mai dernier, les partis établis et les grands médias ont réussi à donner l’impression qu’après une décennie de multiples crises les choses iraient mieux. Le taux de participation a augmenté et le grand journal Frankfurter Allgemeine Zeitung s’est réjoui de constater : « Les alarmes exacerbées et la dramatisation historique de la campagne électorale – mot-clé « vote déterminant pour notre destin » – ont peut-être semblé à certains être exagérées. Mais cela a eu l’effet escompté. »

2. Cependant, la désillusion vint vite. Le modèle » tête de liste », précédemment vanté comme preuve que l’UE pourrait être démocratisée, a été aboli d’un trait de plume, et la présidence de la Commission a été décidée par Macron et Merkel selon l’ancienne méthode. A été confirmé ce que Macron lui-même avait déclaré en 2017 : « Ceux qui dirigeaient l’Europe … ont cherché des accommodements à côté du peuple comme pour continuer une méthode qui pendant des décennies avait si bien réussi, celle de faire l’Europe un peu à part et d’expliquer ensuite. » [1]

3. Les conservateurs et les sociaux-démocrates n’ayant plus la majorité au parlement, les décisions deviendront plus difficiles. En conséquence, le Parlement – en termes de pouvoir déjà le maillon le plus faible des institutions de l’UE – perdra de l’importance politique, comme le montre la décision sur la présidence de la Commission.

4. De plus en plus de gens ont compris que les élections européennes ne répondent même pas aux normes démocratiques minimales :

  • elles étaient libres et secrètes, mais pas égalitaires. Si par exemple en Allemagne, on voulait voter pour la plate-forme de la gauche avec La France Insoumise, PODEMOS et les partis de gauche nordiques, on n’a pas pu le faire, car les élections ont été tenues d’après les règles nationales ;
  • il en va de même pour le seuil électoral. Alors qu’en Allemagne, un demi point de pourcentage était suffisant pour obtenir un siège, le seuil de cinq pourcents s’appliquait dans d’autres pays ;
  • le principe une personne – une voix ne s’applique pas. Dans les pays les plus peuplés, il faut pour un siège au Parlement Européen dix fois plus de voix qu’à Malte.

5. Ces déficits démocratiques sont à rajouter aux problèmes démocratiques structurels :

  • l’absence des fonctions les plus importantes d’un parlement : l’initiative législative et la souveraineté budgétaire,
  • il n’y a pas de séparation des pouvoirs dans l’UE,
  • les décisions importantes suivent les mécanismes de domination cachés (Bourdieu), c’est-à-dire une hiérarchie informelle avec la France et l’Allemagne en tête.

Mais même si ces problèmes étaient résolus, le constitutionnalisme néo-libéral subsisterait, c’est-à-dire la quasi-constitutionnalisation du néo-libéralisme dans les Traités et sa mise en œuvre dans le marché intérieur, privilégiant les intérêts du capital. Les privilèges structuraux et juridiques du capital sont bien illustrés dans les traités de libre-échange. Le droit démocratique pour les États et les municipalités de décider sur leurs affaires est systématiquement limité en faveur des profits des investisseurs. Une alternative fondamentale aux politiques économiques et sociales ne peut être obtenue qu’en modifiant les traités à l’unanimité. Une illusion, du moins tant qu’on obéit aux Traités.

6. Avec Ursula von der Leyen, une personne a été élue à la tête de la Commission, dont la priorité absolue est de promouvoir la militarisation et de faire de l’UE une grande puissance dans l’ordre mondial multipolaire émergeant et face aux conflits avec les États-Unis. Elle qualifie donc sa nouvelle Commission de commission géopolitique. Afin de satisfaire le désir de grandeur et de puissance, un nouveau département a même été créé. Cependant, les tentatives de parvenir à « la souveraineté stratégique » (Macron) se heurtent à une résistance massive. Non seulement les États-Unis, mais aussi la Pologne et les pays baltes préfèrent s’en remettre à une OTAN en état de « mort cérébrale » (Macron) plutôt qu’aux propres capacités militaires de l’UE.

7. Si les sondages pour les élections en Grande-Bretagne sont corrects, le pays quittera l’UE le 31 janvier 2020. Le Brexit ne signifie pas simplement qu’un pays membre parmi 28 partira. Le Royaume-Uni est la deuxième économie de l’UE et la cinquième du monde. En termes économiques, cela signifie autant que si les 18 économies en fin de classement sortaient. C’est aussi une puissance nucléaire, ce qui confère malheureusement toujours un statut spécial dans le système international, et un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais le plus grand défi pour Bruxelles pourrait être à venir. Si le Royaume-Uni ne connaît pas le déclin annoncé après le Brexit, cela montrerait aux pays tentés d’en faire autant : on peut bien réussir sans l’UE.

8. Une autre priorité de la nouvelle Commission est la construction de la « Forteresse Europe. » En l’absence de consensus en matière de politique humaine sur la migration, la seule chose qui puisse encore être convenue est le renforcement des frontières extérieures. Le Département des Migrations s’appelle désormais « Promotion de notre mode de vie européen » – une formule qui indique un glissement net vers la droite en matière de fuite et migration. Le terme mode de vie européen signale la tentative de former une identité euro-nationaliste par le haut.

9. Une autre priorité de Mme von der Leyen est un Green Deal. Cela sonne bien. Mais compte tenu de l’hétérogénéité des intérêts entre la Pologne avec sa houille, la dépendance de la France de ses centrales nucléaires, le tournant énergétique en Allemagne, largement laissé à l’anarchie des marchés, et les conflits sur le gaz russe, des changements substantiels sont encore moins probables qu’avec le programme sur le climat décidé récemment en Allemagne.

10. Le débat sur le cadre budgétaire 2021-2027 montre également que la politique climatique n’a aucune chance à la hauteur des défis. Jusqu’à présent, chaque pays a contribué avec 1 % de son PIB au financement de l’UE (NB : l’objectif militaire de l’OTAN est de 2 % !). Comme la contribution britannique doit être compensée, les contributions de tous augmenteront. A cela il faut rajouter les fonds supplémentaires pour le financement de la militarisation (PESCO), soit environ 13 milliards d’euros pour ce que l’on appelle le fonds de défense. Ainsi, le budget 2020 reste en deçà de l’objectif de consacrer 20 % à la politique climatique, tel que l’avait recommandé le Parlement. Il y a plus de populisme dans ce Green Deal que de sérieux contre le changement climatique.

11. Rien n’est dit sur les effets centrifuges de l’euro, l’un des problèmes structurels les plus importants de l’UE : La tentative de Macron de stabiliser la zone euro a été diluée au point de ne plus être reconnue. Il voulait « plusieurs pourcents du PIB » – donc au moins 2 %. Cela représenterait 231 milliards par an. L’instrument budgétaire de convergence et de compétitivité désormais adopté prévoit 17 milliards – sur 7 ans, soit 2,4 milliards par an, soit 0,002 % du PIB.

12. L’UE reste une construction précaire qui ne dispose pas des instruments politiques, économiques, financiers et juridiques pour résoudre les crises cruciales de notre époque. La crise permanente, se débrouiller tant bien que mal et l’érosion continuelle vont donc se poursuivre avec Mme von der Leyen.

13. L’un des principaux défis pour une politique émancipatrice est de s’opposer à la militarisation et à la politique de grande puissance. Surtout du point de vue des pays du Sud, la militarisation et le comportement de grande puissance représentent la continuation de 500 ans de colonialisme et d’impérialisme. En même temps, ces politiques absorbent les ressources politiques, financières et intellectuelles nécessaires pour résoudre les problèmes environnementaux et pour éradiquer la pauvreté. En aucun cas une politique émancipatrice ne doit prendre parti dans la controverse entre d’une part l’OTAN/USA, d’autre part l’indépendance militaire de l’UE. Il faut lutter, au-delà de la peste et du choléra, pour un ordre mondial démocratique, pour la coopération internationale, la détente, la résolution politique des conflits, la paix et le désarmement, y compris pour un ordre de paix pan-européen, de Lisbonne à Vladivostok.

En outre, il est nécessaire de mener des campagnes contre le néolibéralisme dans les politiques économiques, commerciales, financières et sociales et contre le démantèlement de la démocratie.

Enfin, le débat sur les questions fondamentales concernant l’avenir de l’UE et des alternatives émancipatrices doit se poursuivre.


1er Décembre 2019

Le bras de fer à Exarcheia s’étend à toute la Grèce !

Le bras de fer à Exarcheia s’étend à toute la Grèce ! par ·

Nouveau point sur la situation en Grèce, où ça chauffe également. Faites passer.

Depuis son arrivée au pouvoir, début juillet, le nouveau premier ministre grec faisait une fixation sur Exarcheia qu’il voulait « nettoyer » au plus vite. Dans sa ligne de mire : migrants, anarchistes et autres révolutionnaires, et leurs locaux pour la plupart squattés. Mais devant la résistance du quartier (qui s’organise de plus en plus au fil des mois, après un été laborieux) et sa volonté d’essaimer un peu partout pour ne pas se laisser nasser, c’est maintenant dans toute la Grèce que le gouvernement a décidé de frapper.

En parallèle du mouvement dans l’hexagone

Ce jeudi 5 décembre, pendant que la grève générale commencera en France (observée avec un grand intérêt depuis la Grèce), un autre événement important se produira simultanément à l’autre bout de l’Europe. En effet, ce 5 décembre sera aussi le terme d’un ultimatum de 15 jours lancé le 20 novembre dernier par le gouvernement grec contre tous les squats du pays. La Grèce, laboratoire du durcissement du capitalisme en Europe, devient désormais celui d’un contrôle social qui se veut total. Finies les zones d’autonomies, quelle que soit leur dimension et leur emplacement géographique. À partir de la semaine prochaine, la tolérance zéro sera appliquée contre tous les squats du pays, au nombre de 90 dont la moitié à Athènes et 7 à Thessalonique.

L’État attendra probablement quelques jours pour lancer la dernière phase de son plan d’évacuation des squats qui devrait durer jusqu’à Noël. Dans toute la Grèce, sans doute du 9 au 23 décembre, une véritable armada policière va tenter d’en finir avec les derniers lieux occupés et autogérés d’Exarcheia et dans les autres régions du pays.

Un mois de décembre décisif

Pourquoi attendre un peu, alors que l’ultimatum prend fin le 5 ? Parce que le pouvoir veut d’abord prendre le pouls de la mobilisation de demain dans toute la Grèce. La manifestation principale partira, à la tombée de la nuit, des Propylées sur la rue Panepistemiou à Athènes (à ne pas confondre avec les Propylées de l’Acropole si vous êtes sur place). Elle sera sans doute très nombreuse et particulièrement déterminée, avec pour slogans : « No pasaran ! », « Ne touchez pas aux squats ! », « La passion de la liberté est plus forte que toutes les chaînes ! » ou encore « 10, 100, 1000 squats ! ». On parle déjà d’une mobilisation historique, notamment en raison des soutiens qui se multiplient, mais c’est à confirmer jeudi. Le lendemain, vendredi 6 décembre, sera également une grande journée de mobilisation en Grèce, mais cette fois habituelle, puisque ce sera le onzième anniversaire de l’assassinat du jeune Alexis Grigoropoulos par un policier, le 6 décembre 2008 dans une ruelle d’Exarcheia. Cette seconde manif d’affilée visera donc la répression policière qui ne cesse de s’amplifier en Grèce depuis le retour de la droite au pouvoir.

Dans la préparation de la phase actuelle, période décisive durant laquelle beaucoup de choses vont se jouer, le 17 novembre dernier a été un jour déterminant. Ce jour-là, la torture est apparue au grand jour dans les rues du centre d’Athènes, au point laisser des flaques de sang autour de la place centrale d’Exarcheia dans les cris et les appels au secours. Depuis, ces images et ces sons ont fait le tour de la Grèce et parfois au-delà. Le masque du régime est tombé. Si certains membres du gouvernement sont des transfuges de l’extrême-droite (principalement du LAOS, parti réactionnaire, nationaliste et raciste), le gouvernement tout entier porte désormais la marque d’une droite extrême qui ne s’embarrasse plus de démentis ni de discours sirupeux. Les propos sur les migrants n’ont plus grand chose à envier à Aube Dorée et la haine des anarchistes et des gauchistes se montre au grand jour à coup de phrases qui rappellent les heures sombres du passé.

La droite fait capoter la séparation entre l’Église et l’État

Ce lundi 25 novembre, le nouveau parlement majoritairement de droite a rejeté le projet de séparation entre l’Église et l’État (loi sur la « neutralité religieuse de l’État »). Pourtant, le projet garantissait la reconnaissance de l’Église orthodoxe comme « religion dominante », mais ce n’était pas assez. Par contre, le délit de blasphème (supprimé par Tsipras l’année passée) n’a pas été rétabli, malgré la volonté de Mitsotakis. Les peines pouvaient aller jusqu’à deux ans de prison ! Pour l’instant, le nouveau gouvernement grec a préféré renoncer, mais va peut-être passer à l’acte l’année prochaine.

Si les derniers sondages ont vu disparaître totalement le parti Aube Dorée, qui n’est même plus quantifié (mélangé à une dizaine d’autres « micro partis » dans un total de « 1% : autres partis »), ce n’est pas un hasard : la promesse de Mitsotakis d’en finir avec les antifascistes et les migrants d’Exarcheia (évacuations des squats vers des camps fermés, amplification des expulsions vers la Turquie, répression des activistes) ont ravi une grosse partie des anciens électeurs du parti néonazi. Mitsotakis soigne son extrême-droite pour consolider son pouvoir et manier d’une main de maître sa police contre l’ennemi intérieur : « l’anti-Grèce », les « immigrés voleurs du travail des Grecs », les ouvriers engagés dans une riposte internationaliste « qui parlent de classes sociales au lieu de voir l’intérêt supérieur du pays », les chômeurs récemment qualifiés de « parasites » par un ministre (durant un copieux banquet), les révolutionnaires « ennemis de la démocratie » dont on prépare déjà les cellules en prison, le code pénal étant en cours de modification pour les punir plus sévèrement et réduire leur liberté d’expression.

Une dérive fasciste des démocraties libérales

Ce qui se passe en Grèce n’est rien d’autre que l’une des nombreuses formes de la dérive fasciste des démocraties libérales dans le monde. Car il n’est nul besoin que l’extrême-droite labellisée arrive au pouvoir : ses idées sont déjà là en grande partie, en Grèce comme en France, et cela se vérifie dans le traitement toujours plus violent dont font l’objet les opposants politiques, ainsi que les pauvres et les migrants. Passer à la tolérance zéro contre tous les squats de Grèce, au moyen d’une évacuation générale à grand renfort de communication, est une démonstration de force pour nous dissuader de résister et nous pousser à la résignation, entre colère et désespoir. Durcir la loi pour les utilisateurs de cocktails Molotov (de 5 à 10 ans de prison ferme) et classer parmi les organisations terroristes un collectif qui n’a causé que des dégâts matériels pour enrayer la violence dramatique des choix politiques du pouvoir (modification de l’article 187A du code pénal qui vise principalement Rouvikonas), c’est tenter également de faire taire toute rébellion.

Et ça continue ! Ces jours-ci, un nouveau projet de loi vise à limiter le droit de manifester et à interdire plus facilement les rassemblements (modification du décret législatif 794/1971 sur les réunions publiques, annoncé par Mitsotakis au dernier congrès de son parti, au prétexte d’empêcher les manifestations qui bloquent souvent le centre-ville d’Athènes). Pendant ce temps, les migrants sont déplacés des camps de Lesbos et Samos vers des îles désertes, loin des regards. Cela ne nous dit rien de bon non plus : il y a 50 ans, c’est sur l’île déserte de Makronissos, à l’ouest de mer Égée, tout près de l’Attique, qu’étaient concentrés les opposants politiques durant la dictature des Colonels, dans des conditions de vie déplorables provoquant fréquemment des morts.

Le vent de la révolte se lève

Mais alors, pourquoi le pouvoir devient-il de plus en plus autoritaire, en Grèce comme ailleurs ? Parce qu’en premier lieu, le capitalisme lui aussi ne cesse de se durcir : il creuse toujours plus les inégalités et saccage le bien commun au point d’anéantir la vie, jour après jour, mois après mois, provoquant en toute logique de nombreuses réactions d’un bout à l’autre du monde, même si elles sont très diverses. De Santiago du Chili à Hong-Kong et de Beyrouth à Djakarta, le vent de la révolte se lève, la colère gronde et des opprimés se soulèvent. À Athènes comme à Paris, le pouvoir s’en inquiète et renforce son arsenal contre sa propre population (LBD en France, voltigeurs en Grèce, recrutement et primes pour les policiers partout, arsenal juridique renforcé…). En dépit des apparences qu’il veut se donner, le pouvoir a peur, très peur. Tant le pouvoir politique que le pouvoir économique qui le détermine grâce à sa possession des moyens de fabriquer l’opinion. Le pouvoir est inquiet pour ses propres intérêts et sa position dominante dans une société fondée sur des chimères et un monde qui commence déjà à donner des signes d’effondrement. À l’allure où va le capitalisme, le temps de la vie sur Terre est compté. Il est donc logique qu’il en soit de même pour ses dirigeants. Des dirigeants qui tentent par tous les moyens de garder le cap vers le néant. Des dirigeants qui veut profiter jusqu’au bout de leur position et de leurs avantages, feignant de changer, multipliant les promesses, mettant en scène l’illusion de grandes décisions, repeignant en vert les usines opaques et le commerce insatiable, tout en ajoutant quelques mots de plus à la langue de bois.

Prendre nos vies en mains

En réalité, dans les temps à venir, le pouvoir sera d’autant plus violent que le monde se décomposera dans cette voie sans issue. Les guerres du pétrole, du gaz, du lithium ont déjà commencé sous nos yeux, dans un jeu morbide de chaises musicales, pour se partager les dernières parts d’un gâteau empoisonné. Seul un double changement, de système politique et de système économique, pourra stopper cela. Sortir du capitalisme et de la société autoritaire va de pair, puisque l’exploitation est directement la conséquence de la domination, sans laquelle il n’y a pas d’exploitation possible. D’un bout à l’autre du monde, dans l’ultime danse des fantômes sur les écrans, tels les ombres du mythe de la caverne, beaucoup d’esclaves modernes ont bien compris que le seul objectif désormais est de prendre nos vies en mains. Non plus seulement pour choisir nos vies, mais aussi pour les sauver. La trajectoire mortifère du capitalisme est indissociable de celle du pouvoir qui l’organise. Un pouvoir qui vise actuellement le contrôle total de nos vies, non seulement pour maximiser ses profits, mais aussi pour surveiller tout ce qui peut menacer son édifice.

« Parler de révolution, c’est faire l’apologie du terrorisme »

En Grèce comme en France, le mot « sécurité » est sur toutes les lèvres. Le gouvernement a baptisé son opération « Loi et ordre » contre toutes les formes de résistance et tous les lieux qu’elles occupent. Jour après jour, morceau par morceau, la parole révolutionnaire va devenir hors-la-loi et la seule expression acceptable reviendra à passer sous les fourches caudines du filtre parlementaire. « Vous voulez changer la société ? Vous n’avez qu’à voter, un point c’est tout » a répondu l’un des ministres concernés, aussitôt soutenu par deux journalistes aux ordres qui buvaient ses paroles en prime-time. « Parler de révolution [sociale], c’est faire l’apologie de la violence, l’apologie du terrorisme. En démocratie, il y a des moyens à la disposition de tous pour faire évoluer la société. Il faut les utiliser ou bien se taire ! » La démocratie représentative se présente comme le seul horizon possible, au cœur du spectacle médiatique façonné à coup de millions d’euros sous le contrôle de la classe dominante. Une classe frappée par des scandales à répétition. Une classe dont l’un des porte-parole, Christos Staikouras, ministre des finances de Mitsotakis, a osé déclarer que « vivre avec 500 euros par mois en Grèce, c’est faire partie de la classe moyenne » (jeudi 27 novembre à la tribune du parlement, durant la présentation du budget 2020).

Si le gouvernement grec s’est braqué aussi brutalement le 20 novembre dernier, en posant son ultimatum contre tous les squats du pays, c’est également parce que la mobilisation commence à l’inquiéter et qu’il veut « en finir au plus vite ». Une mobilisation sous diverses formes, dans un contexte mondial agité. Non seulement la manifestation du 17 novembre (date anniversaire de l’insurrection contre la dictature des Colonels en 1973) a été la plus nombreuse de ces dernières années, mais d’autres types d’actions montent actuellement en puissance et c’est précisément ce que veut endiguer le pouvoir. Parmi celles-ci, il y a évidemment le cas de Rouvikonas, l’un des principaux sujets évoqués par l’entourage de Mitsotakis.

La démocratie représentative se présente comme le seul horizon possible, au cœur du spectacle médiatique façonné à coup de millions d’euros sous le contrôle de la classe dominante.

Rouvikonas se renforce

Les 2 et 3 novembre dernier, lors de ses « deux journées d’ouverture » au théâtre autogéré Embros (centre d’Athènes), le groupe Rouvikonas s’est considérablement renforcé. Non seulement, en quantité, c’est-à-dire en nombre de membres, mais aussi et surtout dans le secret des appartenances rendant encore plus difficile la tâche des services de renseignements de surveiller et d’anticiper les actions menées par le groupe presque quotidiennement. La conséquence a été immédiate. Dès le 17 novembre, pendant les rassemblements et manifestations, Rouvikonas a battu tous les records en frappant à 5 endroits de la capitale simultanément. Deux de ces attaques visaient des firmes s’appropriant le bien commun (alors que le gouvernement accélère la privatisation du gaz et de l’électricité), deux autres visaient des patrons maltraitant leurs ouvriers (une mairie et une usine en banlieue d’Athènes, où les accidents de travail se multiplient) et la cinquième attaque visait le domicile du ministre de l’économie en personne. Tout ça dans la même journée. La réaction du premier ministre n’a pas tardé, fulminant et vengeur, mais sans rien annoncer jusque-là.

Tsipras énerve Mitsotakis

Pour ne rien arranger, Tsipras, désormais dans l’opposition parlementaire et visiblement candidat à la succession de Mitsotakis, en a profité pour se moquer du gouvernement, suite aux 5 actions de Rouvikonas le 17 novembre. C’est précisément le 19 novembre, sur la chaîne Open News, rapidement relayée par d’autres, qu’il a évoqué Mitsotakis en ces termes : « Tiens donc ? Rouvikonas existe encore ? N’avait-il pas dit qu’en moins d’une semaine après les élections tous les membres de Rouvikonas seraient tous en prison ? N’avait-il pas annoncé qu’il les arrêterait ? » Ce tacle médiatique a aussitôt circulé, même parmi ceux qui ne veulent plus entendre parler de Tsipras, tant le ridicule était grand pour Mitsotakis.

Dès le lendemain, mercredi 20 novembre, la nouvelle tombait : le gouvernement Mitsotakis annonçait un ultimatum contre tous les squats de Grèce et non plus seulement ceux d’Exarcheia et l’un de ses porte-parole promettait que le K*Vox, base du groupe Rouvikonas, serait parmi les premiers lieux évacués.

Squats toujours !

Côté squats, la réaction a été immédiate. Partout en Grèce les mobilisations se sont multipliées. En Crète par exemple, pendant qu’Evaggelismo(1), le plus grand squat d’Heraklion, menait plusieurs actions dans la préfecture, un autre squat historique basé à Chania sous le nom de Rosa Nera occupait, avec des banderoles, le plateau de la principale chaîne de télévision de l’île, le 21 novembre à l’heure du JT. Dans le nord de la Grèce également, les actions n’ont pas manqué, de Thessalonique à Alexandroupoli (à la frontière de la Turquie).

À Exarcheia, les 16 squats qui subsistent (après une douzaine d’évacuations) n’ont pas du tout stoppé leurs activités, bien au contraire : projections de films (Notara 26), concerts (K*Vox), rencontres-débats, animations pour les enfants (Lelas Karagianni 37, l’un des plus vieux squats d’Exarcheia ouvert en 1988), formation aux premiers secours en cas d’attaque chimique (ce soir, par la structure autogérée de santé d’Exarcheia), ainsi que des rassemblements et d’autres initiatives qui ne peuvent pas s’écrire ici. Non, les squats ne se laissent pas impressionner par la promesse du pouvoir de les anéantir dans quelques jours. Ils cultivent aussi leur mémoire. À Notara 26 par exemple, les résidents et solidaires sont en train de consigner leurs souvenirs. Si vous comprenez l’anglais, je vous conseille cette lecture(2)(3).

D’où viennent les squats d’Exarcheia ?

Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut également savoir qu’en Grèce, malgré l’importance du réseau de squats en proportion du nombre d’habitants, il n’existe pas de cadre législatif qui garantisse les droits d’occupation, contrairement aux principaux pays d’Europe occidentale. Depuis l’ouverture du premier squat dans le pays, déjà à Exarcheia, (en octobre 1981 au numéro 42 de la rue Valtetsiou), les squatters n’ont jamais accepté de négocier avec les institutions. Pourquoi ? Parce que leur but premier n’était pas de trouver un logement, mais de trouver un moyen de rompre avec le pouvoir : l’État, le Capital, la société de consommation, sans oublier le poids des traditions réactionnaires qui pesaient beaucoup dans la Grèce des années 80-90 (patriarcat, homophobie, cléricalisme…). La multiplication des squats en Grèce n’a vraiment commencé qu’à l’automne 1985, en parallèle d’un mouvement social qui s’intensifiait. L’Anarchisme était en plein essor. Le parti socialiste grec (PASOK) ne cessait de trahir ses promesses, au pouvoir depuis 4 ans. Le KKE pâtissait des révélations sur les conditions de vie à l’Est, puis de la chute du mur de Berlin. L’époque était à l’autonomie, à la quête de liberté individuelle et sociale, au projet d’une société anti-autoritaire remettant totalement en question la démocratie parlementaire (qu’on surnomme en Grèce « démocratie anglaise »). Le rock puis le punk accompagnaient ce mouvement, sans pour autant rompre avec le rébétiko. Nicolas Asimos, Dimitris Poulikakos(4) et Katerina Gogou figuraient parmi les noms des poètes et chanteurs de ces années-là, au berceau d’Exarcheia en tant que quartier rebelle, créatif et solidaire. Un quartier « anartiste », depuis lors partagé entre l’envie de se laisser vivre et la volonté farouche de lutter.

Exarcheia, futur Montmartre d’Athènes ?

Lundi soir, une manifestation du Front social d’Exarcheia, composante la plus modérée du mouvement, s’est rendue devant la mairie d’Athènes qui était en pleine réunion du conseil municipal. Accueillis par des dizaines de policiers anti-émeutes, les manifestants n’ont pas obtenu la possibilité de transmettre les motifs de leur désaccord. Le maire d’Athènes, neveu du premier ministre, a refusé de les recevoir et a demandé des renforts à la police. Principal slogan du Front social : « Exarcheia est à ses résidents et aux mouvements sociaux, pas aux flics, aux mafias de la drogue ni aux investisseurs immobiliers. » Le but actuel du pouvoir est de gentrifier le quartier, chose qui a commencé, et de le transformer en quartier chic et bobo. Une sorte de « Montmartre à Athènes » aurait dit le nouveau maire de la capitale, comparant la colline de Strefi (point culminant d’Exarcheia) à la butte rouge de Paris. Et après ? Une église orthodoxe sera-t-elle bâtie au sommet de la colline d’Exarcheia pour expier les pêchés des révolutionnaires du quartier ?

Hier matin, Démosthène Pakos, l’un des représentants du syndicat des policiers, a annoncé que « Exarcheia sera complètement détruit si les MAT (CRS) sont enfin autorisés à faire ce qu’ils ont à faire ». Visiblement, il est très impatient. Pourtant, depuis des semaines, les violences sont déjà quotidiennes dans le quartier quadrillé par les postes de surveillance en kaki et bleu marine : harcèlement, insultes, menaces, coups et même scènes de torture, comme ce fut le cas pour un camarade de Rouvikonas prénommé Lambros, trainé puis dénudé dans la rue Bouboulinas il y a deux semaines. Malgré les photos et preuves de ce qui s’est passé, Lambros a finalement décidé de ne pas porter plainte contre les policiers : « D’une part, je n’attends rien de la justice bourgeoise à laquelle je ne veux pas faire appel et, d’autre part, les premiers responsables ne sont pas les flics qui m’ont frappé, mais le pouvoir qui les dresse à nous attaquer ainsi que la classe dominante qui nous maintient dans cette situation. Ceux sont eux mes premiers ennemis, pas les brutes minables qui travaillent pour eux. »

Une période très difficile

En ce mois de décembre périlleux, le groupe Rouvikonas va, en plus, devoir faire face à beaucoup de procès. Ce jeudi : procès d’un membre pour une action dans les bureaux d’un député du parti de droite au pouvoir. Mardi 10 décembre : procès de 10 membres à Nauplie pour une action sur un péage. Mercredi 11 décembre : procès de 8 membres à Syros pour une action à Tinos suite à la mort de deux ouvriers dans des conditions de travail horribles. Mercredi 18 décembre : procès de plusieurs dizaines de membres à Athènes pour une occupation de l’ambassade d’Espagne en solidarité avec les victimes de la répression en Catalogne. Dans les semaines à venir, les peines de prison et les amendes risquent de pleuvoir. On attend avec inquiétude mais détermination les verdicts. De plus, le groupe a annoncé une riposte magistrale et rapide en cas d’évacuation du K*Vox, parlant de « casus belli » (déclaration de guerre). Un peu partout en Grèce, d’autres groupes ont également l’intention d’agir en représailles des évacuations annoncées. Ça risque de chauffer et pas à cause du feu dans la cheminée. Ce 25 décembre, le Père Noël sera probablement rouge et noir avec des cadeaux par milliers.

Parmi les collectifs solidaires qui squattent dans le quartier, la structure autogérée de santé d’Exarcheia (ADYE) n’est pas décidée à mettre la clé sous la porte, mais à continuer jusqu’au bout à soigner les personnes gratuitement, quelle que soit leur couleur de peau. Qu’importe le matériel et les stocks de médicaments qui seront saisis par la police : « ce sera une honte pour le pouvoir, s’il ose aller jusque-là ». Une fois encore, l’État ne veut pas que nous prenions nos affaires en main dans l’autogestion, excepté quand il s’agit des intérêts de grosses firmes qui profitent, par exemple, de la privatisation de la santé. Mais dans ce cas, ce n’est ni gratuit ni autogéré, et c’est pire encore pour les plus précaires. Pour en savoir plus sur la structure autogérée de santé d’Exarcheia, un camarade venu des États-Unis a créé une petite bande-dessinée pour la présenter (5).

La mémoire des murs

Ces derniers jours, les services de la voirie d’Athènes, escortés par des policiers, essaient par tous les moyens d’effacer la mémoire d’Exarcheia : ses nombreux tags et graffitis sur des kilomètres de murs. C’est une chose terrible pour nous, avec Maud, qui consignons cette mémoire du quartier depuis 11 ans(6). Au centre de la place, la bataille de la statue fait rage : la mairie ne cesse de la faire nettoyer et les militants de la taguer à nouveau (parfois avec des menaces contre le maire lui-même), au point de la peindre entièrement de rouge sang (pour symboliser les violences policières dans le quartier). Même le marbre a été changé plusieurs fois, en vain : les révoltés d’Exarcheia ne veulent pas du blanc impeccable, traditionnel et froid façon Parthénon, mais de la vie, de la couleur, du feu, de la rage.

Surveillance made in France

Autre échec, cette fois de la police : l’un des deux drones qui surveillent les rues et les terrasses au-dessus du quartier vient de connaitre un accident malencontreux ce matin . Depuis, les réseaux sociaux s’en donnent à cœur joie, avec des comparaisons plus drôles les unes que les autres pour se moquer de l’équipement et des compétences de la police grecque.

Idem pour un véhicule banalisé qui a été repéré avec une caméra qui filmait en cachette l’un des lieux militants du quartier : elle a déguerpi très vite, avec l’appui d’une escorte casquée venue aussitôt la rejoindre, au moment décisif. Des micros ont également été retrouvé chez un camarade, ainsi que du matériel de repérage par GPS (GPS tracker) caché dans plusieurs véhicules de militants du quartier pour les suivre à la trace, mais tout de même trouvés, y compris sur des motos.

Les téléphones chauffent en ce moment. Les ordis dysfonctionnent. Les batteries se déchargent très vite. La surveillance made in France a bien été livrée.

Solidarité internationale

Alors que la lutte s’étend partout dans le monde, la solidarité n’est pas un vain mot. On parle d’Exarcheia sur les banderoles de Santiago du Chili et de Hong Kong, et inversement. Une manifestation avait lieu récemment pour soutenir nos camarades chiliens. Plusieurs actions ont eu lieu, depuis un an, pour soutenir les luttes en France depuis la Grèce, notamment à l’initiative de Rouvikonas (ambassade de France, consulat de France…).

Dans le même temps, les actions de solidarité avec Exarcheia continuent dans l’hexagone. Aujourd’hui, mes camarades grecs et migrants ont été touchés par l’annonce d’une nouvelle initiative à l’ambassade de Grèce à Paris(7). L’une des banderoles était en français et l’autre en grec. Elles disaient l’une et l’autre : « Le gouvernement fasciste grec construit des camps fermés pour les réfugiés, torture les activistes et expulse les squats. Solidarité sans frontières et boycott du tourisme en Grèce ! » Il est vrai que l’économie grecque repose beaucoup sur le tourisme. La menace du boycott en 2020 sera-t-elle suffisante pour que les dirigeants économiques et politiques grecs retiennent leurs coups ? En tout cas, nous sommes très émus de ces encouragements à « tenir bon » qui nous arrivent de partout. Et réciproquement, mes camarades vous souhaitent le meilleur pour ce 5 décembre et les jours prochains, puisque l’enjeu est de poursuivre et d’amplifier la mobilisation.

De passage en France

Pour ma part, après 8 mois presque continus en Grèce, je viens de rentrer en France pour quelques jours, avant de repartir. Je suis en pleine préparation du prochain film, notre quatrième, qui aura pour titre : « Nous n’avons pas peur des ruines ! » Si vous voulez en savoir plus et, éventuellement, nous aider à le produire, c’est ici :
http://lamouretlarevolution.net/spip.php?rubrique15
Un nouveau point sur le financement du film sera bientôt publié. La dernière fois, nous étions à 22% du budget nécessaire. Actuellement, nous sommes à un tiers environ.

Ma présence dans l’hexagone, avant de repartir, me donne l’occasion d’apporter directement des nouvelles de Grèce et de discuter avec vous lors de projections-débats de L’Amour et la Révolution (nouvelle version). Il y en aura deux dans les prochains jours : le 12 décembre à Aurillac dans le Cantal (centre Hélitas à 19h30), puis le 18 décembre à Martigues, près de Marseille (on vous réserve une grande surprise !).

Pendant ma brève absence, plusieurs camarades du dernier convoi se relaient à Exarcheia. C’est une véritable rotation des solidaires ! L’un d’entre eux vient de quitter Paris avec une valise en plus : remplie de lait infantile pour les bébés qui n’en n’avaient plus au Notara 26, suite à une collecte « éclair » dans Paname. De l’argent a également été transmis aux collectifs les plus en difficultés, suite à des actions, concerts et projections, d’Albi à Bruxelles et de Nantes à Strasbourg. Preuve, une fois de plus, que nous sommes capables d’autres choses que cette société égoïste, triste et mortifère.

Cette révolte qui est en nous, c’est notre amour de la vie. Une vie ensemble autrement : libres et égaux. Une vie qui est à portée de la main si nous osons aller la chercher.

Courage à toutes et tous. Tenez bon.

Yannis Youlountas

(1) « Un squat, c’est… », une vidéo du collectif d’Evaggelismo relayé par Perseus999 :
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(2) Quelques souvenirs des résidents et solidaires du squat Notara 26 :
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(3) Sur le même sujet, rappel de la présentation du squat Notara 26 dans L’Amour et la Révolution (extrait) :
(4) Dimitris Poulikakos qui intervient (et chante aussi) dans le film Je lutte donc je suis
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(5) La petite BD qui présente la structure autogérée de santé d’Exarcheia : https://jppress.xyz/adye/
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(6) Cf. nos livres, avec Maud : « Paroles de murs athéniens » (Les Éditions Libertaires, 2011) et « Exarcheia la noire » (Les Éditions Libertaires, 2014), ainsi que notre base de données (des milliers de tags, graffitis et affiches) avec lesquels nous avons également fait plusieurs expos itinérantes et des diaporamas. Comme le disait une célèbre devise : « murs blancs, peuple muet. »
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(7) Dévoilé aujourd’hui sur le site Paris Luttes Info : https://paris-luttes.info/boycott-du-tourisme-en-grece-13017
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PS : vous êtes plusieurs à m’avoir demandé si certains textes et vidéos sur la situation en Grèce sont disponibles dans une autre langue pour les diffuser. Voici ce qu’on m’a transmis ces jours-ci :
ANGLAIS (article) Greece, A call to wake up! https://tinyurl.com/uv4l9z5
(article) Exarcheia, the repression of autonomy : https://tinyurl.com/wh6aerc
ALLEMAND (article) Exarcheia, die repression gegen autonomie : https://tinyurl.com/wszg3nu
ESPAGNOL (article) Grecia, ¡plomazo al movimiento social! https://tinyurl.com/wdbvn9v
(article) Grecia, sabor a sangre en la boca : https://tinyurl.com/ql2r5qb
PORTUGAIS (article) Grécia, Um gosto de sangue na boca https://tinyurl.com/qsa5hyv
(film) L’Amour et la Révolution en portugais, Amor e Revolução : https://tinyurl.com/wl4tn45
TURC (film) L’Amour et la Révolution en turc, Aşk ve Devrim : https://tinyurl.com/uznfblx
GREC (entretien) J’ajoute, si ça vous intéresse, un entretien en grec au sujet de la situation en France, pour la revue grecque Babylonia (mouvement antiautoritaire pour la démocratie directe) : https://tinyurl.com/vxeurxg (première partie) suivi de https://tinyurl.com/wwj7xws ((deuxième partie) et, à l’inverse, un entretien en français sur la situation en Grèce, pour Le Monde Libertaire : https://tinyurl.com/utfdzlo
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Rapport sur les refoulements d’Evros et les centres de détention

Rapport sur les refoulements d’Evros( I) et sur la création des centres de détention sur les îles grecques (II)

(I)  [Migreurop] Rapport « ILLEGAL PUSHBACKSIN EVROS »  Illegal+Evros+pushbacks+Report_Mobile+Info+Team_final(1)

Un petit résumé ici:  traduit par Natalie Barsacqrapport du « Mobile Info team » (novembre 2019)

« Mobile Info Team a publié un nouveau rapport sur les refoulements de la Grèce vers la Turquie dans la région d’Evros. Mobile Info Team recueille des données depuis août 2018 et a rassemblé 27 témoignages de personnes ayant vécu cette pratique illégale.

La procédure, dans tous les cas, est similaire. Tout d’abord, l’arrestation et la capture par la police grecque à l’intérieur du territoire grec, puis la détention et la confiscation des biens personnels, suivies de transferts coordonnés aux autorités et enfin, l’expulsion collective de l’autre côté du fleuve Evros dans de petits bateaux.

Les pratiques violentes de la police grecque sont extrêmement préoccupantes. Les procédures légales établies stipulent que la police grecque doit rencontrer les demandeurs d’asile sur le territoire grec, les escorter jusqu’aux postes de police, prendre leurs données personnelles et enregistrer leurs demandes d’asile. Les actions signalées vont cependant de transferts complices à des groupes de  » commandos  » non identifiés, en passant par des actes de violence et des vols.

Nombre de ces témoignages sont profondément troublants, alors même que tous les refoulements sont illégaux, qu’un individu ou un groupe soit soumis à la violence ou non. Souvent, les gens ont rapporté des privations de nourriture et d’eau, des vols de biens, des détentions dans des espaces sales et exigus, des coups violents non provoqués et même des chocs électriques. »

II. Sur la création des centres de détention

Traduit et envoyé par Natalie Barsacq

Suite au nouveau projet de la Grèce de créer des centres de détention sur les îles, Eva Cossé, chercheuse grecque à Human Rights Watch répond :

« L’engagement du gouvernement de transférer rapidement des milliers de personnes hors des conditions inhumaines et surpeuplées des îles est juste, mais enfermer tout le monde ne l’est pas… La Grèce devrait assurer des conditions adéquates dans des installations d’accueil ouvertes sur les îles et un processus équitable et efficace de transfert régulier pour éviter une surpopulation chaotique et dangereuse ».

https://medium.com/are-you-syrious/ays-daily-digest-27-11-19-evros-pushbacks-report-human-rights-abuses-at-greece-turkey-border-dec9c89045fe

Afin de renchérir avec des statistiques, Aegean Boat Report ajoute :

« Le gouvernement grec a annoncé le 22 octobre qu’il transférerait 20.000 personnes sur le continent d’ici la fin de cette année. Depuis lors, ils ont transféré 5600 personnes. Au cours de la même période, 10600 personnes sont arrivées sur les îles, ce qui a augmenté la population de 5000 personnes. Si les arrivées et les transferts se poursuivent à ce rythme, près de 45 000 personnes seront piégées sur les îles d’ici la fin de l’année.

Depuis que le nouveau gouvernement a pris le pouvoir en juillet, la population des îles a augmenté de 22200 personnes, passant de 17200 à 39400.

L’hiver dernier, la situation sur les îles était critique, avec une population totale de 15 000 personnes. Cet hiver, il y aura plus de 40000 personnes sur les îles, vivant dans des conditions encore pires. Je crains que le temps à venir, alors que l’Europe construit des murs encore plus hauts, de nombreuses vies seront perdues sur les îles grecques de la mer Égée. »

Par ailleurs, au moins 5 bateaux sont arrivés sur les îles de la mer Égée mardi (26/11/) avec 178 personnes, selon Aegean Boat Report :

Bateaux 1, 2 et 3→ Lesvos ; 38 personnes, 41 personnes et 20 personnes.

Bateau 4 → Chios ; 39 personnes (13 enfants, 8 femmes et 18 hommes)

Bateau 5 → Samos ; 40 personnes

De plus :

Une femme de 35 ans est morte d’une urgence médicale en Moria tard lundi soir. Une autre tragédie pour un camp dont la population a déjà dû faire face au pire des milliers de fois.

Enfin, le 21 novembre, la Cour européenne des droits de l’homme a arrêté l’expulsion d’un Afghan de Lesvos vers la Turquie. Le tribunal craignait sérieusement que l’homme ne soit soumis à un traitement inhumain ou dégradant en Turquie s’il était renvoyé. La Cour examinera plus avant le manque de considération du gouvernement grec pour l’article 3 et le Centre juridique de Lesvos espère que cette intervention servira d’avertissement au gouvernement grec, qui rejette de plus en plus de demandes d’asile.

Plus d’informations ici : https://dm-aegean.bordermonitoring.eu/2019/11/25/legal-centre-lesvos-press-release-deportation-of-legal-centre-lesvos-client-halted-by-intervention-of-the-european-court-of-human-rights/?fbclid=IwAR3P8cAPcn7NwaU8iAotC5iOgoBhEPzh6IHEr5kaspDN8IuXNz9H5k6t8pQ

France : Même choc qu’en Grèce sans passer par une demande de la troïka

“Le traitement de choc administré à la France par Macron rappelle celui infligé à la Grèce” par Georges Nurdin

Plusieurs années après la potion amère infligée par la Troïka à la Grèce, le pays va mal. Or, un traitement similaire est administré à la France, dénonce notre chroniqueur Georges Nurdin, économiste, consultant international essayiste et écrivain.

A la Grecque. Cela évoque de nombreuses combinaisons : les champignons, les yaourts, et bien d’autres choses encore, mais aussi – plus récemment – l’économie. C’est cette dernière perspective qui nous intéresse car, en effet il existe de plus en plus de ressemblances entre le “traitement de choc” administré à la Grèce suite à la crise de 2008 (crise, rappelons-le, qu’elle n’a pas provoquée mais qui lui a été infligée de l’extérieur) et celui qui est en train d’être appliqué à la France du “Nouveau Monde”.

En quoi a consisté la “cure grecque” qui a été administré au pays, de force par Docteur Europe et Professeur FMI, et Maestro Banque Centrale : la fameuse Troïka (le vocable utilisé évoque la nostalgie des temps soviétiques, celui du gosplan et soviet suprême, un comble pour l’Europe… si démocratique) ? Cela tient en six points : sabrer dans les pensions et les retraites de tous – la pénurie universelle -, sabrer dans les indemnités de chômage et dans les minima sociaux, sabrer dans les dépenses dites “sociales” – y compris la santé et l’éducation -, “flexibiliser” le travail (c’est à dire en éliminant quasiment toute protection du salarié et en généralisant les contrats précaires), réduire drastiquement la fonction publique et le service public… et vendre les bijoux de famille (privatiser les infrastructures appartenant à L’Etat, tels que les aéroports, les ports, les trains, etc…). Cela ne vous rappelle rien ?…

Et comment va la Grèce depuis ? Car la thérapie “à la grecque” a servi de laboratoire, de test in vivo à une thérapie “progressiste” de choc en Europe. Chypre ayant quant à elle servi de laboratoire pour la confiscation des avoirs et des comptes courants des particuliers par les banques, toujours dans le cadre de l’UE… La question est intéressante, car on peut se faire une idée par simple homothétie de ce qui peut ou va se passer chez nous, suivant le principe que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Et bien, la Grèce ne va… pas bien… mais pas bien du tout. La pauvreté s’étend désormais à un tiers de la population, le taux de chômage des jeunes se situe à plus de 40 % et le coefficient de Gini est passé de 0,32 à 0,37 depuis 2008, ce qui veut dire que les pauvres sont devenus beaucoup plus pauvres et que les “premiers de cordées” sont devenus plus riches… : la “redistribution” via le fameux “ruissellement” n’a, bien entendu, pas fonctionné… ou plutôt si, mais en sens inverse. Les talents se sont expatriés, les classes moyennes sont exsangues, laminées, et surtout, sans perspectives, vides d’espoir et d’avenir. Et c’est peut-être cela le plus grave et le plus inquiétant.

Le PIB se situe à en retrait de 20% par rapport à son niveau de 2008 et d’après les économistes du Financial Times, qui ne sont pas réputés pour être des tendres, il ne le retrouvera (dans le scénario dit le plus favorable) qu’en… 2040. Et encore, peut-être, si tout va bien. En clair il faudra sacrifier, a minima, deux générations sur l’autel du dogme monétaire, l’actuelle et la suivante pour espérer revenir, peut-être, dans le meilleur des cas, au point de départ.

C’est donc, avec la cure à la grecque, une certaine vision du “progrès” qui est … en marche… Mais cela a-t-il un sens de l’appliquer, avec brutalité en plus, à un pays comme la France ? La réponse est clairement : non ! La situation ne le justifie pas, les fondamentaux économiques, financiers, sociaux et sociétaux non plus. Alors pourquoi l’appliquer ?

D’ abord parce qu’il faut rentrer, de toute urgence, donc de force et avec violence, dans les “critères” de Bruxelles et de Maastricht. C’est qu’on ne transige jamais avec l’idéologie et le dogme. Car l’Économique, enfin, une interprétation très limitée, extrêmement régressive, dépassée et punitive de l’Économie, domine le “projet” européen actuel. Ensuite l’Hubris, cette pulsion d’orgueil et de démesure qui fait que l’on se prend pour Dieu, Zeus, ou… Jupiter, si bien décrite et honnie par les Grecs Anciens, est un facteur sinon déclenchant du moins aggravant. Terriblement aggravant dans les circonstances actuelles… L’ Hubris n’est pas le courage et encore moins l’audace. C’est en fait tout son contraire.

Mais, il faut reconnaître que, malgré leurs protestations et leurs souffrances, les violences faites aux Grecs et aux Chypriotes sont “passées”, et – inutile de le préciser – avec la “bénédiction” de Bruxelles. Et, bien sûr, cela est de nature à faire tâche… d’huile. Quant à savoir si cette huile sera mise dans les engrenages ou sur le feu… Réponse dans les prochains mois.

Georges Nurdin, économiste, consultant international essayiste et écrivain (Les multinational émergentes, International Corporate Governance, Le temps des turbulences, Wanamatcha !).

Source https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-traitement-de-choc-administre-a-la-france-par-macron-rappelle-celui-inflige-a-la-grece-1356298?fbclid=IwAR3yoUx5y6Ih-T7J6_1dn-ScK_ccYH0YZGlOjO-TRpQHex-tw2AUNgwBOdY

Au sujet du film Adults in the room

Nous avons décidé de rassembler dans cet article quelques textes en réaction à ce film (I) mais aussi rappeler que dans la période février 2015 jusqu’à la signature du mémorandum de juillet 2015 il y avait bien des arguments pour refuser le dictat de l’Europe et proposer d’autres alternatives (II)

I. LES RÉACTIONS AU FILM

22/11/2019 Un article d’Eric Toussaint Force et limite du film « Adults in the Room » de Costa-Gavras  .

Dans son dernier film, le réalisateur s’emploie à dénoncer le comportement brutal des dirigeants politiques européens durant la crise grecque de 2015. Une démarche fort louable. Mais il est regrettable qu’il passe sous silence un certain nombre d’éléments marquants de cette période. http://www.cadtm.org/Force-et-limite-du-film-Adults-in-the-Room-de-Costa-Gavras

15/11/2019 Un article de Patrick Saurin  » Jeudi 7 novembre, la rédaction de Mediapart a organisé un live avec Varoufákis et Costa-Gavras, à l’occasion de la sortie du film du cinéaste grec, « Adults in the Room », inspiré du livre de Varoufákis. Les intervenants ont donné de la crise dette une vision grandement tronquée qui m’a amené à faire cette mise au point à partir d’éléments factuels. http://www.cadtm.org/Adults-out-of-the-Room

11/2019 L’entretien sur Médiapart https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/061119/dans-les-coulisses-de-la-crise-grecque-avec-varoufakis-et-costa-gavras

14/11/2019 Un article de Francis Wurtz « Voyage glaçant à l’intérieur de l’Eurogroupe Adults in the room dans l’humanité

14/11/2019 : Cinéma La tragédie grecque de Costa-Gavras Alternative Eco Film Adults sur Alter eco

14/11/2019 : https://npa2009.org/idees/culture/adults-room-de-costa-gravas

16/11/2019 https://www.legrandsoir.info/adults-in-the-room-un-film-engage-estimable-mais-boiteux.html

15/10/2019 Lettre ouverte de Zoé Konstantopulou (ex-présidente du parlement grec) au cinéaste Costa-Gavras en français https://blogs.mediapart.fr/patrick-saurin/blog/151019/lettre-ouverte-de-l-ex-presidente-du-parlement-grec-au-cineaste-costa-gavras en grec  https://www.freedomtv.gr/post.php?p=225

29/1/2019 Par Eric Toussaint Critique de la critique du livre Conversations entre Adultes’ de Yanis Varoufakis dont est tiré le film http://www.cadtm.org/Critique-de-la-critique-critique-du-livre-Conversations-entre-Adultes-de-Yanis

II. REFUSER LE DIKTAT DE L’EUROPE ET PROPOSER D’AUTRES ALTERNATIVES

04/2015 Par Cédric DURAND Economiste à Paris-XIII Razmig KEUCHEYAN Sociologue à Paris-IV et Stathis KOUVÉLAKIS Philosophe au King’s College de Londres sur la rupture avec l’Europe et la faiblesse du soutien à Syriza sur le continent européen  https://www.grece-austerite.ovh/150416-faire-cause-commune-avec-la-grece/

Depuis 5/2015 à 01/2018 Tous les articles en français de la Commission pour la vérité sur la dette grecque  http://www.cadtm.org/Commission-pour-la-verite-sur-la,2224

5/5/2015 Grèce: l’heure de la rupture, par Stathis Kouvelakis L’heure de la rupture

27/8/2015 https://www.humanite.fr/grece-stathis-kouvelakis-aucune-illusion-sur-le-carcan-de-leuro-582336

09/2015 Costas Lapavitsas économiste marxiste de l’Université de Londres, ex-membre de Syriza présente les côtés positifs d’une sortie de la zone euro et les principales étapes de la transition Lapavitsas et la sortie de la zone euro

De 2017 à 2019 : Les 9 articles d’Eric Toussaint avec la série : Le témoignage de Yanis Varoufakis : accablant pour lui-même https://www.grece-austerite.ovh/e-toussaint-au-sujet-de-y-varoufakis-9e-partie/

 07/2017 Par Zoé Konstantopoulou qui préface le livre d’Eric Toussaint et donne sa version de la période  https://www.grece-austerite.ovh/preface-au-livre-deric-toussaint-sur-la-dette-grecque-par-zoe-konstantopoulou/

18/10/2019 Témoignage d’Alexis Cuxier, suivi d’une analyse de ce qui s’est passé en Grèce en 2015 et mettre en discussion quelques-unes des propositions qui auraient permis d’éviter cette catastrophe politique et de mettre en œuvre une politique démocratique et au service des classes populaires https://www.grece-austerite.ovh/grece-2015-une-dystopie-politique/

 

France : la réforme des retraites toujours plus de précarité

Pour comprendre la réforme des retraites en 59 mn regarder la conférence  » les dangers de la réforme des retraites  » .

Le collectif « Alternative l’austérité » organisait une conférence-débat sur Les dangers de la réforme des retraites : avec Evelyne Dourille-Feer, docteure en économie mouvement Attac Paris.

Après avoir rappelé le système actuel elle présente les 8 bobards de la nouvelle réforme et les propositions d’Attac pour un maintien du régime par répartition le meilleur système d’Europe qui demande juste quelques améliorations.

<https://www.tvnetcitoyenne.com/news-details.php?page=content&type=videos&idcontent=6705>

Le gouvernement veut en finir avec Exarcheia

A Athènes, le gouvernement conservateur veut en finir avec le quartier anarchiste d’Exarcheia

 Par Elisa Perrigueur

Pour encourager l’essor touristique et immobilier de ce bastion anarchiste, le gouvernement de droite multiplie les opérations policières contre les squats. Un ultimatum a été fixé au 5 décembre pour l’évacuation de l’ensemble de ces lieux alternatifs. Mediapart a longuement rencontré les acteurs qui font l’âme d’Exarcheia.

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Athènes (Grèce), correspondance.– Ce 17 novembre, le centre-ville d’Athènes, d’ordinaire effervescent, est plongé dans un étrange silence. Il est vite troublé par l’hélicoptère qui survole les longs boulevards désertés. 5 000 policiers, dont de nombreux renforts anti-émeute, sont déployés. En ce dimanche férié, ils guettent la foule qui viendra commémorer le soulèvement étudiant de Polytechnique du 17 novembre 1973, réprimé dans le sang sous la dictature des colonels.

La manifestation annuelle rend hommage aux 24 morts, selon le bilan officiel, de cette journée noire et à la résistance sous la junte militaire, au pouvoir de 1967 à 1974. Redouté des autorités, le défilé a toujours fait office de test social pour les gouvernements de tous bords. Mais cette année, la célébration est aussi l’occasion de marquer la défiance envers le nouveau premier ministre de droite Kyriákos Mitsotákis, du parti Nouvelle Démocratie (ND), qui affiche sa volonté d’un « retour à la sécurité », à la « loi et l’ordre ».

En début d’après-midi, une première vague rouge et noir, les couleurs de l’anarchie, progresse bruyamment vers le Parlement grec. Suivie de cortèges formés d’étudiants, de communistes du parti KKE ou de la gauche Syriza emmenée par l’ancien chef du gouvernement Aléxis Tsípras. Près de 20 000 personnes marchent jusqu’à l’ambassade des États-Unis, accusés d’avoir été complices de la junte. Ils crient « Pain, éducation, liberté ! », slogan des étudiants d’alors. Adonis Davanelos, cheveux grisonnants, le chantait déjà il y a quarante-six ans. En 1973, il avait 19 ans. Étudiant, il avait passé trois nuits marquantes entre les murs de marbre de l’imposante école Polytechnique, aux côtés de 4 000 camarades.

Des policiers anti-émeute gardent l'ambassade américaine, le 17 novembre 2019. © Elisa Perrigueur Des policiers anti-émeute gardent l’ambassade américaine, le 17 novembre 2019. © Elisa Perrigueur

Inspiré par Mai-68, ils ont résisté « aux chars de l’armée et aux tirs de snipers depuis les terrasses », se souvient-il. Mais si Adonis Davanelos est là, ce n’est pas seulement pour le passé. Il s’inquiète de « la répression » ambiante, évoque les « signaux d’alerte » que constituent pour lui les récentes manœuvres du gouvernement Mitsotákis. Conformément au souhait de ce dernier, l’abolition de l’asile universitaire qui interdisait les interventions de police dans les facs a été votée cet été par le Parlement, majoritairement à droite. Le 11 novembre, les forces anti-émeute ont ainsi pu encercler des étudiants manifestant dans l’université d’économie à Athènes.

« Ce gouvernement dangereux réprime trop vite, dit Adonis. Il va comprendre qu’il existe bien une résistance de gauche, même si elle tarde à se réveiller, démoralisée après cinq ans de Syriza, qui a déçu les espoirs placés en elle », assène l’ancien étudiant. Et il s’inquiète surtout de l’offensive de Mitsotakis contre Exarcheia, qui fut un foyer d’opposition à la dictature.

Au cœur d’Athènes, à quelques kilomètres du Parlement, des irréductibles du cortège, capuche noire sur la tête et foulard masquant le visage, ont rejoint à la nuit tombée Polytechnique, la forteresse symbolique du quartier. Comme en 1973, les bâtiments sont cernés de forces de l’ordre. La situation n’a pas le temps de dégénérer. La police nasse en quelques minutes les derniers protestataires. Peu nombreux, beaucoup ont été découragés par le vote du durcissement des peines de prison pour violences urbaines. Exarcheia ne s’est pas embrasé, comme cela fut le cas les 17 novembre précédents.

Le quartier s’est forgé une image de bastion rebelle vers 1930 autour de ses universités, qui ont aimanté de multiples librairies, attiré artistes et intellectuels. Surtout, elle a gagné la réputation de fief « anar », épargné, contrairement au reste de la capitale, par le « grand capitalisme ». Diverses cellules anarchistes y ont élu domicile dans les années 1970 et ont pris de l’ampleur après 2000.

Il existe des milliers d'inscriptions sur les murs d'Exarcheia, offrant un caractère unique au quartier alternatif. © Elisa Perrigueur Il existe des milliers d’inscriptions sur les murs d’Exarcheia, offrant un caractère unique au quartier alternatif. © Elisa Perrigueur

Si certaines restent dans l’ombre, d’autres moins, comme l’initiative anarcho-syndicaliste Rocinante, le mouvement antiautoritaire du Nosotros ou la fédération anarchiste Rouvíkonas. Les banques et les agences immobilières ne tiennent pas longtemps, tout comme les grandes enseignes étrangères. Seules subsistent quelques chaînes commerciales grecques. Les espaces de solidarité et les cantines populaires règnent en maître. Comme les squats occupés par des anarchistes ou des réfugiés installés à partir de 2015.

Sur la célèbre place triangulaire, épicentre d’Exarcheia, les clients des bars voient s’agiter le quartier en fin de semaine, lorsque éclatent des heurts avec la police. Officiellement, et paradoxalement, Exarcheia a voté Nouvelle Démocratie. Mais une large partie de ces électeurs, en majorité des propriétaires, ne résident pas ici. Ce sont les locataires ancrés à gauche, étudiants, expatriés, migrants… qui composent son âme libertaire réputée « jusque dans les villages grecs », plastronne un habitant.

Exarcheia résonne et se lit. Inscriptions, graffitis, affiches…, les humeurs contestataires des différentes époques s’impriment sur ses façades néoclassiques :  « L’Otan, dehors », « Non à l’euro », « Rojava, résiste »… L’Histoire ne s’y efface jamais. Aujourd’hui, l’inscription « Acab » (« All cops are bastards », « tous les policiers sont des bâtards ») a recouvert les murs. Car le quartier a aussi ses martyrs. À plus de vingt années de distance, deux jeunes de 15 ans ont été tués par la police.

La plaque à la mémoire d'Alexandros Grigoropoulos, devenue lieu de mémoire, rue Messolongiou. © Elisa Perrigueur La plaque à la mémoire d’Alexandros Grigoropoulos, devenue lieu de mémoire, rue Messolongiou. © Elisa Perrigueur

En 1985, Michalis Kaltezas manifestait. En 2008, Alexandros Grigoropoulos faisait face aux policiers anti-émeute avec un groupe d’amis. Tous deux ont reçu une balle des forces de l’ordre. Alors, depuis, celles-ci cernaient toujours Exarcheia mais ne s’y attardaient pas.

Mais Kyriákos Mitsotákis les a remises dans les rues dès son arrivée au pouvoir en juillet. Le premier ministre a annoncé vouloir « nettoyer » ce lieu. La plupart des politiciens le désignent comme « avaton anomias » – une zone de non-droit, sans règles, sorte de « no go zone ». Une formule alarmiste, selon leurs détracteurs. « La fin du statut d’anomie [absence de loi – ndlr] est une demande de tous les Grecs. Les habitants d’Exarcheia vivent une situation hors de contrôle. On savait que des gangs avaient des armes mais maintenant ils désarment les forces de l’ordre », martelait-il, en avril 2019, faisant référence à deux agents désarmés lors d’un raid antidrogue. Kyriákos Mitsotákis peut compter sur l’aide son propre neveu, Costas Bakoyannis, élu maire d’Athènes en juin. Ensemble, ils ciblent les mouvances anarchistes.

 

« On laisse pourrir la situation pour légitimer l’intervention »

Yannis Youlountas est membre de l’assemblée du K-Vox, centre social autogéré sur la place Exarcheia et base de Rouvikonas. « Le groupe était déjà réprimé sous Syriza et la droite a fait du durcissement de cette répression l’un de ses objectifs. Mais Rouvikonas s’est renforcé en novembre, ce qui lui permet de mener plus d’actions, dit-il. Le 17, il en a mené cinq à Athènes avec des tracts, des jets de peinture et à coups de marteau contre des firmes participant à la privatisation du bien commun, pour la défense des travailleurs et contre le racisme d’État. »

Un manifestant à Athènes, le 10 décembre 2008, s'insurge après la mort d'Alexandros Grigoropoulos à Exarcheia (inspiration : photo de Dimitar Dilkoff). © Elisa Perrigueur Un manifestant à Athènes, le 10 décembre 2008, s’insurge après la mort d’Alexandros Grigoropoulos à Exarcheia (inspiration : photo de Dimitar Dilkoff). © Elisa Perrigueur

À quelques mètres du centre K-Vox se dresse le bâtiment classique au drapeau rouge et noir des antiautoritaires du Nosotros. Pour son fondateur Nondas Skiftoulis, 61 ans, « ce n’est pas la première fois que la police est déployée ici, et le pouvoir ne touchera pas aux squats anarchistes. Michális Chryssohoïdis, le ministre de la protection civile [de l’intérieur… un ancien socialiste qui a eu à quatre reprises ce portefeuille – ndlr] connaît très bien les faiblesses et les capacités de ceux qui sont ici ». Contactés par Mediapart à plusieurs reprises, les représentants du gouvernement n’ont pas souhaité s’exprimer.

Dans le bar à l’ambiance tamisée du Steki Metanaston, un espace social venant en aide aux immigrés depuis 1997, Yannis Almpanis, 44 ans, un de ses membres actifs, constate que « faute de s’en prendre aux squats anarchistes, cette droite s’en prend aux immigrés ». Ces trois derniers mois, il y a eu une douzaine d’évacuations policières très médiatisées de squats abritant des réfugiés. La police grecque a adressé le 20 novembre un ultimatum aux squats résistants, leur donnant quinze jours, jusqu’au 5 décembre, pour évacuer.

Une porte de l'école Polytechnique, au cœur d'Exarcheia. © Elisa Perrigueur Une porte de l’école Polytechnique, au cœur d’Exarcheia. © Elisa Perrigueur

Pour l’heure, les évictions des réfugiés n’ont pas été suivies de gros rassemblements de protestation. « La répression est grande et ces squats-là n’étaient pas très politiques, ce qui provoque encore peu de réactions », explique Yannis. Selon lui, la crise économique explique la démobilisation : « Le sort d’Exarcheia est lié à l’évolution de la société grecque. Il y a beaucoup plus d’individualisme, d’exclusion, on y voit désormais des agressions, des vols. »

Le fléau du quartier est surtout son trafic de drogue, en augmentation. Sur la place arborée, de jeunes vendeurs écoulent, sans être inquiétés, la marchandise de jour comme de nuit. Sous l’œil de la police et des touristes.

Phedra* travaille comme serveuse dans l’un des cafés qui bordent la place. « Exarcheia, ce n’était pas ça, regrette-t-elle. C’était un espace politique et maintenant le trafic prend toute la place. Ce sont des anciens groupes mafieux qui se font la guerre. Mais cela a vraiment progressé ces dernières années. Ils recrutent des sans-papiers pour vendre de la cocaïne, de l’herbe… Ils les utilisent car ils sont vulnérables. » Quelques arrestations ont eu lieu, mais sans grand résultat. Dans une interview au quotidien conservateur de centre-droit I Kathimerini, le 13 octobre, le ministre de l’intérieur, M. Chryssohoïdis, défend son action : « La police a attaqué les trafiquants de drogue, vidé les squats, la place est nettoyée. Le message est clair : Exarcheia sera un quartier normal pour ses habitants et visiteurs. »

Pour Phedra, seules « quelques petites mains sont arrêtées ». Révoltée par « ce spectacle misérable et triste – une police inactive et des touristes qui regardent les jeunes dealers assis en terrasse comme au zoo », elle songe à démissionner. Elle s’énerve aussi contre le « cannibalisme social », une expression qui rend compte de la gangrène affectant le quartier, la division idéologique des mouvements, car, selon Phedra, « ici, les groupes anarchistes sont divisés ».

Pour redorer l’image de ce quartier alternatif, « plusieurs assemblées d’habitants excédés veulent lutter contre ce cannibalisme social et la drogue », rapporte Dina Daskalopoulou, journaliste à I Efimerida ton syntagton, quotidien indépendant de gauche. « Mais personne ne voit la police comme solution. Les résidents disent que le pouvoir encourage le trafic, ajoute-t-elle. C’est une stratégie, on pointe la criminalité, on crée un ennemi interne mais on laisse pourrir la situation pour légitimer l’intervention. » Pour la journaliste, cela vise à « encourager la gentrification et le tourisme ».

Exarcheia fascine en effet les visiteurs. Rue Messolongiou, des touristes étrangers photographient avec leur smartphone la plaque dédiée à l’adolescent Alexandros Grigoropoulos. Le quartier est dépassé par son mythe, d’après Vassos Georgas, mèche grise et tee-shirt noir à l’inscription « Bibliotheque », sa librairie, qui donne sur le square d’Exarcheia. « Après cet assassinat, ce mythe du quartier [sans police, libre et sans aucune règle – ndlr] s’est davantage répandu et a donné lieu à deux phénomènes, soupire-t-il, les hooligans qui venaient de l’étranger en disant que c’était un pays détruit, on fait ce qu’on veut, il n’y avait plus rien à perdre. Puis, il y a eu la frénésie de l’achat d’immobilier. »

Vassos a ouvert sa librairie il y a quatre ans pour « revenir à une époque ancienne, lorsqu’il y avait des débats, des discussions, mais je ressens une profonde solitude. Exarcheia est devenu normal, touristique ». Selon lui, le nouvel ennemi « capitaliste » s’appelle Airbnb. Comme à Barcelone ou Lisbonne, la plateforme a transformé le quartier de manière fulgurante et insidieuse.

Les tags anti-airbnb ont fait leur apparition ces derniers mois dans les rues d'Exarcheia. © Elisa Perrigueur Les tags anti-airbnb ont fait leur apparition ces derniers mois dans les rues d’Exarcheia. © Elisa Perrigueur

Sur les devantures foisonnent les inscriptions anti-Airbnb. « Beaucoup de gens se sont endettés avec la crise, ils ont vendu aux investisseurs étrangers qui proposaient des prix exceptionnels pour avoir des visas dorés [visa renouvelable en échange de 250 000 euros d’investissement immobilier – ndlr]. On est au Monopoly, il n’y a plus de règles », dit Tonia Katerini, une architecte qui vit depuis quarante ans à Exarcheia. Les Grecs qui n’en ont pas les moyens sont exclus. Très bas au plus fort de la crise, les prix ont flambé de 35 % depuis 2016.

Pour Petros Kondoyiannis, associé de Vassos Georgas à la librairie, ces phénomènes encouragent la « dépolitisation » d’Exarcheia chère aux autorités. « Elle avait commencé il y a plusieurs décennies avec le déménagement des campus, éloignant les lieux de pensée, les lieux culturels… Airbnb, qui vide le quartier de ses habitants, c’est le coup final », estime le Grec de 44 ans.

Le 6 décembre, comme chaque année, le quartier commémorera la mort d’Alexandros Grigoropoulos. Les autorités appréhendent ce rassemblement traditionnellement houleux, où Exarcheia exprime toute sa colère. « Ils ont voulu nous enterrer, mais ils ont oublié que nous sommes des graines », dit Petros Kondoyiannis, citant un proverbe mexicain. Pour lui, la lutte n’est pas terminée.

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Jeudi 21 novembre à la Maison des associations de Grenoble le collectif en partenariat avec SOS MEDITERRANEE proposait la projection du film  » 10 jours en mer , la véritable histoire de l’Aquarius  » support au débat.

La présence de deux membres de l’association , Syphax ( délégué régional mobilisation territoriale ) et Laurence (chargée de communication sur le bateau ou à terre) a permis de faire un point d’actualité depuis l’arrêt des sauvetages suite à l’immobilisation de l’Aquarius et la reprise avec le nouveau bateau Océan Viking . Le public a pu échanger sur toutes des questions techniques liées au sauvetage lui même mais ce qui les interpellaient le plus étaient d’ordre politique.

A l’issue du débat le public a pu apporter son soutien financier à l’association. Si vous n’avez pas pu assister à cette soirée vous pouvez toujours le faire sur le site de SOS MEDITERRANEE   https://don.sosmediterranee.org


215 rescapés secourus par l’Ocean Viking en trois jours

Nicholas Romaniuk, coordinateur des opérations à bord de l’Ocean Viking, navire de sauvetage affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF) :

« Hier, l’Ocean Viking a secouru 90 personnes. Le sauvetage s’est déroulé dans les eaux internationales, à 82 milles nautiques (152 km) des côtes libyennes.

Nous avons cherché ce bateau sans arrêt pendant près de 24 heures, ce qui a été très éprouvant pour les équipes à bord de l’Ocean Viking. Alarm Phone a signalé l’embarcation en détresse mercredi aux autorités libyennes en mettant l’Ocean Viking en copie.

Heureusement, nous avons pu repérer l’embarcation pneumatique à l’aide de jumelles depuis la passerelle du navire. Les survivants nous ont indiqué que le bateau avait quitté Khoms, en Libye, mardi soir. Il avait fait route vers l’est et se dirigeait vers le milieu de la Méditerranée. Quasiment toutes les personnes à bord de cette embarcation auraient péri si l’Ocean Viking n’avait pas été dans la zone ou s’il n’avait pas été en capacité de les secourir.

D’après mon expérience, la situation actuelle en Méditerranée centrale est pire qu’elle ne l’a jamais été ces dernières années. Il n’y a pas de coordination dans la région. Il semble y avoir un mépris total pour les personnes fuyant la Libye par bateau et qui risquent ainsi de perdre la vie. C’est extrêmement frustrant et très dangereux pour les personnes elles-mêmes. Ces deux derniers jours, il a été reporté sur les réseaux sociaux qu’une embarcation aurait fait naufrage et que de nombreuses personnes auraient péri. L’Ocean Viking a effectué trois opérations de sauvetage et mis en sécurité 215 personnes au cours des trois derniers jours : une embarcation pneumatique mardi, une embarcation en fibre de verre mercredi et une autre embarcation pneumatique hier. Nous avons dû travailler d’arrache-pied et parcourir de grandes distances pour réussir à les secourir.

L’Ocean Viking se dirige actuellement vers le nord. Il a demandé aux centres de coordination de sauvetage en mer (MRCC) italiens et maltais d’assigner un lieu sûr pour y débarquer les 215 survivants, après que les autorités libyennes aient attribué Tripoli comme “lieu sûr”. Nous avons dû répondre que nous ne pouvions pas y aller, puisqu’aucun port en Libye n’est actuellement considéré comme un « lieu sûr » selon le droit international. »

Photos: Avra Fialas / SOS MEDITERRANEE

Source http://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/decl-22-11-2019

 

CR Réunion collectif du 13 novembre 19

Réunion du collectif « Citoyens de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe »
du 13/11/2019

Présents : Christine, Georges, Max

Excusées : Béatrice, Liliane, Lucienne

Film Leoforio :
Diffusé le 22 octobre 2019 au cinéma Le Club à Grenoble en présence d’une des 2 réalisatrices : Shu Aiello.
45 personnes dans la salle.
Très bon film et excellent débat avec Shu.

Commande groupée des produits VIOME :
21 commandes ont été passées pour 1 115 euros, 245 kg.
La commande groupée est partie dimanche 10/11 et nous attendons la livraison qui se fera (ainsi que la distribution) comme l’an dernier chez François. Un avis sera envoyé pour la récupération des produits à chaque participant dès qu’on aura confirmation de la livraison.

– prévoir la date de préparation des commande,

– apporter des cartons ou sacs,

–  prévoir un créneau horaire de 17h à 19h.

Soirée SOS MEDITERRANEE du 21 novembre 2019 :
2 personnes de l’association seront présentes (le délégué régional et une personne ayant navigué sur l’Océan Viking). L’avance des frais de transports sera faite le soir même par Attac 38 dans l’attente de la finalisation du budget par la coordination du festival. Le collectif prend en charge le buffet ( relancer l’équipe). L’hébergement militant par SOS MEDITERRANEE.

Prochaine réunion : pas fixée probablement en janvier ou février 2020.

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