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2eme rencontres euro méditerranéenne à Thessalonique « L’économie des travailleurs »

Pour rappel, la seconde rencontre Euro-méditerranéenne de «  l’économie des travailleurs » se déroulera dans l’usine Viome à Thessalonique du 28 au 30 octobre 2016.

Le programme : http://euromedworkerseconomy.net/fr/program/

en français programme-2eme-rencontre-euromeditarrenne

Une délégation française d’une quinzaine de membres y participera, principalement des membres de l’association pour l’autogestion, de Solidaires, de la CGT, de la Fabrique du Sud, etc…

Un Compte rendu sera publié sur le site de l’association Autogestion http://alterautogestion.blogspot.fr/

Grèce. 36 députés européens plaident pour un allègement de la dette

Publié sur l’Humanité

Trente-six députés européens socialistes, verts et de gauche, dont 13 Français, ont plaidé en faveur d’un allègement rapide de la dette grecque dans une lettre ouverte au commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

« De toute urgence, la Grèce doit sortir du cercle vicieux de la récession et de la déflation » où elle est engluée depuis six ans, souligne ce texte. Les signataires sont des députés au Parlement européens de dix pays de l’UE. « Tout retard supplémentaire en ce qui concerne l’ouverture de discussions concrètes et concluantes sur l’allégement de la dette pourrait avoir des résultats dévastateurs sur l’économie grecque », mettent-ils en garde.

Invoquant un « consensus parmi les économistes reconnus au sujet du caractère non soutenable de la dette grecque », ils rappellent que ce dossier est au centre d’une dispute entre les deux bailleurs de fond du pays surendetté, le FMI qui appelle à un allègement rapide et important et la zone euro qui traîne les pieds sous pression allemande.

« L’incertitude qui résulte de ces différends entrave la reprise grecque », jugent-ils, appelant à la mise au point, d’ici fin 2016, « d’une feuille de route claire pour l’allégement de la dette grecque », qui caracole à près de 180% du PIB.

A l’issue de la dernière réunion le 10 octobre des ministres européens des Finances, Pierre Moscovici avait souligné qu’il espérait obtenir, « d’ici la fin de l’année, un accord global » sur la marche du redressement financier grec qui permettra d’« aborder la question de la dette ». Mais le geste substantiel réclamé par la Grèce en échange de ses efforts pour se conformer aux demandes de ses créanciers pour plus d’austérité et de libéralisation de l’économie se heurte à l’intransigeance de l’Allemagne, qui renvoie un règlement de fond après les élections qu’elle organisera fin 2017.

« Monsieur le Commissaire,

Suite au débat sur la « Déclaration de la Commission – Situation macroéconomique en Grèce, les réformes structurelles et leur incidence, et perspectives de futures négociations dans le cadre du programme », qui a eu lieu le mardi 4 octobre à la plénière du Parlement européen, nous souhaitons en tant que députés européens attirer votre attention sur l’importance de l’allégement de la dette ainsi que sur la nécessité de mesures concrètes qui pourront soutenir le développement économique, social et environnemental de la Grèce.

De toute urgence, la Grèce doit sortir du cercle vicieux de la récession et de la déflation, et aller de l’avant grâce à des politiques qui soutiendront les investissements publics et privés ainsi que la création d’emplois de haute qualité. La responsabilité de ce changement revient à la fois au gouvernement grec et aux institutions. Il existe aujourd’hui un consensus parmi les économistes reconnus au sujet du caractère non soutenable de la dette grecque. Au sein même des institutions, différents points de vue existent quant à la manière de trouver une solution durable à la crise. Comme vous le savez, le FMI a une analyse différente de celle présentée par les institutions européennes à ce sujet. L’incertitude qui résulte de ces différends entrave la reprise grecque.

Tout retard supplémentaire en ce qui concerne l’ouverture de discussions concrètes et concluantes sur l’allégement de la dette pourrait avoir des résultats dévastateurs sur l’économie grecque, contrecarrer la légère diminution des niveaux de chômage et de pauvreté et retarder toute amélioration de la situation sociale et économique pour la période à venir.

Le 23 Septembre dernier, le FMI a déclaré qu’un nouvel allégement de la dette sur la base « d’hypothèses réalistes quant à la capacité de la Grèce à générer des excédents durables et de la croissance à long terme » sera nécessaire pour atteindre une situation macroéconomique durable. L’allégement de la dette est sans aucun doute une étape cruciale de l’effort pour mettre fin à la crise grecque. Les discussions sur l’allégement de la dette, dans le cadre de l’accord, doivent donc être ouvertes le plus rapidement possible, afin d’être achevées d’ici la fin de l’année. Celles-ci doivent aboutir à une feuille de route claire pour l’allégement de la dette grecque. Il s’agit d’une condition préalable à la nécessaire relance économique et sociale mais aussi à la limitation des besoins financiers de l’économie grecque qui permettra de créer un espace fiscal pour inciter les investissements publics et privés.

Nous, députés européens, croyons fermement que la Grèce a besoin d’un environnement macroéconomique stable. Par conséquent, elle a besoin de tourner la page des politiques d’austérité dogmatiques, en créant les conditions de sortie du Programme, qui devrait être le dernier. En cette période cruciale, il est nécessaire que la Grèce fasse le meilleur usage possible des fonds structurels qui, comme pour tous les autres pays en crise, doivent être considérablement augmentés, car il est de sa responsabilité de protéger les franges les plus vulnérables de sa population.

Dans le cadre des futures négociations avec le gouvernement de la République hellénique, nous vous exhortons à prendre en considération ces demandes formulées tant dans l’intérêt de la société grecque que des institutions européennes.

Nous serions heureux de pouvoir échanger plus longuement avec vous à ce sujet.

Cordialement,

Jean-Paul Denanot, FR (GUE/NGL),  Virginie Rozières, FR (S&D), Edouard Martin, FR (S&D), Bart Staes, BE (Greens/EFA), Tania Penas Gonzalez, SP (GUE/NGL), Josep Maria Terricabras, SP (Greens/EFA), Dimitrios Papadimoulis, GR (GUE/NGL), Fabio De Masi, DE (GUE/NGL), Eva Joly, FR (Greens/EFA), Guillaume Balas, FR (S&D), Sergio Cofferati, IT (S&D), Ernest Urtasun, SP (Greens/EFA), Curzio Maltese, IT (GUE/NGL), Emmanuel Maurel, FR (S&D), Georgi Pirinski, BG (S&D), Eric Andrieu, FR (S&D), Christine Revault d’Allonnes Bonnefoy, FR (S&D), Marisa Matias, PT (GUE/NGL), Patrick Le Hyaric, FR (GUE/NGL), Stelios Kouloglou, GR (GUE/NGL), Eleonora Forenza, IT (GUE/NGL), Monika Vana, AT (Greens), Louis-Joseph Manscour, FR (S&D), Isabelle Thomas, FR (S&D), Barbara Spinelli, IT (GUE/NGL), Kostas Chrysogonos, GRE, (GUE/NGL), Younous Omarjee, ES, (GUE/NGL), Elly Schlein, IT, (GUE/NGL), Joachin Schuster GER, (S&D), Michele Rivasi, FR, (Greens), Konstandinka Kuneva, GRE, (GUE/NGL), Ana Gomes, POR, (S&D), Martina Anderson, IRL, (GUE/NGL), Matt Carthy, IRL, (GUE/NGL), Liadh Ni Riada, IRL, (GUE/NGL), Lynn Boylan, IRL, (GUE/NGL). »

article original http://www.humanite.fr/grece-36-deputes-europeens-plaident-pour-un-allegement-de-la-dette-617933

Grèce : Berlin remporte une victoire décisive sur le dossier de la dette

Par Romaric Godin La tribune

 Le FMI pourrait rester en dehors du programme grec, ce qui enterre sa demande d’une restructuration d’envergure de la dette hellénique. Un succès pour Wolfgang Schäuble et une défaite au pire moment pour Alexis Tsipras.

La restructuration de la dette hellénique (176 % du PIB dont 70 % détenus par la zone euro) est, semble-t-il, renvoyée aux… calendes grecques. Certes, les discussions sur l’entrée dans le troisième programme d’aide à la Grèce (signé en août 2015) du Fonds Monétaire International (FMI) ne sont pas encore terminées officiellement. Et une décision devrait être prise par l’institution de Washington en décembre. Mais il paraît désormais évident que le gouvernement allemand est resté ferme sur sa position de rejet de toute restructuration de la dette grecque.

Le ministre fédéral allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a fait son choix. Après avoir tenté d’obtenir la participation financière du FMI au programme grec signé en août 2015 et l’absence de coupes dans le stock de dette grecque , il a finalement renoncé à son premier vœu pour se concentrer sur le second. Aussi le FMI devrait-il ne rester que comme « conseiller » dans le cadre de la troïka, si l’on en croit une information publiée dimanche 9 octobre par Reuters (et officiellement démentie par le FMI). Une situation qui, in fine, convient le mieux du monde à la Wilhelmstrasse, siège du ministère fédéral des Finances allemand.

Des concessions « gérables » pour le gouvernement allemand

Certes, la facture sera plus élevée pour les contribuables allemands et européens puisque c’est le Mécanisme européen de Stabilité (MES) qui devra assumer le versement complet du programme. Mais c’est un moindre mal pour Wolfgang Schäuble dans la mesure où il ne s’agit que d’une garantie donnée au MES. Ce dernier se contentera, grâce à ladite garantie, dans un premier temps, de lever de l’argent sur les marchés pour le reverser à Athènes. Le gouvernement grec utilisera ensuite largement cet argent pour rembourser le FMI (sur les prêts versés dans le cadre des programmes précédents), la BCE et… le MES. Bref, c’est un circuit quasi fermé que Wolfgang Schäuble pourra prétendre indolore. Du reste, comme la recapitalisation des banques grecques a coûté moins cher que prévu, le MES devra sans doute verser moins que les 86 milliards d’euros prévus, ce qui compensera la non-participation financière du FMI.

La fin de la discussion sur la dette grecque

Moyennant cette petite concession politiquement gérable, Wolfgang Schäuble obtient beaucoup. Le FMI sera officiellement exclu du champ des négociations sur la dette grecque. Certes, il restera créancier pour 13 milliards d’euros sur les 294,4 milliards d’euros de la dette grecque. Certes, il pourra toujours prétendre qu’il faut des coupes franches dans le stock de dette grecque pour le rendre « soutenable ». Mais, dans les faits, il n’aura plus de moyens de pression sur les principaux créanciers, les pays de la zone euro. Ceci clôt, de facto, toute possibilité d’une réduction du stock de dette pour la Grèce puisque, sur ce point, le pouvoir réside dans l’Eurogroupe et que l’Eurogroupe est largement dominé par Wolfgang Schäuble. Il y aura sans doute quelques aménagements qui, in fine, ne régleront pas l’essentiel et ne seront que des éléments cosmétiques qui ne modifieront pas la nécessité pour la Grèce de dégager des excédents considérables.

Le FMI restera un gendarme utile

Mais, parallèlement, comme le souligne la source officielle citée par Reuters, le FMI demeurera dans la « troïka » et sera plus qu’un « simple conseiller ». L’institution de Washington pourra donc jouer le rôle qu’elle a joué en juin 2015 : celui de l’agent de la fermeté contre la Grèce. En juin 2015, le FMI avait rejeté un projet d’accord avec les créanciers en insistant sur la coupe des retraites. Une position « logique » : en l’absence de réduction dans les dettes à rembourser, Athènes doit dégager des excédents primaires (hors service de la dette) considérables et donc pratiquer une forme d’austérité permanente. Le FMI « conseiller » de la troïka sera une instance technique. Quelles que soient ses idées sur la « soutenabilité » de la dette grecque, l’institution de Washington devra, dans les conditions qui se présentent, recommander des politiques basés sur la fiction de sa « soutenabilité ». Autrement dit, Wolfgang Schäuble conserve seulement ce qu’il pense être le « bon » FMI, celui qui promeut l’austérité et les « réformes » en Grèce.

Préoccupations électoralistes à Berlin

Le succès est donc total pour le ministre allemand dans le contexte électoral allemand actuel. Avant des élections fédérales dans un an qui s’annoncent difficiles pour la CDU/CSU, il ne saurait être question d’accorder une restructuration de la dette grecque à Athènes. Ceci serait perçu comme un « cadeau à Athènes » par les partis qui grignotent l’électorat chrétien-démocrate : les Libéraux de la FDP et les Eurosceptiques de l’AfD.

Avec cette solution, Wolfgang Schäuble peut justifier l’adoption d’un nouveau « plan d’aide » moyennant une position ferme sur les « réformes » envers Athènes. Le message envoyé aux contribuables et épargnants allemands, si inquiets ces jours-ci est donc que « leur » argent est sous bonne garde. En passant, la Wilhelmstrasse maintient une dernière illusion : celle que la Grèce pourra rembourser sa dette avec les seules « réformes », ce qui flatte directement un électorat conservateur allemand qui est persuadé de la « magie des réformes ». Bref, le ministre des Finances pourra prétendre défendre parfaitement les intérêts allemands dans un sens allemand.

L’impasse de la stratégie Schäuble

Peu lui importe donc que, désormais, la nécessité d’une restructuration importante de la dette grecque apparaisse comme une évidence, non seulement par le FMI, mais par la plupart des économistes. Même le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, peu susceptible de sympathies « gauchistes » et en conflit ouvert avec le gouvernement grec, a réclamé une coupe « équivalente » à celle de 2012. En réalité, cette absence de restructuration va à l’encontre même des objectifs affichés par le programme.

Comment attirer des investissements bien valorisés lorsqu’un tel stock de dette laisse planer sur l’économie grecque la nécessité d’excédents primaires considérables jusqu’en 2054 ? Comment donner envie d’entrer dans un marché intérieur soumis à une si longue « ponction » qui, du reste, ne peut qu’augmenter ? En effet, si, par un hasard extraordinaire, la Grèce retrouve un accès au marché, comme c’est l’objectif de la troïka et du gouvernement grec, elle refinancera une partie de la dette due à des conditions d’intérêts bas aux Etats de la zone euro par une dette de marché qu’elle devra payer bien plus cher. Or, la dynamique des intérêts est la première source de croissance de la dette. Bref, c’est une spirale infernale qui assure à la Grèce une croissance faible, des ressources de privatisations dérisoires et le maintien d’une dette insoutenable. Au final, c’est bien l’assurance d’un défaut à moyen terme. Wolfgang Schäuble fait donc peser sur les générations futures de contribuables allemands sa stratégie politique à court terme.

Le gouvernement grec, grand perdant de l’accord FMI-Berlin

Pour finir, le choix de Berlin ne fait qu’un perdant : le gouvernement grec. Ce dernier, il est vrai, n’a guère brillé dans cette affaire. Alexis Tsipras a défendu longtemps une position assez contradictoire : chasser le FMI du programme pour ne pas subir ses exigences tout en réclamant une restructuration de la dette. Son calcul était que les partenaires européens, impressionnés par la volonté de réformes du gouvernement grec allaient lui accorder de meilleures conditions et une coupe dans la dette. Vains espoirs alors qu’Angela Merkel a entièrement laissé le dossier grec à Wolfgang Schäuble. Du coup, lorsque le débat entre le FMI et Berlin est entré dans le vif du sujet, Athènes s’est retrouvée désarmée et contrainte à rester passivement spectatrice. Désormais, Alexis Tsipras perd un argument de poids dans sa rhétorique : son « obéissance » envers la troïka devait donner à la Grèce une restructuration de la dette grecque. Ce ne sera pas le cas.

Des « efforts » pour rien…

Tout ce qui reste du programme de Syriza de janvier 2015 a donc désormais disparu. C’est une très mauvaise nouvelle pour le premier ministre grec qui, en fin de semaine, va devoir faire face à un très difficile congrès de son parti Syriza. Il est vrai que la justification de la politique du gouvernement, réalisé sous la dictée des créanciers est de plus en plus difficile. La Grèce dégage un excédent budgétaire primaire désormais considérable (3,3 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2016), un excédent obtenu par des rentrées fiscales record, mais ces « efforts » ne paient pas : les créanciers ne sont guère plus « compréhensibles » et ont réclamé en mai un système « d’ajustement automatique » des dépenses en cas de non-respect des  objectifs de 2018. Comment alors justifier auprès de Syriza et de l’opinion l’utilisation, comme jeudi dernier, de la force publique de façon assez violente contre les retraités qui manifestaient ?

Situation critique pour Alexis Tsipras

 Alexis Tsipras compte beaucoup sur la reprise économique annoncée l’an prochain. Mais outre que cette reprise demeure incertaine compte tenu des mesures d’austérité décidée pour l’an prochain, la situation sociale est si critique en Grèce que les effets politiques de cette reprise risquent de ne pas se faire sentir dans la population. Désormais, une grande partie de la population grecque ne croit plus en la politique, une autre considère qu’il est de meilleure politique de redonner le pouvoir aux « vrais amis » des créanciers, les Conservateurs de Nouvelle démocratie, désormais largement en tête dans les sondages. D’autant que Syriza, toujours engluée dans une attribution peu claire des licences de télévisions, s’est montrée incapable de renouveler la politique grecque. L’accord entre le FMI et Berlin sur le dos de la Grèce n’est donc qu’une mauvaise nouvelle de plus pour un premier ministre à qui la situation semble désormais totalement échapper.

Article original http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-berlin-remporte-une-victoire-decisive-sur-le-dossier-de-la-dette-606241.html

Des nouvelles de la caravane solidaire

Les caravanes solidaires du Nord pour les dispensaires autogérés grecs sont en route. Après avoir participé à la journée du 15/10 à Vénissieux elles vont se joindre à celles du sud et sont attendues en Grèce.

Vous pouvez suivre leurs rencontres et impressions au fur et à mesure du parcours sur le site de la coordination dans une rubrique intitulée  » carnet de voyage » . https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/category/carnet-de-voyage/

Suivez la Caravane Solidaire sur Mediapart ici : https://blogs.mediapart.fr/caravane-solidaire-2016

Vous pouvez suivre également les événements prévus par tous les collectifs pendant la quinzaine  https://solidariteaveclagrececollectifs.wordpress.com/calendrier-devenements/

L’accueil se prépare en Grèce .accueil-caravane-en-grece ( en français)

L’annonce sur un site grec https://www.efsyn.gr/arthro/karavani-tis-allileggyis ( en grec)

Grèce : expulsion d’une maison de soins

150 PERSONNES ÂGÉES À LA RUE…UNE HONTE !

La Maison de soins « Saint Georges » à Glyfada ( Banlieue d’Athènes) accueille des personnes âgées . La majorité d’entre elles sont handicapées et de nombreux patients sont atteints de la maladie d’Alzheimer.
Le responsable de la Maison n’ a pas payé à la société propriétaire le loyer de plus de trois mois, devant ainsi 194.000 euros. Le Tribunal a demandé l’expulsion le 4 juillet dernier. Personne n’en a été informé… Le 6 octobre le jugement est devenu exécutoire et le tribunal a envoyé les huissiers et la police pour procéder à l’expulsion des 150 personnes âgées résidentes ! Leurs familles ont du faire face à cette décision sans être ni informées ni préparées, devant trouver en urgence une solution de placement.
Les familles qui sont dans le désespoir parce qu’ils ne savent pas où se retourner appellent à une prolongation du séjour, jusqu’à ce qu’ils trouvent un endroit approprié pour l’ hospitalité.
Il est intéressant de noter, cependant, qu’un jour avant la fermeture , on a demandé aux parents de payer l’argent pour le séjour des patients dans la structure, ce qu’ils ont fait. Malgré leurs protestations il n’ y a pas eu de remboursement …

> Le journaliste qui a relaté ces faits note que ce n’est pas le 1er incident de ce type, d’autres Maison d’accueil pour personnes âgées ont fait faillite et ont procédé de la même façon…

9/10/16 d’un correspondant de Grèce.

Dépêche du dispensaire social D’ELLINIKO

Au désarroi  sans fin notre réponse c’est la Solidarité

Nous revenons sur la question de l’accès au Système National de Santé (ΕΣΥ) des patients non assurés, mais également des patients assurés, suite aux constats répétés que des patients sont exclus des prises en charge.

Examinons de manière exhaustive ce qui finalement s’applique aux personnes non assurés, aussi ce qui a récemment changé pour une partie des assurés sociaux(6), en Grèce.

Depuis 2014 (1) les personnes non assurées ont obtenu le droit d’accès aux soins primaires de santé, à l’exception des examens para cliniques, l’accès aussi aux médicaments, sans que soient pour autant éliminés les graves problèmes que nous avions exposés dans une publication (2)  plus ancienne (voir article en grec http://www.mkiellinikou.org/blog/2014/07/31/farmaka-2/). Le nouveau gouvernement a procédé à partir de 2015 à des changements partiels qui dans certains cas ont amélioré la situation, mais dans d’autres l’ont aggravée. Plus concrètement pour les personnes non assurées :

– Le droit d’accès aux examens para cliniques a été accordé, uniquement dans les structures publiques de soins. Mais on observe que les attentes pour avoir des rendez-vous sont longues, notamment dans les hôpitaux publics; alors plusieurs patients reviennent vers nous demander de l’aide. Nous faisons particulièrement référence à des cas urgents, nécessitant dans l’immédiat des examens tels l’IRM, la scintigraphie ou l’écho Doppler numérique, à des situations où l’attente d’un mois mettrait en péril la vie du patient.

– En ce qui concerne l’admission des patients dans les hôpitaux publics, nous constatons une amélioration substantielle ; depuis la nouvelle loi il n’y a que très peu de cas de patients auxquels on réclame – illégalement – de payer. Nous sommes toutefois inquiets que cette amélioration ne soit provisoire puisque les budgets des hôpitaux n’ont pas été augmentés pour faire face à l’afflux accru de patients. Il ne faut pas oublier que le Système National de Santé (ΕΣΥ) sera ainsi appelé à prendre en charge trois millions environ de bénéficiaires potentiels supplémentaires, non assurés. Cela serait-il possible avec des budgets amputés de 50% depuis 2009?

– En ce qui concerne les médicaments nous constatons les faits suivants :

  1. a) Pour la grande majorité des personnes non assurées il reste valable ce qu’il l’était depuis 2014, c’est-à-dire qu’elles doivent payer le même restant à charge que les assurés. Une nouvelle difficulté réside dans les faits qu’il y a toujours 25% de restant à charge du patient et que le remboursement par les caisses se fait sur la base d’un prix négocié conventionnel et non du prix du marché. Au moment où la société s’appauvrit en rythme accéléré, une encore plus grande partie de la population a du mal à se procurer les médicaments nécessaires.
  2. b) Au sujet des personnes assurées sous le régime de la « Providence » [NdT: accordé à une partie de personnes matériellement démunies] et d’une partie des personnes non assurées, triées selon des critères bien strictes de revenus et de patrimoine(3), il est aujourd’hui dit [par le gouvernement] qu’il y aurait un accès GRATUIT aux médicaments. Ceci NE CORRESPOND PAS À LA RÉALITÉ du fait que, même si le restant à charge du patient est de 0%, il existe une différence entre le prix conventionnel du médicament négocié par la caisse d’assurance et le prix du marché et que cette différence doit être payée par le patient, qu’il soit assuré ou pas. Nous constatons ici un problème majeur puisque les personnes sous le régime de la « Providence » qui pouvaient jusqu’ici se procurer leurs médicaments GRATUITEMENT des hôpitaux publics doivent aujourd’hui payer comptant la différence ci-dessus mentionnée entre le prix conventionnel et le prix du marché, différence s’élevant parfois à de dizaines d’euros. Mais une personne ne disposant pas de ces sommes est ainsi automatiquement exclue du traitement dont elle a besoin. Ce déni de soins est CRIMINEL ; cela doit IMMÉDIATEMENT changer.

-Un accès aux soins primaires de Santé avait été accordé dès 2014 à travers le Réseau National de Santé Publique (PEDY) (1) comme que nous l’avons plus haut mentionné. Malheureusement il y a un très gros manque de personnel (1) et, compte tenu que les personnes non assurées ont accès aux structures publiques uniquement, pas aux médecins libéraux conventionnés, on observe de longues files d’attentes pour certaines spécialités. Cette situation va s’aggraver à partir de 2017 à cause du départ probable de plusieurs médecins qui, en application d’un référé de justice (1), travaillent actuellement encore au PEDY. Rappelons-nous que plus de 50% des médecins ont quitté ces Centres en février 2014 suite à la « réforme » d’EOPYY et la mise en place du PEDY, que suite au référé judiciaire certains ont pu y retourner, mais pas encore pour longtemps. Par conséquent l’encadrement médical du PEDY va se détériorer.

-Les citoyens sans numéro AMKA(4) sont totalement exclus des soins et seuls les cas graves de patients peuvent être soignés dans les hôpitaux publics, déjà bien surchargés de travail. Sur ce point-là une solution dans l’immédiat doit être trouvée aussi.

-Nous sommes devenus aussi les destinataires du désarroi d’une catégorie particulièrement sensible de patients, les patients souffrant de maladie psychique qui, à cause du nouveau cadre légal pour la délivrance des médicaments, galèrent d’hôpital en hôpital et se retrouvent pendant des jours sans le traitement nécessaire, avec toutes les conséquences que cela entraîne. La situation réelle que nous décrivons dépasse tout entendement humain. Des personnes sans ressources avec des problèmes psychiatriques qui, d’après la nouvelle circulaire du Ministère continueront de se procurer leurs médicaments uniquement dans les hôpitaux publics – la nouvelle loi pérennise une exception pour les traitements neurologiques et psychiatriques qui ne pourront pas pas être obtenus en officine de ville(5) – se font trimbaler d’hôpital en hôpital sous des prétextes tels que « le tampon sur l’ordonnance est celui d’un autre hôpital ». Le résultat est que ces personnes n’ont de choix que de s’adresser aux dispensaires sociaux. Ils arrivent vers nous dans des états d’angoisse et de désarroi.

Nous réclamons donc que les problèmes énumérés ci-dessus soient immédiatement pris en charge. C’est une condition pour que nous puissions accorder au Ministère de la Santé le droit de prétendre qu’il y a accès libre et gratuit pour les personnes non assurées au Système National de Santé (ΕΣΥ).

Les éléments que nous citons indiquent dans tous les cas que la planification politique actuellement à l’œuvre en Grèce a pour objectif le transfert des coûts vers les patients et qu’elle prendrait davantage en compte les injonctions du mémorandum, que le respect des besoins et de la particularité de chaque patient. 

Malheureusement les raisons d’existence des dispensaires sociaux n’ont pas encore disparu et nous sommes appelés à revoir notre stratégie pour ne pas se transformer en béquille d’un système qui, en étant en voie d’effondrement est à la recherche d’alibis. Nous continuerons de lutter pour un accès libre, gratuit et sans entraves des personnes non assurées au Système National de Santé,  en accompagnant le plus possible de patients vers les structures publiques de Santé, en surveillant les évolutions en matière de politique sanitaire et sociale, en réclamant la mise à niveau des services publics. En parallèle nous réduirons autant que possible l’offre médicale dans notre dispensaire, tout en renforçant en contrepartie l’offre de médicaments à la partie de la population qui ne peut pas en payer les frais. Tout cela sera mis en œuvre en tenant compte des critères de revenu, dans un cadre d’esprit humaniste, et en poursuivant la lutte pour le respect et l’élargissement des droits des patients.

Dans un pays qui traverse la 6e année d’austérité, dans lequel les inégalités sociales se creusent, aucun d’entre nous ne doit  faire preuve de complaisance envers la réalité du système. La solidarité est l’arme la plus puissante dont nous disposons. C’est cette solidarité qui apportera le renversement tellement souhaité et nécessaire au pays. 

DISPENSAIRE SOCIAL METROPOLITAIN D’ELLINIKO

HORAIRES DE FONCTIONNEMENT

JEUDI-VENDREDI 10 :00-20 :00, VENDREDI 10 :00-19 :00, SAMEDI 10 :00-14 :00

TELEPHONE : +30 210 9631950

ADRESSE: ancienne base américaine, près du Centre Culturel d’Elliniko, à 200m de la Police Routière

Site web :  http://www.mkiellinikou.org

Traduction du texte original par Manolis Kosadinos

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme

Traduction d’un extrait du blog de Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique. Il a été également rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal, chroniqueur pour Business Week, Scripps Howard Nouvelles Service et Creators Syndicate, enseignant dans plusieurs universités et il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Après avoir utilisé avec succès l’UE pour conquérir le peuple grec en transformant l’ « aile gauche » du gouvernement grec en un pion des banques allemandes, l’Allemagne doit maintenant faire face au FMI qui l’empêche de piller la Grèce dans l’oubli général.

 Les règles du FMI empêchent l’organisation de prêter aux pays qui ne peuvent pas rembourser le prêt. Le FMI a conclu sur la base de faits et d’analyses que la Grèce ne peut pas rembourser. Par voie de conséquence, le FMI refuse de prêter à la Grèce l’argent destiné à rembourser des banques privées.

La position du FMI est que les créanciers de la Grèce, dont beaucoup ne sont pas des créanciers, mais ont tout simplement acheté de la dette grecque bon marché dans l’espoir de faire des profits, doivent effacer une partie de la dette grecque afin de réduire celle-ci à un montant compatible avec l’état de l’économie grecque.

 Les banques ne veulent pas que la Grèce soit en mesure de rembourser sa dette, parce qu’elles ont l’intention d’utiliser l’incapacité de la Grèce à rembourser pour dépouiller le pays de ses actifs et de ses ressources et pour démanteler le filet de sécurité sociale mis en place au cours du 20e siècle. Le néolibéralisme a l’intention de rétablir la féodalité : un petit nombre de seigneurs prédateurs et une multitude de serfs. Les 1% contre les 99%.

Le point de vue de l’Allemagne est que le FMI est censé prêter à la Grèce l’argent nécessaire au remboursement des banques privées allemandes. Ensuite le FMI se fera rembourser en forçant la Grèce à réduire ou supprimer les pensions de vieillesse, à réduire les services publics et l’emploi et à consacrer les recettes ainsi dégagées au remboursement de sa dette.

Étant donné que ces montants seront insuffisants, des mesures d’austérité supplémentaires sont imposées, obligeant la Grèce à vendre ses actifs nationaux – tels que les sociétés publiques d’eau, les ports et les îles grecques protégées – à des investisseurs étrangers, principalement aux banques elles-mêmes ou à leurs principaux clients.

Jusqu’à présent, les soi-disant «créanciers» ont seulement promis à une certaine forme d’allégement de la dette, pas encore décidée, d’ici deux ans. D’ici là, la fraction la plus jeune de la population grecque aura émigré et aura été remplacés par des immigrants fuyant les guerres menées par Washington au Moyen-Orient et en Afrique, ce qui fera exploser le système de protection sociale sous-financé de la Grèce.

En d’autres termes, la Grèce est en train d’être détruite par l’UE qu’elle a intégrée avec autant de confiance que d’imprudence. La même chose se passe au Portugal et est également en cours en Espagne et en Italie. Le même genre de pillage a déjà dévoré l’Irlande et la Lettonie (et un certain nombre de pays d’Amérique latine) et est en cours en Ukraine.

Les titres des journaux actuels stipulant qu’un accord avait été conclu entre le FMI et l’Allemagne sur la réduction de la dette grecque à un niveau supportable sont mensongers. Aucun «créancier» n’a encore accepté d’effacer un seul centime de la dette. Tout ce que le FMI a obtenu des soi-disant «créanciers» est une vague «promesse» de diminution de la dette d’un montant non précisé qui pourrait intervenir dans deux ans.

Les titres des journaux ne sont qu’un tissu d’âneries destiné à fournir un prétexte au FMI pour céder à la pression et violer ses propres règles. Il permet au FMI de dire qu’un effacement (futur et non précisé) de la dette permettra à la Grèce de s’acquitter du reste de sa dette et que, par conséquent, le FMI peut prêter de l’argent à la Grèce pour rembourser les banques privées.

 En d’autres termes, le FMI est devenu une autre institution occidentale sans loi dont la charte ne signifie rien de plus que la Constitution des États-Unis ou que la parole du gouvernement américain à Washington.

 Les médias persistent à appeler le pillage de la Grèce un «plan de sauvetage».

 Appeler «plan de sauvetage» le pillage d’un pays et de son peuple est proprement orwellien. Le lavage de cerveau est un tel succès que même les médias et les politiciens de la Grèce livrée au pillage appellent «plan de sauvetage» l’impérialisme financier auquel est soumis leur propre pays.

 Partout dans le monde occidental un grand nombre de mesures, prises à la fois au niveau des entreprises qu’au niveau du gouvernement, ont abouti à la stagnation de la croissance du revenu. Afin de continuer à afficher des bénéfices, les méga-banques et les multinationales se sont lancées dans le pillage. Les systèmes de sécurité sociale et les services publics – et aux États-Unis, même le système de sécurité des transports aériens – sont devenues des cibles pour la privatisation. Et l’endettement décrit si précisément par John Perkins dans son livre Les Confessions d’un assassin financier est mis en place pour préparer le pillage pays entiers.

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme. La dévastation en sera le résultat.

 Source : http://www.paulcraigroberts.org/2016/05/25/we-have-entered-the-looting-stage-of-capitalism-paul-craig-rober

Grèce : Résister, toujours !

En ce début d’automne, la situation continue d’empirer en Grèce, et on peut s’interroger sur des chiffres récents indiquant par exemple que la mortalité infantile est passée de 3,75 pour 1 000 en 2014 à 3,96 en 2015, ou que le nombre de morts et de départs à l’étranger dépasse celui des naissances et des arrivées en Grèce…

Ces chiffres à eux seuls justifieraient une rupture politique majeure, pour sortir de cette évolution catastrophique. Mais ce n’est pas la voie suivie par Tsipras et son gouvernement : il applique en élève consciencieux les ordres de la troïka qu’il avait acceptés en été 2015, et la phase actuelle, c’est celle des privatisations et de nouvelles attaques contre le droit du travail. Dans le collimateur, les compagnies nationales comme DEI (électricité) ou EYDAP (eau). Même si le ministre de l’Économie jure que l’eau ne sera pas privatisée, sa distribution à Salonique relève en partie du privé (d’autant plus intéressé que le dernier exercice y est fort bénéficiaire !) et des mobilisations ont commencé contre cette menace.

Mais de manière générale, le découragement que l’on notait avant les vacances n’est pas fini, face à un gouvernement dont beaucoup avaient cru les promesses de changement radical. Or, il suffit de voir la réforme des chaînes de télévision pour mesurer à quel point Syriza refuse tout changement du système : alors que la presse de droite est déchaînée (campagnes mensongères faisant passer Syriza pour le parti bolchevique !), le gouvernement, qui avait l’occasion de lancer une mobilisation pour des médias au service des intérêts de la population, s’est contenté de réduire le nombre de chaînes généralistes en les attribuant au plus offrant, c’est-à-dire aux plus efficaces des requins mafieux !

Nazis à l’offensive…

Aussi, dans ce climat, rien d’étonnant à ce que les nazis, stimulés par la libération de leurs chefs et par l’aide que leur apporte l’aile extrême du parti de droite, fassent leur réapparition dans les rues. Ainsi on voit aujourd’hui revenir des scènes de violence contre les immigréEs et les militantEs de gauche, comme avant l’arrivée de Syriza au pouvoir, cela sous l’œil bienveillant de flics qui viennent par exemple de garder 7 heures au poste, au centre d’Athènes, des enfants immigrés, sans les nourrir ou leur donner à boire, en les frappant et en les insultant !

C’est bien sûr sur le terrain de la question des réfugiéEs que les nazis essaient de se refaire une santé, impulsant des mouvements de prétendus « citoyens indignés » et les poussant à s’en prendre physiquement aux réfugiéEs. Et cela marche en partie, y compris sur des îles jusqu’ici solidaires comme Mytilène. Ils tentent aussi de retourner des mouvements solidaires, comme celui qui refuse de céder aux banques des maisons de familles endettées, en faisant adopter des revendications telle que « refus que les banques redonnent nos maisons pour y loger des réfugiés » (vu en Crète, une île pourtant antifasciste !).

Face à tout cela, il est donc indispensable que le mouvement populaire accentue ses mobilisations. Or, en cette rentrée, l’unité est peu au rendez-vous, comme on l’a vu lors de l’anniversaire du meurtre du rappeur Fyssas par les nazis : au moins six manifs différentes… Dans ce climat, il est donc très important de s’appuyer sur des victoires locales, comme cela vient de se passer à Salonique, avec une mobilisation populaire obtenant du tribunal qu’une famille menacée d’expulsion (père infirme…) garde son logement. Comme le dit le NAR (une des composantes d’Antarsya), cette petite victoire ouvre la voie : on lâche rien !

D’ Athènes, A. Sartzekis

article original https://npa2009.org/actualite/international/grece-resister-toujours

Grèce : le monde sans pitié de l’Eurogroupe

Par Romaric Godin publié le 11/10 La tribune

 L’Eurogroupe n’a versé qu’une partie de la tranche prévue à la Grèce. Un nouveau geste de défiance envers le gouvernement grec.

L’Eurogroupe n’est pas tendre avec le gouvernement grec. La délégation hellénique se rendait pourtant à Bruxelles lundi 10 octobre avec l’espoir de voir se débloquer les 2,8 milliards d’euros de la tranche du programme prévue pour cet automne. Alexis Tsipras, le premier ministre grec, avait réussi, non sans peine, à faire accepter les 15 « mesures préliminaires » exigées par les créanciers. Du reste, les 18 autres ministres des Finances en ont convenu et ont applaudi. Mais ils n’ont libéré que 1,1 milliard d’euros sur les 2,8 milliards prévus.

Payer ses dettes avec de la dette

Pourquoi ? Les 1,1 milliard d’euros sont destinés au service de la dette, notamment les 450 millions d’euros que la Grèce doit rembourser d’ici à la fin de l’année au FMI. C’est le fonctionnement habituel de « l’aide » à la Grèce, nom donné à cette cavalerie financière qui consiste à rembourser la dette grecque par de la dette accordée à la Grèce. C’est aussi ce qui est nécessaire à empêcher tout défaut de la Grèce. Cette somme pouvait (et devait pour la tranquillité de l’Eurogroupe lui-même) être libérée immédiatement.

La question des arriérés

Ce n’est pas le cas des 1,7 milliards d’euros restant. Cette somme a une autre destination : elle doit venir payer les arriérés de l’Etat vis-à-vis de ses fournisseurs. C’est un élément important pour l’économie grecque, parce que ces impayés de l’Etat mettent souvent en difficulté les entreprises helléniques. Rappelons que, hors service de la dette, l’Etat grec a dégagé entre janvier et juin près de 3 milliards d’euros d’excédent « primaire », mais que cet argent ne peut être utilisé pour solder ces arriérés et doit être consacré entièrement au paiement de la dette. Dans la logique du « programme », ces arriérés sont donc payées par de la dette nouvelle afin que la dette ancienne puisse être remboursée. Il ne s’agit donc pas réellement d’un « cadeau » fait aux Grecs.

Chicane administrative

Reste que l’Eurogroupe avait décidé en mai que pour débloquer cette partie de la tranche de crédit, il fallait que l’Etat grec ait préalablement entièrement utilisé la tranche précédente au solde d’une partie de ses arriérés. Techniquement, rien ne justifie cette méthode, c’était en réalité un geste de défiance de plus envers le gouvernement grec. L’idée était de s’assurer que les Grecs utilisent correctement ces sommes et de ne continuer à les verser qu’à cette condition. Il y avait là une véritable volonté d’infantilisation des Grecs qui allait de pair avec l’autre grande mesure décidée en juin : la baisse automatique des dépenses en cas de déviation de l’objectif d’excédent primaire en 2018.

On pouvait cependant se montrer plus souple dans l’exécution de cette méthode. Mais l’Eurogroupe a décidé ce lundi 10 octobre de montrer à Athènes qu’il n’entendait pas faire preuve d’une telle souplesse. L’Eurogroupe n’a pas disposé des informations lui permettant de s’assurer de l’utilisation complète des 1,8 milliard d’euros de juin pour le paiement des arriérés. Pourtant, le gouvernement grec assure qu’en septembre, il a versé 105 % des sommes fixées par l’Eurogroupe. Mais il n’a pas su apporter les éléments concrets de ce fait. L’Eurogroupe a donc suspendu le versement de la deuxième partie de la tranche. Le gouvernement grec espère désormais que cette tranche pourra être libérée le 24 octobre lors de la prochaine réunion du conseil d’administration du MES qui est un Eurogroupe élargi.

L’Eurogroupe insiste sur l’absence de confiance

Cette chicanerie administrative prouve que le gouvernement grec ne devra compter sur aucune « compréhension » de la part de l’Eurogroupe. L’intérêt du gouvernement et de l’économie grecque elle-même ne détermine jamais les décisions des 17 ministres des Finances qui agissent bien, plus que jamais, comme un simple syndicat de créanciers soucieux de faire sentir leur puissance à un débiteur qu’ils jugent responsable de ses déboires. L’absence de souplesse n’est pas simplement un fait administratif, car l’Eurogroupe a lui-même fixé ces règles et il peut donc montrer en théorie de la compréhension. C’est bien un message envoyé au gouvernement grec : la « confiance » n’est pas encore revenue. L’Eurogroupe ne croit pas le gouvernement grec sur parole. Or, cette « confiance » est précisément l’excuse avancée depuis l’été 2015 pour exiger toujours plus de concessions à Alexis Tsipras qui, nolens volens, doit s’y soumettre. Les ministres des Finances tiennent donc plus que jamais en surveillance étroite le gouvernement d’Alexis Tsipras.

Coup dur pour Alexis Tsipras

En tout cas ce « retard technique » est un nouveau « coup dur » pour le premier ministre grec, alors que l’espoir d’un allègement de la dette grecque semble s’éloigner compte tenu de l’impossibilité pour le FMI de faire plier Berlin sur ce sujet. Alexis Tsipras comptait sur le bouclage rapide de cette deuxième revue du programme pour avancer sur le sujet de la dette et pour pouvoir, en fin de semaine, aller à un congrès de Syriza qui s’annonce difficile, avec un élément positif. Ce ne sera pas le cas. Le premier ministre devra donc justifier sa politique alors que l’Eurogroupe reste défiant et que Berlin refuse toute avancée d’envergure sur la dette. Le tout dans un contexte difficile où Syriza est désormais largement devancée par les Conservateurs de Nouvelle Démocratie. L’Eurogroupe ne pouvait ignorer une telle situation. En se montrant tatillon, il savait qu’il affaiblirait encore un Alexis Tsipras qui, en dépit de ses efforts, n’a pas su créer un vrai climat de confiance avec des créanciers qui, eux, n’ont jamais vraiment oublié leurs objectifs politiques.

Original de l’article http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-monde-sans-pitie-de-l-eurogroupe-606525.html

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