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Sur les réfugiés semaine 10

8/3 Hongrie: levée de boucliers contre la détention systématique des migrants

Le Parlement hongrois a voté mardi 7 mars une loi établissant la mise en détention systématique de tous les demandeurs d’asile présents dans le pays. Présentée par le gouvernement de Viktor Orban, cette loi a été adoptée à une très large majorité, par 138 voix contre 6 et 22 abstentions. Selon le projet adopté mardi à Budapest, deux ou trois camps seront construits avec des conteneurs aménagés et devront accueillir tous les réfugiés, y compris les mineurs isolés de plus de 14 ans. Ces nouvelles mesures mises en place par la Hongrie ont déjà commencé à provoquer une levée de boucliers internationale.

Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés est le premier à avoir ouvert le feu contre la nouvelle loi hongroise, jugée profondément préoccupante. L’organisation Amnesty International dénonce elle aussi cette mesure et demande à l’UE de rester ferme.

Le Parti social-démocrate européen appelle le groupe conservateur du Parti populaire européen à exclure de ses rangs le Fidesz, le parti du Premier ministre Viktor Orban et condamne une décision inhumaine qui viole les lois européennes. Cette condamnation a été reprise par les libéraux au Parlement européen, qui accusent la Commission européenne d’avoir ignoré des accusations de violation des droits de l’homme en Hongrie.

http://www.rfi.fr/europe/20170308-hongrie-levee-boucliers-contre-detention-systematique-migrants

L’eau est un droit. NON à la privatisation de l’eau en Grèce

Cet article est aussi disponible en: Italien, Allemand, Grec

Une pétition contre la privatisation de l’eau en Grèce a été initiée en Allemagne. Vous pouvez la signer sur la plateforme de Wemove en anglais, français, grec et allemand aux liens situés ci-dessous. Nous demandons à ce qu’elle soit diffusée massivement. C’est une tentative pour commencer la nouvelle année avec une action qui démontre qu’on ne laisse pas tomber et que nous sommes solidaires de nos amis grecs. 

GR: https://you.wemove.eu/campaigns/stop-water-privatization-GR
EN: https://you.wemove.eu/campaigns/stop-water-privatization
FR: https://you.wemove.eu/campaigns/l-eau-est-un-droit-humain
DE:https://weact.campact.de/petitions/wasser-ist-menschenrecht-stoppt-die-wasserprivatisierung-in-griechenland-1

Le texte de la pétition en français

A Wolfgang Schäuble, Ministre des Finances de la République Fédérale d’Allemagne,

A Jean-Claude Juncker, Président de la Commission Européenne

Ne privatisez pas l’eau de la Grèce !

Nous demandons à la Commission de respecter sa promesse de ne pas privatiser les services de l’eau.

A la Commission européenne et au gouvernement fédéral allemand, nous demandons de ne pas obliger la Grèce à privatiser l’eau dans l’intérêt des grands groupes financiers et contre la volonté du peuple grec.

Nous demandons la publication et la diffusion de tous les rapports  écrits et procès-verbaux des négociations orales entre le gouvernement grec et les institutions européennes, relatif au transfert aux superfonds d’EYDAP et EYATH, les deux grandes compagnies de distribution d’eau de Thessalonique et d’Athènes.

Les gens sont indignés et le mouvement de lutte va crescendo. ‘’L’eau est un droit humain. L’eau est un bien commun, pas une marchandise » : devant cet appel signé par 2 millions de citoyens en 2013, l’UE avait exclus l’eau de ses projets de privatisation, mais pas dans les pays du Sud où la troïka oblige les pouvoirs publics à privatiser également les services de l’eau. Par conséquent, pour pouvoir bénéficier des prochaines aides, le parlement grec a du accélérer le transfert des deux grandes compagnies EYDAP et EYATH au nouveau superfond pour une privatisation contrôlée par les créanciers.  En gros, les institutions européennes tentent à nouveau de privatiser l’eau en Grèce.

En 2014, le peuple grec avait réussi à faire abandonner le projet. En Thessalonique, un referendum contre la privatisation des services de l’eau avait obtenu 213 508 votes, au-delà de 98% des votants.  A la suite d’un recours, le Conseil de l’Etat Grec avait déclaré inconstitutionnelle la privatisation de l’eau, dans la mesure où les services de l’eau répondent à un besoin vital des citoyens, que l’Etat doit protéger.  Mais ceci deviendrait impossible si les services d’approvisionnement en eau devenaient la propriété de multinationales. Ceci a été démontré à maintes reprises dans toute l’Europe où la privatisation s’est accompagnée de services moindres et d’un coût majoré.

Une augmentation des factures en Grèce signifierait qu’une grande partie de la population ne pourrait avoir accès à l’eau. Au jour d’aujourd’hui les tarifs sont encore échelonnés en fonction de critères sociaux et tiennent compte de la situation économique des usagers. Et l’accès à l’eau n’est pas  suspendu pour les personnes qui ont tout perdu à cause de la crise ou de la politique d’austérité, parce que l’eau est nécessaire pour vivre. Les grands groupes comme Suez et Veolia, intéressés par l’eau grecque, ont déjà annoncé que les prix actuels étaient trop bas.

La détérioration des services, unie à l’augmentation des tarifs d’eau suite à la privatisation, sont les raisons pour lesquelles de multiples communes de pays divers  n’ont ménagé aucun effort pour renationaliser les services de l’eau. Les exemples les plus récents comprennent de nombreuses villes en France et en Espagne, qui avaient été obligées par la troïka d’appliquer cette politique catastrophique et de voir le prix de l’eau augmenter soudainement de 400%. La Slovénie, par contre, a pris la précaution d’inclure l’eau comme bien public dans sa constitution, la mettant ainsi à l’abri de toute privatisation.

Berlin est une des premières villes qui  a été obligée de renoncer à la privatisation sous la pression de ses habitants. A Berlin, les pouvoirs publics étaient restés propriétaires de 51% du capital, mais accordaient en secret aux sociétés privées un profit énorme pour 30 ans. Résultat : augmentation des prix.

Berlin est un bon exemple du succès que l’on peut obtenir en luttant.

Soutenons la lutte du peuple grec !

En adhésion avec le réseau de solidarité avec la Grèce

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https://www.pressenza.com/fr/2017/03/leau-droit-non-a-privatisation-de-leau-grece/

Vers le Grexit ? 1/3 L’impasse économique

[ Vers le Grexit ? 1/3 ] – Grèce : l’impasse économique par Olivier Delorme est écrivain et historien. Passionné par la Grèce, il est l’auteur de La Grèce et les Balkans: du Ve siècle à nos jours (en Folio Gallimard, 2013, trois tomes), qui fait aujourd’hui référence. Alors que la crise grecque semble sur le point de refaire surface en raison de la mésentente entre les différents créanciers du pays, et que l’idée d’un « Grexit » est récemment devenue, pour la toute première fois, majoritaire dans un sondage grec, Olivier Delorme a accepté de revenir pour L’arène nue sur la situation de la Grèce. 

Cette analyse est en trois partie et traitera successivement de l’impasse économique, de l’impasse géopolitique et de l’impasse politique dans lesquelles se trouve Athènes. Ci-dessous, le premier volet. 
 
 
Aujourd’hui, la Grèce se trouve dans une triple impasse. La première est économique : depuis 2009, elle a connu plus de dix plans de rigueur assortis de coupes budgétaires, de mesures de démantèlement du droit du travail, de centaines de réformes dites structurelles (notamment lors de l’imposition à ses gouvernements des trois mémorandums de 2010, 2012 et 2015), des baisses de salaires et de pensions ainsi que des dizaines de hausses ou créations d’impôts. Car depuis sept ans, la Grèce s’est vu imposer par l’UE et le FMI un véritable délire fiscal dont la dernière manifestation consiste à taxer les contribuables sur la différence entre la montant minimal que, eu égard à leurs revenus, ils « doivent » avoir réglé par carte bancaire et le montant dont ils peuvent justifier qu’ils l’ont dépensé, si le second est inférieur au premier – mesure destinée, en réalité, à réduire la circulation d’argent liquide et à faire passer toutes les transactions par les banques.
Cette politique déflationniste, d’une violence inconnue en Europe depuis les années 1930 (où elle a amené Hitler au pouvoir en Allemagne), a étouffé la consommation intérieure, provoqué des milliers de faillites et l’évaporation d’au moins le quart (sans doute autour du tiers, nonobstant les habillages statistiques) de la richesse nationale. Elle a fait plonger le tiers de la population sous le seuil de pauvreté et gravement précarisé un autre tiers désormais lui aussi menacé de basculer ; elle a en grande partie liquidé les classes moyennes – fondement sociologique de la démocratie – et creusé les inégalités dans un pays qui était déjà, avant 2009, l’un des plus inégalitaires d’Europe.
Cette politique a mis les salariés dans l’entière dépendance d’employeurs qui payent les salaires de plus en plus irrégulièrement – quand ils peuvent ou quand ils veulent. Elle a jeté plus du quart de la population active (sans doute autour du tiers, nonobstant les habillages statistiques), et plus de la moitié des jeunes, dans le chômage dont l’indemnisation est quasiment inexistante. Elle a liquidé l’État social qui, du fait des circonstances particulières à la Grèce après 1945 (guerre civile, régimes autoritaire puis dictatorial sous protection américaine), ne fut construit qu’après 1974 et était déjà l’un des moins généreux d’Europe.
Cette politique déflationniste, motivée par la résorption de la dette, a également provoqué l’explosion de celle-ci – de 120 % à 180 % du PIB. Pire, elle menace la vie de nombreux Grecs. La fermeture d’hôpitaux publics, de blocs opératoires, de lits met les établissements qui demeurent hors d’état de remplir leur mission, la réduction des dotations conduisant certains à ne plus pouvoir fournir les médicaments aux malades, à assurer l’hygiène élémentaire, la blanchisserie ou la restauration. Des patients cancéreux ont parfois été renvoyés chez eux sans avoir pu recevoir une chimiothérapie programmée à l’avance. Des laboratoires pharmaceutiques occidentaux ont suspendu leurs livraisons faute d’être assurés de la solvabilité de leurs clients grecs.
Dans les îles, la hausse des tarifs des transports maritimes conduit de plus en plus les malades à différer le voyage jusqu’à un hôpital fonctionnant encore à peu près, si bien que nombre de pathologies sont prises en charge trop tard pour être efficacement soignées. Et un tiers des Grecs n’a plus, de toute façon, ni couverture sociale ni moyen de payer les soins. En 2014 déjà, le docteur Vichas, fondateur d’un des premiers dispensaires solidaires (celui d’Ellenikon dans la banlieue d’Athènes) qui se sont créés afin de pallier le défaut d’accès aux soins pour un nombre toujours croissant de Grecs, dénonçait par exemple les diabètes qui, en raison d’un défaut de traitement, entraînent de nouveau cécités ou amputations. L’état des hôpitaux psychiatriques est alarmant, les handicapés ont souvent été réduits à la précarité par la baisse de leurs allocations, les programmes de prévention ou d’accompagnement des toxicomanes ont été liquidés, ou peu s’en faut, le taux de contamination par le VIH a augmenté de manière inquiétante, en même temps que diminuait le taux de vaccination des enfants.
L’insécurité énergétique ne cesse de croître – en milieu urbain, la plupart des immeubles collectifs, quand ils sont encore chauffés en hiver, ne le sont plus – au mieux – que deux heures le matin et deux autres le soir, l’augmentation des prix de l’électricité rend pour beaucoup impossible l’utilisation d’un chauffage d’appoint, et les installations de fortune utilisant le bois ajoutent la pollution aux risques d’incendie. L’insécurité alimentaire progresse elle aussi, notamment chez les retraités mais, à maints endroits, des enseignants ont aussi dû mettre en place des systèmes de solidarité destinés à ceux de leurs élèves qui ne peuvent plus faire trois repas par jour…
Alors que, avant la crise, la Grèce figurait déjà parmi les pays européens où l’investissement public dans l’éducation était le plus faible, les coupes budgétaires imposées par les créanciers ont entraîné la fermeture ou la privatisation d’une importante partie de l’enseignement supérieur – grave hypothèque sur l’avenir. Mais elles altèrent aussi le fonctionnement des niveaux primaire et secondaire. « Entre 2009 et aujourd’hui, le budget a diminué de 70 %. Nous n’avons même pas de quoi acheter les craies. Nous avons dû organiser une collecte sur la place centrale de la ville pour nous procurer les fournitures scolaires », déclare au journal suisse Le Temps le directeur d’une école d’Éleusis, centre industriel à l’ouest d’Athènes dévasté par les politiques appliquées depuis 2010. De surcroît, le chômage de masse conduit à l’exode nombre des plus diplômés, dont le contribuable grec a payé la formation et dont la compétence va profiter aux États-Unis, au Canada, à l’Australie ou aux pays d’Europe occidentale vers lesquels s’exilent ces populations qui estiment ne plus avoir d’avenir en Grèce.
Parmi les conséquences multiples de ces politiques, il faut également citer les transferts de propriété. C’est le cas pour le patrimoine public et les infrastructures bradés à des prix sans rapport avec leur valeur réelle à des intérêts étrangers, allemands au premier chef, mais aussi français, italiens, chinois… C’est aussi le cas des propriétés privées, soit par le biais des lois imposées par les créanciers qui élargissent les conditions de saisie des biens immobiliers par les banques, soit que beaucoup de propriétaires ne pouvant plus faire face à l’accroissement indéfini de la charge fiscale, du fait de l’épuisement de leur épargne après sept ans de déflation, cherchent à se débarrasser de biens dont la valeur diminue à mesure que l’offre augmente. Dans tous les cas, ces transferts de propriété s’apparentent à un processus de spoliation des Grecs et de la nation dans son ensemble – une spoliation sur laquelle tout gouvernement soucieux de l’intérêt national devra revenir.
Enfin, de même que ces politiques justifiées par une dette excessive ont fait exploser celle-ci, le délire fiscal censé remédier à un rendement insuffisant de l’impôt n’a fait qu’encourager le développement de l’économie informelle. Lorsque les salaires ne suffisent plus pour vivre décemment, lorsque la survie des entreprises est menacée par un excès de taxes, lorsque l’État, déjà historiquement peu légitime en Grèce parce que, trop souvent, il s’est fait, comme aujourd’hui, le docile instrument d’un étranger dominant, est mis, par les politiques européennes, hors d’état de rendre les services qu’on attend de lui et pour lesquels on paye l’impôt, lorsque les politiques en question frappent les faibles et épargnent toujours les forts, il ne faut pas s’étonner que la société se défende avec les armes qui sont à sa disposition.
Avec une consommation intérieure asphyxiée et un euro qui continue à étouffer la production, l’économie grecque n’a pas la moindre chance de rebondir. Constamment démenties depuis sept ans, les prévisions de reprise de l’UE, de l’OCDE ou du FMI pour 2017 sont évidemment insincères et motivées, comme les politiques imposées à la Grèce, par la seule idéologie qui les sous-tend.
L’insignifiante « croissance » de 2016 (autour de 0,4 %) n’indique qu’une stabilisation provisoire sur un niveau très bas, due essentiellement à la baisse du taux de change de l’euro (qui reste néanmoins dramatiquement surévalué pour les structures de l’économie grecque), à celle des prix de l’énergie et à la situation géopolitique qui, de l’Égypte à la Turquie ou à la Tunisie, a permis au tourisme grec de tirer son épingle du jeu. Pour autant, hors phénomènes conjoncturels, dans un environnement de pays à monnaies faibles, ce tourisme reste lui aussi gravement handicapé par l’euro, tandis que le développement du « modèle » all inclusive irrigue de moins en moins l’économie locale, à la fois parce que les infrastructures appartiennent souvent à des sociétés non grecques qui ne réinvestissent pas sur place leurs bénéfices, et parce que les salaires, dans l’hôtellerie, ne permettent plus de vivre décemment – quand ils sont encore payés régulièrement.

Portugal : Mettre un terme à l’austérité

Comment l’union des socialistes et de la gauche radicale a mis un terme à l’austérité au Portugal

sur Basta ! – Rachel Knaebel

Depuis novembre 2015, c’est une union des gauches qui est au pouvoir au Portugal : un gouvernement socialiste soutenu au Parlement par les partis de la gauche radicale et les écologistes. Cette alliance inédite a réussi à mettre fin à l’austérité imposée pendant quatre ans par la troïka. Les composantes les plus à gauche ont imposé au gouvernement socialiste des mesures de revalorisation des bas salaires et des petites pensions, et de lutte contre le travail précaire. Avec succès : l’économie repart, le déficit public recule, et le petit pays du sud de l’Europe arrive même à convaincre Bruxelles du bien-fondé de cette politique. Un modèle à suivre ?

Mi février, Benoît Hamon, en visite de trois jours au Portugal, a rencontré des acteurs de l’union des gauches qui y gouverne depuis plus d’un an. On en parle beaucoup moins que la Grèce avec Syriza ou l’Espagne avec Podemos. A Lisbonne, la gauche a réussi à défaire une droite adepte de l’austérité. Le Parti socialiste a réussi à reprendre le pouvoir à la faveur d’une alliance inédite avec les forces de gauche radicale : le Parti communiste portugais, les écologistes, et le Bloco de esquerda (« bloc de gauche » [1])

En octobre 2015, c’est pourtant une coalition de droite – « Portugal en avant ! » – qui était arrivée première lors des élections législatives portugaises, avec 38 % des voix. Les différents partis de gauche gardaient, ensemble, une majorité des voix et des sièges au Parlement : les socialistes, deuxième avec 32 %, le parti anti-austérité Bloco de esquerda 10 % et l’Union des verts et des communistes 8 %.

L’ancien premier ministre de droite forme alors un gouvernement minoritaire, renversé au bout de deux semaines par les forces de gauche. C’est un socialiste, Antonio Costa, qui devient Premier ministre. Le Bloco de esquerda, les verts et les communistes n’intègrent pas le gouvernement, mais concluent un accord avec les socialistes pour le soutenir. La condition : que celui-ci mette en œuvre un programme clair contre la politique d’austérité menée au Portugal depuis quatre ans sous la pression de la troïka – Commission européenne, Fonds monétaire international, et Banque centrale européenne – suite à la crise économique et financière de 2008 et à la crise de la dette publique qui s’en est suivie.

Une bouffée d’air pour la population

« Une telle union des gauches, ça n’était jamais arrivé au Portugal, souligne Marisa Matias, députée trentenaire du Bloco de esquerda au Parlement européen. Les gens ont perdu beaucoup pendant cette période d’austérité. Le salaire minimum et les retraites, même les plus petites, ont été gelés, et les impôts des travailleurs ont beaucoup augmenté. » Entre 2010 et 2013, le taux de chômage portugais bondit de 11% à plus de 17%. L’accord de 2015 engage le gouvernement à abroger ces mesures qui ont appauvri la population portugaise. « Le programme prévoyait de revenir au niveau des salaires et des pensions qui prévalait avant l’austérité. Bref, de récupérer ce qui avait été perdu pendant les quatre années de troïka », précise la députée européenne.

Quand, au même moment en France, un gouvernement socialiste se prépare à faire passer coûte que coûte une loi de dérégulation du droit du travail, le gouvernement d’union des gauches portugais décide d’un programme pour « tourner la page de l’austérité ». « La politique d’austérité suivie ces dernières années a pour conséquence une augmentation sans précédent du chômage, avec des effets sociaux dévastateurs sur les jeunes, les citoyens les moins qualifiés, les familles et les milliers de Portugais sans emploi. Elle a été aussi associée à une dévalorisation de la dignité du travail et des droits des travailleurs », analyse le programme du nouveau gouvernement décidé fin 2015. La rhétorique détonne avec les politiques menées auparavant au Portugal et dans le reste de l’Europe en crise.

Parmi les premières mesures concrètes : l’augmentation du salaire minimum, qui passe de 485 euros en 2014 à 557 euros en 2017, soit une augmentation de 15%. De nouvelles hausses sont prévues : 580 euros en 2018 puis 600 euros en 2019. « Nous avons aussi augmenté les retraites, fait adopter une baisse des impôts sur les revenus des travailleurs, et renforcé le droit du travail », signale Marisa Matias. Le gouvernement vient de lancer un programme de lutte contre la précarité dans l’emploi public, et a stoppé les privatisations des infrastructures, comme les transports. Des mesures sont prévues pour l’accès à l’éducation et à la santé. « Avec cette union des gauches, le parti socialiste a dû infléchir son projet dans notre sens. Après un an et quelque mois de ce gouvernement, il y eu un changement majeur de politique au Portugal », se réjouit l’élue.

Des questions qui restent à trancher

Comment le Portugal a-t-il pu mener une politique contraire aux dogmes bruxellois ? En 2011, en pleine crise de la dette, le Portugal accepte un prêt du FMI et de l’Europe de 78 milliards d’euros en échange d’une politique d’austérité drastique : baisse des salaires, réduction des dépenses dans la fonction publique, privatisation des infrastructures et des services publics. C’est avec cette politique que le nouveau gouvernement veut en finir. Au mois de juillet 2016, la Commission européenne menace le Portugal et l’Espagne de sanctions pour leur déficits publics jugés excessifs, avant d’abandonner les poursuites en août, pour laisser aux deux pays un délai supplémentaire.

Aujourd’hui, le Portugal a ramené son déficit public à 2,1 % du PIB, soit en dessous de la limite des 3% fixée par Bruxelles, et bien en dessous des plus de 4 % de l’année précédente [2]. « Bien sûr qu’il y a eu des pressions de Bruxelles, rapporte Marisa Matias. « Mais avec ce gouvernement d’union des gauches, nous avons réussi à réduire le déficit à 2 %. C’est l’objectif de Bruxelles. Il n’avait jamais été atteint au fil des années d’austérité. Le PIB est même en croissance pour la première fois depuis la crise, à 1,2 %. Cela reste peu, mais nous sommes partis de zéro. » Le chômage est aussi en recul. Il est redescendu fin 2016 sous la barre des 11%, loin des records atteins en 2013 par le précédent gouvernement de centre-droit [3].

Reste le problème des banques portugaises, dont la situation est toujours fragile [4]. Et de la renégociation de la dette publique. « Nous nous sommes mis d’accord avec le gouvernement socialiste sur une politique pour la sécurité sociale, sur le droit du travail, mais pas sur la dette publique », explique la députée européenne de gauche. Le dossier demeure donc en chantier. Mais en attendant, la population portugaise vit un peu mieux que sous le régime imposé par les libéraux et la troïka. Un exemple à méditer pour les candidats français ?

Rachel Knaebel

Notes

[1] Le Bloco de esquerda est né en 1999 de la fusion de plusieurs partis situés à l’extrême-gauche du champ politique portugais.

[2] Voir ici.

[3] Voir ici et ici.

[4] Voir par exemple ici.

http://www.bastamag.net/Comment-l-union-des-socialistes-et-de-la-gauche-radicale-a-mis-un-terme-a-l

Le chaos des services fiscaux grecs

Publié le 7/3 Sur le petit journal d’Athènes

La pression constante pour augmenter les recettes publiques et atteindre les objectifs, sans parler du système fiscal confus de la Grèce, ont créé une situation explosive à tel point que certains inspecteurs des impôts ont sanctionné des contribuables par des amendes injustes ou excessives.

Même les inspecteurs eux-mêmes dénoncent le système chaotique, avec une multitude de circulaires qui dans certains cas s’avèrent contradictoires et conduisent à des sanctions injustes. Ces redressements et amendes ont un coût très  élevé pour de nombreuses entreprises et contribuables, qui sont souvent incapables de composer avec des interlocuteurs fiables de l’état.

Les syndicalistes du secteur dénoncent le manque de structure et de rigueur de l’administration fiscale créant un environnement propice à la corruption. Dans le même temps les inspecteurs font face à la colère des contribuables inspectés et parfois même à des poursuites judiciaires pour la façon dont ils traitent les dossiers.

D’une part, la formation insuffisante des  contrôleurs impose aux contribuables de se démener et se battre contre des murs pour prouver qu’ils ne sont pas fraudeurs, alors que les agents du fisc restent souvent pantois devant des circulaires totalement contradictoires.

De nombreux cabinets d’audit, de sociétés comptables et d’entreprises, signalent et dénoncent des contrôles fiscaux abusifs au delà des années prescrites par la loi.

Dans la majorité des cas plaidés devant les tribunaux administratifs, les entreprises et les contribuables ont obtenu gain de cause et les amendes annulées.

Dans d’autres cas, les sanctions  infligées ont été si élevées que les entreprises ont dû fermer, les propriétaires incapables de payer.

En outre, le recours à l’arbitrage n’est pas toujours facile, les autorités fiscales procèdent à des saisies. Pour éviter la saisie, entreprises et contribuables doivent régler 50 % de l’amende, quelle soit justifiée ou non. Le comité d’arbitrage doit ensuite statuer, mais 5 cas sur 6 sont rejetés.

http://www.lepetitjournal.com/athenes/economie/actu-economie/272752-le-chaos-des-services-fiscaux-grecs-fonctionnaires-mal-formes-circulaires-contradictoires

 

Grèce : nouvelle contraction du PIB en 2016

Par Romaric Godin La tribune

La Grèce a connu un dernier trimestre noir l’an passé avec un recul de 1,2 % du PIB. Sur un an, la richesse hellénique a reculé de 0,1 %. Une nouvelle preuve de l’impasse actuelle de la stratégie des créanciers.

Voici quelques jours, alors qu’il était en voyage officiel en Grèce, le premier ministre français Bernard Cazeneuve faisait part de sa « grande confiance » envers le « succès des réformes ». Et d’ajouter qu’il ne s’agissait pas de « wishful thinking » (de la « pensée désirée ») mais de « faits ». Et de se réjouir des performances du pays en matière d’ajustement budgétaire et de croissance. L’hôte de Matignon devra sans doute (mais y croit-on ?) revoir son jugement. Ce lundi 6 mars, l’institut statistique grec ELSTAT a révisé fortement à la baisse les chiffres de croissance du pays sur le quatrième trimestre 2016 et sur l’ensemble de l’année passée.

Une croissance stagnante et un niveau de PIB très faible

Entre octobre et décembre, le PIB hellénique s’est contracté de 1,2 % contre les 0,4 % initialement prévu. C’est la plus lourde chute depuis le troisième trimestre 2015, lors de l’établissement du contrôle des capitaux et la signature du troisième mémorandum. En termes ajustés et en volume, le PIB se situe à 45,82 milliards d’euros. Jamais un PIB du quatrième trimestre n’avait été aussi faible en Grèce depuis celui de 1998, voici donc 18 ans. Difficile donc d’adhérer à l’optimisme sur le « succès des réformes » de Bernard Cazeneuve.

Sur l’ensemble de l’année 2016, le PIB qui a bénéficié d’un bon troisième trimestre (+0,6%, soit la meilleure performance depuis le premier trimestre 2015) reste quasiment stable, mais il perd tout de même 0,1 % face à son niveau de 2015. Là encore, la première estimation d’une croissance de 0,3 % est effacée. C’est la deuxième année de contraction de la richesse grecque en volume après la baisse de 0,2 % de 2015. Depuis 2009, le PIB grec a reculé de 24,2 % alors que la population du pays a reculé de 2,9 % selon Eurostat. La richesse par habitant a donc reculé de 21 % au cours de ces huit années. Le pays étant soumis à la surveillance de plus en plus renforcée de ses créanciers, il est bien difficile de tirer de cette administration un bilan positif.

Le poids de la consolidation budgétaire

Le bilan du troisième mémorandum, lui, est déjà clairement négatif. Les « réformes » imposées au gouvernement grec ont certes produit un excédent primaire (hors service de la dette) record, mais elles n’ont pas permis la reprise de l’économie. En réalité, il faut modifier cette façon même d’envisager la réalité grecque : c’est bien le troisième mémorandum qui a tiré vers le bas l’économie grecque, encore une fois. Soumis aux exigences de leurs créanciers et croyant (à tort) qu’une bonne performance leur permettra de réduire ces dernières, le gouvernement grec s’est fortement serré la ceinture. Au cours des quatre trimestres de 2016, la consommation publique a fortement été réduite. Au dernier trimestre de 2016, elle a reculé de 2,5 % sur le trimestre et de 2 % sur un an. Comme la consommation des ménages reste stable (+0,2 % sur le trimestre), cette politique d’austérité budgétaire a nettement pesé sur la croissance. Autrement dit, pour arracher sa bonne performance budgétaire, la Grèce a détruit sa croissance. La remarque de Bernard Cazeneuve sur l’amélioration budgétaire et la croissance n’a donc aucun sens.

Échec des politiques de « réformes »

Mais il y a davantage. En théorie, les « réformes structurelles » doivent améliorer la compétitivité externe du pays, donc les exportations et l’investissement. Là aussi, le bilan est déplorable. Au dernier trimestre 2016, l’investissement productif affichait un recul de 13,8 % sur un an. Le niveau d’investissement productif est inférieur au niveau du dernier trimestre de 2014. Sur un an, l’investissement productif est stable.

Du côté des exportations, même constat. Certes, sur un an, les exportations progressent de 5,7 %, mais elles reculent de 1,4 % sur un trimestre. Et sur l’ensemble de l’année, les livraisons à l’étranger reculent de 1,6 %. Là encore, les « réformes » n’ont pas payé. D’autant que le pays demeure très dépendant de l’étranger puisque son outil productif a très lourdement souffert de la crise et que l’investissement ne repart pas. A l’évidence, la stratégie économique des créanciers n’est pas la bonne.

Rien d’étonnant à cela puisque la stratégie des créanciers est fondée non pas sur la reprise économique de la Grèce, mais sur la capacité de ce pays à rembourser le nominal de la dette. Cette obsession d’éviter la faillite, et principalement la faillite de la gestion de la crise grecque depuis 2010, conduit à étrangler l’économie hellénique et à le priver d’horizon de sortie de crise. Le refus de mettre en place une restructuration sérieuse de la dette publique grecque, comme le demande notamment le FMI, de la part de l’Eurogroupe est une désincitation forte à investir dans ce pays. De même, la décision d’instaurer des baisses de dépenses automatiques en 2018, et peut-être au-delà, et les pourparlers pour exiger la poursuite des objectifs d’excédent primaire de 3,5 % du PIB sont autant de raison pour tout investisseur de se garder d’investir en Grèce et, pour les ménages, de modérer leurs dépenses.

Conditions d’une nouvelle crise

Bernard Cazeneuve se trompe donc fort, comme tous les créanciers de la Grèce. Il continue de vouloir faire croire à ce qui n’est qu’un mythe qui, depuis trop longtemps, garrotte ce pays : celui que les « réformes » rétabliraient la croissance et la prospérité, alors qu’elles continuent à tirer le pays dans une spirale infernale. Après huit ans d’échec, l’heure serait sans doute venue de changer de stratégie. Mais ceci supposerait de reconnaître des erreurs, ce qui ne semble pas à l’ordre du jour. Dès lors, le premier ministre français confirme la position faible de la France sur ce dossier. François Hollande prétend à qui veut l’entendre avoir « sauvé » la Grèce. Mais ce « sauvetage » semble fantomatique et bien fragile. Le troisième mémorandum ne cesse de se durcir et l’économie grecque stagne à un niveau très bas. Ces mauvais chiffres interviennent en pleine négociation sur la deuxième revue du programme et sur les conditions futures du soutien financier européen. Elles n’y joueront logiquement aucun rôle compte tenu de la logique dominante. Progressivement, et de façon fort compréhensible, les Grecs commencent à s’interroger sur l’opportunité de rester dans l’euro. Même si la croissance revient en 2017, on sait combien ce type de croissance, obtenue par les « réformes » est inégalement répartie. Compte tenu du carcan et du niveau bas de l’économie, cette croissance ne permettra pas le retour à la stabilité. Les conditions de la prochaine crise grecque se réunissent donc peu à peu à nouveau.

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-nouvelle-contraction-du-pib-en-2016-654927.html

Grèce Eurogroupe accord de subordination

Le gouvernement Tsipras se dirige vers un accord de subordination et de reddition devant les créanciers. Par Vangelis Goulas

Accord de subordination et de reddition devant les créanciers. Le gouvernement essaie de « faire avaler la pilule » des mesures drastiques et de la déréglementation.

Le gouvernement traite de l’accord intervenu lors de l’Eurogroupe, pour le retour à Athènes des chefs de mission après le Lundi Pur[1], dans le but de négocier pour finaliser l’accord technique (SLA), lequel est toujours susceptible, selon le gouvernement, d’avoir lieu d’ici quelques jours.

Le gouvernement admet qu’il a accepté de légiférer immédiatement concernant les mesures, même s’il n’a rien communiqué à ce sujet, pour enjoliver les évolutions, les mesures et les réformes concrètes qu’il a convenu de faire avancer.

Selon nos informations, le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre, une par une, toutes les exigences des créanciers tant en matière de prérequis que de nouvelles mesures drastiques concernant la réduction des revenus non imposables et des retraites, avec une attention particulière à l’égard de la déréglementation néolibérale.

Le paradoxe réside dans le fait que le gouvernement soutient que l’accord met en avant comme condition sine qua non qu’aucun euro supplémentaire ne sera déboursé au nom de l’austérité.

Et ce miracle se réalisera, toujours selon les « lumières » du gouvernement, car il y aura des mesures compensatoires d’un autre genre, qui aboutiront à la neutralité du solde budgétaire.

Cela signifie concrètement qu’il permettra soi-disant au gouvernement, par exemple, de réduire d’un côté l’exemption d’impôt chez les classes populaires et de compenser dans le même temps les pertes occasionnées par des prestations financièrement égales pour ces mêmes catégories sociales !

Il semble plutôt évident que l’impossibilité qu’une telle chose se produise est quasiment acquise, et sa validation par les « institutions », plus encore : en tout état de cause, dans la pratique, cela n’a aucun sens et constitue, par conséquent, une manœuvre gouvernementale de plus pour faire passer la pilule de la reddition et des nouvelles taxes.

Néanmoins, il faut souligner que le gouvernement va prélégiférer pour des mesures dépassant les 3,6 milliards d’euros en l’absence de mesures concernant la dette, en l’absence d’une détente quantitative, avec l’incertitude qui pèse sur la participation du FMI, avec les tranches à attribuer après la clôture du paquet de réformes et bien entendu si tous les prérequis sont réunis, dont le gouvernement ne souffle mot, mais qui sont vraiment intenables.

Dijsselbloem: il contredit le gouvernement. « Des réformes » aboutissant à un résultat budgétaire.

Dans le cadre des réformes sur lesquelles va devoir prélégiférer le gouvernement grec, pour l’après 2019, nous examinerons également les objectifs budgétaires, a notamment indiqué le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, interrogé sur la composition des mesures qui déverrouilleront la 2e évaluation du programme. Comme il l’a déclaré, l’accent devra être mis sur les réformes structurelles, lesquelles aboutiront cependant à un résultat budgétaire.

« Pas un euro de plus d’austérité, ce ne sont pas mes propos », a-t-il notamment déclaré, en répondant à une question, au vu du positionnement adopté par la partie grecque. « Nous avons encore beaucoup de travail », a ajouté le ministre hollandais des Finances.

Monsieur Dijsselbloem a indiqué que les structures techniques reviendront très prochainement à Athènes et travailleront avec les autorités grecques concernant le paquet supplémentaire de réformes sur le marché du travail, le régime de pension communautaire et le régime fiscal.

Nous irons au-delà de l’austérité et nous nous concentrerons sur les réformes profondes, qui sont un élément fondamental pour la participation du FMI, a-t-il souligné.

En réponse à une question, il a encore affirmé qu’en tant que ministre des Finances il ne peut absolument pas promettre la fin de l’austérité, mais ce qu’il peut affirmer c’est qu’un énorme travail a été produit en Grèce et que cette dernière se trouve en bien meilleure posture. Il faut que nous dépassions l’austérité grâce à des réformes structurelles, c’est ce qu’a souligné également le FMI, c’est un changement d’orientation, a-t-il ajouté.

Le président du Conseil des ministres des Finances de la zone euro a clarifié qu’il n’existe pas d’accord politique pour le moment et a souligné qu’un énorme travail reste à faire.

Il a ajouté que nous regagnerons l’Eurogroupe si et dans la mesure où il existe un accord technique et là, les derniers débats politiques auront lieu.

Au sujet du calendrier, M. Dijsselbloem a affirmé que la question de la liquidité ne se pose pas à court terme pour la Grèce, mais que nous sentons tous qu’il existe une urgence au vu du débat essentiel portant sur la confiance.

[1] Premier lundi du Carême orthodoxe, jour férié.

Traduction Vanessa de Pizzol

https://unitepopulaire-fr.org/2017/02/27/le-gouvernement-tsipras-se-dirige-vers-un-accord-de-subordination-et-de-reddition-devant-les-creanciers/

Sur les réfugiés semaine 8 et 9

En France le collectif « Communes Solidaires Gard » fait la promotion de la charte des Communes Solidaires avec les migrants auprès des Maires. Rendez-vous sur le site web http://communessolidairesgard.collectif-citoyen.fr/ pour retrouvez toutes les actualités et publications.

2/3  La Hongrie construit une barrière électrifiée pour repousser les migrants
La clôture doit être munie de détecteurs de chaleur, de caméras et de haut-parleurs

La nouvelle barrière que la Hongrie construit à sa frontière sud pour repousser migrants et réfugiés est électrifiée, munie de détecteurs de chaleur, de caméras et de haut-parleurs diffusant des avertissements en anglais, en arabe et en farsi.

Cette clôture high-tech doit doubler la barrière barbelée qui a déjà été érigée par Budapest au plus fort de la crise migratoire en Europe en 2015.

«  Attention, attention. Je vous préviens que vous êtes à la frontière hongroise  », avertissent les haut-parleurs.

«  Si vous endommagez la clôture, traversez illégalement ou tentez de traverser, cela est considéré comme un délit en Hongrie. (…) Vous pouvez déposer votre demande d’asile dans la zone de transit  ».

Ces zones de transit sont deux postes frontières où un maximum de dix migrants est autorisé à pénétrer chaque jour.

140 km de barrière
Seulement dix kilomètres de barrière ont été érigés pour l’instant mais les autorités déclarent que les 140 km restants, qui séparent la Hongrie de la Serbie, seront achevés dans un délai de deux mois. La construction sera assurée essentiellement par 700 détenus.

«  La première barrière était une solution rapide pour le gouvernement mais elle n’était pas parfaite parce que les passeurs venaient avec des outils pour la cisailler  », a déclaré le maire du village frontalier d’Asotthalom.

Laszlo Toroczkai, qui avait été l’un des premiers à réclamer la fermeture de la frontière en 2014, a qualifié la nouvelle clôture de «  beaucoup plus sérieuse  » et «  absolument rassurante  ».

123 milliards d’euros pour la clôture
Le gouvernement a alloué 38 milliards de forints (123 millions d’euros) pour la construction de cette nouvelle clôture.

Le coût total du renforcement des mesures de sécurité à la frontière, en incluant notamment les zones de transit et les patrouilles, approche le milliard d’euros selon Janos Lazar, le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban.

2/3/17 Les pays qui refusent d’accueillir des réfugiés seront sanctionnés – Source: Belga

La Commission européenne a renouvelé jeudi son appel aux États membres, « peu nombreux à avoir entièrement rempli leurs engagements », pour qu’ils accélèrent le rythme des relocalisations afin d’alléger la pression qui s’exerce sur l’Italie et la Grèce. Elle a également prévenu qu’elle n’hésiterait pas à lancer des procédures d’infraction contre les pays refusant d’accueillir des réfugiés.

La relocalisation consiste à transférer des personnes ayant demandé ou bénéficiant déjà d’une protection internationale d’un Etat membre de l’UE vers un autre Etat membre, qui doit leur accorder une protection similaire.
Relocalisations insuffisantes
Bien qu’un nombre mensuel record de relocalisations ait été enregistré en février, soit 1.940, le rythme actuel de celles-ci reste bien en deçà des attentes et de l’objectif approuvé par le Conseil européen, c’est-à-dire au moins 3.000 relocalisations mensuelles depuis la Grèce, et de l’objectif fixé par la Commission d’au moins 1.500 relocalisations mensuelles depuis l’Italie.
Objectif
À ce jour, 13.546 relocalisations ont été effectuées au total, dont 3.936 au départ de l’Italie et 9.610 au départ de la Grèce. Qui plus est, le rythme actuel ne permettra pas d’assurer la relocalisation, d’ici septembre 2017, de tous les candidats éligibles présents aujourd’hui en Grèce et en Italie, alors que cet objectif « est parfaitement réalisable », estime la Commission.
Bons et mauvais élèves
Jusqu’à présent, seuls Malte et la Finlande sont en bonne voie pour satisfaire à leurs obligations en ce qui concerne tant l’Italie que la Grèce, alors que certains pays – la Hongrie, l’Autriche et la Pologne – refusent toujours de participer au programme et que d’autres – la République tchèque, la Bulgarie, la Croatie et la Slovaquie – n’y prennent part que dans une mesure très limitée, détaille l’exécutif européen.
Belgique
La Belgique a, pour sa part, relocalisé effectivement 396 personnes (338 en provenance de Grèce et 58 depuis l’Italie), soit 10% de son engagement initial. Le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken (N-VA) a récemment indiqué vouloir accueillir cette année environ 1.200 demandeurs d’asile en provenance des deux pays du sud de l’Europe.
Sanctions envisagées
Si les États membres n’intensifient pas leurs relocalisations prochainement, la Commission « n’hésitera pas à faire usage des pouvoirs que lui confèrent les traités à l’égard de ceux qui auront manqué aux obligations découlant des décisions du Conseil », précise-t-elle, en ajoutant « que l’obligation juridique de relocaliser les migrants éligibles ne cessera pas après le mois de septembre ».
Solidarité
« Sans solidarité, point de partage équitable des responsabilités. Toutes nos mesures étant interdépendantes, les États membres ne peuvent choisir celles qu’ils mettront en œuvre », a rappelé jeudi le commissaire européen en charge des Migrations, Dimitris Avramopoulos.

http://www.7sur7.be/7s7/fr/34762/Crise-des-refugies/article/detail/3094610/2017/03/02/Les-pays-qui-refusent-d-accueillir-des-refugies-seront-sanctionnes.dhtml

23/2/17   : 10 000 réfugiés environ devraient rester en Grèce au cours des trois prochaines années, leur demande d’asile ayant été acceptée. Parmi ces 10 000 réfugiés 2 000 sont des enfants âgés de moins de 13 ans selon les données officielles du service grec de l’asile (Kathimerini).

22/02/17 La guerre des tranchées continue à ORAIOKASTRO pour l’Education des enfants réfugiés :

Depuis Vendredi dernier on assiste à une escalade xénophobe , raciste et fasciste de la part du soit disant « Mouvement patriotique des citoyens d Oraiokastro» qui refusent la scolarisation des enfants de réfugiés dans cette école primaire de Oraiokastro ( Région de Thessalonique). Ce fut encore le cas ce mardi matin où 9 nouveaux enfants de réfugiés étaient accueillis à l’école.
Ne supportant sûrement pas leur défaite de vendredi dernier à l’occasion de la cérémonie d’accueil des enfants réfugiés ( https://www.facebook.com/constant.kaimakis/posts/1850542745213944?pnref=story)
, les fascistes mènent une véritable guérilla aux porte de l’écoles semant la terreur, frappant les passant, insultant les enseignants et les parents. Les antiracistes et antifascistes résistent à ces attaques quotidiennes dans une atmosphère tendue et violente, avec parfois des provocations gratuites comme lorsque les fachos insultent la mémoire de Petros Fyssas, le rappeur qui a été poignardé à mort par un membre d’Aube Doré en 2013, et dont le procès a lieu actuellement. La Police anti émeute tente de contenir les manifestants. vidéo : https://youtu.be/k_UD3DrMjDk.
La tension s’est encore envenimée lorsque des militants d’extrême droite ont sauté par dessus la rambarde et ont atterri dans la cour de l’école. La vidéo suivante montre un des membres d’extrême droite qui a été blessé et transféré à l’hôpital. https://youtu.be/9vWJuY0Rw_0
L’extrême droite a également harcelé une journaliste, alors qu’elle rapportait en direct sur la manifestation. https://youtu.be/O2IKwhuArxc
Alors que la journaliste parle sur un flux en direct pour Skai TV, un vieil homme se rapproche en criant «Clandestins dehors! Je ne veux pas ces Illegaux! » Plus loin, des militants d’extrême droite attaquent verbalement le journaliste avec des expressions vulgaires. Certains d’entre eux ont mis leurs mains sur l’objectif de la caméra pour les empêcher de filmer. Avant l’attaque, certaines femmes ont dit à la journaliste de partir parce qu’elle « avait tromper le public » Le journaliste avait demandé qui avait jeté une pierre… https://youtu.be/E1esSh22ETM
D’autres médias locaux présents notent que « aucun des manifestants d’ extrême-droite était parent d’un enfant» à l’école primaire de Oraiokastro.
Lorsque le bus avec les 9 enfants réfugiés est arrivé à l’école, les «patriotes» en colère ont hué les enfants en scandant « Ma patrie ne tombera pas » et « traîtres! ». https://youtu.be/ag-iOIsbmtA Certains affirment que « les enfants réfugiés dans les écoles grecques font partie d’un plan plus large visant à islamiser le pays. » Une autre raison invoquée est l’état de santé des enfants alors que le gouvernement grec a dit à plusieurs reprises que tous les enfants réfugiés fréquentant les classes spéciales dans les écoles ont été vaccinés.
Cette tension extrême à amener le Procureur de Thessalonique à réagir en demandant aux autorités d’intervenir dans le cadre d’une procédure de flagrant délit avec une stricte application de la loi anti-raciste. Une enquête a été aussi demandée sur les évènements antérieurs. Des dispositions seraient prises pour éviter d’autre s incidents à l’avenir.

Après l’Eurogroupe, la presse grecque et les partis «déchiffrent»

 Publié par Alencontre le 23 – février – 2017  Par Sotiris Siamandouras

Lors la réunion de l’Eurogroupe, le 20 février 2017, les quatre «institutions» (la Commission européenne, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international et le Mécanisme européen de stabilité) ainsi le gouvernement de la Grèce disent avoir trouvé un accord. Mais pas exactement, du moins pas encore, ce qui permet aux médias et aux partis politiques grecs de diffuser des versions assez disparates de la réalité.

Le gouvernement, dans son communiqué de presse et dans le journal du parti de SYRIZA (Avgi – L’Aube), présente une version triomphale. Le quotidien écrit qu’il s’agit de la fin de l’austérité – «il n’y aura pas un euro de plus d’austérité». Une formule que Tsipras avait déjà affirmée précédemment. Il salue le retour (le 28 février 2016) des experts des institutions à Athènes pour conclure la seconde revue d’application du programme (troisième mémorandum) qui, de fait, conditionne le versement des sommes nécessaires au «remboursement» à la BCE, à l’échéance de juillet 2017. Avgi souligne l’ouverture de la possibilité de «mesures compensatoires» après 2019 et annonce un programme de création de 100’000 emplois d’un montant de 3 milliards. Il passe sous silence le reste.

Le Journal des rédacteurs ­­– un journal qui a le statut d’une coopérative et qui est actuellement assez proche de SYRIZA – présente une image moins triomphale, mais toutefois positive. Le journal écrit que «les institutions reviennent», un commentaire que le lecteur pourrait interpréter comme favorable. Il fait état d’un «accord politique», but fixé par le gouvernement, et le qualifie comme un accord de «juste milieu». Il souligne de même les mesures dites compensatoires, mais ne cache pas que le gouvernement a accepté de pré-légiférer des mesures austéritaires après 2018.

Aux antipodes, le principal parti de l’opposition – la Nouvelle Démocratie (ND) – accuse le gouvernement qu’«ils se foutent du peuple grec encore une fois». La ND met question même l’existence d’un accord réel, puisque «tout est renvoyé au futur», malgré «les concessions, les mesures douloureuses et les défaites additionnelles du gouvernement». Kathimerini, quotidien (comme son nom l’indique) historique de la droite, suit une approche un peu moins agressive. La satisfaction des classes possédantes transparaît face à ce que Jeroen Dijsselbloem affirme: «Il y aura un changement dans le dosage des politiques (policy mix) en s’éloignant de l’austérité et en mettant plus l’accent sur des réformes en profondeurs.» Le quotidien écrit qu’il s’agit d’un «accord de principe» qui est devenu possible suite à l’engagement du gouvernement grec (Syriza-ANEL) de pré-légiferer – un nouveau mot qui vient enrichir le newspeak ­– des mesures pour 2019. Certes, elles ne sont pas encore totalement clarifiées, mais comportent la réduction additionnelle du montant des retraites, un abaissement du seuil du revenu annuel soumis à l’impôt et une dégradation accrue de ce qui reste comme «droit du travail» (présentée comme une réforme du «marché du travail»).

Ta NEA (Le Nouvelliste), journal historique du «centre démocratique» – qui se trouve aujourd’hui proche de la «Coalition démocratique» [1] – critique sévèrement le gouvernement de n’avoir rien accompli si ce n’est prévoir (pré-légiférer) des mesures encore plus rigoureuses. La critique est similaire à celle faite par Kathimerini, à la différence qu’elle met plus en relief les conséquences en matière de droit du travail.

Enfin, le paysage de la presse grecque ne serait pas complet sans Rizospastis (Radical), le quotidien du Parti communiste (KKE). Le journal y voit «un accord de principe sur des nouvelles mesures anti-populaires et des mémorandums du jour d’après» et dénonce la tentative du gouvernement de «duper le peuple encore une fois». Le parti appelle à une journée de mobilisation. Ainsi PAME («front de masse» du KKE) a organisé une manifestation le mardi 21 février. Le secrétaire général du KKE (en fonction depuis avril 2013), Dimitris Koutsoumbas, a déclaré à cette occasion: «Les gens ne peuvent plus supporter de nouvelles mesures contre les revenus, contre leur vie même et celle de leurs enfants. Ici se trouve l’espoir, la lutte, la lutte en accord avec le Parti communiste, afin de préparer une meilleure vie pour nous, pour nos enfants, pour tout le peuple grec.» Antérieurement, Dimitris Koutsoumbas déclarait sur les ondes de la radio du parti: «La monnaie pourrait être l’euro en même temps que la drachme. Une monnaie à l’intérieur et une autre à l’extérieur du pays.» [2] Une mobilisation antérieure à la réunion de l’Eurogoupe n’a pas été envisagée et l’orientation reste celle d’une auto-affirmation partisane.

Pour mieux déchiffrer la situation, nous avons demandé l’opinion d’un économiste de la gauche radicale. Petros Stavrou nous dit que «le dit “préaccord” n’échappe pas au caractère spécifique du troisième mémorandum par rapport aux deux autres. Tandis que les mémorandums antérieurs avaient impliqué l’application d’une politique rigoureuse d’austérité et une stratégie de dévaluation interne (baisses des revenus, augmentations des impôts, etc.) sans précédent, le troisième mémorandum fait le lien entre cette politique de dévaluation interne et un mécanisme secondaire de redistribution de revenus des classes populaires vers les possédants. L’aggravation de la dévaluation interne détruit les revenus et crée la nécessité: 1° de réduire les retraites, puisqu’elles ne peuvent pas être financées par des salaires compressés; 2° d’élargir chaque fois la base d’imposition des revenus annuels les plus bas. Le but de ce mécanisme est un transfert des revenus du bas de l’échelle vers les classes les plus riches. Ces dernières ne vont pas, bien sûr, investir ces ressources, ils vont les stocker. Donc, ce “préaccord” continue dans la direction de la création et du fonctionnement de ce mécanisme. A ceux qui doutent de cette version, il faut rappeler la fin d’un autre “préaccord”, celui de février 2015, qui a pavé la rue au troisième mémorandum.» [3]

Pour sa part, Antonis Ntavanellos, un des animateurs du Réseau Rouge, de DEA – qui est une composante de l’Unité Populaire – ajoute: «Le gouvernement Tsipras-Kamenos (Syriza-ANEL) vient de signer toutes les exigences des créanciers pour éviter la chute immédiate et rester au pouvoir, sans souci pour les conséquences politiques et sociales néfastes de cet accord misérable. Le gouvernement a accepté de “pré-légiferer” des mesures additionnels d’austérité, qui seront appliqués après le 1er janvier 2018, et au plus tard le 1er janvier 2019: réduction radicale du niveau de revenu annuel qui échappe à l’imposition, réduction des retraites, doublement du pourcentage des licenciements “légaux”. Le mécanisme des coupures automatiques s’inverse: sur la base de l’austérité pré-légiferée, le gouvernement aura le droit de prendre quelques mesures compensatoires (qui concernent principalement le “soulagement ” des… entrepreneurs des impôts et des contributions) seulement si l’Eurostat confirme statistiquement, en début 2019, l’existence d’un surplus primaire [avant paiement du service de la dette] de 3,5% du PIB en 2018!» (21 février 2017)

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[1] La Coalition démocratique est une coalition politique formée le 30 août 2015 en vue des élections législatives grecques de septembre 2015. Elle regroupe aujourd’hui le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK), la Gauche démocrate (DIMAR, ancienne scission de SYRIZA à sa droite) et le Mouvement des socialistes démocrates de l’ancien Premier ministre Giórgos Papandréou. Une coalition qui se donne pour objectif de passer la barre des 3% pour obtenir des élus.

[2] Des extraits de cet entretien sont disponibles sur iskra.gr: https://goo.gl/ZuYU7n.

[3] Romaric Godin, dans La Tribune, en date du 21 février 2017, écrit à propos des résultats de la réunion de l’Eurogroupe du 20 février: «Très clairement, donc, les créanciers entendent poursuivre la politique menée depuis 2010 en continuant à l’aggraver. Désormais, le troisième mémorandum signé en août 2015 ressemble de plus en plus à une boîte de Pandore d’où surgissent chaque année de nouvelles mesures d’austérité. Et il ne faut pas compter sur les effets «compensatoires» des mesures de «croissance»: ces dernières seront forcément limitées par la marge de manœuvre budgétaire (qui n’est pas certaine d’être chaque année aussi vaste que celle de l’an dernier) et, surtout, de la bonne volonté des créanciers. Il ne s’agira que de «propositions» helléniques qui devront être validées et acceptées par les créanciers. Pas question donc de refaire l’opération de la fin de l’année dernière avec la prime sur les retraites qui avait été une décision unilatérale.

Or, selon Le Monde qui cite des sources européennes, «pas question pour les Grecs d’avancer leurs propres réformes tant qu’ils n’auront pas donné toutes les assurances aux créanciers que l’excédent primaire sera d’au moins 3,5% en 2018 et 2019». Et, depuis 2010, tout est dans cette question de «confiance» utilisée par l’Eurogroupe pour obtenir davantage d’Athènes. Autrement dit, Athènes devra attendre pour relancer l’activité, pas pour faire l’austérité. C’est dire si l’on peut douter des déclarations de Michel Sapin [ministre des Finances du gouvernement Hollande] selon lesquelles la Grèce est sortie de la logique austéritaire.

Et de conclure: «Côté grec, la victoire est donc particulièrement amère, même si le gouvernement affirme avoir tenu ses «lignes rouges». Il jure aussi que, pour tout euro de mesures additionnelles, il y aura un euro de «mesures compensatoires» sous forme de baisse d’impôts sur la propriété foncière, sur les sociétés ou sur la valeur ajoutée. Une ligne de défense peu crédible en Grèce compte tenu des capitulations répétées du gouvernement Tsipras, mais aussi des conditions posées par les créanciers. Comment ces derniers accepteraient-ils des baisses d’impôts alors qu’ils exigent des hausses pour séduire le FMI? Bref, tout ceci semble peu sérieux.» (Réd. A l’Encontre)

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Post-Scriptum

Karolina Tagaris, journaliste auprès de l’agence Reuters (20 février 2017), décrit la situation de la retraitée grecque Dimitra. Cette dernière dit qu’elle n’a jamais imaginé une vie réduite à des aides alimentaires: du riz, deux sacs de pâtes, un paquet de pois chiches, quelques dattes et une boîte de lait pour le mois. A 73 ans, Dimitra – qui elle-même a aidé les personnes désargentées en tant que serveuse dans un centre de distribution alimentaire de la Croix-Rouge – fait partie aujourd’hui du nombre croissant de Grecs qui ne peuvent survivre. Dimitra affirme «qu’une telle situation ne lui a même jamais traversé mon esprit de toute sa vie». Elle accepte de le raconter, tout en refusant de donner son nom car la stigmatisation de ceux et celles qui reçoivent une aide existe encore: «J’ai vécu frugalement, je n’ai jamais été en vacances. Rien, rien, rien.» Maintenant, plus de la moitié de son revenu mensuel de 332 euros va à la location d’un petit appartement à Athènes. Le reste: payer les factures de base. «Je ne pense pas qu’il existe une seule personne, dit Dimitra, qui ne craint pas pour le futur.» Agkisalaki, elle, n’a pas droit à une pension parce que son contrat a pris fin lorsque l’âge de la retraite a été relevé à 67 ans, selon les exigences du programme mémorandaire. Elle n’a pas pu trouver de travail, dit-elle. Une partie de la pension de son mari, qui a passé de 900 euros à 600 euros, est destinée aux deux familles: celle de son fils et de sa fille. En échange du bénévolat dans un centre d’assistance alimentaire, Agkisalaki reçoit des aides alimentaires. Elle les partage entre sa fille au chômage et son fils. «Nous végétons», dit-elle, en s’asseyant au bout d’une  longue table en bois, pour le prochain repas fait de soupe de haricots, de pain, d’œuf, d’un bout de pizza et d’une pomme. «Nous subsistons, la plupart des Grecs ne font que subsister.» (Rédaction A l’Encontre)

http://alencontre.org/europe/grece/grece-apres-leurogroupe-la-presse-grecque-et-les-partis-dechiffrent.html#more-39300

Les calculs dangereux de Tsipras

Le Premier ministre veut affaiblir coûte que coûte la Nouvelle Démocratie.

Analyse d’ Angélique Kourounis Correspondante à Athènes

Alexis Tsipras jouerait­-il aux apprentis sorciers avec le parti néonazi grec Aube Dorée dans le but de limiter la casse lors des prochaines élec­tions ?

La question peut surprendre mais au regard des événements de ces six derniers mois elle mé­rite d’être posée. Tout a com­mencé en septembre dernier,lorsque la télévision nationale, la fameuse ERT, retransmit en di­rect et pour la première fois la cé­rémonie de Nuremberg, version locale, d’Aube Dorée. Autrement dit la cérémonie qui commé­more la bataille des Thermopy­les, l’un des plus célèbres faits d’armes de l’Antiquité lors du­quel le roi Leonidas et ses 300 Spartiates ont tenu tête à la grande armée perse du roi Xe­rxès. Aube Dorée commémore cette date chaque année avec une mise en scène virile, pleine de drapeaux et d’uniformes noirs où tous les noms des spartiates morts en héros sont lus. Soit presque trois heures de discours haineux, nationalistes, éclairés au flambeau, au pied de la statue de Leonidas à quelque 200 kilo­mètres d’Athènes. Rien n’obli­geait ERT à une telle retransmis­sion, in extenso de surcroît, puis­que sa seule obligation vis­à­vis du Parlement est de retransmet­tre les déclarations des partis sur une question donnée. Même le Gouvernement conservateur d’Antonis Samaras dont le con­seiller personnel Panagiotis Bal­takos était très proche d’Aube Dorée n’avait osé le faire.

Aube Dorée mis en avant

Puis ce fut la déclaration du fondateur d’Aube Dorée, Nikos Michaloliakos, qui a endossé, en novembre dernier, la responsabi­lité politique des attaques contre les réfugiés à l’île de Chios. Tout comme lorsqu’il a revendiqué, le 17 septembre 2015, la responsa­bilité politique de l’assassinat durappeur antifasciste Pavlos Fys­sas, aucune conséquence politi­que ou juridique n’a suivi. Le 5 décembre c’est le ministre de la justice Paraskevopoulos qui sou­lève un tollé en déclarant“que l’on doit essayer d’inclure AubeDorée dans le débat démocratique plutôt que de l’affronter constam­ment” . Certes, il a été remercié,mais depuis cette sortie, Aube Dorée se sent pousser des ailes.

Ainsi, alors que durant toute la crise migratoire de l’année der­nière, Aube Dorée s’était plutôt montrée discrète, le 12 décem­bre, Yiannis Lagos, député in­culpé dans le procès d’Aube Do­rée qui se déroule depuis 130 jours, fit irruption avec ses sbires dans les locaux de l’association des journalistes lors d’une dis­cussion sur la question migra­toire, menaçant et insultant les journalistes présents. Quelques semaines plus tard, le 18 janvier 2017, il est passé à la vitesse su­périeure en frappant professeurs et parents d’élèves dans une réu­nion scolaire ou l’on discutait surcomment accueillir 20 petits ré­ fugiés. Si on ajoute à tout cela les différentes visites officielles con­jointes de députés du Syriza aux côtés de leurs collègues d’Aube Dorée, on ne peut que s’interro­ger sur les raisons de ce compor­tement. D’autant que lorsque le Syriza était dans l’opposition, il n’hésitait pas à s’affronter dans les rues avec Aube Dorée.

“Le ministre de la justice est un bon professeur mais pas un politicien. Il a été mal compris” tente d’expliquer Ilias Nikolacopoulos, analyste politi­que. “D’ailleurs, il a été remercié. Le Syriza s’en est éloigné.”Même son de cloche chez Thanos Dokos, po­litologue marqué à droite pour qui une alliance entre Syriza et une Aube Dorée démocratisée relève “de la science­fiction”.

En fait, il semble qu’Alexis Tsi­pras, conscient qu’il risque fort de perdre les prochaines élections, tente de limiter la victoire de son adversaire conservateur donné gagnant dans tous les sondages par plus de 35 % des voix.

Un jeu dangereux

La logique qu’il applique est la logique de Mitterrand en 85 : les voix qui vont au Front National sont autant de voix qui n’iront pas au RPR. Ici en Grèce, les voix qui iront à Aube Dorée sont autant de voix qui n’iront pas à la Nouvelle Démocratie. D’où la nécessité de donner une plus grande visibilité à ce parti qui reste la troisième force politique du pays depuis 5 ans,donc la seule capable de couper les ailes aux conservateurs. Pour preuve, la nouvelle retransmission en direct de ERT le 1erfévrier, de la manifestation d’Aube Dorée en commémoration des événements d’Imia en 96, lorsque la Grèce et la Turquie ont frôlé l’affrontement militaire. Avec un bonus: une lon­gue interview, en direct, le lendemain, du “Führer” Michaloliakos comme il aime lui-­même se faire appeler.

Le seul problème, c’est que dans le scénario mitterrandien de 1985, il n’y avait pas l’extrême droite en embuscade dans la majorité des pays européens, il n’y avait pas la crise financière qui sévissait un peu partout et il n’y avait pas non plus la crise migratoire qui sévit actuellement. Le calcul politicien d’Alexis Tsipras est tactiquement compréhensible, mais il est haute­ment risqué et pas que pour la Grèce.

 

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