
(4) Une célèbre chanson sur le sujet :
(4) Une célèbre chanson sur le sujet :
ARMAGEDDON SOCIAL EN GRÈCE :LES 95 CONDITIONS PRÉALABLES POUR LA MISE EN PLACE DU 3 ÈME MEMORANDUM SIGNÉ PAR TSIPRAS
source :META (courant syndical radical)
Traduction : Constant Kaimakis.
Le gouvernement devrait adopter, avant la fin de cette année, 95 conditions préalables des 113 pré-requis pour achever la mise en œuvre du 3 ème memorandum.
Rappelons que le gouvernement SYRIZA-ANEL et tous les partis mémorandaires d’opposition en ont voté le principe au parlement et que le calendrier des « réformes » a été accepté par les prêteurs.
Ces mesures préalables que prétend mettre en œuvre le gouvernement d’ ici la fin de 2017 , sont entre autres: l’augmentation des tarifs de l’ électricité, les privatisations, la réduction des dépenses pharmaceutiques, l’examen des critères d’octroi de tous les avantages sociaux (y compris les prestations sociales ), l’alignement (suppression) des avantages pour les travaux pénibles et insalubres avec le règlement européen, l’extension des relations de travail flexibles grâce à des programmes OAED (Pôle emploi) , le changement de la loi syndicale (Dans le but de limiter ou même d’abolir le droit de grève), ainsi que la « mobilité » et l’ « évaluation » des fonctionnaires ( non mis en oeuvre jusqu’ici grâce à la grève et au boycott des agents pour plus de 90%). Comme le démontre la liste précise des 95 conditions, tout le champ de la vie quotidienne des grecs est concerné.
Dans ce même article sur le site de META, il est rapellé que les objectifs du gouvernement concernant notamment les agents publics sont de créer un « petit État appartenant à l’État, avec des services publics rentables vendus aux particuliers, des fonctionnaires dociles et malléables pour faire la « traite » des intérêts privés. Pour cela, il faut des employés « compétitifs » avec leurs collègues, visant les primes, soumis à leurs supérieurs, afin qu’ils aient une évaluation positive et socialement abjecte, qui ne s’opposent pas aux politiques impopulaires et, au contraire, les appliquent comme des godillots. »
META rappelle ensuite que la société grecque et les travailleurs ont besoin d’une administration publique qui puisse répondre à leurs besoins en santé, en retraite, en jardins d’enfants, en écoles, en travail qui permette aux jeunes de rester sans être amenés à émigrer à l’étranger. Le courant syndical invite ensuite les travailleurs à se mobiliser sur les prochaines échéances et notamment le grand rassemblement syndical de lutte que constituera la manifestation organisée à l’occasion de l’ouverture de la Foire Internationale de Thessalonique le 9 septembre prochain. Pour META, ce devrait être « un nouveau point de départ pour la lutte avec les syndicats, afin de repousser les nouvelles attaques mémorandaires du gouvernement dans une lutte de classe qui permette l’élargissement des droits, de combattre les politiques néolibérales d’austérité et de privatisation, et qui soit la contribution décisive à la lutte pour libérer notre pays des notes de service et de la tutelle capitaliste internationale »
1. Autorité indépendante des recettes publiques (ΑΑΔΕ): Signature d’un « contrat de performance » entre le ministre des Finances et le directeur de l’ΑΑΔΕ
2. EFKA: Rédaction d’un texte avec les actions nécessaires pour la fusion du mécanisme de recouvrement des cotisations d’assurance EFKA avec le mécanisme de récupération des recettes de l’ΑΑΔΕ d’ ici la fin de 2017.
3. Marchés publics: Mise en place du Comité des plaintes (première instance).
4. Passation des marchés: Mesures visant à améliorer le contrôle juridique dans le domaine du système des marchés publics.
5. Gestion des finances publiques: les autorités sélectionneront le vérificateur indépendant qui contrôlera les paiements du gouvernement et les paiements effectués entre juin 2016 et décembre 2016 pour le remboursement des arriérés de dettes publiques.
6. Retraites: recalcul de 30% des demandes de pension soumises au 13 mai 2016 et jusqu’en Décembre 2016 en fonction de la nouvelle loi 4387/2016.
7. rationalisation des dépenses de santé : Plan de restructuration des programmes d’éducation et de formation dans les programmes médicaux afin d’ améliorer l’ éducation dans le domaine de la médecine générale.
8. Dépenses d’examen: intégration d’une étude pour rationaliser les privilèges et les avantages éducatifs.
9. Restructuration des dettes en retard: les autorités doivent couvrir tous les postes de coordonnateurs et émettre les décisions pertinentes pour faire appliquer la loi de conciliation extrajudiciaire.
10. Simplifier le droit du travail: une assistance technique pour la codification du droit du travail doit être lancée.
11. Travail non déclaré: élaborer un nouveau plan pour les audits ciblés en fonction de l’analyse des risques.
12. Achat de produits et environnement commercial: les autorités adopteront les propositions de l’OCDE pour l’ouverture des magasins le dimanche.
13. Professions: Publication du décret présidentiel sur la libération de la profession d’ingénieur.
14. Professions: Publication du décret présidentiel sur la libéralisation de la profession de génie civil.
15. Professions : Les autorités adopteront un premier paquet de mesures visant à supprimer les restrictions injustifiées.
16. Fonds structurels: Les principes: (i) adopteront des actes législatifs et administratifs ou d’autres instruments appropriés ayant un effet équivalent pour rationaliser les procédures d’expropriation dans un nouveau cadre législatif consolidé; (ii) soumettre au Secrétariat général pour la politique numérique un projet de proposition pour une intégration du Système d’information géographique et cadastrale pour la gestion et le suivi des expropriations, y compris leurs coûts; (iii)procéder à la rationalisation et à la simplification des procédures relatives aux projets archéologiques avec codification de la législation et / ou d’autres moyens appropriés à effet équivalent, y compris l’application de délais contraignants pour la délivrance des permis;(Iv) Procéder à l’adoption d’une décision ministérielle commune établissant un registre des experts pour assurer la supervision des projets cofinancés, conformément à l’article 28 de la loi 4314/2014.
17 Fonds structurels: Les autorités sont d’ accord avec la Commission européenne pour 15-20 grands projets phares pour la période 2014-2020 pour l’ approbation et l’ achèvement.
18 Énergie électrique: Adaptation des tarifs SGI suite à une proposition de RAE selon laquelle le déficit du PPC devrait être couvert au plus tard en décembre 2022.
19. Électricité: la Société PPC versera 51% de ses actions à une société de portefeuille. La société de portefeuille déposera un dossier auprès de la Commission Securities and Exchange alors que la transaction sera connue de la Commission européenne pour les licences concernées.
20. Réseaux électriques: Nouveau mécanisme de capacité de réseau selon les instructions d’aide pour l’ énergie et l’environnement.
21. Approvisionnement en eau: Le Secrétariat spécial pour l’ eau activera un nouveau système de renseignement.
22. Privatisations: Recrutement de consultants pour les actifs restants inclus dans le plan de récupération des actifs du TAIPED/ HRADF.
23. Privatisation -Helleniko : approbation du plan de développement par le Conseil central et promotion aux ministères concernés pour application.
24 Privatisation: Le gouvernement prendra les décisions finales sur le transfert de L’Industrie Aéronautique Hellénique à la Société Hellénique d’Actifs et de Participations ( L’Hyper-Taiped…)
25. Société Hellénique d’Actifs et de Participations (Superfund): l’assemblée générale adoptera toutes les règles du règlement intérieur qui sont encore en instance.
26. Administration publique: Exécution du premier exercice d’évaluation.
27. Administration publique: Indemnités: Harmoniser les indemnités pour un travail pénible et malsain avec le règlement européen.
28.ELSTAT: Renforcer l’autonomie du président de l’ELSTAT, augmenter le budget de l’ELSTAT à partir de 2018, etc.
29. Les recettes publiques – Lutte contre la fraude: collaboration des autorités fiscales et de la justice.
30. Santé: réduire les dépenses pharmaceutiques: création d’un comité d’évaluation des technologies de la santé en vue de la gestion d’un centre d’évaluation pertinent à partir de juillet 2018.
31. Restructuration des dettes en souffrance: adoption des dernières mesures visant à faire respecter la loi sur le règlement extrajudiciaire, tel que décrit dans le Mémorandum technique.
32. Restructuration des arriérés: Établissement de la profession de coordinateur pour la gestion des demandes dans le mécanisme de règlement extrajudiciaire et l’achèvement du registre pertinent.
33. Formation professionnelle: Collaboration des ministères de l’éducation et du travail avec OAED pour 4 000 Formations professionnelles et formations entre 2017-2018 et 2018-2019.
34. Formation professionnelle: Révision du cadre d’enseignement et de formation professionnelles.
35: Marchés de produits – Environnement d’affaires: adoptez toutes les propositions de Toolbox 3 à l’exception de 11 propositions
36. Marchés des produits – environnement des affaires: nouvelle législation sur les carrières.
37. Les marchés de produits et de l’ environnement des affaires: évaluations d’impact ex-post. Le gouvernement abordera les recommandations exceptionnelles des évaluations ex post lancées en octobre 2015 et adoptera des mesures similaires en accord avec les institutions.
38. Usage des terres: Soumission au Conseil d’Etat du décret présidentiel sur l’harmonisation de la législation antérieure par la loi 4269/2014.
39. Fonds structurels: appel à manifestation d’intérêt pour tous les postes des Fonds structurels et d’investissement.
40. Privatisations (Helliniko): étude d’impact environnemental en consultation publique.
41. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Achèvement de la réglementation interne.
42.Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Remplir les postes vacants dans le TAIPED/HRADF et séparer les membres en membres exécutifs et non exécutifs.
43.Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Le Conseil d’Administration examinera la question du CA de la Société de la Propriété Publique
44.Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Publication du Plan stratégique.
45. Enchères en ligne: Finaliser la plate-forme d’enchères en ligne pour devenir pleinement opérationnelle.
46. Autorités indépendantes: nouvelle législation sur les règles de procédure des autorités indépendantes.
47. Santé: Mise en œuvre de la récupération fiscale: compensation pour 2013-2015 avec arriérés estimés (50% en août 2017).
48. Privatisations -Réseau Hellénique de transport du gaz( DESFA ):Sélection de l’acheteur privilégié.
49. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund : Nomination des membres du conseil d’administration de la Société Hellénique d’Actifs et de Participations (ΕΔΗΣ) à la mi-août.
50. Administration publique (mobilité): description des métiers pour la mise en œuvre du nouveau plan de mobilité.
51. Revenu public Autorité indépendante des recettes publiques (ΑΑΔΕ): détermination des positions organiques à moyen terme
52. Revenus publics (douanes): installation des trois scanners dans les aéroports internationaux.
53. Protection sociale: législation sur l’allocation de logement.
54. Préservation de la liquidité: Mesures prises par la Banque de Grèce si le capital privé ne satisfait pas aux exigences de fonds propres de moins de banques systémiques (LSI).
55. Marchés des produits et environnement des affaires: nouvelle législation en septembre pour les secteurs miniers.
56. Cadastre: nouvelle législation en septembre pour les bureaux du Registre Foncier.
57. Énergie-gaz naturel: Conformément à la recommandation de l’Autorité Énergétique (RAE), le Conseil gouvernemental pour la politique économique (ΚΥΣΟΙΠ) adoptera le plan à moyen terme (2017-2020) pour le marché du gaz.
58. Réseaux d’Approvisionnement en eau: nouveaux plans d’activités pour la Sté d’approvisionnement en eau et assainissement de Grèce ( ΕΥΔΑΠ) et la Sté d’approvisionnement en eau de Thessalonique (ΕΥΑΘ).
59. Privatisations (Route Egnatia): Soumission pour approbation de la nouvelle politique de péage de la Route Egnatia et axes verticaux.
60. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Remplacement des membres du Conseil d’administration de la Société de la Propriété Publique (ΕΤΑΔ ) si nécessaire.
61. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Transfert du premier «paquet» d’immeuble en accord avec les autorités.
62. Administration publique (mobilité): mise en place du nouveau cadre de mobilité en septembre.
63. Administration publique (modernisation): inviter tous les secrétariats ministériels à se moderniser.
64. Administration publique: Sélectionnez les directeurs généraux au cours de Septembre.
65. Justice: Modification du Code de procédure civile, la Loi sur la faillite et d’ autres lois pour garantir les droits des créanciers conformément aux meilleures pratiques dans E. E.
66. autorités indépendantes: Personnaliser la législation sur les autorités indépendantes , y compris la Commission de la concurrence, l’Autorité Énergétique-RAE et l’Autorité de Régulation du Transport de passagers.
67. Les finances publiques: achèvement de la comptabilité du gouvernement central et la présentation des textes juridiques.
68. Protection sociale: Rationalisation des allocations scolaires en Octobre.
69. Marché du travail: en tant que condition préalable de base pour la prochaine évaluation, 50% des membres des sections syndicales de base devront voter pour une grève.
70. Approvisionnement en eau: Préparation pour le développement du système d’information intégré par le Secrétariat spécial pour l’ eau.
71. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): achèvement du Règlement intérieur sur les dividendes et la politique d’investissement en Octobre.
72. Administration publique – Coordination: Mettre en place un mécanisme de coopération entre les ministères avant de soumettre des propositions législatives.
73.Santé (Mise en œuvre de la récupération): Compensation pour 2013-2015 avec une estimation des arriérés (achèvement du processus en Novembre).
74. Protection sociale: réforme des allocations familiales en Novembre.
75. Protection sociale: réforme des prestations d’invalidité – une nouvelle législation pour la détermination des conditions de délivrance des prestations d’invalidité.
76. Protection sociale: réforme des allocations de transport en Novembre avec effet à partir de 2018 suivant le billet électronique.
77. Éducation: Modification des heures d’enseignement par enseignant et ratio élèves par classe et élèves par enseignant, basés sur les meilleures politiques de l’OCDE.
78. marché des produits et l’ environnement des affaires (Outil 1): Adopter toutes les propositions de matériaux de construction: un total de 372 spécifications techniques dans les matériaux de construction.
79. Industries de réseau (énergie): Les mesures structurelles pour la cession du secteur due la lignite de la Sté de Production électrique ΔΕΗ- PPC seront finalisées par le dépôt formel de l’offre contraignante acceptée par la République grecque à la DG COM.
80. Privatisations (Superfund): L’Assemblée générale approuvera le plan stratégique.
81. Lutte contre la corruption. Les autorités modifieront leur législation pour répondre aux recommandations du GRECO sur le financement des partis politiques et des campagnes électorales dans le mois suivant le dépôt du rapport du GRECO.
82. codes fiscaux: Les autorités d’ici Décembre 2017 devraient: a) procéder à un examen à l’aide d’un soutien technique de toutes les incitations fiscales pour les entreprises et l’intégration des exonérations fiscales, abrogeant celles qui sont déjà inefficaces ou inégales, b) examiner avec le soutien technique en utilisant le cadre fiscal pour les véhicules d’investissement collectif et aux participants sur les meilleures pratiques dans E. E., c) codifier et simplifier la législation de la TVA, la mettre en conformité avec le code des procédures fiscales et abroger les lacunes en suspens, y compris celles mentionnées dans la révision de la législation sur la réécriture et la remise TVA, d) entreprendre un examen technique des prévisions après leur mise en œuvre triennale, l’identification des problèmes et des lacunes, des propositions d’amendements en vue d’une meilleure mise en œuvre et suppression de prévisions contradictoires; e) examiner le traitement fiscal privilégié pour l’industrie du transport maritime à la lumière de la Commission européenne d’ici Janvier 2018.
83.Les impôts fonciers. Les autorités , avec l’ aide de soutien technique, devront légiférer pour assurer l’alignement des valeurs objectives aux valeurs réelles du pays d’ici Décembre 2017.
84.Les recettes publiques (AADE): Tous les membres du personnel transférés à l’AADE seront évalués et seront placés dans des niveaux bien adaptés.
85.Gestion des finances publiques. Préparer un plan d’action pour améliorer la gestion des garanties d’Etat suite à une enquête diagnostic réalisée auparavant.
86.Retraites: le recalcul individuel des pensions en vertu des nouvelles règles sera finalisé d’ ici la fin de Décembre.
87. Retraites: Les autorités devront veiller à ce que, jusqu’en Décembre, l’EFKA puisse maintenir automatiquement les dossiers électroniques des carrières ouvrant droit à la retraite.
88. Retraites: À paraître jusqu’en Décembre 2017 les décisions ministérielles Article 70 VEN. 2e et P. D. Article 52 de N. Katrougkalou. L’ article 52 concerne le fonctionnement de EFKA (transfert du personnel, la création de nouveaux emplois, les responsabilités des Directions Générales , etc.). Article 70 VEN. 2ème la séparation des biens appartenant à l’EFKA.
89. Enseignement et formation professionnelle (EEK): Le gouvernement adoptera un plan global pour le développement du capital humain (avec assistance technique) jusqu’en Décembre 2017.
90. Professions: Levée des restrictions pour les autres professions jusqu’en Décembre 2017.
91. Industries de réseau (énergie): capacité d’allocation et de la gestion de la congestion. Pour le couplage du marché le lendemain (Italie – Grèce et Bulgarie – Grèce), la Grèce rejoindra le projet de couplage du marché européen d’ici Décembre 2017.
92. Les compagnies des eaux: Les autorités ont jusqu’à Décembre 2018 pour élaborer un plan stratégique pour renforcer la gouvernance, la capacité administrative et l’ autonomie économique des entreprises.
93. Privatisations (Helliniko): Les autorités publieront le projet de décret présidentiel pour le Plan de développement intégré au plus tard six mois après sa présentation formelle, conformément à la disposition pertinente de la loi 4062/2012..
94 Administration publique : Achèvement des évaluations du personnel d’ici Décembre 2017.
95. Administration publique: Finalisation des engagements des directeurs généraux d’ici Décembre 2017.
https://unitepopulaire-fr.org/2017/08/24/armageddon-social-en-grece-les-95-conditions-prealables-3-eme-memorandum/
Antériorité : voir notre article du 31/7 http://www.infoadrets.info/grece/le-cstar-le-bateau-de-la-honte/
et du 3/8 http://www.infoadrets.info/grece/des-nouvelles-du-cstar/ et du 20/8/17 http://www.infoadrets.info/grece/et-le-cstar-vigilance/
Dernières actualités :
(1) sur le blog de Y Youlontas http://blogyy.net/2017/08/24/le-c-star-en-route-pour-la-france-ou-la-croatie/ et (2) la FIDH demande à la Mongolie de retirer son pavillon de complaisance au bateau raciste.
(1) Communiqué de DEFEND MEDITERRANEA*
« LE C-STAR VA BIENTÔT REPARTIR : PRÉPARONS-NOUS À LE REFOULER DANS LES PORTS DE FRANCE OU DE CROATIE !
Le navire de l’expédition fasciste DEFEND EUROPE s’apprête à quitter la région de Malte, après avoir échoué dans sa nouvelle tentative d’escale, malgré son insistance durant toute une semaine. Ce nouvel échec cuisant a fait capoter le rapatriement en grande pompe des chefs identitaires à Lyon, pour la conférence de presse du 19 août. Grâce à la mobilisation de nos camarades antiracistes et antifascistes à Malte, le C-Star va bientôt repartir sans avoir pu accoster. Cependant, avec la collaboration des réseaux fascistes sur place et de deux bateaux maltais, le Sea Storm et le Bawa 1, il a tout de même pu se ravitailler in extremis, ce jeudi après-midi, au bout d’une semaine de colères et de lamentations.
Selon nos informations, le C-Star va repartir demain. Nous saurons alors plus précisément dans quel pays et quel port il va tenter de faire escale, en observant la direction qu’il aura choisi (depuis les sites de trafic maritime, mais aussi par d’autres moyens sur lesquels ses coupures volontaires de balise AIS n’ont aucun impact).
Selon nos informations, les deux hypothèses principales envisagées par les dirigeants identitaires sont la France et la Croatie, mais d’autres ports ont également été évoqués, comme Rome et Barcelone par exemple, ou encore le transbordement nocturne des chefs fascistes (à la manière de leur arrivée à bord en catimini, sur le bateau chypriote Dioni, au large de Limassol).
En France, il pourrait s’agir de Nice : une ville que les fascistes croient favorable à leur action en raison de son ancrage politique et du choc de l’attentat du 14 juillet 2016. Ce port a aussi l’avantage d’être proche des principaux pays voisins représentés à bord (les chefs autrichiens et italiens espèrent attirer quelques dizaines de fans). Enfin, l’aéroport est proche, le long de la mer, et ses rotations vers Lyon sont fréquentes. Seconde hypothèse : Toulon, pour des raisons similaires, mais la proximité du puissant réseau antifasciste marseillais rend peu probable cette éventualité.
Les autorités françaises oseront-elles accueillir le C-Star à bras ouvert, alors que l’Egypte, le nord de Chypre, la Crète, la Tunisie, la ville de Catane en Sicile et Malte, tour à tour, l’ont systématiquement repoussé ou expulsé ? Macron et son gouvernement vont-ils feindre de fermer les yeux sur la vraie nature de ce bateau de miliciens racistes et fascistes ? Les autorités françaises pourraient dire oui, si l’on en croit les déclarations de Martin Sellner, chef du mouvement identitaire autrichien présent à bord du C-Star, qui prétend que ses deux meilleurs contacts (obtenus via les ambassades qu’il a contactées par téléphone) sont les représentants de l’État autrichien et ceux de l’État français.
Ce n’est pas vraiment une surprise :
– le ministre de l’intérieur autrichien avait récemment félicité publiquement la mission Defend Europe ;
– le président français voyait, paraît-il, d’un bon œil l’irruption d’une propagande sécuritaire en Méditerranée, au moment même où il commençait à négocier son grand projet de fermeture des frontières africaines vers l’Europe avec les principaux chefs libyens.
Rappelons à ce propos que la mission de Defend Europe a non seulement été ridiculisée à chaque étape de son périple, mais surtout qu’elle n’a eu aucun effet sur l’évolution de la situation. Toute personne un peu informée sait bien que ce n’est pas le porte-voix des bouffons à lunettes noires qui a éloigné provisoirement les navires de sauvetage de la zone de recherche, mais :
– les tirs de sommations à balles réelles des garde-côtes libyens ;
– les pressions des autorités européennes et, notamment, de l’État italien, ce dernier étant allé jusqu’à saisir l’un des bateaux de sauvetage et arrêter une partie de son équipage.
En réalité, les vacanciers du C-Star n’ont rien fait d’autre que se payer une croisière aux frais des imbéciles qui les ont crus et financés. Une croisière qui s’est avérée beaucoup plus compliquée que prévue, sur une mer Méditerranée résolument opposée à leurs valeurs abjectes.
L’autre destination possible, c’est la Croatie. Notamment le port de Rijeka au sud, qui est une zone franche. Mais nous avons beaucoup de contacts sur place et les mouvements antifascistes croates sont familiers des méthodes fortes, similaires à celles des antifascistes crétois. Le petit groupe de hipsters-fascistes ferait bien de se méfier du comité d’accueil, en cas d’autorisation d’accoster.
Nous attendons maintenant le départ imminent du C-Star de la région maltaise et nous étudierons dès lors sa direction, puis compléterons nos informations auprès des camarades ouvriers et marins dans les ports susceptibles d’avoir été choisis. La Méditerranée restera jusqu’au bout une galère pour ce radeau de la méduse.
Nous invitons tous les antifascistes et antiracistes à se préparer, en particulier au sud-est de la France et au sud-ouest de la Croatie, destinations les plus probables pour l’instant.
Non aux milices fascistes, ni en Méditerranée, ni ailleurs ! Non à l’Europe forteresse !
DEFEND MEDITERRANEA, le 24 août 2017
* Le réseau DEFEND MEDITERRANEA est composé de camarades antifascistes, antiracistes et solidaires de Méditerranée qui ont participé au blocage du navire C-Star à Suez (23/07) puis à Chypre (26/07), et qui l’ont empêché de faire escale en Crète (31/07), en Tunisie (06/08), en Sicile (17/08) et à Malte (17/08). »
(2) C-Star : la FIDH demande à la Mongolie de retirer son pavillon de complaisance au bateau raciste.
Paris, le 23 août 2017 – Affrété par des groupes identitaires et xénophobes européens, le C-Star (soit racist à l’envers) prétendait enrayer cet été le secours des ONGs aux boat-people en Méditerranée. Il termine une première mission forte en incidents, battant toujours un pavillon de complaisance octroyé par la Mongolie. La FIDH adresse aujourd’hui une lettre au Ministre des Transports Mongol pour lui demander de retirer ce pavillon, les objectifs affichés par le collectif étant contraires au droit maritime international et à la constitution du pays.
Partie le 7 juillet dernier de Djibouti, la mission du collectif Defend Europe regroupe des militants de différents mouvements racistes européens, affiliés notamment à Génération Identitaire. Elle assume publiquement trois objectifs : enrayer le travail des ONGs qui portent secours aux boat-people, ramener ces derniers sur les côtes libyennes et détruire leurs embarcations.
Ces objectifs de navigation entrent en opposition avec l’obligation inconditionnelle faite à tout navire de porter secours en mer. Cette obligation est notamment énoncée dans l’article 98 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 (Convention UNCLOS), et dans l’article 33 du chapitre V de la Convention Internationale pour la Sauvegarde de la Vie en mer de 1974 (Convention SOLAS).
Ces objectifs contredisent d’autre part le devoir de conduire les naufragés « en lieu sûr », contenu dans la Convention Internationale sur la Recherche et le Sauvetage maritime de 1979 (Convention SAR), ce qui ne peut être le cas d’une reconduite en port libyen. Ils sont aussi contraires au principe de non-refoulement contenu dans la Convention de Genève sur les réfugiés. Enfin, ils s’opposent à la constitution mongole qui condamne tout type de discrimination dans son article 14.
L’octroi de pavillon, fut-il de complaisance, engage la responsabilité des Etats concernés, l’article 5 de la Convention de Genève de 1956 sur la haute mer précisant : « Il doit exister un lien substantiel entre l’Etat et le navire ; l’Etat doit notamment exercer effectivement sa juridiction et son contrôle, dans les domaines technique, administratif et social, sur les navires battant son pavillon. »
C’est pourquoi la FIDH adresse aujourd’hui une lettre à M. GANBAT Dangaa, ministre mongol des transports, pour lui demander de retirer le pavillon de son pays au C-Star. Ce retrait est possible, le pays ayant déjà rayé plusieurs navires de ses registres, notamment en avril 2017 pour appliquer les résolutions 2270 et 2321 du Conseil de Sécurité de l’ONU aux navires liés à la Corée du Nord.
Bateau au passé houleux, le C-Star a été racheté par l’homme d’affaires controversé Sven Tomas Egerstrom, condamné pour fraude dans les années 2000 et lié à plusieurs sociétés de sécurité privées opérant dans le golfe d’Aden. À peine parti de son port d’attache, le C-Star avait été arrêté le 16 juillet dans le canal de Suez par les autorités égyptiennes, faute de pouvoir fournir la documentation nécessaire à la poursuite de sa route. Peu après, le 26 juillet, le commandant, son second, le propriétaire du navire ainsi que sept membres d’équipage avaient été interpellés à Famagouste, sur l’île de Chypre. Ils sont soupçonnés de faux et usage de faux. Une partie de l’équipage sri-lankais débarquait et demandait l’asile politique. Début août, le C-Star approche les côtes tunisiennes, sans pouvoir accoster. En effet, les pêcheurs et la population tunisienne, appuyés par une des ligues de la FIDH sur place, le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES), avaient lancé une campagne antiraciste contre son ravitaillement. En fin de course, le bateau stagne désormais au large de Malte, où les autorités lui refusent l’accès au port, affirmant vouloir « ne rien avoir à voir avec une organisation raciste » …
Série : Le récit de la crise grecque par Yanis Varoufakis : un témoignage accablant pour lui-même
Partie 2
17août par E Toussaint
Dans son dernier livre Adults in the Room (https://www.theguardian.com/books/2…), Yanis Varoufakis donne sa version des raisons qui ont conduit à la capitulation honteuse du gouvernement Tsipras en juillet 2015. Il analyse essentiellement la période 2009-2015 tout en faisant des incursions dans des époques plus lointaines.
Dans un premier article au sujet de ce livre (http://www.cadtm.org/Les-propositio…), j’ai analysé de manière critique les propositions faites par Varoufakis avant de participer au gouvernement de Tsipras en janvier 2015, en montrant qu’elles menaient à l’échec. Ce deuxième article porte notamment sur les liens entretenus par Yanis Varoufakis avec la classe politique dirigeante grecque (tant le PASOK historiquement lié à la social-démocratie, que le parti conservateur Nouvelle Démocratie) depuis plusieurs années.
Yanis Varoufakis met l’accent à plusieurs reprises sur le large éventail de ses relations dans le milieu politique grec. Il insiste sur son amitié passée avec Yanis Stournaras (l’actuel directeur de la banque centrale de la Grèce, allié de Draghi et des banquiers privés grecs et étrangers), sur ses bons rapports en 2009 avec Georges Papandréou (qui a mis en œuvre la politique conduisant au premier mémorandum), sur ses relations avec Antonis Samaras (qui a dirigé le gouvernement grec après le deuxième mémorandum) et il consacre une partie importante des 4 premiers chapitres du livre à relater la construction de rapports étroits de collaboration et à certains moments de complicité avec 3 dirigeants de Syriza. Il s’agit d’Alexis Tsipras (qui a conduit le peuple grec au troisième mémorandum), Nikos Pappas (l’alter ego de Tsipras, devenu ministre d’Etat dans le gouvernement Tsipras I) auquel s’est ajouté, en cours de route, Yanis Dragasakis (avant que celui-ci devienne vice-premier ministre des gouvernements Tsipras I et II).
Dans cette deuxième partie, je vais aborder le récit du début de la crise grecque ainsi que les relations de Varoufakis avec la classe politique traditionnelle grecque.
Varoufakis dénonce les banquiers grecs mais la solution qu’il a proposée à Alexis Tsipras à partir de juin 2012 consistait à transférer la propriété des banques grecques à l’Union européenne.
Varoufakis relate de manière très discutable l’enchaînement des évènements qui ont conduit à l’imposition du premier mémorandum de mai 2010. Tout en s’en défendant, il conforte la narration officielle selon laquelle la cause de la crise réside dans l’incapacité de l’Etat grec à faire face à la dette publique. Bien qu’il dénonce l’état lamentable dans lequel les banques privées grecques s’étaient placées |1|, il met l’accent sur l’incapacité de l’Etat grec à faire face à la situation et déclare que celui-ci aurait dû se déclarer en faillite. Il écarte la possibilité qui était “offerte” à l’Etat de refuser d’assumer les pertes des banques. Son raisonnement sur la faillite de l’Etat grec tient au fait que, selon lui, le passif (=les dettes) des banques privées était, qu’on le veuille ou non, à charge de l’Etat. Le passif des banques privées était tellement élevé que l’Etat grec était incapable d’y faire face. Pourtant, à différents moments de l’histoire, des Etats ont refusé d’assumer les pertes des banques privées. L’Islande l’a fait à partir de 2008 lors de l’effondrement de son secteur bancaire privé et s’en est très bien tirée. Elle a su faire face victorieusement aux menaces de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas |2|.
Il ne suffit pas de dire que la Grèce n’est pas l’Islande, il ne suffit pas d’affirmer que la Grèce fait partie de la zone euro et devait y rester pour mettre fin au débat. Varoufakis adopte une attitude en réalité conservatrice du point de vue économique et social. Il dénonce les banquiers grecs mais la solution qu’il a proposée à Alexis Tsipras à partir de juin 2012 consistait à transférer la propriété des banques grecques à l’Union européenne |3|.
Par ailleurs, il est évident qu’il fallait remettre en cause le paiement de la dette publique qui avait fortement augmenté principalement dans les années 1990 du fait de la poursuite d’objectifs illégitimes (dépenses militaires excessives, financement des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux plus riches, financement par la dette de la baisse des cotisations sociales qui étaient à charge du patronat…) ou du financement de cette dette à des conditions illégitimes (taux d’intérêt abusif prélevés par les banques), et suivant des modalités qui étaient marquées par la corruption et d’autres facteurs d’illégalité (voir le chapitre 1 de http://www.cadtm.org/Rapport-preliminaire-de-la).
Varoufakis et le gouvernement de Georges Papandreou (PASOK) 2009-2011
“En automne 2009, un nouveau gouvernement grec a été élu avec la promesse suivante : dépenser plus pour aider la montagne du revenu de la nation à se reconstruire. Sauf que le nouveau Premier ministre et son ministre des Finances, issus du parti social-démocrate, le Pasok, n’ont pas compris. La faillite de l’État était déjà là, avant même qu’ils prêtent serment. |4| »
Il est faux d’affirmer que l’Etat grec était en faillite. Ce discours conforte la présentation mensongère donnée par la Troïka et les médias dominants.
Il est faux d’affirmer que l’Etat était en faillite. Ce discours conforte la présentation mensongère donnée par la Troïka et les médias dominants.
Ce que ne dit pas Varoufakis, c’est que Papandréou a dramatisé la situation de la dette publique et du déficit public au lieu de faire supporter le coût de cette crise bancaire aux responsables, tant étrangers que nationaux (à savoir les actionnaires privés, les administrateurs des banques, les banques étrangères et autres sociétés financières qui avaient contribué à générer la bulle spéculative). Le gouvernement de Papandréou a fait falsifier les statistiques de la dette grecque, non pas dans les années précédant la crise pour la réduire (comme la narration dominante le prétend) mais en 2009 pour l’augmenter. C’est ce que démontre très clairement la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque dans son rapport de juin 2015 (voir le chapitre II, p. 17 de http://www.cadtm.org/Rapport-preliminaire-de-la). Varoufakis ne dénonce pas la falsification, il prend pour argent comptant les affirmations de Papandréou, de son ministre des Finances sur l’état dramatique des finances publiques.
Après les élections législatives du 4 octobre 2009, le nouveau gouvernement de Georges Papandréou procéda en toute illégalité à une révision des statistiques afin de gonfler le déficit et le montant de la dette pour la période antérieure au mémorandum de 2010. Le niveau du déficit pour 2009 subit plusieurs révisions à la hausse, de 11,9 % du PIB en première estimation à 15,8 % dans la dernière. Andréas Georgiu, directeur en 2009-2010 de l’office grec des statistiques ELSTAT (alors qu’il occupait encore un mandat au FMI) a été condamné en août 2017. Sous le titre : « En Grèce, condamnation de l’ancien chef des statistiques, qui avait maquillé les chiffres du déficit public », voici ce qu’en dit le quotidien Le Monde dans son édition du 1er août 2017 : « Andréas Georgiou, ancien chef de l’office des statistiques grecques, Elstat, au cœur de la saga des faux chiffres du déficit public au début de la crise de la dette, a été condamné, mardi 1er août, à deux ans de prison avec sursis. Le tribunal correctionnel d’Athènes l’a jugé coupable de « manquement au devoir », selon une source judiciaire. Cet ancien membre du Fonds monétaire international était poursuivi pour s’être entendu avec Eurostat (l’office européen de statistiques, dépendant de la Commission) afin de grossir les chiffres du déficit et de la dette publique grecs pour l’année 2009. Le but supposé : faciliter la mise sous tutelle financière du pays, avec le déclenchement, en 2010, du premier plan d’aide internationale à la Grèce – on en est au troisième, depuis août 2015. |5| »
Contrairement à ce qu’affirme Varoufakis, les banques privées n’ont pas stoppé les crédits à l’Etat grec en 2009, ce sont les crédits aux secteurs privés grecs qui ont été interrompus
Par ailleurs, contrairement à ce qu’affirme Varoufakis, les banques privées n’ont pas stoppé les crédits à l’Etat grec en 2009 |6|, ce sont les crédits aux secteurs privés grecs qui ont été interrompus au cours de cette année. A l’automne 2009, l’Etat grec réussissait sans difficulté à lever des fonds. L’arrêt des crédits des marchés financiers à l’Etat grec a eu lieu en 2010, après que Papandréou a dramatisé la situation et au moment du lancement du processus du 1er mémorandum.
Varoufakis explique à plusieurs endroits du chapitre 2 qu’il entretenait, malgré des divergences évidentes, de bons rapports avec Papandréou :
« En janvier 2010, au cours d’un entretien à la radio, j’ai prévenu le Premier ministre, que je connaissais personnellement et avec qui j’avais des rapports plutôt amicaux, en lui disant : « Quoique tu fasses, ne va pas chercher des emprunts d’État chez nos partenaires européens pour essayer, en vain, d’éviter la banqueroute. |7| »
Sur ce dernier point, Varoufakis a raison : il ne fallait pas aller chercher des crédits du côté de la Troïka. Par contre, Varoufakis a tort quand il affirme que l’Etat grec aurait dû se déclarer en faillite. Une alternative, opposée à la politique mise en pratique par Papandréou et différente de celle avancée par Varoufakis (= mise en faillite de l’Etat), était pourtant possible et nécessaire. Suite à sa victoire électorale de 2009 obtenue grâce à une campagne dénonçant les politiques néolibérales menées par Nouvelle Démocratie, le gouvernement de Papandréou, s’il avait voulu respecter ses promesses électorales, aurait pu et aurait dû socialiser le secteur bancaire en organisant une faillite ordonnée des banques et en protégeant les déposants. Plusieurs exemples historiques attestent qu’une faillite était tout à fait compatible avec le redémarrage rapide des activités financières au service de la population. Il fallait s’inspirer de ce qui se faisait en Islande depuis 2008 |8| et de ce qui avait été réalisé en Suède et en Norvège dans les années 1990 |9|. Papandreou a préféré suivre l’exemple scandaleux et catastrophique du gouvernement irlandais qui a sauvé les banquiers en 2008 et allait en novembre 2010 devoir accepter un plan d’aide européen qui a eu des effets dramatiques pour le peuple irlandais. Il fallait aller plus loin que l’Islande et la Suède avec une socialisation complète et définitive du secteur financier. Il fallait faire supporter les pertes de la résolution de la crise bancaire par les banques étrangères et par les actionnaires privés grecs tout en poursuivant en justice les responsables du désastre bancaire. Une telle démarche aurait permis à la Grèce d’éviter la succession de mémorandums qui ont soumis le peuple grec à une crise humanitaire dramatique et à l’humiliation sans pour autant assainir véritablement le système bancaire grec.
Varoufakis et Antonis Samaras
A plusieurs reprises Varoufakis se réfère aux contacts qu’il entretenait avec des personnalités de premier plan de la classe politique grecque qu’elle soit du PASOK ou du principal parti conservateur, la Nouvelle Démocratie.
Concernant Samaras, d’aucuns se seraient posé la question : « N’est-ce pas inquiétant de recevoir des compliments d’un des dirigeants clés du parti conservateur ? ». Cela n’a pas été le cas de Varoufakis.
« Un soir (de 2011, NDLR), en rentrant chez moi après une émission de l’ERT, la radio et la télévision publiques grecques, le fixe a sonné. J’ai décroché et j’ai reconnu la voix d’Antonis Samaras, dirigeant de la Nouvelle Démocratie, le parti conservateur, qui, à l’époque, représentait l’opposition officielle. (…) « On ne se connaît pas, M. Varoufakis, me dit-il, mais je viens de vous regarder à la télévision et il fallait absolument que je vous appelle. Je crois que je n’ai jamais entendu des propos aussi profonds et touchants sur un plateau de télévision. Je voulais vous remercier pour votre prise de position. » Samaras n’est pas le seul membre de l’establishment grec à avoir pris contact avec moi. Ma croisade m’avait amené à avoir de nombreuses discussions en aparté avec des ministres socialistes, des députés conservateurs de l’opposition, des dirigeants de syndicats et autres, qui sentaient bien que je représentais autre chose. Dès que je leur avais fait part de mon analyse, ils étaient d’accord, tous sans exception. (…) Les conservateurs, en tout cas jusqu’en novembre 2011, étaient un peu plus audacieux : comme leur dirigeant, Antonis Samaras, avait adopté un point de vue anti-austérité et anti-renflouement, ils étaient plus libres pour me suivre. |10| »
Après avoir reçu un coup de téléphone comme celui de Samaras, d’aucuns se seraient posé la question : « N’est-ce pas inquiétant de recevoir des compliments d’un des dirigeants clés du parti conservateur ? ». Cela n’a pas été le cas de Varoufakis.
L’amitié entre Stournaras et Varoufakis
Varoufakis ne consacre pas moins de quatre pages à la relation d’amitié qu’il a liée avec Yanis Stournaras |11|. Entre la fin des années 1990 et la période des mémorandums, Yanis Stournaras est passé du PASOK à la Nouvelle Démocratie. Varoufakis explique : « C’est lui qui avait réussi à convaincre Bruxelles et Berlin d’intégrer la Grèce à la zone euro. Une fois le pays définitivement admis, en 2000, le Premier ministre, membre du Pasok, l’avait remercié en lui offrant le poste de PDG et Président de la Banque commerciale de Grèce |12|. C’est à cette époque que nous avions fait connaissance. En dépit de son emploi du temps bousculé, Stournaras se rendait toujours disponible pour enseigner, avec plaisir et avec dévouement. Nos points de vue d’économiste et nos opinions politiques divergeaient, mais son engagement à l’université et nos affinités naturelles ont donné naissance à une profonde amitié. »
Même si à l’époque Varoufakis n’occupait aucune fonction officielle, il entretenait des relations avec des dirigeants clés et certaines de ses idées n’étaient pas rejetées par les dirigeants conservateurs, loin de là.
Varoufakis raconte qu’ils ont passé ensemble, dans l’appartement de Stournaras, la soirée électorale du 4 octobre 2009 qui a vu la victoire du PASOK. A cette époque, Stournaras était un des hauts conseillers des « socialistes » et avait épousé l’orientation pro-mémorandaire de Papandréou. Varoufakis poursuit : « En 2010, année cruciale pour la Grèce, Stournaras a fait un choix qui en a surpris plus d’un en devenant président d’un think-tank d’économistes créé à l’origine par la Confédération nationale des industries de Grèce, l’organisation patronale la plus puissante et la plus établie du pays, traditionnellement liée à la Nouvelle Démocratie. » Cela n’a pas affecté leur amitié. Un mois avant les élections de mai 2012, Varoufakis de passage à Athènes a appelé Stournaras : « je l’ai retrouvé le lendemain dans le café d’un hôtel situé au pied de l’Acropole. Nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre (…). Puis nous sommes passés aux choses sérieuses et je l’ai briefé sur les discussions que j’avais eues à Berlin avec des représentants de la BCE et du gouvernement allemand, avec des journalistes financiers et d’autres. J’ai également mentionné une conversation que j’avais eue avec George Soros. Qui était d’accord avec mon analyse de la situation de la Grèce et avec l’essentiel de mes propositions de politique économique pour l’Europe en général. » Varoufakis explique que Stournaras et lui ne sont pas tombés d’accord sur la viabilité du mémorandum mais qu’ils se sont quittés en se promettant de conserver intacte leur amitié. Les choses se sont gâtées quand Stournaras quelques mois plus tard a accusé Varoufakis de spéculer avec Soros sur les titres de la dette grecque. C’est à ce moment que leur relation s’est interrompue. Entretemps, Stournaras était devenu ministre de la Compétitivité (mai-juin 2012). Après les élections de juin 2012, il est devenu ministre des Finances du gouvernement d’Antonis Samaras. Ensuite, à partir de juin 2014, Samaras l’a placé à la tête de la banque centrale de la Grèce où il se trouve encore.
J’ai pris la peine de résumer ce passage du livre de Varoufakis, parce qu’il est révélateur de l’aisance avec laquelle il évoluait dans les milieux de la classe politique grecque. Même si à l’époque il n’occupait aucune fonction officielle, il entretenait des relations avec des dirigeants clés et certaines de ses idées n’étaient pas rejetées par les dirigeants conservateurs, loin de là. Manifestement, cela ne le gênait pas puisqu’il en fait largement état dans son livre.
Partie 1 : Les propositions de Varoufakis qui menaient à l’échec
|1| De mon côté j’ai analysé la crise des banques grecques dans « Grèce : Les banques sont à l’origine de la crise » http://www.cadtm.org/Grece-Les-banques-sont-a-l-origine Voir aussi Patrick Saurin, “La « Crise grecque » une crise provoquée par les banques”, http://www.cadtm.org/La-Crise-grecque-une-crise
|2| CADTM – Le tribunal de l’AELE rejette les réclamations « Icesave » contre l’Islande et ses habitants, publié le 29 janvier 2013, http://www.cadtm.org/Le-tribunal-de-l-AELE-rejette-les
|3| Y. Varoufakis, Adults in the Room, Bodley Head, London, 2017, chap. 3, p. 65. Je reviendrai là-dessus dans le prochain article.
|4| Y. Varoufakis, Adults in the Room, Bodley Head, London, 2017, chap. 2, p. 31. Le livre va paraître à l’automne 2017 en français chez l’éditeur Les Liens qui Libèrent. N’hésitez pas à passer commande chez votre libraire.
|5| En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/europe/articl… A signaler que ce type d’article est très rare dans le quotidien Le Monde. La presse conservatrice grecque (notamment le quotidien Kathimerini) souligne le mécontentement de la Commission européenne. La porte-parole de la Commission, Mme Annika Breidthardt, a déclaré le 1er août 2017, que la décision du tribunal n’est pas conforme aux décisions précédentes de la justice et réitéré que « la Commission est pleinement confiante dans l’exactitude et la fiabilité des données de l’ELSTAT au cours de la période 2010-2015 et au-delà »
|6| Je publierai un nouvel article sur la question avant la fin de l’année 2017. Je montrerai que plusieurs graphiques publiés par des organismes officiels, notamment le FMI, sont faux.
|7| Y. Varoufakis, Adults in the Room, Bodley Head, London, 2017, chap. 2, p. 31. A la page suivante, Varoufakis écrit : « Convaincu que la faillite était certaine, quelles que soient nos paroles apaisantes, j’ai continué à enfoncer le clou. Par ailleurs, le fait que j’avais rédigé des discours pour le Premier ministre Papandreou a retenu l’attention de la BBC et d’autres organes de presse étrangers. »
|8| Renaud Vivien, Eva Joly, « En Islande, les responsables du naufrage bancaire n’ont pas pu acheter leur procès », publié le 20 février 2016, http://www.cadtm.org/En-Islande-les-responsables-du
|9| Mayes, D. (2009). Banking crisis resolution policy – different country experiences. Central Bank of Norway.
|10| Y. Varoufakis, Adults in the Room, Bodley Head, London, 2017, chap. 2, p. 38-39.
|11| Y. Varoufakis, Adults in the Room, Bodley Head, London, 2017, chap. 2, p. 68 à 72.
|12| Cette banque a ensuite changé de nom, elle s’est appelée Emporiki et a été achetée par la banque française Crédit Agricole.
http://www.cadtm.org/Le-recit-discutable-de-Varoufakis
24/8/17 En vidéo. À Rome, la police chasse des réfugiés à coups de canon à eau http://www.courrierinternational.com/video/en-video-rome-la-police-chasse-des-refugies-coups-de-canon-eau
24/8/17 En Libye, la guerre aux migrants et la compétition entre l’Italie et la France par Salvadore Palidda Professeur de sociologie à l’université de Gênes (Italie) https://blogs.mediapart.fr/salvatore-palidda/blog/240817/en-libye-la-guerre-aux-migrants-et-la-competition-entre-l-italie-et-la-france
23/8/17 Des réfugiés à l’épreuve de l’intégration en Bulgarie https://www.ladepeche.fr/article/2017/08/23/2632449-des-refugies-a-l-epreuve-de-l-integration-en-bulgarie.html
19/8/17 Un total de 9.000 migrants et réfugiés rejoignent l’Espagne par la Méditerranée depuis début 2017, selon l’OIM : Au total 9.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Espagne en traversant la mer Méditerranée depuis le début de l’année, a déclaré vendredi le porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Joel Millman, lors d’un point de presse à Genève.
Le porte-parole a précisé qu’en prenant compte des quelque 600 migrants secourus en début de semaine dans les eaux du détroit de Gibraltar et la mer d’Alboran, « le nombre d’arrivées en Espagne a atteint 9.000 personnes » , un chiffre qui dépasse déjà le nombre total d’arrivées (8.162 personnes) enregistrées sur le territoire espagnol sur toute l’année 2016.
Si les chiffres notés en Espagne restent loin de ceux enregistrés en Italie, l’OIM estime toutefois que les autorités de Madrid pourraient faire face à davantage d’arrivées de migrants et de réfugiés que celles d’Athènes.
« L’Espagne est actuellement dans la situation qu’a connue la Grèce en 2015, avec des arrivées quotidiennes importantes » , a indiqué M. Millman, soulignant que les personnes arrivent en Espagne dans des navires plus petits et dans des canots pneumatiques qui sont vraiment difficiles à repérer en mer.
Le porte-parole a souligné que les autorités espagnoles agissaient seules et de manière responsable face à ces nouvelles arrivées de migrants et réfugiés. « Si le nombre d’arrivées augmente, l’Espagne aura besoin d’un soutien supplémentaire » , a-t-il toutefois prévenu.
Au 16 août, l’OIM a enregistré l’arrivée par mer de 119.069 personnes en Italie, en Grèce, en Espagne et à Chypre, quatre pays méditerranéens membres de l’Union européenne.
Avec près de 83% des arrivés, l’Italie à elle seule continue de recevoir la très grande majorité des réfugiés et migrants. Elle est suivie de la Grèce, de l’Espagne et de Chypre.
http://news.abidjan.net/h/620827.html
19/8/17 Bucarest propose d’accueillir près de 2.000 réfugiés : Le ministre des Affaires étrangères roumain a annoncé samedi que son pays était prêt à accueillir près de 2.000 migrants. @ ATTILA KISBENEDEK / AFP
La Roumanie a proposé d’accueillir près de 2.000 nouveaux réfugiés de Grèce et d’Italie, a annoncé le ministre roumain des Affaires étrangères Teodor Melescanu cité samedi par les médias locaux. « Nous avons fait récemment une offre pour 1.942 réfugiés de Grèce et d’Italie, que nous pouvons relocaliser en Roumanie. Nous avons déjà sur notre territoire environ 700 réfugiés » arrivés de ces pays, a précisé le ministre dans une interview à la chaîne d’information en continu Realitatea TV.
La Roumanie prête à accueillir hors quotas. « Nous avons affirmé qu’il n’est pas normal d’avoir des quotas fixes mais nous avons dans le même temps montré notre disponibilité à accueillir un certain nombre de réfugiés », a souligné Teodor Melescanu. Par ailleurs, le ministère roumain des Affaires étrangères a signalé samedi que Bucarest allouait en 2017 un total de 5,3 millions d’euros en assistance humanitaire aux Syriens réfugiés dans la région avoisinante de leur pays.
Le pays épargné pas l’afflux migratoire. Deuxième pays le plus pauvre du bloc européen, la Roumanie s’était opposée dans un premier temps aux quotas obligatoires de migrants répartis entre les membres de l’UE mais avait fini par accepter ce mécanisme européen. Seuls quelques centaines de migrants ont jusqu’ici accepté d’être transférés dans ce pays. Située aux frontières de l’Union européenne, la Roumanie a été épargnée par la crise migratoire, car contournée par les principaux itinéraires des demandeurs d’asile vers l’Europe.
18/08/2017 Situation explosive en mer Egée du nord avec 10 327 personnes en attente, alors que 1421 sont arrivés en 17 jours : Au total, 1421 réfugiés et les migrants ont traversé les îles de la mer Égée du 1er Août au jeudi 17 Août matin. Parmi ceux-ci, 394 sont allés à Lesbos, 458 à Chios et 569 passés à Samos.
Selon les données de la Garde côtière turque publié sur son site officiel, elle est intervenue dans 32 incidents et 1265 personnes sont revenues sur la côte turque alors qu’elles se dirigeaient vers les îles grecques.
Selon le Centre national de contrôle de la politique frontalière , de l’immigration et de la coordination de l’asile du ministère de l’Intérieur, et selon la Direction générale de la police de la mer Égée du Nord au jour du 17 août, et selon leurs données concernant les réfugiés et les immigrants pour l’ensemble des îles de la mer Egée du Nord,( Centre d’accueils, les centres d’identification et autres structures) , il y aurait au total 10 327 personnes en attente d’examen de leur demande d’asile, dont 4780 à Lesbos, 2,924 à Chios et 2,623 à Samos.
Les autorités s’inquiètent de la situation explosive ainsi créée notamment au camp de Moria ( Lesbos) et à Samos: Pour Moria on compte 3502 personnes pour une capacité de 2330; et à Samos, 1984 personnes pour une capacité de 700 places ! Au centre de Halkios de Chios, qui peut accueillir 1100 personnes, one compte que 838 résidents.
Par ailleurs, dans le camp municipal de Kara Tepe à Mytilène il reste 742 personnes , alors que celui de Souda est en instance de fermeture, et que vivent maintenant officiellement 330 personnes dans les douves du château de la ville, pendant le démantèlement a commencé.
18/8/17 Le ministre bulgare de la défense appelle à l’utilisation de la force contre les migrants aux frontières : Sur le site Keep Talking Greece , on peut lire :
« Krasimir Karakachanov, Ministre bulgare de la Défense incite l’union européenne à utiliser des moyens militaires pour défendre ses frontières extérieures face aux migrants… Dans une interview au quotidien allemand Die Welt traduit par Politico, Kasimir Karakachanov, dont le parti d’ extrême droite Patriots Unis est un partenaire junior de la coalition dans le gouvernement du Premier ministre bulgare Boyko Borisov, a déclaré: « Nous ne pouvons pas permettre aux immigrants clandestins de venir en Europe comme un ensemble, » …« Nous devons déployer des forces de l’OTAN ou de l’UE en Italie et en Grèce et défendre les frontières extérieures de l’Union européenne par la force des armes si nécessaire. » Karakachanov a dit qu’il voulait tripler le nombre de troupes stationnées sur sa frontière bulgare avec la Turquie, de 140 à 600 soldats pour réduire l’immigration. « Nous avons pas résolu le problème des migrations », a t-il ajouté. « Les grands réseaux de contrebande bien organisés tentent toujours d’amener les gens dans notre pays. » Il a affirmé que « la majorité de ceux qui traversent la Méditerranée ne sont pas en besoin de protection, ne sont pas persécutés, ils veulent juste vivre dans le riche Occident. »
La Bulgarie partage une frontière avec la Turquie. Au cours de la crise des réfugiés européens ces dernières années, un nombre important de demandeurs d’asile et de migrants sont passé dans le pays.
Mais les chiffres ont chuté de manière spectaculaire; le nombre d’arrestations pour les migrations illégales en Bulgarie dans la première moitié de 2017 a chuté de 80 % par rapport aux six premiers mois de 2016, selon le Globe Sofia .
Mais alors que certaines politiques pan-européennes, comme l’accord entre Bruxelles et la Turquie pour contenir les migrants dans les pays du Moyen-Orient, ont diminué le nombre de personnes qui viennent en Europe sur certaines routes, beaucoup de gens font encore le voyage.
L’Organisation internationale pour les migrations dénombre 119,047 personnes qui sont arrivées en Europe par voie maritime jusqu’à présent en 2017. Mais l’organisation, comme la plupart des experts en migration, recommande plutôt que de chercher à dissuader de force les réfugiés et les migrants, que l’Europe se concentre sur la création de systèmes faciles à gérer et efficaces pour les déplacer à travers le continent et les intégrer dans leurs nouvelles sociétés. En Janvier, elle a appelé à « un système de relocalisation solide, le soutien aux retours volontaires et le renforcement de voies alternatives aux déplacements juridiques dangereux, y compris la réinstallation et le regroupement familial. » (Selon Politico & Newsweek) »
EKAS – L’allocation de solidarité sociale grecque abandonnée en 2018
Le nouveau document, point de départ des discussions au cours des réunions de l’Eurogroupe, inclut de nouvelles coupes dans les prestations de solidarité sociale pour les retraités (CFST) et » l’allocation chauffage » pour les plus modestes.
Le programme d’ajustement budgétaire grec, exigé par l’ensemble des ministres des Finances de la zone Euro, comprend un ensemble de nouvelles mesures sévères, selon les sources.
Le parlement grec sera contraint de légiférer sur une série de nouvelles mesures drastiques, en espérant un allègement de la dette.
– L’allocation de solidarité sociale (EKAS) octroyée aux plus bas revenus, diminuée de 40% depuis le premier janvier de cette année. Elle sera complètement abandonnée en 2018. 430 millions d’euros seraient ainsi économisés en 2017.
– La suppression ou la réduction de « l’allocation chauffage ». Seuls 105 millions d’ euros seront affectés au budget 2018, contre 210 en 2014.
– La suppression ou une limite de 50% sur les déductions fiscales liées aux dépenses de santés et frais médicaux (pour les maladies lourdes et/ou invalidantes).
– L’abandon de la réduction mensuelle de 1,5% sur l’impôt pour les travailleurs salariés et les retraités .
– La suppression du statut fiscal spécial des marins.
– La suppression des allocations familiales ( actuellement versées aux parents qui travaillent, et d’un montant de 4,11€ par enfant).
– L’abolition de l’allocation « spéciale étudiants ».
ttp://www.lepetitjournal.com/athenes/economie/actu-economie/264484-ekas-l-allocation-de-soli
18/8/17
Antériorité : voir notre article du 31/7 http://www.infoadrets.info/grece/le-cstar-le-bateau-de-la-honte/
et du 3/8 http://www.infoadrets.info/grece/des-nouvelles-du-cstar/
Dernières actualités :
19/8 l’équipage au complet donne rendez-vous à Lyon mais peu vraisemblable http://blogyy.net/2017/08/19/defend-europe-rate-son-rendez-vous-a-lyon/
18/8 Suite à des problèmes techniques récurrents et au blocage de tous les ports de Méditerranée sur son itinéraire, la milice fasciste embarquée sur le C-Star vient, ce soir, de se résoudre à jeter l’éponge http://blogyy.net/2017/08/18/defend-europe-abandonne-faute-de-port/
Le risque d’esclavage moderne est au plus haut en Europe, selon une étude par Cécile Andrzejewski sur Médiapart
Le risque d’esclavage moderne augmente dans l’Union européenne. C’est le constat d’une étude publiée par une société d’analyse de risque américaine. En cause, la vulnérabilité des migrants qui arrivent sur les côtes européennes et leur exploitation par des trafiquants.
De toutes les régions du monde, c’est l’Union européenne qui a enregistré la plus forte hausse de recours à l’esclavage moderne en 2017. D’après une étude parue le 10 août, le risque d’esclavage moderne concernerait désormais 20 pays de l’Union européenne. « Il a augmenté dans les trois quarts des 28 pays membres de l’UE l’année dernière », affirme cette enquête publiée par l’agence Verisk Maplecroft, principale société américaine d’analyse de risques.
Définissant l’esclavage moderne comme « un terme parapluie recouvrant l’esclavage, la servitude, la traite des personnes et le travail forcé ou obligatoire », l’index publié par l’organisation compare la situation de 198 pays.
La hausse constatée en Europe serait due à l’arrivée de plus de 100 000 migrants, « dont la plupart sont extrêmement vulnérables face au risque d’exploitation », insiste la Fondation Thomson Reuters. Selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations, sur près de 115 000 migrants et réfugiés arrivés en Europe par la mer en 2017, plus de 80 % ont accosté en Italie. Et si les entrées en Grèce ont diminué à la suite de l’accord de 2016 entre l’UE et la Turquie, le pays accueille toujours un nombre important de migrants et reste donc une destination clé pour le trafic d’êtres humains. L’étude de Verisk Mapecroft révèle que la présence de ces personnes vulnérables participe à l’augmentation de l’esclavage dans de nombreux secteurs de la région, et notamment l’agriculture, la construction et les services.
« La crise des migrants a augmenté le risque d’esclavage dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises en Europe, a commenté Sam Haynes, analyste spécialiste des droits de l’homme pour l’organisation. Lorsqu’elles évaluent leurs fournisseurs et leurs produits, les sociétés ne doivent plus seulement faire attention aux points d’approvisionnement dans les économies émergentes. » L’étude pointe notamment la Roumanie, la Grèce, l’Italie, Chypre et la Bulgarie comme les pays avec le plus grand taux de travail forcé de l’UE. « Tous sont des points d’entrée pour les migrants dans la région. »
Alexandra Channer, analyste chez Verisk Maplecroft, a également réagi auprès de CNN : « Les migrants sont déjà vulnérables lorsqu’ils se lancent dans leur traversée – ils fuient généralement des pays violents ou dans une extrême pauvreté. La plupart du temps, ils sont entre les mains de passeurs et sont ensuite rapidement piégés entre celles de trafiquants. Il est probable qu’avant même de pénétrer sur leur lieu de travail, ils sont déjà dans des conditions d’esclavage moderne. »
Le Guardian explique que la plus forte hausse du risque d’esclavage concerne la Roumanie, seul pays de l’UE classé comme « à haut risque ». La Turquie est également devenue un État à « haut risque ». « L’afflux de centaines de milliers de Syriens fuyant la guerre, combiné avec le système de permis de travail restrictif de la Turquie, a conduit des milliers de réfugiés à devenir une main-d’œuvre informelle. Le gouvernement, qui se concentre sur la répression politique, ne donne pas la priorité aux violations du droit du travail, ce qui augmente les risques. Au cours de la dernière année, plusieurs grandes marques des usines textiles turques ont été associées au travail des enfants et à l’esclavage. »
L’agence Verisk Maplecroft travaille à partir d’informations en sources ouvertes et de renseignements obtenus auprès du Département d’État américain et d’ONG comme Human Rights Watch ou Amnesty International. Cependant, Alexandra Channer reconnaît que l’accès aux preuves peut être compliqué. « L’énorme problème, pour quiconque essaie d’évaluer le risque d’esclavage moderne, est que cela constitue une activité criminelle. C’est caché, bien qu’il s’agisse d’un business de milliards de dollars. »
En tête de ce triste classement des pays extrêmement exposés à l’esclavage moderne : la Corée du Nord, la Syrie, le Soudan du Sud, le Yémen, la République démocratique du Congo, le Soudan, l’Iran, la Libye, l’Érythrée et le Turkménistan.
Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.
Éphémère finissant
L’été grec bat son dernier plein. Sur certaines plages du… Grand Péloponnèse le camping libre rappelle à sa juste manière toute la force du royaume de l’éphémère finissant. Même aux alentours de la grande fête du 15 août, au demeurant dès lors derrière nous, ces vacanciers héroïques des classes pressées peuvent encore se dire que (seule) la nature leur réserve enfin un supposé quelque part. Illusion ?
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Plage du Péloponnèse le 15 août 2017 |
Août si possible travaillé, et “Greece Terra Incognita” mon autre activité disons cousine de ce blog, m’éloigne ainsi souvent d’Athènes en ce moment. C’est de… saison comme on dit.
Au soir du 15 août dans le Péloponnèse, seule la taverne de la plage affichait fermée car réservée par les circonstances. “L’établissement est fermé, il est entièrement réservé. Nous ne servons plus. Nous vous remercions”. Les intéressés auraient pu comprendre et ils ont effectivement compris. Et quant au patron de l’établissent, agité devant sa cuisine, il n’avait que ses bras (ceux des employés plus exactement) pour préparer, servir et accueillir les trois cent personnes de la classe moyenne suffisamment plus aisée que le reste, arrivées vers 22h jusqu’au bout de la baie à bord de leurs voitures récentes.
Effectivement, la crise n’a jamais été celle de tout le monde, on l’aurait même un peu oublié sous le soleil et sous les quelques nuages de ce 15 août 2017. Été si possible travaillé, mais… alors moutons et chèvres occupent parfois ces même plages à l’aube, bien avant l’arrivée des premiers vacanciers. C’est aussi de saison.
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Péloponnèse, août 2017 |
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Établissement réservé. Péloponnèse, le 15 août 2017 |
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Moutons et chèvres. Péloponnèse, août 2017 |
Seules les nouvelles qui tombent (c’est bien l’expression) n’auront jamais tombé finalement si mal. Car autour du 15 août en Grèce, près d’une centaine d’incendies de grande envergure et en série, ont sévi dans le pays réel… de la guerre ainsi faite par d’autres moyens, y compris dans la région d’Athènes. De ce fait, dans de nombreux quartiers la capitale, ceux qui n’ont pas été près des plages, ils ont aussitôt fermé portes et fenêtres à cause de la fumée et des cendres qui dominaient le ciel durant près de trois jours.
Alors que plusieurs milliers d’hectares ont été ravagés cette dernière semaine, les politiciens bronzés et requinqués encore de leur été eternel, ils ont de coutume “polémiqué” dans l’indifférence totale au sujet des moyens qui manquent. Plus de la moitié des avions existants, conçus pour lutter contre les incendies que compte la Grèce sont cloués au sol par manque de moyens et d’entretien. La presse ironise certes, sauf que l’ampleur… sérigraphique du “phénomène” est déjà si énorme cet été en Grèce, mais aussi ailleurs, par exemple en France et en Italie. Temps d’un été alors brûlant.
Une fois détournés provisoirement de leurs baignades et sortis de leurs tentes, les Grecs discutant entre eux, ils utilisent l’expression d’usage consacrée au “phénomène”, et cela depuis bien des années: “Ils ont encore brûlé le pays”. Sauf que ces “ils”, ne sont jamais désignés avec précision, et cela pour cause.
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Moyens… anti-incendie. “Quotidien des Rédacteurs” du 16 août 2017 |
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Alexis Tsipras et ses illusions… brûlées. Quotidien “Kathimeriní” du 18 août 2017 |
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Vision athénienne. Août 2017 |
On scrutera alors volontiers ces nouvelles si possible de loin, avant de retrouver toute la vérité enveloppante provisoire de sa tente de camping encore libre. Visite guidée au pays sans guidon !
Et pourtant. Les îles touristiques croulent sous les flots et sous les flottilles de voiliers, certaines Cyclades, Hydra, Póros notamment. Les moins suivistes, iront plutôt se baigner tranquillement ailleurs, par exemple sous la grotte préhistorique de Frachti en Argolide (Péloponnèse toujours), habitée comme on sait depuis plus de quarante mille ans… avant les algorithmes de la finance contemporaine. Oui, le monde avait-il déjà existé avant que les dites agences de notations ne se décident “d’augmenter la note de la Grèce en ‘B-‘”, à l’instar de Fichte cette semaine, d’après la presse.
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Dans la grotte de Frachti. Août 2017 |
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Certains aspects de la vie agropastorale du passé. Frachti, août 2017 |
La seule note de la vie, comme de la durée perceptible c’est alors à Frachti, sous les honorables quarante mille ans de cette grotte, située et cela seulement après élévation du niveau de la mer… devant la petite île appartenant à la famille de l’armateur Livanos, laquelle a partiellement financé les fouilles des paléontologues et des archéologues.
Les éclaircissements écrits et illustrés proposés aux rares visiteurs montrent autant les différentes phases des fouilles entreprises entre les années 1970 et nos jours, ainsi que certains aspects de la vie “agropastorale en Grèce”, sachant que la grotte abritait encore un troupeau de mouton et de chèvres dans les années 1950, c’est-à-dire… peu avant les algorithmes de la finance contemporaine !
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La grotte de Frachti (à gauche). Août 2017 |
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Fouilles dans les années 1970. Frachti, août 2017 |
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Fouilles, hommes et matériel dans les années 1970. Frachti, août 2017 |
Pendant qu’à Athènes les gens auront moins pu partir en vacances en ce mois d’août 2017 aux dires des voisins, et pendant que les récupérateurs aguerris… inspecteront toujours les bennes à ordures, ceux qui ont cependant pu, ils passeront encore quelques nuits sous leurs tentes colorées.
Toujours dans les faubourgs de la capitale touchés par les incendies, un programme d’assistance appuyé par la Région d’Attique vient d’être lancé afin d’apporter secours aux animaux adespotes retrouvés blessés suite aux incendies ayant sévi dans l’Est de l’Attique. Histoire surtout de leur trouver un abri temporaire et les soins vétérinaires dispensés bénévolement, voilà pour les autres nouvelles, disons rassurantes du moment (“Quotidien des Rédacteurs” du 18 août).
Au même moment, les animaux adespotes des îles comme du Péloponnèse bénéficient de la saison et des restaurants pleins (sans incendies), ou suffisamment fréquentés pour encore un petit mois. L’été grec bat ainsi son dernier plein et seuls les… contrôleurs du “fisc grec” sont si mal accueils près des plages… par certains restaurateurs et autres professionnels de l’héliotropisme. Insultes, agressions, menaces, et parfois même passage à tabac et coup de fusil tirés en l’air. Été… chaud !
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Récupérateurs… aguerris. Athènes, août 2017 |
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Camping libre. Péloponnèse, août 2017 |
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Péloponnèse, août 2017 |
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Péloponnèse, août 2017 |
Dans l’urgence, le “gouvernement grec” cherche à endurcir la législation et surtout les peines encourues. “On ne peut pas punir de la même manière l’agression que subit un simple citoyen et celle dont il est victime un agent du fisc dans l’exercice de sa mission”, déclare à la presse (quotidien “Kathimeriní” du 19 août) Yórgos Pitsilis, celui qui dirige la dite “Agence Indépendante des recettes Publiques”.
Sauf que cette dite “Agence Indépendante” imposée par la Troïka et contrôlée par elle, ôte tout contrôle des finances et surtout des recettes publiques à l’État grec (?) comme autant au ministère des Finances ou au “Parlement”. La boite de Pandore est ouverte, et les… usages d’en haut… provoqueront ou donneront prétexte aux comportements d’en bas, été d’ailleurs comme hiver. Décidément, il vaut mieux parfois en Grèce être animal adespote qu’agent du… fisc indépendant !
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Animal adespote. Restaurant de l’île de Póros, août 2017 |
L’été grec bat son dernier plein. Grand Péloponnèse, camping libre, et le… “Président” qui navigue, voilà en tout cas pour la peinture des apparences. Les tristes nouvelles de Barcelone et d’ailleurs circulent pourtant, et alors sont commentées entre Grecs, tout comme plus amplement, visiteurs du pays compris. Les vacanciers héroïques des classes pressées auraient pu encore se dire que (seule) la nature leur réserve enfin un supposé quelque part (bref et provisoire), et ce n’est peut-être pas qu’une Illusion.
Et à propos de Barcelone (comme de Venise), la presse grecque évoque également les récents signes du malaise profond ressenti par une partie des populations locales subissant ainsi un tourisme de masse, sans contreparties disons positives. Hausse des prix, salaires de misère, logement devenu inaccessible aux jeunes (et moins jeunes) habitants à cause notamment de la déferlante Airbnb, entre autres (“Kathimeriní” du 18 août), voilà pour l’essentiel. Le phénomène est déjà en cours aussi dans certains quartier d’Athènes il faut dire. L’uberisation c’est tant probablement la tiers-mondisation citoyenne… plus internet.
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Barcelone et le tourisme de masse. du 18 août |
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Le “Président” qui navigue. Golfe Saronique, août 2017 |
Un peu moins concernée par le tourisme de masse mais cela seulement (encore) par endroits, la Grèce héliotropique ne donne pas l’impression de réfléchir sur la question de son… avenir touristique. Et pourtant…
En attendant, les plages où l’on respire existent, et… la connectivité des Grecs envers YouTube devient alors la deuxième mondiale après celle des Saoudiens d’après la presse grecque (“To Pontíki”, 27 juillet 2017). La plage… plus l’électricité !
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La plage… plus l’électricité. Péloponnèse, août 2017 |
La plage… plus l’électricité certes, les animaux adespotes des tavernes et des guignettes. Camping libre au royaume de l’éphémère finissant.
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Animal adespote sur la terrasse d’une guinguette. Péloponnèse, août 2017 |
mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !” http://greece-terra-incognita.com/
Wolfgang Streeck : Merkel est une «politicienne Téflon» par Amélie Poinssot sur Médiapart
Contrairement à ce que l’on entend souvent, le succès de l’économie allemande ne doit rien aux réformes mises en place dans les années 2000. Dans un entretien à Mediapart, l’économiste iconoclaste Wolfgang Streeck décortique le « modèle » allemand… et analyse la longévité politique d’Angela Merkel.
Cologne (Allemagne), de notre envoyée spéciale.- Wolfgang Streeck est une personnalité un peu à part en Allemagne. Auteur de plusieurs essais d’analyse sociétale et économique, il prône la fin de la monnaie unique européenne et a déjà annoncé la mort programmée du capitalisme. Nous le rencontrons à l’Institut Max-Planck pour l’étude des sociétés, à Cologne où il enseigne. Entretien.
Selon vous, sur quoi repose ce que l’on appelle aujourd’hui le « deuxième miracle économique allemand » ?
Wolfgang Streeck : C’est peut-être le deuxième, voire le troisième… Je pense que la raison principale de ce « miracle » est la politique monétaire européenne. Nous nous trouvons en fait dans le pôle de prospérité de la zone euro. La zone euro éprouve peut-être toutes sortes de problèmes économiques, mais dans une telle économie intégrée, il y a toujours un endroit où tout est concentré. Et l’Allemagne a la chance d’être aujourd’hui, pour la zone de la politique monétaire européenne, ce que le Bade-Württemberg, c’est-à-dire la région de Stuttgart, était pour l’Allemagne dans les années 1990. On avait à l’époque un très fort taux de chômage, on avait tout un tas de problèmes, mais à Stuttgart et dans ses alentours, le chômage n’était que de 0,5 % et les salaires étaient en hausse.
Dans un sens, vous pouvez regarder la zone euro comme un pays. Un pays avec une économie intégrée, dans lequel les disparités régionales s’accroissent – de la même manière qu’en France, d’ailleurs – entre des zones prospères et d’autres pauvres. Mais l’État français a encore la capacité de redistribuer les ressources et de mener des politiques régionales, même s’il n’y parvient pas complètement. Tandis que pour la zone euro, il n’existe pas du tout de gouvernement. Le contraste énorme qui existait en Allemagne entre Stuttgart et le Mecklembourg-Poméranie (nord-est), par exemple, a été en grande partie résorbé par la politique du gouvernement fédéral, qui envoie pratiquement 4 % du PIB chaque année aux Länder de l’Est afin de ne pas creuser le différentiel de revenus. Dans la zone euro, tout cela n’existe pas !
Autre facteur d’explication de ce « miracle » : l’Allemagne est moins financiarisée que le reste du monde. Notre économie était, et reste, une économie industrielle. Ainsi, la crise du crédit ne nous a pas affectés comme elle a affecté d’autres pays. On a toujours Daimler, Audi, Volkswagen…, et tous ces gens extraordinaires qui continuent de construire des machines extraordinaires, et tous ces clients qui continuent de vouloir ces machines ! Le made in Germany est toujours une référence pour le secteur automobile.
L’euro est par ailleurs extrêmement bénéfique à cette économie industrielle. Car le rêve de la politique économique allemande, depuis le milieu du XIXe siècle, c’est d’avoir un marché international très étendu afin d’écouler ses produits industriels sans qu’il y ait dévaluation de sa monnaie. Et dans le même temps, d’avoir un marché captif pour les matières premières. Or aujourd’hui, l’Union européenne, c’est précisément cela !
L’impérialisme allemand, surtout après la République de Weimar, consistait à conquérir une zone assez grande pour écouler les biens allemands. Aujourd’hui, on n’a même plus besoin de cela : il y a l’Union monétaire. C’est elle qui nous permet de conserver notre secteur industriel surdimensionné. Il ne s’agit pas seulement de pouvoir vendre des Volkswagen dans toute l’Europe. Il y a un effet additionnel : comme les autres pays européens, telles la France ou l’Italie, sont économiquement faibles, l’euro a perdu de sa valeur. Si nous devions travailler avec notre propre monnaie, une monnaie qui ne vaudrait par exemple que pour l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche, ce serait infiniment plus difficile car nous ne pourrions pas vendre bon marché. C’est pourquoi les Allemands sont si attachés à l’euro !
Finalement, cela paraît plus difficile pour les Allemands de quitter l’euro que pour les Grecs…
Les Allemands n’ont jamais voulu d’éclatement de la zone euro. Les Allemands vont se battre pour l’euro jusqu’à leur dernier souffle ; pour eux, c’est la dernière chose importante qu’il faut conserver. C’est pourquoi ils étaient si effrayés, pendant la campagne présidentielle, par les candidatures de Le Pen ou Mélenchon.
Si l’euro disparaissait, les Allemands devraient subir une crise très sévère. Cela dit, je reste fondamentalement opposé à la monnaie unique car je pense que sur le long terme, tout le monde en Europe va se mettre à haïr les Allemands. Or je me sens profondément cosmopolite dans mon cœur et je veux être heureux avec mes voisins. En ce sens, l’euro est un désastre complet pour l’Allemagne.
Les réformes Hartz de 2005, qui ont modifié en profondeur le système d’assurance-chômage, n’ont donc rien à voir avec les succès de l’économie allemande ?
Non, c’est une stupidité absolue que de le croire. C’est une invention des élites d’autres pays, françaises et italiennes en particulier. L’Allemagne irait bien aujourd’hui parce qu’elle a réussi à mener ces réformes il y a douze ans… On diffuse ce mythe afin de favoriser les réformes de libéralisation du marché du travail type Macron ou Renzi. C’est un mensonge complet.
Notre prospérité dépend en réalité des grandes entreprises de métallurgie. Or pas un ouvrier de ces entreprises ne connaît un niveau de salaire qui aurait été affecté par les réformes Hartz : leur rémunération reste très élevée ! Les réformes Hartz étaient une opération budgétaire : il s’agissait d’économiser sur l’assistance sociale et sur les indemnités chômage. Elles ne touchaient pas au marché du travail – à l’exception d’une petite mesure, celle sur le travail intérimaire qui a permis à des salariés se retrouvant au chômage technique d’aller travailler dans une autre entreprise. Ces réformes n’avaient rien à voir avec la sécurité de l’emploi ou la facilitation des licenciements.
Quel a été, en fin de compte, l’impact de ces réformes (lire à ce sujet notre reportage à Bochum) ?
Cela a permis de couper dans les dépenses publiques consacrées à l’assistance sociale. Cela a amélioré les statistiques du chômage. Et sur le marché du travail, une pression s’est exercée vers le bas sur des salaires qui étaient déjà en bas de l’échelle.On en arrive au point, aujourd’hui, où des gens gagnent moins que l’allocation minimale de Hartz IV. Ils peuvent alors demander une allocation complémentaire auprès de l’État. Il semble que cela résulte d’un accord entre employeur et employé : le gouvernement se substitue à des bas salaires et les employeurs font plus de profit.
Les réformes Hartz n’ont rien à voir avec la supériorité de l’économie allemande, qui dominait déjà l’économie européenne dans les années 1980. C’est d’ailleurs cette période que je qualifierais de second miracle économique allemand, tandis que le premier s’est déroulé dans les années 1950.
Certes, après cela il y a eu la réunification, qui a lourdement pesé sur notre économie. Mais si l’économie allemande n’avait pas été si forte en 1989, elle n’aurait jamais pu absorber la RDA en un temps aussi court. Nous avons réalisé cette union monétaire dans laquelle nous avons transféré notre deutsche Mark à 1=1 avec l’Allemagne de l’Est, puis nous avons eu 20 % de chômage dans les Länder de l’Est, dans les années 1990. Mais comme nous avions un gouvernement fédéral capable de transférer des régions riches aux régions pauvres du pays, cette réunification n’est pas devenue un fiasco politique.
L’introduction du salaire minimum par le gouvernement sortant a-t-elle changé quelque chose pour l’économie allemande ?
Oui, cela a eu un effet sur le bas de l’échelle des salaires. Mais pas dans les secteurs forts de l’économie. C’est la seule bonne chose faite par ce gouvernement, il faut l’admettre : cela faisait longtemps qu’on avait besoin d’une telle mesure. D’autant qu’on pouvait se le permettre ! Si nous avons si peu de conflits sociaux visibles dans ce pays, c’est parce que nous avons énormément d’argent… Cette année, rien que dans le budget fédéral, nous payons 50 milliards d’euros pour les réfugiés. Et une autre enveloppe de 50 milliards est prévue pour l’année prochaine. Ce sont des sommes énormes. Mais l’argent est là ! Dans un autre pays, les gens seraient descendus dans la rue pour protester. Un exemple : pour un réfugié mineur non accompagné, la somme dévolue à son séjour s’élève à 63 000 euros par an. Or il y en a 62 000 dans le pays. Ce qui nous amène à 4 milliards d’euros, rien que pour les mineurs non accompagnés.
Si l’on fait un rapide calcul, on voit que cette somme consacrée à une année de séjour d’un mineur non accompagné est l’équivalent de plus de quatre fois ce qu’une famille de quatre personnes reçoit comme assistance sociale dans le système Hartz IV.
Ce genre de comparaison ne risque-t-elle pas de susciter des tensions ? L’aide aux réfugiés est-elle contestée ?
Elle le serait… si nous n’avions pas autant d’argent ! Les médias eux-mêmes ne sont pas allés chercher ces chiffres. Ce pays est complètement domestiqué par Mme Merkel. Personne n’ose dire quoi que ce soit de mauvais contre elle. Elle va être réélue par ceux qui sont contre les réfugiés et elle va être réélue par ceux qui sont pour les réfugiés. Elle va réussir à être réélue pour des raisons complètement opposées, par des gens complètement différents.
Angela Merkel a de fortes chances d’enchaîner un quatrième mandat à la tête du gouvernement allemand… quand ailleurs en Europe, les Français ont complètement transformé leur échiquier politique, les Britanniques sont entrés dans une période de forte instabilité et d’autres balaient leurs dirigeants. Comment expliquez-vous cette longévité particulière de la chancelière allemande ?
En réalité, il y a un point commun entre ces différents pays : dans toute l’Europe, le système traditionnel des partis politiques se désintègre. Cela vaut aussi pour l’Allemagne, et la longévité d’Angela Merkel en est un indicateur : il n’y a personne qui puisse lui faire concurrence au sein la CDU. Personne. Quant au SPD… Souvenez-vous quand Sigmar Gabriel a laissé tombé la présidence du parti, que Martin Schulz est arrivé, et du processus stalinien auquel nous avons eu droit pour finir sur une élection de Schulz avec 100 % des voix ! C’est du jamais vu. Ce résultat montre le niveau de détérioration du parti.
La longévité d’Angela Merkel est due à l’affaiblissement des partis politiques, à la fin des idéologies. Merkel peut prendre n’importe quelle position : elle a une technique qui fait que personne ne peut s’élever contre elle. Vous souvenez-vous par exemple qu’elle était la chancelière de l’atome ? Avant son arrivée au pouvoir, le gouvernement SPD-Verts avait fait passer une loi pour mettre fin à l’énergie nucléaire. Une fois à la chancellerie, Merkel a fait changer cette loi, rallongeant la période de fonctionnement des centrales allemandes. Puis, c’est l’explosion de Fukoshima. Elle dit alors : « Dans deux semaines, nous fermons nos centrales. » Et ça marche ! Elle réussit à gagner en popularité ! Personne n’a cherché à contester sa décision.
C’est du pragmatisme ?
Je ne la qualifierais pas de pragmatique. C’est une politicienne extraordinairement opportuniste, qui arrive à faire un nombre incroyable de choses sans fâcher les gens. On l’a bien vu lors de la crise des réfugiés. Au début, il y avait une forme d’euphorie, puis sont arrivés les événements du nouvel an à Cologne et Merkel a complètement changé son fusil d’épaule. Aujourd’hui, ceux qui sont en faveur des réfugiés vont voter pour elle car ils se souviennent comment elle a ouvert les frontières ; ceux qui sont contre les réfugiés vont aussi voter pour elle car ils se souviennent comment elle les a fermées !
C’est étonnant la manière dont elle arrive à faire ça. Cela dit beaucoup de notre système politique, de son degré de détérioration. Car on pourrait penser qu’il y a un parti d’opposition au Parlement, qu’il pourrait poser des questions… Mais ni sur le nucléaire, ni sur les réfugiés, l’opposition ne s’est mobilisée. Merkel est une politicienne extraordinaire dans le sens où elle est capable de faire les pires choses sans faire de mal. C’est du Téflon. Une politicienne Téflon !
Et avec ses partenaires européens ? Pensez-vous qu’elle agit de la même manière ?
La réalité, c’est qu’Angela Merkel est complètement dopée à l’argent. Avec une économie allemande si riche, elle ne peut qu’être confiante en elle lorsqu’elle se rend aux sommets et réunions européens. Tous les autres sont malades ! Ce n’est pas difficile d’être bon dans cette configuration.
Croyez-vous qu’avec un tandem Macron-Merkel, la politique européenne puisse s’infléchir en matière d’austérité ? Est-ce que l’allègement de la dette grecque tant de fois promis pourrait se concrétiser ?
Non, impossible. À vrai dire, je pense que l’on se trompe de question. La question n’est pas si l’on peut réaliser un haircut sur la dette grecque : cette dette n’est pas si importante. En chiffres absolus, c’est une somme modeste, désormais détenue par des institutions publiques. Les banques françaises s’en sont débarrassées – c’était une concession faite par Merkel à Sarkozy –, un effacement de la dette est donc en théorie possible. Mais cela ne changerait rien pour les Grecs. Puisque, de toute façon, le remboursement de la dette proprement dite a été repoussé à environ cinquante ans. Personne n’est capable de dire ce qui se passera dans cinquante ans ! C’est comme si cette dette n’existait déjà plus.
Le vrai problème, c’est la dette italienne. Si vous annulez la dette grecque, les Italiens vont demander à leur tour un effacement… Or, là, les sommes sont colossales. Les Français n’ayant pas d’argent, ce serait aux Allemands de payer. C’est électoralement et économiquement impossible. C’est pourquoi Berlin continue d’imposer l’austérité aux Grecs, tandis qu’il fait, dans le même temps, certaines choses sous la table pour les aider à survivre.
Pour les Français, la question est en réalité : peut-on amener les Allemands à prendre quelques mesures supplémentaires afin de maintenir le gouvernement italien au pouvoir, ainsi que le gouvernement espagnol et le gouvernement français lui-même ? C’est ainsi que je vois la proposition de Macron de création d’un parlement de la zone euro, d’un ministre des finances de la zone euro, d’une assurance-chômage européenne, etc. Rien de tout cela n’est réaliste : on peut avoir un ministre des finances de la zone euro – les Allemands y sont aussi favorables – mais Berlin veut un ministre dont le rôle sera de s’assurer qu’aucun pays ne commet de déficit de plus de 3 % ! Alors que pour le président français, l’idée est que les Allemands injectent de l’argent dans un budget pour mettre en place de grands projets d’investissement en dehors de chez eux. Si les Français avaient l’argent pour investir dans leur pays, ils n’auraient pas besoin d’un ministre des finances de la zone euro.
Je pense surtout que nous allons voir beaucoup de fumée… Et qu’à la fin du mandat de Macron, ce sera la pagaille complète. Dans les propos qu’il tient, je ne vois rien de concret qui aille au-delà du symbolique.