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La politique européenne met en péril la vie des migrants

Propos recueillis par Bruno RIPOCHE

L’Union européenne paie la Turquie et des pays africains pour retenir les migrants. Mais quel est l’impact de cette politique sur ces pays ? Un institut de recherche s’est penché sur l’envers du décor.

L’institut néerlandais Clingendael vient de publier un rapport* explosif sur l’impact, en Afrique subsaharienne, de la politique européenne visant à stopper les migrants avant qu’ils n’atteignent nos frontières. Clotilde Warin en est la coauteure. Interview ci-dessous

(*ici le lien vers le rapport – en anglais – : https://www.clingendael.org/sites/default/files/2018-09/multilateral-damage.pdf)

L’Union européenne paie la Turquie et des pays africains pour retenir les migrants avant qu’ils n’arrivent à ses frontières. Cette politique d’« externalisation » fonctionne-t-elle ?

D’un point de vue comptable, cela marche très bien ! Le nombre des arrivées en Italie par la Méditerranée a diminué de 84 % au premier semestre de 2018. Les dirigeants de l’UE affirment : « Les chiffres parlent pour nous, le résultat est là ».

Vous avez regardé l’ envers du décor , sur les routes migratoires au Sahara. Qu’avez-vous vu ?

Des accords ont été signés avec le Soudan dès 2014, avec le Niger en 2016. Contre financement – respectivement 160 et 230 millions d’euros – ces pays mènent une politique de « frein migratoire ». Confier les clés de la fermeture de nos frontières aux pays dont les migrants sont originaires, ou aux pays par lesquels ils transitent, a des conséquences néfastes : cela ne fait que déplacer les flux, mettre les migrants en danger, accroître le pouvoir de milices et créer de l’instabilité régionale.

Vous qualifiez le Niger de « bon élève », dans la mesure où il applique à la lettre les demandes européennes. Les flux sont-ils taris ?

Prenons l’exemple d’Agadez, dans le Nord, aux portes du désert. C’est le principal point de passage vers la Libye. Le gouvernement nigérien entend stopper la mobilité des migrants sur le millier de kilomètres entre cette ville et la frontière libyenne.

Or, d’une part, il s’agissait de mobilité légale, relevant de la libre circulation entre les États de la Cedeao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest). Une mobilité comparable à celle existant au sein l’espace de Schengen en Europe.D’autre part, cette mobilité était protégée. Une fois par semaine, un convoi de véhicules escorté par l’armée nigérienne quittait Agadez vers la Libye parce qu’il s’agit de routes dangereuses où l’on peut être attaqué par des bandits.

Que se passe-t-il depuis que le transport des migrants est interdit ? Les migrants continuent évidemment de se déplacer, mais par des routes officieuses, beaucoup plus dangereuses, et se retrouvent entre les mains de trafiquants qui n’hésitent pas à les abandonner en plein désert.

« On oublie les morts dans le Sahara »

Peut-on chiffrer les conséquences ?

Depuis la mise en œuvre de ces politiques, en 2016, le nombre des migrants retrouvés morts dans le désert au nord d’Agadez a explosé : 71 morts en en 2015, 95 en 2016, 427 en 2017, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations. Et les migrants que l’on a interrogés nous disent avoir vu de nombreux cadavres sur le sable… qui ne sont pas tous comptabilisés. On parle des morts en Méditerranée, on oublie souvent ces morts dans le Sahara. La politique européenne met en éril la vie de migrants.

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Les accords entre l’UE, le Soudan et le Niger, ont déplacé les routes migratoires, notamment vers le Tchad. | Service infographie Ouest-France et institut Clingendael.

En quoi cela fragilise-t-il un État comme le Niger ?

Cette politique de « frein migratoire » a conduit Niamey à adopter une loi anti-immigration sans véritable base juridique, et qui met en péril l’unité du pays. Les deux grandes communautés d’Agadez, les Toubous et les Touaregs, vivaient du transport – hier légal — de migrants. Aujourd’hui, on confisque leurs véhicules, on les emprisonne.

La grogne est forte et cela décrédibilise le pouvoir, dans un État qui avait retrouvé son unité et réussi sa transition démocratique avec l’élection en 2011 de Mahamadou Issoufou. Cette politique migratoire rend aussi de plus en plus impopulaires, sur place, des militaires européens déployés dans le cadre de l’opération antiterroriste Barkhane. 

« L’UE contribue indirectement à renforcer le pouvoir des milices »

La coopération avec le Soudan apparaît autrement plus scandaleuse…

Ce pays est dirigé depuis près de 30 ans par Omar el-Béchir, un dirigeant autoritaire inculpé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour par la Cour pénale internationale… Et pourtant, il est devenu un partenaire fréquentable pour l’Union européenne.

Pour stopper les migrants, Béchir a dépêché ses Forces de soutien rapide (FSR), des milices gouvernementales qui ne sont autres que les janjaweed, ces milices arabes responsables des exactions contre les populations du Darfour.

Leur commandant, Hemmeti, se targue d’arrêter des milliers de migrants. Nos recherches ont prouvé que les FSR en arrêtent certes quelques centaines, mais qu’elles sont surtout devenues des passeurs, qui rançonnent les migrants et les revendent aux trafiquants libyens.

Cette « milicianisation » est la grande découverte de notre enquête. Elle pose de graves questions sur le choix politique qu’a fait l’Union européenne. L’UE contribue indirectement à renforcer le pouvoir des milices.

Quelles sont les conséquences pour les migrants ?

Que ce soit pour les migrants de la Corne de l’Afrique (Somalie, Erythrée…) ou de l’Afrique de l’Ouest (Cameroun, Guinée, Côte d’Ivoire…), cela rend leur trajet plus long, plus cher, plus dangereux. Lorsque ces migrants prennent la route, ils sont confrontés sur leur chemin à de multiples check points tenus par des armées, des milices ou des bandits. À chaque étape, ils sont rançonnés et doivent trouver de l’argent. Quand ils parviennent en Libye, ils se retrouvent souvent aux mains de trafiquants qui les torturent tout en appelant leur famille au téléphone pour obtenir une rançon.

Je prends l’exemple d’un demandeur d’asile érythréen que j’ai longuement rencontré, sa dette envers sa propre famille était de 13 000 dollars à son arrivée en France. La famille, quand elle entend le migrant hurler sous la torture, envoie de l’argent, quitte à s’endetter. La mère couturière d’un migrant vend sa machine à coudre, puis la vache qu’elle avait… Ce sont des dettes terribles pour les familles en Afrique.

« En contradiction avec les valeurs européennes »

L’Europe s’assoit sur ses principes fondateurs ?

Cela est en contradiction avec les valeurs qui ont été au fondement de la construction européenne. Et, sur le terrain, c’est extrêmement handicapant pour les diplomates européens qui tentent d’œuvrer pour le processus de paix au Darfour ou pour la transition démocratique ailleurs.

L’Union européenne semble se dire qu’elle n’a que cette solution pour contrer la montée de l’extrême droite en Europe. Or, c’est faux. L’Italie, avec l’ancien ministre de l’Intérieur Marco Minniti, a mené une politique très anti-migrants digne de l’extrême-droite… Cela n’a pas empêché l’extrême droite d’accéder au pouvoir aux dernières élections.

L’Institut Clingendael conseille le gouvernement néerlandais en matière de relations internationales. Quelles recommandations faites-vous ?

D’abord, de ne pas adopter des politiques qui vont à l’encontre de l’Etat de droit. Ne pas travailler avec des forces de sécurité qui ont commis des abus contre les droits de l’homme. On souhaite qu’il y ait une responsabilité juridique de l’Union européenne dans ses politiques d’externalisation des frontières, si jamais on se rend compte que leur mise en place porte atteinte aux droits de l’homme.

Source https://www.ouest-france.fr/monde/pour-endiguer-les-migrants-l-europe-les-livre-aux-milices-5984901

Amère Patrie La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Dans cette rubrique il évoque la destruction des petits bateaux de pêche traditionnels contre subvention de l’Union européenne mais aussi le dernier scandale de transfert de monuments historiques et de sites archéologiques à  l’Agence chargée de la privatisation des biens de la Grèce.

Amère Patrie

Bonne année pour le tourisme d’après les médias, nos plaisanciers restent ainsi longtemps à flotter entre les îles grecques, forcément à la surface de l’eau. Beau pays et cependant coquille de plus en plus vidée. Le gouvernement de l’indescriptible Aléxis Tsípras, fait semblant de découvrir qu’avec le reste des biens publics, il a également transféré la jouissance des sites archéologiques et des musées à la Treuhand à la grecque, c’est-à-dire aux mains des rapaces planétaires de l’Agence chargée de la privatisation des biens de la Grèce. Et pendant ce temps, on détruit à la chaîne les bateaux de pêche, de préférence traditionnels. Culture morte.

Destruction d’un bateau de pêche. Péloponnèse, septembre 2018

La scène se déroule dans le Péloponnèse présumé authentique. La destruction d’un bateau de pêche. Plus authentique que jamais, c’est autant la subvention de l’Union européenne laquelle le plus souvent dépasse largement la valeur marchande du bateau détruit. Le contexte s’y prête d’ailleurs mieux qu’avant, “c’est de l’argent très frais par les temps qui courent”, comme on aime se dire sur place. Donc on accepte, aussi dans la mesure où le métier de pêcheur est de plus en plus malmené et surveillé. D’acculturation en acculturation, sans oublier le départ de la dernière jeunesse grecque à l’étranger, les vocations ne sont plus.

Notons qu’en terre étrangère, les enfants grecs ne connaîtront plus le réseau des écoles que l’État grec avait si naturellement financé durant tant d’années. Comme le rappelle même la presse bien… autorisée, en 2011 une décision ministérielle grecque fait baisser de mille à une centaine seulement, le nombre d’unités pédagogiques officiellement reconnues disposant l’enseignement de la langue grecque à l’étranger, quotidien “Kathimeriní” du 10 septembre 2018. Novembre 2011, c’est également, rappelons-le, le… grand moment du Premier ministre et d’abord banquier, Loukás Papadémos, imposé par les Puissances, suite “logique” au limogeage du déjà funeste Yórgos Papandréou par le tandem Merkel – Sarkozy.

En 2018, les parents expatriés malgré eux, reconnaissent que la bataille avait été perdue, ainsi ils ont été obligés de suivre le chemin de l’exil économique. Seulement, toute la bataille actuelle c’est que leurs enfants ne perdent pas le lien avec la langue grecque et pour tout dire avec le pays. Durant cette même année, et sous la gouvernance des déconstructeurs arrivistes de SYRIZA, comme on sait ouvertement adeptes de l’effacement de notre culture, de notre mémoire, voire de l’effacement du pays tout court, lorsque certains parents installés à Poitiers (France) se sont adressés au Consul grec, exprimant leur désarroi devant la disparition des écoles grecques, le représentant officiel de… l’amère Patrie, leur a tout naturellement suggérer de faire appendre une autre langue à leurs enfants, par exemple la langue italienne, quotidien “Kathimeriní” du 10 septembre 2018.

Bateau en son dernier jour. Péloponnèse, septembre 2018
La destruction… déconstruction commence. Péloponnèse, septembre 2018
Le moteur est enlevé en premier. Péloponnèse, septembre 2018

De retour au pays pour l’été, les enfants de la nouvelle Diaspora ne verront même plus d’ailleurs les beaux bateaux traditionnels, d’après la Confédération de la Protection des bateaux traditionnels en bois, sur 14.500 bateaux de ce type et en 20 ans, près de 12.500 bateaux ont été détruits, “c’est l’apogée de la folie grecque actuelle”, et j’ajouterais que la destruction des bateaux tient autant et savamment de la déconstruction culturelle organisée. Accessoirement, les Grecs ne pourront plus se tourner vers la mer par temps de crise et d’effondrement disons ultimes, et ils demeureront dépendants des chalutiers et des multinationales agroalimentaires qui entre autres mondialisateurs, sont les maîtres de l’Eurocontrol depuis Bruxelles et depuis Berlin.

Ainsi, 12.500 bateaux ont été détruits. “Jeudi après-midi, dans la zone balnéaire de Néos Pýrgos, sur l’île d’Eubée. La scène à laquelle j’ai assisté avait quelque chose d’un cauchemar. Le soleil avait presque atteint le milieu du ciel et il brûlait fort comme pour nous punir. Deux chiens attachés aux bateaux déposés à proximité sur le chantier de réparation aboyaient continuellement. Devant nous, le caïque ‘Pános-Maria’, construit en 1983, longue de huit mètres, reposait à peine sur le sol au moyen de quatre troncs d’arbres tronqués. Le temps était venu, celui de son exécution, de sa mise à mort. Derrière lui, une pelleteuse. Le conducteur tenait une cigarette dans la bouche et les mains sur les leviers. La fumée sortait des vitres étroites de l’engin, on dirait les narines d’une bête immonde. Dès que l’agent de la Garde côtière grecque a donné le signal, le machiniste a aussitôt manié le marteau-piqueur, ce bras en fer vissé au bout du compresseur à la pince si épaisse. Il a attaqué la coque avec rage.”

“Bois brisé comme on brise alors les os d’un animal encore vivant. Comme si le bateau avait du souffle et de la voix. Pendant une demi-heure je voyais le caïque perdre sa belle forme, se perçant et se brisant, se lamentant même. Le marteau-piqueur qui se dressait dans les airs soulevait les morceaux de la coque brisée, et qui retombaient au sol. À côté de moi se trouvait Maria, l’épouse du pêcheur Panagiótis Livanós, le propriétaire du caïque. Ils pêchaient ensemble. Son mari, malade, ne pouvait plus poursuivre dans le travail, ainsi, il a décidé d’abandonner leur bateau à la destruction, et de recevoir en échange, l’indemnité de 83 000 euros que lui a accordée l’Union européenne. Montant excessif Si cette même coque était construite aujourd’hui, cela coûterait au total 40 000 euros”, quotidien “Kathimeriní” du 15 juillet 2018.

Caïques encore vivants. Péloponnèse, septembre 2018
Dystopie imposée et illustrée ! Athènes, septembre 2018
Beauté imposante. Péloponnèse, septembre 2018

J’ai assisté à une scène analogue qui s’est déroulée dans le Péloponnèse, surtout présumé authentique. Le conducteur de l’engin est arrivé le premier sur les lieux, et il a attendu les autres acteurs de la mise à mort durant près d’une heure. Le mécanicien pour bateaux et chalutiers du coin y était également convié, il a ainsi et d’abord œuvré pour la récupération des parties mécaniques avant… l’exécution. Je l’avais rencontré la veille. “C’est ignoble, toute notre tradition se perd, notre capacité de prise sur nos ressources halieutiques en cas de besoin, toute cette culture et en même temps art populaire de la construction navale de proximité. L’Union européenne paye bien pour en finir avec nous, en réalité, elle nous distribue les dernières miettes alors trompeuses”, m’avait-il dit. Péloponnèse authentique.

Ce même jour au café du coin, un jeune homme fustigeait à sa manière note piètre modernité. “Ceux de SYRIZA et de l’UE veulent nous déchristianiser, nous faire enlever la croix de notre sol, puis, faire interdire les cloches des églises, c’est la guerre”. Les autres au café ont fait un signe d’abrogation de la tête. Il n’y a pas vraiment à redire et ce n’est pas du populisme comme le diraient les propagandistes et les politiciens autorisés, les faits sont là et surtout ils sont palpables à travers le pays réel. On sait par exemple que toute une série d’actions très sournoises sont en cours pour faire disparaître à terme la Croix du drapeau hellénique sans oser le dire ouvertement. Cela est visible déjà à travers bon nombre de campagnes publicitaires, tout comme à travers même certaines recompositions disons “esthétiques”, servant de décor aux réceptions officielles en Grèce. Sans oublier cette ONG à Lesbos qui vient d’exiger à que l’on enlève une Croix d’une plage de l’île, “car elle porte atteinte au sentiment religieux des migrants”, presse grecque du 15 septembre 2018.

Au même moment, la presse grecque comme étrangère, elle découvrent seulement à présent combien et comment le quotidien que vivent les migrants dans le Camp de Mória à Lesbos est alors apocalyptique, tandis que près de deux milliards d’euros très européistes, auraient été répartis d’abord pour engraisser le clientélisme des ONG, et ensuite que celui de SYRIZA, plutôt que de faire face aux besoins plus que primaires des migrants, presse grecque et internationale du moment. .

Petite chapelle. Péloponnèse, septembre 2018
Petite chapelle. Péloponnèse, septembre 2018
Sur un mur ‘Bonne chance’. Athènes, septembre 2018

Finalement, les éditorialistes de la presse très autorisée, s’insurgent finalement de l’idéologie des frontières ouvertes, à l’instar de Tákis Theodorópoulos dans Kathimeriní cette semaine:
“La partie difficile c’est d’assumer la responsabilité des frontières ouvertes. Sinon, les ‘frontières ouvertes’ c’est une notion décousue, une idéologie faisant dans l’euphémisme, sans lien pertinent avec la réalité. Car la responsabilité des ‘frontières ouvertes’ signifie assumer d’abord la responsabilité des personnes qui croisent ces frontières pour se réfugier sur notre territoire. Il faut donc s’en occuper, les nourrir, les loger, leur apporter tous les soins médicaux nécessaires, plus la sécurité, et peut-être même les faire travailler. Surtout si en plus notre État veut être désigné comme démocratique, il doit également protéger ses propres citoyens pour que la cohabitation avec les migrants ne devienne pas contrainte, sachant que les migrants sont des gens qui n’ont pas vécu ni la paix dont ils jouissent ici et ils ne connaissent, ni la démocratie, et encore moins son fonctionnement, tandis que leur perception des droits sont plutôt inexistants.”

“Il est évident que l’Union européenne était non seulement mal préparée à assumer les ‘frontières ouvertes’, mais après tant d’années comme d’expériences, elle n’est même pas en mesure de mener l’une des notions centrales de sa constitution. L’UE montre du doigt et elle condamne Orban, sans tenir compte du fait que des sociétés et pays qui ne sont pas sous le gouvernement Orban, réagissent alors de plus en plus par la négative face aux ‘frontières ouvertes’. Le didactisme du politiquement correct est ainsi et de fait annulé par une réalité politique qui lui tourne de plus en plus le dos.”

“Aux antipodes d’Orban de la Hongrie, se situe alors la politique de notre pays en la matière. L’Europe se montre préoccupée par le nationalisme et le populisme de droite, sauf qu’elle n’est pas en mesure de voir le populisme de gauche. Probablement, parce que ce dernier utilise la rhétorique et les impératifs moraux justement issus du politiquement correct. Ainsi, l’Europe découvre soudainement que les migrants à Mória, pour la plupart, ils vivent dans des conditions bien pires que celles laissées dans leur pays natal. Aujourd’hui, nous venons d’apprendre que quatre cents enfants sont littéralement sans-abri. D’autres enfants sont portés disparus. Ce sont les victimes de la politique des ‘frontières ouvertes’. Tous ceux qui sont empilés de la sorte dans les conteneurs et dans les camps, ne peuvent alors que haïr le pays qui leur a promis l’hospitalité et qui les a dupés. Notons que le corps social à Lesbos a également subi un viol et compte parmi les victimes de la politique des frontières ouvertes.”, quotidien “Kathimeriní” du 22 septembre.

L’éditorialiste de “Kathimeriní” ne dit pas pourtant combien, les migrants et les mondialisateurs à la Troïka, partagent au fond le même mépris pour la démocratie et pour les droits des citoyens, et j’ajouterais, la même perception de la terre, du terrain conquis, dont ils ont été d’abord les victimes chez eux, lorsque leurs pays ont été et le sont toujours, piétinés par les intérêts… des “humanistes” affalés des conclaves mondiaux et mondains. La recette n’est pas nouvelle. On utilise alors les victimes d’ailleurs… pour achever ainsi les victimes d’ici. C’est une forme de guerre totale à la manière de notre siècle ultime. Et c’est exactement cette dimension du problème qui est désormais perçue par le mécano du coin ou par le jeune au café du Péloponnèse… authentique, que l’analyste de la grande presse ne veut surtout pas discerner.

Hommes de la Marine nationale russe. Île de Póros, septembre 2018
Hommes de la Marine nationale russe. Île de Póros, septembre 2018
Hommes de la Marine nationale russe. Île de Póros, septembre 2018

Le bateau de pêche a été détruit dans les… règles. Son propriétaire, ses proches, le mécano, ils ont d’abord évoqué des sujets d’actualité comme si de rien n’était et ce bavardage… bien psychanalytique, a duré près d’une heure. Puis soudainement, une voix a pour ainsi dire a déchiré l’atmosphère: “En route, les gars, on y va.” Aussitôt, les visages se sont crispés car on passait à l’acte, comme pour commettre alors un crime.

Et comme pour l’autre bateau, le temps était venu, celui de son exécution, de sa mise à mort. Derrière lui, une pelleteuse. Coque brisée comme on brise alors les os d’un animal encore vivant. Comme si le bateau avait du souffle et de la voix. Pendant une petite heure, je voyais le bateau perdre sa belle forme, se perçant et se brisant, se lamenter même. Ceux du Péloponnèse cette fois authentique, ils ont été visiblement émus. Un vieux pêcheur s’est rapproché à vélo observant déjà la scène de loin: “Salopards, ils l’on eu. Encore un. La Grèce est morte.

Marins russes. Póros, septembre 2018

Beau pays et cependant coquille de plus en plus vidée. L’endroit a été nettoyé et les débris chargés. Au départ du camion, parmi les participants… à la cérémonie, il y en a qui ont donné rendez-vous à Póros, à l’occasion de l’arrivée très officielle et pour tout dire rarissime d’un navire de la Marine nationale russe. Cette visite de la frégate AMIRAL ESSEN de la classe de l’amiral Grigorovitch, s’inscrit dans le cadre de la commémoration du moment inaugural des relations diplomatiques entre la Grèce contemporaine sous le Gouverneur Ioánnis Kapodístrias, et la Russie. Il y a tout juste 190 ans, ces documents historiques avait été signés dans une demeure justement, de l’île de Póros, très exactement à la date du 17 septembre 1828.

Il faut dire qu’aussitôt sur l’île, les marins russes… ont été très positivement remarqués par la population, et autant on dirait par certains touristes. Après la cérémonie en présence des Russes, le navire a levé l’ancre, depuis, l’avion militaire russe a été abattu en Syrie suite à la… gestion des cieux par les F-16 israéliens, et l’histoire très prochaine ne nous est pas encore connue bien entendu.

Le navire AMIRAL ESSEN à Póros. Septembre 2018
Il y a 190 ans à Póros. Septembre 2018
Il y a 190 à Póros. Septembre 2018
Cérémonie grecque et russe. Póros, septembre 2018

C’est donc dans ce contexte géopolitique et interne tendu, que le gouvernement de la marionnette Aléxis Tsípras, fait semblant de découvrir qu’avec le reste des biens publics, il a également transféré la jouissance des sites archéologiques et des musées à la Treuhand à la grecque, c’est-à-dire, aux mains des rapaces planétaires de l’Agence chargée de la privatisation des biens de la Grèce. Et pendant ce temps, on détruit à la chaîne les bateaux de pêche, de préférence traditionnels. Culture morte.

L’affaire avait été fort heureusement récemment dévoilée par un communiqué de l’Association des Archéologues Grecs, daté du 18 septembre, avant que la nouvelle ne soit reprise à travers la presse du pays. D’après le communiqué, “l’Association des Archéologues Grecs souligne une nouvelle fois que les monuments historiques sont protégés par la Constitution et de ce fait, ils sont toujours de propriété publique et ne peuvent faire l’objet d’aucune transaction. Nous dénonçons ainsi, la tentative de transfert de la gestion de tous les monuments anciens comme plus récents, à la Compagnie de Gestion des Biens de l’État, Société Anonyme (ET.A.D. SA), d’après la décision 2018-0004586, en vertu de la loi. 4389 de 2016, et de la décision gouvernementale 86 du 18.06.2018, Journal Officiel 2320 du 19 juin.”

“Cette décision ahurissante a été repérée à l’occasion de la publication d’une liste des monuments ainsi ‘transférés’, relevant du Service archéologique de Région de la Canée en Crète. Sur cette liste y figurent notamment, une grande partie Est des fortifications vénitiennes, le fossé du mur byzantin, le fossé Sud des fortifications vénitiennes, vestiges qui se sont révélés autant importants car on y a découvert des restes de la période minoenne, les traces du chantier naval vénitien, ainsi que les tours vénitiens Monigo, le bastion Lando, la forteresse Firka et le bain turc. Biens et surfaces déjà expropriés à des fins archéologiques par le Ministère de la culture et parfois monument et qui sont également en cours de restauration. Sur cette liste sont encore inclus, les musées archéologiques (!), dont celui établi au sein de l’église de San Francesco, le nouveau Musée archéologique de la ville, le Musée national d’Elefthérios Venizélos, de même que les Archives historiques de la Crète.”

“C’est alors un processus qui ne trouve pas de précédent dans l’acception de ce qui tient habituellement de la bonne gestion en matière de patrimoine culturel. Ainsi, et à juste titre, cette décision gouvernementale ne peut que susciter les plus vives réactions en cascade au niveau national, comme autant international. L’exclusion des monuments et des sites archéologiques, conformément à l’article 196, paragraphe 4 de la loi. 4389 de 2016, n’est que de la poudre aux yeux, dans la mesure où elle est contredite par le paragraphe suivant. Le paragraphe 5 de ce même article stipule que les propriétés exemptées demeurent pourtant inclus dans le portefeuille de la gestion de la Compagnie de Gestion des Biens de l’État. La possession donc, l’utilisation et la gestion des monuments les plus importants de la Canée n’appartiennent plus au ministère de la Culture, ni à ses Services régionaux, en violation de l’esprit de l’article 24 de la Constitution de la Grèce.”

L’Acropole. Athènes, septembre 2018
Travaux. Immeuble classé. Athènes, septembre 2018
Bar datant des années 1930. Athènes, septembre 2018

“Les monuments et les antiquités sont des objets et des réalités qui doivent rester hors toute transaction ou opération de transfert, et ceci de façon comme on dit inaliénable. Toute tentative de transfert à des tiers de leur gestion nous trouve ainsi opposés. Ceci est une position ferme de notre Association, et nous allons nous battre par tous les moyens légaux afin de maintenir le caractère d’antiquités comme étant un bien social public. L’Association des Archéologues Grecs ne permettra pas l’utilisation des sites archéologiques et des monuments comme une sorte de gage, lié à la dette et ceci même pour une durée d’un siècle, au demeurant, aux résultats largement inconnus en fin de compte.”

“Cette action inacceptable, même si elle se produit en temps de paix, elle ne peut être comparée qu’aux vandalismes des monuments et le pillage des antiquités durant les années pétrifiées de l’Occupation allemande, ou au moment où les antiquités était largement pillées au 19ème siècle. Il s’agit enfin de la phase ultime dans l’aberration politique actuelle, étant donné qu’au même temps, nous nous attendions plutôt à une action coordonnée pour le retour des antiquités volées, et pour une compensation légitime liée à leur destruction en temps de guerre. Pour ces raisons importantes, l’Association des Archéologues Grecs, appelle les dirigeants politiques du ministère de la Culture et le gouvernement à annuler immédiatement le transfert de la propriété et la gestion des monuments de La Canée et des autres régions du pays inclus dans cette liste des 10 119 biens à transférer à la Compagnie de Gestion des Biens de l’État (…).”,communiqué de l’Association des Archéologues Grecs sur leur site Internet.

L’entrée du port du Pirée. Septembre 2018
Réception. Péloponnèse, septembre 2018
Roue volée. Póros, septembre 2018

“C’est le site de l’Acropole même qui est menacé par un tel processus”, fustige alors Míkis Theodorákis dans une déclaration communiquée à la presse grecque. Le “gouvernement” dément dans un premier temps, et finalement du bout des lèvres, la nouvelle Ministre de la Culture, la PASÓKienne Myrsíni Zorbá, admet que “c’est dommage que de ne pas délier les monuments de la liste (…) je suppose que Madame Koniórdou qui occupait ce poste il y a peu, avait trouvé une formule adéquate en concertation avec le Ministère des Finances lors de la constitution de cette liste des biens transmis en 2016, cela-dit, je l’ignore”, presse grecque du 21 septembre 2018.

Pendant ce temps, on vole désormais les roues des motos, même sur l’île de Póros, tandis qu’à deux pas des lieux du martyre du caïque brisé, les élus très locaux organisent réception sur réception pour accueillir les potentiels “investisseurs” forcement étrangers qui convoitent hôtels et autres bâtiments désormais relevant ou presque, de la gestion de la fameuse Compagnie de Gestion des Biens de l’État.

D’ailleurs, sur cette fameuse liste longue aux 10.119 biens, figurent d’après les Archéologues, la Tour Blanche de Thessalonique, le monument de la Rotonde, ainsi que l’Église de la Sainte Sophie, presse grecque de la semaine. D’autres sources font état d’une situation dangereuse et analogue pour ce qui est des Îles Ioniennes. Sur l’île de Céphalonie par exemple, ce serait le périmètre du monument dédié à la mémoire des Italiens de la division ACQUI, massacrés comme on sait par les troupes allemandes en septembre 1943, qui passerait sous contrôle… de la Treuhand à la grecque. Retour… de l’histoire ? Je pense alors autant, aux émouvants messages que des Italiens ont laissés sur les murs de l’ancienne prison située au deuxième sous-sol de l’immeuble pour un temps historique que la Gestapo avait transformé en prison entre 1943 et 1944. Serait-il peut-être à vendre ?

Message italien de 1944. Athènes, septembre 2018
Drapeau national. Message de la Résistance grecque de 1944. Athènes, septembre 2018
Navette italienne. Le Pirée, septembre 2018
Baigneurs. Le Pirée, septembre 2018

Bonne année pour le tourisme d’après les médias. Au Pirée, on se baigne entre les fortifications antiques et les évidences du temps présent, signe aussi des temps. Parfois, on y distingue même certaines navettes italiennes qui croisent près des côtes, vraisemblablement en direction du Canal de Corinthe.

La semaine dernière, le journaliste Yórgos Trángas, ami des Ambassades des États-Unis et du Royaume Uni, d’après ses propres affirmations, a-t-il publiquement et fermement souhaité… “l’essor du tourisme en Grèce, c’est-à-dire, d’arriver à plus de 60 millions de visiteurs par an, au lieu de presque 30 millions actuellement”, Radio 90.1 FM, zone matinale. Autrement-dit, le cauchemar, la gestion du patrimoine et les bateaux de pêche en moins si le crime actuel alors se perpétue entre SYRIZA et les marionnettes d’en face, chez les Mitsotákis.

Beau pays marin, derrière sa vitrine.

Beau pays marin, derrière sa vitrine. Athènes, septembre 2018
* Photo de couverture: Nos plaisanciers visiteurs. Île de Póros, septembre 2018

Monuments historiques et musées transférés au Fonds de privatisation de la Grèce

Les archéologues et les gardes des sites sont en colère après que le ministère grec des Finances eut rendu une décision ordonnant  le transfert de plusieurs sites historiques,  musées, monuments et bâtiments historiques au Fonds de super privatisation.

Ils appartiennent de facto à l’Etat et ne peuvent être vendus, a déclaré l’Association des archéologues grecs dans un communiqué intitulé « Non à la vente des monuments du pays » publié mercredi.

Selon les archéologues, 10 119 sites archéologiques, musées et bâtiments historiques ont été transférés au Fonds de privatisation, dont beaucoup proviennent de la région de La Canée et de la Crète.

«Les monuments sont protégés par la Constitution, ils ne peuvent être ni transférés ni vendus», a déclaré l’Association, ajoutant que ce transfert sans précédent connu lorsque le catalogue des monuments de La Canée et des environs est devenu public.

Parmi les monuments et musées de La Canée figurent le nouveau musée archéologique, le musée archéologique situé dans l’église Saint-François, le musée national Eleftherios Venizelos, les archives historiques de Crète, plusieurs douves vénitiennes et byzantines, des fortifications et des bastions ainsi que des propriétés importantes. Des vestiges architecturaux minoen ont été découverts.

«L’Acropole est-elle le prochain?», a déclaré jeudi l’Association des gardes sur les sites archéologiques, également en colère, dans une déclaration  ajoutant que des terrains avaient également été transférés.

La menace de grèves.

«Notre réponse sera très dure. Notre patrimoine culturel appartient à tous les Grecs, aucun gouvernement n’a le droit de négocier à ce sujet ou de transférer la propriété », ont-ils déclaré dans leur déclaration.

Comment cela peut-il arriver?

Le comité chargé de transférer les biens de l’État au Fonds de privatisation est libre d’agir à sa guise.

Apparemment, le ministère des Finances n’a pas pris les mesures nécessaires à temps pour exempter tous ces sites, musées et monuments.

Négligence? Volontairement ? Dans l’espoir que le transfert illégal ne sera pas expulsé?

Le fait est que le transfert a lieu avec la décision ministérielle.

Dans un communiqué publié jeudi, le ministère des Finances a déclaré que «le décret ministériel sur le transfert ne signifie pas que le transfert est automatique car les contrôles doivent être effectués en premier».

Dans le même temps, il est expliqué qu’ont été exemptés du transfert des rivages maritimes, des plages, des zones sous protection naturelle, des sites archéologiques et des zones de forêts pures, des places, des rues, des ports * et une liste d’autres biens de l’État ayant peu à voir avec le problème.

Le ministère des Finances a indiqué entre autres que le transfert de biens publics au Fonds de privatisation était l’une des conditions préalables des créanciers à la conclusion de la 4ème revue du programme grec.

Je me souviens que le ministre des Finances, Euclid Tsakalotos, avait émis un ordre de transfert de biens appartenant à l’Organisation nationale du tourisme. La décision de juin 2016 avait également ordonné le transfert en vue de la privatisation du tombeau de l’éminent politicien Eleftherios Venizelos .

Pendant ce temps, les médias à La Canée exhortent les autorités locales à demander des explications au gouvernement central et à prendre des mesures.

Vendredi matin, le ministre de la Culture, Myrsini Zorba, a admis le trasnfert et a blâmé celle qui l’a précédé, Lydia Koniordou, pour une éventuelle négligence.

« C’était une erreur de ne pas exclure les monuments en 2016, je suppose que Mme Koniordou avait fait des arrangements avec le ministère des Finances, mais je ne sais pas », a déclaré Zorba aux médias.

« C’est la loi de 2016 qui a donné aux fonds de privatisation toutes les propriétés de l’État à l’exception des sites archéologiques déclarés, des régions Ramsar, etc. Je n’ai aucune raison de remettre en cause l’ordre juridique du ministère des Finances », a ajouté Zorba.

La veille, le ministre de la Culture a tenté de réprimander les archéologues, mais il a finalement dû reconnaître l’amère vérité.

sources: plusieurs médias

* La Grèce a été forcée par les prêteurs à privatiser ses plus grands ports du Pirée et de Thessalonique.

Situation dramatique sur l’ile de Lesbos

2 articles : (1) Des enfants tentent de se suicider dans le camp de Moria en Grèce  et Migrants (2) Les journalistes en grève à Lesbos

MSF : des enfants tentent de se suicider dans le camp de Moria en Grèce : Par  Wesley Dockery Naser Ahmadi

Le camp de réfugiés de Moria sur l’île grecque de Lesbos a été à plusieurs reprises au centre de la crise migratoire européenne, mais les conditions de vie désastreuses semblent s’être encore détériorées. Luca Fontana, co-coordinateur des opérations de Médecins sans frontières (MSF) sur l’île, raconte notamment à InfoMigrants le désespoir des jeunes demandeurs d’asile.

Surpeuplement. Violence. Saleté. Ce ne sont là que quelques-uns des mots utilisés pour décrire le camp de migrants de Moria, en Grèce, à Lesbos. Dans une interview accordée à InfoMigrants, Luca Fontana, le co-coordinateur des opérations sur l’île pour MSF, a déclaré que des enfants y tentent même de mettre fin à leurs jours. « Il y a des enfants qui essaient de se faire du mal ainsi que des enfants qui ne peuvent pas dormir à cause d’idées suicidaires », explique-t-il. Ces enfants sont souvent traumatisés par les conflits qu’ils ont connus dans leur pays d’origine. Et les mauvaises conditions de vie dans le camp de Moria, qu’il décrit comme une  » jungle « , ne font qu’aggraver leur situation.

Manque d’accès aux soins de santé mentale

« Nous dirigeons un programme de santé mentale pour les enfants, avec des groupes de thérapie et des consultations pour les cas les plus graves », raconte-t-il. « Mais le problème est qu’il n’y a pas de psychologue ou de psychiatre pour enfants sur l’île : ils n’ont donc pas accès aux soins médicaux parce qu’ils ne sont pas transférés à Athènes pour y recevoir des soins spécialisés. »

La clinique de santé mentale de MSF est située à Mytilene, la capitale de Lesbos, et l’organisation est la seule ONG qui fournit des soins psychologiques à la population migrante de l’île. A la clinique, les enfants dessinent pour exorciser les traumatismes qu’ils ont subis dans leur pays, pendant l’exil ou en Europe.

Les demandeurs d’asile sur l’île ont fui la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak, le Soudan et le Congo, des pays où la guerre est souvent une réalité quotidienne.

Bien qu’il y ait eu des tentatives de suicide, aucune n’a abouti, précise Luca Fontana.

Les temps d’attente pour les services de base sont longs, les conditions de vie « horribles » 

Les migrants doivent attendre longtemps avant d’obtenir des soins médicaux, car le camp est surpeuplé. La capacité d’accueil est de 3 000 personnes, mais ils sont plus du triple, dont beaucoup vivent dans des tentes. Surtout, près de 3 000 occupants sont des enfants.

A Moria, il y a très peu de toilettes – environ 1 toilette pour 50 à 60 personnes. Les migrants reçoivent trois repas par jour, mais l’attente est longue. « Ils faut parfois attendre trois heures par repas. Les gens doivent se battre pour la nourriture et les services médicaux. »

En juillet, MSF a lancé sur son site web plusieurs demandes d’aide urgentes. L’ONG souhaite que les personnes vulnérables soient déplacées vers des logements plus sûrs, pour « décongestionner le camp ».

Source http://www.infomigrants.net/fr/post/11769/msf-des-enfants-tentent-de-se-suicider-dans-le-camp-de-moria-en-grece

et le commentaire de Vicky Skoumbi : …En effet le camp de Moria est plus que surpeuplé,  avec 8.750 résidents actuellement pour à peine 3.000 places, chiffre assez large car selon d’autres estimations la capacité d’accueil du camp ne dépasse pas les 2.100 places. Selon le Journal de Rédacteurs,(Efimerida ton Syntakton) 

http://www.efsyn.gr/arthro/30-meres-prothesmia

Il y a déjà une liste de 1.500 personnes qui auraient dû être transférés au continent, à titre de vulnérabilité ou comme ayant droit à l’asile,mais ils restent coincés là faute de place aux structures d’accueil sur  la Grèce continentale. Les trois derniers jours 500 nouveaux arrivants se sont ajoutés à la population du camp. La plan de décongestion du camp du Ministère de l’immigration est rendu caduc par les arrivées massives pendant l’été. 

La situation sanitaire y est effrayante avec des eaux usées qui coulent à ciel ouvert au milieu du camp,  avant de rejoindre un torrent qui débouche à  la mer. Le dernier rapport du service sanitaire,  qui juge le  lieu impropre et constituant un danger pour la santé publique et l ‘ environnement,  constate non seulement le surpeuplement,  mais aussi la présence des eaux stagnantes, des véritables viviers pour toute sorte d’insectes et de rongeurs et bien sûr l’absence d’un nombre proportionnel à la population de structures sanitaires. En s’appuyant sur ce rapport,  la présidente de la région menace de fermer le camp si des mesures  nécessaires pour la reconstruction du réseau d’eaux usées ne sont pas prises d’ici 30 jours.  Le geste de la  présidente de la Région est tout sauf humanitaire,  et il s’inscrit très probablement dans une agenda xénophobe, d’autant plus qu’elle ne  propose aucune solution alternative pour l’hébergement de 9,000 personnes actuellement à Moria. N’empêche les problèmes sanitaires sont énormes et bien réels,  le surpeuplement aussi,  et les conditions de vie si effrayantes qu’on dirait qu’elles ont une fonction punitive. Rendons- leur la vie impossible pour qu’ils ne pensent plus venir en Europe…

Ouvrez les îles maintenant ! Et je dirais même,  ouvrez -les hier, avant qu’il ne soit trop tard

Malheureusement la campagne lancée il y a un an reste plus que jamais actuelle

https://opentheislands.wordpress.com/2017/10/11/open-the-islands-no-more-dead-from-cold/


Migrants : les journalistes en grève à Lesbos

Grèce. Suite à des violences d’extrême-droite, les journalistes ont décidé de faire grève et de ne plus couvrir l’île de Lesbos, porte d’entrée migratoire en Grèce.

13.09.2018

L’île grecque de Lesbos était privée jeudi de médias locaux du fait d’une grève des journalistes contre des violences d’extrême droite les visant, sur fond de tensions alimentées par le confinement sur l’île de plus de 10’000 exilés.

L’appel au débrayage de 24 heures intervient alors qu’un homme devait être jugé dans la journée pour «diffamation» et «injures» après une plainte d’une journaliste à laquelle il s’en était pris sur les réseaux sociaux.

Devant le tribunal

Le tribunal de Mytilène, chef-lieu de Lesbos, a finalement décidé de suspendre l’audience jusqu’au 22 janvier, après un recours de l’accusé qui a invoqué des raisons de santé.

La plaignante, Anthi Pazianou, du cas de laquelle s’est saisie le Conseil de l’Europe, avait dénoncé une attaque contre une fillette de neuf ans, prise à tort par ses agresseurs pour une réfugiée.

Harcelement

Mais le cas de Mme Pazianou, qui travaille pour plusieurs organes de presse dont l’AFP, n’est le seul sur l’île, où d’autres collègues ont eu maille à partir avec des militants d’extrême droite, et de tels cas de harcèlements et violences sont déjà rapportés depuis plus d’un an, selon le syndicat local des journalistes.

Dans son appel à la grève, celui-ci met en avant «les conditions dangereuses dans lesquelles s’exerce le travail journalistique à Lesbos et les menaces émanant d’éléments extrémistes pour imposer une censure».

Xénophobie

Si elles restent minoritaires sur cette île qui compte près de 90’000 habitants, les mobilisations xénophobes s’y sont multipliées face au confinement sur place de plus de 10’000 réfugiés et migrants qui continuent d’affluer depuis les côtes turques proches. En principe voués au renvoi en Turquie, mais en pratique éligibles pour beaucoup d’entre eux à l’asile en Grèce, ces exilés attendent des mois sur place une décision sur leur sort.

Dans le principal camp migratoire de l’île, à Moria, d’une capacité de 3100 places, plus de 8000 d’entre eux s’entassent dans des conditions dénoncées par toutes les parties prenantes, du personnel au Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (UNHCR).

Dernier cri d’alarme en date, 19 ONG, dont Oxfam, Caritas et Terre des Hommes, ont réclamé jeudi une «action immédiate» d’Athènes pour mettre fin à une situation «honteuse» et «pire que jamais». (afp/nxp)

Athènes, le 13 septembre 2018 – Plus de 17 000 personnes restent entassées dans des centres d’accueil des îles grecques d’une capacité totale de 6 000 personnes, vivant dans des conditions désespérées qui ne respectent pas les normes humanitaires. Ceci, malgré les assurances publiques du ministre grec de la politique migratoire, Dimitris Vitsas, selon lesquelles les îles seraient désengagées d’ici à septembre et que des milliers de nouveaux lieux seraient créés sur le continent grec. Alors que les conditions continuent de se détériorer, 19 organisations de la société civile demandent une fois encore aux autorités de s’engager dans la création de solutions durables pour la décongestion des îles et d’améliorer immédiatement les conditions d’accueil des réfugiés. Il est tout à fait honteux que l’on attend des gens qu’ils endurent des conditions aussi horribles sur le sol européen.

Moria, le premier centre d’accueil de l’île grecque de Lesbos, récemment décrit dans un rapport de la BBC comme «le pire camp de réfugiés au monde», héberge actuellement près de trois fois sa capacité. Le système d’égout ne fonctionne pas et l’eau de toilette sale atteint les tentes et les matelas où les enfants dorment. Ceci, malgré que des fonds pour l’amélioration du système d’assainissement aient été approuvés depuis un certain temps. Les cas de violence et d’abus sexuels sont en augmentation. Le premier centre d’accueil à Samos est six fois supérieur à sa capacité d’accueil.

En outre, les pénuries chroniques de personnel essentiel sont encore aggravées par les démissions constantes des professionnels de la santé travaillant sur les sites insulaires, qui démissionnent en raison de conditions de travail intenables. Selon la presse grecque, le coordinateur de Keelpno à Samos a déclaré que, malgré les difficultés financières actuelles en Grèce, «le personnel médical préfère prendre la route du chômage plutôt que de devoir travailler dans de telles conditions». Plus tôt cette semaine, le personnel de Moria a organisé une grève pour protester contre les conditions sur le site.

Cette semaine également, la préfecture de l’Égée-Septentrionale a qualifié la Moria de «inadaptée et dangereuse pour la santé publique et l’environnement» et a averti que le site serait fermé dans 30 jours si les conditions sanitaires ne s’amélioraient pas de manière spectaculaire. Dans ce contexte, les organisations de la société civile travaillant sur les îles ont également de plus en plus de mal à faire leur travail.

Il n’y a aucune excuse pour les conditions honteuses dans lesquelles des milliers de personnes restent bloquées dans l’attente de leurs demandes d’asile. Les autorités grecques doivent prendre des mesures immédiates et urgentes pour veiller à ce que les réfugiés bénéficient de l’accès à leurs droits fondamentaux et soient logés dans des conditions dignes, conformément au droit national et international. Les mesures de secours promises par les autorités grecques pour créer des milliers d’hébergements supplémentaires sûrs et dignes sur le continent et transférer des personnes hors des îles sur le continent doivent être mises en œuvre de toute urgence. Dans le même temps, les dirigeants de l’UE devraient de toute urgence redoubler d’efforts pour débloquer les discussions sur la mise en œuvre d’un mécanisme équitable et permanent d’attribution des responsabilités au sein de l’Union européenne.

Les signataires

  1. ActionAid Hellas
  2. Arbeiter-Samariter-Bund
  3. Caritas Hellas
  4. Commission Espagnole d’Ayuda al Refugiado
  5. Conseil danois des réfugiés
  6. DIOTIMA
  7. Conseil grec pour les réfugiés
  8. Forum grec des réfugiés
  9. Greek Helsinki Monitor
  10. Ligue hellénique des droits de l’homme
  11. HIAS Grèce
  12. Comité international de secours
  13. Service Jésuite des Réfugiés
  14. Centre juridique Lesbos
  15. Médecins du Monde
  16. Oxfam
  17. Praksis
  18. SolidarityNow
  19. Terre des hommes

source : Keep Talking Greece

Source https://www.tdg.ch/monde/Migrants–les-journalistes-en-greve-a-Lesbos/story/14509503

Exposition colonisée La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Exposition colonisée

Les apparences dominent pendant que l’été grec se termine. Tout y est, touristes, travailleurs paupérisés, et alors bandits… aux règlements de compte mortels en pleine rue à l’heure du deuxième café. Athènes, ville… vivante au quotidien. Les politiques, Tsípras et Mitsotákis en tête quant à eux depuis Thessalonique à l’occasion de sa foire commerciale, auront comme d’habitude promis.la lune, jamais pleine. Le mensonge gouverne, automne des feuilles mortes.

Retour des îles. Le Pirée, septembre 2018

Les vacanciers athéniens sont de retour, la grogne aussi. Le pays s’apprête à affronter l’automne… en réalité celui de sa destinée, et Tsípras se rend à Thessalonique pour le grand discours politicien annuel d’une portée supposée économique, “le premier discours du genre depuis huit ans, où c’est le gouvernement grec qui fixe les règles en matière d’économie et non pas la Troïka”. Foutaises et canulars.

La ruine des retraités. Presse grecque, septembre 2018

Tsípras a annoncé des allégements supposés de l’imposition et autres mesures similaires et d’ailleurs applicables… dans la durée, c’est-à-dire sur une période de quatre à cinq ans. Ensuite, et pour faire passer la pilule de l’énième baisse du montant des retraites tout en prétendant le contraire, le… dernier Premier ministre de la… “Gauche radicale” a aussitôt voulu rajouter “que comme cette baisse concerne essentiellement les retraités âgés de 70 ans et plus, le problème n’est que temporaire car naturellement, ces pensions versées cesseront d’être au fil du temps”, (radio 90,1 FM, zone matinale du 11/09). Autrement-dit, nos vieux disparaîtront… si possible rapidement d’après le vœu implicite de la marionnette Tsípras. Inutile de dire combien cette déclaration a été aussitôt remarquée à travers le beau pays vieillissant.

Ce prétendu report de la baisse programmée du montant des retraites intervenant dès janvier 2019, pour tout dire opposé aux engagements de Tsípras vis-à-vis du carcan européiste, est déjà mis en cause. Aussitôt, d’entrée de jeu, il a été fortement critiqué, rien que par cette mise à garde de Jean-Claude Juncker en personne: “Les mesures votées doivent être appliquées à la lettre”, quotidien Kathimeriní du 13 septembre .

Je suis torturée. Sur une surface à Athènes, septembre 2018

En attendant, et sur le terrain…grec des expérimentations métahistoriques de notre bien piètre nouveau siècle, Aléxis Tsípras, dans une posture visiblement satisfaite a fait si bonne figure aux côtés de l’Ambassadeur des États-Unis Geoffrey Pyatt , signe aussi des temps géopolitiques qui sont… disons les nôtres. Il faut préciser que le grand pays est l’invité d’honneur à Thessalonique cette année… plus affinités géopolitiques… si “gentiment” imposées. Rappelons aussi que rarement auparavant la Grèce n’avait affirmé une telle aspiration envers l’OTAN, sauf durant la funeste Junte des Colonels, signe aussi des temps on va dire.

On comprendra certes… que Les États-Unis envisagent une nouvelle expansion militaire en Grèce alors sans précédant, au beau milieu des tensions avec la Turquie, ce que la presse américaine évoque autant en ce moment à l’instar de Wall Street Journal cette semaine . La géopolitique, encore la géopolitique.

Le pays grouille alors d’espions et d’agents étrangers ou… compatriotes de toute sorte comme de toute obédience. Déjà les médias publics, voire les médias tout court propagent des “fake news” à répétition, des analystes se présentant sous le masque du patriote ou de l’internationaliste sclérosé travaillent en réalité pour le compte des services des puissances étrangères, comme d’ailleurs et d’abord le gouvernent Tsípras, l’opposition de Mitsotákis, voire, l’essentiel névralgique me semble-t-il de l’État grec profond, sans oublier le système de la partitocratie pseudo parlementaire actuelle.

C’est alors un jeu de rôle dans l’ultime tragédie grecque ou sinon, divine comédie au pays… de l‘exposition colonisée. Le tout, sous une mer Égée fort agitée.et au beau milieu, votre blog Greek Crisis qui lutte pour sa survie, et autant pour en extraire à partir de tout ce magma le sens encore possible de l’histoire comme celui de la vérité à travers les vagues. La maritimité… comme stade final de la politique !

Aléxis Tsípras et Geoffry Pyatt à Thessalonique. Presse grecque, septembre 2018
Aléxis Tsípras à Thessalonique. Presse grecque, septembre 2018
Drapeau et quotidien. Grec. Athènes, septembre 2018

En dehors des pupitres officiels, les Grecs, de droite comme de gauche étaient nombreux à manifester contre la présence de Tsípras à Thessalonique, d’abord les organisations culturelles de la région grecque de Macédoine ont fait savoir combien l’accord signé entre Tsípras et les voisins Slavomacédoniens est inacceptable pour une large majorité en Grèce, et ensuite il y a eu ceux des gauches grecques aux manifestants, toujours dispersés défilant contre l’austérité, et donnant l’illusion de résister sans plus convaincre personne il faut dire. Leur temps historique en Grèce n’est plus et accessoirement… SYRIZA est passé par là.

Et pour ce qui est de l’accord macédonien de Tsípras, tout le monde sait qu’il a été précipité, non pas pour arriver à une solution durable et réellement souhaitable par les deux peuples, mais pour que l’OTAN puisse s’étendre à la Macédoine slave le plus rapidement possible, histoire de contrer l’influence de la Russie dans les Balkans, aux suites géopolitiques relevant de l’habituelle chirurgie plastique des grandes puissances sur les frontières et surtout sur les peuples, car c’est de nouveau dans l’air du temps dans tous les Balkans il faut dire.

Pendant ce temps, et en préparant le référendum du 30 septembre chez nos voisins Slaves, sauf que les Grecs ne seront pas consultés sur ce même accord, les officiels de l’OTAN, ceux de la Présidence autrichienne de l’UE, ainsi qu’Angela Merkel visitent Skopje et interviennent ouvertement en faveur du OUI auprès des Slavomacédoniens lesquels sont d’ailleurs menacés de ne plus espérer intégrer un jour l’OTAN et l’UE en cas de victoire du NON, ceci explique subséquemment cela.

Et comme attendu en Macédoine grecque, les manifestants de Thessalonique ont été très violemment accueillis par les forces de l’ordre, épaulées il faut dire par le FBI et la CIA quant à la surveillance des lieux. Les dits “débordements” des CRS grecs, ont même obligé le gouvernement à ordonner une enquête sur le comportement de certains policiers, presse grecque de la semaine .

Manifestants et CSR. Thessalonique, septembre 2018
Moine et CSR. Thessalonique, septembre 2018. Presse grecque
Futur supposé. Athènes, septembre 2018

Plus au sud, la capitale du pays devenu territoire fait davantage dans les apparences que Thessalonique pendant que l’été bien grec alors se termine. Tout y est, la Garde républicaine Evzone devant le “Parlement” et le Monument du… pauvre Soldat inconnu forcement de jadis. En Attique, les chômeurs pêchent à la ligne près du Temple de Poséidon au Cap Sounion, et au centre d’Athènes on y découvre toute la nouveauté du “Mur de la bonté”. Histoire d’y accrocher de l’aide pour nos semblables, voilà, pour les instantanés de ce beau septembre grec.

Sous les apparences de cette normalité, au pays réel métamorphosé à jamais, les représentants de la Troïka, rendront alors visite aux valais locaux quatre fois par an au lieu de trois sous la Troïka officielle, et les dits marchés, décideront du financement de la colonie de la dette, en lieu et place des structures du dit mécanisme européen.

Car en dépit des mensonges de Tsípras, comme d’ailleurs du germanochrome Mitsotákis à la tête du parti de la Nouvelle Démocratie, la période supposée révolue de la Troïka laisse derrière elle, plus de 700 lois mémorandaires, près de 60 000 décisions gouvernementales allant dans le même sens unique et inique, plus de 300.000 décrets-lois et autres décisions ministérielles toujours en vigueur. Le tout, sous les signatures des gouvernements du mémorandum depuis 2010, SYRIZA compris.

La Grèce subira comme prévu l’entier suivi du programme amélioré de surveillance accrue… post-mémorandum, et cette réalité va durer durant de nombreuses décennies, sous les… auspices des visiteurs réguliers depuis les conclaves des Institutions. Sous le mémorandum… éternel, la surveillance durera ainsi au moins jusqu’au remboursement des 153 milliards.sur les 203 milliards d’euros que le pays de Zeus a comme on dit empruntés auprès du supposé mécanisme de sauvetage européen. D’après les calculs les plus optimistes, ce nouvel exploit hellénique arrivera à son terme seulement vers 2060. Retour vers le futur !

Garde Evzone. Athènes, septembre 2018
Garde Evzone. Athènes, septembre 2018
Pêche à la ligne. Cap Sounion, septembre 2018
Cap Sounion, septembre 2018

Après huit ans de lois austéritaires, et d’une fiscalité multipliée, après tant de dispositions antisyndicales sans oublier le coup de grâce porté sur le régime de la Sécurité Sociale, le bilan grec est… fort prometteur. Le pays a perdu près du 25% de son PIB, la population de la Grèce a diminué de plus de 700 000 personnes entre 2011 et 2017. Pour 48% de la population, soit 5,1 millions de personnes, c’est subsister dans la survie sous le seuil de pauvreté, et il y a 1,5 million de personnes vivant dans la pauvreté alors extrême, c’est-à-dire au-dessous des 182 euros par mois.

Ainsi, trois Grecs sur dix vivent dans une pauvreté extrême, et ils sont incapables de subvenir à leurs besoins de base tels que la nourriture ou le chauffage. Selon ELSTAT, l’Office des Statistiques du pays, 26,7% des enfants de moins de dix-sept ans sont même privés de biens matériels de base. Pour 40,5% des pensionnaires et après dix diminutions successives des montants des retraites, leur pension, n’excède pas les 500 euros en brut par mois. Pour 30,15% des travailleurs du pays, ou alors 613 119 personnes qui travaillent encore, leur “salaire” se situe entre 328€ en net par mois et 580€, le capitalisme réel… plus les Smartphones.

Devant le “Parlement”, les animaux adespotes des lieux sont les seuls à être toujours admirés par les passants et toujours citoyens supposés du pays, hors évidemment les nombreuses tribus de la clientèle des partis, plus clientélistes que jamais. La nouvelle Ministre de Grèce du Nord (régions de Macédoine et de Thrace), la très bimboïde Katerina Notopoúlou, a finalement admis lors d’un entretien qu’elle avait été embauchée comme… nettoyeuse de surface pour le compte de la Municipalité de Thessalonique et qu’elle a été aussitôt propulsée au service Tourisme de la mairie, “car telles sont les usages grecs en la matière”, entretien accordé à la télévision ERT. Voilà qu’une ministre admet l’illégalité de fait pour ce qui tient des débuts de sa si courte vie pseudo-professionnelle, en réalité de façade, avant d’être propulsée dans la gestion des affaires publiques par la clique à Tsípras, quotidien “Kathimeriní” du 13 septembre .

Et toute la Grèce en rigole à défaut de réagir de manière efficace, novatrice et radicale face à la pègre qui nous gouverne . Rapidement, la jeune femme qui ne serait pas inconnue de la famille Pappás, famille comme on sait compère des Tsípras, elle a été nommée collaboratrice spéciale de Tsípras pour son bureau de Thessalonique et depuis peu… là voilà Ministre… Pauvre fille parvenue de la sorte. Admirable parcours, aux compétences avérées du clientélisme et du népotisme réellement existants. Mafia, et alors “garda e passa”

Devant le dit Parlement. Athènes, septembre 2018
Au Cap Sounion, septembre 2018
Sans-abri. Place de la Constitution. Athènes, septembre 2018
Le Mur de la bonté. Athènes, septembre 2018

En dehors du… Mur de la bonté, on peut encore se rabattre sur les sardines plutôt abordables, ou même pénétrer à la limite les mystères de certains restaurants très populaires, c’est-à-dire pas chers d’après l’acception du terme en grec moderne. Sans oublier bien entendu la posture toujours majestueuse des animaux adespotes d’Athènes et du pays réel.

Pendant ce temps, les acquéreurs des plages et des presqu’îles bradées par la Treuhand à la grecque, instituée pour sa version finale il faut dire sous Tsípras et qui contrôle et brade désormais l’ensemble des biens publics du pays pour une durée de 99 ans, financent des fouilles d’urgence pendant leurs travaux en cours. Maigre consolation il faut dire.

On vient même d’apprendre qu’outre les ports, les aéroports et les autres infrastructures, 10.119 parcs et autres biens immobiliers du domaine ex-public viennent d’être attribués à cette agence fiduciaire, pilotée comme on sait par les créanciers et autres rapaces internationaux, sous l’aimable patronage de la gestion métropolitaine du totalitarisme de l’UE, presse grecque de la semaine .

Animal adespote. Athènes, septembre 2018
Taverne populaire. Athènes, septembre 2018
Sardines… populaires. Athènes, septembre 2018
Fouilles d’urgence. Attique, septembre 2018

Les ferrys sont déjà revenus des îles bondés. Il pleut déjà un peu sur le Péloponnèse comme sur Athènes, l’automne est tout de même d’une beauté autre que l’été grec, admettons-le. Par ces temps qui changent… sans changer, les régions comme les municipalités du pays entreprennent de leurs travaux habituels avant les élections locales et régionales du mois de mai, programmées au même moment que les pseudo élections dites européennes qui n’ont jamais pu servir à autre chose qu’à légitimer le pouvoir impérial de Bruxelles.

Retour au Pirée. Septembre 2018
Travaux. Athènes, septembre 2018
Gastronomie simple. Athènes, septembre 2018

Certaines rumeurs et autant déclarations récentes, analysées par la presse mainstream indiqueraient que la date des élections législatives de même probablement avancée pour aboutir à un triple scrutin au mois de mai, quotidien Kathimeriní du 12 septembre . Sans trop d’importance en l’état actuel des choses et de notre régime structurellement et si cruellement méta-démocratique à notre avis.

Le virus du Nil occidental progresse car les services de l’État mafieux et partitocrate grec a cessé sous Tsípras toute campagne de prévention depuis 2016. L’Ordre des Médecins d’Athènes dans un communiqué récent, fustige cette gestion criminelle de la santé publique. Lorsque les Unités de soins intensifs déjà devenues si rares sont manifestement occupées par les patients souffrant du virus du Nil occidental c’est alors grave, sans oublier les dizaines de morts déjà, les régions touchées sont l’Attique, Athènes et aussi le Péloponnèse, quotidien Kathimeriní du 13 septembre . D’après Tsípras, les vieux peuvent doivent mourir, et apparemment tous les autres avec.

Votre blog poursuit ainsi sa lutte… surveillée, autant pour sa survie, sous le regard il faut dire de notre Mimi, vieillissante, amaigrie, et pour tout dire souffrante, du haut de ses quinze ans de félin et fier de l’être.
Automne des feuilles mortes.

Mimi de Greek Crisis. Athènes, septembre 2018
* Photo de couverture: La capitale et ses apparences. Athènes, septembre 2018

Une intervention de Zoé Konstantopoulou

Si vous aimez la Grèce, aidez-nous à nous débarrasser d’Alexis Tsipras et de son parti zombie

26 juillet par Zoe Konstantopoulou


Retraités grecs lors d’un rassemblement anti-austérité à Athènes Photo : Yannis Kolesidis/EPA

Le Premier ministre grec et Syriza ont trahi leur peuple et leurs principes. Ils doivent partir.

La semaine dernière (ndlr : article initialement publié en anglais le 9 juillet 2018), c’était le troisième anniversaire du référendum de 2015, par lequel le peuple grec a dit non à plus d’austérité et non aux atteintes à la démocratie par les créanciers.

La semaine précédente, Alexis Tsipras, le Premier ministre qui a trahi le courageux « non » du peuple grec, s’est rendu à Londres pour présenter comme une prouesse sa capitulation devant la troïka, composée de la Commission européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE).

Imaginez comment réagirait le peuple britannique face à un Premier ministre élu pour mettre fin aux privatisations et qui au contraire aurait privatisé presque tout ce qui était public ; qui aurait été élu pour servir la paix et qui au lieu de cela aurait facilité les actions militaires contre des cibles en Syrie et aurait accepté de vendre des armes à des pays accusés de commettre des crimes au regard du droit international ; qui aurait été élu pour protéger les domiciles des particuliers et qui serait resté les bras ballants pendant que les banques procédaient à leur saisie, laissant les gens à la rue ; qui aurait été élu pour promouvoir la démocratie et l’indépendance de son pays et qui pourtant l’aurait livré en pâture à l’Union européenne, au FMI et à la BCE.

C’est là ce que Tsipras a fait subir au peuple grec.

J’étais députée de Syriza et présidente du Parlement grec pendant les sept mois qu’a duré le premier gouvernement de ce parti. Lorsque Tsipras a signé le troisième mémorandum en dépit de sa toxicité, en 2015, j’ai lutté de toutes mes forces pour préserver nos procédures parlementaires que le Premier ministre et la troïka foulaient aux pieds. En dépit des pressions permanentes, j’ai refusé de déroger à nos règles démocratiques et d’endetter encore plus notre peuple. Avec des dizaines d’autres parlementaires de Syriza, j’ai voté contre cet accord monstrueux.

Tsipras a alors dissous prématurément le Parlement pour nous écarter, les parlementaires dissidents et moi.

Trois ans plus tard, sa capitulation devant la troïka s’est révélée aussi désastreuse que nombre d’entre nous l’avions prédit. La vie de nos concitoyens est devenue intolérable. Le chômage des jeunes est devenu la norme et on estime à 8 % la part de la population qui a quitté le pays à la recherche d’un emploi. Le salaire minimum ne permet pas de couvrir les factures et des centaines de milliers de familles doivent se passer d’électricité pendant de longues périodes.

Cette tragédie a commencé dès 2010, mais Tsipras et son gouvernement soi-disant de gauche ont tout fait pour prouver qu’ils pouvaient mener les politiques austéritaires mieux que leurs prédécesseurs. Ils se vantent même de dépasser les cruels objectifs de la troïka en matière de coupures budgétaires et d’impôts.

Pendant les élections anticipées de 2015, Tsipras a prétendu avoir signé le troisième mémorandum parce que la troïka lui avait promis des discussions sur un allègement de la dette. Le 21 juin dernier, l’Eurogroupe a convenu d’une extension de dix ans de l’échéancier de remboursement de la Grèce, ce qui en définitive, signifie que davantage d’enfants et de jeunes deviendront endettés contre leur volonté. Chaque nouveau-né en Grèce voit le jour avec une dette de 40 000 euros, et de moins en moins de bébés naissent depuis l’imposition de mesures d’austérité.

Tsipras a salué la prolongation de l’échéancier dans un discours où il qualifie ce 21 juin de « jour historique ». Je doute que quelqu’un s’en souvienne l’année prochaine. La dette de la Grèce, source de nos ennuis, a été déclarée « illégitime, illégale, odieuse et insoutenable » par la commission parlementaire d’audit de la dette que j’avais convoquée lorsque j’étais présidente du Parlement en 2015. Tsipras n’a jamais utilisé les rapports officiels de cette commission. Sous son mandat, la dette de la Grèce s’est encore accrue et selon les prévisions, elle devrait exploser.

L’Eurogroupe a imposé à la Grèce un objectif d’excédent budgétaire d’au moins 2,2 % du PIB d’ici 2060. Tsipras prétend que la Grèce « sortira proprement » du mémorandum en août prochain : il a déjà légiféré pour introduire de nouvelles mesures austéritaires prescrites par la troïka jusqu’à 2022, accepté la surveillance de l’économie jusqu’à 2060 et a renoncé à tout contrôle sur les biens publics jusqu’à 2114.

Tsipras prétendait vouloir mettre à bas les oligarques des médias. Aujourd’hui pourtant, ces anciens oligarques n’ont rien perdu de leur pouvoir et une nouvelle génération s’est même installée, les « oligarques de l’ère Tsipras ».

Sa politique étrangère a connu le même sort : en octobre dernier, alors qu’il représentait un État en faillite, il a dépensé pas moins de 2,4 milliards de dollars pour l’achat d’avions de chasse F-16 aux États-Unis. Il a ensuite fait l’éloge de Donald Trump qui, selon lui, perpétue « la tradition de démocratie et de liberté » née en Grèce. En bon caniche de Washington, Tsipras a également noué d’étroites relations avec le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, a accepté de vendre des armes à l’Arabie Saoudite, dont le régime est actuellement accusé de bombarder des enfants au Yémen et a levé le véto de la Grèce à l’expansion de l’OTAN dans les Balkans. Il a également signé des accords sur les réfugiés qui constituent une violation criante du droit international humanitaire.

Depuis 2015, il a mis en œuvre un programme de privatisation cynique, vendant à vil prix nos ports, nos aéroports, nos côtes, nos voies ferrées, nos compagnies d’électricité, d’eau et de gaz, nos sites archéologiques et culturels, nos théâtres, nos tribunaux, nos mines d’or et d’autres entreprises prospères. Aucun de ses prédécesseurs néolibéraux n’avait osé aller aussi loin.

En 2017, son gouvernement a lancé la vente aux enchères en ligne des logements de familles qui n’étaient plus en mesure de s’acquitter de leur dette envers leur banque, en ayant recours à des méthodes anticonstitutionnelles et à la violence policière. Comme avocate, j’ai même vu la police user de gaz lacrymogène dans un tribunal. Pour complaire à la troïka, il a même criminalisé les manifestations contre la vente aux enchères des domiciles.

En tant que dirigeante du parti Trajet de liberté, j’ai appelé le peuple grec à résister à la troïka et à Syriza, son gouvernement vassal. Nous demandons le soutien de tous les progressistes, y compris de nos amis du parti travailliste britannique.

Syriza n’est pas le parti de gauche qu’il prétend être. Il est devenu un zombie politique, piétinant toutes les valeurs progressistes alors qu’il se rend, tel un somnambule, vers son trépas électoral. Sa destitution est la première étape vers la restauration de la démocratie en Grèce.

Zoe Konstantopoulou est l’ancienne Présidente du Parlement hellénique.

Traduit depuis l’anglais par Hélène Tagand

Source http://www.cadtm.org/Si-vous-aimez-la-Grece-aidez-nous-a-nous-debarrasser-d-Alexis-Tsipras-et-de-son

Délit de solidarité : acharnement judiciaire

Martine Landry : l’acharnement judiciaire Publié le 25.07.2018 Amnesty international

Le 24 juillet 2018, dans la soirée, nous apprenions avec consternation que le procureur général d’Aix-en-Provence faisait appel du jugement rendu le 13 juillet par le tribunal correctionnel de Nice. La relaxe avait été prononcée pour Martine Landry poursuivie pour « aide à l’entrée sur le territoire de deux mineurs en situation irrégulière ».

Quelques jours après avoir été relaxée, Martine Landry déclare : « Cette décision me sidère. Je pensais pouvoir recommencer à vivre normalement, sans épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Mon répit est de courte durée. Je reste toutefois déterminée et sûre de la légalité de mes actes ».

Lire aussi : Une militante accusée de délit de solidarité

Le parquet fait appel

La procédure devant le tribunal correctionnel de Nice a duré près d’un an du fait de reports, demandés notamment par le parquet.

Le parquet est garant de l’intérêt public. En première instance, la procureure [du tribunal de Nice] avait demandé la relaxe. Il est assez étonnant que la protection de ce même intérêt public exige une condamnation dix jours après la relaxe prononcée.

Alors que le tribunal correctionnel de Nice avait reconnu la légitimité de l’action de Martine Landry, la décision du parquet de faire appel est un nouveau coup porté à la solidarité et la fraternité aux frontières, et nos associations dénoncent un acharnement contre leur militante.

Source https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/martine-landry-lacharnement-judiciaire


Lire sur le même sujet https://www.20minutes.fr/justice/2312811-20180725-nice-parquet-fait-appel-relaxe-benevole-aide-entree-migrants

Italie Grèce la question migratoire

Italie 2018 vs Grèce 2015 : deux façons opposées d’aborder la question migratoire Par

Dans une Italie bien moins exposée aux arrivées d’exilés que par le passé, le ministre de l’intérieur Matteo Salvini se répand en propos xénophobes tandis que les attaques racistes se multiplient. Rien à voir avec la Grèce de l’été 2015 qui, asphyxiée financièrement, avait généreusement accueilli les personnes qui débarquaient chaque jour par milliers.

Surenchère, inconscience et provocation. Tels semblent être les moteurs du ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, depuis qu’il a pris ses fonctions, le 2 juin dernier. Ces derniers jours, il est allé jusqu’à citer quasiment mot pour mot Mussolini, lançant sur Twitter, à l’occasion du jour anniversaire de l’ancien dictateur fasciste : « Tellement d’ennemis, tellement d’honneur ». Quant aux agressions racistes qui se multiplient depuis quelques mois dans le pays, il a répondu ce lundi : « Je rappelle qu’il y a environ 700 délits commis chaque jour en Italie par des immigrés, soit près d’un tiers du total, et ceci est la seule vraie urgence pour laquelle je me bats en tant que ministre. »

Il faut rappeler que le tonitruant vice-président du Conseil italien avait commencé son mandat par ces mots : « Pour les clandestins, la fête est finie. » Il ne donnait alors qu’un mauvais avant-goût de ce qui allait se passer par la suite : opposition au débarquement de l’Aquarius – puis d’autres navires ayant secouru des humains en pleine mer –, avalanche de propos xénophobes sous couvert de « bon sens », annonces d’expulsions massives, fantasme sur la réalité du phénomène migratoire en Italie… Depuis à peine deux mois qu’il est au gouvernement, Salvini a répandu sa haine dans les médias, sur les réseaux sociaux, et dans les réunions européennes, réduisant l’exercice de la politique à une communication abjecte tous azimuts sans pour autant mettre en œuvre de mesures concrètes.

Le chef de la Ligue (extrême droite) s’est ainsi imposé comme le numéro un de facto de ce gouvernement italien inédit, éclipsant le très discret Giuseppe Conte, chef officiel de l’exécutif, mais aussi son partenaire de la coalition gouvernementale et autre vice-premier ministre, Luigi Di Maio, dont le Mouvement Cinq Étoiles était pourtant arrivé en tête des élections du 4 mars avec un score près de deux fois supérieur à celui de la Ligue (33 % contre 17 %).

De fait, les Cinq Étoiles ne contestent guère l’orientation prise par le ministre de l’intérieur. À croire qu’ils partagent avec lui le rejet des “migrants”, la critique des ONG, et sa façon d’exercer la pression sur les autorités européennes. Au sein du mouvement, seules deux élues régionales ont publiquement émis des réserves sur la ligne du M5S depuis qu’il est au gouvernement.

Le chemin emprunté par Matteo Salvini est pourtant tout autant égoïste que les attitudes européennes qu’il entend dénoncer. A-t-il une seule fois, lorsqu’il était eurodéputé, manifesté un geste de solidarité avec Athènes quand la Grèce faisait face à un afflux autrement plus important, il y a trois ans ? A-t-il une seule fois, au cours de ses deux mandats à Strasbourg, proposé une solution européenne à la question migratoire ?

Sans vouloir minimiser les difficultés de l’Italie ni l’accueil réalisé depuis des années par ce pays face à une Europe de moins en moins solidaire, force est de constater que l’attitude de Salvini est surtout révélatrice de la manière dont un pays peut s’enfoncer dans la xénophobie devant une immigration fantasmée, quand d’autres ont su au contraire faire preuve d’humanisme et de solidarité, tout en recourant, aussi, à l’aide européenne dont ils avaient cruellement besoin.

Lorsque, à l’été 2015, la Grèce, asphyxiée financièrement et prise dans l’étau du chantage européen après l’arrivée au pouvoir de Syriza, se retrouve aux avant-postes de l’arrivée des exilés des conflits en Syrie et en Irak, nulle vague xénophobe ne se fait jour. Ni de la part du gouvernement, ni du côté de la société. L’organisation criminelle néo-nazie Aube dorée – sous le coup de poursuites judiciaires depuis le printemps 2015 – qui avait percé à environ 6 % des voix aux élections de 2012, au pire moment de la crise économique, ne progresse pas d’un pouce. À droite comme au gouvernement, le discours reste dans l’ensemble modéré vis-à-vis des migrants.

Entre juin et décembre 2015, ce sont pourtant près de 900 000 personnes qui passent par les îles grecques, puis par la Grèce continentale, pour rejoindre la « route des Balkans ». À Lesbos – l’une des îles les plus proches de la Turquie –, à Idomeni  – à la frontière avec la Macédoine –, mais aussi au port du Pirée, à Athènes, et en d’innombrables points de ce parcours, les solidarités s’organisent, des gens qui n’avaient jamais aidé s’activent.

De passage à Paris en mars dernier à l’occasion d’une exposition au théâtre d’Aubervilliers, Vassilis Tsartsanis nous avait raconté cet élan spontané. Pendant des mois, cet habitant d’Idomeni a vu, chaque jour, quelque 500 personnes passer la frontière entre la Grèce et la Macédoine. Jusqu’à son démantèlement, en mai 2016, le “camp” d’Idomeni accueillera jusqu’à 15 000 personnes. « Les gens du village ont ouvert leurs cœurs, leurs armoires, leurs maisons pour aider ces exilés. Je ne suis pas du genre à être fier de mon village, mais là, je dois dire que nous avons vécu quelque chose d’extraordinaire. Il n’y a pas eu une seule manifestation raciste. »

On en viendrait presque à s’étonner, aujourd’hui, du pacifisme et de la tolérance des Grecs face à l’arrivée de ces exilés en 2015, alors que le pays traversait sa sixième année consécutive d’austérité et de récession. Il en ressort une évidence : à la différence de l’Italie aujourd’hui, la société hellène n’avait pas été provoquée par des propos inconséquents et racistes de la part de son gouvernement. S’il allait être progressivement transformé par son leader Alexis Tsipras, le parti de gauche au pouvoir Syriza n’avait pas oublié son ADN de parti traditionnellement engagé dans la défense des droits des immigrés.Au ministère de la politique migratoire, c’est d’ailleurs un militant de la société civile qui occupe le poste de septembre 2015 à début 2018, Yannis Mouzalas. Dans l’interview qu’il nous accorde en septembre 2016, il demande, lui aussi, l’aide européenne. Mais son approche humanitaire et son propos posé n’ont rien à voir avec les déclarations irrationnelles et démagogiques de Salvini aujourd’hui.

Moins de 20 000 personnes arrivées par la mer

« Voici ce que nous voudrions faire, expliquait alors Yannis Mouzalas face à la situation des quelque 60 000 exilés coincés en Grèce depuis la fermeture de la « route des Balkans » et l’accord UE-Turquie, développer des hébergements qui ne soient plus du provisoire. Pas sous la forme de tentes, mais sous la forme de constructions en dur, avec des espaces pour cuisiner, des classes pour les enfants, des soins médicaux. Il faut aider en particulier les enfants, qui représentent environ 40 % des 50 000 réfugiés sur le continent. Il faut que ces jeunes retrouvent le contact avec le système scolaire, soit en allant directement dans les écoles grecques les plus proches, soit par le biais de classes spéciales dans les camps. »

On est loin, très loin de l’attitude du ministre de l’intérieur italien qui a promis « un bon coup de ciseaux » dans les cinq milliards d’euros du budget national consacrés à l’accueil des demandeurs d’asile. À peine trois semaines après sa prise de fonction, Matteo Salvini s’est en outre rendu à Tripoli pour y poursuivre la coopération de Rome avec les autorités libyennes et défendre l’idée, dans cet État failli, de « centres d’accueil et d’identification » pour les migrants cherchant à rejoindre l’UE.

Bien que la Turquie et la Libye ne soient pas comparables, le Grec Yannis Mouzalas, lui, n’était pas du tout dans ce type d’approche bilatérale focalisée sur le blocage des traversées. Il était réservé sur l’accord UE-Turquie ; et sans le remettre complètement en cause, il insistait sur l’absolue nécessité de permettre à tous les arrivants sur les îles grecques d’avoir accès à une procédure de demande d’asile en bonne et due forme. Il était hors de question, pour ce membre du gouvernement Tsipras, d’envisager une expulsion si la personne n’avait pas pu effectuer sa demande d’asile.

Lorsque nous interrogeons Yannis Mouzalas, nous sommes un an après le pic des arrivées en Grèce. Si leur nombre a chuté, les débarquements continuent et ne s’interrompront pas les années suivantes. Depuis début 2018, plus de 15 000 personnes ont encore rejoint l’archipel de la mer Égée.

En Italie, pays six fois plus peuplé que la Grèce, ce sont moins de 20 000 personnes qui sont arrivées par la mer depuis le début de l’année. De nombreux incidents racistes ont pourtant été répertoriés. Parmi les plus notables, il y a eu en février, à Macerata (centre du pays), une fusillade de personnes noires par un militant de la Ligue, au cours d’une campagne électorale entièrement focalisée sur la question migratoire. Début juin, un jeune Malien, Soumaila Sacko, est assassiné en Calabre. Quelques jours plus tard, en Campanie, trois hommes tirent sur deux Maliens à bout portant avec un pistolet à air comprimé – et comme pour illustrer l’impact qu’une xénophobie affichée au plus haut sommet de l’État peut avoir sur la population, les tireurs auraient, d’après des témoins, crié « Salvini, Salvini ! ».

Ce dimanche, près de Turin, c’est une lanceuse de disque, Daisy Osakue, qui est blessée à un œil après avoir reçu un œuf lancé depuis une voiture. Née en Italie de parents nigérians, cette athlète risque de ne pas pouvoir participer aux championnats d’Europe la semaine prochaine à Berlin. Ce même week-end, un Marocain pris en chasse en voiture par des Italiens l’accusant d’être un cambrioleur, dans une petite ville au sud de Rome, a fini mort à l’hôpital… Tandis qu’à Palerme, un Sénégalais a été roué de coups par un groupe d’Italiens sous les cris de « sale nègre ».

Certes, il existe aussi, en Italie, une multitude d’initiatives solidaires envers les immigrés. Mais le discours ambiant, alimenté sans scrupule par le chef de la Ligue et antérieur à lui, ne leur est pas favorable. Il faut reconnaître que les gouvernements précédents avaient préparé le terrain, se rapprochant déjà de la Libye, rendant difficile la régularisation des immigrés, et finissant par mettre des entraves, à l’été 2017, au travail des ONG. Quant aux médias, ils ont aussi leur part de responsabilité dans ce développement.

« L’Italie est en campagne électorale depuis 2013, écrivait le mois dernier l’auteur de l’enquête Gomorra, Roberto Saviano, dans Le Monde. Savez-vous ce que cela signifie ? Que tout est communication politique – et la communication politique est une chose très différente de la politique elle-même : c’est de la communication, de la vulgarisation, de la simplification. Cela signifie que les Italiens sont entourés, assiégés, écrasés sous le poids d’une politique qui, loin d’être réelle, se fait dans les talk-shows et sur les réseaux sociaux. (…) Cela signifie que ceux qui parlent des migrants comme d’un fléau à éradiquer obtiennent aussitôt de la visibilité, surtout s’ils ont gagné en crédibilité dans des milieux dits “de gauche”. (…) Mais la triste vérité, c’est que, malgré tout, ce gouvernement plaît – et ses soutiens se multiplient – parce qu’il indique des cibles, des ennemis à lapider, des catégories de personnes contre lesquelles se battre. »

Le journaliste d’investigation Roberto Saviano est l’une des rares personnes connues en Italie à s’être élevée, publiquement, contre l’orientation prise par Matteo Salvini. Le ministre a d’ailleurs déposé plainte contre lui il y a une quinzaine de jours, à la suite d’un tweet le mettant en cause. La société italienne semble peu mobilisée : seule une petite manifestation a eu lieu à Rome début juillet, pour critiquer la politique migratoire de l’exécutif.

Au-delà du positionnement du gouvernement transalpin, c’est donc tout un environnement qui baigne, aujourd’hui, dans le fantasme de l’immigration. « Comment un pays de 60 millions d’habitants peut-il se considérer comme envahi par 150 000 personnes ?, s’interrogeait cet hiver Giuliano Giuliani, un homme engagé bénévolement auprès des étrangers rencontré au cours d’un reportage à Gênes. C’est une folie que de penser de cette manière. Et c’est une hypocrisie. Léconomie des régions riches comme la Lombardie et la Vénétie repose en grande partie sur la main-d’œuvre immigrée… » À l’exact opposé de la Grèce, cette “invasion” que subirait l’Italie fait maintenant partie du magma médiatique dominant.

Source https://www.mediapart.fr/journal/international/310718/italie-2018-vs-grece-2015-deux-facons-opposees-d-aborder-la-question-migratoire

Migrants: «La collaboration entre Rome et Tripoli passe pour assassine»

Publié par Alencontre le 19 – juillet – 2018 Par Dominique Dunglas

A peine hissée hors de l’eau par les secouristes de l’ONG Proactiva Open Arms, les yeux hagards, Josepha est en état de choc, incapable de parler, déshydratée et en hypothermie après avoir dérivé pendant 48 heures accrochée à un morceau d’épave. Au second plan, gisent sur une planche de bois flottante le cadavre d’une autre femme et celui d’un enfant de 3 ou 4 ans. La photo de cette Camerounaise de 40 ans est à la une des principaux quotidiens transalpins, le nouveau symbole du drame qui se joue tous les jours entre les côtes de l’Afrique et celles de l’Europe.

Josepha était à bord d’un canot pneumatique se dirigeant vers l’Italie, avec à son bord 165 migrants, dont 39 femmes et 12 enfants, intercepté lundi soir par les gardes-côtes libyens. Conformément aux accords passés avec l’Italie, les soldats ont transféré les migrants sur leur vedette pour les ramener sur les côtes libyennes. Tous? Non.

Selon Oscar Camps, le fondateur de Proactiva Open Arms, deux femmes et un enfant ont refusé de monter à bord du bateau des gardes-côtes par crainte de retourner dans l’enfer des prisons libyennes. Les soldats auraient alors coulé le canot pneumatique et abandonné les trois migrants dans les débris flottants. «Ce sont des assassins qui ont été enrôlés par l’Italie», a déclaré Oscar Camps. Et l’écrivain et journaliste italien Roberto Saviano s’en est pris directement à Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur: «Salvini, quel plaisir prends-tu à voir mourir des enfants?»

Une version des faits toutefois démentie par Rome et Tripoli. Une journaliste allemande qui était à bord de l’unité de la marine libyenne a confirmé que le canot avait bien été coulé mais qu’à sa connaissance, il n’y avait plus personne à bord.

La filière italienne meurtrière

Sans doute ne connaîtrons-nous jamais la vérité. Reste que les tentatives désespérées d’échapper au retour en Libye se succèdent lorsque les migrants comprennent que leur voyage vers l’Europe est un échec. Le 13 juillet, alors que Matteo Salvini avait interdit l’accostage en Sicile d’un vieux chalutier avec 450 migrants à bord, une trentaine d’entre eux s’étaient jetés à l’eau pour essayer de rejoindre à la nage les bateaux italiens. Le bilan officiel, certifié par la marine transalpine, est de quatre morts.

Les statistiques du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés donnent l’ampleur de l’aggravation du drame qui se joue sur la route du canal de Sicile. Depuis le début de l’année, 1143 migrants sont morts en mer, 1100 sur la route vers l’Italie, 300 sur la route vers l’Espagne. Durant les six premiers mois de 2017, un migrant sur 38 perdait la vie durant la traversée. Désormais, c’est un migrant sur sept qui périt entre les côtes africaines et l’Europe. Et avec sensiblement le même nombre de départs, la filière italienne se révèle beaucoup plus meurtrière que celle qui conduit en Espagne. Fermeture des ports italiens, interdiction faite aux ONG de s’approcher des côtes pour permettre aux gardes-côtes libyens de reconduire directement les migrants interceptés dans les geôles d’où ils venaient: la politique mise en œuvre par Matteo Salvini est donc tenue en partie responsable de cette augmentation des morts.

Rien ne semble toutefois freiner la détermination du ministre de l’Intérieur. Au mépris des lois internationales, il veut désormais que les navires militaires italiens rapportent directement les migrants interceptés dans leur port de départ. Selon lui, les conditions de sécurité et de respect des droits de l’homme en Libye le permettent.

Ce n’est pas ce qui se lisait dans les yeux de Joséphine. (Article publié dans le quotidien Le Soir, en date du 19 juillet 2018)

Source http://alencontre.org/europe/migrants-la-collaboration-entre-rome-et-tripoli-passe-pour-assassine.html#more-50596

La démocratie existe-t-elle en Grèce?

La démocratie existe-t-elle en Grèce? Revendications historiques d’une assemblée constituante et de l’indépendance nationale  Iskra24/06/2018

Intervention de Panayotis Lafazanis, secrétaire du Conseil politique d’Unité Populaire, à l’Unity Festival le samedi 23 juin à l’Université d’Agriculture

« La démocratie existe-t-elle en Grèce ou bien notre pays est-il tombé dans quelque chose de pire qu’une république bananière ? »

« La restauration d’une vraie démocratie, de bout en bout, par une assemblée constituante et la réalisation de la souveraineté et de l’indépendance nationales sont les deux grands problèmes actuels de notre pays et les revendications historiques de notre époque ».

Panayotis Lafazanis a poursuivi, en soulignant : « Qui sont donc ceux qui ont autorisé les Tsipras-Kaménos et avec eux un président de la démocratie-fantôme à signer la décision d’une instance informelle de l’UE, l’Eurogroupe, avec laquelle le pays se vend et se compromet depuis des décennies ?

Où et quand y a-t-il eu un débat concernant cette décision et quel corps populaire représentatif l’adoptera ?

De quel droit Tsipras-Kaménos et leurs autres béquilles mémorandaires, dans un Parlement sans opposition, ont-ils accepté comme prétendue réforme de la dette une normalisation qui ne la réduit pas même d’un euro, mais simplement en transfère davantage tout le fardeau à ceux qui ont la malchance d’être affaiblis depuis dix ans ?

Avec quelle autorisation et de quel droit Tsipras-Kaménos et leur gouvernement désintégré ont engagé (ou plutôt, c’est ce que pensent ceux qui les utilisent) le pays, sans que le peuple ni même le Parlement aient leur mot à dire sur une austérité courant environ jusque 2060 ?

Comment, jusqu’à quel point et dans quelle démocratie un gouvernement peut en quelques mois engager un peuple et hypothéquer un pays pour des décennies ?

Comment, jusqu’à quel point et de quel droit Tsipras-Kaménos-Tsakalotos ont signé à l’Eurogroupe pour brader les entreprises publiques stratégiques et rentables comme : DEI (entreprise grecque d’électricité), AIA (Aéroport international d’Athènes), DESFA (compagnie grecque du gaz), ELPE (Compagnie grecque du pétrole), les ports de plaisance de Alimos, Egnatia, DEPA (entreprise publique du gaz), Eydap (Compagnie des eaux d’Athènes), Eyath (Compagnie des eaux de Thessalonique) et les ports périphériques d’Igoumenitsa, Corfou, Alexandroúpolis, Kavala, etc. ?

Comment, sans aucune approbation populaire et sans que le peuple soit consulté, peut-on livrer à des états étrangers et des intérêts multinationaux tout le Bien public, acquis par la sueur et les larmes, comme s’il s’agissait du fief des gouvernants ?

« Il est dramatique », a continué Panayotis Lafazanis, que « Tsipras-Kaménos et à leurs côtés le Président de la République ,Prokopis Pavlopoulos, avec les autres mémorandaires en société au parlement fonctionnent comme des expéditionnaires de la troïka et de la classe financière européenne, comme des fiduciaires d’une oligarchie intérieure asservie à l’étranger et d’un européisme totalitaire, étouffant la terre, l’économie , la société et le futur de la jeunesse grecque ».

« Les deux grandes revendications historiques de notre époque », a constaté Panayotis Lafazanis, « pour lesquelles nous nous battons, afin que notre terre et notre peuple respirent et renaissent, sont d’une part le rétablissement profond et total de la démocratie, à travers une assemblée constituante qui mettra fin au diktat totalitaire et financier de l’euro et d’autre part la souveraineté nationale et l’indépendance par rapport à une Grèce qui s’est transformée en soutien euroatlantique politique et militaire, hypothéquant sa sécurité et plus encore son intégrité.

À présent, un nouveau patriotisme contemporain, au côté de l’internationalisme, devient absolument nécessaire pour une Gauche du XXIe siècle, s’agissant pour cette dernière de s’affirmer à nouveau comme force hégémonique nationale concernant les profondes transformations sociales et l’indispensable sauvegarde et la refondation de notre patrie ».

Traduction : Merci à Vanessa de Pizzol

Source https://unitepopulaire-fr.org/2018/07/10/la-democratie-existe-t-elle-en-grece-de-p-lafazanis-lae/

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