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Déclaration du FMI que faut-il en croire ?

Dans cet article du 13/12/16 Grèce : faut-il croire le FMI dans son rejet de l’austérité Romaric Godin s’interroge sur la déclaration du FMI  http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-faut-il-croire-le-fmi-dans-son-rejet-de-l-austerite-624329.html

La déclaration du FMI du 12/12/16 par Maurice Obstfeld, Conseiller économique et Directeur du Département des études du FMI et Poul M. Thomsen est Directeur du Département Europe du FMI

« le FMI ne demande pas plus d’austérité à la Grèce  »  declaration-fmi

Quatre raisons de ne pas payer la dette grecque au FMI

Par Renaud Vivien du CADTM

Le 7 décembre, le FMI attend de la Grèce un versement de 299 millions d’euros. Cette dette correspond à une partie du prêt de « sauvetage » octroyé par l’institution en 2010. Le FMI ne devrait pas être payé pour au moins quatre raisons.

Premièrement, le versement attendu porte sur une dette largement illégitime puisque seulement 5% des prêts octroyés en 2010 et en 2012 ont été affectés au budget grec. Les 95% restants ont servi à payer les dettes détenues majoritairement par les banques privées étrangères et à recapitaliser les banques grecques. Ces chiffres ne proviennent pas d’une organisation révolutionnaire mais d’une étude menée par le think tank néo-libéral allemand European School of Management and Technology. Il s’agit donc bien d’une opération de sauvetage mais pas celle qui est présentée dans le discours officiel. Les bénéficiaires ne sont pas les citoyen-ne-s grec-que-s mais les banques, qui ont été intégralement remboursées avec l’argent public des contribuables européens via les prêts du FMI, des États et des institutions de l’UE. Cette opération de sauvetage est donc illégitime à fois pour la population grecque sommée de payer au FMI (avec un taux d’intérêt de 3,6% !) la dette résultant de ces sauvetages mais aussi pour les autres peuples en Europe venus sauver une fois de plus les responsables de la crise financière qui avaient spéculé sur la dette grecque. Dans son premier rapport, le Comité d’audit de la dette grecque mis sur pied par l’ex-présidente du Parlement hellénique démontrait que le « problème grec » n’a pas pour origine une gestion débridée des finances publiques mais bien une crise bancaire qui a été colmatée avec de fonds publics.

Deuxièmement, la dette réclamée par le FMI est intégralement odieuse. Selon la doctrine juridique qui s’appuie sur des jurisprudences nationale et internationale, une dette est qualifiée d’« odieuse » lorsqu’elle réunit deux éléments : d’une part, l’absence de bénéfice pour la population de l’État qui la contracte et, d’autre part le fait que créanciers en étaient conscients |1|. Le rapport du Bureau indépendant d’évaluation du FMI publié en juillet |2| prouve que la qualification de « dette odieuse » est parfaitement adaptée au cas grec. En effet, la direction du FMI savait dès 2010 que la dette était insoutenable et que le programme d’austérité imposé en contrepartie du prêt allait aggraver la situation du pays.

Cette affirmation s’appuie sur le procès-verbal de la réunion du Conseil exécutif du FMI du 9 mai 2010 au cours de laquelle s’est joué le sort de la Grèce. On y apprend que de nombreux directeurs du FMI soulevaient l’échec annoncé du mémorandum. Pour le représentant argentin : « Les dures leçons de nos propres crises passées sont difficiles à oublier. En 2001, des politiques similaires ont été proposées par le Fonds en Argentine. Ses conséquences catastrophiques sont bien connues (…) Il est très probable que la Grèce finisse plus mal en point. Les mesures d’ajustement recommandées par le Fonds vont réduire le bien-être de sa population et la capacité réelle de remboursement de la Grèce après la mise en œuvre de ce programme ». Le représentant de la Suisse ajoute : « un examen sérieux devrait être accordé à la restructuration de la dette comme moyen d’assurer la viabilité budgétaire et de faire assumer une partie du fardeau de l’ajustement aux créanciers privés ». Puis de poser la question-clé : « Pourquoi la restructuration de la dette et la participation du secteur privé n’ont-elles pas été prises en considération ? ». En effet, si le FMI avait appliqué ses critères habituels en matière de soutenabilité, il aurait imposé un allègement de la dette grecque dès 2010. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Et pourquoi est-il même allé jusqu’à changer soudainement ses règles pour pouvoir prêter à un État insolvable ?

La réponse fut donnée officiellement trois ans plus tard dans un autre rapport du FMI qui souligne que l’ajournement de la restructuration de la dette a été mis à profit par les banques privées « pour réduire leur exposition et transférer la dette aux institutions publiques |3| ». Comme l’ont déclaré l’ex-représentant de la Grèce au FMI et un ex-conseiller économique de Barroso auditionnés au Parlement grec par le Comité d’audit de la dette, le français Strauss-Kahn, qui occupait le poste de directeur du FMI, a délibérément exclu en 2010 la restructuration de la dette afin de protéger les banques européennes principalement françaises et allemandes qui étaient les plus exposées.

La troisième raison pour invalider la créance du FMI est qu’elle est tout bonnement illégale. D’une part, les mesures imposées en échange du prêt bafouent la souveraineté de la Grèce et violent de nombreuses conventions internationales protégeant les droits humains comme l’a souligné l’Expert de l’ONU sur la dette dans son rapport sur la Grèce |4|. D’autre part, le gouvernement grec n’a pas voté l’accord de prêt de 2010 contrairement à ce que prévoit la Constitution.

Illégitime, odieuse, illégale, la dette grecque demeure également insoutenable, davantage encore qu’en 2010 du fait de l’imposition de trois memoranda qui détruisent jour après jour l’économie et les conditions de vie de la population. Le poids de cette dette, qui empêche l’État de remplir ses obligations en matière de droits fondamentaux, s’alourdit mécaniquement au rythme de l’austérité et des privatisations exigées par les créanciers entraînant un cercle vicieux dans lequel le gouvernement sollicite de nouveaux prêts pour payer des dettes croissantes.

Pour briser ce cercle infernal et stopper le crime, l’annulation inconditionnelle de la dette grecque s’impose. Ne nous y trompons pas : l’initiative ne viendra pas du FMI en dépit de ses rapports qui soulignent sa responsabilité dans le marasme grec et de ses déclaration récentes en faveur d’un allègement de la dette qui, soulignons le, ne concernerait pas ses créances et s’accompagnerait d’une nouvelle dose d’austérité. Elle ne viendra pas non plus de l’Eurogroupe dont les Ministres des finances se réunissent le 5 décembre. Interrogé par le député M. Van Hees, le Ministre belge des finances a répondu « qu’une décote sur la dette nominale était exclue » et que « le processus d’ajustement grec devait se poursuive de manière identique même après la période sous programme ». Penser qu’une solution juste à la dette grecque est possible dans le cadre actuel des négociations reviendrait donc à croire au Père Noël.


Renaud Vivien est co-secrétaire général du CADTM Belgique ; www.cadtm.org et membre de la Commission d’audit de la dette grecque 

Source : Le Soir

Notes

|1| http://www.cadtm.org/La-dette-odieuse-selon-Alexandre

|2| http://www.ieo-imf.org/ieo/pages/Co…

|3| http://www.imf.org/external/pubs/ft…

|4| http://goo.gl/4YYCR2

 

http://www.cadtm.org/Quatre-raisons-de-ne-pas-payer-la

La Grèce est-elle vraiment en train de sortir de la crise?

Les créditeurs de la Grèce s’apprêtent à évaluer les efforts du pays d’Alexis Tsipras pour redresser son économie. A la clé, de nouvelles aides, mais surtout la perspective d’un allègement de sa dette.

La Grèce est « enfin prête à tourner la page » de la crise, selon Pierre Moscovici, qui se rend ce lundi à Athènes. Difficile à croire, d’après les prévisions de la Commission européenne pour l’année 2016. Malgré une décrue du chômage de 24,9% à 23,5%, la croissance doit s’enfoncer un peu plus de à -0,3% contre -0,2% l’année précédente. Dans le même temps, la dette publique dépassera les 180% du PIB. Un nouveau sommet.

Mais si le commissaire européen positive, c’est qu’il veut convaincre Alexis Tsipras d’accepter de nouvelles réformes en échange de l’aide européenne. Il s’agit notamment de faciliter à nouveau les licenciements, après plusieurs assouplissements successifs en la matière

http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/la-grece-est-elle-vraiment-en-train-de-sortir-de-la-crise_1854674.html

La Grèce craint un «désastre social»

The Associated PressDes débordements avaient éclaté la semaine dernière entre manifestants et policiers grecs lors de la venue de Barack Obama.

ATHÈNES, Grèce — Une nouvelle ronde de négociations entre le gouvernement de la Grèce et ses créanciers internationaux a pris une pause, mardi, alors qu’Athènes accusait les partisans de la ligne dure de proposer de nouvelles coupes draconiennes qui entraîneraient «un désastre social».

La Grèce veut venir à bout des heurts entre les créanciers de la zone euro et le Fonds monétaire international d’ici le début décembre. Cela permettrait de débloquer de nouveaux fonds de sauvetage et d’entamer des discussions en vue de la mise en place de mesures modestes qui allégeraient l’écrasante dette du pays.

Selon le ministre des Finances, la semaine de négociations à Athènes a permis de réaliser «des progrès significatifs». Il espère qu’une entente sera conclue d’ici le 5 décembre, lorsque les ministres des Finances des autres pays qui utilisent l’euro discuteront du programme grec et du déroulement de son troisième sauvetage international consécutif.

Mais les deux parties restent encore loin l’une de l’autre, essentiellement en ce qui a trait aux réformes du travail et aux dépenses publiques.

«Si les contrepropositions signifient qu’on doive couper dans les services de santé et l’éducation, réaliser des coupes tous azimuts dans les régimes de retraite et effectuer des licenciements de masse dans les services déjà en déficit de personnel, cela serait un désastre social qui ne sera pas toléré par le gouvernement ou par la population grecs», a expliqué un porte-parole du gouvernement, Dimitris Tzanakopoulos…

Le gouvernement grec, à gauche sur l’échiquier politique, veut raffermir le pouvoir de négociation des syndicats et il résiste aux pressions des créanciers — des institutions de l’Union européenne et le FMI — qui aimeraient faciliter les mises à pied dans le secteur privé.

Le plus grand syndicat de fonctionnaires du pays veut déclencher une grève de 24 heures jeudi, faisant valoir que les licenciements de masse ne peuvent plus se poursuivre. Le syndicat affirme que le nombre d’employés du gouvernement et des sociétés publiques est passé de 936 000 personnes en 2011 à 567 000.

«Le troisième sauvetage est une nouvelle étape vers le retour au Moyen Âge de la réglementation sur le travail», a affirmé le syndicat dans un communiqué.

 

Plus de 4.600 décès de migrants en Méditerranée depuis début 2016

Plus de 4.600 décès de migrants en Méditerranée depuis début 2016

GENEVE (Reuters) – Au moins 365 migrants se sont noyés cette semaine en Méditerranée en tentant de gagner les côtes italiennes, a annoncé vendredi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Depuis le début de l’année, l’OIM a recensé 4.636 décès en mer, soit 1.000 de plus que sur l’ensemble de l’année 2015.

« C’est vraiment une catastrophe qui se déroule aux yeux de tous », a déclaré le porte-parole de l’OIM, Leonard Doyle.

Au cours de la semaine écoulée, six embarcations au moins ont chaviré, a-t-il précisé. Les dernières victimes étaient pour l’essentiel originaires d’Afrique de l’Ouest, sans doute de la Gambie, du Ghana, du Mali, du Nigeria et du Sénégal.

L’accroissement des décès en Méditerranée, entre les côtes libyennes et l’Italie, est en partie la conséquence de l’accord conclu en mars entre l’Union européenne et Ankara qui a eu pour effet de geler les passages entre la Turquie et la Grèce.

Il s’explique également par l’utilisation par les passeurs d’embarcations de plus en plus fragiles.

Toujours selon les bilans de l’OIM, quelque 343.598 personnes sont arrivées en Europe depuis le début de l’année; l’an passé, à pareille époque, ils étaient 728.926.

Allègement de la dette grecque, pour Berlin «nein»

Barack Obama propose un allègement de la dette grecque, mais pour Berlin, c’est «nein»

Le ministre allemand des Finances n’a pas tardé à recadrer les choses. Répondant indirectement au souhait du président américain de donner un peu d’air à la Grèce, Wolfgang Schäuble a estimé que ce ne serait pas «rendre service» aux Grecs.

Pour l’Allemagne, il n’est pas question de restructurer la dette de la Grèce et encore moins de l’alléger. Et quand bien même ce serait le président des Etats-Unis qui en ferait la demande. «Quiconque propose d’alléger la dette, ne rend pas service à la Grèce», a ainsi déclaré Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, afin de couper court à tout débat.

Lors de sa tournée d’adieux en Europe et de passage à Athènes, où sa visite a été émaillée par de violents affrontements entre la police et des manifestants, Barack Obama, parmi quelques pistes pour un monde meilleur, avait exprimé le souhait de voir les créanciers de la Grèce assouplir leurs positions : «On constate que la Grèce poursuit les réformes engagées. Dès lors, le Fonds monétaire international a considéré qu’un allègement de la dette était crucial», a-t-il ainsi déclaré.

«Pour ma part, je continuerai à plaider dans ce sens auprès des créanciers afin de contribuer à remettre le pays sur les rails d’une croissance économique durable. C’est dans l’intérêt de tous que la Grèce réussisse», a-t-il poursuivi, estimant que l’austérité seule ne pouvait apporter la prospérité.

Sept longues années d’austérité, une population à bout

Mais avant que Barack Obama ne prenne l’avion qui doit l’emmener d’Athènes à Berlin, où la chancelière allemande l’attend, le ministre des Finances allemand a tout de suite opposé une fin de non recevoir, diplomatique mais ferme, aux conseils du dirigeant américain. Du même coup, il a douché les espoirs du gouvernement grec qui voyait en Barack Obama un porte-parole capable d’adoucir la position de l’Union européenne à l’égard de la Grèce. «L’économie grecque – et la population grecque, après sept ans, ne peuvent plus supporter d’avantage d’austérité», a déploré le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.

https://francais.rt.com/economie/29044-barack-obama-allegement-dette-grece

Dr. SCHAÜBLE provoque à nouveau le peuple grec

Dr SCHAÜBLE PROVOQUE A NOUVEAU LE PEUPLE GREC ET ANNONCE UNE NOUVELLE VAGUE D’AUSTERITE SEVERE

Le ministre allemand de l’Economie, Wolfgang Schaüble, s’est surpassé dans la provocation : au cours d’un Congrès de banques vendredi dernier à Francfort, il a affirmé – pour le dénoncer – que « les Grecs vivent au-dessus de leurs moyens. Ils bénéficient de prestations sociales et de pensions hors de proportion avec  leur revenu intérieur brut – et même supérieures à celles qui existent en Allemagne ( !) ».

Il a aussi répété que « la Grèce n’a pas de problème pour assurer le service de la dette au cours de la décennie prochaine », selon Reuters. Il a à nouveau émis l’opinion qu’un allègement de la dette grecque freinerait la mise en oeuvre des réformes.

Selon lui, la Grèce ne réalise pas les réformes nécessaires au développement du pays dans plusieurs domaines : les services publics, la question du travail et la réglementation du marché intérieur.

Il s’agit là du troisième « Non » du ministre allemand aux demandes de la Grèce concernant la dette, formulées après la visite du président américain sortant Obama à Athènes.

« Ceux qui parlent aujourd’hui d’allègement de la dette grecque découragent ceux qui veulent des réformes » a déclaré jeudi  Schaüble à Vienne. Il avait soutenu la veille, dans une interview au journal  Passauer Neue, que la discussion concernant l’allègement de la dette porte tort à la Grèce. « Celui qui dit : « Nous allons diminuer ta dette » fait du mal à la Grèce », a-t-il  déclaré en vue de la réunion critique de l’Eurogroup prévue le 5 décembre.

Au cours d’une intervention précédente, Schaüble avait soutenu que le problème du pays n’était pas la dette, mais le manque de compétitivité et avait souligné que l’allègement du fardeau ne ferait que diminuer la volonté de réformes. Il insiste pour le report de toute discussion à ce sujet à la fin de la réalisation du programme : « Si nous en parlons maintenant, cela amoindrira la disposition du gouvernement à réformer ».ti-einai-to-euro-h-apath-toy-euro

ANNONCE D’UNE NOUVELLE VAGUE D’AUSTERITE EN GRECE

Ces déclarations provocantes de Schaüble ne sont pas seulement révélatrices du mépris profond qu’il a pour un peuple et pour un pays où tous les mémorandums qu’il a imposés ont échoué, un pays où règne depuis presque 9 années consécutives une très grave récession et une austérité d’une sauvagerie jamais vue.

Elles viennent à point pour montrer le ridicule de l’Obamania qui avait envahi la Grèce de la soumission volontairement : les paroles d’Obama concernant la dette se sont révélées un simple exercice de relations publiques, qui a été totalement ignoré en Allemagne. Surtout, ces déclarations sont l’annonce d’une nouvelle vague de coupes brutales dans les salaires, les retraites et les dépenses publiques, puisque selon Schaüble les Grecs reçoivent des prestations supérieures à ce qu’ils produisent, et même comparativement supérieures à celles que reçoivent les Allemands !

Ces prises de position ridiculisent aussi le gouvernement et toute la classe politique volontairement soumise aux mémorandums : Schaüble indique ainsi, avec une incroyable arrogance, en véritable colonialiste, le programme de privations et d’appauvrissement que le personnel politique grec devra mettre en application par la suite pour le plus grand malheur du peuple grec.

Il se confirme une fois de plus que la Grèce ne peut rien attendre de « philhellènes » du genre d’Obama – ni des néocolonialistes allemands qui tentent de sauver un « européanisme » antisocial et une « mondialisation » de brigandage et de guerre.

La Grèce peut et doit se redresser, avec une stratégie nationale de reconstruction et de justice, en réponse aussi bien au bloc néolibéral des mémorandums qu’à l’offensive réactionnaire des néo-conservateurs.

Source iskra.gr

traduction Joelle Fontaine

https://unitepopulaire-fr.org/2016/11/20/les-grecs-vivent-au-dessus-de-leurs-moyens-dr-schauble-provoque-a-nouveau-le-peuple-grec/

Grèce : Alexis Tsipras affiche son obéissance totale aux créanciers

De Romaric Godin publié le 7/11 Le premier ministre grec a remanié son gouvernement en excluant les quelques récalcitrants et revu son objectif de restructuration de la dette à la baisse. Son objectif semble désormais celui d’accepter rapidement les demandes des créanciers pour obtenir une victoire de façade sur le terrain de la dette. Et remonter dans les sondages.

Lire l’article en intégralité http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-alexis-tsipras-affiche-son-obeissance-totale-aux-creanciers-614345.html

Grèce : François Hollande et sa fausse légende

Par Romaric Godin publié par La tribune d’info Grèce

Dans le livre de confidences paru la semaine dernière, François Hollande se dresse un portrait de « sauveur de la Grèce ». La réalité pourrait être différente.

Derrière le bruit médiatique qui s’est concentré depuis la sortie du livre de « confidences » du président de la République sur les « gaffes » de l’hôte de l’Elysée et ses «erreurs de communication », il convient de ne pas oublier que l’essentiel de l’ouvrage vise bien à construire l’image d’un président en action, dans toute la splendeur et l’étendu de son pouvoir. Nulle part cet effort n’est si visible que dans les pages consacrées à la politique étrangère, et en particulier à la troisième crise grecque du premier semestre 2015.

Sauveur de la Grèce, le storytelling de l’Elysée

Intitulé « le facilitateur », ce chapitre de 14 pages* dresse le portrait en pied d’un François Hollande arbitre de l’Europe, capable de retenir la furie destructrice d’Alexis Tsipras, le premier ministre hellénique, et de Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances. Le chef de l’Etat français aime se présenter comme « protecteur » du chef du gouvernement grec. Les deux journalistes auteurs de l’ouvrage soulignent ainsi sa « mansuétude » envers Alexis Tsipras (qu’ils comparent avec celles, coupable à leurs yeux, qu’il a adopté envers Christiane Taubira et Emmanuel Macron), de son « acharnement » à maintenir la Grèce dans la zone euro. On le voit batailler avec Angela Merkel pour que « tout faire pour maintenir la Grèce » dans l’union monétaire.

Ce discours, soutenu tant par les auteurs que par le président, n’est pas étonnant. Il est la « version officielle » française des événements depuis que, au petit matin du 13 juillet 2015, Alexis Tsipras a signé une capitulation complète devant ses créanciers, faisant replonger le pays dans la crise et dans l’assujettissement le plus complet. Selon le Château, qui en vend la version à qui veut bien l’entendre, c’est la France qui a stoppé l’Allemagne dans sa volonté de chasser les Grecs de la zone euro.

Les deux auteurs rendent donc l’image d’un président gonflé d’orgueil d’avoir l’impression, sur ce dossier grec, de « faire l’histoire ». Du reste, eux-mêmes, présents dans les bureaux dorés de l’Elysée, avouent cette « impression légèrement grisante d’observer l’histoire en marche ». Jamais la connivence entre le monarque et ses secrétaires « embusqués » n’est aussi forte que sur ce dossier. Jamais l’admiration du chef de l’Etat n’y est aussi palpable. Mais si l’on y regarde de plus près, ce portrait élogieux du « sauveur des Grecs » apparaît fort contestable.

Mépris et réalisme

Premier élément. Si François Hollande est très soucieux « d’avoir la position la plus proche des Allemands », il montre un mépris ouvert et constant envers « l’ami grec ». « François Hollande, semble s’adresser à un petit frère un peu trop dissipé », notent les auteurs. Plus loin, ils soulignent que le président français « assume parfaitement ce rôle de grand frère ».  Mais les deux journalistes évoquent aussi l’attitude de « proviseur compréhensif » de l’élève Tsipras. Elève de quelle leçon ? Mais celle du « réalisme », bien sûr. Le réalisme consiste pour l’Elysée à faire de la politique en ne changeant absolument rien. Rester donc à tout prix dans la zone euro, quel qu’en soit le prix, mais tenter de présenter un storytelling qui « sauve la face ». « Tsipras entend sauver à la fois son pays… et les apparences », expliquent les auteurs en décryptant le discours présidentiel.

Clichés désolants

Mais ce qui frappe par-dessus tout, c’est l’incompréhension complète de la situation grecque. François Hollande ne semble pas saisir l’enjeu du succès de Syriza, qui s’appuie sur la défaite absolue de la stratégie menée par les Européens depuis 2010 en Grèce, sur la protection de l’oligarchie pendant l’austérité, sur le désastre social qu’il a causé et sur le sentiment d’humiliation des actes de la Troïka. Pas un mot de tout cela dans la bouche d’un président qui, en 2012, tout fraîchement élu, avait appelé les Hellènes à voter contre Syriza, donc pour le parti conservateur Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras. Pire même, le président français ne peut saisir que, si la Grèce a sa part de responsabilité,  les déséquilibres de la zone euro ont conduit au désastre et que, de ce fait, tout le monde a sa part de responsabilité. Et doit donc prendre sa part de fardeau.

François Hollande refuse d’entendre la réalité grecque, jamais il n’évoque l’idée d’un assouplissement des exigences ou un plan « actif » de reconstruction économique du pays. Il impose à la malheureuse Hellade sa propre réalité, faite de clichés désolants de Grecs rétifs aux impôts, au travail non déclaré et aux retraites à 50 ans et d’une dette immense (dont il oublie de préciser qu’elle vient principalement désormais des crédits accordés par les Européens). Dès lors, la situation est simple : Alexis Tsipras doit accepter les « réformes » et les demandes de ses créanciers pour sauver sa place dans la zone euro. La faute est grecque, la Grèce doit payer. Tout en « sauvant les apparences ». Avec de tels amis, la Grèce n’a guère besoin d’ennemis.

Accepter l’alternative allemande

Les faits l’ont confirmé. François Hollande a accepté « par réalisme » de discuter des conditions d’une expulsion de la Grèce de la zone euro avec Wolfgang Schäuble. Dès lors, il en acceptait la possibilité et participait à la stratégie allemande en acceptant un « plan B » fondé sur cette expulsion. Il est un peu piquant de voir par la suite l’hôte de l’Elysée s’émouvoir d’une éventuelle demande à la Russie d’impression de drachmes de la part de la Grèce, alors que lui-même travaille à chasser la Grèce de la zone euro. Il est de même assez étonnant de voir François Hollande et ses hagiographes expliquer « qu’à force de persuasion, la France va réussir à éviter le pire », puisque ce « pire » même est une option acceptée par la France. Si Paris avait refusé une expulsion qui, par ailleurs n’est nullement prévue dans les traités, si elle avait usé de son influence pour « changer de logique », ce « pire » n’eût pas été possible. En acceptant l’option de l’expulsion, la France tirait dans le pied des Grecs, puis se réjouissait qu’on ne leur eût pas tiré dans la tête.

La France passive

Le récit des deux auteurs est, du reste, assez étrange. A les lire, dans les jours qui ont suivi le référendum perdu par les créanciers, le 5 juillet 2015, c’est la France qui a aidé, grâce à une « mise sous tutelle française de l’administration grecque » et à sa « force de persuasion », Athènes à demeurer dans la zone euro. Rien n’est moins juste. Alexis Tsipras a paniqué après la victoire du « non » : il ne s’est pas vu assumer un dernier combat qu’il a jugé perdu d’avance. Il a alors espéré que l’appui français lui permettrait de faire une proposition « acceptable ». 10 fonctionnaires ont été envoyés à Athènes, mais la proposition « française » (une réplique à peine durcie de celle rejetée par les Grecs le 5 juillet) a été rejetée par l’Eurogroupe du 11 juillet ! Ce jour-là, Wolfgang Schäuble et ses alliés ont relevé les mises et imposé de nouveaux critères, notamment un « fonds de privatisation » de 50 milliards d’euros (chiffre absolument irréaliste) et une mise sous tutelle étroite des finances publiques grecques.

C’est cette « proposition » du 11 qui va être la base de discussions du 12 et qui sera, à peine aménagée, acceptée le 13 par Alexis Tsipras. François Hollande n’a contribué – s’il a vraiment agi – qu’à négocier quelques détails de cette proposition allemande « punitive ». La France a alors permis à Angela Merkel de « vendre » à son opinion publique le maintien de la Grèce dans la zone euro. Quant à la Grèce, elle a, grâce à son « ami français » pu repartir avec un troisième mémorandum qui a mis encore à genoux son économie défaillante et qui a mis son gouvernement sous une tutelle humiliante. Sans que le gouvernement grec ne parvienne, comme promis le 13 juillet 2015, à ouvrir de vraies négociations sur sa dette publique. Depuis, la France a continué à accepter la position extrêmement dure de l’Eurogroupe, sans vraiment la modifier. Un détail, sans doute, dont ne parlent pas les deux auteurs.

La France absente à l’Eurogroupe

Au reste, même l’attitude « bienveillante » de la France face à la Grèce durant les négociations est peu convaincante. En quoi François Hollande a-t-il joué le rôle de « facilitateur » ? Le chapitre débute sur une scène où le président français assure Alexis Tsipras du soutien de la France avant l’Eurogroupe du 9 mars 2015. A ce moment, la Grèce prépare un plan de réforme suite à l’accord du 20 février. L’accord doit être validé le 9 mars et la crise pourrait alors s’apaiser. « Il y a un Eurogroupe lundi et nous pourrons peut-être agir », explique alors François Hollande. Mais ce que les deux auteurs ne relèvent pas, c’est que, ce 9 mars, l’Eurogroupe va refuser tout plan grec et, cela, pendant deux mois. L’Eurogroupe réclame des baisses de pension. La France ne s’oppose pas à cette demande. Elle ne tente pas « d’agir », elle ne joue aucun rôle de facilitateur. A lire les deux auteurs, la Grèce est alors restée immobile. « Tsipras tarde à produire ses réformes », explique François Hollande en avril qui tenterait de « réfréner les ardeurs belliqueuses » du Grec. Problème : de mars à mai, la Grèce multiplie les plans de réformes qui sont systématiquement rejetés par un Eurogroupe qui veut obtenir la baisse des pensions, signe final de la capitulation politique du gouvernement grec. Et la France soutient cette politique. Loin d’être « facilitateur », François Hollande a soutenu les objectifs politiques de l’Eurogroupe et a placé le gouvernement grec devant une alternative : sortir de l’euro ou capituler.

Miser sur les mauvais chevaux

Enfin, dernier point, de détail, celui-là. François Hollande donne deux conseils à Alexis Tsipras : s’appuyer sur l’OCDE et sur Jean-Claude Juncker. Le problème, c’est que c’était miser sur deux mauvais chevaux. La décision n’était pas à la Commission, qui a été entièrement mise sur la touche pendant les négociations, mais à l’Eurogroupe. En demandant à Alexis Tsipras de s’appuyer sur la Commission, François Hollande demande à Bruxelles de faire ce qu’il refuse de faire lui-même : apaiser l’Eurogroupe alors même que la France siège à cet Eurogroupe… Quant à l’OCDE, la Grèce s’est beaucoup appuyée effectivement sur cet organisme, notamment pour rejeter les demandes de l’Eurogroupe.

L’obsession de l’Allemagne

François Hollande fait donc mine d’oublier qu’il est acteur – passif, s’entend – du blocage entre la Grèce et ses créanciers. En réalité, il le sait et finit par le reconnaître : plus que son « amitié » pour la Grèce, le président français sauve « sa » relation avec l’Allemagne. « Si les Allemands me lâchent, c’est fini

http://www.info-grece.com/actualite/2016/10/17/grece-francois-hollande-et-sa-fausse-legende

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme

Traduction d’un extrait du blog de Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique. Il a été également rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal, chroniqueur pour Business Week, Scripps Howard Nouvelles Service et Creators Syndicate, enseignant dans plusieurs universités et il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Après avoir utilisé avec succès l’UE pour conquérir le peuple grec en transformant l’ « aile gauche » du gouvernement grec en un pion des banques allemandes, l’Allemagne doit maintenant faire face au FMI qui l’empêche de piller la Grèce dans l’oubli général.

 Les règles du FMI empêchent l’organisation de prêter aux pays qui ne peuvent pas rembourser le prêt. Le FMI a conclu sur la base de faits et d’analyses que la Grèce ne peut pas rembourser. Par voie de conséquence, le FMI refuse de prêter à la Grèce l’argent destiné à rembourser des banques privées.

La position du FMI est que les créanciers de la Grèce, dont beaucoup ne sont pas des créanciers, mais ont tout simplement acheté de la dette grecque bon marché dans l’espoir de faire des profits, doivent effacer une partie de la dette grecque afin de réduire celle-ci à un montant compatible avec l’état de l’économie grecque.

 Les banques ne veulent pas que la Grèce soit en mesure de rembourser sa dette, parce qu’elles ont l’intention d’utiliser l’incapacité de la Grèce à rembourser pour dépouiller le pays de ses actifs et de ses ressources et pour démanteler le filet de sécurité sociale mis en place au cours du 20e siècle. Le néolibéralisme a l’intention de rétablir la féodalité : un petit nombre de seigneurs prédateurs et une multitude de serfs. Les 1% contre les 99%.

Le point de vue de l’Allemagne est que le FMI est censé prêter à la Grèce l’argent nécessaire au remboursement des banques privées allemandes. Ensuite le FMI se fera rembourser en forçant la Grèce à réduire ou supprimer les pensions de vieillesse, à réduire les services publics et l’emploi et à consacrer les recettes ainsi dégagées au remboursement de sa dette.

Étant donné que ces montants seront insuffisants, des mesures d’austérité supplémentaires sont imposées, obligeant la Grèce à vendre ses actifs nationaux – tels que les sociétés publiques d’eau, les ports et les îles grecques protégées – à des investisseurs étrangers, principalement aux banques elles-mêmes ou à leurs principaux clients.

Jusqu’à présent, les soi-disant «créanciers» ont seulement promis à une certaine forme d’allégement de la dette, pas encore décidée, d’ici deux ans. D’ici là, la fraction la plus jeune de la population grecque aura émigré et aura été remplacés par des immigrants fuyant les guerres menées par Washington au Moyen-Orient et en Afrique, ce qui fera exploser le système de protection sociale sous-financé de la Grèce.

En d’autres termes, la Grèce est en train d’être détruite par l’UE qu’elle a intégrée avec autant de confiance que d’imprudence. La même chose se passe au Portugal et est également en cours en Espagne et en Italie. Le même genre de pillage a déjà dévoré l’Irlande et la Lettonie (et un certain nombre de pays d’Amérique latine) et est en cours en Ukraine.

Les titres des journaux actuels stipulant qu’un accord avait été conclu entre le FMI et l’Allemagne sur la réduction de la dette grecque à un niveau supportable sont mensongers. Aucun «créancier» n’a encore accepté d’effacer un seul centime de la dette. Tout ce que le FMI a obtenu des soi-disant «créanciers» est une vague «promesse» de diminution de la dette d’un montant non précisé qui pourrait intervenir dans deux ans.

Les titres des journaux ne sont qu’un tissu d’âneries destiné à fournir un prétexte au FMI pour céder à la pression et violer ses propres règles. Il permet au FMI de dire qu’un effacement (futur et non précisé) de la dette permettra à la Grèce de s’acquitter du reste de sa dette et que, par conséquent, le FMI peut prêter de l’argent à la Grèce pour rembourser les banques privées.

 En d’autres termes, le FMI est devenu une autre institution occidentale sans loi dont la charte ne signifie rien de plus que la Constitution des États-Unis ou que la parole du gouvernement américain à Washington.

 Les médias persistent à appeler le pillage de la Grèce un «plan de sauvetage».

 Appeler «plan de sauvetage» le pillage d’un pays et de son peuple est proprement orwellien. Le lavage de cerveau est un tel succès que même les médias et les politiciens de la Grèce livrée au pillage appellent «plan de sauvetage» l’impérialisme financier auquel est soumis leur propre pays.

 Partout dans le monde occidental un grand nombre de mesures, prises à la fois au niveau des entreprises qu’au niveau du gouvernement, ont abouti à la stagnation de la croissance du revenu. Afin de continuer à afficher des bénéfices, les méga-banques et les multinationales se sont lancées dans le pillage. Les systèmes de sécurité sociale et les services publics – et aux États-Unis, même le système de sécurité des transports aériens – sont devenues des cibles pour la privatisation. Et l’endettement décrit si précisément par John Perkins dans son livre Les Confessions d’un assassin financier est mis en place pour préparer le pillage pays entiers.

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme. La dévastation en sera le résultat.

 Source : http://www.paulcraigroberts.org/2016/05/25/we-have-entered-the-looting-stage-of-capitalism-paul-craig-rober

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