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J-5 avant les livraisons de Crète pour les lieux autogérés à Athènes

par Yannis Youlountas ·· Mis à jour 12/10/2023

Cher-es ami-es et compagnon-nes d’utopie,

Nous sommes actuellement en train de préparer la dernière vague de livraisons de l’année — et la plus importante — cette fois vers Athènes en provenance de Crète (mais aussi des livraisons sur l’île elle-même). C’est cette livraison qui va permettre à nos principaux lieux autogérés de passer l’hiver (squat de réfugié-es/migrant-es Notara 26, cuisine solidaire gratuite du K*Vox, autres structures autogérées et cuisines solidaires gratuites dans l’Attique et en Crète…).

Deux grands fourgons se préparent actuellement à quitter Héraklion, avec principalement de l’huile d’olive, des légumes et des fruits produits par des camarades paysans en lutte. Il y a aussi d’autres denrées nécessaires et des produits d’hygiène.

Un troisième fourgon de livraison se chargera des lieux autogérés du mouvement social en Crète.

Parmi les difficultés, le prix de l’huile d’olive a presque doublé en Grèce en trois ans, du fait des incendies et du dérèglement climatique, alors que c’est l’une des denrées les plus importantes.

Il y a exactement une semaine, jeudi 5 octobre, nous avons lancé un appel pour financer cette dernière action de l’année :

http://blogyy.net/2023/10/05/terreur-torture-et-fascisme-a-heraklion (à la fin de l’article, tout en bas)

Mais les réponses ont été peu nombreuses, et dans le contexte actuel, on peut aisément le comprendre. Le mouvement social autogestionnaire et solidaire en Grèce est loin d’être une priorité, et c’est bien normal vu ce qui se passe ailleurs.

Bref, aujourd’hui, il manque environ 5000 euros pour atteindre l’objectif.

Si certain-es d’entre vous peuvent participer, merci de nous répondre rapidement, le départ pour Athènes étant dans cinq jours.

Le cas échéant, merci de nous préciser si vous préférez virer directement la somme de votre choix sur le compte d’un des paysans fournisseurs crétois (oléiculteurs, maraîchers, arboriculteurs…) ou alors sur le compte d’Anepos pour que nous nous chargions des paiements (ou sur le Paypal d’Anepos si vous préférez). Les sommes à pourvoir pour les fournisseurs s’élèvent, pour la plupart à 400 ou 500 euros, dans la mesure du possible.

Si personne ne peut participer, ne vous inquiétez pas : nous avons tout de même prévu un chargement minimum, avec un peu de tout ce qui est nécessaire et un fourgon en moins, après concertation avec les lieux destinataires. C’est juste qu’avec cette somme complémentaire, nous arriverions ensemble à atteindre l’objectif.

Pour en savoir plus à ce sujet, voici les comptes-rendus de ces livraisons de Crète vers Athènes, les années passées (cliquez sur les photos pour les voir en grand format) :

—> MAI 2022

http://blogyy.net/2022/05/23/soutenir-les-paysans-en-lutte-tout-en-nourrissant-les-precaires/

http://blogyy.net/2022/05/25/la-cuisine-solidaire-de-chania-et-le-reseau-sodaa-dans-lattique/

—> NOVEMBRE 2021

http://blogyy.net/2021/11/30/nouvelles-livraisons-a-athenes/

http://blogyy.net/2021/11/30/oui-le-notara-26-a-ete-livre-aussi/

—> JUIN 2021

http://blogyy.net/2021/06/29/les-livraisons-a-exarcheia-ont-commence/

En résumé, nous menons ce type d’action une fois à deux fois par an depuis 5 ans sous cette forme, dans la mesure du possible, en complément de nos convois solidaires annuels au départ de la France, de la Suisse et de la Belgique (plus importants ou plus modestes selon les années).

Si vous souhaitez virer la somme sur le compte de l’un de nos paysans fournisseurs, dites-nous quel montant vous pouvez assurer, nous vous transmettons immédiatement leur RIB/IBAN (camarades oléiculteurs, maraîchers, arboriculteurs…).

Si vous préférez virer cette somme sur le compte bancaire ou sur le Paypal d’Anepos ou par chèque, voici le rappel des coordonnées :

– virement à ANEPOS

IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730

BIC : PSSTFRPPTOU (La Banque Postale)

Objet : « Livraisons Athènes »

– ou par Paypal en suivant sur ce lien :

https://www.paypal.com/donate/?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY&fbclid=IwAR2GlpO4fe9mZIvL4Uvcj3Tn4-JIEqXpFl4fgtBN_y7qYZ-C_FjK8pVWoDI

– ou par chèque à l’ordre d’ANEPOS :

Adresse postale : ANEPOS – Livraisons octobre – 6 allée Hernando – 13500 Martigues

Important : si vous choisissez d’envoyer un chèque à l’ordre d’ANEPOS, merci de nous prévenir du montant par mail (solidarite@anepos.net) ou sms (06 24 06 67 98) pour qu’on puisse comptabiliser votre participation dans la préparation actuelle des livraisons.

Un grand merci de votre participation passée à nos actions, que vous puissiez ou pas cette fois.

Fidèle amitié, salutations solidaires et libertaires !

Maud, Maria, Yannis, Fifi, Julien, Patrick et Kostas po/ les membres de l’action

Pour toute info supplémentaire : solidarite@anepos.net ou tél. 06 24 06 67 98 (numéro français) ou 0030 694 593 90 80 (numéro grec).

PS : un compte-rendu des actions suivra, dans quelques jours, accompagné de photos.

Source http://blogyy.net/2023/10/12/j-5-avant-les-livraisons-de-crete-pour-les-lieux-autogeres-a-athenes/

Grèce, fin de cycle politique

Le scrutin du 25 juin dernier en Grèce a amplifié les tendances révélées par celui du 21 mai : domination à un haut niveau de la droite au pouvoir depuis 2019, poussée de l’extrême-droite, au sein de laquelle réapparaît un pôle néonazi qui prend le relais d’Aube dorée, poursuite de la déroute de Syriza, faible progression du Parti communiste (KKE), échec des autres forces de la gauche radicale, en particulier de la coalition autour du parti de Yanis Varoufakis et d’Unité populaire sous la bannière de MeRA25-Alliance pour la Rupture. 

La démission d’Alexis Tsipras de la direction de Syriza, le 29 juin dernier, dans une ambiance lugubre, symbolise à elle-seule la fin d’une époque. Une époque qui a commencé au printemps 2010 avec l’imposition d’une thérapie néolibérale d’une brutalité inouïe et la mise sous tutelle du pays par l’UE, qui s’est poursuivie avec une vague impressionnante de mobilisations populaires et la montée au pouvoir en janvier 2015 d’une formation de la gauche radicale jusqu’alors aux marges du système politique et qui s’est achevée sept mois plus tard par la capitulation de cette même formation face aux diktats de l’UE et par la destruction de l’espoir que ce petit pays a représenté pour les forces progressistes pendant ces années de tumulte. 

Dans cet article, Mariana Tsichli, co-secrétaire d’Unité Populaire, analyse les traits principaux de ce cycle électoral et politique et formule quelques propositions pour la reconstruction de la gauche radicale dans la période difficile qui s’annonce. 

***

Le scrutin du 25 juin a validé et approfondi les changements enregistrés lors de celui du 21 mai. Trois éléments de dégagent :

– La Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis a cristallisé sa domination sur la scène politique.

– Le déclin de Syriza s’est accentué, le privant de sa fonction d’opposition capable accéder à moyen terme au pouvoir, quelle que soit l’évolution de ce parti au cours de la prochaine période.

– Le Pasok n’a pas réussi à dépasser le score atteint lors du scrutin de mai. Εntièrement contrôlé par les centres de pouvoir, traversé en interne par de stratégies contradictoires, ce parti ne peut constituer un pôle revendiquant l’alternance gouvernementale.

Dans l’ensemble, la séquence électorale de mai et juin débouche sur un renforcement de la droite et de l’extrême droite et une défaite majeure de la gauche. Ce résultat tout à la fois reflète et produit des déplacements idéologiques et politiques.

La droite a obtenu en juin un total de près de 55% des voix ; pour la première fois depuis 1974, elle obtient une majorité des votants. Sa reconstruction et l’expansion de son influence sont évidentes. La poussée de l’extrême droite est tout autant révélatrice de cette radicalisation à droite d’autant qu’elle s’exprime à fois par reconstitution d’un pôle néonazi [les Spartiates] et par l’émergence, ou la consolidation, de  formations obscurantistes et complotistes [Solution grecque et Niki : Victoire]. La remontée limitée du Parti communiste grec (KKE), ou le niveau élevé de l’abstention ne sauraient relativiser ce constat. En effet, tout au long de cette période, l’abstention a davantage affecté l’électorat de centre-gauche et de gauche que celui de droite. La forte augmentation de l’abstention au cours des dernières décennies reflète en partie une crise de légitimité des partis politiques, mais elle ne peut conduire à une délégitimation du pouvoir si elle ne s’accompagne pas d’une montée du mouvement populaire. Au contraire, en l’absence de  participation populaire à l’action politique et au processus parlementaire, la montée de l’abstention traduit un virage conservateur.

 Nouvelle DémocratieSyrizaPasokKKEMeRA25- Alliance pour la RuptureTotal extrême droite*Cap vers la liberté (Zoé Konstantopoulou)Antarsya(coalition d’extrême-gauche)
2023 (juin)40,617,811,87,72,513,53,20,3
2023 (mai)40,82011,57,22,611,22,90,5
201939,831,58,15,33,47,61,50,4
2015 (janvier)27,836,34,75,57,30,6
2012(Juin)29,726,912,34,58,50,3
2012(Mai)18,816,813,28,510,51,2

Les raisons du succès de la droite

Le principal facteur à l’origine de la victoire électorale de la ND est la recomposition sociale de grande ampleur qui résulte de la thérapie de choc imposée par les trois Mémorandums conclus entre l’UE et les gouvernements successifs. Cette stratégie de stabilisation du capitalisme grec a connu un succès relatif même si celui-ci demeure à des niveaux nettement inférieurs à ceux d’avant la crise. Ce processus a produit des gagnants (dont le poids dans la représentation politique s’est accru) et des perdants (dont la représentation et la présence politique se sont réduites).

Le résultat du cycle électoral est l’expression combinée des tendances de fond qui ont marqué la période à savoir, d’une part, les restructurations qui ont modifié les rapports de force en faveur du capital  et le recul corrélatif des formes organisées du mouvement ouvrier et, de l’autre, l’occupation de l’appareil d’État par la ND et son utilisation pour stabiliser autour de la bourgeoisie un bloc social qui inclut largement la petite bourgeoisie et certains secteurs populaires.

Dans ce contexte, la ND a profité de l’assouplissement des politiques budgétaires pendant la pandémie et de l’attitude favorable des cercles dirigeants de l’UE pour canaliser d’importantes ressources (Fonds européens, excédents accumulés sous le gouvernement Syriza, excédents primaires) afin de stabiliser sa base sociale. Ces fonds ont pour la plupart été alloués aux secteurs bourgeois et aux classes moyennes supérieures. Toutefois, une partie a également été distribuée aux petites entreprises et aux travailleurs indépendants. Ces aides ponctuelles ont contribué à atténuer, dans une mesure limitée, les effets directs de la crise sur les couches populaires.

Les grands médias ont également joué un rôle important dans le maintien de la base électorale de la ND, malgré ses politiques agressives, ses échecs majeurs et le scandale des écoutes. Pour la première fois depuis la chute de la dictature, le système médiatique soutient en bloc le parti au pouvoir, alors que l’opposition n’a ni base médiatique propre ni accès significatifs aux grands médias. Les médias se sont ainsi efforcés, et ont en partie réussi, de redresser l’image du gouvernement après la catastrophe ferroviaire de Tempi, comme ils l’ont fait durant les années précédentes. Les erreurs commises par l’opposition pendant la période électorale, principalement, mais pas seulement, par Syriza, ont eu un effet réel, mais secondaire, sur le résultat des élections, en alimentant un sentiment d’insécurité parmi une partie des électeurs à la recherche de « stabilité et de normalité ».

La stratégie de la bourgeoise grecque

Après 2015, tous les secteurs de la bourgeoisie ont cherché de manière coordonnée à créer les conditions de domination d’un seul pôle sur la scène politique et en même temps une configuration d’ensemble avec un seul parti dominant (de droite) et deux partis faibles (de « centre-gauche ») incapables, à moyen terme, de revendiquer l’alternance gouvernementale. L’agressivité dont ont fait preuve les centres de pouvoir à l’égard de Syriza montre qu’un postulat fort répandu à gauche n’est pas valide en tout circonstance : la bourgeoisie n’a pas nécessairement besoin d’un système politique bipartisan pour maintenir la stabilité politique à travers un mécanisme d’alternance entre les deux pôles et neutraliser/intégrer de cette façon les classes populaires. 

En même temps, au cours de cette période, le bloc au pouvoir en Grèce est dominé par des secteurs capitalistes moins dépendants que par le passé d’une stratégie de développement à long terme. La remontée visible des profits et du taux de profit n’est pas obtenue au moyen d’une reprise significative de l’accumulation capitaliste, mais par la compression de la valeur de la force de travail et les opportunités créées par la mise à l’encan des richesses naturelles et des infrastructures publiques suite à la thérapie de choc imposée par les Mémorandums. Les raisons du soutien absolu accordé par la bourgeoisie grecque à la ND évolution trouvent, pour une part, leur origine dans cette évolution.

La trajectoire de Syriza 

Le scrutin de juin a accentué le recul de Syriza, qui enregistre une perte cumulée de plus de 1,3 million de voix depuis 2015. Seule une fraction réduite de cet électorat s’est déplacée à gauche, tandis que la majeure partie s’est tournée soit vers la droite, soit vers l’abstention. En particulier au cours de la période 2019 – 2023, la majeure partie des pertes de Syriza s’est tournée vers la droite, même dans les zones populaires et celles à prédominance ouvrière. Les interprétations qui attribuent la défaite électorale de Syriza exclusivement à son virage à droite s’avèrent simplificatrices dans la mesure où il n’y a pas eu de renforcement substantiel des formations politiques sur sa gauche. Ceci dit, le reniement du « non » du référendum de 2015 et le virage néolibéral qui s’en est suivi ont sans aucun doute façonné le substrat des tendances idéologiques et politiques qui ont déterminé le résultat de ces élections.

Une autre voie aurait exigé un choix radicalement différent de la part de son groupe dirigeant dès le premier trimestre de 2015, bien avant le référendum, alors que les signes de la dégradation de la situation se multipliaient. Une stratégie politique alternative aurait nécessité un deuxième scrutin, et non une alliance avec ANEL [parti souverainiste de droite qui a participé au gouvernement de 2015 à 2019], une rupture des négociations avec la Troïka, un arrêt du remboursement de la dette, l’utilisation des réserves existantes et la recherche d’autres alliances économiques et politiques au niveau international autour de l’axe émergent des BRICS. 

Il s’est avéré que Syriza n’avait ni la structure organisationnelle, ni les liens avec les secteurs sociaux et les références internationales qui lui auraient permis de diriger une alliance de classe populaire et mener un tel conflit avec le capital grec, les appareils d’État et les puissances impérialistes. Syriza dans son ensemble n’était absolument pas préparé politiquement, socialement et idéologiquement à une rupture de cette ampleur. Son ascension électorale était basée sur le mécontentement social et la volonté de larges couches de la population d’imposer une politique différente pour arrêter la chute rapide de leur niveau de vie. Cependant, ce mouvement social avait des limites politiques et idéologiques quant au niveau de conflit qu’il était prêt à assumer. Syriza se présentait comme une solution intermédiaire, à moindre coût. D’une part, il répandait un discours flatteur assurant qu’il serait facile de négocier avec les centres impérialistes européens un changement de politique sans recourir à un conflit majeur. D’autre part, le fait qu’il ait été orienté, tout au long de son parcours antérieur, vers le bloc impérialiste d’Europe occidentale offrait certaines garanties, non seulement à la bourgeoisie, mais aussi aux couches populaires et petites-bourgeoises à la recherche d’un changement de politique mais sans rupture radicale.

Le sens de la remontée du KKE

Pour la gauche radicale, le résultats des élections de mai et juin signale également un virage conservateur, dans la mesure où le seul pôle qui en sort renforcé est le KKE. Celui-ci est désormais la seule force à gauche de Syriza à être représentée au Parlement. Sa capacité à conserver une base organisée, qui lui permet d’être en contact direct avec des secteurs populaires dans des conditions de réalignement de leur positionnement politique, a été un facteur décisif de sa progression électorale. Il faut cependant également tenir compte du fait qu’il a profité d’un traitement bienveillant de la part des médias qui l’ont présenté comme un parti de gauche « sérieux et responsable ». Le KKE est ainsi reconnu par le système comme un parti de protestation qui, à chaque moment critique, a été un facteur de stabilisation. 

L’interprétation du résultat électoral par le KKE lui-même est à cet égard révélatrice. Celui-ci y voit une justification de sa stratégie au cours de la période 2012-2015, c’est-à-dire de sa position sur le mouvement d’occupation des places [qu’il a dénoncé], le référendum de juillet 2015 [lors duquel il a appelé au vote nul], ou sur la zone euro [hostile à la sortie]. Il est de ce fait incompréhensible que certains courants de la gauche radicale aient appelé implicitement ou explicitement à soutenir électoralement ce parti alors qu’ils se sont frontalement opposés à ses choix pendant les 13 dernières années. Quoi qu’il en soit, le KKE n’a réussi à attirer qu’une petite partie des électeurs qui se sont détournés de Syriza. Malgré son succès relatif, à mesure que se cristallisent les effets des politiques néolibérales et autoritaires, les possibilités d’intervention du KKE se réduiront également, tant qu’il ne changera pas d’orientation politique.

L’échec de la gauche radicale 

Une partie confuse du vote de gauche s’est orientée tourne vers la formation de Zoé Konstantopoulou (Cap vers la liberté), qui ne peut cependant pas être considérée comme une force de gauche.  Cette formation a bénéficié d’une grande visibilité dans les principaux médias, qui traduit une forme de soutien par certains centres de pouvoir soucieux de réduire l’influence de Syriza et des formations de gauche telles que MeRA25 – Alliance pour la Rupture.

Le résultat de MeRA25-Alliance pour la Rupture, qui n’a pas réussi à atteindre le seuil de 3% pour entrer au parlement, est un échec pour la gauche dans son ensemble. Le résultat de juin était dans une large mesure déterminé par la dynamique négative du résultat de mai, dynamique qui ne pouvait pas être inversée dans le peu de temps qui séparait les deux scrutins. Dans ce contexte, le maintien du score à un niveau légèrement en deçà de 3% est un point d’appui dans une situation d’ensemble défavorable. 

L’une des principales raisons de l’échec se trouve dans l’incapacité de MeRA25 à nouer, au cours des quatre dernières années, des liens organiques avec des secteurs des classes populaires, même à petite échelle. De ce fait, sur une grande partie du territoire, la diffusion du message de la coalition était dépendant de sa présence dans les médias et les réseaux sociaux. Cette situation a limité les possibilités de contenir les pertes produites par la stigmatisation de MeRA25 par l’ensemble des autres formations et par les principaux médias.

Toute erreur tactique lors de la campagne a ainsi eu des effets démultipliés. Mettre en avant un programme quasi-gouvernemental, même s’il contenait des éléments de rupture avec les principaux axes de la stratégie néolibérale (garantie des logements menacés de saisie par les fonds spéculatifs, création d’une banque de développement, reprise de contrôle du système bancaire, abolition du fonds de privatisation, remise en cause de la dette publique, etc.) était un choix inappropriée pour une petite formation de gauche qui luttait pour entrer au parlement. 

Au-delà de ces questions tactiques, sont apparues des erreurs stratégiques qui affectent la gauche radicale dans son ensemble, mais aussi Syriza. Le cycle électoral a révélé une incapacité aigüe à comprendre les évolutions et reclassements au sein des couches populaires mais aussi l’épuisement de l’énergie qui a alimenté au cours des années 2010-2015 la montée de Syriza et le « non » au référendum.  Le succès de la droite, l’effondrement de Syriza, mais aussi l’échec du MeRA25-Alliance pour la rupture sont liés au rejet de la possibilité d’une répétition d’une crise comme celle de 2015. Cette période est vécue comme un traumatisme par de larges couches de la population, non seulement par les plus riches, mais aussi par celles et ceux qui ont un emploi relativement stable ou même une pension. Elle reste également comme celle de la perte de l’espoir pour les couches qui se retrouvent laminées par la crise et la thérapie néolibérale de choc. L’insistance – lors de la campagne pour le scrutin de mai – de MeRA25-Alliance pour la Rupture sur le clivage de 2015 n’a pas pris en compte le basculement du rapport de forces politique et idéologique qui s’est produit au cours des huit dernières années.

Outre l’épuisement des énergies du « non » de juillet 2015, est également apparue une forme d’épuisement de l’espace qui a émergé de la séquence de rupture de 2015 qui concerne toutes les formes de dissidence de gauche, que ce soit celles issues de Syriza ou d’Antarsya. En refusant de rejoindre, ou de soutenir, le regroupement tenté par MeRA25-Alliance pour la Rupture, certaines forces de la gauche radicale ont manqué une opportunité cruciale de peser sur le rapport de forces politique global. Elles ont commis la même erreur qu’Antarsya en 2015, ne réalisant pas qu’en l’absence de représentation institutionnelle d’un courant de la gauche radicale, il n’y a pas de terrain favorable à une recomposition des forces. 

En ce qui concerne Antarsya, ses résultats ont confirmé l’effritement de cet espace politique depuis plus de dix ans. Le maintien obstiné d’un discours d’agitation axé sur la « révolution anticapitaliste » s’est, une fois de plus, révélé autoréférentiel, narcissique et inefficace. Au terme d’une période de crise sociopolitique de portée historique, pendant laquelle des millions de travailleu.se.rs se sont, dans un premier temps, déplacés vers la gauche, puis ont pris le chemin inverse, ou se sont abstenus, Antarsya se retrouve à un étiage inférieur à celui des forces qui l’ont précédée au cours des années 1990 et 2000.

La nécessaire réorientation de la gauche

Le rapport de forces actuel permet une accélération significative de la politique du gouvernement Mitsotakis et la consolidation, sous certaines conditions, de sa domination à moyen terme sur la scène politique. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de contradictions ou de place pour les luttes sociales, ni que ce rapport de forces ne peut être remis en question. Le caractère agressif et autoritaire de la politique de la ND suscitera des mécontentements et des résistance. De plus, les dernières années ont montré que les positions politiques et électorales se caractérisent par une grande fluidité et que les relations organiques de la société avec les partis politiques ont été démantelées.

La possibilité d’une intervention sur ce terrain dégradé exige un travail patient et une orientation résolument unitaire. L’aspect clé d’une telle stratégie consiste à aborder les questions de l’heure et les fronts de lutte qui en découlent avec un discours simple et compréhensible et par des pratiques susceptibles d’impliquer les secteurs populaires. Cette stratégie reconnaît le caractère défensif dans lequel se trouve actuellement le mouvement social et combine les délimitations politiques nécessaires avec des réponses aux questions cruciales pour les classes populaires, telles que la santé publique, l’éducation, l’inflation et la coût de la vie, la crise du logement. 

Un travail à plus long terme est également nécessaire afin d’élaborer de nouveaux éléments programmatiques qui remettent en question le modèle de développement du capitalisme grec et donnent forme à l’opposition aux intégrations impérialistes (UE, OTAN). Cette orientation devrait également prendre la forme d’une unité d’action, avec la création de cadres d’intervention unifiés dans les mouvements sociaux et les syndicats afin de construire des liens durables avec des secteurs, même minoritaires, des classes populaires. Le combat antifasciste constitue un front distinct de très grande importance qui exige des cadres spécifiques.

Au niveau politique, il s’agit de construire un réseau de forces, d’organisations, de militants non-encartés ou qui se sont retirés de l’action politique ou qui seront, au cours de la période à venir, à la recherche d’une issue de gauche à la crise de Syriza. Cet espace devrait inclure la totalité du spectre qui va de MeRA25 aux organisations de la gauche radicale qui sont disposées à participer à un cadre unitaire, à dépasser les désaccords et des blocages passés et à promouvoir des relations de respect et de parité. Un tel processus pourrait commencer à se concrétiser lors des prochaines élections municipales et régionales [qui auront lieu en octobre prochain], créant ainsi des conditions favorables pour un cadre commun en vue des élections européennes de 2024. 

*

Texte initialement paru dans Jacobin Greece le 13 juillet 2023, traduit pour Contretemps par Stathis Kouvélakis.

Note

* En juin 2023, les formations d’extrême droite représentées au parlement sont les Spartiates, parti néonazi qui se présentait pour la première fois et qui prend le relais d’Aube Dorée (4,7%) et les deux formations de type alt-right : Solution grecque (4,4%), représentée au parlement depuis 2019, et Niki (Victoire) qui se présentait pour la première fois lors du scrutin de mai 2013 et qui obtient en juin 3,7%. Aube Dorée entrait au parlement en 2012, avec 7 et 6,9%, respectivement aux scrutins de mai et juin 2012, puis de nouveau en janvier et septembre 2015, avec respectivement 6,3 et 7% des suffrages. Elle avait obtenu 2,9% en 2019, dernier scrutin où elle s’est présentée sous son nom, en-deçà du seuil d’entrée au parlement (3%).

Source https://www.contretemps.eu/grece-syriza-nouvelle-democratie-cycle-politique/

Infos Grèce par Yannis Youlountas


Bonjour, beaucoup de nouvelles du mouvement social cet été :

– la mobilisation contre la privatisation des plages s’étend en Grèce
– le squat Jardin Botanique évacué au nord d’Athènes
– qui sont les hommes cagoulés qui chassent les migrants sous les yeux des policiers grecs immobiles ?
– des fascistes grecs impliqués dans l’assassinat de Michalis Katsouris, supporter antifasciste de l’AEK Athènes, par des néonazis croates
– grand succès populaire de l’initiative anarchiste contre les incendies
– première projection du nouveau film « Nous n’avons pas peur des ruines » aux RIA de St-Imier en Suisse 

 
Dans « Je lutte donc je suis » en 2015, Elias nous alertait déjà sur les prémices de la privatisation des plages à Paros, notamment à Piso Aliki. LA MOBILISATION CONTRE LA PRIVATISATION DES PLAGES S’ÉTEND EN GRÈCE Tout a commencé à Paros, il y a une dizaine d’années. Nous en parlions déjà dans le film « Je lutte donc je suis » :https://www.youtube.com/watch?v=97HTxo20c-E (surtout de la 27ème à la 30ème minute) et dans plusieurs articles à l’époque. 

Fraichement arrivé aux affaires, le parti Syriza avait promis de stopper la privatisation galopante des plages. Une loi limite en théorie l’accaparement des plages à 50% mais, dans les faits, elle est rarement respectée. La loi prévoit aussi de laisser toujours libres d’accès les 5 premiers mètres du bord de mer, mais en réalité, ce n’est pas le cas non plus. Les chaises longues bloquent souvent les déplacements au bord de l’eau. Depuis un mois, la mobilisation s’intensifie, parfois avec l’aide de certains touristes qui comprennent le problème et se joignent aux rassemblements. Les images d’une manifestation sur une plage de Paros, ce 23 juillet, ont tourné de façon virale sur les réseaux dit sociaux. .

Puis tout s’est enchaîné : en Chalcidique le 8 août, à Paros encore le 13 août, etc. Près d’Athènes et de Thessalonique, mais aussi à Rhodes et en Crète, plusieurs actions ont également eu lieu, allant du simple déplacement des chaises longues commerciales au sabotage de pancartes et de matériel gênant l’accès à la mer. Cependant, en Crète, c’est surtout sur la côte nord que le problème se durcit, en particulier autour de Réthymnon et d’Agios Nikolaos où les tarifs ont explosé (de 20 à 50 euros la journée contre 5 à 10 euros dans le sud de la Crète) et où les chaises longues n’ont cessé de se multiplier ces derniers mois. Selon plusieurs membres des collectifs en lutte : « Nous ne sommes pas seulement confronté à la volonté des riches de faire toujours plus de fric avec la nature et le tourisme de masse, mais aussi à l’objectif manifeste d’éloigner les pauvres de certaines plages où les hipsters veulent se retrouver entre eux. Une forme de ségrégation, en quelque sorte. » 

Des habitants de Paros et d’autres petites îles grecques sont parfois obligés de faire des kilomètres pour accéder à un bout de plage gratuit, alors qu’ils résident sur l’île depuis des générations et n’ont jamais connu ce problème auparavant (voir les vieilles photos des plages de Paros en noir et blanc). À quand une taxe pour respirer ? 

Si vous venez en Grèce cette année ou l’année prochaine, aidez-nous à refuser cette évolution insupportable : faites vous entendre, vous aussi ! Semez le trouble parmi les marchands de chaises longues et de parasols, et surtout parmi leurs clients souvent inconscients des conséquences ! Rejoignez nos collectifs et nos actions sur place, à Paros, en Crète ou sur le continent ! 50% de plages gratuites en libre accès, c’est vraiment un minimum ! Le résultat de cette lutte est déjà visible : la privatisation de l’espace public sur les plages commence déjà à reculer ! 

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LE SQUAT JARDIN BOTANIQUE ÉVACUÉ AU NORD D’ATHÈNES Nous vous en avions parlé à plusieurs reprises : le squat Jardin Botanique est un des plus beaux squats de Grèce avec, à la fois, de grandes serres vitrées où l’on cultive l’autonomie alimentaire dans l’autogestion et des bâtiments dans lesquels se réunissent plusieurs collectifs, avec un bar autogéré, une bibliothèque sociale, une ressourcerie gratuite, des repas partagés, des rencontres, des projections de films et de nombreuses autres activités depuis 14 ans d’existence. Lors des convois solidaires, nous avons aidé et soutenu ce lieu : échanges de semences anciennes, coup de main dans les jardins, soutien financier, etc.
 
Il y a trois mois, nous sommes également revenu en toute hâte, dès que le squat a été attaqué par un groupe de néonazis (qui préfigurait peut-être la volonté d’évacuation, tant les fascistes jouent souvent le rôle d’auxiliaires de police). Finalement, le squat Jardin Botanique a été évacué il y a quelques jours, avec non seulement des forces de police disproportionnées (MAT, OPKE, voltigeurs…), mais aussi un bulldozer pour commencer à détruire rapidement plusieurs murs du bâtiment principal (photos). Un cauchemar pour les résidents et pour le mouvement social du quartier de Petroupoli, au nord d’Athènes.  

En réalité, la mairie de Petroupoli veut bâtir ses nouveaux locaux à cet endroit là, pour profiter de la vue et de la nature proche, en lisière de garrigue, sur la colline. Rien d’écologique ni de social : juste un caprice de politiciens autoritaires qui veulent également éloigner un collectif trop actif contre leurs spéculations immobilières délirantes. 

Mais pour l’instant, c’est loupé ! Un autre squat vient d’être ouvert à Petroupoli et l’histoire est loin d’être finie ! 

De plus, nous avons décidé de sauvegarder et de diffuser la mémoire de ce magnifique projet. L’année passée, nous avions encore filmé des entretiens dans le Jardin Botanique, puis encore, juste après l’attaque fasciste, il y a trois mois. Finalement, nous avons décidé de conserver et de mettre à jour le moment prévu sur le squat Jardin Botanique dans le nouveau film « Nous n’avons pas peur des ruines » (des nouvelles fraiches du film à la fin de cette lettre d’info). Vous découvrirez ce qu’était cette belle aventure originale dans quelques semaines : une initiative formidable et inspirante qui continuera à faire des émules ailleurs !

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QUI SONT LES HOMMES CAGOULÉS QUI CHASSENT LES MIGRANTS SOUS LES YEUX DES POLICIERS IMMOBILES ? 

Au Nord-Est de la Grèce, près de la frontière avec la Turquie, on ne compte plus les « ratonnades » et « les chasses aux migrants » commises par des groupes d’hommes masqués et cagoulés, en tenue militaire sans identifiant, armés de bâtons et de barres de fer.

Plusieurs témoignages récents confirment que des policiers ont observé ces agissements sans intervenir, notamment sur la rive grecque du fleuve Evros.

Début août, une cinquantaine de migrants syriens, dont des enfants et des femmes enceintes, étaient bloqués et agressés à plusieurs reprises sur une petite île du fleuve Evros, sans que la police intervienne, malgré les appels à l’aide.

En juin dernier, cela s’était déjà produit avec plus de 300 migrants bloqués ainsi. L’année passée, en août, 4 migrants étaient morts bloqués sur le même ilot, dont une petite fille de 5 ans décédée à la suite d’une piqûre de scorpion non soignée. 

Pour en savoir plus, vous pouvez lire les articles sur le sujet de l’excellent site infomigrants avec le tag evros : https://www.infomigrants.net/fr/tag/evros/  

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Cette façon de procéder entre les gardes-frontières et les milices nationalistes nous rappelle les mêmes pratiques dans d’autres situations : la destruction de l’espace social libre Synergio à Ilioupoli en août 2013, sous les yeux des voltigeurs arrivés sur les lieux juste avant les fascistes (donc parfaitement au courant), ou encore l’assassinat de Pavlos Fyssas un mois plus tard, toujours sous les yeux des flics impassibles, exceptés une policière qui était finalement intervenue, à la surprise de ses collègues qui étaient restés immobiles..

Plusieurs de nos proches sur place, membres de collectifs d’aide aux exilés dans le nord-est de la Grèce, tentent de connaître les liens précis entre ces chasseurs de migrants et les représentants de l’État grec qui les laissent faire. Cela rappelle aussi les nombreuses exactions de la police des frontières dans les îles de la mer Égée, allant jusqu’à repousser et provoquer le naufrage de bateaux avec des enfants à bord.  Depuis longtemps, des groupuscules fascistes jouent le rôle d’auxiliaires de police pour faire ce que l’État n’ose pas faire directement et officiellement. En Grèce, comme ailleurs, c’est devenu un phénomène courant. Tout l’histoire récente du pays a été jalonnée par des violences et des assassinats orchestrés de cette façon, dont le plus célèbre est sans doute le meurtre du député pacifiste Grigoris Lambrakis par un groupuscule fasciste créé et protégé par la hiérarchie policière et militaire, peu avant la dictature des Colonels. Une histoire que raconte magnifiquement le film Z de Costa Gavras, avec Yves Montand et Irène Papas.  

DES FASCISTES GRECS IMPLIQUÉS DANS L’ASSASSINAT DE MICHALIS KATSOURIS, SUPPORTER ANTIFASCISTE DE AEK ATHÈNES, PAR DES NÉONAZIS CROATES 

Vous avez sans doute vu passer l’info et, peut-être, les images violentes des hordes de néonazis croates, supporters du Dynamo Zagreb, descendus à Athènes pour chasser les supporters antifas de l’AEK Athènes. L’AEK est un club de football athénien fondé par les nombreux réfugiés grecs d’Asie mineure en 1924, après le génocide du Pontique (1915), puis la catastrophe de Smyrne (1922). Ce club populaire est devenu, au fil des années, l’un des principaux symboles du football antifasciste en Europe, en partenariat avec certains groupes antifas de San Pauli à Hambourg, de l’OM à Marseille et de Libourne en Italie. .

L’AEK Athènes est, par exemple, très apprécié à Exarcheia, même si on lui préfère les petits clubs de foot autogérés, loin des montagnes de frics du foot business, par exemple Asteras Exarchion ou Livas Rethymnon. Au-delà des polémiques du microcosme footballistique et des querelles de clochers, les affrontements contre des groupes qui font des saluts nazis se sont répétés à plusieurs reprises depuis les années 90. Parmi eux : les Bad Blue Boys de Zagreb célèbrent la mémoire d’Hitler et de ses alliés Oustachis. .

Durant l’attaque du 7 août à Athènes, plusieurs fans de l’AEK ont été grièvement blessés, dont une jeune fille de 13 ans, et un autre est mort d’un coup de couteau : ce supporter antifasciste de l’AEK s’appelait Michalis Katsouris. Il avait 29 ans.L’avocat des néonazis croates, Davorin Karatsic, a osé déclarer durant le début de l’enquête : « Il est connu que les fans de l’AEK sont la plus grande racaille humaine qui existe, ce sont des ordures humaines, des drogués, des gauchistes et des anarchistes » (sic).
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Pour l’instant, l’enquête révèle deux choses : tout d’abord, que les autorités grecques avaient été prévenues de cette arrivée massive bien à l’avance (par la police du Monténégro, d’Albanie et par l’UEFA elle-même, et surtout par la police de Croatie qui avait donné des informations précises concernant les supporters de Zagreb susceptibles de refuser l’interdiction de déplacement). Le projet à empêcher ? 250 supporters néonazis du Dynamo Zagreb étaient descendus lourdement chargés en Grèce pour « se faire des antifas ». C’est le premier scandale dans cette affaire qui fait beaucoup parler ces jours-ci et qui soulève la question : pourquoi les responsables grecs ont délibérément laissé faire et donc laissé tuer ? .

Ensuite, deuxième scandale, il se confirme que c’est bien des supporters grecs du Panathinaïkos (dont certains sont proches des Bad Blue Boys du Dynamo Zagreb) qui ont aidé ces derniers à s’orienter, allant jusqu’à les exfiltrer sur leurs motos et scooters vers 23 heures dans le quartier populaire de Nea Philadelphia. Plusieurs vidéos de surveillance (caméras du supermarché où était garé le cortège de motards pendant l’attaque et des entrées des stations de métro voisines) ainsi que la position de certains téléphones mobiles confirment cette alliance. Certes, cela concerne très peu de supporters du Panathinaïkos (qui sont loin d’être tous fascistes et impliqués dans cette affaire), mais cela donne une autre couleur à ce meurtre : des fascistes grecs ont encore tué ou participé à tuer un antifa, pendant que la police laissait faire à nouveau.

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Alors que les partis d’extrême-droite sont remontés en flèche aux dernières élections législatives en Grèce, malgré l’interdiction d’Aube dorée, il semble que les menaces et les actions violentes recommencent diversement un peu partout dans le pays : menaces de mort contre plusieurs activistes et solidaires durant l’hiver, attaques et dégradations de plusieurs lieux au printemps (dont le squat Jardin Botanique peu avant son évacuation par la police), agressions en marge de plusieurs manifestations contre le pouvoir, multiplication des chasses aux migrants dans le Nord-Est du pays, collaboration avec des supporters néonazis croates pour tabasser des supporters antifas et, finalement, assassiner Michalis Katsouris. Jusqu’où iront-ils ? 

Une autre information que nous venons d’intercepter : les groupes fascistes athéniens sont en train d’inviter massivement leurs homologues européens à un événement programmé le 1er novembre prochain sur l’avenue d’Héraklion à Athènes (en face du numéro 420 à 18h). Ils ont déjà lancé des milliers d’invitations au sein de l’extrême-droite et des néonazis de tout le continent, notamment en France. Leur prétexte : le dixième anniversaire de la mort de deux néonazis. Leur but : une démonstration de force. 

En Grèce, comme ailleurs en Europe, la montée du fascisme et de ses représentants dans le spectre électoral n’augure rien de bon pour nos droits, et en particulier pour les plus vulnérables que sont les migrants, les précaires de Grèce et d’ailleurs, ainsi que les minorités de toutes sortes, notamment sexuelles. Il est grand temps de réagir au plus vite, avant que l’Europe ne s’enfonce encore plus dans cette impasse mortifère.  

GRAND SUCCÈS POPULAIRE DE L’INITIATIVE ANARCHISTE CONTRE LES INCENDIES !
 Une fois n’est pas coutume, c’est le groupe anarchiste Rouvikonas qui a été à l’origine de l’action la plus exemplaire et populaire de l’été. Devant la politique catastrophique de l’État face aux incendies et ses conséquences dramatiques les années passées (de nombreux morts en Grèce), Rouvikonas a décidé de créer un groupe de pompiers volontaires équipée d’un véhicule de pompiers acheté durant l’hiver et d’autres outils et matériaux. 

Durant le mois de juillet, cette année encore, les incendies ont fait des ravages, autour d’Athènes comme dans les îles (notamment à Rhôdes). Mais cette fois, le mouvement social a montré à l’État sa capacité à prendre ses affaires en main, en l’occurrence sa sécurité contre l’incendie. Jusque dans le parlement, l’action modeste mais efficace de l’équipe autogérée de pompiers volontaires a été évoquée par les différentes oppositions à la majorité gouvernementale : « les seuls pompiers qu’on voit réussir et qui sont vraiment organisés contre les incendies, ce sont les anarchistes, ce n’est pas normal ! » a crié un député interpellant le premier ministre à la Vouli (parlement grec). « Une fois de plus, vous êtes la risée de la population et ce sont des gens comme Rouvikonas qui jouent les Robin des Bois quand l’État ne fait pas son travail ! » a ajouté un autre. 

 Au fil des jours et des dévastations, le ton est passé de ironie à la colère profonde : le gouvernement grec a été accusé d’avoir encore augmenté le budget de l’armée (comme l’a également fait Macron en France), mais pas celui des pompiers (ni celui des hôpitaux), malgré les nombreuses alertes. Face à cette immobilisme, plusieurs chemins dans les garrigues ont été rouverts par le mouvement social, et non par l’État, pour permettre aux véhicules de pompiers de passer, à commencer par celui des anarchistes. 

Au final, après un mois de juillet dramatique, le véhicule de Rouvikonas a été légèrement endommagé et ses tuyaux spéciaux presque entièrement détruits, puis remplacés. Le groupe et ses soutiens veulent acheter au plus vite un deuxième véhicule pour le préparer (coût : environ 15.000 euros). Et pourquoi pas un troisième l’année prochaine, si possible. 

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Depuis quelques jours, nous avons donc commencé à collecter des fonds pour aider à acheter ce deuxième véhicule et à l’équiper. Pour l’instant, nous en sommes à 355 euros. Notre objectif est d’atteindre le tiers de la somme nécessaire (5000 euros) et, si possible, la moitié (7500 euros). Si vous voulez participer à ce soutien aux pompiers volontaires anarchistes en Grèce, qui ont encore fait la démonstration de l’autogestion, avec le soutien de nombreux volontaires, c’est ici :

1- Pour effectuer un virement à ANEPOSIBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730BIC : PSSTFRPPTOUObjet : « Pompiers » (ou alors « Actions solidaires » si vous souhaitez soutenir les initiatives autogérées habituelles, cuisines solidaires, squats, aide aux précaires grecs et migrants, frais de Justice de militants poursuivis).

 2- Pour participer via PAYPAL en soutien à l’action « Pompiers », suivez ce lien :https://www.paypal.com/donate/?hosted_button_id=SL5WWY5763UJYSi vous souhaitez soutenir les initiatives autogérées habituelles (cuisines solidaires, squats, aide aux précaires grecs et migrants, frais de Justice de militants poursuivis), suivez ce lien :https://www.paypal.com/donate/?hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY 

3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOSAdresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 MartiguesMerci de préciser par un petit mot dans votre courrier si vous souhaitez que le montant de votre chèque soit utilisé entièrement ou partiellement pour l’action « Pompiers » (sans modifier l’ordre du chèque qui reste évidemment Anepos).Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.netTél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80Si jamais vous avez prévu d’aller en Grèce durant la fin de l’été ou le début de l’automne (par la route et par ferry) contactez-nous : car nous avons encore quelques cartons en attente dans plusieurs régions de France (pas beaucoup et ce sont les moins urgents, mais ce serait bien qu’ils puissent profiter de votre voyage. Sinon, ne vous inquiétez pas, on se débrouillera autrement (surtout ne faites pas le voyage exprès pour ça).

PREMIÈRE PROJECTION DU FILM « NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES » AUX RIA DE ST-IMIER Le samedi 21 juillet, nous avons présenté 40 minutes d’extraits du nouveau film « Nous n’avons pas peur des ruines » aux Rencontres Internationales Antiautoritaires de St-Imier, en Suisse, un siècle et demi après la célèbre initiative de Bakounine. Un grand moment d’émotion et de retrouvailles. Une organisation colossale avec plus de 5000 visiteurs du monde entier, dont une délégation du squat Notara 26 (parmi les photos). 

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La salle était pleine et chaleureuse. Les 200 spectateurs nous ont dit avoir beaucoup apprécié cette version provisoire. La première mouture du film sortira cet hiver dans sa version complète, puis sera mise en ligne gratuitement, après les corrections habituelles (au bout de quelques rencontres avec vous, en France, Suisse et Belgique, pour tenir compte de vos conseils et améliorer certains aspects techniques)..

Dans quelques jours, seront diffusés les deux bandes annonces (longue et courte) puis quelques extraits du film. Encore un peu de patience. « Nous n’avons pas peur des ruines » couvre la période de l’été 2019 à l’été 2023, en l’occurrence l’arrivée au pouvoir de Mitsotakis et sa politique encore plus offensive contre le mouvement social et les lieux autogérés, à Exarcheia et partout ailleurs en Grèce. Nous vous emmènerons dans plusieurs coins d’Athènes et jusqu’en Épire, au nord de la Grèce, et bien sûr en Crète ! .

On en reparle en septembre !

En attendant, merci de votre soutien et tenez bon ! N’hésitez pas à utiliser nos films précédents (« Ne vivons plus comme des esclaves », « Je lutte donc je suis » et « L’Amour et la Révolution ») qui sont tous à votre entière disposition, en Creative Commons, pour faire réfléchir le public et encourager également les luttes à l’ouest de l’Europe. Servez-vous ! Ne nous demandez pas notre accord ! Nous sommes nos propres pirates ! On se retrouvera cet hiver, de vive voix ! De tout cœur avec vous depuis la Grèce, aux côtés de nos camarades et compagnons grecs et migrants !  Yannis Youlountas et le collectif du film 

Sauver la colline de Strefi

La colline de Strefi est l’un des rares coins de forêt d’Athènes et c’est le seul d’Exarcheia qui soit aussi un espace public en accès libre. Depuis le 3 octobre 2022, au prétexte de réhabiliter la colline, deux entreprises auxquelles la mairie d’Athènes a offert le chantier s’attellent à la détruire : la société immobilière Prodea Investments et UNISON, entrepreneur de la mairie pour les espaces verts. Par le biais de la privatisation directe ou indirecte des espaces publics, les parcs et les places du monde entier se trouvent réduites à des destinations touristiques. Avec pour conséquence l’expulsion de celles et ceux qui y habitent, y vivent et s’y retrouvent tout au long de l’année.

L’Assemblée Ouverte de Défense de la Colline de Strefi lance une campagne de crowfunding pour soutenir financièrement sa lutte. Cette lutte est freinée par les dépenses exorbitantes liées aux recours judiciaires contre Prodea, aux arrestations de nos membres et aux mobilisations fréquentes. Nous vous invitons à soutenir financièrement notre tentative commune de sauver la colline, Exarcheia et leur histoire de l’offensive la plus brutale et coordonnée que le quartier ait jamais connu. https://player.vimeo.com/video/836641241/

Qui sommes-nous ?

L’Assemblée Ouverte de Défense de la Colline de Strefi a vu le jour en 2021. Elle fédère la résistance face à ce chantier destructeur afin d’y mettre un terme. Ce nouveau collectif fondé sur les principes d’autogestion et de solidarité organise de nombreuses actions, des rassemblements, bloque les travaux directement et sur le plan juridique, organise des évènements culturels et sportifs, plante des arbres, nettoie la colline laissée à l’abandon par la mairie. Tout cela en relation avec les autres collectifs du quartier, animés par la volonté inébranlable de préserver la colline de Strefi, qu’elle demeure publique et hors des logiques de profit. Cette lutte s’inscrit dans une mobilisation plus large pour que le quartier d’Exarcheia demeure un foyer d’actions politiques et sociales diverses et variées.

Nos interventions auprès des entreprises Prodea et UNISON et nos manifestations pour la protection de la colline et contre la répression policière, la gentrification et la transformation touristique du quartier d’Exarcheia rendent notre présence visible et envoient un message fort :

LA COLLINE DE STREFI RESTERA LIBRE, HORS DE QUESTION QU’ELLE DEVIENNE LA POPRIÉTÉ* DE QUI QUE CE SOIT.

(*tsifliki, en grec, renvoie à un vaste terrain agricole possédé sous l’empire Ottoman par un propriétaire privé)

La destruction de la colline

Depuis le 3 octobre 2022, Prodea Investments, en collaboration avec la mairie d’Athènes, a transformé la colline en chantier gardé par des flics. Ses interventions dévastatrices, avec le soutien sans réserve de la mairie et l’indifférence de l’Office des Forêts, engendrent de sérieux problèmes pour la vie collective de la colline, pour ses oiseaux et pour ses animaux, qui auparavant profitaient d’un environnement forestier et aujourd’hui ont du mal à y vivre.

Les travaux n’apportent aucune solution au principal problème de la colline, à savoir les inondations et l’érosion des sols. Au contraire, les travaux menés à ce jour ont non seulement aggravé la situation mais également dangereusement modifié la physionomie de la colline. Lors de l’installation de réseaux électriques souterrains pour l’éclairage et la vidéosurveillance (CCTV), de profonds fossés ont été creusés sur toute la longueur et la largeur de la colline. Ces fossés ont détruit une grande partie des buissons et des herbacées ainsi que des racines d’arbres. La conséquence de cette destruction, avec celle de plusieurs rochers et l’abattage des pentes, c’est que le peu de terre meuble qui a pu se former dégringole à la moindre pluie. De plus, avec la bétonnisation imminente de la ligne de crête et la destruction des rochers, de rares plantes endémiques disparaîtront, de même que les animaux qui résident là-haut.

Enfin, leur but n’est pas la résolution des problèmes de Strefi mais sa transformation. Faire d’un espace forestier une destination touristique sous surveillance. L’objectif est le même à chaque intervention du maire, Kostas Bakoyannis, dans le centre d’Athènes : place Omonoia, place Syntagma, dans la Grande Allée (Megalos Peripatos), au Lycabette. Un objectif tourné vers l’intérêt des investisseurs et du secteur touristique, aux dépens de la population des habitant·es qui se retrouve persécutée.

Une offensive coordonnée

La gentrification et le réaménagement d’Exarcheia visent à faire mourir le quartier, c’est-à-dire à éliminer sa spécificité telle qu’elle s’est construite historiquement. Le quartier d’Exarcheia favorise depuis plus d’un siècle la création et le développement de mouvements politiques qui construisent des alternatives radicales. C’est un lieu de vie politique et d’expression directe au sein de contre-structures auto-organisées et auto-gérées et de lieux occupés. Son histoire est celle d’évènements conflictuels et insurrectionnels, de résistances et de questionnements. La gentrification met en œuvre le pillage et le formatage d’Exarcheia, qui est transformé en destination touristique, en zone de divertissement et de consommation stériles et standardisés. Les espaces publics, libres, sont accaparés par des entreprises privées et de gros investisseurs, les lieux occupés sont fermés et vidés, les expulsions et les expropriations augmentent soudainement, les airbnb pullulent et les bars hipsters se multiplient. Le réaménagement détruit des lieux historiques de la vie politique, comme l’École polytechnique, dont les étudiant·es sont éloigné·es et qui est peu à peu muséifiée. Le Musée national d’archéologie est privatisé et étendu au détriment de l’espace public, cerné par les chaînes d’hôtels.

Évidemment, le réaménagement d’Exarcheia s’accompagne d’une répression féroce pour étouffer toute résistance. Ainsi, les flics gardent le chantier du métro qui détruit la seule place du quartier. La seule chose qui ait poussé sur la colline de Strefi, c’est les différents corps de police qui font des contrôles abusifs et de l’intimidation permanente, et interdisent l’accès à la colline – sauf pour les touristes. On ne compte plus les interpellations préventives visant les personnes qui n’ont pas le profil désiré.

Notre lutte

Notre opposition à la répression continuelle dans le quartier d’Exarcheia et à son pillage par les investisseurs se traduit par une lutte quotidienne. Face à leurs efforts pour détruire l’identité de notre quartier, pour nous chasser de nos maisons, pour nous interdire l’accès à des espaces verts et publics désormais abandonnés , nous résistons par une présence quotidienne dans le quartier de nos vies personnelles, professionnelles et politiques. Notre objectif et notre vision des choses, c’est de préserver l’identité que nous avons choisi de donner à notre quartier depuis des années, d’assurer l’accès de tous les êtres qui le souhaitent à la colline de Strefi. Nous n’acceptons aucune autre utilisation de la colline que comme espace public, qui constitue un bien pour toutes et tous, au vu des inombrables espèces de plantes rares qui y poussent, au vu de ses tortues et des dizaines d’espèces d’oiseaux qui nichent dans ses arbres.

La colline de Strefi brille sous les rayons du soleil quand des enfants y jouent au basket et au foot, quand petits et grands savourent leur café ou font un pique-nique sous les arbres, quand des jeunes gens grandissent en contemplant les couchers de soleil, que toute sorte de chiens s’y promène et que les chats s’y prélassent au soleil. Nous résisterons à toutes les tentatives à venir de transformation d’une colline libre en espace surveillé par la police et par des caméras, qui n’accueillera que des touristes, des cafés hors de prix et leur encombrant , sans être en libre accès et sans place pour des actions politiques et sociales en son sein.

Notre intérêt, c’est de nous libérer d’un système qui alimente l’oppression et l’isolement, afin que notre vie soit aussi libre et sauvage que possible, aussi proche de la nature et aussi ouverte aux autres que possible.

Pour pouvoir continuer à défendre efficacement la colline, l’assemblée de la colline de Strefi a aussi besoin de soutien économique pour financer la diffusion de son action (journaux, affiches, évènements, matériel, tracts) et couvrir ses frais de justice (recours contre Prodea et la mairie, arrestation de ses membres).

POUR QUE LA COLLINE DE STREFI RESTE LIBRE, PUBLIQUE ET SAUVAGE !

Source https://www.firefund.net/savestrefihill

Infos Grèce par Yannis Youlountas

Prison pour Rouvikonas et autres nouvelles, ces dix derniers jours par Yannis Youlountas ·

Bonjour,

Quelques nouvelles de Grèce où nous nous trouvons encore, alors que plusieurs de nos compagnons de convoi viennent de repartir en France et que d’autres viennent à l’instant d’arriver. Depuis une dizaine de jours, l’actualité s’accélère ici.

1- Procès de Giorgos Kalaïtzidis et Nikos Porgiotis à Athènes :
TROIS ANS ET DEMI DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE ROUVIKONAS !

2- Révélations du New York Times (vidéo) qui confirment ce que nous disions :
L’ÉTAT GREC ASSASSIN EXPULSE DES ADULTES ET DES ENFANTS MIGRANTS SUR DES EMBARCATIONS PRÉCAIRES !

3- Résultats des élections législatives :
ABSTENTION RECORD EN GRÈCE, REFUS MASSIF DU SYSTÈME POLITIQUE, LA JEUNESSE ABSENTE DES URNES, TSIPRAS DÉFINITIVEMENT GRILLÉ

4- Suite du convoi solidaire dans les lieux autogérés en Grèce :
MERCI, MILLE FOIS MERCI POUR VOTRE SOUTIEN !

5- Quatrième film documentaire en préparation :
NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES SORTIRA DURANT L’HIVER

1- Procès de Giorgos Kalaïtzidis et Nikos Porgiotis à Athènes :

TROIS ANS ET DEMI DE PRISON POUR DEUX MEMBRES DE ROUVIKONAS !

Deux membres du groupe anarchiste Rouvikonas viennent d’être condamnés lourdement pour avoir repeint en rouge et noir le parlement grec le 21 mai 2019.

Il y a quatre, la procédure avait rapidement été reportée sous la pression internationale, les ambassades de Grèce ayant été prises d’assaut sous différentes formes dans de nombreuses régions du monde durant le mois de juin 2019, à commencer par celle de Paris dès le 27 mai (photo ci-dessous).

Quelques semaines plus tard, en septembre 2019, la droite se ridiculisait à son tour. Le nouveau président du parlement, Konstantinos Tasoulas (à gauche sur la photo ci-dessous), annonçait en grande pompe « Une ligne… Maginot contre Rouvikonas » pour « empêcher les anarchistes de revenir. » À la demande du nouveau premier ministre Kyriakos Mitsotakis et de nombreux parlementaires anxieux, le président du parlement s’était réuni avec le chef de la police, Michalis Karamalakis (à droite sur la photo ci-dessous), et plusieurs « experts » pour mettre en place « un dispositif dans le but de renforcer la protection des députés et du lieu où ils se réunissent. » Le projet ? Une augmentation du nombre de caméras et de policiers autour du bâtiment, mais aussi des obstacles extérieurs supplémentaires, ainsi qu’une amélioration de l’arsenal à l’intérieur des lieux, au cas où il serait « pris d’assaut par les anarchistes. » Résultat : un grand éclat de rire en Grèce pour le choix de ce symbole, car on se rappelle que la ligne Maginot avait été un échec complet !

Finalement, un procès bâclé s’est déroulé ces derniers jours et le tribunal d’Athènes s’est dépêché de rendre son verdict durant les derniers jours de la campagne électorale contre les deux membres de Rouvikonas ! À la surprise générale, les trois juges ont décidé de frapper très fort : trois ans et demi de prison, pour un peu de peinture et quelques fumigènes!

Certes, Mitsotakis s’est immédiatement frotté les mains et s’en est servi durant la fin de sa campagne, mais rappelons que c’est sous le gouvernement Tsipras du printemps 2019 (avant qu’il soit battu par Mitsotakis en juillet 2019, que les poursuites ont été déclenchées contre les deux membres de Rouvikonas (qui demandaient simplement que les droits fondamentaux du prisonnier politique Dimitris Koufodinas soient respectés). À l’époque, les mots de Tsipras avaient été très durs, appelant à une « condamnation lourde et exemplaire » et ajoutant : « Une telle action de vandalisme est complètement antidémocratique et n’a rien à voir avec les luttes sociales ». Jusque-là, Mitsotakis accusait parfois Tsipras de protéger Rouvikonas : une rumeur absurde, bien sûr, mais à laquelle croyaient certains naïfs. Tsipras avait sans doute voulu se démarquer, un mois et demi avant les futures élections législatives du 7 juillet 2019.

Les libertaires avaient aussitôt réagi à ces propos avec des visuels comme celui-là sur Internet : « Quelles traces laissent les actions contre la « démocratie » ? De la peinture ! Quelles traces laissent les actions de la « démocratie » ? Faim, Pauvreté, désespoir, suicides, chômeurs, morts » (image ci-dessous).

Voilà pourquoi, aujourd’hui, le mouvement social en veut tout autant à Syriza qu’au parti de droite Nouvelle Démocratie pour cette procédure démesurée et cette sentence brutale contre les deux militants antiautoritaires. À la veille des élections, Giorgos Kalaïtzidis et d’autres membres du mouvement social ont publiquement appelé à boycotter Tsipras, dissuadant ceux qui envisageaient de pousser discrètement pour faire tomber Mitsotakis. Finalement, l’échec total de Tsipras ce dimanche est aussi lié à cette affaire. Même si les voix des révolutionnaires sont rares et peu nombreuses, en Grèce comme ailleurs, cela a clairement participé au refus de beaucoup de jeunes proches du mouvement social de se déplacer. Et puis surtout, personne en Grèce n’a oublié la violation du résultat du référendum de juillet 2015 par Tsipras sous la pression des principaux dirigeants européens. Rares sont ceux qui lui pardonnent. Pour beaucoup, Tsipras est définitivement grillé et ne reviendra plus jamais au pouvoir.

Sur quel principe le jugement du tribunal d’Athènes se base-t-il pour condamner aussi lourdement les deux membres de Rouvikonas ? Il existe en Grèce une vieille loi qui qualifie de crime toute profanation d’un monument historique. Hors, cette loi n’a jamais été utilisée. Et elle ne concerne que les monuments antiques ou médiévaux régulièrement entretenus par les services d’archéologie. Il se trouve que le parlement n’en fait pas partie : il est très récent et n’a aucune spécificité dans ce domaine. Durant le procès, l’avocate de Rouvikonas a parfaitement montré, preuves à l’appui, que le batiment centenaire n’est pas du tout suivi par les services d’archéologie. Elle a également rappelé qu’un des deux membres de Rouvikonas poursuivis n’a pas été identifié avec certitude. Il y a quelques jours, le procureur lui-même a proposé aux juges de requalifier le crime en délit, avec les conséquences que cela implique, en l’occurrence une condamnation beaucoup plus légère.

Mais, dans un climat politique délétère, en particulier une surenchère de discours sécuritaires qui a profité à la droite, les trois juges ont décidé de maintenir la qualification de « crime par profanation de monument historique » et ont finalement condamné à trois ans et demi de prison ferme les deux militants (l’amende est de 26400 euros).

Bien sûr, les deux membres du groupe anarchiste vont faire appel. Pour l’instant, ils sont encore en liberté, parmi nous. Mais la brutalité de l’État montre à quel point la situation s’est encore tendue ces derniers mois en Grèce, un peu comme en France, avec une répression sans cesse plus menaçante. Pour l’instant, cela ne freine pas le groupe dans ses nombreuses actions, un peu partout à Athènes et ailleurs, bien au contraire ! Le groupe a même essaimé dans toute l’Attique (cf carte) et les actions se sont multipliées cette semaine.

Dans ce contexte kafkaïen, toute initiative de solidarité à l’égard des membres de Rouvikonas condamnés sera la bienvenue : action, texte, photo, vidéo, soutien financier ou politique… Ou ne serait-ce qu’en relayant l’info. Merci d’avance !

Parmi les chansons de soutien à Rouvikonas, en voilà une francophone, signée Sid (qui est déjà venu en convoi avec nous) :
https://soundcloud.com/user-752405251/rouvikonas

Présentation vidéo de Rouvikonas : https://youtu.be/342ZzVVCm70

 

.2- Révélations du New York Times (vidéo) qui confirment ce que nous disions :

L’ÉTAT GREC ASSASSIN EXPULSE DES ADULTES ET DES ENFANTS MIGRANTS SUR DES EMBARCATIONS PRÉCAIRES !

Autre événement à la veille des élections grecques : le New York Times a choisi ce moment pour diffuser une preuve formelle des renvois d’exilés par la police grecque sur des embarcations précaires. Une pratique à la fois illégale et dangereuse. Une atteinte à la vie des personnes : adultes et enfants.

Voici la vidéo :
https://www.nytimes.com/2023/05/19/world/europe/greece-migrants-abandoned.html

Visible également ici : https://youtu.be/izf8KBLPYQ8

Malheureusement, selon plusieurs observateurs, cette vidéo n’aurait pas affaibli la candidature de Mitsotakis à sa réélection, bien au contraire. En effet, il semble qu’elle lui ait permis de racoler dans les rangs de l’extrême-droite. Des anciens leaders d’Aube Dorée souhaitaient qu’aucune voix n’aille à Mitsotakis (suite à leur impossibilité de se présenter aux élections). Mais l’image de migrants renvoyés brutalement a probablement séduit les anciens électeurs d’Aube dorée, aux dires de plusieurs journalistes, amplifiant ainsi le score du premier ministre sortant. La construction de l’immense mur à la frontière de la Turquie a également pesé en faveur d’un puissant report des voix de l’extrême-droite sur Mitsotakis.

 

Au fil des années, la condition des migrants et des réfugiés ne cesse de se détériorer en Grèce, à la porte de l’Europe. Nos lieux autogérés sont sans cesse harcelés, menacés ou expulsés. Mais on ne baisse pas les bras et les squats et collectifs d’accueil continuent de résister avec beaucoup de courage et de persévérance, parfois en modifiant un peu leur projet initial, par exemple en jumelant l’accueil des exilés et l’accueil logistique des réunions de collectifs de luttes (c’est par exemple ce que fait actuellement le Notara 26, à Exarcheia). Cela permet d’affirmer encore plus la dimension politique de nos squats de réfugiés/migrants en tant que membres à part entière du mouvement social, mais aussi cela encourage les organisations et groupes amis à veiller un peu plus sur les squats menacés d’expulsion : les soutenir et les protéger autant que possible.

Dernière minute :

Une embarcation de migrants a chaviré avant-hier au large de Mykonos. 17 personnes essayaient de rejoindre l’Italie depuis la Turquie : 11 hommes, 5 femmes et une fillette de 7 ans. Deux hommes ont été sauvés in extremis (un Syrien et un Palestinien). Trois corps ont été retrouvés : un homme et deux femmes. Tous les autres sont portés disparus, y compris la fillette de 7 ans. Les recherches se poursuivent aujourd’hui, en mer et le long des côtes de l’île touristique.

3- Élections législatives dimanche dernier :

ABSTENTION RECORD EN GRÈCE, REFUS MASSIF DU SYSTÈME POLITIQUE, LA JEUNESSE ABSENTE DES URNES, TSIPRAS DÉFINITIVEMENT GRILLÉ

Le parti unique de la droite a atteint les 40%. La gauche a fait un peu plus au total, mais elle a perdu car elle est divisée et très conflictuelle. L’extrême-droite n’est représentée dans le parlement que par le parti identitaire, clérical et complotiste « Solution grecque » (4,5%, 16 députés sur 300). Certes, on est loin du score de Le Pen et Zemmour en France, mais l’extrême-droite grecque est aussi une composante du parti de Mitsotakis jusqu’à son gouvernement : plusieurs de ses ministres sont des transfuges de l’ancien parti d’extrême-droite LAOS. Bref, les idées nationalistes et fascistes sont loin d’avoir disparues en Grèce. Elles sont encore en action un peu partout dans la société, au grand dam de toutes les personnes victimes et discriminées.

Concernant la remontée du PASOK, étonnante vu d’ailleurs en Europe, il faut comprendre que ce parti est l’un des seuls à avoir changé de porte-parole et candidat principal pour le poste de premier ministre. Cette petite remontée du score du PASOK, de 6% à 11% est donc une prime à la nouveauté, alors même que la lassitude est forte à l’égard des autres leaders politiques plus connus qui ont, pour beaucoup, trempés dans d’innombrables affaires.

En légère hausse, le parti communiste KKE (de 5 à 7%) a un peu profité de la chute de Syriza. Mais pas Zoé Konstantopoulou ni Yanis Varoufakis qui ont loupé de peu leur entrée au parlement, en se présentant l’un et l’autre : il fallait 3% des suffrages exprimés et ils n’ont atteint que 2,8% et 2,6%.

Sur quelle île la droite a-t-elle obtenu le score le plus bas ? Cette fois, ce n’est pas en Crète, mais sur l’île d’Icare (Ikaria). Comme le montre la carte ci-dessus, la droite n’a atteint que 19%, derrière le parti communiste (35%) et Syriza (22%).

En Crète, dans le département d’Héraklion, la droite a réuni 35% des suffrages exprimés (c’est la première fois qu’elle dépasse les 30%), l’extrême-droite stagne à 2% (le parti « Solution grecque ») et la gauche plafonne à 60% : Syriza 23% (en très forte baisse), Pasok 22%, KKE 5%, Mera25 3% (Varoufakis), Plesio Elefterias 2% (Zoé Konstantopoulou), autres partis de gauche 5%.

Quel est le premier parti de Grèce actuellement ? L’absention ! Près de 40% de Grecs ont refusé de voter (alors que le vote est censé être obligatoire) et 3% de ceux qui se sont déplacés ont glissé des bulletins blancs ou nuls : par exemple, la photo d’une chèvre dans plusieurs petits villages de Crète (île sur laquelle l’abstention a été plus forte qu’à l’habitude, ce qui a fait très mal à Syriza).

À Kastoria, près de la frontière nord de la Grèce, un mouton a été introduit dans un bureau de vote, scène immortalisée par une photo (ci-dessous) qui a fait le buzz jusqu’à la soirée électorale.

Et maintenant, que va-t-il se passer ? En fait, Mitsotakis ne veut pas d’une majorité relative. Il veut la majorité absolue. Il va donc se représenter le dimanche 25 juin, lors d’une seconde élection. En attendant, c’est le président de la Cour des comptes, Ioannis Sarmas, qui assure l’intérim. La loi prévoit que pour l’élection suivante, la prime au premier sera activée : jusqu’à 50 sièges en bonus (dans un parlement de 300 sièges). À ses yeux, c’est la garantie d’atteindre non pas seulement 51% des députés, mais 60%… ce qui lui permettrait de modifier la Constitution, projet qu’il caresse depuis longtemps ! Encore un projet autoritaire. Un de plus !

Seule une alliance Syriza-Pasok pourrait contrer la réélection de Mitsotakis le 25 juin. Mais plus personne ne veut s’associer à Tsipras et le nouveau chef du Pasok, Nikos Androulakis, espère percer progressivement jusqu’au pouvoir, en commençant par passer devant Syriza. Bref, de la cuisine politicienne dégoûtante, comme souvent. Un journal d’extrême-gauche présente ce casting comme celui d’un western, avec en titre sur l’affiche : « Le salopard, le traitre et l’ambitieux. »

Pendant ce temps, sur le terrain, des milliers de militants et de militantes mènent d’innombrables luttes concrètes, proposent l’exemple d’une autre façon de vivre ensemble, dans l’entraide, la concertation, l’intelligence collective, la création et la résistance, le respect de nos différences, la liberté de choisir sa voie, l’envie de changer profondément la société et non pas simplement la vitrine d’un système politique complètement à bout de souffle.

Non, je vous assure : Mitsotakis n’est pas apprécié en Grèce. Ce n’est pas vrai. Il est ridicule. Il est la risée des conversations, des caricatures, des détournements de photos… Et tout le monde sait surtout qu’il est pourri jusqu’à la moelle : on ne compte plus les affaires de corruption, d’écoutes téléphoniques illégales, d’entraves à la liberté d’expression, de violences policières, sans oublier le terrible accident de train lié à la privatisation sauvage des services publics sous sa responsabilité, qui a causé 57 morts il y a quelques semaines.

Mitsotakis est encore là parce que beaucoup ne veulent plus jouer à la roue de l’infortune : jeu pernicieux proposant des alternatives qui n’en sont pas — ou pas suffisamment. La plupart des médias de masse qui fabriquent l’opinion appartiennent aux milliardaires qui nous exploitent, par conséquent les règles du jeu électoral sont viciées. Les dés de la pseudo démocratie sont pipés. Dans le berceau historique du concept de démocratie (bien que réduite à une élite citoyenne masculine à l’origine), énormément de Grecs répètent en avoir « marre de [ce que beaucoup appellent] la démocratie anglaise » (démocratie représentative).

Il devient urgent de prendre nos vies en mains, de passer à la démocratie directe ou mieux encore : le fruit de la conscience politique n’est peut-être pas encore mûr, mais l’urgence est là, criante, dans tous les domaines. Et nous œuvrons ensemble, de toutes nos forces, dans ce sens. Pour montrer que cette voie utopique est non seulement possible et désirable, mais aussi indispensable.

4- Suite du convoi solidaire dans les lieux autogérés en Grèce :

MERCI, MILLE FOIS MERCI POUR VOTRE SOUTIEN !

Beaucoup de camarades et compagnons de voyage ont été retardés par leur engagement dans les luttes en France et, encore plus, par une avalanche de soucis de santé. Malgré tout, les fourgons solidaires arrivent tant bien que mal, au fil des semaines, dans différentes régions de Grèce ! Une par une ou deux par deux, les arrivées se succèdent. Non seulement nous avons réussi à livrer la plus grande partie de ce que nous avons collecté en France (et un peu en Suisse et en Belgique), mais nous avons aussi effectué à plusieurs reprises des livraisons d’huile d’olive et de fruits et légumes de Crète, achetés à des paysans compagnons de luttes, grâce à vous !

 

Nous avons également transmis des soutiens financiers aux assemblées des lieux et collectifs (quand nous le pouvions) et nous sommes aussi allés faire des courses dans plusieurs villes accompagnés des mandatés de lieux ou collectifs dans le besoin, en utilisant nos fourgons pour transporter les achats nécessaires, parfois volumineux, ou encore pour aider à effectuer des déménagements, sans oublier le ramassage de mobilier donné à l’autre bout d’une même ville, mais qu’il nous restait à acheminer.

Parmi les nouveaux lieux aidés, nous avons apporté un soutien financier au squat Botanikos Gypos (« Jardin Botanique ») à Petroupoli, au nord d’Athènes. Ce lieu autogéré formidable a subi une attaque fasciste il y a un mois : tags nazis sur les murs extérieurs, cris et menaces dans le hall d’entrée…). Le squat Botanikos Gypos vous sera présenté, parmi d’autres, dans le prochain film documentaire, y compris les serres autogérées attenantes au bâtiment principal qui participent à ce projet original et prometteur.

Nous avons aussi participé à des tables rondes, des concerts, des animations, des chantiers solidaires, des rencontres-débats sur divers sujets, notamment avec Rouvikonas au K*VOX (photos), au Notara, mais aussi ailleurs sur le continent et en Crète, dans l’ouest et le sud de l’île. Et ce n’est pas fini !

Si jamais vous avez prévu d’aller en Grèce durant l’été (par la route et par ferry), contactez-nous : car nous avons encore quelques cartons en attente dans plusieurs régions de France (pas beaucoup et ce sont les moins urgents, mais ce serait bien qu’ils puissent profiter de votre voyage. Sinon, ne vous inquiétez pas, on se débrouillera autrement durant l’automne (surtout ne faites pas le voyage exprès pour ça).

Si vous voulez donner un coup de pouce financier, vous savez comment le faire. C’est toujours pareil : virement, paypal ou chèque.

1- Pour effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »

2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
https://www.paypal.com/donate/?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY

3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues

Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80

Et surtout n’hésitez pas à nous faire savoir à quoi ou à qui vous souhaitez que votre soutien soit transmis (frais de Justice de militant-es, cuisines solidaires, aide aux exilé-es…). On a l’habitude 🙂

5- Quatrième film documentaire en préparation :

NOUS N’AVONS PAS PEUR DES RUINES SORTIRA DURANT L’HIVER

Tout d’abord, on vous le répète : inutile de nous demander l’autorisation pour diffuser nos films, en particulier pour financer les caisses de grèves ou des frais de Justice. Tous nos films sont à votre entière disposition, en creative commons, à votre service pour faire réfléchir le public et soutenir les luttes en France aussi. Plusieurs dizaines de projections de nos trois films ont eu lieu depuis février. Servez-vous ! Ne nous demandez pas notre accord ! Nous sommes nos propres pirates !

Après Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’Amour et la Révolution, le quatrième opus sortira l’hiver prochain : Nous n’avons pas peur des ruines témoignera de la période de juillet 2019 à aujourd’hui. Le tournage a repris ces derniers mois, mais se termine actuellement. Le montage reprend également, une dernière fois. On avance bien, en bonne compagnie ! Et, comme vous le découvrirez, avec de belles surprises et de superbes musiques, donc plusieurs écrites pour le film.

En attendant, bonnes luttes ! Tenez bon !

De tout cœur avec vous depuis la Grèce, avec nos camarades et compagnons grecs, migrants et convoyeurs !

Vive la Sociale !

Yannis Youlountas po/ les membres de l’action

 

VioMe La commande groupée 2023

Le Comité Grenoblois Grèce-Austérité-Grenoble a tenu une permanence ce vendredi 26 mai et samedi 27 mai 2023 pour le retrait des marchandises reçus dans le cadre de la commande groupée 2023 (336 kg représentant 1 790 €) pour soutenir les VioMe.

Le Comité remercie les 25 personnes ou structures qui ont participé et espère pouvoir vous donner rendez-vous en 2024.

 

 

 

 

Grèce : lourde défaite de la gauche plus que jamais divisée

Les élections législatives du 21 mai ont déjoué tous les pronostics, qu’il s’agisse de l’abstention, du score de la gauche ou des résultats du parti au pouvoir.

On attendait une forte abstention, mais elle s’est maintenue aux niveaux de septembre 2015 et 2019. On donnait très peu de chances de victoire à Syriza mais on attendait un écart de sept points maximum entre la Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis et Syriza. Il est de 20 points, avec une écrasante victoire de ND à environ 40,7 % (39,8 % en 2019), et un recul très inquiétant de Syriza, qui passe de 31,5 % en 2019 à 20 %, perdant environ 600 000 voix. Même si ND frôle la majorité en sièges, le plus probable en ce dimanche soir, en fonction des résultats définitifs, est qu’elle refusera un gouvernement de coalition et que de nouvelles élections auront lieu début juillet, avec un bonus au premier parti pouvant aller jusqu’à 50 députéEs.

Les premiers enseignements

Alors que sa politique de casse ultra-libérale a provoqué colères et mobilisations populaires, que les atteintes aux droits démocratiques sont des plus inquiétantes, les ressorts de la victoire de ND sont à l’évidence son contrôle de la plupart des grands médias, une campagne raciste et emplie de mensonges (Tsipras présenté comme complice des nazis… par un gouvernement qui a des ministres fascistes !). Mais un élément déterminant a été la division active de la gauche, faisant feu avant tout sur Syriza et s’entre-accusant systématiquement en mettant au second rang la table rase sociale de ND.

Syriza est le grand perdant de ces élections, n’étant en tête que dans une seule région au lieu d’une dizaine en 2019. Une partie de ses électeurs qui avaient quitté le Pasok après son alliance avec ND et un parti fasciste pour appliquer les mémorandums, semblent être retournés au Pasok, pourtant plus droitier que jamais mais qui regagne un peu (11,5 % contre 8,1 en 2019). Il faudra étudier où sont allées toutes les voix perdues, mais il est certain que Syriza dans l’opposition a continué à décevoir, étant bien peu présent dans les mobilisations. Cela dit, il reste perçu comme le principal parti de gauche pour dire non à Mitsotakis et ND. Par contre, ce résultat pourrait accroître la fragilité organisationnelle et militante de Syriza.

Éclatement à gauche

Dimanche soir, le KKE (PC grec) était satisfait, comme si le résultat catastrophique n’allait pas renforcer l’attaque de la droite extrême de Mitsotakis. Certes, en obtenant 7,2 % (5,30 en 2019), il progresse un peu nationalement, bien plus fort dans les banlieues ouvrières, mais son objectif de devenir le troisième parti est raté et, surtout, il n’ouvre aucune autre perspective politique que continuer à voter pour le KKE.

Comme attendu, le seuil de 3 % pour obtenir des députéEs, maintenu avec ces élections à la proportionnelle, fait passer de 8 % à 15 % les voix non représentées au Parlement. Au moins 6 % sont des voix de gauche, réparties entre l’Unité populaire, MeRA25 (Varoufakis), Plevsis (Zoé Konstantopoulou) et d’autres groupes ayant moins de 1 %. Parmi eux, nos camarades d’Antarsya qui, avec 0,5 %, ne font que maintenir un score qui n’aidera en rien à relancer une dynamique pour la construction d’une gauche anticapitaliste large, plus que jamais nécessaire face au fort recul de toute la gauche (environ 43 % en 2019, et 33 % en 2023).

Urgence d’une relance à gauche

Pour couronner le tout, notons le score du groupe fasciste Elleniki Lyssi (4,5 %). Un autre groupe fascisant frôle 3 %, et d’autres sont à moins de 1 %, ce qui, ajouté au poids de l’extrême droite dans ND, forme un ensemble des plus menaçants. Raison supplémentaire pour que la gauche prenne enfin ses responsabilités avant les probables élections de juillet : face à la politique néolibérale dure d’une droite affairiste et répressive liée à l’extrême droite, il faut mettre fin à la division suicidaire autour de campagnes communes, par exemple contre les refoulements de réfugiéEs ou contre les confiscations par les banques des ­logements de modestes propriétaires.

À Athènes

https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-lourde-defaite-de-la-gauche-plus-que-jamais-divisee

Encore une attaque des VioMe

C’était le 30/03/2020 quand ils ont coupé le courant à l’usine. Aujourd’hui, 25/04/2023, nous dénonçons une autre attaque frauduleuse et timide de SE BIOME, la coupure d’électricité à son siège, suite au vol de fil et de l’équipement électrique.
Dommages de milliers d’euros à peine quelques jours avant le festival prévu pour les dix années d’exploitation de l’usine autogérée.
Cette attaque indique le besoin de soutien et de présence sur le site de l’usine.
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ILS NE NOUS BATTRONT PAS !
Contrairement à toutes leurs attaques organisées, nous continuons vigoureusement, nous disons que nous ne ferons pas un pas en arrière et nous continuons avec détermination à préparer le grand festival pour les 10 années d’exploitation de l’usine.
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Nous ne succomberons à aucune menace, attaque, sabotage, nous ne tolérerons aucune tentative de suspension de l’exploitation de BIOME.
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L’usine est entre les mains des travailleurs et de la société, ET C’EST QU’ELLE RESTERA !
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Nous, travailleurs et employés de BIOME, disons que nous défendrons l’usine contre toute menace imminente ou toute tentative d’évacuation.
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CE COMBAT EST À NOUS ! !
 
ANNIVERSAIRE  – 10 ANS DE BIOME
« 10 ANS MAINTENANT N’EST PAS UNE UTOPIE, C’EST UNE USINE QUI ÉCRIT L’HISTOIRE ! »
 
Vendredi 28 avril et samedi 29 avril 2023

Soutenez cette lutte en participant à la commande groupée en cours organisée par notre comité plus d’informations ici

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Source https://www.facebook.com/SEVIOME/posts/539073608390256

Dernier rappel commande groupée VioMe

Solidarité concrète avec les travailleurs
de l’usine VIOME occupée et autogérée
à Thessalonique en Grèce

Après que leur usine ait été mise en faillite et abandonnée par les employeurs, les salariés depuis maintenant 11 ans l’ont reprise en coopérative ouvrière.

Ils fabriquent des produits d’entretien ménager écologiques qu’ils distribuent de manière militante. Ils étaient menacés d’expulsion par la justice grecque et la nouvelle est tombée il y a quelques jours : le terrain a été vendu aux enchères électroniques (la dernière invention de la commission européenne pour pallier aux manifestations citoyennes qui s’opposaient aux expulsions de particuliers) .

Ils en appellent à la solidarité internationale. Il est plus que jamais nécessaire de les soutenir en participant à cette commande.

Voir le dernier appel des VioMe et notre tract d’information 

Depuis 2016 et la visite de Makis Anagnostou à Grenoble et afin de les soutenir, le comité de Grenoble organise chaque année une commande groupée de leurs produits. Pour celle de 2023 vous trouverez :

– le catalogue et les prix (TTC)  : Catalogue 2023

– le bon de commande avec tous les renseignements utiles : Bon-de-commande-Viome-2023

Attention : la date limite de réception des commandes est fixée au mardi 2 mai 2023

Nous serons présents lors de la manifestation du 1er mai à Grenoble stand Attac 38

Contribuons par nos achats à soutenir cette lutte exemplaire !

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