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Crise migratoire : “L’Europe continue d’être dans une forme de déni”

Juliette Bénabent  publié sur Telerama le 12/01/2018.

En 2017, 118 000 personnes sont arrivées par la Méditerranée sur les côtes italiennes (elles étaient 180 000 en 2016), essentiellement en provenance d’Afrique subsaharienne. Malgré cette baisse, « les raisons de départ des migrants et réfugiés n’ont pas du tout disparu », prévient Vincent Cochetel, envoyé spécial du HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés) de l’ONU pour la Méditerranée centrale.

En Libye, les images tournées par CNN montrant des Africains esclavagisés ont ému le monde (bien que cette situation soit connue et dénoncée depuis des mois par les acteurs humanitaires et onusiens). En octobre, Emmanuel Macron annonçait que la France accueillerait bientôt 10 000 réfugiés « réinstallés » depuis des pays de transit (Turquie, Liban Jordanie…), dont 3 000 depuis le Niger et le Tchad.

Le HCR, présent en Libye et dans les quinze pays de la route migratoire des Africains, sélectionne au préalable ces candidats à la réinstallation, pour qui il réclamait au monde, en septembre, 40 000 places. En marge d’un colloque organisé le 9 janvier 2018 par France Terre d’asile à Paris sur le Sahel et la Libye, Vincent Cochetel explique la difficile action du HCR sur place, rappelle l’ampleur de l’effort encore à fournir par les pays européens et souligne le rôle moteur de l’Europe en matière d’asile.

L’« enfer libyen » indigne le monde entier. Combien de migrants sont présents en Libye, et quelles sont leurs différentes situations ?

Il faut d’abord rappeler que l’emprisonnement des migrants illégaux en Libye n’est pas nouveau : les centres de détention existaient, comme les mauvais traitements et tortures, à l’époque de Kadhafi. D’ailleurs, à sa chute, en 2011, un million d’étrangers ont fui vers la Tunisie et l’Egypte voisines, où il a fallu ouvrir des camps. Seulement, les migrants ne partaient pas alors pour l’Europe, qui ne s’en souciait donc pas…

La présence étrangère en Libye est ancienne et importante. Aujourd’hui, l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) recense 700 000 étrangers en Libye, dont les situations sont très diverses. Il y a des migrants économiques qui travaillent et n’ont pas l’intention de quitter le pays : 64 % des personnes arrivant en Libye ont atteint leur destination finale, tous ne veulent pas venir en Europe, loin de là ! Le HCR – qui n’a pas accès à tous les réfugiés – identifie aujourd’hui 45 000 personnes relevant de la Convention de Genève de 1951, c’est-à-dire éligibles au statut de réfugié – qui n’existe pas en Libye.

Beaucoup ne sont pas enfermés, notamment des Palestiniens, Irakiens ou Syriens, qui ont parfois un travail, un logement, et des conditions de vie supportables. La situation la pire concerne les pesonnes originaires d’Afrique subsharienne, victimes de racisme et de xénophobie, et soumises à d’épouvantables violations des droits de l’homme lorsqu’elles sont retenues en captivité. Parmi les femmes évacuées au Niger, surtout érythréennes et éthiopiennes, je n’en ai pas rencontré une seule qui ne raconte pas avoir subi des violences sexuelles. Pas une seule. Et, selon un rapport récent de l’Oxfam, 74 % des personnes détenues en Libye ont été témoins de meurtre ou de torture…

“Les gens ramenés en Libye sont exposés à des conditions abominables de détention”

Comment jugez-vous les accords aux termes desquels l’Union européenne finance et équipe les garde-côtes libyens afin d’intercepter les migrants en mer et de les ramener en Libye ?

Il est normal qu’un Etat cherche à contrôler les sorties de son territoire. Mais dans ce cas précis, les gens ramenés en Libye y sont exposés à des conditions abominables de détention, en l’absence de tout contrôle judiciaire et de tout recours légal. L’Union affirme qu’elle cherche à influencer les autorités libyennes et à obtenir des alternatives à la détention pour les migrants, mais, sur le terrain, on n’observe pour l’instant aucune évolution de la situation à cet égard…

Quel travail parvient à effectuer le HCR en Libye ?

Le HCR est présent en Libye depuis longtemps. Sous Kadhafi, une quarantaine d’agents y intervenaient, ils sont aujourd’hui une centaine. Mais il faut démystifier notre action : nous ne pouvons pas faire grand-chose. Quand je vais en Libye, j’ai des gardes du corps avec moi en permanence, et je ne peux me déplacer que dans un rayon de 20 kilomètres autour de Tripoli.  Nos agents visitent une trentaine de centres de détention sous compétence gouvernementale, mais l’accès est irrégulier, les entretiens se déroulent en présence d’hommes armés, sans aucune confidentialité ni garantie sur les conséquences que peuvent avoir nos discussions.

Nous avons souvent des états d’âme : nos interventions renforcent-elles le régime libyen de détention illimitée pour tout migrant illégal ? Sur place, les gens que nous rencontrons nous disent de continuer à venir pour leur porter assistance, et parce que nous sommes témoins de ce qui leur arrive… Dans ces trente centres, nous accédons à entre 16 000 et 18 000 personnes, mais de nombreuses autres sont enfermées dans des lieux de détention informels, répertoriés ou non.

De plus, les autorités libyennes ne nous autorisent à parler qu’à certains ressortissants : Somaliens, Soudanais s’ils viennent du Darfour, Ethiopiens s’ils sont des Oromos, Erythréens, Palestiniens, Irakiens, Syriens. Nous n’avons pas le droit de parler avec des Maliens, des Nigérians ou des Sud-Soudanais… Nous réclamons un accès non discriminatoire, qui nous est pour l’instant refusé.

Mais nous sommes aussi présents dans tous les pays de la région, où nous assistons les autorités dans la gestion des camps de réfugiés, l’accès aux procédures, la favorisation de l’intégration locale… Dans les pays limitrophes de la Libye, l’asile existe : il faut l’organiser, le consolider, le soutenir. Le dialogue doit être rétabli et renforcé entre les Etats membres de l’Union et ces pays africains, et il faut aussi appliquer entièrement l’accord de La Valette de 2015, qui prévoyait des retours des demandeurs d’asile déboutés et des migrants illégaux, « en échange » d’ouverture sur les voies légales de migration.

Les engagements de réinstallation de réfugiés promis par M. Macron sont-ils encourageants ?

Oui. Le HCR réclame 40 000 places de réinstallation pour les réfugiés présents autour de la Libye, notamment au Niger et au Tchad. La France s’est engagée pour 3 000 personnes et cela a incité d’autres pays à réfléchir à ces alternatives légales aux migrations clandestines [notamment la Suisse, la Norvège, le Canada, NDLR]. En ce sens, c’est une étape importante : dissuader les réfugiés de risquer leur vie en mer n’est possible que si de réelles alternatives, crédibles, sont mises en place.

Mais il est désormais urgent que davantage de pays se mobilisent et s’engagent sur des nombres plus importants de réinstallations. Sinon, nous ne pourrons plus procéder à des évacuations depuis la Libye : si les personnes évacuées restent coincées au Niger, les autorités ne les accepteront plus. Or, en Libye, chaque jour, des gens meurent et disparaissent en détention.

“Il faudrait agir comme dans la lutte contre le trafic de drogue ou le terrorisme”

Vous évoquez un « décalage entre les discours officiels de lutte contre les passeurs et la réalité des actions » : pourrait-on faire davantage ?

Sans aucun doute. Je vous donne quelques exemples : certains dinghys (canots pneumatiques utilisés par les passeurs) viennent de Chine – l’exportateur est tout à fait connu – et sont expédiés en Libye à partir de pays d’Europe [il s’agit de Malte et de la Turquie, NDLR]. Il existe des documents de douane, l’argent est parfaitement traçable, mais personne n’est poursuivi alors que les dinghys ont tué plus de monde en Libye que la guerre civile depuis 2012 !

De même, les demandes de rançon adressées par les trafiquants aux familles des migrants circulent sur les réseaux sociaux, avec des comptes bancaires qui se trouvent en Europe ou dans les pays du Golfe… Ou encore chaque jour des ports libyens accueillent des bateaux venus se ravitailler en pétrole illégalement. Les pays dont ils battent pavillon les laissent faire, alors que le trafic de pétrole est intimement connecté à celui des migrations. Cet argent alimente les réseaux criminels et renforce le pouvoir des milices que l’on prétend par ailleurs combattre pour renforcer le gouvernement libyen et protéger les ressources dont il a tant besoin…

Incontestablement, il y a un travail de police qui n’est pas fait systématiquement, alors qu’il faudrait agir comme dans la lutte contre le trafic de drogue ou le terrorisme : qu’attend-on pour arraisonner ces bateaux, remonter les filières bancaires, geler les avoirs des personnes impliquées ? Il faut une volonté politique et une coopération interétatique entre les forces de police des divers pays concernés, et ces efforts ne sont pas faits. Pas encore…

Historiquement, le droit d’asile doit beaucoup à l’Europe. Quelle est l’ampleur de la responsabilité de l’Union, et singulièrement de la France ?

J’ai toujours pensé que la manière dont un Etat traite les étrangers – surtout ceux qui sont vulnérables car ils ne peuvent compter sur la protection de leur propre pays – est un bon indicateur de mesure de la protection des droits de l’homme. La conduite de l’Europe a, et aura, des répercussions sur le comportement du reste du monde. Elle peut être un moteur.

Il est évident que la question des retours est cruciale : nous ne sommes pas naïfs, nous sommes conscients que le droit d’asile ne peut exister que s’il s’accompagne de retours effectifs et efficaces pour ceux qui n’ont pas droit à l’asile. Le système perdrait, sinon, sa crédibilité. Néanmoins, l’Europe continue d’être dans une forme de déni, alors que des efforts suplémentaires sont nécessaires, et qu’une action coordonnée, organisée, efficace est possible : la Suède, lors de la crise de 2015, a débloqué 160 000 places d’accueil, les demandeurs étaient enregistrés en un jour, dans des centres d’accueil ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Pas un ne dormait dehors, et un programme de réinstallation a été ouvert, à hauteur de 3 000 places par an.

On peut agir, c’est possible ! C’est le moment d’avoir du courage, et aussi de se montrer modeste : on n’accueille pas « toute la misère du monde », on en est même très loin : l’écrasante majorité des réfugiés du monde se trouve dans les pays en développement. C’est l’intérêt de l’Europe, et son honneur, de passer la vitesse supérieure, tout en soutenant l’asile dans les pays voisins de la Libye.

http://www.telerama.fr/monde/reinstallation-des-refugies-la-conduite-de-leurope-a-des-repercussions-sur-le-reste-du-monde%2Cn5435790.php

A Vaulx en Velin une soirée en soutien au City Plazza

Dans le prolongement de cet article https://www.grece-austerite.ovh/soutenir-le-city-plazza/ le représentant emblématique de City Plazza Giorgos Athanassakis sera présent en France pour alerter sur la situation de cet espace d’accueil pour réfugiés et de la nécessité de les soutenir.

Une soirée est organisée ce mardi 16 janvier 2018 à 19h30 à Vaulx en Velin par : On Vaulx mieux que ça (OVMQC), Éclaireuses Éclaireurs de France, groupe Jean Bart, Comité de solidarité avec le peuple grec (CSPG) Lyonnais.

Projection du film
City Babel. Il faut pas croire
L’histoire d’une famille réfugiée et bloquée en Grèce

Le film la suit dans son quotidien et nous présente sa vie au City Plaza (28 min)
et débat
Avec une présentation par Camille Schnéegans, bénévole au City Plaza,
et Giorgos Athanassakis,
des témoignages d’Éclaireuses et d’Éclaireurs de France
bénévoles en août 201 7,
et des chants improvisés par Émilie Souillot

TRACT SOIREE CITY PLAZA

Écouter son intervention en français lors de la soirée du 26 mai 2016 organisée par Mediapart au Théâtre de la Ville, à Paris https://www.youtube.com/watch?v=Xv03q9Q2NFQ

De l’interprétation des chiffres de la crise migratoire

La «crise migratoire» n’a pas eu lieu

Par Carine Fouteau Mediapart

Le nombre d’arrivées de migrants ayant traversé la Méditerranée pour rejoindre l’UE a été divisé par deux en 2017 par rapport à 2016 et par cinq par rapport à 2015. La « crise » est terminée. A-t-elle jamais eu lieu ?

La « crise migratoire » est terminée mais les États membres de l’Union européenne n’en finissent pas d’agiter les peurs et de durcir leurs politiques pour empêcher les migrants de débarquer sur leurs côtes. Lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre 2017, Emmanuel Macron, après avoir affirmé qu’« accueillir les femmes et les hommes qui fuient leur pays parce qu’ils y sont menacés » était un « devoir moral, politique », s’est empressé d’ajouter que « nous ne pouvons accueillir tout le monde », afin de justifier les mesures de « contrôle d’identité » prévues par une circulaire du 12 décembre dans les foyers d’hébergement d’urgence, mettant en cause l’accueil inconditionnel.

Les statistiques disponibles auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), rattachée à l’ONU, montrent pourtant que les arrivées de migrants par la Méditerranée ont drastiquement chuté en 2017 : leur nombre a été divisé par deux par rapport à 2016 et par cinq par rapport à 2015. En 2017, 170 249 personnes ont traversé la mer au péril de leur vie, contre 363 401 en 2016 et 1 012 169 en 2015 !

Les arrivées de migrants par la mer en Europe, de janvier 2015 à janvier 2018 © UNHCR
Les arrivées de migrants par la mer en Europe, de janvier 2015 à janvier 2018 © UNHCR

Ce que l’ONU a désigné comme étant l’exode le plus important qu’ait connu l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale n’aura duré que quelques mois, du printemps 2015 au printemps 2016, avec un pic à l’automne 2015. Le record a été atteint avec 220 579 arrivées au cours du seul mois d’octobre 2015. À titre de comparaison, elles n’auront pas dépassé 14 000 deux ans plus tard durant la même période.

L’« exode » de 2015-2016 a concerné principalement des Syriens et des Afghans fuyant leur pays et ayant traversé la Méditerranée via la mer Égée, au départ de la Turquie. Les images de cohortes de familles réfugiées remontant la route des Balkans à pieds, bagages et bébés sous le bras, ont marqué les esprits, ainsi que celle du petit Aylan Kurdi, dont le corps a été retrouvé étendu sur une plage turque, après le naufrage de l’embarcation qui devait le conduire en Europe. Associé au blocage successif des frontières en Europe centrale, l’accord politique et financier signé entre l’UE et la Turquie en mars 2016 et autorisant le renvoi massif des demandeurs d’asile débarqués en Grèce a provoqué un ralentissement net des tentatives de passage, au risque de laisser sans protection des personnes menacées dans leur pays d’origine.

Les arrivées en Italie au départ de la Libye ont ensuite pris le relais, mais dans des proportions (en moyenne 20 000 par mois) qui n’ont jamais concurrencé les 200 000 du mois d’octobre 2015 entre la Turquie et la Grèce. Les pays d’origine ont logiquement changé, les Nigérians, en 2017, arrivant en tête, devant les Guinéens, les Gambiens et les Ivoiriens.

Les arrivées de migrants par la mer, mois par mois, au cours des trois dernières années © OIM
Les arrivées de migrants par la mer, mois par mois, au cours des trois dernières années © OIM

 

Lors de la dernière période, les départs depuis la Libye ont à leur tour diminué, à la suite des très contestables alliances plus ou moins secrètes conclues entre Rome et diverses milices de trafiquants libyens. Et c’est l’Espagne, tout en restant en troisième position derrière l’Italie et la Grèce, qui a enregistré la hausse la plus importante des arrivées : leur nombre a plus que doublé en un an, pour atteindre 26 941 en 2017 (contre 118 914 en Italie et 33 986 en Grèce par voie de mer et de terre). Après avoir atteint un niveau record en 2006 (39 180), elles avaient pourtant ensuite nettement diminué, jusqu’à devenir marginales, en raison des patrouilles des bateaux de Frontex, l’agence de surveillance européenne des frontières extérieures, dans le détroit de Gibraltar. Nouveauté, l’Algérie rejoindrait le Maroc comme pays de départ. La diversification des routes est une constante dans l’histoire des mouvements migratoires : qu’une voix d’accès se ferme, son remplacement par une autre est immédiat.

L’examen approfondi de l’« exode » de 2015-2016 permet d’aller encore plus loin. Terminée, la « crise » a-t-elle même eu lieu ? Dans l’ouvrage collectif publié, fin 2017, par le réseau européen et africain de militants et de chercheurs Migreurop, Atlas des migrations en Europe, approches critiques des politiques migratoires (Armand Colin), l’instrumentalisation des chiffres des migrations par les gouvernants et les médias fait l’objet d’une vive critique. Ses auteurs expliquent que les statistiques sont généralement diffusées en valeur absolue, sans comparer les années les unes par rapport aux autres, et de manière décontextualisée et partielle. « Cette utilisation des chiffres est l’un des rouages classiques de la construction de l’idée d’envahissement », soulignent-ils.

L'Union européenne est-elle confrontée à un nombre important de réfugiés ? © «Atlas des migrants en Europe», Migreurop, 2017.
L’Union européenne est-elle confrontée à un nombre important de réfugiés ? © «Atlas des migrants en Europe», Migreurop, 2017.

 

Pour déconstruire leur usage, ils rappellent leur face cachée. Ainsi, les données fournies par Frontex sont peu fiables : certains « franchissements illégaux » de frontières sont comptés plusieurs fois, par exemple lorsque les personnes, entrées une première fois dans l’UE par la frontière turco-grecque, en ressortent ensuite par la Macédoine, avant d’y entrer de nouveau via la Croatie ou la Hongrie. Ces chiffres reflètent en outre l’augmentation du budget de cette agence et donc l’accroissement de l’activité de ses gardes-frontières.

Les auteurs du livre notent par ailleurs que le durcissement des politiques migratoires européennes a pour conséquence de considérer davantage de migrants comme étant en situation irrégulière. Préférant parler de « crise de la politique migratoire » que de « crise des migrants », ils font remarquer que si les arrivées des demandeurs d’asile au sein de l’UE en 2015 (1 257 030) et 2016 (1 204 280) sont effectivement supérieures à celles de l’année 2014 (562 700), elles sont réparties de manière très inégale entre les États membres, 60 % des demandes ayant été déposées en Allemagne en 2016. Le nombre total d’entrées de ces personnes en Europe, ajoutent-ils, ne représente que 0,24 % de ses 508,2 millions d’habitants. « Plus encore : la totalité des demandes d’asile déposées dans l’UE ces dix dernières années représente moins de 1 % de sa population en 2016 », écrivent-ils, observant que des hausses similaires ont existé au début des années 1990 et que l’augmentation de 2015-2016 est également à mettre en relation avec l’élargissement de l’UE de 15 à 28 depuis 2004. « L’usage des chiffres, couplé aux images diffusées par les médias et aux déclarations politiques, participe à faire croire que ce qui se déroule à une échelle locale, par exemple sur l’île grecque de Lesbos, est représentatif de la situation à l’échelle nationale, voire européenne », indiquent-ils.

Au bout du compte, le nombre des arrivées est systématiquement perçu comme trop élevé, par rapport à une situation supposée normale qui serait fixée à zéro. « L’immigration apparaît dès lors non seulement comme surnuméraire, mais aussi comme une anomalie », concluent les auteurs de l’Atlas des migrants en Europe. Et le tour est joué : l’ennemi imaginaire sert à cristalliser les peurs des opinions publiques, qui se développent pour tout un tas d’autres raisons, notamment économiques et sociales, et à justifier la mise en œuvre de politiques toujours plus dures à l’égard des migrants.

France : Immigration inquiétude sur la loi en préparation

Immigration : « Aucun gouvernement depuis la Seconde Guerre mondiale n’avait osé aller jusque-là »
Patrick Weil, historien et politologue, spécialiste de l’immigration, s’inquiète de la posture adoptée par le gouvernement vis-à-vis des migrants, alors qu’une loi immigration est en préparation pour le début 2018.

INTERVIEW : ouvrir le lien ci-dessus pour écouter Patrick Weil qui dénonce  plus de choses (pas tout) que celles transcrites ci-dessous.
La nouvelle loi sur l’immigration agite l’opposition et les associatifs. Alors qu’une concertation doit démarrer en janvier, une circulaire validée par le ministère de l’Intérieur, permettant de contrôler les populations accueillies dans les centres d’hébergement, notamment pour identifier les migrants, a provoqué une levée de boucliers. « Aucun gouvernement depuis la Seconde Guerre mondiale n’avait osé aller jusque-là », s’indigne mercredi au micro de la matinale d’Europe 1 Patrick Weil, historien et politologue, spécialiste de l’immigration.

Un principe sacré. « On a un principe, qui nous vient peut-être de nos traditions chrétiennes : un enfant, on ne lui demande pas ses papiers quand on l’accueil à l’école, un malade, on ne lui demande pas ses papiers quand il a besoin d’être soigné à l’entrée de l’hôpital, et quelqu’un qui n’a pas de quoi se loger, on ne lui demande pas ses papiers à l’entrée d’un centre d’hébergement d’urgence. Monsieur Macron et monsieur Collomb ont violé ce principe », relève le chercheur. « Si le projet [de loi, ndlr] s’inscrit dans cette lignée, ce sera une régression dramatique », alerte-t-il.

Un président doux dans ses déclarations et violent dans ses actes ? « Monsieur Macron, c’est l’inverse de monsieur Sarkozy. Monsieur Sarkozy était violent verbalement, mais sur le terrain il était pragmatique. Monsieur Macron est doucereux verbalement, et sur le terrain c’est la dague. Il est un peu comme un chasseur à cour qui ferait des messages d’amour, le soir, pour les animaux. C’est ce qu’il fait pour les migrants : il leur souhaite des vœux, il dit bienvenue aux réfugiés et il signe la nuit des ordres qui les mettent dans la rue et les empêchent de se nourrir », estime Patrick Weil.

« On ne touche pas à ça ». Tant que les gens ne sont pas reconduits, notre devoir est de bien les traiter sur des points fondamentaux : l’accueil des enfants à l’école, la santé et l’hébergement d’urgence. On ne touche pas à ça. Après, s’ils sont en situation irrégulière, il faut les reconduire, mais on n’y arrivera pas de cette façon-là », conclut le politologue.

http://www.europe1.fr/politique/immigration-aucun-gouvernement-depuis-la-seconde-guerre-mondiale-navait-ose-aller-jusque-la-3531317

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Migrants: le médecin Raphaël Pitti a rendu sa Légion d’honneur

par la rédaction de Médiapart

Le spécialiste de la médecine de guerre proteste contre les « conditions indignes » dans lesquelles les migrants sont accueillis en France.

Le célèbre spécialiste de la médecine de guerre, et soutien d’Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, Raphaël Pitti, a annoncé vendredi 29 décembre à l’AFP avoir rendu la Légion d’honneur que le président de la République lui avait remise l’été dernier pour protester contre le traitement des migrants en France.

Le médecin met ainsi à exécution sa décision, annoncée il y a une semaine dans une tribune publiée par Libération. Dans ce texte, intitulé « Pour un bon Noël, monsieur le Président », il expliquait qu’il entendait ainsi dénoncer les « conditions indignes de la République » dans lesquelles les migrants étaient accueillis en France.

« Votre accession cette année aux plus hautes responsabilités se fit à l’aune d’une situation sociale et politique imprévisible et unique », écrivait Raphaël Pitti. « Toutefois, poursuivait-il, huit mois après, la réponse de l’État n’est pas à la hauteur des enjeux. 60 000 migrants ont été accueillis en 2016 dans des conditions indignes de notre République. »

Dans sa lettre, le médecin dénonçait le traitement « dégradant » réservé aux migrants. « J’appelle “dégradant”, en cette fin d’année dans notre République française, les agressions que subissent des gens en transit sur notre sol et auxquels on ne permet pas de satisfaire les besoins les plus fondamentaux tels que l’accès à l’eau, à la protection et à la sécurité, aux toilettes, au chauffage, à un couchage », écrivait-il. « On préfère les reléguer au statut d’ombre, dans les jungles, les forêts, les montagnes, allant jusqu’à condamner ceux qui auraient la bienveillante idée de les secourir. »

Raphaël Pitti s’inquiétait également de la place prise par le ministère de l’intérieur dans la politique migratoire. « Le versant sécuritaire de ce ministère a aujourd’hui pris le pas sur l’accueil et l’intégration, ce qui va à l’encontre de nos valeurs et de notre histoire », estimait-il. « Des maires – ils vous l’ont rappelé récemment –, des autorités – comme le Défenseur des droits –, des associations et des bénévoles pourraient témoigner du mauvais sort fait aujourd’hui aux migrants sur notre sol. Recevez-les, monsieur le Président, écoutez-les : une simple tape dans le dos ou une accolade ne leur suffira pas. »

En annonçant sa décision de rendre la Légion d’honneur qui lui a été remise en juillet dernier, Raphaël Pitti demandait au chef de l’État « de décider durant cette période de grand froid de suspendre toute mesure coercitive et de prendre les mesures urgentes de mise à l’abri de toutes les personnes en situation de fragilité ».Une semaine plus tard, le médecin est donc passé à l’acte. « J’ai été en Belgique et en Allemagne, j’ai vu les conditions d’accueil et j’ai honte de mon pays », réaffirme-t-il à cette occasion à l’AFP. Raphaël Pitti, qui avait rejoint en septembre 2016 les soutiens d’Emmanuel Macron, explique aujourd’hui avoir constaté un virage dans la politique gouvernementale. Le chef de l’État « avait un discours très humaniste, tout ça allait dans le bon sens et voilà que tout a changé mi-décembre », estime le médecin.

Il explique avoir été particulièrement choqué par la circulaire prévoyant, dans le cadre du projet de loi sur l’immigration et l’asile, de recenser les migrants dans les centres d’hébergement d’urgence. « D’entendre le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, dire qu’un Érythréen ou un Syrien peut demander l’asile, mais pas un Sénégalais… ce n’est pas à lui de décider qui a le droit de demander l’asile », fustige Raphaël Pitti.

« Le mouvement migratoire s’est amorcé et va s’amplifier, il faut en faire une cause nationale », plaide le médecin qui demande l’organisation « d’assises nationales de l’émigration et de l’intégration ». Le médecin précise également qu’il doit être reçu le 3 janvier par des conseillers du président.

Raphaël Pitti est un médecin humanitaire qui a travaillé sur nombre de conflits armés, en Yougoslavie ou au Liban. Depuis 2012, il forme du personnel soignant en Syrie. Il est également élu au conseil municipal de Metz.

SOS Méditerranée reportage envoyé spécial

Vous pouvez encore visionner en replay ce documentaire à bord de l’Aquarius. https://www.france.tv/france-2/envoye-special/355153-emission-du-jeudi-21-decembre-2017.html  ( voir à 1h28s)

Message de SOS Méditerranée

Cher(e) ami(e),

Ce jeudi 21 décembre, le documentaire d’Envoyé Spécial, l’Odyssée de l’Espoir sera diffusé à 20h55 sur France 2.

Réalisé par Hélène Eckmann, journaliste embarquée pendant 5 semaines à bord de l’Aquarius, il met en lumière le quotidien des équipes de SOS MEDITERRANEE, les opérations de sauvetage souvent complexes, mais également les témoignages poignants des rescapés qui fuient pour sauver leur vie.

Il nous tenait à coeur de partager avec vous ce moment, car c’est bien grâce à vous, et au soutien de milliers de citoyens que notre action est possible.

Toute l’équipe de SOS MEDITERRANEE vous remercie d’être là, et vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année !

Pour soutenir l’association https://don.sosmediterranee.org/b/mon-don

Briançon : Les états généraux des migrations

Tous migrants

Les 16 et 17 décembre 2017 le collectif « Tous migrants » organisait à Briançon des « États généraux des Migrations ». Deux militants d’Attac-Isère ont participé à cette manifestation. Des débats, des échanges avec le journaliste Edwy Plenel, l’agriculteur activiste de la Roya Cédric Herrou, des avocats, des élus, des professionnels de la montagne, un chirurgien de l’hôpital de Briançon….« Nous voulons nourrir le débat sur notre devoir d’hospitalité, sur une autre politique migratoire, mais nous avons aussi un devoir face à une urgence humanitaire. Nous avons tous peur d’un drame sur nos cols. La militarisation massive de la frontière conduit les migrants à des prises de risques inconsidérées » déclarent les professionnels de la montagne, accompagnateurs, guides, pisteurs, moniteurs .

De 1 500 à 2 000 migrants arrivés d’Italie ont tenté une dangereuse traversée des Alpes depuis trois mois pour arriver à Briançon par les cols. Devant cette situation,les professionnels de la montagne et les villageois de la Clarée, de Briançon et des vallées alentour se sont organisés pour leur venir en aide. Une initiative SOS Alpes solidaires s’est mise en place, pour « ne pas laisser les migrants mourir dans les cols ».

Près de 130 professionnels de la montagne (guides, accompagnateurs, pisteurs, gardiens de refuge) ont invité les élus, les journalistes et les citoyens à « s’encorder » le dimanche 17 décembre 2017 pour une marche au col de l’Échelle. Objectif : alerter les pouvoirs publics sur les dangers encourus par les migrants au passage des cols, particulièrement en hiver. Sur le modèle de SOS Méditerranée, ils lancent un SOS Alpes solidaires avec la signature d’une pétition demandant au gouvernement de ne pas surexposer les migrants au danger par des opérations de surveillance de gendarmerie. Ils demandent d’appliquer comme en mer la notion d’assistance à personne en danger.

Par une température glaciale ce sont plus de 300 personnes qui ont participé à cette « cordée solidaire » partie de Névache près de Briançon en direction du col de l’Échelle, entre la France et l’Italie. Ce col routier, fermé à la circulation en hiver, est devenu depuis plusieurs mois un lieu de passage des migrants qui n’ont aucun équipement ni aucune connaissance des risques en montagne. Ce danger est aggravé par la présence permanente de forces de gendarmerie qui sans cesse traquent les migrants.

Les organisateurs de cette manifestation qui ne veulent pas que les Alpes deviennent une seconde Méditerranée ont lu un communiqué, déclarant notamment: « La Méditerranée, les barbelés, les armées, les murs ne stoppent pas des personnes qui fuient leur pays. La montagne ne les stoppera pas non plus, surtout qu’ils en ignorent les dangers. Les professionnels de la montagne refusent que les Alpes deviennent le cimetière de ces personnes en détresse, c’est pour cela que l’on lance un SOS Alpes solidaires ».

En complément aux actions de sauvetage des migrants, de nombreuses initiatives ont été projetées : états généraux des migrations en 2018, initiatives citoyennes européennes, actions en justice, chiffrage des ressources et travail fournis par les citoyens…

« Il y a une crise de l’accueil et non une crise des migrants »

Georges Veyet, Joëlle Prévost

Photos Briançon Marche solidaire

Associations et citoyens solidaires font bloc

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Gardez le City Plaza Hotel ouvert en 2018

Chers amis et camarades,

City Plaza, le “meilleur hôtel” dans une Europe aux barrières et au racisme croissants, fait aujourd’hui face à d’importantes difficultés financières. La campagne de collecte de fond internationale et les donations directes – qui ont été un succès durant la première année du projet – ont sévèrement diminué. C’est pourquoi, nous appelons une fois de plus à toutes les personnes et groupes qui ont rendu possible le projet de City Plaza à travers leurs contributions. Nous demandons aux groupes locaux et aux initiatives de diffuser le message et d’organiser des événements et soirées de solidarité. Nous demandons aux collectifs ou particuliers de se joindre à notre campagne, de partager nos vidéos et notre appel pour garder City Plaza en vie.Jusque ici, et depuis environ 20 mois, City Plaza a réussi à être une maison de dignité, de sécurité et de lutte pour plus de 1.700 personnes réfugiées – plus d’un tiers étant des bébés et enfants. Ceci est dû à l’effort infini d’une centaine d’activistes, à travers la solidarité et l’autogestion. Mais ce n’aurait pas été assez sans le support de nos donateurs et sans votre support.

City Plaza est entièrement basé sur le volontariat, sans aucun personnel rémunéré et fonds publics. Mais pour avancer, cela demande beaucoup de ressources. Pour le moment, City Plaza est à un important carrefour. Bien que les dépenses, quand on les compare aux camps officiels, soient plus basses de 1/5, les aliments frais et l’huile de cuisson prennent une grande portion du budget de City Plaza. Il y a aussi beaucoup d’autres dépenses – produits pour bébés, médicaments, lessive, matériel scolaire, produits de nettoyage et d’hygiène, etc.

City Plaza a besoin de votre soutien pour pouvoir continuer comme alternative de vie face à la dominante gestion européenne de l’immigration en Grèce.

Gardez le “meilleur hôtel en Europe” ouvert!

Rejoignez la campagne

https://youtu.be/3qHfyNIUsRo

 Le 22 avril 2016, 250 activistes et personnes réfugiées ont pris l’hôtel City Plaza dans le centre d’Athènes. L’hôtel et beaucoup d’autres affaires commerciales ont fermé pour plus de 6 ans après l’effondrement économique et à cause de la politique d’austérité gouvernementale. Cet hôtel abandonné a été transformé en un Espace de Logement et de Solidarité pour Réfugiés. Depuis, cette initiative de solidarité, durant plus de 600 jours, a assuré un logement gratuit et décent à plus de 1700 personnes dans l’hyper centre d’Athènes, sans la demande de leur nationalité ou permis de résidence. Ces personnes sont logées dans les 120 chambres de l’hôtel, 350-400 individus dans un même temps.

City Plaza a émergé comme une réponse directe du mouvement solidaire suite aux effets désastreux du Deal UE-Turquie et la fermeture militaire de la Route des Balkans. City Plaza a été squatté pour assurer aux personnes déplacées une alternative avec sécurité et dignité par rapport aux misérables, non hygiéniques et cruelles conditions des camps de réfugiés, hot-spots et des centres de détention. En faisant ça, City Plaza lance un message politique clair : des conditions de vie décentes pour tout le monde sont possibles, même dans un pays touché par la crise comme la Grèce.

En même temps, City Plaza est devenu un lieu de solidarité transnational et de lutte contre le régime de la migration en UE. Un espace de vie commune mais aussi un espace de lutte contre les nouvelles formes d’exclusions et de répressions qui ont émergé après le “long été de la migration” en 2015. Nous nous levons pour la liberté de bouger et le droit de rester, contre la coopération de l’UE avec les régimes autoritaires et répressifs en Turquie et en Libye. Nous condamnons la réimplantation de la pratique illégale de repoussement par le gouvernement grec et nous nous battons contre et les horribles conditions de vie pour les personnes réfugiées à l’est des îles Aegean.

Solidarity Will Win !

 

Contactez nous support@best-hotel-in-europe.eu

https://best-hotel-in-europe.eu/fr/gardez-le-city-plaza-hotel-ouvert/

SOS méditerranée : le calvaire des mères

Le calvaire des mères de la Méditerranée

11/12/2017

Ces derniers mois, la proportion de femmes et d’enfants parmi les naufragés secourus en mer par SOS MEDITERRANEE tend à augmenter, rendant d’autant plus criant le drame humain qu’endurent les migrants et les réfugiés de l’autre côté de la Méditerranée. La plupart des femmes accueillies à bord de l’Aquarius sont meurtries par des violences sexuelles répétées, la plupart des enfants sont nés ou ont grandi derrière les barreaux en Libye avant d’être poussés avec leur mère sur des embarcations de fortune en Méditerranée. Sans oublier les femmes enceintes.

Accouchement en cours sur l’Aquarius

A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’Aquarius navigue vers la Sicile avec à son bord 450 personnes originaires d’une vingtaine de pays différents d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Mali…), d’Afrique du Nord mais aussi d’Erythrée, de Syrie, de Libye, de Palestine, du Pakistan…

Parmi eux, 101 mineurs, dont 60 non accompagnés et 78 femmes, dont six sont enceintes. L’une d’elles a même commencé le travail et a été prise en charge par l’équipe médicale de Médecins Sans Frontières (MSF), partenaire médical de SOS MEDITERRANEE, dès son transbordement. Une date symbolique pour l’Aquarius, car aujourd’hui, 11 décembre, correspond justement à la date anniversaire de la naissance de Favour, qui voyait le jour sur l’Aquarius un an plus tôt, dans des conditions tout aussi difficiles.

Tous sont rescapés d’un probable naufrage et des exactions dans les camps de détention en Libye. Une jeune Guinéenne secourue samedi a ainsi raconté aux volontaires de SOS MEDITERRANEE comment, dans un centre de détention, elle a eu la lourde tâche d’appeler la famille d’une de ses codétenues pour lui annoncer une terrible nouvelle. « Le jour de la visite d’officiels guinéens dans la prison, mon amie a eu peur que ce soit un mensonge et d’être kidnappée et torturée, alors nous nous sommes cachées. Quelques jours plus tard, elle a été violée et frappée par nos tortionnaires libyens et elle est morte ».

« Allez mourir en Méditerranée »

Le 25 novembre dernier, l’Aquarius secourait un canot en bois où s’entassaient 421 personnes dont 40% étaient des femmes. Deux jours plus tôt, elles étaient 57 sur un total de 171 passagers à bord d’un canot pneumatique.

 « Ils nous ont dit : « allez mourir en Méditerranée » avant de nous pousser à bord du canot ». Cette phrase prononcée par une des femmes secourues en mer résonnait encore dans la tête des sauveteurs, des équipes médicales, de l’équipage de marins mais aussi des journalistes qui revenaient, éprouvés, de la trentième campagne de sauvetage de l’Aquarius en Méditerranée.

Sur le quai du port de Catane, en cette fin novembre ils regardaient, le cœur serré, les naufragés descendre un à un de la passerelle. Les femmes enceintes et familles avec enfants d’abord, puis les mineurs non accompagnés, puis les hommes. De tous ces visages, ils savaient que certains resteraient figés à jamais dans leur mémoire.

« Le lendemain du sauvetage du canot en bois, un jeune érythréen qui nous avait aidés comme interprète auprès des autres passagers qui ne parlaient que le tigrinien, m’a tiré par le bras et pris à part », racontait l’un des journalistes qui se trouvait à bord pendant cette semaine dramatique en Méditerranée.  « Il m’a emmené à tribord, jusqu’au banc en bois où nous nous asseyions encore la veille pour regarder le coucher de soleil. Recroquevillée dans sa couverture, la tête couverte d’un voile, une jeune femme visiblement angoissée l’attendait. « C’est ma femme, elle voudrait savoir si elle est enceinte » m’a dit le jeune homme. Je les ai immédiatement accompagnés à la clinique pour qu’ils puissent rencontrer la sage-femme » poursuivait le reporter d’un ton grave.

Ces enfants nés du viol

En sortant de la consultation, la jeune femme a fondu en larmes. Depuis des mois elle voyait son ventre gonfler, persuadée qu’il s’agissait d’une maladie, d’un « abcès » ou d’une infection due à la malnutrition, à l’eau non potable qu’elle n’avait eu d’autre choix que de boire pour survivre dans le désert, aux coups reçus par des passeurs ou au manque d’hygiène dans les centres de détention en Libye où il n’y avait ni sanitaires, ni visites médicales. Mais non, ce ventre enflé était le stigmate de la pire violence que cette jeune femme ait subie au cours de ce voyage : violée à répétition par des soldats au Soudan devant les yeux de son mari que les gardes venaient d’enchaîner à un parpaing en plein soleil.

« Malgré la souffrance que leur procurait la confirmation de cette grossesse, le jeune couple a eu le courage de nous raconter ce voyage atroce. Ils voulaient que le monde entier sache ce qu’endurent les réfugiés, et tout particulièrement les femmes de l’autre côté de la Méditerranée, pour faire en sorte que cela n’arrive à personne d’autre » poursuivait le journaliste. « Quelques minutes plus tôt une autre rescapée m’avait confié que toutes les femmes du groupe secouru la veille avaient été violées au moins une fois avant la traversée. Recueillir le témoignage de ce couple a été une prise de conscience brutale que tout cela était bien réel ».

Les équipes médicales à bord de l’Aquarius estiment qu’environ 8% des femmes retrouvées en mer sont enceintes. Même si beaucoup refusent de l’admettre, car ces grossesses sont souvent consécutives à des violences sexuelles répétées pendant la période d’incarcération en Libye et parfois avant même de quitter leur pays d’origine.

Les témoignages de ces femmes sont si terribles que les retranscrire est une épreuve en soi. « Une des femmes m’a expliqué qu’elle avait été pénétrée avec un canon de kalashnikov, à plusieurs reprises. Comment est-ce qu’un être humain peut imaginer et infliger de telles tortures à un autre être humain ? » confiait, hébétée, en début d’année, une sage-femme de l’Aquarius. « J’ai entendu certains récits similaires des dizaines et des dizaines de fois, mais je ne peux pas m’y habituer. Certaines des femmes ont été tellement malmenées, surtout les mineures, qu’elles ne font plus la différence entre une relation sexuelle consentie et un viol » poursuivait-elle.

Une jeune Nigériane de 24 ans lui confiait ainsi comment, un soir, elle avait dû fuir son village « à cause de Boko Haram ». « Cette nuit-là, j’ai perdu la trace de mes sœurs et un homme dans la rue m’a dit qu’il pouvait m’aider. Il m’a emmenée dans une maison où il y avait beaucoup d’Arabes et j’ai été violée. J’étais vierge. Je ne me rappelle pas de ce qu’il s’est passé après, mais quand je me suis réveillée, j’étais dans une voiture avec d’autres femmes et elles m’ont dit qu’on allait en Libye. J’ai été enfermée dans une prison et la seule échappatoire c’était le bateau pour l’Italie » lui racontait cette jeune femme qui venait de découvrir qu’elle était enceinte de 15 semaines. « Elle m’implorait : ‘Aidez-moi, je ne veux pas de cet enfant !’ ». Je me demande ce que toutes ces femmes sont devenues après le débarquement, j’espère qu’elles ont été prises en charge et protégées par les autorités européennes » s’inquiétait la sage-femme de Médecins Sans Frontière avant de quitter Catane pour repartir en mission à l’autre bout du monde.

« Mon bébé est né dans le désert »

A bord de l’Aquarius « la prise de conscience est brutale ». Les femmes secourues en mer, les mêmes qui exultent à la vue des premières lumières de la côte italienne, qui regardent l’horizon à travers les hublots avec un regard rempli d’espoir, ces femmes portent en elles des blessures profondes mais invisibles.  Les enfants qui se ruent sur les jouets et les crayons que leur tendent les volontaires, qui demandent un deuxième gobelet de porridge, qui font rire tout l’équipage épuisé par des opérations délicates, ces enfants sont pour la plupart nés dans le désert ou dans les centres de détention en Libye.

En cette fin novembre, les sauveteurs de SOS MEDITERRANEE ont retrouvé un bébé âgé de tout juste trois jours sur l’un des canots perdus au large de la Libye. Ils ont retrouvé aussi le corps d’une femme qui avait accouché quelques jours plus tôt d’un enfant mort-né sur une plage. Ils ont écouté enfin une des rescapées raconter comment une femme était morte en prison en Libye après avoir donné naissance à un bébé.

« Dans la prison, une femme est morte après avoir accouché, nous avions coupé le cordon ombilical avec du fil, parce qu’il n’y avait rien, pas de médecins, pas de soins. On ne se lavait pas. On nous mettait de la drogue dans la nourriture pour nous faire dormir, l’eau n’était pas potable » a raconté cette jeune maman camerounaise, en berçant un bébé. « Mon enfant est né dans le désert du Niger. En Libye nous avons été en prison pendant 5 mois à Sabratha, avec le bébé. Je continue de l’allaiter pour le protéger. Il a un an et demi, il fait plus grand que son âge, c’est à cause de tout ce qu’il a vu » poursuivait-elle en essayant de calmer le bébé en pleurs.

« Quand il ne pleure pas, tout ce qu’il dit c’est « pan pan pan », c’est à cause de ce qu’il entendait en Libye ».

A la veille des célébrations de Noël, le calvaire de ces mères, de ces femmes violées et persécutées, de ces enfants poussés vers la mort en Méditerranée dans les bras de leurs parents prend une dimension encore plus intolérable.

En 22 mois de mission, SOS MEDITERRANEE a secouru plus de 25 000 personnes en mer, dont 16% de femmes et près de 34% de mineurs.

Face à une situation d’urgence persistante et au manque de réaction des responsables européens devant la remise en cause de valeurs humaines fondamentales aux portes de l’Europe, l’Aquarius s’apprête à passer un nouveau Noël en Méditerranée centrale pour secourir ceux qui cherchent à fuir l’enfer, pour les protéger et pour continuer à témoigner de la réalité vécue par ces hommes, femmes et enfants en quête de protection.

Photo : Archives Anthony Jean / SOS MEDITERRANEE

source http://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/le-calvaire-des-meres-de-la-mediterranee

Pour soutenir SOS Méditerranée http://www.sosmediterranee.fr/

Le récit du convoi solidaire de novembre

Le convoi de tous les dangers par ·  

Digne d’un polar !

Jamais convoi solidaire en Grèce n’a été aussi périlleux :
– barrage policier,
– filatures très visibles,
– pressions diverses,
– propagande médiatique,
– accusations délirantes,
– menaces fascistes explicites,
– plusieurs de nos lieux solidaires en grandes difficultés,
– l’un d’entre eux sur le point de mettre la clé sous la porte,
– attaque incendiaire néo-nazie sur un autre,
– inondations dramatiques,
– programme sans cesse chamboulé,
– six membres du convoi blessés par des policiers durant une manif,
– un autre arrêté et poursuivi en Justice puis libéré,
– un autre encore hospitalisé puis rapatrié en France…

On vous avait prévenus de longue date : ce convoi allait être plus politique que les précédents. Période importante. Météo moins clémente. Manif anniversaire. Nous savions également qu’après notre convoi très remarqué du printemps (26 fourgons), sous le feu malveillant des médias grecs, la surveillance du pouvoir et la haine des néo-nazis, nous serions probablement attendus. Sur les réseaux sociaux, début novembre, des fascistes cherchaient à savoir notre date exacte d’arrivée. Le pouvoir était également aux aguets. Qu’importe. Nous savions que ce serait compliqué et nous avions clairement prévenu nos candidats au voyage.

Contrairement au printemps, aucun enfant n’était admis dans le convoi, excepté Achille que nous avions prévu de laisser chez une parente à Athènes dès notre arrivée. Mais celle-ci, bien désolée, se décommanda au dernier moment, ajoutant une épreuve de plus durant le séjour : un petit gars de 8 ans avec nous dans ce qui allait devenir une véritable tempête.

Avec notre collectif Anepos, parallèlement à nos films solidaires, c’était la dixième fois depuis 2012 que nous coordonnions un transport de matériel vers nos lieux autogérés en Grèce, parfois très modestement avec de simples voitures, et c’était la quatrième fois durant l’année 2017 :
– 7 véhicules en janvier, dont 3 pour Athènes ;
– 26 fourgons en mars-avril (record absolu) ;
– 3 en août-septembre ;
– 16 véhicules en novembre-décembre, dont 15 fourgons et une voiture.

Au sens fort du mot convoi, c’était la deuxième fois seulement qu’on dépassait la quinzaine de véhicules et la trentaine de convoyeurs. Pour la plupart, nous venions du sud de la France : Bordeaux, Marseille et, surtout, les environs du Tarn (5 fourgons sur 16). D’autres nous avaient rejoint depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Limoges, la Bourgogne ou encore la Savoie, la Suisse et la Belgique. La moyenne d’âge était un peu plus élevée qu’à l’habitude et 18 convoyeurs sur 33 étaient déjà partis avec nous.

Seul regret : malgré notre appel pressant dans les réseaux antifascistes, plusieurs de nos camarades motivés avaient finalement du reporter leur départ. Nous n’étions donc qu’un quart des convoyeurs vraiment expérimentés dans ce domaine, alors que nous aurions souhaités être une bonne moitié dans ce profil, vu les circonstances délicates.

Cependant, le courage n’a pas manqué, personne dans le groupe n’a jeté l’éponge dans l’épreuve et, au final, dans des circonstances très difficiles, non sans quelques tensions inévitables, nous avons réussi à remplir tous nos objectifs, et plus encore, en participant également à la solidarité avec les sinistrés des inondations mortelles de l’ouest athénien.

Nous avons également battu le record absolu de soutien financier jamais apporté en convoi : 22 897 euros apportés contre 19 280 euros au printemps. Une somme répartie, à la suite de notre assemblée sur le ferry, entre 32 actions solidaires, principalement dans le quartier rebelle d’Exarcheia, mais aussi ailleurs à Athènes, ainsi qu’au Pirée, en Crète, à Lesbos ou encore à Thessalonique.

Une aide répartie, comme à l’habitude, environ à 50/50 entre précaires grecs et réfugiés/migrants, sans oublier le soutien aux camarades réprimés, poursuivis ou incarcérés.

Croulant sous les dettes, L’autre humain, fameux réseau de 17 cuisines sociales gratuites et autogérées, avait prévu de quitter avant la date du 15 décembre son lieu de vie spacieux dont la location n’était plus possible. Mais la solidarité de quelques dizaines d’ouvriers dans une usine voisine a finalement permis de rassembler un quart de la somme nécessaire. Alors, nous avons fait le reste, effaçant la totalité des dettes et assurant plusieurs mois de loyer d’avance.

Côté matériel, nous avons apporté une tonne et demi de lait infantile, plus de 10 000 couches, des soins et de la nourriture pour les bébés, des produits ménagers et d’hygiène, des fournitures médicales, des photocopieurs et des ordinateurs, de l’alimentation générale (nous avons aussi acheté un peu de frais sur place) et, bien sûr, des jouets très attendus, souvent accompagnés de messages, affiches, autocollants, ainsi que des dessins transmis par les écoles de Port-St-Louis dans les Bouches-du-Rhône. Valeur totale du chargement : environ 70 000 euros.

Tout ce qui a été demandé puis collecté a été transmis, sans exception, malgré les embûches, sans intermédiaire ni aucun frais, directement au mouvement social qui résiste en Grèce et organise l’entraide dans l’autogestion. C’était un défi cette fois, comme vous allez le voir en photos. Un défi relevé par mes 32 compagnons de voyage. Grand merci à elles, à eux d’avoir tenu bon dans l’adversité, chacun à sa façon. Même si ce ne fut pas toujours simple pour moi aussi, je leur tire mon chapeau, et Maud également.

Je n’en dis pas plus : les photos qui suivent vont vous résumer ce que nous avons traversé, durant ce dernier convoi solidaire de l’année, de mi-novembre à aujourd’hui, dans un tourbillon d’événements et une succession d’épreuves.

Merci à vous tou-te-s de votre soutien.

La suite au printemps. On en reparle en janvier.

Solidairement,

Yannis Youlountas

La suite ici, en images :
http://blogyy.net/2017/12/11/le-convoi-de-tous-les-dangers/
(récit, bilan, vidéos et photos, comme toujours libres d’usage)

 

16 décembre Tou-te-s à Menton

Le collectif de Grenoble soutient l’appel du CIIP de Grenoble

A Menton, le 16 décembre, de l’air, ouvrons la frontière !

Nous manifesterons contre leurs 40 000 kilomètres de murs, aussi longs que le tour de la Terre, contre leurs frontières érigées soi disant pour protéger à la fois du terrorisme et de tous ceux et de toutes celles qui cherchent refuge, des « murs anti migrants » comme le dit cyniquement le gouvernement britannique en parlant de celui de Calais !

Les frontières de la honte !

Le renforcement des frontières visent à matérialiser le rejet définitif de tous ceux et toutes celles qui fuient le chaos du monde. Misères, dictatures, et dérèglements climatiques ne sont pas des catastrophes « naturelles », elles sont le résultat des politiques néo coloniales de pillages économiques, de mises à sac des sociétés en Afrique, en Asie, au Moyen Orient, de la destruction des États par les guerres conduites par les gouvernements impérialistes occidentaux dont la France.

L’Union Européenne joue pleinement son rôle dans la construction d’une forteresse dorée protégée des plus pauvres. Ses dirigeants, c’est à dire les chefs des 28 États qui la composent, tentent d’unifier au maximum leurs politiques anti-migratoires autour d’un seul axe : bloquer le plus loin et le plus fermement possible les migrants qui, au prix de périples d’une extrême violence, parviennent quand même aux portes de l’Europe. L’UE cherche une cohérence politique commune pour que plus jamais, l’Espagne ne régularise massivement des étrangers, que l’Allemagne n’accueille 800 000 migrants, ou l’Italie ne crée une « Mare Nostra ». Pour arriver à ses fins, au mépris de toute morale, l’UE n’hésite pas à financer l’encampement des migrants en signant des accords iniques, comme les millions d’euros distribués au gouvernement turc depuis 2016 pour « parquer » des migrants.
D’autres accords sont en cours de conclusion avec le Maroc ou la Libye, au moment même où Macron crie au crime contre l’humanité dans ce pays, en découvrant (vraiment ?) le commerce des humains qui s’y déploie ! La Libye dont les structures ont été totalement détruites notamment par la guerre privée pourrie menée par Sarkozy !

Un règlement européen en négociation, qui s’imposera de droit à tous les États européens comme une frontière législative commune, prévoit le renvoi des personnes qui demandent l’asile dans des « pays tiers sûrs », ou des « morceaux de territoires sûrs ». Des régions du Soudan ou d’Afghanistan, voire de Libye à terme, pourraient être considérées comme sûres ! Le gouvernement français toujours à la pointe de l’horreur, travaille déjà sur un projet de loi anti immigration pour 2018

Tous sur la frontière italienne le 16 décembre

Les accords de Schengen ont été suspendus temporairement depuis novembre 2015 pour permettre les contrôles aux frontières dans toute l’espace Schengen. Ainsi à la frontière franco italienne, les CRS et policiers de la PAF contrôlent systématiquement les personnes « d’apparence migrante » (!). Depuis le 13 novembre 2015, la libre circulation est vraiment supprimée. Et avec elle, un autre droit : celui de pouvoir déposer une demande d’asile.

D’après Eurostat, en 2016, 54 500 personnes ont été empêchées de rentrer sur le territoire français, elles seraient 90 000 cette année.
Chaque jour 100 à 150 personnes sont refoulées à la frontière italienne au motif qu’elles n’avaient pas de titre valide d’entrée sur le territoire. Elles ont été retenues quelques heures ou toute une nuit dans des algécos et au premier étage de la gare de Garavan. Des mineurs, des majeurs souvent afghans, soudanais et érythréens y ont été entreposés sans lits, sans matelas, sans nourriture avant d’être renvoyés dans un train pour Vintimille.
Ce sont des lieux et des procédures qui n’ont aucune existence légale. Juste une simple décision d’un préfet et des « petits arrangements » avec les autorité italiennes !

Ouvrons les frontières !

Des procédures qui n’existent pas pour des personnes dont les États, ici français et italiens, dénient tout simplement le droit à la vie ! Par tout cela, nous sommes révoltés et nous voulons mettre en actes notre colère pour que ça change vraiment maintenant ! Nous serons nombreux près de la frontière, plusieurs manifestations vont s’y dérouler sous des formes différentes, à Névache, au pied du col de l’échelle, à Briançon. Toutes dénonceront ce monde empoisonné par un système économique profondément injuste, inégalitaire et cynique, destructeur des personnes, de leur humanité et de la planète. Ils diront leur volonté, aux côtés et avec de nombreuses personnes qui cherchent refuge, de résister à l’oppression subie, d’inventer un monde solidaire. Parce que c’est notre droit, notre liberté et notre devoir communs.

Avec la Cisem et d’autres organisations, associations, partis, avec de nombreux collectifs unitaires locaux, répondant à l’appel de l’association Roya solidaires, du collectif solidarité migrants 06 et de la coordination sans papiers 75, nous irons manifester à Menton Garavan. Pour l’ouverture des frontières, le droit d’aller et venir, de se fixer où nous voulons, pour la fin de la criminalisation des migrants et des personnes solidaires. Et nous lutterons jusqu’à ce que nous gagnions !

Il reste encore des places dans le car, on peut encore s’inscrire au CIIP

source http://www.ciip.fr/spip.php?article1451

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