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Migrants et migraines La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Migrants et migraines

Juillet et ses températures déjà entières. En mer, on peut parfois croiser imprudemment un de ces géants du grand large transportant l’ultime pacotille de notre si bas monde, tandis que sur terre, c’est carrément le cloaque. Sous l’Acropole, à part nos animaux adespotes attitrés bien en leur place, seuls les orages de la météo sont passés, les idiots utiles qui “gouvernent” alors demeurent.

Sous l’Acropole. Athènes, juin 2018

Alexis Tsípras s’est rendu à Thessalonique mercredi 4 juillet pour une réunion avec ses homologues, bulgare, serbe et roumain, sauf que pour la première fois dans pareils cas, la réunion s’est tenue au sein de l’hôtel près de l’aéroport et non pas en ville, par crainte d’affronter la colère des manifestants de Thessalonique… très remontés il faut dire. Tous les accès conduisant à l’hôtel de l’aéroport ont été barrés par les forces de l’ordre… afin de protéger le Premier ministre le plus haï en Grèce depuis 1945. Tsípras, qualifié à juste titre de traître partout en Grèce et d’abord dans ses régions du nord, Épire, Macédoine et Thrace, n’a donc pas quitté l’hôtel, sauf pour reprendre l’avion vers Athènes le même soir.

En cette Grèce du nord depuis l’accord paraphé entre la “Grèce” de Tsípras et l’ARYM du Premier ministre Zoran Zaev, les élus SYRIZA sont pris à partie et même parfois ils sont quasiment agressés par les citoyens, dès qu’ils osent se montrer en public, comme cette semaine à Kavala pour le député SYRIZA Yórgos Papaphilippou… sauvé de justesse grâce à sa bonne garde policière.

Athènes, juillet 2018

Ensuite, l’autre dernière histoire drôle du pantin Tsípras, c’est qu’il acceptera en Grèce bon nombre de migrants que l’Allemagne refoulera après avoir fait son tri et son marché au détriment comme toujours des autres pays de la pseudo UE. C’est Angela Merkel qui vient d’annoncer son accord avec le valet Tsípras, ce dernier n’aura même pas informé au préalable le “Parlement”, (quotidien “Kathimeriní” du 4 juillet 2018). Encore une fois, et faisant suite à l’affaire macédonienne, Alexis Tsípras “décide” seul, contre l’immense majorité du peuple grec et contre les intérêts du pays. Jusqu’à quand ?

Sur le thème macédonien, le ministre Yórgos Katroúgalos (SYRIZA), joint au téléphone par le journaliste de la radio 90,1 FM, vient de déclarer que même si la majorité des citoyens s’oppose à la politique de l’exécutif sur le dossier macédonien, “le gouvernement n’organisera pas de référendum comme il ne considère pas non plus, que sa décision doit être validée à l’Assemblée de manière large, c’est-à-dire, approuvée par les deux tiers des députés. Et ceci, étant donné que sur ce type de dossiers hautement émotionnels, on ne doit pas poser les questions par référendum, qui plus est, en ce moment et sur ce dossier, lorsque le peuple ne raisonne nullement par un procédé d’une logique disons froide, mais seulement, il s’agite sous la seule force et influence d’un processus affectif”, (émission de Dimítris Takis, le 3 juillet 2018, et c’est à la minute 40’ du fichier sonore archivé sur le serveur de la radio).

Nos animaux adespotes attitrés. Athènes, juin 2018
Nos animaux adespotes photographiés. Athènes, juin 2018

Notons que Katroúgalos, Stalinien dans sa jeunesse, puis Pasokien, notamment durant un moment, conseiller au cabinet de la gouvernance de Yórgos Papandréou, sous l’influence comme on sait des… “thaumaturges” de Soros, est très précisément ce ministre ayant proposé et même… donné son nom à la dernière loi assassine des retraites et ceci, de manière… automatique et permanente.

Comme l’écrit ailleurs à sa manière Nicolas Bonnal, Katroúgalos appartient à cette “droite néocon et libertaire contrôlée par les bobos (un lecteur de Blondet parle de clones: Tsípras, Macron, Sanchez ou Casado, Trudeau, etc.), les féministes humanitaires – et sans enfants – dans le genre de May ou Merkel (elles sont de droite, pas vrai ?) – laquelle droite – continuera de rendre des comptes aux bourreaux-comptables de la mondialisation et de sacrifier un peuple rendu distrait par son Smartphone ou par ses matches de foot.”

Le schéma, pleinement discernable, devient désormais classique. Katroúgalos, Tsípras et consorts, agitateurs au verbiage historiquement gauchisant ayant toujours prétendu s’exprimer au nom du peuple sans jamais y croire en réalité, autant personnages politiques largement minoritaires dans la société du pays réel (SYRIZA fut un parti du 3% avant la dite crise grecque), arrivent ainsi au pouvoir préparées par les mondialisateurs et par le mensonge, sans la moindre morale de l’intérêt public, ni du pays, ni de la nation, somme toute, pour assassiner à la fois leur gauche, le peuple et le pays. Vaste chantier…

Athènes, juillet 2018
Propagande. Paris, juillet 2018 (photo de mon ami Arnauld)
Faire les poubelles. Athènes, juillet 2018

Approchés et finalement intégrés par le systémisme, entre autres celui du financier Soros, ils appliquent en bonnes marionnettes toutes les instructions de son programme ubuesque qui vise à démanteler les pays (déjà) de l’Europe, leur culture ainsi que leur identité, par exemple en exacerbant (voire en fabriquant) les différences et les différents ethniques, à la manière par exemple de l’ex-Yougoslavie ou de la Syrie. Et maintenant, c’est le tour de l’Espagne avec la mise en place du cabinet Sanchez fils spirituel de Soros, et de la Grèce avec Tsípras, fils… adoptif de Soros.

Les moyens mis en œuvre dans ce but sont variés, l’austérité, la surimposition, la prédation immobilière, la destruction du travail et de son cadre juridique après près de deux siècles de luttes sociales, la récupération enfin des migrants de partout y compris d’Allemagne, ceci via des ONG aux affaires bien juteuses sans la moindre légalité sur le terrain du (non) contrôle des frontières, et d’ailleurs, sans jamais poser la question du choix démocratique aux peuples concernés, quant à l’accueil ou non, d’un nombre de migrants alors croissant.

Ainsi, comme pour d’autres réalités implacables et similaires, l’argumentaire (face au journaliste de 90,1 FM) du ministrion Katroúgalos, est issu de cette même affirmation élitiste et la croyance dans la puissance et les privilèges de cette élite, affirmation volontairement et autant renforcée par la déshumanisation et la dégradation de… l’ennemi, c’est-à-dire du peuple. Pauvres pays de l’extrême, ancien et nouveau monde, et pour notre cas grec, pauvre pays d’Épicure, de surcroît très touristique !

Pays… d’Épicure. Grèce, 2018
Hôtel à vendre. Île d’Égine, juillet 2018
Hôtel à vendre. Île d’Égine, juillet 2018

Cependant, tout le monde en Grèce, s’accorde pour observer que sur l’affaire macédonienne, les… apatrides de SYRIZA ont largement sous-estimé la portée de leurs actes, autant que le caractère tectonique de la réaction populaire alors suscitée. Leurs maîtres, ainsi que le gotha des spécialistes en matière de mécanique sociale leur auraient très probablement suggéré que le crime passerait presqu’inaperçu dans la mesure où les Grecs dans leur grande majorité sont quotidiennement occupés et pour tour dire accablés, par leurs propres affaires déjà de survie.

Seulement, la presse fait encore et en partie son travail, ainsi, les Grecs sont par exemple désormais informés que l’accord de Tsípras – Zaev n’est déjà pas conforme à la Convention de Vienne quant aux conditions préalables et nécessaires pour la rédaction et la réalisation d’un traité international entre deux pays. Ceci, parce que par exemple, aucune possibilité de désengagement n’est prévue en cas de la non-validation de l’accord par les deux parlements.

Ensuite l’équilibre et la symétrie quand au processus de validation de l’accord dans les deux pays ne sont pas non plus respectés. D’une part, il y a la réalité du référendum sur l’accord que le gouvernement de Skopje a très justement annoncé pour l’automne prochain, et en même temps du côté grec, il y a le refus de référendum en Grèce de la part des criminels Syrizistes.

Après, l’accord, contrairement aux usages internationaux, ne précise pas les termes utilisés, notamment, lorsqu’il est question “d’irrédentisme à proscrire dans les propos publics et privées”, ce dernier terme (son contenu) n’est aucunement expliqué, sachant que l’irrédentisme officiel (annexion de l’ensemble des territoires de la Macédoine géographique) est formellement exprimé dans la Constitution de l’ARYM, ainsi qu’à travers les manuels scolaires de ce pays. Notons enfin, que le Comité pour la défense de la Macédoine grecque est très officiellement appelé aussi, Comité pour défendre le non-changement des frontières dans les Balkans, c’est donc clair, pas de revendication territoriale du côté grec.

De même, cet accord ne prévoit pas le recours automatique à la Cour internationale de Justice (CIJ), siégeant à La Haye, au cas où, un futur différent pourrait surgir. Ce qui veut dire qu’entre autres, comme le droit à la libre expression des opinions est protégé par la Constitution grecque, le fait de proscrire ce qui pourrait être caractérisé comme relevant de l’irrédentisme constitue une manière indirecte de céder des éléments de la souveraineté du pays.

Local associatif des anciens marins. Égine, juin 2018
Bateau Liberty. Anciens marins. Égine, juin 2018
Immeuble à vendre. Égine, juin 2018

Pour Alexis Tsípras, certaines décisions et réformes ne sont pas populaires en Grèce, sauf qu’il estime que sont gouvernement doit… foncer dans le progressisme, tel est également le sens de son propos au moment où il été interviewé par les journalistes du Point. Et à travers le même nouvel ordre d’idées, Dimítris Vitsas, Ministre de la (non) politique migratoire, vient de déclarer que 151 députés (sur un total de 300) suffisent pour valider l’accord macédonien, (quotidien “Kathimeriní” du 5 juillet 2018).

Visiblement, comme le fait également remarquer à juste titre le journaliste Lámbros Kalarrytis (et ses invités) sur la radio 90,1 FM, “Tsípras donne tout de cette la Grèce, celle qui n’a jamais été la sienne. Les droits des Grecs, la souveraineté, les frontières, la patrie. Et pour ce qui est du programme électorale présenté à Thessalonique par Tsípras en septembre 2014, aucune mention n’a été faite à la politique migratoire, et encore moins au dossier macédonien.”.

“Ainsi, Tsípras présente la petite faveur, au demeurant minable, accordée par Angela Merkel, lui permettant de retarder de quelques mois seulement l’augmentation du taux de la TVA appliqué aux îles de mer Égée orientale, comme légitimant l’accord de son ‘gouvernement’ avec Berlin au sujet de l’accueil forcé et pour tout non désiré par l’immense majorité des Grecs, des migrants que l’Allemagne refoulera”, (émission du 2 juillet 2018). Autrement-dit, la dette très contestée a imposé à la Grèce la politique impériale de Berlin et des rapaces internationaux, dont la politique austéritaire et l’augmentation de l’imposition. La politique économique de la Grèce se décide entre Berlin et Bruxelles, Tsípras a offert en gage et pour 99 ans l’ensemble des biens publics et des richesses existantes et futures du pays (voir hydrocarbures et gaz naturel) aux Troïkans, et voilà que pour n’appliquer que l’unique et alors inique politique migratoire de Berlin au détriment des autres pays de l’Européisme réellement existant, Merkel accorde un… petit miroir à l’indigène Tsípras, comme demain elle l’offrira à l’aborigène Mitsotakis.

Église. Égine, juin 2018
Église. Égine, juin 2018

“Ceux du gouvernement évoquent la présence en Grèce de 58.000 migrants, un chiffre entièrement faux évidemment. Sauf qu’en Grèce (où d’ailleurs, migrants et refugiés ont été dans un premier temps accueillis avec tant d’humanité entre 2014 et 2015), nous avons dépassé le seuil de faisabilité acceptable, tant du point de vue démographique, économique et culturel quant à l’accueil et l’installation des populations de ce type sur notre sol. L’Allemagne, une fois de plus, elle exporte ses problèmes contre la volonté, contre les intérêts et contre l’identité culturelle en partie commune des peuples européens.”

“La présence massive de populations en majorité musulmanes en somme inassimilables, et l’abolition des frontières signifient de fait l’abolition des pays concernés et en même temps de leur souveraineté nationale, entre autres, sous la pression des ONG illégales, pratiquant de fait le trafic d’êtres humains et le commerce humanitaire. Et c’est en même temps la fin de l’UE, car de nombreux pays réagissent à très juste titre à cette situation, pour enfin défendre leurs intérêts nationaux”.

“Et ceci lorsque des centaines de milliers de musulmans s’installent et s’installeront en Grèce, pays de dix millions d’habitants, où 700.000 jeunes Grecs ont quitté le pays, obligés à le faire par la crise et pour tout dire ouvertement incités par les mondialisateurs. Il y a pourtant plus de 1,5 millions de chômeurs au pays lorsque l’ensemble du système politique reste indifférent à leur sort, et nous vivons alors au quotidien cette mélancolie permanente des parents, car pratiquement toutes les familles grecques sont concernées par cette forme de deuil”.

Au pays des figues. Grèce, juillet 2018
Au pays des chats. Athènes, juillet 2018

“Et l’on observe qu’au moment où il n’y a plus d’investissements productifs en Grèce et pour cause, les capitaux sont toujours trouvés pour gonfler les effectifs des ONG à la Soros. J’ai récemment appris qu’une seule ONG emploie en Grèce plusieurs centaines de personnes, et que les Syrizistes, placent alors leurs enfants sans travail au sein des ONG de ce type. Le but même, à peine caché de SYRIZA, c’est d’accorder à terme la nationalité grecque aux milliers de migrants pour enfin se maintenir électoralement, lorsqu’il a trahi le peuple grec et ainsi, il est définitivement détesté par l’immense majorité des citoyens”, Lámbros Kalarrytis (et ses invités) sur la radio 90,1 FM, le 2 juillet 2018.

Au pays des figues et des chats rien ne va plus, sauf que la boucle de l’exégèse est on dirait désormais bouclée. Bouclée comme une cravate à Tsípras, bouclée comme une corde autour du cou du pays. Le système politique, largement hétéronome et mafieux, alors fait semblant de s’emballer. Panos Kamménos, ministrion de la Défense, allié de Tsípras et chef du parti des Grecs Indépendants en décomposition a déclaré lundi matin dans une conférence de presse qu’il ferait tomber le gouvernement si l’accord macédonien n’est pas validé par 180 députés ou sinon par référendum. Le même soir, il déclarait à la télévision qu’il ne quittera pas le gouvernement et qu’il soutiendra Tsípras jusqu’au bout, (presse grecque du 4 juillet 2018). Le pouvoir rend aveugle… et alors crétin.

Au même moment, le parti finissant de “la Rivière” et de Stávros Theodorakis, pur produit des… créationnistes de Bruxelles et de Berlin, étiqueté compatible Soros, se sépare de sa coalition avec les anciens népotistes historiques des débris du PASOK. C’est, officiellement, pour “servir le pays et épauler un futur gouvernement dans le but de faire adopter l’accord macédonien”. Stávros Theodorakis a même commenté sa rencontre cette semaine avec le… Proconsul Pierre Moscovici, évoquant précisément “l’éventualité de voir en Grèce la formation d’un futur gouvernement plus dynamique” .

Voiliers loués. Cap Sounion, juin 2018
Caïque… musée. Égine, juin 2018

Les marionnettes s’agitent et les maîtres fous du jeu préparent alors le nouveau spectacle sur le théâtre des opérations. Encore, et comme par hasard, le chef de la Nouvelle démocratie, le germano-compatible Kyriákos Mitsotakis, le… favori des sondages évidemment, a déjà usé de sa motion de censure à l’encontre du gouvernement et qui n’est pas passée comme prévu, sachant qu’il ne pourra pas y revenir avant six mois.

Parallèlement, et comme les néonazis de l’Aube dorée ne remplissent plus tellement leur rôle, à la fois d’épouvantail et d’entrave à toute résistance patriotique organisée du pays réel, le système s’apprêterait à créer de nouveau, un faux parti de la dignité et de la résistance, cette fois situé à droite, après… avoir adopté comme on sait l’animal de compagnie politique SYRIZA. Le but c’est de canaliser le choix politique des Grecs, surtout dans l’éventualité d’une insuffisance alors largement avérée des pseudo-partis politiques actuels.

Bateau et touristes. Égine, juin 2018

Récapitulons, en tout cas pour le moment. La dette, la dite austérité, la Troïka, l’affaiblissement du pays, la destruction des droits des travailleurs et de l’économie réelle, la perte de sa souveraineté ainsi que le danger démographique et identitaire que constitue la question migratoire, forment alors un ensemble explosif.

Alexis Tsípras poussera alors jusqu’au bout cette politique totalitaire façonnée dans les ateliers du mondialisme et de l’Européisme, où d’ailleurs, lui et ses autres amis de la dernière mafia politique picorent depuis déjà un moment. En parfaite d’ailleurs concordance avec l’entreprise Soros, “ce vilain garçon qui a appauvri les gens dans le monde entier avec ses machinations financières et qui a travaillé dur pour perturber et détruire les cultures et les sociétés locales en utilisant les initiatives de l’Open Society, sa firme activiste aux multiples tentacules”.

Ainsi, comme l’a fait remarquer le journaliste Andréas Mazarakis dans son émission radio, aussitôt Tsípras a-t-il accordé le nom de “Macédoine du nord” aux voisins Slavomacédoniens de l’ARYM, comme par hasard, les Antifa d’Athènes (liés comme on sait à Soros), appellent via leurs affiches, au changement du nom de la région grecque de la Macédoine, en “Macédoine du sud”, en promotion ouverte de l’irrédentisme de Skopje (autant financé par Soros), visant entre autres au dépeçage de la Grèce, (émission du 4 juillet 2018, radio 90,1 FM). Contrairement à ce que Tsípras raconte depuis deux semaines, son accord macédonien n’apaise pas les passions balkaniques, bien au contraire, il met en danger la bien précaire déjà situation géopolitique dans la région.

Alexis Tsípras entame une politique de reculades au caractère dangereusement stratégique dans l’ensemble des dossiers de la politique étrangère grecque, contre de gains pitoyables et d’ailleurs éphémères en matière de politique politicienne interne. Rien que pour cette attitude et pour le référendum trahi par son Putsch parlementaire en 2015, Alexis Tsípras devrait un jour être jugé pour haute trahison.

Il impose en même temps toute une série de mesures facilitant l’installation de migrants que le pays ne désire pas, comme il ne peut pas les intégrer, qui plus est, en transformant à terme de nombreux territoires grecs en terres musulmanes, ce qui permettra si le processus n’est pas stoppé, à réaliser le rêve géopolitique de reconquête de la Grèce chrétienne (par exemple celle des îles grecques de la mer Égée), par une Turquie islamisée et néo-Ottomane.

Déjà, sans trop l’annoncer dans les médias, SYRIZA, ce “gouvernement” de l’euthanasie nationale et historique ainsi que les ONG, lesquelles le plus souvent le remplacent sans la moindre légitimité démocratique, installent ici ou là à travers toute la Grèce continentale de structures accueillant les migrants, avec il faut le noter, l’aimable participation des élus locaux, ces derniers ayant toujours couru derrière les affaires juteuses, et de l’argent dans cette affaire il y en a.

Retraités manifestants. Athènes, juin 2018

Et lorsque le Grecs accablés posent alors la question tout à fait rationnelle, pourquoi ce pays qui fait partir ses enfants et qui sombre devait être forcé d’accueillir les migrants depuis la Turquie comme depuis d’Allemagne, qui plus est, sous de conditions lamentables, avec à la clef le remplacement partiel mais suffisant de sa population, la réponse de l’internationale mondialiste (Européistes, Syrizistes, Antifa et consorts), remâche alors le vieux cannabis avarié du  droit-de-l’hommisme, de l’humanitarisme et du multiculturalisme à toutes les sauces.

Le tout, contre l’avis et la volonté des citoyens, qui sont les seuls pouvant légalement et légitimement décider du degré et du moment d’ouverture et de fermeture de leur pays. Enfin en Grèce, après huit années de “gestion” comme de mutation, et de mutilation troïkannes, ceci, entre humiliations et atteintes à la dignité du peuple grec et d’abord à la Constitution du pays, l’immigration de masse imposée par les mêmes centres de pouvoir impériaux et autant par la Turquie, ne peut que provoquer une blessure de plus et de trop au sentiment populaire de souveraineté nationale.

Rappelons également, ce que Cornelius Castoriádis faisant remarquer (en 1984) au sujet des empires coloniaux, à travers le cas de la Nouvelle Calédonie: les “populations immigrées minoritaires qui comme toujours dans ces cas-là sont plutôt du côté de la puissance dominante (un peu comme les Indiens en Afrique du Sud) ; ces derniers en particulier n’ont aucune envie de voir les Canaques établir un État indépendant”, Cornelius Castoriádis, “Thucydide, la force et le droit”.

Actuellement, les mondialisateurs impériaux (la puissance dominante) qui détruisent États et nations en Europe et ailleurs, organisent cette massification de la présence de migrants sur le sol de l’Europe, sachant que les migrants (très sélectivement Musulmans) sont et seront de leur côté. D’ailleurs ces migrants, déjà déracinés (généralement par ces mêmes mondialisateurs) partagent avec les européistes (dont la classe politique à la SYRIZA qui nous serinent les insanités postmodernes) et avec les administrateurs coloniaux, ce même usage des termes… comme des terres. Pour les uns, comme autant pour les autres, les pays de l’Europe ne doivent être que de simples terrains d’exploitation et de conquête, d’en bas comme d’en haut, sans évidemment partager (lorsqu’ils ne lui sont pas hostiles) ni l’histoire, ni la culture et encore moins les usages des peuples d’Europe, pour l’instant encore majoritaires chez eux.

La maison de Níkos Kazantzákis. Égine, juin 2018

Sous un autre angle, c’est très exactement le propos des dirigeants politiques de la Turquie, affirmé ouvertement depuis d’ailleurs bien longtemps. “Le problème gréco-turc sera résolu par la démographie” avait ainsi argumenté Turgut Özal en son temps, préfigurant le courant néo-ottomaniste d’Ahmet Davutoglu, repris par Recep Tayyip Erdogan. Ce n’est pas par hasard non plus que c’est face aux îles grecques dont la population est à 100% chrétienne et que la Turquie revendique ouvertement, que les dirigeants de la Turquie et leurs passeurs, ONG comprises, font… patienter tant de milliers de jeunes musulmans, au demeurant déracinées et malheureux.

Et lorsque Tsípras et plus amplement les Syrizistes… apatrides, estiment qu’en accordant massivement la nationalité grecque aux migrants, ils remplaceront ainsi… les électeurs qui leur manquent et qui leur manqueront de plus en plus, eh bien, ils se trompent. Un des axes centraux de la politique de la Turquie actuelle, explicitement décrite dans l’ouvrage phare d’Ahmet Davutoglu , “Profondeur stratégique” .

C’est le renforcement du rôle politique des populations musulmanes dans tous les Balkans sous le contrôle de la Turquie, entre autres, par la création de partis politiques musulmans et/ou turco-musulmans, et ce c’est qui se passerait alors en Grèce comme déjà en Bulgarie. Je dois également remarquer ce que peu de médias évoquent, et pour cause. Le “gouvernement” SYRIZA/ANEL ne tient que par une majorité de 152 députés sur 300 au total dans l’hémicycle (145 SYRIZA et 7 ANEL), mais deux députés SYRIZA sont issus de la minorité musulmane de Thrace, ces derniers seraient suffisamment “confirmés et encadrés” par Ankara. C’est aussi une… grille de lecture possible et parallèle des événements en cours !

Notons aussi qu’à chaque fois que le président Erdogan entre en pourparlers avec les Européens, les flux de migrants qui entrent en Europe depuis la Turquie s’arrêtent pour quelques heures, histoire de monter qui est réellement le maître du jeu géopolitique dans l’affaire.

Au pays d’Alexis Zorbás et de son auteur Níkos Kazantzákis, la saison se dit touristique et fière de l’être… lorsque Airbnb finit par détruire ce qui subsistait de l’équilibré des réalités urbaines à Athènes, faisant suite à huit années de la dite crise grecque.

En ce mois de juillet aux températures déjà entières, la boucle est bouclée et nous le savons. Entre le dossier macédonien, les mensonges de Tsípras – Moscovici sur la situation de la Grèce, et enfin le dossier migratoire qui est surtout géopolitique et ensuite seulement humanitaire, en dépit de la propagande ambiante, la… vraie crise grecque ne fait que commencer. Le pays, son peuple, son territoire sont en danger de mort.

Décidément, sur terre c’est carrément le cloaque. Maigre consolation pourtant, sous l’Acropole, nos animaux adespotes attitrés sont toujours bien en leur place.

Animal adespote. Athènes, juillet 2018

* Photo de couverture: Au large… Grèce, juin 2018

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Des « centres contrôlés » pour migrants …retenus ? enfermés? détenus ?

Des «centres contrôlés» pour migrants : le grand flou des annonces européennes Par Mathilde Mathieu Mediapart

Des « centres contrôlés » devraient bientôt être créés en Europe pour recevoir les migrants secourus en Méditerranée. C’est la mesure la plus concrète annoncée vendredi 29 juin par les dirigeants européens. Mais de quoi s’agit-il ? Comment les exilés seront-ils traités ? Les ONG s’inquiètent.

Au nombre de virgules et d’incises, on devine que cette phrase a été triturée, négociée toute la nuit. À l’arrivée, elle prévoit la création de « centres contrôlés » sur le sol de l’Union européenne où fixer les migrants secourus en Méditerranée, dès leur débarquement, histoire de traiter leurs demandes d’asile et de renvoyer les déboutés plus rapidement, avant qu’ils ne s’éparpillent dans les différents États membres. Mise sur la table par Emmanuel Macron et le premier ministre espagnol après l’errance forcée de l’Aquarius, cette conclusion du conseil européen des 28 et 29 juin est brandie comme une victoire par Paris.

Pourtant, « la France (…) n’ouvrira pas de centres de ce type », a indiqué Emmanuel Macron dès vendredi. Mais qui alors ? À quoi ressembleront ces lieux de confinement ? Comment les exilés seront-ils traités ? Y a-t-il une chance que ces « centres contrôlés » constituent un progrès quelconque par rapport aux hotspots que l’UE a bricolés en Grèce et en Italie dès 2015, au bilan désastreux ? Explications de texte.

Trier les exilés

L’affaire de l’Aquarius avait déclenché un triste concours Lépine entre pays de l’UE pour savoir que faire des migrants repêchés dans les eaux sous responsabilité européenne (les zones de secours maritime de l’Italie, de Malte, etc.), où l’intervention des garde-côtes libyens n’est plus une option légale. Des pays comme la Hongrie proposaient d’externaliser l’accueil et même l’enfermement de ces survivants en dehors de l’UE, dans des camps en Albanie, au Kosovo, voire de les refouler sur les rives sud de la Méditerranée – quitte à balancer le droit international par-dessus bord. Paris se félicite d’avoir fait un sort à ces tristes idées, avec ses « centres contrôlés » à l’intérieur de l’Union.

« Le contexte de ce sommet, c’était un risque d’externalisation massive et sauvage », insiste le patron de l’Ofpra (l’office français chargé d’accorder ou non le statut de réfugié), Pascal Brice. Le pire est évité. La Commission européenne a désormais pour mission de dessiner, dans les prochains mois, les contours matériels et juridiques de ces centres, extrêmement flous à ce stade.

Du côté de l’Élysée, on ne cache pas sa source d’inspiration : les hotspots que l’UE a déjà créés à la fin 2015, en pleine crise des réfugiés, et qui fonctionnent toujours sur les îles grecques en face de la Turquie (cinq gros) et en Italie (cinq plus petits, plus ou moins actifs). Les nouveaux « centres contrôlés » devront remplir des missions similaires : l’accueil des rescapés, l’instruction des dossiers pour distinguer entre migrants éligibles au statut de réfugié (du fait de persécutions dans leur pays) et migrants dits « économiques ».

La carte des « hotspots » ouverts dans l'Union européenne. © Service documentation Parlement européen La carte des « hotspots » ouverts dans l’Union européenne. © Service documentation Parlement européen

Comme dans les hotspots, les premiers auront vocation, une fois repérés, à bénéficier d’une « relocalisation » (c’est le jargon) aux quatre coins de l’UE. Mais cette fois, seuls les États volontaires sont censés participer à la répartition : aucune obligation ne figure dans le texte, ni dispositif incitatif d’ailleurs. Le texte se contente de dire : « Le principe de solidarité s’appliquerait. » Un principe sans contrainte, ni gendarme, ni sanction, porte un autre nom : un vœu pieux.

Le système de « relocalisations » depuis la Grèce et l’Italie mis en place entre 2015 et 2017, censé contribuer à vider les hotspots au fur et à mesure, a lamentablement échoué alors même qu’il était contraignant à l’époque, avec un système de quotas de réfugiés par pays. À l’arrivée, à peine 35 % des engagements ont été respectés, certains États comme la Hongrie et la Pologne affichant un taux de 0 % (la France à peine 25 %).

C’est de toute façon le sort des migrants dits « économiques » (bien plus nombreux parmi les rescapés de la Méditerranée en 2018) qui occupe la majorité des dirigeants européens aujourd’hui : ceux-là « feront l’objet d’un retour » le plus souvent possible, indiquent les conclusions du sommet (sachant qu’un rapatriement suppose toujours un laissez-passer du pays d’origine). Pour opérer ces expulsions (« idéalement » depuis les centres, si l’on comprend bien), le soutien de l’UE au pays qui les héberge sera « total ». Qui va donc se lancer et ouvrir les premiers « centres contrôlés » ?

Le pari du volontariat

Là encore, l’UE mise tout sur des candidatures libres. En réalité, la liste potentielle tient dans un mouchoir de poche : la Grèce, l’Espagne, l’Italie voire Malte. Car la création de ces « centres contrôlés » a été négociée dans l’esprit du fameux « règlement de Dublin », qui régit depuis des années le système d’asile européen et veut que la responsabilité du traitement des demandes incombe au premier pays où les migrants posent le pied, plus précisément où leurs empreintes sont enregistrées.

Les pays de « seconde ligne » comme la Hongrie ou la Pologne, bien loin des zones de débarquement, se réfugient donc derrière ce principe pour rejeter toute création de centres sur leur sol – bien que ce principe autorise moult dérogations. Idem pour la France. Seuls les pays dits de « première entrée » sont donc susceptibles d’aller au charbon.

En marge du conseil européen, la Grèce et l’Espagne auraient déjà fait savoir qu’elles pourraient toper. Pas Malte. Quant à l’Italie, dont le chef du gouvernement a négocié le dispositif avec Emmanuel Macron dans les coulisses du sommet, elle affiche désormais ses réticences et fait monter les enchères : « Des pays ont dit leur disponibilité, pas l’Italie », a déclaré Giuseppe Conte après coup.

L'arrivée à Malte, mercredi 27 juin 2018, des migrants sauvés par le navire humanitaire « Lifeline ». © Reuters L’arrivée à Malte, mercredi 27 juin 2018, des migrants sauvés par le navire humanitaire « Lifeline ». © Reuters

L’entrain transalpin dépendra évidemment des moyens (logistiques, financiers, etc.) que les institutions européennes vont mettre à disposition des pays volontaires et du degré de solidarité dont ses voisins daigneront faire preuve pour se répartir les réfugiés. La France en prendra, a promis Emmanuel Macron. Le président français estime avoir donné des gages ces derniers jours et même initié le mouvement dans l’affaire de l’Aquarius, puis dans l’épisode du Lifeline (ce navire qui a débarqué 233 migrants à Malte le 26 juin après un refus de l’Italie et une semaine d’attente en mer).

De fait, de façon exceptionnelle, des officiers de l’Ofpra ont déjà entendu de nombreux rescapés de l’Aquarius éligibles à l’asile, et d’autres sont à Malte depuis mercredi. Si la France était toute seule en Espagne (pour le navire de SOS Méditerranée), sept autres États membres de l’UE ont promis d’accueillir des passagers du Lifeline. « Nous avons su trouver des mécanismes de solidarité » sur cette « opération ad hoc », s’est félicité vendredi Emmanuel Macron, qui veut croire que les futurs « centres contrôlés » pourraient bénéficier du même élan, hors période de crise politique et d’emballement médiatique, sans contrainte, en toute spontanéité.

Interrogé par Mediapart depuis Malte, le patron de l’Ofpra français estime d’ailleurs qu’il faudrait offrir une protection non plus seulement aux réfugiés remplissant les critères habituels (risques de persécution dans leurs pays d’origine) mais également, de façon inédite, à des personnes « en situation de détresse humanitaire liée aux violences subies sur leur parcours migratoire », « en particulier en Libye », victimes de « traite humaine » par exemple. Rien de tel ne figure dans les conclusions du sommet ni dans le projet de loi « asile et immigration » de Gérard Collomb, en débat au Parlement français.

Une privation de liberté

À quel point les hotspots seconde génération seront-ils cadenassés, clôturés, barbelés ? Dans leurs conclusions du 29 juin, les dirigeants européens ne parlent officiellement ni de « retenue » ni de « rétention », encore moins de « détention ». Envisagée au départ, l’expression « centres fermés » a même été écartée, obligeant Nathalie Loiseau, la ministre française des affaires européennes, à une sacrée gymnastique sémantique : « Il ne s’agira pas de centres fermés mais de centres d’où les migrants ne pourront pas sortir », a-t-elle déclaré vendredi devant la presse.

De fait, on voit mal comment l’UE pourrait poursuivre ses objectifs, surtout de rapatriements, sans une phase de confinement voire d’enfermement. Encore faut-il savoir dans quelles conditions, s’il faut compter en jours ou en semaines. Voire en mois.

Dans les hotspots des îles italiennes, aujourd’hui, la rétention dépasse rarement deux jours et les étrangers ont parfois le droit de sortir en journée. Au fond, cette étape sert surtout à l’enregistrement des empreintes (pouvant donner lieu à des violences policières), puis les migrants sont envoyés sur la péninsule dans l’attente d’une réponse à leur demande d’asile, laissés libres de circuler, de tenter aussi le passage en France ou vers l’Allemagne – ce qui dérange peu l’Italie, c’est un euphémisme.

Vendredi, Giuseppe Conte a d’ailleurs refusé tout net d’inscrire l’expression « centres fermés » dans les conclusions du sommet. « Un changement symbolique », veut relativiser une source française.

Des charters à l’échelle du continent

Dans le camp de Souda sur l’île de Chios, fin mai 2016. © Eve Shahshahani

 

Les hotspots des îles grecques, eux, d’abord assez « lâches », se sont vite transformés en prisons à ciel ouvert, à partir du moment où les migrants se sont vu interdire de rejoindre le continent après leur enregistrement – depuis, surtout, l’accord à 3 milliards d’euros entre l’UE et la Turquie, qui autorise la Grèce à renvoyer dès qu’elle peut vers Istanbul les demandeurs d’asile pour lesquels la Turquie représente un pays « sûr ».

Fin avril, le Conseil d’État grec a bien tenté de mettre un coup d’arrêt aux restrictions de circulation dans ces hotspots, mais une loi est déjà annoncée pour le contrer.

Sur place, l’attente peut durer des mois, avec une promiscuité qui favorise les violences, des mineurs « non accompagnés » traités en adultes, des conditions d’accueil et d’hygiène dégradées, régulièrement dénoncées par des ONG (Amnesty international, Gisti, etc.). La surpopulation de ces camps est criante : 15 200 migrants recensés en mai dernier pour 6 500 places, soit un taux d’occupation de 233 %.

Vendredi, côté français, on imaginait les futurs « centres contrôlés » en ces termes : « Vous pouvez avoir une forme de rétention pendant quelques jours ou quelques semaines. C’est ce cadre juridique qu’il faudra définir avec le Parlement européen et la Commission. L’idée n’est pas de priver indûment de liberté. Mais [par le passé], on l’a bien vu : quand vous avez des centres [non fermés comme en Espagne], en fait les gens partent, (…) on ne les retrouve pas, on ne les reconduit pas [dans leur pays d’origine]. »

Pour « mieux » reconduire, on insistait aussi sur la nécessité de renforcer Frontex, l’agence européenne de garde-frontières susceptible d’aider tel ou tel État membre à rapatrier, d’organiser des charters à l’échelle du continent. Il faut « européaniser » les retours, clame Paris.

Les pays qui refusent de prendre des réfugiés pourraient participer par ce biais à « l’effort partagé » inscrit dans les conclusions du sommet. Mais là aussi, la solidarité européenne fait défaut en général. Alors que Frontex emploie pour l’essentiel des agents dépêchés par les États membres, ces derniers couvraient, à l’été 2016, seulement 65 % des besoins de l’agence dans les hotspots grecs et italiens (d’après la Cour des comptes de l’UE).

Le patron de l’Ofpra, lui, préfère insister sur la nécessité d’« européaniser » l’instruction des dossiers dans les futurs « centres contrôlés ». « Il faut revenir à l’esprit initial des hotspots, affirme Pascal Brice. Et se donner les moyens pour une bonne qualité d’accueil, des équipes d’instruction en masse. J’appelle de mes vœux la création d’une véritable agence européenne de l’asile, indépendante, avec l’autorité [pour déterminer si oui ou non les personnes sont éligibles à l’asile]. Aujourd’hui, le “Bureau européen d’appui en matière d’asile”, qui apporte son aide dans les hotspots, n’a pas cette autorité. » C’est la Grèce ou l’Italie qui attribue le statut de réfugié. Devant les juridictions grecques ou italiennes que les migrants déboutés forment des recours. À ce stade, à Bruxelles, on en est très, très loin.

Les inquiétudes des ONG

Sollicitée par Mediapart, l’association Human Rights Watch (qui a réalisé des observations dans les hotspots) s’inquiète à l’arrivée du flou qui entoure ce nouveau projet. « On manque de garanties à ce stade sur le respect des droits de l’homme, réagit Philippe Dam depuis Bruxelles. S’agissant de demandeurs d’asile, nous rappelons que la détention ne peut être utilisée qu’en dernier recours, qu’elle ne peut être systématique, qu’elle ne doit pas viser les enfants ni les personnes vulnérables. Et si les gens sont privés de certaines libertés pendant des mois dans l’attente d’une réponse, comme ça a pu être le cas en Grèce, on finit par parler d’un système de facto de détention… »

« Si on devait priver de liberté de façon systématique pendant plusieurs mois, notamment des réfugiés potentiels, on passerait un cap contraire aux lignes directrices du Haut Commissariat aux réfugiés [de l’ONU] », prévient aussi Claire Rodier, juriste au Gisti, qui rappelle que le HCR a suspendu certaines de ses activités dans les hotspots grecs en 2016. De même, après l’accord de l’UE avec la Turquie autorisant le refoulement vers Istanbul, l’Ofpra français n’y a plus mis un pied.

Pour mémoire, en France, la rétention d’étrangers n’est possible à l’entrée sur le territoire que dans les « zones d’attente » (dans les aéroports, certaines gares, etc.), sur une période de quelques jours et sous le contrôle d’un juge. Les demandeurs d’asile enregistrés sont ensuite libres de circuler en attendant la réponse de l’Ofpra. En fait, la rétention est surtout utilisée à la « sortie », pour faciliter l’expulsion d’étrangers déjà déboutés et déclarés en situation irrégulière – le projet de loi de Gérard Collomb l’étend alors jusqu’à 90 jours.

Sous le contrôle d’un juge, le droit européen autorise même jusqu’à six mois. Mais pour des demandeurs d’asile qui descendent de l’Aquarius ? Des réfugiés qui fuient des persécutions ?

« Je rappelle qu’il faut prévoir l’accès à une assistance juridique (avocats, juristes des ONG, etc.) dans ces futurs centres, la possibilité de faire appel quand l’asile est refusé, insiste Philippe Dam, de Human Rights Watch. Et l’examen des dossiers doit être personnalisé : il n’est pas question de discriminer sur la base de la nationalité ! » Comme si les Tunisiens devaient être écartés d’emblée au motif que l’Ofpra leur refuse toute protection dans plus de 87 % des cas.

Pour Claire Rodier, ce projet de centres fermés s’avère « d’autant plus inquiétant que c’est le flou total » sur les conditions de sortie des centres. Pour « relocaliser » les réfugiés, « le volontariat est le maître mot alors que ça ne marche pas depuis trois ans, ajoute-t-elle. Les dirigeants européens se seraient mis d’accord pour un dispositif de coercition mais pas sur ce qu’on fait des gens une fois cette période de privation de liberté terminée ?! ». Les ONG surveilleront de très près les propositions concrètes de la Commission.

Communiqué SOS Méditerranée

SOS MEDITERRANEE exhorte les dirigeants de l’UE à garantir des ports de débarquement sûrs pour les personnes secourues en mer

Marseille, Berlin, Palerme, Genève, le 23 juin 2018

Le 17 juin à Valence, SOS MEDITERRANEE a lancé – au terme de l’odyssée forcée, dangereuse et dégradante de son navire de sauvetage, l’Aquarius – un appel urgent aux États membres de l’Union Européenne (UE) pour qu’ils définissent sans attendre un modèle européen de recherche et sauvetage en mer, fondé sur la priorité absolue et unique de sauver des vies.

Alors que l’Aquarius fait de nouveau route vers la zone de recherche et sauvetage en Méditerranée centrale, SOS MEDITERRANEE s’interroge : ce cri d’alarme, porté par d’innombrables voix et par une grande mobilisation de citoyens européens ne pouvant accepter de porter plus de morts sur leur conscience, a-t-il été entendu ?

SOS MEDITERRANEE rappelle que c’est l’échec de l’UE à réduire le nombre de morts en Méditerranée qui a forcé les organisations humanitaires à intervenir et à entreprendre leurs activités de recherche et de sauvetage dans le but d’éviter de nouvelles pertes de vies humaines.

Nous saluons l’intention annoncée du Conseil européen des 28 et 29 juin prochains de se pencher sur cette question. Nous saluons également le fait qu’une réunion préparatoire informelle, devant avoir lieu ce dimanche 24 juin à Bruxelles, ait été convoquée par le président de la Commission européenne.

Reconnaissant à la fois les immenses efforts déployés par l’Italie, seule, pour accueillir des rescapés dans ses ports pendant des années et les ressources exceptionnelles déployées par l’Espagne pour le récent débarquement de l’Aquarius à Valence, SOS MEDITERRANEE accueillerait favorablement tout plan qui prévoirait à l’échelle européenne la mobilisation de toutes les ressources disponibles pour assurer le débarquement sûr et rapide des personnes secourues en Méditerranée centrale.

Cependant, le modèle européen de recherche et sauvetage, tel que celui réclamé par SOS MEDITERRANEE, exige que les États membres de l’UE garantissent le respect de toutes les conventions internationales humanitaires et maritimes et la possibilité pour les capitaines de navire d’agir en pleine conformité avec les réglementations définies par l’Organisation Maritime Internationale.

Selon ces conventions, les personnes secourues en mer doivent être débarquées dans un port sûr, où leurs besoins fondamentaux, y compris leurs besoins médicaux spécifiques, puissent être assurés, et où elles puissent obtenir la protection à laquelle elles ont droit. Elles doivent notamment être protégées contre toute forme d’abus, d’exploitation et de trafic.

Lorsque l’Union Européenne évaluera l’introduction de nouveaux instruments au cours du Conseil européen la semaine prochaine, elle devra placer l’impératif de préservation et de protection de la vie des personnes en détresse avant toute autre considération politique.

Faut-il rappeler à l’Union Européenne qu’elle s’est engagée déjà depuis des mois sur une voie dangereuse avec son programme de financement et de formation des garde-côtes libyens qui interceptent en mer des personnes fuyant les mauvais traitements et de graves violations des droits de l’Homme ? Cela n’a eu pour conséquence que d’entraîner des sauvetages retardés, mal coordonnés, entravés ou chaotiques et d’accroître les risques d’une traversée déjà extrêmement périlleuse, ainsi que le nombre de morts, les personnes en détresse prenant plus de risques que jamais pour tenter de fuir. Cela a également eu pour conséquence le renvoi de milliers de personnes vers «l’enfer libyen» qu’elles tentaient désespérément de fuir. Non seulement cette approche va à l’encontre du droit international et des valeurs humanitaires sur lesquelles l’Union Européenne se fonde, mais elle a surtout échoué et doit cesser immédiatement.

Alors que l’Aquarius atteindra dans quelques heures la zone de recherche et de sauvetage dans les eaux internationales au large de la Libye, une solution concrète, garantissant la sécurité et la protection des hommes, des femmes et des enfants secourus en mer, doit être trouvée d’urgence.

En l’absence d’informations confirmées, de précisions géographiques, de calendrier ou d’examen indépendant sur la possibilité pour des « plateformes de l’UE »  d’offrir de telles garanties de sécurité et de protection, SOS MEDITERRANEE et les citoyens européens exhortent les États membres de l’Union Européenne à prendre immédiatement leurs responsabilités et à fournir une solution partagée, pragmatique et réaliste. Cette solution doit prendre en compte les ports maltais et siciliens, qui, à proximité directe de la zone de recherche et sauvetage, ont jusqu’à présent toujours été considérés comme sûrs.

Montage vidéo : Julien Lombard

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SOS méditerranéenne L’aquarius se dirige vers l’Espagne

Depuis 21h cette nuit, l’Aquarius fait route vers le port de Valence, en Espagne, pour procéder au débarquement de 630 personnes secourues le week-end dernier en Méditerranée centrale. Retour sur cinq jours de crise pour SOS MEDITERRANEE.

Dans la nuit de samedi à dimanche, l’Aquarius a procédé à 6 opérations en mer dont un sauvetage critique sous l’instruction du Centre de coordination des secours maritimes italien (IMRCC). 630 personnes, dont 7 femmes enceintes et 123 mineurs non accompagnés, ont pu être mis en sécurité à bord. Parmi elles, 400 personnes avaient été transférées depuis des navires italiens.

Dimanche après-midi, quelques heures après que l’Aquarius eut reçu du IMRCC l’instruction de remonter vers un « port sûr » en Sicile, la presse faisait état d’une déclaration des autorités italiennes annonçant la fermeture des ports italiens et sollicitant les autorités maltaises pour prendre en charge le débarquement. Le soir même, l’Aquarius recevait du IMRCC l’instruction de s’arrêter dans les eaux internationales, à 35 milles nautiques de l’Italie et 27 milles nautiques de Malte.

Mardi 12 juin, après plus de 36h de stand-by et d’imbroglio diplomatique entre Malte et l’Italie, et alors que la situation des 630 rescapés menaçait de devenir critique, l’Aquarius a reçu l’instruction des autorités maritimes compétentes de mettre le cap vers le port de Valence, désigné comme « port sûr » suite à une proposition du gouvernement espagnol.

La distance entre l’Aquarius et Valence était alors de 760 miles marins, soit plus de 1 500 km. À une vitesse de croisière de 8 nœuds susceptible de varier en fonction des conditions météorologiques, il faudra au moins quatre jours de navigation avant que l’Aquarius ne rejoigne sa destination.

Afin d’assurer la sécurité des rescapés et des équipes à bord pour cette longue traversée, 524 des 630 rescapés ont été transbordés hier dans l’après-midi sur deux navires italiens qui se rendent avec l’Aquarius jusqu’à Valence. En outre, des vivres ont été donnés par un navire de la marine maltaise puis par les autorités italiennes.

SOS MEDITERRANEE a accueilli avec soulagement la proposition d’accueil de l’Espagne, qui permet de dénouer la crise en cours, mais s’alarme des entraves à ses opérations de sauvetage et appelle les dirigeants des Etats européens à trouver de toute urgence une solution politique adéquate.

Plus que jamais, nous avons besoin de votre soutien.

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Blocus sur le bateau Aquarius

AQUARIUS  :  UNE HONTE EUROPEENNE

L’idéal européen envoyé par le fond. Lundi 11 juin, le gouvernement italien a maintenu mordicus sa décision de fermer tous les ports du pays à l’Aquarius, navire humanitaire bloqué en mer depuis la veille alors qu’il faisait route vers la Sicile avec 629 migrants à son bord, dont 123 mineurs isolés et sept femmes enceintes.

Dans l’urgence, et dans un silence assourdissant côté français, c’est le premier ministre espagnol qui s’est dressé pour offrir une solution de rechange au bateau de SOS Méditerranée, affrété en collaboration avec Médecins sans frontières (MSF).« Il est de notre obligation d’aider à éviter une catastrophe humanitaire et d’offrir un “port sûr” à ces personnes », a réagi Pedro Sánchez lundi après-midi, en proposant que la ville de Valence, sur la côte est du pays, recueille l’ensemble des exilés, dont plusieurs ont été récupérés ce week-end in extremis alors que leurs embarcations pneumatiques étaient déjà en train de couler. Pour le socialiste, il s’agit simplement que « l’Es­pagne ho­nore [ses] en­ga­ge­ments in­ter­na­tio­naux en ma­tière de crise hu­ma­ni­taire ».

Lundi dans la soirée, l’équipage de l’Aquarius (qui a « repêché » plus de 30 000 migrants en quatre ans) indiquait cependant qu’il ne bougeait pas, « dans l’attente d’instructions de la part des autorités maritimes compétentes », rappelant que trois jours minimum de mer seraient nécessaires pour rejoindre Valence.

D’après un communiqué diffusé par l’ONG, aucune vie à bord n’est plus en péril immédiat, mais « tous les rescapés sont épuisés et déshydratés parce qu’ils ont passé de longues heures à la dérive dans des canots. Il y a beaucoup de rescapés brûlés par le mélange d’essence et d’eau de mer ». Réagissant au blocus italien, le président de l’association semblait se frotter les yeux pour y croire : « Nous ne pouvons pas imaginer que des préoccupations politiques prévalent sur la situation humanitaire de centaines de personnes tout juste sauvées d’une noyade certaine et qui viennent de quitter l’enfer libyen. »

Et pourtant. Le blocus italien a été annoncé dimanche par le ministre de l’intérieur en personne, Matteo Salvini, entré au gouvernement le 31 mai à la faveur d’une coalition entre son parti d’extrême droite (La Ligue) et les populistes du M5S, formée à l’issue des législatives de mars dernier. C’était lui déjà, le 3 juin, qui avait prévenu que l’Italie ne deviendrait pas « le camp de réfugiés de l’Europe » et qui avait appelé les 500 000 « clandestins » du pays à « faire leurs valises ». Au-delà de ces paroles incendiaires, Matteo Salvini avait besoin d’un acte symbolique, le voici.

L’Aquarius a dû stopper les gaz dimanche alors qu’il croisait grosso modo à équidistance des côtes italiennes et maltaises, précisément à 35 milles nautiques de la Sicile et 28 milles de Malte, l’Italie estimant qu’il revenait plutôt à son micro-voisin, lui aussi membre de l’Union européenne, d’accueillir les 629 migrants.« Malte n’est pas l’autorité qui coordonne le dossier et n’en a pas la compétence », a répliqué le porte-parole du gouvernement maltais, prêt à un long bras de fer diplomatique -sa marine s’est contentée lundi soir de ravitailler l’Aquarius en bouteilles d’eau et en nouilles. Son argument ? Les sauvetages opérés durant le week-end par l’Aquarius (au nombre de six) ont tous été supervisés par le Centre de coordination des secours (MRCC) de Rome. Mieux : une partie des 600 passagers ont été tirés de leurs embarcations précaires par des gardes-côtes transalpins, qui les ont ensuite transbordés sur le navire de SOS Méditerranée, épaulés d’un hélicoptère et d’un vaisseau de la marine italienne.

Pour le correspondant du Monde à Rome, tout s’est même « passé comme si les autorités italiennes avaient cherché à “remplir” le plus possible l’Aquarius » afin que l’annonce du blocus par Matteo Salvini produise un impact maximal, le jour où des élections municipales étaient organisées notamment en Sicile, où la Ligue jouait très gros.

« L’Italie commence à partir d’aujourd’hui à dire non au trafic d’êtres humains, non au business de l’immigration clandestine », a tonné Matteo Salvini, dans un texte publié sur Facebook. « Malte n’accueille personne, la France repousse les migrants à sa frontière, l’Espagne défend ses frontières avec les armes En Europe, tout le monde s’occupe de ses affaires. » Alors lui aussi désormais : « Fermons les ports », a revendiqué le leader d’extrême droite, slogan qui se répand depuis comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

En réplique, plusieurs maires de ports siciliens ou situés dans la région déshéritée des Pouilles, de Palerme à Tarente, en passant par Messine, proposaient d’ouvrir leurs portes à l’Aquarius. Naples est « prête à sauver des vies humaines », a ainsi tweeté le premier édile de la ville Luigi de Magistris, qualifiant Matteo Salvini de « sans-cœur ». Mais au regard du droit italien, cette décision ne saurait leur revenir.« Merci aux maires qui ouvrent leurs bras, a tout de même applaudi le Sea-Watch, autre navire humanitaire affrété par une ONG allemande, sans migrant à son bord ces jours-ci, mais que Matteo Salvini menace de laisser lui aussi sans point de chute en Italie. Vous êtes les ports de l’humanité ! »

Confronté à ce scénario lamentable, la Commission européenne a simplement demandé, lundi, « un règlement rapide » du bras de fer entre Malte et l’Italie, tandis qu’un porte-parole du gouvernement allemand en appelait au devoir « humanitaire » et au sens des responsabilités de toutes les parties. Sollicité par Mediapart, le cabinet de Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur français, n’a pas réagi à ce stade. Ni plus ni moins que le président de la République, silencieux.

De leur côté, les eurodéputés socialistes fustigent, dans un communiqué, ce « bras de fer entre pays européens fuyant [leurs] responsabilités communes », estimant que l’attitude italienne « relève d’un comportement illégal », que celle des autorités maltaises mérite « une condamnation morale ». Surtout, ils s’inquiètent de la capacité de l’Union européenne à se mettre d’accord sur la réforme du règlement de Dublin, qui prévoit depuis 2003 que l’État responsable d’une demande d’asile est celui par lequel le migrant est arrivé (bien souvent la Grèce et l’Italie, pays de « première ligne »), qui autorise par exemple Paris à demander le renvoi vers Rome de tous les demandeurs d’asile de France ayant laissé des empreintes dans la « Botte ».

À cent lieues d’une véritable solidarité européenne, ce texte a tellement exaspéré les gouvernements transalpins successifs que les forces de l’ordre italiennes laissent de plus en plus de migrants traverser le pays sans les enregistrer, et qu’elles font mariner nombre de demandes de transfert émises par Paris – moins de 1 000 ont pu être effectués vers l’Italie en 2017.

Le refoulement de l’Aquarius « démontre une fois encore le besoin urgent d’une alternative au règlement de Dublin », clament de leur côté les eurodéputés écologistes, jugeant que celui-ci « fait peser une pression disproportionnée sur les États membres situés aux frontières extérieures de l’UE ». L’alternative à leurs yeux ? « Un système plus juste tenant compte des liens [familiaux] » et « appliquant un quota d’admission équitable entre États membres ». En attendant, ils demandent « à Emmanuel Macron de s’engager en faveur du respect des droits fondamentaux » et à la France de permettre à l’Aquarius « de débarquer ses passagers dans un port français ». Si ce n’est cette fois-ci, alors la suivante !

« [Il faut] partager la responsabilité des demandeurs d’asile entre tous les pays de l’UE », abonde Ian Brossat, chef de file des communistes aux élections européennes et adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris (qui a déjà demandé un « moratoire » dans l’application de « Dublin » après l’évacuation du campement du Millénaire).

Au niveau européen, cependant, les discussions sur la réforme du règlement sont aussi mal engagées que possible. Le règlement de Dublin est « mort », a même clamé le secrétaire d’État à l’immigration belge, Théo Francken, lors d’une réunion des ministres de l’intérieur le 4 juin dernier. Nationaliste flamand, il s’est déclaré partisan décomplexé de la politique du « push-back », soit justement du refoulement des bateaux de migrants.

Alors que le sujet est inscrit à l’ordre du jour du prochain conseil européen (des 28 et 29 juin), le texte élaboré par l’actuelle présidence bulgare de l’UE n’a quasiment aucune chance d’être adopté – il esquisse certes un dispositif de répartition par quotas pour alléger les pays « de première ligne », mais ce dernier serait uniquement actionnable en cas de « situation exceptionnelle », à l’issue d’un vote à la majorité qualifiée. En l’état, cette proposition ne satisfait ni la Grèce ni l’Italie, qui réclament beaucoup plus de solidarité. Et il va déjà beaucoup trop loin pour d’autres – notamment en Europe centrale ou orientale.

Face au gouffre politique, les réflexions partent d’ailleurs dans tous les sens. Mardi 5 juin, le premier ministre danois a ainsi annoncé que son pays était en discussion avec l’Autriche (qui doit bientôt assumer la présidence tournante de l’UE) et « d’autres pays » pour proposer la création de « centres communs de réception et d’expulsion » situés en dehors du territoire de l’UE, semble-t-il en Albanie ou au Kosovo. La solidarité est décidément en berne.

Pour mémoire, afin de décharger un peu la Grèce et l’Italie, la Commission européenne avait lancé en 2015 une expérience de « relocalisation » des demandeurs d’asile au sein de l’UE, permettant de contourner « Dublin » à petite échelle, au bénéfice de migrants appelés à décrocher sans trop de difficulté le statut de réfugiés (ressortissants syriens ou érythréens par exemple). Alors qu’il était prévu de « relocaliser » moins de 100 000 migrants à l’échelle de toute l’UE, seuls 35 % des objectifs ont été remplis au 31 mai.

La France, par exemple, n’a exécuté que 25 % de ses objectifs en accueillant 5 000 demandeurs d’asile venus de Grèce surtout, un peu d’Italie. Une goutte d’eau.

Piège en haute mer

Piège en haute mer

En Méditerranée, le ballet macabre des gardes-côtes libyens

Interceptions, intimidations, violence: la tension est à son comble entre les Libyens et les bateaux de sauvetage affrétés par les ONG.

«Le Temps» a passé deux semaines à bord de l’Aquarius, un bateau humanitaire qui se retrouve ballotté entre les vagues, les méthodes de pirates des gardes-côtes et les enjeux géopolitiques. Reportage

  • Reportage: Adrià Budry Carbó
  • Photos et vidéos: Camille Pagella

Ce n’est encore qu’une minuscule tache blanche dans l’immensité marine. Depuis la passerelle de l’Aquarius, le Genevois Basile Fischer ajuste une dernière fois ses jumelles. Trop gros pour être un déchet, et cette forme arrondie, proue en avant… Le sauveteur de garde du navire humanitaire en est désormais «sûr à 100%». A quelques milles nautiques, un bateau pneumatique surchargé tente de gagner les eaux internationales, loin de la Libye.

«SOS, MSF: préparez-vous pour intervention!» Le grésillement des talkies-walkies surprend le personnel en plein déjeuner dominical. En quelques minutes, la cafétéria se vide pourtant et les 39 membres de l’équipage de l’Aquarius rejoignent leur poste. Parmi eux, deux journalistes du Temps, embarqués pour une rotation de deux semaines. Sur le pont, le staff de Médecins sans frontières (MSF) – qui loue l’Aquarius à une compagnie privée allemande avec SOS Méditerranée – se prépare à prodiguer d’éventuels premiers secours aux passagers en détresse. A tribord, les sauveteurs ont déjà mis deux des trois zodiacs de secours à la mer. Les secondes s’écoulent comme des minutes pour les membres de l’équipage. Mais, alors que ceux-ci commencent à distinguer les quelque 120 occupants de l’embarcation de fortune, l’hélice de l’Aquarius cesse de tourner.

Bouée inaccessible

«Stand-by!» A bord, c’est l’incompréhension. Une vedette des gardes-côtes libyens fond désormais à grande vitesse sur le bateau pneumatique. L’emblématique Aquarius si facilement identifiable à sa couleur orange – et ses 77 mètres sont immobilisés à deux milles nautiques (3,7 kilomètres) de l’embarcation en détresse. Comme une bouée inaccessible.

Casquette vissée sur la tête et lunettes noires, Nick Romaniuk jongle entre les fréquences radio pour tenter de joindre le capitaine de la vedette libyenne Zuwara. Le responsable des opérations de sauvetage (ou «sarco», dans le jargon) a la mine grave. Comme les six autres personnes présentes dans le poste de commandement du bateau. La seule réponse intelligible sera finalement un tranchant «Go away».

Dans l’ordre des priorités d’un sarco, la sûreté de l’équipage passe avant celle des naufragés. D’expérience, Nick Romaniuk sait également qu’approcher l’Aquarius trop près d’une opération de sauvetage provoque un «effet aimant». Concrètement, des tentatives désespérées de fuite à la nage pour le rejoindre.

Migrants à la mer

Les deux zodiacs de sauvetage continuent de flotter à une centaine de mètres du bateau. L’opération libyenne est en passe de virer à la catastrophe. Au moins quatre personnes ont sauté à la mer après avoir été interceptées. Le clapotis de leurs bras est à peine perceptible. Sur l’Aquarius, tout le monde retient sa respiration, sauf l’adjoint du sarco, qui décrit la situation grâce à ses jumelles.

«On a failli les tirer de cet enfer (…) Ça s’est joué à quelques minutes, à quelques milles…»

Basile Fischer, sauveteur genevois sur l’Aquarius

«Des vies sont en danger. Nous devons être en mesure d’intervenir!» Nick Romaniuk plaide désormais directement auprès du MRCC. Le Centre italien de coordination des sauvetages est devenu, faute d’alternative libyenne, l’autorité décisionnaire pour toute cette partie de la Méditerranée. Ce jour-là, les fonctionnaires romains ont pourtant choisi de transférer la responsabilité du sauvetage aux Libyens. Malgré la proximité d’un navire mieux équipé pour ce type d’opérations et la présence d’une équipe médicale.

«Go away!» Le crépitement de la radio exige cette fois que l’Aquarius s’éloigne à 5 milles nautiques afin de ne pas «interférer» dans l’opération. Dans un mouvement lent, le navire humanitaire finit par s’éloigner du lieu du sauvetage.

Ceux qui s’approchent trop près

Le paradigme migratoire est en plein bouleversement en Méditerranée centrale, principale route vers l’Italie, empruntée par 181 000 personnes en 2016 et 119 000 en 2017, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. L’Union européenne y sous-traite désormais les opérations de sauvetage aux gardes-côtes libyens. Les migrants sont désormais «interceptés» puis ramenés dans la chaotique Libye post-Kadhafi, le pays qu’ils tentaient précisément de fuir.

INFOGRAPHIE. La carte des morts en Méditerranée depuis 2005, par Levi Westerveld, publiée dans «Le Temps» en décembre 2017. Chaque point rouge représente un décès en mer.

Plus d’informations sur cette carte: Méditerranée, le cimetière marin

Source https://www.letemps.ch/grand-format/piege-haute-mer

Grèce : rapport sur les demandes d’asile

Rapport annuel de 2017 pour la Grèce publié par Asylum Information Database où on trouve les chiffres concernant les demandes d’asile et les décisions prises en première instance et en appel. Le rapport a été établi par le Greek Council for Refugees.

http://www.asylumineurope.org/reports/country/greece

Les demandes d’asile en 2017 augmentent et s’élèvent à 58.661, c’est à dire 8,5% de demandes de toute l’UE et avec la population grecque, 5.295  par million d’habitants ce qui est le c’est le plus haut pourcentage par habitant pour toute l’Europe.

Particulièrement alarmant est le traitement des demandes des Syriens dans les îles : parmi les 1.276 demandes examinées, pour 912 la Turquie fut considérée « pays tiers sûr », ce qui veut dire que 71,4% de demandes furent rejetés en première instance.

Ce qui est également alarment  est l’inversion de tendance entre les décisions en appel avec l’ancienne procédure et la nouvelle. On constate que là où avec les anciennes Commissions de Recours il n’y avait pas de décisions négatives  nettes mais renvois pour statuts humanitaires, avec la nouvelle composition de Commissions et l’intégration à celles-ci des juges, le pourcentage de refus net s’élève à 93,63%. Ce pourcentage particulièrement inquiétant de refus en deuxième instance laisse supposer que les juges agissent en fonction de critères politiques, et notamment en fonction de l’accord UE-Turquie.

Le rapport constate que pendant l’année des pressions ont été exercées par les autorités européennes et grecques afin de restreindre le nombre de demandeurs reconnus comme personnes vulnérables, ce qui leur octroyait le droit d’échapper au confinement géographique aux îles. Ce qui a eu comme résultat  que plusieurs personnes vulnérables n’ont pas été reconnues comme telles et ont été privées de soins médicaux et de aide humanitaire.  Un autre point noir est la systématisation de la détention pour les demandeurs déboutés.

L’ensemble du tableau dressé par ce rapport est plus qu’alarmant

VS

SOS Méditerranée Une 6eme naissance à bord

Une 6e naissance dans un contexte houleux

Il était 15h45, en ce samedi après-midi du 25 mai, lorsqu’il a poussé son premier cri dans la clinique de l’Aquarius. Sa maman, presque incrédule d’avoir survécu aux sévices subis durant une année en Libye et à la traversée en mer, a lâché dans un souffle : « Miracle ». Ce sera le nom que portera ce magnifique garçon de 2,8 kg.

La jeune maman, malgré son état d’épuisement, est aussitôt sortie sur le pont et a présenté Miracle à ses compagnons de voyage… Une joie immense a alors envahi l’assistance, les chants des femmes se sont élevés comme une libération, comme un cri au ciel pour lui avoir donné la vie, et avoir conservé la leur. Rare moment de pur bonheur à bord.

Si cet enfant et sa mère sont vivants, cela relève en effet presque du miracle. Détenue pendant plus d’un an en Libye avec son compagnon, la jeune femme y a été torturée, brisée, affamée, rançonnée, mais a finalement réussi à s’enfuir. Elle a pris la mer une première fois le mercredi mais le moteur du bateau pneumatique a cessé de fonctionner peu après avoir quitté la plage et tous les occupants ont été ramenés à terre. Les passeurs les ont alors obligés à se cacher en attendant leur retour. Elle est restée terrée là pendant 24 heures, terrifiée, sans eau ni nourriture.  Les passeurs sont revenus un jour plus tard, les poussant de nouveau dans cette mer de ténèbres, pour une traversée tout aussi effrayante.

Jeudi matin, le canot  pneumatique surchargé est repéré, puis secouru par le navire de la marine italienne San Giorgio. A la nuit tombée, les 69 rescapés, dont 4 femmes enceintes, sont finalement transbordés vers l’Aquarius, où ils sont pris en charge par les sauveteurs de SOS MEDITERRANEE et le personnel médical de Médecins Sans Frontières.

L’Aquarius contraint et forcé d’arrêter les recherches

Le lendemain, le temps est au beau fixe. Conditions météorologiques favorables pour des départs de Libye à bord d’embarcations de fortune. Le coordinateur des sauvetages arrive sur la passerelle, sa mine est grave. Ailleurs dans l’immensité, les marins-sauveteurs savent qu’il y a très certainement des embarcations en péril et des centaines de personnes qui ont besoin d’aide. Au cours de la matinée, les signalements du Centre de coordination des sauvetage se succèdent, les unités de secours présentes sur la zone sont débordées. Entre jeudi et vendredi 1500 personnes sont secourues en pleine mer à l’Est de Tripoli.

Mû par les valeurs de solidarité en mer, l’Aquarius offre son assistance, mais l’ordre du Centre de coordination de secours maritime à Rome est sans appel : l’Aquarius doit repartir vers les côtes avec seulement 69 passagers à son bord, alors qu’il pourrait en accueillir beaucoup plus, déchargeant ainsi les autres bateaux de sauvetage. C’est la deuxième fois que SOS MEDITERRANEE est confrontée à pareille situation en quelques semaines.

Pendant ce temps, peut-être, d’autres enfants ne verront jamais le jour. Personne n’entendra jamais la prière de leur mère, perdue dans la grande bleue. Les marins le savent. Alors la naissance de Miracle vient mettre un peu de baume au cœur des équipes. L’Aquarius débarquera finalement les 70 rescapés à Catane, en Sicile, le dimanche 27 mai au matin avant de repartir en mer. Bon vent, petit Miracle !

Lire le communiqué du 26 mai 

Voir la vidéo de la célébration sur le bateau

PHOTOS : Guglielmo Mangiapane / SOS MEDITERRANEE

Face à l’inacceptable, agissons pour porter secours et sauver des vies http://www.sosmediterranee.fr/

 

Camp de Moria Surpeuplement dangereux

Grèce: Surpeuplement dangereux, accès à la santé  insuffisant à Moria

Alors que le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, se rend à Lesbos, en Grèce, pour une conférence régionale, Médecins Sans Frontières (MSF) prévient que la situation à Lesvos atteint, une fois de plus, un point de rupture. Suite à la politique continue du gouvernement grec de contenir à tout prix les migrants et les réfugiés dans les îles grecques, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants à Lesbos vivent dans des conditions sordides et surpeuplées, sans accès aux soins de santé. Avec environ 500 nouvelles personnes arrivant à Lesvos chaque semaine, le surpeuplement, ainsi que la demande accrue de soins de santé et d’autres services, poussent le camp à la rupture. MSF appelle les autorités grecques à transférer immédiatement les personnes de Lesvos vers le continent et, en outre, à étendre immédiatement la fourniture de soins de santé sur l’île.

Dans le camp gouvernemental de la Moria, il y a actuellement plus de 7 000 personnes dans un camp qui a été construit pour un maximum de 2 500 personnes. Les conditions de vie et la réduction des soins médicaux représentent un risque élevé pour la santé et la vie des personnes prises au piège sur l’île.

« Le camp de la Moria est à la fois dangereux et insalubre, en particulier pour les enfants. Chaque jour, nous traitons de nombreuses conditions d’hygiène telles que les vomissements, la diarrhée, les infections cutanées et d’autres maladies infectieuses, et nous devons ensuite retourner ces personnes dans les mêmes conditions de vie à risque. C’est un cercle vicieux insupportable », explique Declan Barry, coordinateur médical de MSF. «Le mélange de conditions de vie insalubres et dangereuses qui augmentent le taux de maladies infantiles, les obstacles à l’obtention de conditions de récupération appropriées pour les enfants malades et l’accès insuffisant aux services de santé représentent une tempête parfaite pour la santé et le bien-être des enfants. « 

MSF – qui fournit des soins pédiatriques et des soins de santé sexuelle et reproductive aux femmes vivant dans le camp de la Moria depuis la fin de 2017 – a vu la demande de services pédiatriques doubler au cours des deux derniers mois. La demande pour notre service de santé sexuelle et reproductive ce mois-ci est le double de celle du mois précédent. Au cours des dernières semaines, les équipes de MSF ont traité 60 patients pédiatriques par jour et ont également refoulé environ 15 patients par jour, incapables de répondre aux besoins médicaux croissants des enfants dans le camp. Ceci est extrêmement alarmant étant donné que l’accès aux soins de santé est limité la nuit et le week-end dans le camp de la Moria, et que les enfants ayant besoin de soins médicaux sont très vulnérables.

En outre, la fourniture de soins de santé primaires pour les adultes dans le camp de Moria est extrêmement limitée, avec très peu d’autres consultants médicaux fournissant des soins de santé pendant la semaine et une seule organisation bénévole fournissant un service de santé réduit pendant la nuit et le week-end. Le seul hôpital public de Lesvos est débordé et en sous-effectif, et les patients ont du mal à accéder aux services spécialisés qu’il fournit.

« Pendant des mois, nous avons mis en garde contre une détérioration dramatique de la santé et de la santé mentale à Lesbos. Les autorités n’ont pas répondu à ce besoin très clair et actuel, et la souffrance de la population continue de se dégrader: chaque jour dans notre clinique, nous voyons des patients ayant des besoins urgents, y compris de nombreux cas de tentatives de suicide et d’automutilation », explique Katerina Katopodi, infirmière MSF à Lesvos. « Nous exhortons le gouvernement grec à mettre un terme à cette politique de confinement inhumaine et insoutenable sur les îles et à augmenter immédiatement la fourniture de soins médicaux à ces familles poussées à leurs limites ».

Source http://www.msf.org/en/article/greece-overcrowded-dangerous-and-insufficient-access-healthcare-moria

Thessalonique Des centres d’accueil au bord de l’explosion

Comme le révèle le média local ThessNews, les centres d’accueil de la région de Thessalonique ( Diavata et Lagkadikia) sont au bord de l’explosion car plein à craquer.

Ces derniers temps, un flux continu de réfugiés ont passé la rivière Evros en provenance de Turquie. Il semblerait que Erdogan joue de sa capacité à ouvrir le robinet des flux migratoires pour peser dans ses relations avec l’UE… Ces centaines de migrants et réfugiés ont pour résultat de venir exploser la capacité grecque en matière d’hébergement. Cela a eu pour résultat de créer des tensions inter-ethniques parmi eux avec parfois des affrontements.

Les journalistes du média local ThessNews ont mené une enquête que nous rapportons ici :

Dans le centre de Diavata, les réfugiés dorment à même le sol sur des couvertures…les uns sur les autres et on a érigé plus de 60 tentes dans la cour intérieure de la structure. Ces tentes prévues pour 3, accueillent 5 personnes. Le long de la clôture, où il y a des arbres, vivent plus de 100 réfugiés au cours des dix derniers jours, qui sont venus dans leur majorité de Afrin. Les témoignages sont accablants: « Nous sommes partis il y a un mois d’ Afrin et ces 10 derniers jours, nous sommes arrivés à Thessalonique. Nous avons traversé la frontière par la rivière, l’eau était à la taille. Nous étions trois familles, 13 personnes avec de jeunes enfants. Nous avons payé des trafiquants 1.500 euros chacun. Nous vivons dans les tentes jusqu’à 5 personnes ensemble. C’ est très difficile… » raconte Ntelal du camp de Diavata, tenant dans ses bras un bébé de six mois.

Même situation dans le camp de Lagkadikia où on a monté à la va vite des petites tentes ou des petits préfabriqués. Ce camp initialement devait accueillir 400 personnes. Après les dernières arrivées, les réfugiés, principalement des Kurdes, vivent dans un bâtiment d’environ 50 mètres carrés, à plus de 50-60 personnes tous ensemble, femmes, hommes et enfants. Ils dorment sur le sol sur des couvertures et ceux qui ne rentrent pas, dans des tentes.
« Nous sommes ici depuis 10 jours. Je suis enceinte et la situation est très difficile. Nous dormons sur le sol sur des couvertures et nous n’avons pas encore commencé les procédures d’asile. On ne peut pas rester dans un si petit espace tous ensemble « décrit Nazir.

Ces centaines de réfugiés et de migrants qui traversent la frontière ont récemment triplé et les structures d’accueil sont insuffisantes.
Selon des données récentes, seulement en Avril 2018, plus de 2900 personnes ont franchi l’Evros.

Le porte-parole du ministère Nikos Ragos, a déclaré la semaine dernière à ThessNews qu’on ne va pas créer de nouvelles structures d’hébergement, mais une expansion des capacités dans ceux qui existent déjà.

La région d’Evros est très préoccupée. Le maire de Orestiada, Vassilis Mavridis, fait remarquer que le renforcement des forces de police ne résoudra pas le problème si on ne renforçe pas le département d’asile. « Nous savons que de nombreuses personnes sont arrivées à l’aéroport d’Istanbul, en particulier des pays d’Afrique sub-saharienne. Tous ceux-ci trouveront leur chemin vers la Grèce. Nous ne pouvons pas être un vignoble non clos, en particulier pour les migrants économiques. Le bouclier de l’Èvros est difficile, il est une réalité. Il devrait y avoir un flux normal en fonction des capacités du pays d’accueillir ces gens » , a déclaré le maire à Radio Thessalonique.

Selon le maire, l’Èvros est un passage attrayant pour les réfugiés et les migrants, car le coût est faible par rapport au passage par les îles, et l’Èvros est exclu de l’accord UE-Turquie et des déportations de migrants. Les 120 policiers supplémentaires envoyés ces jours-çi par l’État, ne résolvent pas le problème. Selon le Maire, il faut un vrai service d’asile.

Près d’un million de réfugiés en quatre ans :

A partir de 2014, le pays vit avec le grand problème des réfugiés. Près d’un million de personnes sont passées ces dernières années via l’Evros ou la mer Égée en Grèce. Plus précisément en 2014 sont arrivés dans le pays 41 038 personnes, et cela a plus que quadruplé au cours des deux dernières années, avec 173 450 personnes, c’est tombé à 29,718 en 2017 après l’accord UE-Turquie, alors que les trois premiers mois de l’année on a compté 7.145 arrivées. Au total depuis 2014 jusqu’au premier trimestre de 2018 ont été enregistrés pour avoir pénétré dans le pays, 856 723 réfugiés et immigrants.
En ce qui concerne la nationalité, depuis le début de 2017 jusqu’à aujourd’hui sont venus 14 419 Syriens , 7.281 Irakiens, 4069 Afghans , 1158 Congolais, 939 Algériens, 902 Palestiniens, 802 Iraniens, 530 Pakistanais, 451 Koweitiens et 626 apatrides.

CK

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