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Emmanuel au pays d’Hermès La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. Il évoque dans cet article la visite d’Emmanuel Macron.

Emmanuel au pays d’Hermès 

Temps de l’hybris. Sur un mur d’Athènes, le dit “Parlement” caricaturé est… aspiré (et inspiré) par un imposant OVNI. C’est là bien une caractéristique imagée des disjonctions actuelles. Les supposées structures de représentation parlementaire acclimatées au totalitarisme des vanités européistes et financieristes ne peuvent alors plus être considérées autrement. Entre-temps, la “fusée” Macron est passée par Athènes, visite officielle et poussière cosmique !

Visite officielle d’Emmanuel Macron à Athènes. Athènes, septembre 2017

D’abord, la frénésie marketing a largement préparé et accompagné cette visite d’Emmanuel Macron à Athènes. Aux yeux des Grecs, à part la… sympathie certaine et au-delà de la causerie impériale européiste du type: “Ce soir je veux que collectivement nous retrouvions la force de refonder notre Europe, en commençant par l’examen critique sans concession de ces dernières années” (le Président français aux côtés du Premier ministre grec Alexis Tsipras sur le Pnyx), l’essentiel dans cette visite tient du dépeçage économique, symbolique et structurel du pays faisant exactement suite à sa vassalisation néocoloniale accélérée et très actuelle.

“La Grèce est ainsi bradée à travers les accords de type colonial imposés par la Troïka et ce n’est pas de la sorte que l’Europe deviendra démocratique”, fait remarquer dans son communiqué commentant la visite Macron, le mouvement de Yanis Varoufákis “DiEM25” .

Ainsi, les 39 hauts représentants des très grandes entreprises françaises qui ont accompagné Emmanuel Macron à Athènes, procèdent non pas dans un cadre de coopération économique avec un minimum d’équité, mais dans celui des accords néocoloniaux imposés à la Grèce par l’Eurogroupe. Je dois rappeler que l’Eurogroupe n’a pas d’existence formellement légale quant au droit international (et européen), c’est un club informel des ministres de zone euro, où c’est d’abord la loi du plus fort qui s’impose à tous les autres, c’est-à-dire la loi de l’Allemagne.

Emanuel Macron sur le Pnyx. Presse grecque du 7 septembre 2017
La… communication Macron à Athènes. Presse grecque du 7 septembre 2017
Les…gouvernants à Athènes accueillent… Emmanuel Macron. Presse grecque, septembre 2017

C’est d’ailleurs pour cette raison que les cinq ordonnances réformant le Code du travail en France ont été présentées le 31 août au Conseil des ministres en présence et avec l’approbation du vice-chancelier allemand, et nous voilà ainsi dans le… nouveau monde du néocolonialisme pluridimensionnel mais oligopolaire.

À chacun son niveau de formatage, et pour ce qui du très bas niveau de formatage de la Grèce, parmi les accompagnateurs d’Emmanuel Macron, la presse a cru remarquer la présence de Jacques Le Pape, ancien directeur adjoint de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, nommé depuis 2016 à la tête du dit Fonds grec chargé des privatisations.

En réalité, il s’agit de cette agence fiduciaire imposée à la Grèce par le carcan des colonisateurs européistes et copiée sur le modèle de la Treuhand de nom complet Treuhandanstalt, laquelle était l’organisme de droit ouest-allemand chargée de la privatisation des biens de la République démocratique allemande (RDA) après la réunification du pays.

“Vous pouvez manger autant de la brioche que vous voulez !”, presse grecque, septembre 2017

Tout le monde en Grèce sait que le directoire de cette Agence des Privatisations (autant que la dite Administration Autonome des Recettes Publiques), échappe à tout contrôle étatique (et démocratique, parlementaire) grec. Pour ce qui est de l’agence fiduciaire plus précisément, les décisions sont prises à la majorité des 3/5, entre le directeur Français et les quatre autres membres, un Espagnol et trois Grecs, tous d’ailleurs nommés depuis le grand jardin de l’acclimatation financieriste et européiste.

C’est alors ainsi que dans les cafés grecs on estime qu’en dépit des messages officiels, le but de la visite Macron c’est de participer au dépeçage des biens du pays visité (eau, énergie, transports, télécommunications, renforcement même du contrôle par la mécanique sociale): “La Grèce c’est un cadavre, donc le monde des puissants s’en sert”, analyse… publiquement énoncé dans le café du coin par le retraité Mitsos.

“Vous pouvez manger autant de la brioche que vous voulez !” nous dit ainsi d’après un dessin de la presse grecque Emanuel Macron… déguisé en reine Marie-Antoinette estampillée… Allemagne et apportant aussi le message: “Austérité – Coupes sobres – Chômage” (car la phrase présumée historique sur la brioche avait été attribuée comme on sait à Marie-Antoinette). Temps vraiment nouveaux ?

“Avgí”, quotidien Syriziste et… Macroniste. Septembre 2017
Athènes… accueil. Athènes, septembre 2017
Commerce à vendre, Athènes, septembre 2017

Temps donc de l’hybris. Emmanuel Macron est reparti d’Athènes… comme il était déjà arrivé. Il n’aura pas vu, ni les soupes populaires qui reprennent dans la foulée du temps automnal qui s’annonce, ni les messages désespérés marqués au feutre par ceux de la dite “génération 400€”, autrement-dit, ces jeunes qui ne gagneront au mieux que 400€ par mois pour un travail qualifié et à temps plein.

Des histoires finalement… à Hérodote à se raconter alors sans fin, comme celle des sans-abri face à la mer profitant de l’énergie solaire, voilà une idée ayant peut-être échappé aux… investisseurs si bien accomplis au sein du cabinet Lagarde.

Le Vélos remorqué. Le Pirée, septembre 2017

Les voyageurs autres qu’Emmanuel Macron et les touristes sont déjà moins nombreux au Pirée, puis, le vieux Vélos (visitable, depuis 2002, comme navire musée à Fáliro) a été aperçu récemment près du grand port, remorqué jusqu’aux chantiers proches pour que les travaux d’entretien puissent être effectués. Au Pirée, les passants se sont même un long moment arrêtés pour l’admirer, comme parfois pour s’en souvenir.

Car son histoire n’est pas encore tout à fait oubliée, l’USS Charrette (DD-581), destroyer de classe Fletcher de la marine américaine, ayant pris le nom de HNS Velos (D-16) en 1959 dans la marine grecque se fait remarquer le 25 mai 1973 en refusant de rejoindre la Grèce, pour protester contre la Dictature des colonels et ainsi resté durant un bref moment en Italie, lorsqu’il participait à des exercices de l’OTAN.

Soupe populaire. Athènes, septembre 2017
Génération 400€. Athènes, septembre 2017
Sans-abri et énergie solaire. Athènes-Sud, septembre 2017
Au Pirée. Septembre 2017

Temps flottant. À Athènes… sous l’Acropole, le vieux bâti est souvent acheté et rénové par des investisseurs suffisamment internationaux, c’est déjà prouvé et acquis, les vieilles colonnes ont toujours la cote.

Sur d’autres murs d’Athènes et des environs, les… aspirations du temps éphémères (et vulgaires) se mesureront ainsi à “l’argent… aimé” ou encore à “Schäuble con”. Temps de l’hybris, automne en vue. Cynisme ainsi ambiant… supposé réaliste ; dans l’air du temps toujours, le vieux journaliste et chroniqueur radio Yórgos Trangas (Radio 90,1 FM, le 8 septembre, zone matinale), donne son point de vue sur l’actualité de la visite d’Emmanuel Macron à Athènes: “Puisque la Grèce est devenue une colonie européiste, vaut mieux qu’elle soit contrôlée par la France, plutôt que par l’Allemagne”, joli monde !

Bâti rénové, acheté par des étrangers. Athènes, septembre 2017
Mur Athénien. Septembre 2017
Mur au sud d’Athènes. Septembre 2017

Voilà notre temps… entier aux réalités fragmentées ! Les supposées structures de représentation parlementaire acclimatées au totalitarisme des vanités européistes et financieristes ne peuvent certainement plus être considérées autrement.

Visite d’Emmanuel Macron… autrement-dit très sympathique humainement sauf pour ce qui est de son contexte géopolitique, voire français tout simplement. L’hybris donc. “C’est de la souillure que d’avoir prononcé son discours sur le Pnyx, de Périclès et de la Démocratie”, a déclaré à l’occasion Manólis Glézos . Comme l’écrivait déjà Badia Benjelloun (“Un Bonaparte de pacotille”) en mai 2017 :

“Les nouveaux arrivants sur le ‘marché’ du travail continueront à toucher le stabilisateur social du RSA tout en habitant chez leurs parents, à cumuler des stages de formation ou des petits boulots d’intérimaires pour un certain temps. Quelques points d’écarts sur le taux de la dette obligataire, et nous voici transformés en misérables Grecs, contraints de vendre la Tour Eiffel et le Louvre, alors que les aéroports de Toulouse, Lyon et Nice et d’autres biens publics ont déjà été cédés à des firmes privées sous la houlette de Mac(a)ron.”

“Fabius, alors au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, ambitionnait pour la France un avenir de pays touristique, une industrie de nations pauvres, certes, mais une activité non délocalisable. Mais bientôt les sites, les aéroports, les chaînes hôtelières seront tous aux mains d’entreprises étrangères au profit externalisé employant des travailleurs détachés ou des migrants chassés par les guerres.”

Vielles colonnes. Athènes, septembre 2017
Une certaine classe moyenne se marie… Cap Sounion, septembre 2017
Hérodote chez le bouquiniste. Athènes, septembre 2017

“A ignorer la situation dans laquelle ont été plongés les Hellènes sous la domination du carcan européen, à fonder leurs espoirs sur un bonimenteur qui n’offre d’autre illusion que celle de les faire marcher, les Français concourent à leur malheur et à celle du monde. Il est vrai qu’ils tirent encore avantage à la position de leur pays comme protectorat étasunien capable de conserver quelques terrains de prédation protégés en Afrique, de plus en plus restreints.”

“La classe moyenne, spectatrice et rouage de l’acceptation de cette globalisation qui la précipitera tôt ou tard dans le camp des 99% de ceux d’en bas, témoigne de son insouciante légèreté qui lui fait conjurer cette issue. Elle s’offusque de ce qu’un parti ‘fasciste’ puisse prendre le pouvoir en France. Les conditions de la réalisation d’un fascisme à la mode du 20ième siècle sont révolues. Les structures de représentation parlementaire acclimatées au gouvernement de l’argent depuis deux siècles, avec la dose requise de suffrage universel, sont devenues encombrantes, les lois d’exception (‘Patriot Act’) et les états d’urgence sont adoptés comme nouvelle norme.”

Une certaine classe moyenne, spectatrice et rouage de l’acceptation de cette globalisation qui la précipitera tôt ou tard dans le camp des 99% de ceux d’en bas, se marie encore parfois, se faisant photographier pour les besoin du… glamour de pacotille au Cap Sounion devant la beauté de l’Égée sous le Temple de Poséidon.

Les navires passent. Cap Sounion, septembre 2017
Les histoires demeurent. Bouquiniste à Athènes, septembre 2017
Mimi de Greek Crisis. Septembre 2017

Les navires passent, nos histoires demeurent, la “fusée” Macron est passée par Athènes, visite officielle et poussière cosmique appartenant déjà au passé, tandis que Mimi (le chat de Greek Crisis) restée indifférant à la politique des humains, est désormais bouleversé depuis l’arrivée à domicile du… très jeune Hermès.

Dépassant l’hybris autant que faire se peut, nous avons ainsi sauvé Hermès (jadis… l’aînée des Pléiades) resté orphelin, espérant qu’un autre foyer, si possible économiquement réellement existant, puisse l’adopter d’ici un à deux mois… Avis aussi aux amis du blog.

Les navires passent, nos histoires demeurent !

Hermès… aussi de Greek Crisis. Athènes, septembre 2017

* Photo de couverture: Le ‘Parlement’ et son… OVNI. Athènes, septembre 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Grèce-Turquie : le gaz, le pétrole…..les conflits

Grèce-Turquie. Le gaz, le pétrole dans la Méditerranée de l’Est et le conflit potentiel qui s’y rattache et s’ajoute à la question chypriote Publié par Alencontre le 19 sep 2017 Par Antonis Ntavanellos

Selon divers analystes, la Méditerranée de l’Est serait actuellement une des régions du monde soumises à des tensions militaires parmi les plus intenses.

Au moment où ces lignes sont écrites [fin juillet 2017], au large de l’île de Chypre, face au navire patrouilleur turc Barbaros [entre autres pour repérer les refugié·e·s potentiels de Turquie se dirigeant vers la Grèce], et aux deux et trois navires de guerre qui l’accompagnent, se sont rassemblées des frégates françaises en soutien à la recherche pétrolière et gazière de la firme Total [1], ainsi que des navires de guerre américains, grecs et égyptiens. Par ailleurs, l’espace aérien couvrant le site est «occupé» par l’aviation militaire d’Israël, basée en Grèce pour des «exercices» [2].

A ceux qui, à gauche, s’empressent de calculer les rapports de force mutuels, nous rappelons que la Turquie – de concert avec le départ de Barbaros – a annoncé un achat de missiles S-400 Triumph ultramodernes, rendant ainsi officiel le renforcement de ses relations militaires avec la Russie de Poutine. Il est évident qu’il y a danger d’une course combinée vers une aventure militaire, ou d’un «glissement» vers un désastre. Ceux qui ne veulent pas y croire n’ont qu’à regarder une carte, avec les coordonnées géographiques indiquant la proximité de pays tels que le Liban, Israël, la Syrie, Chypre…

Cette sorte de poudrière est le résultat de la rencontre de deux problèmes majeurs. La situation chypriote (division de l’île en deux zones depuis 1974, l’une occupée par l’armée turque, l’autre zone grecque avec comme capitale Nicosie), d’une part, et, d’autre part, le conflit du partage des hydrocarbures en Méditerranée de l’Est (Zones économiques exclusives – ZEE –, espace maritime sur lequel un Etat côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources ; cette zone s’étend de la ligne de base d’un Etat jusqu’à 200 milles marins, soit quelque 370 km) :

1. Ceux qui avaient constaté dans les derniers développements autour de la question chypriote un «nouveau plan Annan» [3], et avaient supporté le rejet d’un accord de réunification de l’île, ont démontré aujourd’hui être absolument déconnectés de la réalité.

1.1. Les Grecs et les Chypriotes grecs participèrent aux négociations avec un objectif précis : renverser par des moyens diplomatiques les conséquences de la guerre de 1974. A son arrivée à Crans-Montana (Suisse), N. Kotzias [4] a déclaré que même il y a deux ans, il aurait été impensable de mettre sur la table des négociations les questions de l’abolition des garanties [5] et du retrait de l’armée turque. C’est une différence majeure quant aux négociations du temps d’Annan (2004).

Cette différence est le résultat du grand changement des rapports de forces dans la région. D’une part, la formation de «l’axe» Grèce-Chypre-Egypte-Israël, avec le soutien unilatéral de l’UE et des Etats-Unis. D’autre part, par la rupture entre la Turquie d’Erdogan et les grandes puissances de l’Ouest, complétée actuellement par le déplacement graduel de la Turquie vers la Russie après le coup d’Etat de l’été de 2016.

1.2. La partie turque, à Crans-Montana, ayant compris le renversement du rapport de force, a accepté de négocier sur les garanties et le retrait de l’armée, en espérant obtenir des gains sur le calendrier d’application des décisions, avec sa présence dans le «mécanisme de surveillance» de la mise en œuvre du plan. Elle a fait face ici à une nouvelle «surprise». La proposition grecque – avec le soutien de l’UE, du secrétaire général de l’ONU et des Britanniques (donc des Etats-Unis également) – a mis le contrôle du «mécanisme de surveillance» dans les mains d’une seule force : celle de l’UE. L’effacement graduel du rôle de garante et de la présence militaire de la Turquie sur l’île était ainsi livré aux mains d’une institution impérialiste internationale, à laquelle la Turquie ne participe pas ; institutions avec lesquelles les relations de la Turquie se détériorent progressivement (voir par exemple le conflit avec l’Allemagne de Merkel et d’autres pays comme les Pays-Bas).

Il y a là la vraie raison du «naufrage» de la négociation de Crans-Montana. Comme l’a déclaré N. Kotzias à son retour de Suisse, il y avait deux camps à Crans-Montana: la Turquie face à tous les autres.

1.3. Ce sentiment d’avoir acquis une position meilleure eut comme résultat l’augmentation des revendications grecques quant aux caractéristiques d’un potentiel Etat unifié de Chypre. N. Kotzias a déclaré qu’il ne signerait rien, tant qu’il ne s’agira pas d’une transformation de Chypre en un «Etat normal», où les décisions seraient prises selon le principe de majorité. Sauf que Chypre n’est pas un «Etat normal»: il y a une communauté majoritaire (quelque 770’000 Chypriotes grecs vivant dans le sud) et une communauté minoritaire (117’000 Chypriotes turcs auxquels se sont ajoutés 70’000 «colons» venus d’Anatolie après 1974) et – à la charge des nationalistes des deux camps – du sang a coulé. La seule solution véritablement démocratique dans de telles situations, à l’échelle internationale, est la prise de mesures spécifiques de protection des minorités (des mesures qualifiées d’«anormales» par N. Kotzias).

Nous sommes de ceux qui se méfient des solutions venant «d’en haut». Nous mettons nos espoirs dans la prise d’initiatives visant à la restauration d’une confiance mutuelle à partir «d’en bas», par l’action unitaire des salarié·e·s, du peuple, de la gauche. Pourtant, il faut noter que se manifeste, aujourd’hui, le rejet de l’idée de réunification, de dualité étatique et communautaire, y compris de la part du KKE. Un changement de position se note, parmi ceux qui étaient en faveur d’une telle solution durant des années – par exemple Synaspismos (Coalition de la gauche, des mouvements et de l’écologie, constituée en 1991 et participant en 2004 à la création de Syriza en tant que force majoritaire). Ces derniers font aujourd’hui volte-face et leur orientation satisfait les nationalistes grecs et chypriotes. Ainsi, ces forces laissent la voie ouverte aux gouvernements de Tsipras et d’Anastasiadis [6] pour manœuvrer librement sur ce terrain, sans opposition.

1.4. Cette position relève de l’«aveuglement» politique. La Turquie et le camp turco-chypriote, en voulant précipiter les choses, pourraient choisir une voie dangereuse qui se voudrait une sortie de la situation d’impasse. Elle pourrait avoir comme configuration, au-delà des différences, celle du scénario de Crimée, c’est-à-dire l’unification de Chypre du Nord avec la Turquie suite à un référendum virtuel ou authentique. Et dans ce cas, l’éventualité d’une guerre civile serait encore plus probable…

1.5. Ces développements eurent un effet politique collatéral. N. Kotzias, qui était dépeint tel un diable préparant un nouveau «plan Annan», est maintenant transformé en une «idole» par les journalistes qui soutiennent le rejet du plan Annan et par tous les agents de «l’espace patriotique», qu’ils viennent du PASOK, de la droite ou de l’extrême droite. La tentation est grande pour Tsipras aussi : rechercher une solution au fort déclin de son parti, en prenant une direction nouvelle vers une politique ethno-patriotique. On repère déjà dans certaines librairies et salles de conférences le contenu «patriotique» de certaines publications et la présence d’un éventail politique composé d’amis des Etats-Unis, de «patriotes» traditionnels, d’éléments de l’ancien pasokisme et d’une partie importante de SYRIZA. Un phénomène qu’on ne devrait pas sous-estimer…

2. Cette situation délicate se complexifie davantage suite à la dimension géopolitique de l’extraction d’hydrocarbures dans la Méditerranée de l’Est et à l’instauration déclarée des Zone Economiques Exclusives (ZEE).

Certains parlent de l’application du Droit international de la mer. Cela n’est que pure naïveté. Ce n’est que le résultat d’un pur rapport de forces. Ce n’est pas par hasard que les cartes de ZEE furent rendues publiques par l’Etat d’Israël, puis avalisées par Chypre et l’Egypte.

Il est révélateur que l’Etat grec – sous les gouvernements successifs de Karamanlis, de G. Papandreou, d’A. Samaras et d’A. Tsipras – n’ait pas reconnu officiellement ce partage, et ait choisi de ne pas déclarer de ZEE grecque.

Le «spécialiste nationaliste» Th. Kariotis a expliqué la raison dans les colonnes du quotidien Kathimerini: ce serait, dit-il. un crime contre la nation, car cela donnerait à la Turquie le droit de déposer cette question devant la Cour internationale de justice (CIJ siégeant aux Pays-Bas), avec l’espoir légitime d’en tirer deux renversements majeurs: a) la séparation de la mer Egée entre la Grèce et la Turquie, qui est aujourd’hui dans un rapport respectif de 93% à 7%; b) la reconnaissance de la «grande ZEE» de Kastelorizo (île grecque qui se situe à quelque 7 km de la ville de Kas, dans la province turque d’Antalya). Cette zone est d’importance majeure du point de vue stratégique, car elle assure la continuité géographique entre l’Israël, Chypre et la Grèce. Ainsi, à la place du droit international, de grands professeurs comme Th. Kariotis proposent de prendre la voie de la création de faits accomplis par le commencement des recherches et des forages pour le gaz et le pétrole, et par l’avancement du grand projet du gazoduc East Med [7].

2.1. La création des faits accomplis est ce qui se passe déjà dans la Méditerranée de l’Est. La présence de colosses tels qu’ExxonMobil, Total et Eni, la mobilisation militaire des Etats-Unis et de la France et la «surveillance» d’Israël ne laissent pas d’espace pour des illusions concernant qui soutient qui. Le prétendu «espace patriotique», qui se réclamait pendant des années d’une espèce d’anti-impérialisme, se trouve aujourd’hui derrière le char des Etats-Unis, de l’UE et de l’Etat d’Israël.

2.2. Quand on se retrouve devant de potentiels grands désastres – comme la guerre –, s’aligner sur les grandes puissances n’est pas un refuge sécurisé. On se souvient qu’en 1918-22, quand les impérialistes en eurent terminé avec la conquête des territoires du Moyen-Orient auxquels ils avaient vraiment intérêt, ils laissèrent à son sort l’armée grecque. Elle se trouvait alors en retraite désordonnée dans les profondeurs de l’Anatolie, comme traduction de la fin sanglante d’une campagne militaire dans laquelle même les généraux grecs ne croyaient pas… (voir à ce sujet les développements du conflit gréco-turc de 1919 à 1922).

2.3. La logique du conflit est l’escalade. En mer Egée, il y a eu déjà un événement dangereux dont la responsabilité incombe à la Grèce, au large de l’île de Rhodes. Le pouvoir grec ordonna d’inspecter un navire en partance d’un port turc, se dirigeant vers un autre port turc [8]. Il a donc remis directement en question le droit de passage, et flirta avec le blocage naval. Aucun pays – encore moins un pays au littoral important et développé – ne peut pacifiquement accepter un tel développement. En mer Egée, cela aboutit à jouer avec le feu.

3. Dans ces conditions, la priorité absolue de la gauche devrait relever d’une politique antiguerre et anti-impérialiste.

Choisir la paix pour des raisons de principe et soutenir une politique d’amitié et de solidarité avec tous ses voisins est en accord avec la priorité d’un point de vue des intérêts des classes populaires, et nécessaire à une orientation réelle de gauche face à la crise économique et sociale, à laquelle un gouvernement peut répondre par une orientation d’unité nationale «face à l’ennemi historique».

L’abandon de ce point de vue mène nécessairement à un recul sur toute la ligne.

Seulement ainsi peut-on répondre politiquement au gouvernement de Tsipras. Le gouvernement des mémorandums et de la tutelle impérialiste (la Troïka), un gouvernement qui a dans ses rangs des ministres dont l’opportunisme est illimité, tels que Kammenos [9] et Kotzias. (Article paru dans le bimensuel La gauche ouvrière de DEA, courant de l’Union populaire, le 19 juillet 2017. Traduction S. Siamandouras et édition par A l’Encontre)

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[1] Comme on lit dans le quoitidien économique Les Echos: «Total a démarré, le 13 juillet, avec son partenaire ENI (Italie), les opérations de forage pour l’exploration du champ Onisiforos, au large des côtes de l’île. Une opération à haut potentiel, «l’une des explorations les plus critiques de l’année dans le monde», avait estimé le cabinet IHS Markit en début d’année.» Anne Feitz, «La Méditerranée, ce nouvel eldorado gazier» {25 juillet 2017)

[2] Tous ces Etats ont des intérêts liés au gaz dans la région. Comme on lit dans Les Echos: «Les grandes découvertes dans la région ont commencé en 2009 et 2010 au large d’Israël, avec les gisements de Tamar, puis du champ géant Léviathan, par la compagnie américaine Noble Energy, associée à la société locale Delek. Elles se sont poursuivies en 2011 à Chypre, où Noble a aussi trouvé le vaste champ Aphrodite. La découverte de Zohr par l’italien ENI en Egypte, en 2015, a achevé de convaincre les compagnies que la zone pouvait être un nouvel eldorado gazier». Eni est aussi associé à BP –multinationale britannique- (10 %) et au russe Rosneft (30%) (op.cit.).

[3] Le plan a pour nom celui de l’e secrétaire des Nations unies Kofi Annan. Il proposait un système fédéral où les deux communautés seraient représentées. Il fut soumis par référendum aux deux populations chypriotes le 24 avril 2004. Les Chypriotes turcs ont voté en faveur de ce plan à 64,90%, par contre 75,83 % des Chypriotes grecs ont voté contre, parce que le plan ne prévoyait pas le retour de tous les réfugiés chypriotes grecs dans la partie nord, ni l’expulsion complète des colons turcs, ni la démilitarisation totale de l’île. En outre, le plan laissait intactes les deux bases britanniques sur l’île.

[4] N. Kotzias est l’actuel ministre des Affaires étrangères de la Grèce. Il est professeur en sciences politiques et relations internationales et européennes à l’Université du Pirée. Antérieurement, il avait été un cadre connu du KKE (PC grec) dans les années 1970-80 (notamment membre fondateur de la Jeunesse du parti – KNE – et de son institut des études marxistes – KME; et enfin membre du comité central du KKE). Il fut par deux fois condamné par la Junte militaire (1967-1974). Il se retrouva par la suite à la tête du think tank du PASOK (ISTAME), avant de soutenir SYRIZA. En 1992, il entre au ministère des Affaires étrangères en tant que consultant. Il reste jusqu’en 2008, et en sort avec le grade d’ambassadeur. Conseiller de Georges Papandreou (PASOK) en 1996 lorsqu’il était vice-ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement de Costas Simitis, PASOK, Premier ministre de 1996 à 2004. Il reste son conseiller proche jusqu’en 2009, mais il y a rupture entre les deux hommes quand il n’est pas nommé aux Affaires étrangères du gouvernement Georges Papandreou (octobre 2009-11 novembre 2011).

[5] Référence au traité de garantie signé à Nicosie le 16 août 1960 (et précédé par les accords de Zurich du 11 février 1959 et les accords de Londres du 19 février 1959). Selon ce traité, qui officialise l’indépendance de Chypre, les trois puissances garantes – Royaume-Uni, Grèce et Turquie – ont établi un droit d’intervention militaire.

[6] Nikos Anastasiadis est l’actuel Président de la République de Chypre. Il est le dirigeant du Rassemblement démocrate, parti conservateur.

[7] D’un coût de 5,8 milliards d’euros, ce gazoduc devrait acheminer le gaz découvert aux larges des côtes chypriotes et israéliennes en Europe en passant par la Grèce puis par l’Italie. Les études de faisabilité sont désormais achevées et, d’après le projet, le gazoduc devrait être opérationnel d’ici à 2025.

[8] L’épisode a eu lieu le 3 Juillet. Lorsque le navire M/V ACT – qui par les autorités grecques était suspecté de trafic de drogue – refusa d’être inspecté, la police des ports grecque ouvra le feu. Selon le capitaine turc, son navire reçut au moins 16 balles.

[9] Ministre de la Défense Nationale du le gouvernement de Tsipras, et Président du parti « Grecs Indépendants », un parti de la droite populiste aux idées xénophobes, homophobes et ultrareligieuses.

Grèce-Turquie. Le gaz, le pétrole dans la Méditerranée de l’Est et le conflit potentiel qui s’y rattache et s’ajoute à la question chypriote

Avortement, les femmes décident !

L’acharnement des obscurantistes et autres réactionnaires de tout poil contre les lois qui garantissent le libre accès à une grossesse non désirée, constitue aussi un acte revanchard. C’est un acte symbolique de restauration de l’ancien ordre emblématique de la victoire de la contre-révolution, un acte d’infamie, imposée aux vaincus, aux prisonniers, aux esclaves, tout comme l’étaient la tonte des cheveux et les viols des femmes républicaines effectués par les fascistes de l’état franquiste espagnol pour humilier les démocrates.

De plus, l’abolition du droit à l’avortement est l’emblème idéologique de la droitisation la plus extrême d’une aile des partis de la droite traditionnelle, traversée par une profonde crise d’identité. C’est aussi le ciment avec lequel les radicaux de droites se regroupent. C’est pour cela que cette revendication a été mise dans le programme politique du Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy et des Républicains de Donald Trump.

En somme chaque victoire remportée pour imposer le droit à l’accès libre, sûr et gratuit sera une victoire non seulement pour les féministes, mais pour tous ceux et celles qui croient à l’émancipation humaine.

Voir l’article complet ici

Crise grecque

“La Grèce est ainsi bradée à travers les accords de type colonial imposés par la Troïka et ce n’est pas de la sorte que l’Europe deviendra démocratique”, fait remarquer dans son communiqué commentant la visite Macron, le mouvement de Yanis Varoufákis “DiEM25” .

Ainsi, les 39 hauts représentants des très grandes entreprises françaises qui ont accompagné Emmanuel Macron à Athènes, procèdent non pas dans un cadre de coopération économique avec un minimum d’équité, mais dans celui des accords néocoloniaux imposés à la Grèce par l’Eurogroupe. Je dois rappeler que l’Eurogroupe n’a pas d’existence formellement légale quant au droit international (et européen), c’est un club informel des ministres de zone euro, où c’est d’abord la loi du plus fort qui s’impose à tous les autres, c’est-à-dire la loi de l’Allemagne.

Les…gouvernants à Athènes accueillent… Emmanuel Macron. Presse grecque, septembre 2017

C’est d’ailleurs pour cette raison que les cinq ordonnances réformant le Code du travail en France ont été présentées le 31 août au Conseil des ministres en présence et avec l’approbation du vice-chancelier allemand, et nous voilà ainsi dans le… nouveau monde du néocolonialisme pluridimensionnel mais oligopolaire.

À chacun son niveau de formatage, et pour ce qui du très bas niveau de formatage de la Grèce, parmi les accompagnateurs d’Emmanuel Macron, la presse a cru remarquer la présence de Jacques Le Pape, ancien directeur adjoint de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, nommé depuis 2016 à la tête du dit Fonds grec chargé des privatisations.

En réalité, il s’agit de cette agence fiduciaire imposée à la Grèce par le carcan des colonisateurs européistes et copiée sur le modèle de la Treuhand de nom complet Treuhandanstalt, laquelle était l’organisme de droit ouest-allemand chargée de la privatisation des biens de la République démocratique allemande (RDA) après la réunification du pays.

Voir l’article complet ici

Les Grecs, de « cochons » à « sacrifiés »

« Un scandale démocratique », le sauvetage de la Grèce ? Si l’accusation était venue d’un militant altermondialiste, elle n’aurait guère surpris. Mais l’auteur de cette déclaration audacieuse n’est autre que Pierre Moscovici, qui s’exprimait ainsi lors d’une interview accordée samedi au quotidien italien Corriere della Sierra. Et dans laquelle il enfonce le clou : « Parce qu’en décidant de cette manière du sort d’un pays, en imposant des décisions détaillées sur les retraites… On touche aux choix fondamentaux d’un pays », dit l’actuel commissaire européen aux Affaires économiques. Une révélation de taille venant d’un responsable qui, en juin 2012, à la veille d’élections cruciales en Grèce, mettait en garde les électeurs hellènes sur le risque de voter pour Syriza, le parti de gauche anti-austérité dirigé par Aléxis Tsípras. Lequel sera finalement élu trois ans plus tard, en 2015. Avant de devoir renoncer à toutes ses promesses électorales sous la pression musclée des créanciers du pays. Depuis, les réformes sont le plus souvent décidées à Bruxelles avant d’être entérinées par la Vouli, le Parlement grec.

Reste qu’au moment où Emmanuel Macron arrive à Athènes avec l’ambition d’y lancer la refonte démocratique de l’Europe, le commentaire de Moscovici confirme un glissement subtil du storytelling de la crise grecque.

Qui l’a oublié ? Dans un passé pas si lointain, les Grecs assimilés à d’incorrigibles cigales, étaient stigmatisés pour leur gabegie. « Un pays laxiste », jugeait en mars 2010 Moscovici lui-même sur son blog, en évoquant ce canard boiteux, bientôt membre des « cochons » de l’Europe : les « Pigs », comme on désignait alors Portugal, Irlande, Grèce et Espagne.

Bénéfices

Changement d’ambiance : l’acronyme Pigs semble passé de mode. Et plutôt que de qualifier les Grecs de voleurs ou de paresseux, il est désormais de bon ton de saluer leurs sacrifices. À Paris, la nouvelle analyse macronienne dénonce même pudiquement des « mesures précipitées » imposées à la Grèce sous la férule des créanciers. Ce n’est certes pas un mea culpa, mais ce n’est plus une stigmatisation.

Tsípras, de son côté, s’accroche encore à l’espoir sans cesse reporté d’un allégement de la dette grecque qui lui permettrait de justifier les sacrifices imposés à ses concitoyens, au nom d’un endettement qui n’a fait qu’augmenter. Un autre discours, aussi récurrent que culpabilisateur, est désormais moins audible : celui selon lequel « les contribuables européens se saignent pour les Grecs ». Accusation qui mérite d’être nuancée, après les révélations récentes du quotidien Süddeutsche Zeitung sur les fabuleux bénéfices engrangés par Berlin grâce au « plan de sauvetage de la Grèce » : 1,34 milliard d’euros au total. Les prêts accordés par Paris auraient, eux, rapporté 729 millions d’euros, de 2010 à 2014.

« En réalité, tout ce qui est prêté à la Grèce ne fait qu’ajouter de l’endettement au pays et les seuls contribuables qui trinquent réellement sont les citoyens grecs », rappelle Eric Toussaint, un économiste belge, membre fondateur du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes. Peu après l’élection de Tsípras, Toussaint avait participé aux travaux de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque – aujourd’hui dissoute – qui s’était penchée sur cette question (Note du CADTM : La commission qui a été dissoute par le nouveau président de parlement grec en octobre 2015 s’est ensuite constituée en association en gardant le même nom. Elle a tenu plusieurs réunions et poursuit donc ses travaux sans le soutien des autorités grecques) .

Dramatisation

Cet été, c’est la justice grecque qui a mis les pieds dans le plat : après quatre années d’instruction et deux procès, Andreas Georgiou a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Cet ancien directeur de l’Office des statistiques grecques est accusé d’avoir augmenté les chiffres de la dette et du déficit de son pays pour l’année 2009. Une pratique surprenante qui confirme « la stratégie d’une dramatisation délibérée de la crise grecque pour en cacher les causes réelles, explique Eric Toussaint. La dette publique grecque était élevée mais pas insupportable (voir l’encadré ci-dessous). En revanche au tournant 2009-2010, ce sont les banques et les entreprises grecques qui sont trop endettées. Or elles ont bénéficié de prêts massifs de la part des banques françaises et allemandes. Après la crise de 2008, il était impossible de vendre à l’opinion que les banques avaient une fois de plus fauté en créant une bulle spéculative. On a donc transféré le problème sur la dette publique », souligne encore l’économiste. « Les Grecs sont friands de théories du complot »,notait un chroniqueur du Financial Times le 7 juillet, ajoutant : « En fait, c’est vrai, ils ont été en partie victimes d’un complot étranger. La Grèce a été sacrifiée pour sauver l’euro. » Sauf que bien sûr, à l’époque, on ne le disait pas.


Source : Libération

En réalité, comme Éric Toussaint et le CADTM l’ont écrit dans plusieurs articles à l’époque, la dette publique était insupportable pour le peuple grec, elle aurait dû être auditée, son remboursement aurait dû être immédiatement suspendu pendant la réalisation de l’audit, et ensuite la dette aurait dû être radicalement réduite. Voir la déclaration du CADTM du 3 mai 2010 écrite quelques jours avant la signature officielle du premier mémorandum.

Ce que le CADTM met en évidence, c’est que la dette privée grecque, en particulier celle des banques grecques, constituait le problème principal en 2009-2010. Le mémorandum a été mis en place pour favoriser l’intérêt particulier des banquiers privés français, allemands, grecs… en augmentant la dette publique grecque pour venir en aide aux grandes banques responsables de la crise.

Les chapitre 1 et 2 du Rapport préliminaire de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque présentent clairement ce qui a produit l’augmentation de la dette publique grecque avant 2009-2010 et explique pourquoi le mémorandum de mai 2010 a été mis en place par la Troïka avec la complicité du gouvernement grec de l’époque.

Concernant la narration de la crise de 2009-2010, voir également Le récit discutable de Varoufakis des origines de la crise grecque et ses étonnantes relations avec la classe politique et l’intervention d’Éric Toussaint à la présentation du rapport préliminaire de la Commission de la vérité le 17 juin 2015 au parlement grec.

peinture jetée sur l’Institut français avant la visite de Macron

L’Institut français à Athènes a été vandalisé, la veille de la visite officielle d’Emmanuel Macron. Les réformes du droit de travail en France ont suscité une réaction mitigée en Grèce, où le chômage reste très important.

«Deux personnes circulant à moto ont projeté de la peinture noire sur la façade de l’Institut français à Athènes le soir du 6 septembre, à quelques heures de l’arrivée en Grèce d’Emmanuel Macron pour une visite officielle,» a-t-on appris auprès de la police. «Elles ont jeté une bouteille remplie de peinture sur le mur extérieur de l’institut, avant de prendre la fuite», a fait savoir la police à l’AFP.

L’action contre l’institut n’a pas été immédiatement revendiquée, mais le mode opératoire évoque celui des groupes anarchistes locaux. Déjà en novembre, deux personnes à moto avaient lancé une grenade contre la grille de l’ambassade de France, blessant légèrement un policier en faction.

Le 6 septembre, la police grecque a interdit les manifestations dans le centre-ville pendant la visite présidentielle.

La révision du droit du travail français en cours a suscité des commentaires mitigés en Grèce, où les suppressions d’emplois imposées par les créanciers internationaux du pays ont entraîné une forte augmentation du chômage au cours des dernières années.

Le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte arrivent le 7 septembre en début d’après-midi à Athènes pour une visite qui doit s’achever le lendemain par un passage dans ce bâtiment jouxtant les jardins de l’Ecole française d’Athènes où le président recevra la communauté française.

Le président français, accompagné d’une délégation d’une quarantaine de chefs d’entreprises, aura des entretiens avec le président grec Prokopis Pavlopoulos et le Premier ministre Alexis Tsipras le 7 septembre dans l’après-midi, avant de prononcer sur la symbolique colline de la Pnyx, face à l’Acropole, un discours consacré notamment à l’Europe.

Wikipédia : Sous l’Antiquité, la Pnyx était le siège de l’Ecclésia, l’assemblée des citoyens, qui y votait à main levée les lois, votait le budget, désignait les membres de la Boulê, de l’Héliée et les magistrats.

Voir l’article d’origine

Je n’accepte pas l’invitation à la profanation de la Pnyx

La France, son peuple, les luttes du peuple et ses représentants ont toujours été les bienvenus pour le peuple grec.

Je me souviendrai toujours de l’énorme contribution de la France officielle, sous le Général De Gaulle, et du peuple français, qui ont empêché l’exécution des peines de mort qui nous avaient été infligées par le régime grec qui a suivi la guerre civile.

Mais, la visite d’aujourd’hui présente une différence majeure.

Aujourd’hui, c’est le droit du plus fort qui s’impose.

La Grèce impuissante, grâce aux mémorandums, accueille en tant qu’investisseurs l’invasion financière la plus cynique, en la personne d’un groupe  qui accompagne le président français.

Les infrastructures qui n’ont pas encore été cédées, sont dans la file d’attente.

Nous ne vendons pas, nous bradons.

Ils n’investissent pas, ils augmentent leur propre richesse en suçant toute trace de vie du peuple grec.

Simple bilan, simples mathématiques.

Et tout cela sous le régime d’un chantage inédit du point de vue historique.

Avec l’épée du maître-chanteur sur la table, qu’accompagne un cynique “Vae Victis” (Malheur aux vaincus).

Rien ne peut modifier l’estime que nous nourrissons pour le peuple français.

Mais, nous n’accepterons pas comme faits accomplis ce qui sera convenu entre les groupes d’entrepreneurs qui accompagnent le Président de la République Française et le Premier ministre de Grèce.

C’est pourquoi je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx.

Manolis Glezos

Athènes, le 7 septembre 2017

Autre article de Panagiotis Grigoriou sur le même sujet, ici

Un autre regard sur la visite d’E.Macron à Athènes

le 7/9/17 publié par  
 Manolis Glezos : Je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx

La France, son peuple, les luttes du peuple et ses représentants ont toujours été les bienvenus pour le peuple grec.

Je me souviendrai toujours de l’énorme contribution de la France officielle, sous le Général De Gaulle, et du peuple français, qui ont empêché l’exécution des peines de mort qui nous avaient été infligées par le régime grec qui a suivi la guerre civile.

Mais, la visite d’aujourd’hui présente une différence majeure.

Aujourd’hui, c’est le droit du plus fort qui s’impose.

La Grèce impuissante, grâce aux mémorandums, accueille en tant qu’investisseurs l’invasion financière la plus cynique, en la personne d’un groupe  qui accompagne le président français.

Les infrastructures qui n’ont pas encore été cédées, sont dans la file d’attente.

Nous ne vendons pas, nous bradons.

Ils n’investissent pas, ils augmentent leur propre richesse en suçant toute trace de vie du peuple grec.

Simple bilan, simples mathématiques.

Et tout cela sous le régime d’un chantage inédit du point de vue historique.

Avec l’épée du maître-chanteur sur la table, qu’accompagne un cynique “Vae Victis” (Malheur aux vaincus).

Rien ne peut modifier l’estime que nous nourrissons pour le peuple français.

Mais, nous n’accepterons pas comme faits accomplis ce qui sera convenu entre les groupes d’entrepreneurs qui accompagnent le Président de la République Française et le Premier ministre de Grèce.

C’est pourquoi je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx.

Manolis Glezos

Athènes, le 7 septembre 2017

Voir l’article complet et les autres photos  Manolis Glezos : Je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx

le texte original en grec http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=21454

le 7/7 Par Constant Kaimakis  MACRON VIENT SE FAIRE VOIR CHEZ LES GRECS …« ΜΑΚΡΟΝ, ΜΑΚΡΙΑ! » (MACRON, DÉGAGE! )

La venue de Macron en Grèce s’est déroulée dans une Athènes transformée en véritable forteresse. Centre ville bouclé, tous les sites français sous haute protection policière, plus de 2000 policiers mobilisés, des centaines de flics en civil, hélicoptères, l’État grec n’avait pas lésiné pour « sécuriser » la visite du Président français et empêcher toute sorte de manifestation… La venue de Macron en Grèce a provoqué de vives réactions et à la même heure 2 manifestations étaient prévues dans Athènes. Jouant sur les mots ( Macron , phonétiquement, veut dire « loin » en grec… ) les manifestants ont pris pour slogan : « MACRON, LOIN! … MACRON, DÉGAGE! » 
Symbole fort de cette 1 ère journée de visite de Macron à Athènes, les discours de fin de journée avaient lieu sur la colline du Pnyx au centre d’Athènes, située à l’ouest de l’Acropole et surplombant l’ancienne Agora. Malgré les interdictions de manifester prises par le pouvoir grec, la manifestation prévue en fin d’après midi souhaitait se rendre en cortège au Pnyx. Malgré une imposante force policière anti-émeute, elle a pu se former mais a été réprimée par les MAT ( CRS) qui ont frappé des militants de LAE ( Unité Populaire) et ont gazé les manifestants ( cf Photos et vidéos) . Panagiotis Lafazanis , secrétaire général de LAE a déclaré que les interdictions de manifester « rappellent des temps sombres qu’a connu le pays . Nous avons bravé les interdictions et nous nous sommes retrouvés dans la rue pour protester contre la visite du président français, qui est ici comme un agent avec une délégation d’ hommes d’affaires pour saisir ce qu’il peut être vendu dans ce pays. » 
Manolis Glezos, l’infatigable résistant, a refusé l’invitation officielle de se rendre à ce qu’il a qualifié de « profanation du Pnyx » par des « people » et des « affairistes » plus cyniques que jamais!

Vidéo manif de LAE : https://www.pscp.tv/w/1MYxNXqymvzGw
https://youtu.be/WI4QeasA-BY

Demain, pour son 2 ème jour de visite, Macron sera accueilli à Thessalonique par une manif des salariés de la Sté des eaux de Thessalonique (ΕΥΑΘ) qui protestent contre la réunion, qualifiée de « grande braderie » , prévue avec le gouvernement grec et les entrepreneurs français qui accompagnent Macron Voir les photos https://www.facebook.com/constant.kaimakis/posts/1952040198397531?pnref=story

le 8/9 par Yannis Youlontas http://blogyy.net/2017/09/07/desintox-le-voyage-en-grece-de-macron/

 

 

Figues de septembre La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Figues de septembre 

Le pays réel et le pays touristique ne se rencontrent pas forcément. Septembre déjà. Orages passagers sur le Météores et sur leurs monastères, visiteurs Orthodoxes issus de la proximité balkanique et pas uniquement, grande affluence. La rentrée, la rentrée, à Athènes les médias et le “gouvernement” n’ont que ce mot-là à la bouche et dans la foulée des insignifiances, les Tsiprosaures communiquent dès lors et amplement sur la visite officielle d’Emmanuel Macron en Grèce dans moins d’une semaine. Rentrée des apparences.

Septembre, mois des mariages. Thessalie, fin août 2017

Septembre, mois aussi des mariages. Sur les bords des lacs en altitude les futurs mariés iront se faire photographier, d’après les usages de la nouvelle imagerie populaire, nouvelle, depuis près d’une dizaine d’années il faut préciser. Pendant ce temps, les touristes, ceux surtout de l’Europe de l’Est Orthodoxes affluent sur les Météores: Bulgares, Roumains, Serbes, Moldaves, Russes et Ukrainiens, venus… le plus souvent directement à bord de leurs belles voitures depuis leurs pays.

Pendant que les touristes réaliseront leurs meilleures selfies entre les rochers des Météores… à leurs risques et périls, le pays réel grec se passionnera davantage du football que des comptines des médiacrates et des politiciens. En n’attendant plus grand chose de la politique, pour ceux qui le peuvent, animaux adespotes des Monastères compris, le mois de Septembre est plutôt synonyme d’un deuxième été grec et non pas de rentrée.

Les petits ferrys à destination d’Égine et de Póros depuis le Pirée quittent le Pirée encore bondés de monde (grec) pour le week-end, décontraction alors partielle à bord, les passagers finissent toujours par se raconter un certain quotidien incertain, “mais c’est évidemment la vie”.

Le pays… réel du football. Grèce, août 2017

Touristes aux Météores. Thessalie, août 2017

Selfies aux Météores. Août 2017

Animaux adespotes des Météores. Thessalie, août 2017

Sans guère de vergogne comme cela devient de saison depuis l’ultime ridiculisation des pantins politiques, un retraité, passager du ferry vers Égine ne s’embarrassera plus du politiquement correct: “Eh bien, il nous faut de nouveau un Papadópoulos” (chef des Colonels sous leur régime de dictature entre 1967 et 1974).

Parmi les autres Grecs à bord, personne n’a souhaité contredire et encore moins défendre notre régime pseudodémocratique aux ordres de la néocolonisation européiste. Et quant aux rares touristes à bord du petit ferry, ils ne comprennent certes pas la langue de Sophocle comme autant celle de… Damoclès. En effet, le navire a aussitôt levé son ancre… mais la croisière ne s’amuse visiblement plus.

Dans l’indifférence la plus totale, le “gouvernement” annonce sa “grande reforme” de la fonction publique, on brasse alors du vent. Au même moment, les agents du fisc alors très indépendant (il dépend seulement des dites institutions troïkannes et non plus de l’État grec, échappant totalement au contrôle du “Parlement”) ils se font plutôt facétieusement… tabasser par les commerçants qui sont censés être contrôlés. Grèce alors pays âpre et réel, le pantin Tsipras préféra se faire photographier aux côtés d’un boulanger lui ayant offert un petit pain rond pour les circonstances de la propagande. Pauvre propagande… réduite en miettes et ainsi ridiculisée de la sorte et de saison.

Tsipras et son petit pain rond. Presse grecque du 31 août 2017

Le ferry échoué près de l’île d’Ios. Presse grecque du 31 août 2017 – Photo A. Moussamas

Le ferry échoué près de l’île d’Ios. Presse grecque du 31 août 2017

L’autre grande affaire de la semaine tient de l’échouage du ferry “Blue Star Patmos” près d’un récif à proximité du port de l’île d’Ios, autrement, une si belle Cyclade. Le navire a heurté ces écueils dans la nuit du lundi au mardi (29 août) déviant très paradoxalement de sa trajectoire habituelle à une vitesse estimée entre 15 et 17 nœuds d’après les reportages de la presse grecque .

Le beau navire, moderne car récent (construit en 2012) repose depuis et fort heureusement sur ce… jardin d’écueils, pourtant bien connu des navigateurs. Grèce… éternelle, rochers et alors écueils. Les 206 passagers d’abord paniqués, il ont été évacués à l’aide d’autres navires vers le port de l’île d’Ios ; la triste vérité si l’on croit les reportages en tout cas, c’est que la coque du “Blue Star Patmos” serait tout de même déchirée sur de dizaines de mètres, ce qui pour l’instant rendrait son remorquage assez périlleux.

Très probablement une tragédie maritime aurait été évitée peut-être de justesse étant donné que le navire est très moderne (les compartiments étanches et les pompes d’évacuation d’eau ont effectivement fonctionné) et parce qu’il… repose tout simplement sur le jardin d’écueils. Ainsi, la question à poser serait plutôt celle de l’erreur dite “fatalement humaine” ou sinon technique, celle de l’électronique embarquée.

Plus précisément pourtant, tout le monde sait que les vitesses (normalement basses) d’approche comme de sortie des ports ne sont pas respectées par de nombreuses compagnies, car c’est la course contre la montre… comme pour la rentabilité. C’est bien connu, le temps… c’est de l’argent et les assureurs s’occuperont du reste, même au cas où l’état du beau “Blue Star Patmos” blessé serait jugé irréparable.

En attendant la fin des expertises, lesquelles ne seront peut-être pas totalement médiatisées lorsque l’actualité s’occupera d’autres faits élus pour devenir marquants, les pèlerins grecs de Saint Nectaire d’Égine (sanctifié en 1961) rempliront les autres ferrys, les touristes Orthodoxes des pays de l’Est laisseront tous leurs vœux sur de petits papiers enroulés et placés entre les rochers des Monastères des Météores. Septembre donc et les plages déjà de la Grèce continentale se vident à l’occasion. Rentrée !

Papiers et voeux. Météores, Thessalie, août 2017

Architecture de Thessalie. Trikala, août 2017

Les plages se vident. Grèce continentale, fin août 2017

Présentation du livre de Yórgos Kalos. Bourg de l’île de Póros. Août 2017

L’été… officiel se termine de la sorte comme presque prévu. Nous dégustons ses dernières figues déjà de septembre. Sur son île de Póros, Yórgos Kalos, homme politique de droite et ex-ministre Nouvelle Démocratie, lequel fort heureusement ne fait pas que de la politique, a présenté son récent ouvrage littéraire devant un (bien petit) auditoire de notables et de curieux. Pourtant, ses histoires relatant la vie anecdotique des Poriotes sont fort intéressantes et bien écrites. Finalement, la politique ne détruirait pas toujours, ni entièrement ses hommes ou ses femmes.

Le pays réel et le pays littéraire ne se rencontrent pas forcément. Septembre déjà. Les touristes photographient la Garde Evzone devant notre “Parlement”, pays aux apparences de son image presque sauvées. Dimitri, mon neveu qui vit à Trikala, musicien professionnel du bouzouki et du chant Rebétiko, développera aux visiteurs venus de France musique à l’appui, toute l’évolution de ce genre musical entre les années 1930 et les importants apports initiés par Vassílis Tsitsánis , le grand Rebète et enfant de Trikala.

En marge de la mélodie, mon neveu exprimera son infortune actuelle, générée par la situation sans issue des Grecs au pays de la dite crise, réalité certes traduisible, mais pas forcément saisie par les amis et visiteurs du pays.

“Tous ceux qui pratiquent suffisamment le bouzouki, ils s’improvisent alors professionnels occasionnels, voire réguliers, pour vingt à trente euros la soirée, tandis qu’au même moment, les grands noms d’Athènes cassent désormais leurs tarifs pour se produire dans notre Grèce profonde. Entre ces deux réalités, nous professionnels reconnus… nous tirons la langue. Mon épouse vient d’ouvrir une petite taverne au village faute d’autre issue face au chômage.”

Dimitri, mon neveu et son bouzouki. Musée Tsitsánis de Trikala. Août 2017

Montagnes thessaliennes. Août 2017

Les bêtes de Stéphanos. Thessalie, août 2017

Animal d’une taverne. Thessalie, août 2017

“Notre petite taverne est ouverte chaque week-end pour l’instant et très peu en semaine, j’y suis souvent, je aide mon épouse, je me fais… musicien, serveur et surveillant de grillades. Sinon, parfois nous acceptons de nous produire à Athènes ou à Thessalonique lorsque seulement nos frais sont payés, c’est-à-dire sans être rémunérés pour notre prestation. Car, comme voyager autrement nous devient alors impossible, ces occasions de sortir de chez sont rares et précieuses. Aussi, pour enfin boire notre café sur la route ; cela-dit, nous nous produisons également de la sorte dans le but d’être mieux connus.”

Nous avons quitté la Thessalie en musique, ayant aussi aperçu hâtivement les bêtes de Stéphanos, mais cette fois, l’ami éleveur était fort occupé. Septembre déjà, les visiteurs du pays, exotiques ou pas, photographient toujours et encore la Garde Evzone devant le “Parlement”, ou ils réalisent parfois de belles poses devant les escaliers en marbre de la vieillie Bibliothèque nationale.

Cependant, très peu nombreux sont ceux qui voudront découvrir la maison de notre poète Yórgos Seféris , et dans ce… dernier quartier du poète, on nourrit un peu l’espoir et autant les animaux adespotes et on le fait même savoir par voie d’affichage face aux… réfractaires: “Nourrir les animaux adespotes est un acte légal par la loi 4039/12 et par la décision de la Cour Suprême 1/13/1631/8.4.13”. Encore heureux, les mémoranda (législation sous la Troïka) ont déjà balayé le droit du travail et les Conventions Collectives avec, mais en fin de compte, nous pouvons encore prendre soin des animaux adespotes, ultime pays réel !

Se faisant photographier à Athènes. Août 2017

Devant le ‘Parlement’. Athènes, août 2017

La maison de Yórgos Seféris. Athènes, août 2017

Pour les animaux adespotes. Athènes, août 2017

‘Nourrir les animaux adespotes est un acte légal’. Athènes, août2017

Septembre alors, la météo s’améliore pour ce qui tient des vents naturellement dominants ; le remorquage du “Blue Star Patmos” pourrait peut-être commencer dans les prochains jours, d’agrès la presse du samedi 2 septembre.

Le pays réel et le pays touristique ne se rencontrent pas forcément. Sauf parfois à bord de certains ferrys ou sinon, devant la condition immanquable des animaux adespotes grecs. Autrement, rentrée médiatique et “politique” dans la foulée des insignifiances.

Grèce… éternelle, rochers et alors écueils. Figues de Septembre !

Jeune animal adespote. Trikala, Thessalie août 2017

* Photo de couverture: Les Météores et leurs monastères. Août 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

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