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Manifestations massives dans toute la Grèce

Catastrophe ferroviaire en Grèce : « nos morts, leurs profits »


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ieidiseis – Légende : “Tu es bien arrivé ?” le cri de colère de la jeunesse face à une tragédie annoncée, ici écrit dans la cour d’un collège avec les sacs à dos

Mercredi 1er mars, le journal Efimerida ton Syntakton (Ef Syn) publiait un article sur un très grave incident intervenu en gare de Palaiopharsale, au sud de l’importante ville de Larissa, à 120 km de Thessalonique : un câble de 25 000 volts s’était détaché et pendait au-dessus d’un train transportant 450 voyageurEs, heureusement sans le toucher. Une nouvelle fois, la catastrophe avait été évitée. Mais au moment où cet article, écrit la veille, était lu le mercredi matin, la catastrophe redoutée depuis bien longtemps venait de se produire la veille au soir.

Dans la région de Tèmbi, au nord de Larissa : un train de 350 voyageurEs entrait à pleine vitesse en collision avec un train de marchandises, après que le premier avait été aiguillé par erreur sur la même voie que le second. Le bilan est terrible, après que les locomotives et les premiers wagons ont comme explosé sous le choc et ont pris feu : au moins 57 morts, parmi lesquels les 7 cheminotEs des deux trains. Depuis mercredi matin, une intense émotion et une immense colère montent en Grèce contre l’état d’abandon dans lequel les différents gouvernements des dix dernières années au moins ont réduit les chemins de fer en Grèce, provoquant malgré les nombreuses alertes la tragédie de Tèmbi.

Une catastrophe annoncée

On entend parler dans les médias français de la vétusté des chemins de fer en Grèce. S’en tenir à ce jugement est tout à fait insuffisant, et risque de masquer la gravité des responsabilités gouvernementales, le premier ministre Mitsotakis lui-même se contentant de déplorer une sorte d’impuissance fatale de l’État grec à moderniser le réseau. Pire : offrant d’un côté la démission de son ministre des Transports – un neveu de l’ancien dirigeant de la droite grecque Karamanlis nommé là juste pour « élargir » le spectre de la droite – Mitsotakis a décrété que l’accident provenait avant tout d’une erreur humaine, celle du chef de gare de Larissa en poste ce soir-là. Si celui-ci a reconnu qu’il n’avait pas pris conscience qu’il avait laissé rouler sur la même voie deux trains arrivant en sens inverse, cette nouvelle démonstration de Mitsotakis de se défausser de toute responsabilité quand tout va mal a fait réagir très fort les expertEs et a renforcé la colère populaire.

En effet, il suffit de lire la presse – pas celle aux ordres, malheureusement la plus nombreuse… – pour savoir que depuis l’été dernier il y a eu trois déraillements, sans oublier les annulations de trajets, les pannes de toutes sortes, le rachat de vieux trains dont la Suisse ne voulait plus… L’accident de Tèmbi met en lumière un aspect inimaginable : alors que la Grèce dispose du matériel pour installer direction du trafic à distance et signalisation lumineuse automatique – l’Union européenne a versé 700 millions depuis 2014 pour les chemins de fer grecs –, cet équipement indispensable est resté dans les cartons. Et sur la partie du réseau où s’est produit l’accident, l’UE avait ordonné sa mise en marche depuis 2020… Par conséquent, la coordination du trafic se fait oralement entre chefs de gare, de gare en gare. Pratique connue depuis longtemps mais qui exige, pour éviter les risques évidents, que deux conditions soient remplies. Premièrement, le chef de gare doit être en mesure de suivre le trafic. Or à Larissa jusqu’à récemment il y avait bien le soir deux agents à ce poste, on en a supprimé un. Seconde condition, le personnel doit être compétent. Or il semble que ce chef de gare de Larissa, en poste depuis un mois ou deux, n’ait pas eu toute la formation indispensable, et qu’il ait été nommé sur critères politiques par la Nouvelle Démocratie de Mitsotakis. Affirmation publique qui reste à prouver mais qui rendrait encore plus dérisoire l’accusation du Premier ministre contre le seul chef de gare. Cela n’aurait pourtant rien d’étonnant : la compétence n’est pas le critère de ce gouvernement, qui ne jure que par la communication. Là encore, exemple tragique, le président d’une association de conducteurs de trains a relevé que Mitsotakis, dans le cadre de sa campagne électorale, avait prévu jeudi un rassemblement festif pour saluer… la merveilleuse existence du centre de direction du trafic à distance de la Grèce du Nord ! L’initiative a bien sûr été décommandée, mais qu’aurait pu dire le Premier ministre sur un centre qui en réalité n’existe pas ? Ce qui existe en revanche, c’est la démission en 2022 du responsable national pour l’équipement en signalisations et commandes à distance, découragé de voir que rien n’avançait. Et c’est aussi cette adresse syndicale le 7 février dernier sur l’imminence d’un grave accident si aucune véritable amélioration n’était apportée immédiatement, et appelant à une mobilisation urgente avec AG locales. La réponse de la direction aux alertes syndicales a été une menace de procès ou de sanctions contre la « diffamation » que représentaient ces mises en garde contre une catastrophe à venir.

Un choix politique de fuite en avant exemplairement capitaliste

Tout cela s’inscrit dans un cadre que rappellent ces jours-ci expertEs et cheminotEs : le choix de sacrifier les chemins de fer aux intérêts du privé et au désengagement public. Giorgos Nathenas, ancien conseiller de OSE, la SNCF grecque… avant son démantèlement, revient sur quelques étapes (Ef Syn, 3 mars) : la casse de l’entreprise publique et de son expérience professionnelle, commence en 2010, avec le début de la crise et des mémorandums sous Giorgos Papandreou. Plus de 60 % des agentEs sont alors poussés à démissionner ou à occuper d’autres postes, souvent dans d’autres secteurs (le chef de gare de Larissa, qui était jusque-là affectés au tri des valises, a semble-t-il alors rejoint l’Éducation nationale…). Le massacre continue avec le tronçonnage de OSE en plusieurs entités, dont Hellenic Train, société privée en Grèce de la SNCF italienne, gérant les trains et l’entretien des voies. Plusieurs sociétés de construction privées ont leur part de gâteau, comme l’indiquent deux cheminots syndicalistes membres de Aristera Paremvasi (Intervention de Gauche) dans Prin (4 mars), le journal du groupe NAR. Résultat : OSE, qui a eu jusqu’à 13 000 agentEs, en a perdu à l’époque des milliers et aujourd’hui, le réseau fonctionne avec 750 travailleurEs au lieu des 2 100 prévus dans l’actuel plan-cadre ! Nathenas insiste sur les responsabilités de l’actuel gouvernement.  La direction demandait récemment 300 recrutements sur des critères techniques précis. Le ministre démissionné Karamanlis avait fini par en accorder 70, et il comblait les manques par des transferts internes d’affectation ou par des travailleurEs externes sur des contrats de 6 mois.

On peut et on doit donc parler d’une véritable politique d’abandon des transports en commun ferroviaires, alors que la Grèce avait su développer un réseau jusqu’aux quatre coins du pays (hormis les îles bien sûr). Récemment, le projet d’une nouvelle ligne moderne pour le nord-ouest de la Grèce a été abandonné. La raison : la quasi-exclusivité donnée à la voiture – même si la Grèce n’a pas d’industrie automobile –, aux camions et aux autocars. Ces derniers sont regroupés dans un puissant groupe privé, les KTEL, qui permettent d’aller dans de très nombreux endroits. Bien sûr, cette politique s’est accompagnée d’un « tout autoroute » qui fait les choux gras des sociétés de construction et de péage. Le résultat bien attristant : aujourd’hui on peut aller à Thessalonique sur une autoroute moderne et pour un prix minimum (essence et péages) de 100 euros, alors qu’avec le train (et en particulier avec le dernier modèle mis en service, dit ultra-rapide mais très souvent en retard), c’est la dégradation des trajets qui est mise en avant par tout le monde.

Cette politique renvoie à deux logiques aussi inacceptables l’une que l’autre. Celle de l’UE qui aujourd’hui proteste contre l’absence de réalisation des projets qu’elle a financés, mais qui est à l’origine de la casse de l’entreprise publique et de sa privatisation, dont on voit aujourd’hui le tragique résultat. L’autre, c’est celle plus particulière du capitalisme grec et des gouvernements à son service ou qui n’ont jamais rien fait pour rompre avec lui, en maintenant le train qui peut assurer quelques profits aux copains et coquins – des questions se posent aussi sur ce qui a été fait des subventions européennes… –, mais en misant sur la source de profits qui continue à être la plus sûre et la plus avantageuse, celle liée aux bétonneurs et aux transports routiers. La préoccupation écologique n’existe pour le gouvernement Mitsotakis que lorsqu’il peut permettre à des sociétés privées de faire des profits en bâtissant partout des éoliennes géantes, malgré l’opposition des populations locales ! C’est évident, et c’est : en matière de transports, les transports en commun écologiques, économiques et sûrs restent à décider et à imposer par la population, les jeunes en particulier, qui ont payé le prix fort dans la tragédie de Tèmbi.

Une vague de colère s’est levée

En effet, dans le train accidenté se trouvaient de nombreux jeunes, de retour à Thessalonique après quelques jours de congé marquant fin février, le carnaval (le plus fréquenté a lieu à Patras) et le « Lundi pur », jour férié. Et si très vite, la colère s’est exprimée dans une grande partie de la population – bien des gens ont vécu les multiples incidents ferroviaires des dernières années, par rapport auxquels rien n’a été fait par l’administration –, la jeunesse a fait entendre un véritable cri de révolte : « Ce n’est pas une erreur, c’est un crime ». Colère faite d’une émotion ressentie par toutes et tous face à la cruauté des circonstances, à la douleur des familles : elle s’est exprimée dans les figures corporelles formées dans les rues ou les établissements scolaires par les jeunes pour écrire « Préviens-moi quand tu seras arrivéE », phrase voulue comme dérisoire, connue de tous les jeunes et par laquelle parents ou les proches leur demandent de les rassurer au retour d’une soirée mais aussi au terme de leur voyage, ce qui en dit long sur le sentiment de sécurité sur les routes et sur les rails… Colère aussi car les jeunes ont parfaitement compris la raison de fond de cet accident. Le mot d’ordre « Nos morts, leurs profits » n’était pas écrit ou scandé par les seules organisations syndicales (comme l’UL du Pirée) ou politiques, mais repris par de très nombreux jeunes lycéenEs ou collégienEs.

Dès mercredi soir, de premières manifestations ont eu lieu à l’appel de la gauche radicale et anticapitaliste, avec à Athènes de premières violences policières. Idem le jeudi, avec une participation syndicale plus fournie, et à Athènes, la transformation d’un rassemblement prévu par les artistes en lutte en une manifestation de colère en direction de la gare d’Athènes. Et vendredi, on a vu dans tout le pays des rassemblements et des manifs de la jeunesse scolarisée, pendant que des occupations d’établissements ont débuté. Visiblement, Mitostakis semble – à raison – craindre une véritable révolte de la jeunesse, et la bourgeoisie grecque vit depuis 2008 dans la crainte que se reproduise un tel mouvement qui l’avait assez sérieusement déstabilisée. Alors, hier soir, pendant un rassemblement silencieux en hommage aux victimes, avec des milliers de participantEs, la police a encore chargé : preuve si nécessaire que ce gouvernement d’une part n’a rien à offrir aux jeunes que la répression et la régression des droits, mais aussi qu’il sait à quel point ses quatre ans de gouvernement ont été une agression permanente contre les jeunes, avec la police dans les facs, la réaction intégriste de la ministre de l’Éducation, la chasse aux réfugiéEs et de manière générale le racisme et la politique anti-jeunes. Dans ces conditions, la tragédie de Tèmbi est largement ressentie, avec le grand nombre de jeunes victimes, comme une preuve terrible du mépris de ce gouvernement et plus généralement de ce système économique pour la jeunesse. Les jours qui viennent montreront si la mobilisation s’intensifie, de nouveaux rendez-vous sont donnés, et de son côté, le syndicat cheminot a prolongé de 48 heures la grève qu’il a lancée jeudi et vendredi. Et dimanche de nouvelles manifestations sont prévues, notamment à l’appel des cheminotEs.

A. Sartzekis

Athènes, le 4 mars 2023

 Source

Ils veulent tuer BIOME. Ne les laissez pas faire !

Grèce. Le terrain où se trouve l’usine BIOME a été vendu
(Crédit image: BIOME)

Annonce par BIOME de la vente du terrain sur lequel se trouve l’usine :

Ils veulent tuer BIOME. Ne les laissez pas faire !

Aujourd’hui, nous sommes dans la malheureuse position de t’informer que BIOME est plus que jamais en danger. Le pouvoir judiciaire et le capital ont tranquillement vendu le terrain sur lequel se trouve l’usine à un fantaisiste.

Nous, les travailleurs de BIOME, déclarons que nous continuerons à produire dans l’usine, même si le capital et l’État nous causent des frustrations. Mais même s’ils nous expulsent, nous reviendrons. Parce que cet endroit est notre vie et parce que nous te le devons. Nous le devons aux dizaines de milliers de personnes que nous avons côtoyées au fil des ans. Nous le leur devons pour être venues à l’usine, pour avoir honoré notre travail en acquérant les produits de notre labeur. Pour avoir crié avec nous lors des manifestations. Pour avoir fredonné lors d’un concert dans l’usine occupée. Pour avoir fait front avec la police.

La seule usine du pays qui fonctionne sans patrons, la seule usine où tout le monde est payé de la même façon, la seule usine libérée du capitaliste et rendue à la société, est en danger. Et la seule personne qui peut aider, c’est toi.

Au cours de ces 10 années, nous avons eu affaire à des dieux et des démons. Nous avons été attaqués par la police anti-émeute, coupés du réseau par les entrepreneurs de la compagnie d’électricité, martelés par le système judiciaire. Mais nous avons résisté et nous avons enduré. Nous ferons de même maintenant.

Mais quelle que soit la fermeté de notre volonté, ce n’est pas notre véritable force. Notre vrai pouvoir, c’est toi qui lis ces mots.

Il nous reste très peu de temps pour les bloquer. Et nous le ferons. Chaque action compte. Chaque discussion sur le BIOME, chaque affiche, chaque slogan sur un mur, chaque marche, chaque concert de solidarité, chaque micro, chaque petit et grand rassemblement dans toute la Grèce. Chaque intervention dans les médias. Chaque résolution syndicale et chaque signature. Et tout cela [agit] comme des ruisseaux qui conduisent à une grande rivière de personnes manifestant dans les rues.

Les lois du capital sont toutes-puissantes. Mais la loi du peuple en colère peut les briser.

Traduction du grec par Evelyn Tischer

Source  – Cet article est aussi disponible en: Grec

Remerciement convoi solidaire Grèce

Yannis Youlountas au nom d’ANEPOS a envoyé cette photo pour remercier le comité pour l’envoi de la collecte ( 150 € du comité Grèce et 150 € d’Attac 38) et du matériel dans le cadre du prochain convoi solidaire .

Pour continuer à contribuer financièrement :

1- Pour effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »

2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
https://www.paypal.com/donate/?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY

Relire l’appel de Yannis

Manifestation à Athènes en soutien aux VioMe et prochaine commandée groupée

Le comité Grenoblois Grèce-Austérité- Europe va lancer prochainement la commandée groupée 2023 en soutien aux VioMe. Les documents sont en cours de préparation et seront diffusés mi-mars pour une commande qui sera envoyée aux VioMe juste après le 1 mai.

Le comité évoquera la situation des VioMe et tiendra des stands :

– lors de la soirée du 30 mars co-organisées par Attac 38 et dans le cadre du mois décolonial, Voir l’annonce

– lors de la projection du film « La grande évasion le 7 avril à Tullins,

– lors de la manifestation du 1 mai.

Si vous voulez soutenir les VioMe alors surveillez les informations sur ce site.

Voir la vidéo de la manifestation à Athènes Source https://www.aftoleksi.gr/2023/02/18/poreia-pros-yperaspisi-tis-viome-stin-athina/

Traduction via un traducteur automatique : Aujourd’hui, une grande manifestation a eu lieu dans le centre d’Athènes pour défendre la seule usine autogérée et récupérée de Grèce – BIOME de Thessalonique. Le fonctionnement de l’usine est menacé car le terrain sur lequel elle est située a été vendu par le biais d’un processus d’enchères électroniques le 1er février. Mais cela a créé une vague de solidarité envers le projet BIOME dans diverses villes de Grèce et au-delà. Depuis près de 10 ans, BIOME est un exemple d’autogestion pour les personnes du monde entier, prouvant que le travail peut se faire collectivement et horizontalement, sans actionnaires ni propriétaires, sans ouvriers ni patrons. BIOME insiste également sur la production écologique, soulignant la relation entre autogestion et écologie. Des exemples comme BIOME sont extrêmement importants car ils sont l’image d’un monde basé sur l’horizontalité et la participation populaire. Et dans un monde qui sombre dans les ténèbres et l’autoritarisme, de telles images doivent être protégées et projetées. APRÈS DIX ANS DE FONCTIONNEMENT, CE N’EST PAS UNE UTOPIE ! JUSQU’À L’AUTOGESTION DU QUOTIDIEN !

Grèce : la colère du monde du spectacle

La date des élections n’est pas encore fixée, la législature actuelle se termine début juillet mais ce qui est sûr, c’est qu’en Grèce des pans entiers de la culture sont en colère. Les archéologues, le monde du livre et de l’édition ; avec, en première ligne, les étudiants en art dramatique – et plus largement, tout le secteur des arts du spectacle. Ils multiplient les actions pour défendre leurs études et leur statut.

Faute de logements des réfugiés retournent dans des camps

En Grèce, la fin d’un programme d’aide oblige de nombreux demandeurs d’asile à quitter leurs appartements pour retourner dans des camps de réfugiés. Athènes défend les conditions de vie dans ces camps. Les ONG restent sceptiques.

Rana est âgée de 20 ans et vit dans un camp de réfugiés en Grèce métropolitaine. Elle ne veut pas donner son vrai nom, ni sa localisation exacte, car elle craint que ces informations pourraient avoir des conséquences négatives sur sa demande d’asile.

Rana et sa famille ont fui l’Afghanistan en 2018 et sont arrivés en Grèce par la Turquie. Son père souffre d’une maladie cardiaque et son frère d’épilepsie. Ils sont considérés comme particulièrement vulnérables. La famille avait ainsi pu accéder à un appartement dans le cadre du programme d’aide d’urgence à l’intégration et au logement ESTIA.

Certains experts estiment que l'État grec veut exclure les réfugiés du reste de la société | Photo : Florian Schmitz / DW
Certains experts estiment que l’État grec veut exclure les réfugiés du reste de la société | Photo : Florian Schmitz / DW

Ce programme, financé par l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Union européenne (UE), a été mis en place en 2015 pour financer des logements pour les demandeurs d’asile les plus vulnérables. L’objectif affiché était de faciliter leur intégration dans la société.

En décembre dernier, le gouvernement grec a toutefois commencé à mettre fin progressivement au programme ESTIA. Rana et sa famille ont par conséquent dû retourner dans un camp de réfugiés.

A lire aussi : France : l’absence de logement fait courir aux femmes migrantes le « risque » de basculer dans la prostitution

« J’avais l’habitude d’aller à l’école en Grèce avec ma sœur », explique-t-elle, en sanglots. « Quand nous sommes arrivés dans le camp, on nous a dit qu’il n’y avait pas de place pour nous à l’école ». Rana s’est vue proposer une place dans une école dans une ville voisine, mais l’établissement est bien trop éloigné du camp pour pouvoir s’y rendre tous les jours.

La famille avait pourtant commencé à se construire une nouvelle vie en ville. « Lorsque nous sommes arrivés au camp, notre conteneur était complètement vide. Il n’y avait même pas de matelas », se souvient Rana. La famille a dormi sur le sol pendant deux jours, avant de retourner dans leur ancien appartement y pour récupérer des matelas.

Depuis la suppression progressive du programme ESTIA, les demandeurs d'asile ont dû quitter leurs appartements et retourner dans des camps de réfugiés | Photo : Florian Schmitz / DW
Depuis la suppression progressive du programme ESTIA, les demandeurs d’asile ont dû quitter leurs appartements et retourner dans des camps de réfugiés | Photo : Florian Schmitz / DW

C’était il y a deux mois. Depuis, leurs noms ne figurent même plus sur la liste des personnes ayant droit à des repas gratuits. « Ils nous donnent ce qui reste quand tout le monde dans le camp a reçu sa ration », raconte Rana. La famille pu entre-temps se procurer une cuisinière pour se faire à manger.

Changement de situation en Afghanistan

La demande d’asile de la famille a déjà été rejetée à deux reprises avant que les talibans ne reprennent le pouvoir à Kaboul en août 2021. L’Afghanistan n’est plus considéré comme un pays sûr par de nombreux Etats, leur demande de protection est actuellement réexaminée. Mais Rana craint d’être expulsée vers la Turquie, le pays par lequel elle est arrivée en Grèce. En effet, l’Union européenne et Athènes considèrent toutes deux la Turquie comme un pays tiers sûr.

Pression psychologique

L’incertitude et l’attente constituent un poids psychologique énorme pour les migrants. Le programme ESTIA ambitionnait de créer des conditions de vie dignes pour atténuer ces souffrances. Quelque 20 000 places de logements étaient prévues.

L'avocate Christina Svana critique la fin du programme ESTIA | Photo : Florian Schmitz / DW
L’avocate Christina Svana critique la fin du programme ESTIA | Photo : Florian Schmitz / DW

Au moment d’annoncer la fin programmée de l’ESTIA, il y a un an, le ministère grec des Migrations affirmait que 12 648 personnes se trouvaient dans des appartements financés par le programme mais que que, depuis, nombre d’entre elles auraient reçu un réponse à leur demande d’asile.

En réponse à une enquête de Deutsche Welle, le ministère a assuré qu’au final, moins de 500 personnes ont dû quitter leurs appartements.

A lire aussi : « Quelqu’un doit bien le faire » : l’histoire d’Astoun, de réfugié à sauveteur en mer

Les experts estiment toutefois que l’isolement est utilisé comme moyen de dissuasion. Pour l’avocate Christina Svana, la fin d’ESTIA est une erreur puisque de nombreux demandeurs d’asile sont toujours dans le besoin. Elle travaille pour FENIX, une ONG qui fournit notamment des conseils juridiques aux réfugiés.

Christina Svana a été inondée d’appels de migrants désespérés : « Nous avons vu à quel point la mise en œuvre de cette décision (la fin du programme ESTIA) a été difficile. Dans de nombreux cas, les gens n’ont été prévenus qu’un ou deux jours avant de devoir partir. »

Selon les ONG, les autorités grecques isolent les migrants dans pour décourager l'immigration clandestine vers la Grèce | Photo : A. Avramidis / Reuters
Selon les ONG, les autorités grecques isolent les migrants dans pour décourager l’immigration clandestine vers la Grèce | Photo : A. Avramidis / Reuters

Pour Christina Svana, la fin d’ESTIA s’inscrit dans la politique du gouvernement grec visant à dissuader les demandeurs d’asile : « Depuis que le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir en 2019, nous avons assisté à un déclin spectaculaire des avantages ou des droits accordés aux réfugiés. Des centres fermés ont été érigés sur les îles et des camps entourés de murs et sous surveillance permanente ont été construits sur le continent. » Selon l’avocate, l’État grec est déterminé à maintenir les réfugiés à l’écart du reste de la société.

Une décision politique ?

Ines Avelas, responsable du plaidoyer et de la stratégie à FENIX, dénonce des motivations politiques.

Elle explique que l’ONG a reçu la confirmation par Bruxelles que les autorités grecques ont décidé de mettre fin au programme en raison de la « baisse significative des arrivées et de l’utilisation réduite de la capacité des centres d’accueil ». Pourtant, le financement du Fonds européen pour l’asile, la migration et l’intégration (AMIF) est garanti à la Grèce jusqu’en 2027.

« La fin du programme était une décision du gouvernement grec et il n’y avait aucune raison budgétaire à cela », conclut Ines Avelas.

Le gouvernement grec rejette cette affirmation. Au-delà du fonds AMIF, « aucun autre moyen n’a été mis à disposition », explique le ministère grec de Migration.

De son côté, la Commission européenne note que « en fin de compte, c’est à la Grèce de choisir l’accueil qu’elle offre et comment comment elle utilise les fonds mis à sa disposition dans le cadre des obligations de la base juridique des directives et règlements de l’UE. »

Seuls les demandeurs d’asile sont concernés

Athènes assure que les personnes concernées ont reçu une alternative dans des logements « pleinement conformes aux exigences juridiques internationales et européennes » et que ces infrastructures offrent aux résidents « la sécurité, la nourriture et des conditions de vie appropriées. »

Lefteris Papagiannakis, du Conseil grec pour les réfugiés | Photo : Florian Schmitz / DW
Lefteris Papagiannakis, du Conseil grec pour les réfugiés | Photo : Florian Schmitz / DW

Le ministère grec de la Migration tient également à préciser que « la plupart des demandeurs d’asile ont été informés du résultat de leur demande avant la fin du programme. En cas de résultat négatif, ces personnes ont été expulsées. En cas de résultat positif, elles se sont vues proposer un logement et une aide financière dans le cadre du programme d’intégration HELIOS. »

HELIOS est un programme destiné aux personnes ayant déjà obtenu l’asile en Grèce. Il est également financé par l’UE. Lefteris Papagiannakis, du Conseil grec pour les réfugiés, souligne que le programme offre une aide d’un an à ceux qui cherchent un emploi et un logement. « Le problème, c’est qu’il faut disposer d’un logement pour pouvoir bénéficier du programme », note-il, ajoutant que les choses se compliquent lorsque l’aide prend fin au bout d’un an.

De nombreuses personnes ayant obtenu l’asile se sont ainsi retrouvées à la rue ou ont dû retourner dans les camps de réfugiés. Pour Lefteris Papagiannakis, la Grèce ne prend pas l’intégration au sérieux : « Ce gouvernement est hostile aux réfugiés et aux migrants ».

Auteur : Florian Schmitz

Source : https://www.infomigrants.net/fr/post/46750/grece–apres-la-perte-de-leur-logement-des-refugies-retournent-vivre-dans-des-camps

Ellan Passe dénonce des enchères pour des milliers de Roms

Ellan Passe dénonce des enchères pour des milliers de Roms : « Nous défendrons la protection du premier foyer de chaque concitoyen »
« Environ neuf mille familles roms ne sont pas en mesure d’honorer les prêts au logement qu’elles ont reçus à des conditions favorables au début des années 2000 et font face à des saisies », déplore la fédération rom « Hellen Passe ».

Plus précisément, il indique :

« La menace des ventes aux enchères de la première maison, que vivent des milliers de nos concitoyens après la décision de la Cour suprême en faveur des fonds, est malheureusement pour la communauté rom grecque une situation bien connue et intemporelle. Entre 2003 et 2006, des milliers de familles roms vivant dans des camps ont reçu des prêts au logement pouvant atteindre 60 000 euros, qu’elles ont reçus avec la garantie de l’État grec à 100 % du montant afin d’acheter leur première maison.

En réalité, il ne s’agissait pas d’hypothèques mais d’une politique du logement pour un groupe social vulnérable.

La crise économique, la propagation de la pandémie puis la crise de l’énergie ont porté un grand coup de marginalisation, de montée des attitudes racistes et de pauvreté économique au sein de la communauté rom : neuf mille familles roms sont dans l’impossibilité d’honorer les prêts au logement qu’elles ont reçus à des conditions favorables en début des années 2000 et font face à des confiscations, craignant leur retour dans les camps et perpétuant l’extrême marginalisation d’un groupe social vulnérable multiple.

Les Roms sont victimes de discrimination et d’exclusion tant dans notre pays que dans le reste de l’Europe : selon les données de la Commission européenne, quatre Roms sur cinq vivent dans la pauvreté. Seuls 2 % fréquentent l’enseignement technique et supérieur, tandis que moins de la moitié des Européens (39 %) se disent à l’aise avec le fait que leurs enfants aient des camarades de classe roms. Dans la recherche de l’Organisation des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), il est indiqué que 11% des Roms en Grèce n’ont pas accès à l’électricité et 9% à l’eau potable. Certains sont invisibles pour l’État, sans certificat de naissance ni même de carte d’identité de la police.

Pour notre part, nous soumettons depuis des mois une proposition de règlement des prêts en question avec des conditions favorables qui répondent à la réalité de la communauté, tant au Secrétariat chargé des questions roms qu’à tous les partis du Parlement grec .

Cependant, notre lutte et nos revendications ne s’arrêtent pas là, mais se renforcent. C’est maintenant le moment où nous devons lutter tous ensemble et défendre la protection de la première habitation de chacun de nos concitoyens, qui est actuellement menacée par des enchères inhumaines et qui risque de se retrouver à la rue. »

Source https://thepressproject.gr/pleistiriasmous-gia-chiliades-roma-katangellei-i-ellan-passe-tha-yperaspistoume-tin-prostasia-tis-protis-katoikias-kathe-syboliti-mas/

Thessalonique : Manifestation pour VioMe

Source The press project
Un rassemblement et une marche dans le centre de Thessalonique ont eu lieu samedi midi 11 février pour défendre l’usine BIOME.

La mobilisation a eu lieu après la vente aux enchères de la plupart des biens de l’ancien Philkeram Johnson dans l’est de Thessalonique qui abrite également BIOME, suite à un appel des mouvements et organisations de la gauche extraparlementaire et de l’espace anti-autoritaire.

Comme l’ont souligné les participants, le terrain de 140 acres sur lequel est implantée l’usine BIOME a été vendu à un fonds basé en Afrique du Sud pour seulement 9 millions d’euros, alors que sa valeur réelle était estimée en 2016 à plus de 30 millions.

Les travailleurs ont déclaré qu’ils étaient déterminés à continuer à exploiter l’usine. Dans leur annonce, les ouvriers de BIOME notent qu’ils continueront à produire à l’usine, « même si le capital et l’État nous envoient la MAT ».

La marche a traversé Egnatia jusqu’à Ionos Dragoumi, a tourné sur l’avenue Nikis et s’est terminée au Théâtre Royal, qui est sous occupation, les manifestants exprimant leur soutien à la lutte des artistes contre le décret présidentiel, qui, selon eux, dégrade les diplômes des écoles d’art.


photos, vidéos : https://www.facebook.com/SEVIOME

Les 84 personnes secourues par l’Ocean Viking vont débarquer à Ravenne, en Italie

Le 14 février 2023, l’équipe à bord de l’Ocean Viking a secouru 84 personnes d’une embarcation pneumatique surchargée dans les eaux internationales au large de la Libye. Parmi eux, 58 mineur.e.s non accompagné.e.s. Le port sûr de Ravenne en Italie a été assigné pour les 84 rescapé.e.s à bord.

Retour sur la vingt-cinquième mission de recherche et de sauvetage de l’Ocean Viking.

15 janvier 2023

SOS MEDITERRANEE est profondément préoccupée par la transposition en loi du décret sur la « gestion des flux migratoires » aujourd’hui par le Parlement italien.

L’ »effet combiné » du décret et des pratiques de coordination appliquées aux navires des ONG réduit considérablement les capacités de sauvetage en Méditerranée, ces pratiques incluant l’assignation de ports de débarquement éloignés.

Les 84 rescapés à bord de l’Ocean Viking sont les premiers à payer le prix fort de l’assignation des ports excessivement éloignés, aggravant leur condition déjà fragile. Les États côtiers doivent agir pour protéger des vies en mer au lieu de les mettre davantage en danger.

14 février 2023

Ravenne, au nord de l’Italie, a été assignée par les autorités italiennes comme lieu sûr de débarquement pour les 84 rescapé.e.s à bord de l’Ocean Viking.

Imposer une navigation de 4 jours a de graves conséquences sur la santé physique et mentale des rescapé.e.s après toutes les souffrances endurées en mer et en Libye.

14 février 2023

Hannah, responsable de l’équipe médicale à bord de l’Ocean Viking explique la situation dans laquelle se trouve certaines des personnes secourues ce matin en Méditerranée centrale.

« Des personnes ont signalé des problèmes de santé liés à de longues détentions (de plusieurs années) en Libye. Parmi ces présentations, des personnes ont déjà fait état de blessures liées à la violence subies lors de ladite détention. »

Parmi les 84 personnes secourues ce matin par l’Ocean Viking, 58 sont des mineur.e.s non accompagné.e.s.

14 février 2023

Ce matin, l’Ocean Viking a évacué 84 personnes, dont 58 mineur.e.s non accompagné.e.s, d’une embarcation pneumatique surchargée dans les eaux internationales au large de la Libye.

SOS MEDITERRANEE et l’IFRC s’occupent maintenant de nombreux rescapés souffrant de déshydratation et d’hypothermie.

Crédit photo : Nissim Gasteli / SOS MEDITERRANEE

Source https://sosmediterranee.fr/sauvetages/recap-84-personnes-secourues-par-locean-viking-en-mediterranee-centrale/

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