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Grèce : deux ans d’ultra-libéralisme et de répression généralisée

Avec le gouvernement d’une droite revancharde et ultra-libérale, aucun secteur n’est épargné par des attaques, ce qui donne lieu à des mobilisations jusqu’ici dispersées.

En revenant au pouvoir après les élections de juillet 2019 et en refermant ce qu’elle traitait de « parenthèse du gouvernement Syriza », la droite de Kyriakos Mitsotakis, héritier d’une famille de politiciens de la grande bourgeoisie conservatrice, n’avait pas caché ses appétits : reprendre en mains tous les postes de pouvoir, empêcher tout retour au gouvernement de la gauche, même timidement réformiste, et réprimer toute contestation sociale au nom d’un dogme « loi et ordre » fleurant bon l’ancienne dictature des colonels (1967–74). De fait, parmi les « hommes forts » du gouvernement figurent au moins deux vestiges de l’extrême droite, les ministres Georgiadis (Développement) et Voridis (Intérieur), qui cherchent à peine à cacher leurs convictions fascisantes. Mais surtout, ce qui caractérise ce gouvernement à faire pâlir d’envie un Orban, c’est une politique économique ultra-libérale à la chilienne de Pinochet, avec comme particularités, en dehors d’un anachronisme profond qui reflète l’absence de projet politique, son incompétence, sa nullité culturelle et son recours permanent à une propagande reposant sur ses liens avec les affairistes et les armateurs propriétaires des grands médias du pays. Il n’empêche : face à cette situation rappelant parfois la période de la guerre civile (par exemple, les mesures de fin de l’asile et de création d’un corps de policiers dans les facs sont inspirées de Kostas Plevris, vieil idéologue en chef des nazis grecs), les mobilisations et les résistances continuent depuis deux ans et malgré la pandémie ! Mais ce qui fait tenir une droite aussi agressive et nulle, ce sont en dernier lieu deux facteurs connus ailleurs : la crise du mouvement syndical et l’absence de perspectives d’alternative crédible à gauche.

Privatisations et surexploitation

Tsipras avait en son temps annoncé la fin des mémorandums de la troïka (Commission et Banque européennes, FMI), mais pour la plus grande partie de la population peu de choses ont changé, et la politique d’appauvrissement populaire s’accentue, comme on le voit avec le feu vert donné à la vente des domiciles de personnes endettées. Malgré les grands discours sur les investissements, le chômage continue à flamber : de 18,4 en décembre 2018 à 15,8 % deux ans plus tard, avec 34,2 % chez les 15-24 ans et 22,9 % chez les 25-34 ans. Les organisations patronales viennent de refuser (une nouvelle fois !) d’augmenter le SMIC, que Syriza avait porté modestement de 586 à 650 euros (558 net), la Grèce étant dernière pour le SMIC dans l’Union européenne. Soulignons que le coût de la vie dans les grandes villes n’est pas très éloigné de celui de la France…

Et quand Mitsotakis parle investissements, ses perspectives ne peuvent qu’approfondir la crise : d’une part parce que dans ses priorités figurent des choix contestables même du point de vue de la bourgeoisie. Ainsi la fuite en avant pour le tourisme, et cela alors que les conséquences d’une ouverture touristique à plein tube en 2020 se sont traduites dès septembre par une montée en flèche des victimes (moins de 100 morts en juin 2020, plus de 12 000 désormais). Cette insistance sur le tourisme se fonde sur un chiffre aujourd’hui contesté : estimé comme composant plus de 30 % du PIB, il en représenterait plutôt 6 à 7 %. Cette priorité erronée au tourisme masque d’autant moins la politique de désindustrialisation du pays, comme avec la fermeture de centrales au lignite, évidemment très polluantes, mais sans aucun plan sérieux d’emplois pour les travailleurs/euses.

Et de manière générale, le seul credo économique de ce gouvernement, ce sont les cadeaux au privé et les privatisations, étendant de manière délirante une politique que Syriza n’avait pas remise en cause de 2015 à 2019 : projet de privatiser la société nationale de l’eau, participation réduite à la compagnie des pétroles de Grèce pour en faire cadeau au groupe Latsis, projet de privatisation du système de gestion des retraites complémentaires, menaces de gestion privée sur un système de santé public qui malgré tous les coups reçus depuis 10 ans, a montré sa capacité à empêcher la catastrophe grâce au dévouement de ses personnels (pendant que le privé pouvait continuer de faire son beurre en maintenant ses fructueuses opérations!), des musées nationaux passant à un statut semi-privé… On pourrait multiplier les exemples, sans oublier les incroyables cadeaux faits par Mitsotakis aux médias à sa solde, en offrant sous couvert d’information publique sur le Covid des millions à des médias de droite parfois extrêmes ou inexistants, pendant que les médias de gauche avaient droit à des miettes ou à rien ! Le démantèlement accéléré du service public et l’État au service immédiat du patronat, voilà la ligne catastrophique de cette droite ultra-libérale.

Ce qui est en jeu ces dernières semaines, c’est une attaque d’ampleur contre ce qui reste de droit du travail : le ministre Hadjizakis, spécialiste des mauvais coups contre les travailleurs/euses, va déposer un projet de loi portant et sur le temps de travail et sur les droits syndicaux. Objectif du gouvernement : casser la « contrainte » de la journée limitée à 8 heures de travail, la porter à 10 heures, dans le cadre d’un calcul de temps de travail flexible, étendant le dimanche comme jour normal de travail à de nombreux secteurs, augmentant en même temps la limite des heures sup (de 120 annuelles maxi à 150), poussant à des compensations non pas en rémunération mais en repos (pour aller cueillir les olives, a osé dire le ministre…), alors qu’un sondage montre que 73 % des travailleurs/euses veulent être rémunérés, 11 % préférant un repos. Une évidence : un enfer de surexploitation se dessine pour les travailleurs/euses, pousséEs à signer des « conventions individuelles » plutôt que relever de conventions collectives… Mais pour les aider à « choisir », le projet comporte un pan antisyndical effarant : procédures bureaucratiques pour enregistrer les sections syndicales, vote électronique de la grève avec 50 % + 1 d’avis favorables, sinon la grève serait illégale, interdiction des piquets de grève, diminution des représentantEs du personnel protégéEs… On le voit, le patronat l’a rêvé, Mitsotakis lui offre : casser totalement le droit du travail, et cela alors que l’urgence sociale serait évidemment de créer des postes pour lutter contre le chômage, 50 % des chômeurs/euses étant de longue durée.

L’éducation, exemple d’une offensive généralisée

Avec ce gouvernement d’une droite revancharde, signe de la panique qui avait saisi la bourgeoisie grecque en janvier 2015 avec la victoire de Syriza, et ayant pour seul souci les cadeaux aux copains patrons, aucun secteur n’est épargné, ce qui donne lieu à des mobilisations très diverses. On comprend bien sûr que l’enjeu dans la période à venir sera leur centralisation. Entre autres exemples de secteurs très différents mais attaqués frontalement, prenons celui de l’éducation, avec à la tête du ministère une réactionnaire affichée, exemple du lien profond de l’ultra-libéralisme osant se prétendre moderniste avec les conceptions les plus rétrogrades.

Son objectif est double : supprimer tout enseignement critique – celui de la sociologie au lycée a été remplacé par des cours de religion… – et réprimer toute tentative contestataire – d’où l’incroyable article de loi de création d’un corps de 1 000 policiers implantés dans les facs ! – et de l’autre côté, passer à une étape supérieure de la sélection sociale, avec une loi taillée sur mesure pour faire fermer des sections ou de petits centres universitaires et favoriser la création de « facs » privées, que la Constitution interdit ! D’ores et déjà, malgré une opposition quasi unanime, ses mesures visent à empêcher environ 25 000 lycéenNEs de Terminale d’entrer en fac, les poussant soit à chercher un emploi (précaire) soit à payer s’ils le peuvent une fortune pour engraisser une de ces boites privées autorisées désormais à délivrer un diplôme professionnel. La ministre Kerameos, rivalisant avec Blanquer pour le titre de ministre de l’Éducation le plus haïssable, ne s’arrête pas là : tentatives d’imposer une « évaluation » des enseignantEs dans le cadre d’un projet aboutissant à la casse de leur statut, cours universitaires payants pour des étudiants étrangers, premier pas vers des universités publiques payantes, le tout se déroulant pendant la fermeture quasi totale des facs depuis plus d’un an pour se mettre à l’abri des mobilisations…

On pourrait citer bien sûr d’autres secteurs : l’environnement, avec les alléchantes propositions à des entreprises du « capitalisme vert » d’installer partout des éoliennes, malgré les réactions de la population, et tout en niant toute préoccupation écologique dans bien des domaines (achat de vieux bus mal recyclés à Salonique, maintien et extension des centres d’incinération d’ordures…). Mais aussi l’environnement archéologique, avec une incroyable bétonisation de l’Acropole pour favoriser les visites de groupes ou l’arrachage de magnifiques vestiges byzantins pour soi-disant accélérer la construction d’une station de métro à Salonique, malgré les protestations de masse et même celles venues de l’étranger.

Au service de la casse : propagande et répression

Si en France, Macron, c’est Jupiter, en Grèce, Mitsotakis, c’est Moïse, comme le nomment sans rire ses partisans ! La flagornerie est d’autant plus ridicule que le personnage et tout son entourage, après avoir multiplié les promesses électorales, font preuve d’une réelle incompétence à défendre une grosse partie de leurs électeurs : les couches moyennes, qui risquent en outre de sortir étrillées de la période des confinements Covid. Malgré un impressionnant matraquage quotidien de la presse et des médias aux ordres – quand on pense que la télé publique avait été brutalement fermée par la droite en 2013 (mais rouverte sous Syriza) pour cause d’esprit critique ! – la déception se fait jour à travers les sondages, même si la Nouvelle Démocratie (le parti de Mitsotakis) reste en tête des intentions de vote.

Alors, à défaut de pouvoir changer de politique économique, la droite grecque, malgré des défections, se concentre sur ses fondamentaux : répression et nationalisme, avec tout ce que cela suppose. La répression, elle est à l’œuvre au quotidien, contre la jeunesse en particulier, et elle a culminé en mars quand les flics (la droite a recréé des unités de voltigeurs) se sont déchaînés dans la banlieue de Nea Smyrni contre 10 000 manifestantEs protestant contre leurs violences. Des cas de tortures ont été dénoncés, mettant ouvertement en lumière les pratiques d’une police dont une bonne partie votait pour les nazis d’Aube dorée : même un pope orthodoxe a dénoncé les violences qu’il a subies, disant comprendre désormais ce qu’il lisait sans y croire ! Ce climat inquiétant de répression est évidemment encouragé par la couverture que la droite offre toujours aux fascistes de tout poil : ceux de son gouvernement et de ses équipes (nombreux cas), mais aussi aux nazis d’Aube dorée (un de leurs chefs est toujours en fuite, alors qu’il était censé être surveillé de près…).

Autre volet : le nationalisme, avec bien sûr le climat de tension entretenu avec la Turquie d’Erdogan. Pourtant, malgré la propagande et la période odieuse de la chasse aux réfugiéEs et leurs soutiens dans l’hiver 2020, orchestrée par le gouvernement et l’extrême droite grecque et européenne, les sondages attestent qu’une écrasante majorité des populations grecque et turque affirme n’avoir aucun problème avec le voisin, ajoutant que les problèmes sont créés par les gouvernements. Ces sentiments demandent évidemment à être confortés par des initiatives solidaires communes (qui existent), d’autant que Mitsotakis, en dehors des préparatifs guerriers (2,5 milliards d’euros pour l’achat de Rafale !), incite en permanence au racisme en faisant passer les réfugiéEs pour de dangereux envahisseurs lancés par la Turquie contre la Grèce. Le résultat est terrifiant pour les réfugiéEs : d’une part, des camps de plus en plus fermés (murs en béton, avec au passage des cadeaux pour des sociétés de construction…), de l’autre, une politique de refoulement vers la Turquie, interdite mais à laquelle l’UE coopère en dépit de ses critiques officielle…

De nombreuses mobilisations, un début de recherche de perspectives politiques

On le voit : cette droite sans aucun principe éthique fonce, pour détruire au plus vite ce qui reste d’acquis sociaux mais aussi pour faire le plus de bonnes affaires, et la situation est très inquiétante… mais ce n’est pas cela qui décourage toute résistance ! Dès l’été 2019, Mitsotakis a dû affronter les mobilisations étudiantes. Mais le moment décisif a été l’automne dernier, avec le fantastique rassemblement antifasciste le jour du verdict des assassins d’Aube dorée, exemple de ce que peut une mobilisation déterminée dans un cadre prenant un caractère unitaire. De là, une détermination massive à se mobiliser malgré les mesures de confinement : un véritable mouvement contre l’étouffement des droits démocratiques, d’innombrables manifestations étudiantes contre la loi Kerameos-Chryssochoïdis (ce dernier est le Darmanin grec) cassant l’université et le droit aux études, avec en particulier des manifs puissantes à Salonique, mobilisation qui continue aussi pour l’ouverture immédiate des facs.

Et bien sûr, l’enjeu actuel c’est de faire reculer le gouvernement sur sa loi « temps de travail ». Le 6 mai a eu lieu une mobilisation nationale assez réussie et désormais, toutes les semaines, des actions ou des manifs contre ce projet de loi ont lieu, avec le soutien de toute la gauche (en ordre dispersé…) et même du PASOK (désormais intitulé Kinal). Une grève devait avoir lieu le 3 juin mais la confédération syndicale du privé GSEE ayant appelé à la grève nationale le 10 juin, celle du 3 a été reportée au 10. Décision contradictoire : d’un côté, cela élargit l’appel lancé pour le 3 par ADEDY (la Fédération du secteur public), PAME (courant syndical du KKE, le PC grec), les syndicats de base liés à la gauche radicale et anticapitaliste, diverses unions locales… Mais d’un autre, cela repousse la mobilisation, urgente puisque le projet de loi va être déposé, et certains pensent que ce report est dû au fait que le 3 avait été lancé par les syndicats de base… Ce détail renvoie aux deux problèmes sur lesquels on reviendra dans un article ultérieur : d’une part, la crise profonde du syndicalisme en Grèce, mais aussi, en lien partiel avec cela, le « confinement » des organisations de la gauche réformiste et anticapitaliste sur elles-mêmes, malgré quelques perspectives qui semblent s’ouvrir pour relancer une perspective de gauche internationaliste et anticapitaliste : ainsi la procédure de fusion entamée entre Synantissi et Anametrissi, deux orgas surtout de jeunes, provenant de Syriza et Antarsya. À suivre !

Athènes, le 4 juin 2021

Source https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-deux-ans-dultra-liberalisme-et-de-repression-generalisee

Dévaste des politiques d’ajustement structurel

par Stathis Kouvelakis

La Grèce est un petit pays, mais qui, étant donné sa position géographique, politique et économique, est un avant-poste de l’espace européen, donc aussi sa frontière. Saisir la Grèce comme avant-poste et frontière signifie la comprendre comme un lieu de délimitation et de contact permanent entre l’« Europe », ainsi que l’Union européenne (UE), et son extérieur, ou plutôt son Autre, à savoir ce par rapport à quoi, voire même ce contre quoi, elle se définit et se construit [1].

  Sommaire
  • La Grèce sous le régime de la Troïka, moment de vérité de l’UE
  • Vers un néocolonialisme interne
  • Conclusion

Néanmoins la Grèce est également une frontière interne de l’UE, une ligne de front dans la lutte de classes qui s’y mène, là encore avec une acuité et une violence toutes particulières depuis l’éclatement de la crise financière de 2008. La Grèce a servi, depuis maintenant dix ans, de laboratoire pour une forme particulièrement brutale de politiques d’austérité, dont la mise en œuvre s’est accompagnée d’un régime d’exception, qui organise la mise sous tutelle du pays par ses créanciers : l’UE et le FMI.

Il importe donc de voir que la frontière extérieure et la frontière intérieure sont indissociables l’une de l’autre et qu’elles peuvent même se toucher, prenant ainsi le contre-pied de ceux qui pensent que « ce genre de choses n’arrivent qu’aux autres » – sous-entendu aux « arriéré·es » – c’est-à-dire aux ex-colonisé·es – du Sud et aux vaincu·es de l’ancien camp socialiste.

 La Grèce sous le régime de la Troïka, moment de vérité de l’UE

Les institutions représentatives, à commencer par le parlement, sont réduites à un décorum, dépossédées de la capacité de suivre l’exécution d’un budget dont les lignes échappent de toute façon à leur contrôle

Quand on parle des politiques appliquées à la Grèce, on utilise souvent les mots de politiques d’austérité. Néanmoins, l’austérité est présente dans toute l’UE, en Grèce comme en France. Il y a pourtant une spécificité grecque, l’instauration d’un régime politique d’exception, inscrit dans les « mémorandums » (ou Memorandums of Understanding – ou MoUs en anglais).

Les mémorandums ne sont pas autre chose que la liste des conditions imposées par les créanciers (rassemblés au sein de la Troïka, comprenant l’UE, le FMI et la BCE) en contrepartie des emprunts accordés. Ils ont été votés à chaque reprise par le parlement grec selon des procédures expéditives et antidémocratiques.

La logique de ces mémorandums est similaire à celle des programmes d’ajustement structurel qui ont été auparavant appliqués dans les pays du Sud, sous les auspices du FMI. Leurs ingrédients de base sont invariants : limitation drastique de la dépense publique, dérégulation massive de l’économie, à commencer par celle du marché du travail, diminution drastique du « coût du travail », c’est-à-dire des salaires et des prestations sociales, privatisation de ce qui reste de ressources et d’entreprises publiques. La seule originalité c’est qu’ils s’appliquent pour la première fois à un pays européen « occidental », pas à la seconde périphérie issue du camp socialiste.

Le résultat, on le sait, est un désastre sans précédent, pire que celui provoqué par la Dernière Guerre mondiale. En sept ans, la Grèce a perdu plus d’un quart de son PIB, elle est descendue du 28e au 38e rang mondial dans le classement correspondant. Dernier élément à ajouter à ce terrible tableau : sa totale incapacité à régler la question de la dette publique de la Grèce [2].

D’un ratio de 120 % du PIB lorsque, en 2010, la Grèce a conclu le premier mémorandum, la dette publique s’élevait en 2017 à 180 % du PIB, et ce malgré un effacement partiel – par ailleurs plutôt avantageux pour la plupart des créanciers – survenu en 2012. Déclarée « hautement non-soutenable » par le FMI lui-même, elle est devenue le symbole de l’absence totale d’issue positive à la politique d’asservissement et de pillage ininterrompus menée durant ces années.

 Vers un néocolonialisme interne

La capitulation de Tsipras et de la majorité de son équipe en juillet 2015 a conduit à la signature d’un troisième mémorandum, qui représente un approfondissement qualitatif dans l’entreprise de destruction de la souveraineté nationale de l’État grec. En effet, ce troisième mémorandum prévoyait l’établissement d’un « secrétariat général aux recettes publiques », c’est-à-dire l’équivalent du service du Trésor public chargé de la collecte de l’impôt, qui devient une instance « indépendante », dont le responsable est nommé par le gouvernement seulement après avoir recueilli l’assentiment de la Troïka (UE, FMI, BCE).

Cette agence « indépendante » de collecte de l’impôt se voit accompagnée d’un « conseil fiscal » composé de cinq membres, dont la nomination doit de nouveau être approuvée par la Troïka, qui, au moindre soupçon de déviance par rapport aux objectifs d’excédents budgétaires, peut décider de coupes dans les dépenses publiques automatiquement exécutoires, à savoir sans nécessiter l’approbation du parlement. De surcroît, la totalité des biens de l’État grec sont placés sous séquestre afin d’être privatisés. En charge de l’opération se trouve encore un fond « indépendant », chargé de mener des privatisations du patrimoine public à hauteur de 50 milliards d’euros, un montant totalement inatteignable même en vendant jusqu’au dernier tapis de ministère.

Dépossédé de tout contrôle sur sa politique budgétaire et monétaire, l’État grec se voit désormais privé de tout levier d’action, y compris ceux qui concernent des attributions régaliennes telles que la collecte de l’impôt. Les institutions représentatives, à commencer par le parlement, sont réduites à un décorum, dépossédées de la capacité de suivre l’exécution d’un budget dont les lignes échappent de toute façon à leur contrôle. Cette destruction de la souveraineté étatique s’accompagne de la mise en place d’une variante particulièrement brutale d’« accumulation par dépossession », pour utiliser le concept de David Harvey [3], basée sur le bradage du patrimoine public et le saccage des ressources naturelles et de l’environnement dont bénéficient à la fois des fractions prédatrices de capitaux nationaux et étrangers. Pour le dire de façon abrupte, la Grèce se transforme en néocolonie, la fonction de son gouvernement national, quelle que soit sa couleur, ne différant de celle d’un administrateur colonial, le simulacre de négociations auxquels se livrent les deux parties à l’occasion de cette interminable série de réunions de l’Eurogroupe et de sommets européens ne servant qu’à maquiller superficiellement cet état de fait.

Le régime néocolonial doit ici être compris comme « colonialisme interne » à l’ensemble constitué par l’UE, cas avancé d’un régime de subordination issu des contradictions fondamentales qui traversent l’entreprise de « construction européenne », dont la bourgeoisie grecque est pleinement partie prenante.

 Conclusion

Ce que montre le cas de la Grèce, c’est que le régime d’exception mis en place à l’occasion de la crise de surendettement a instauré une nouvelle ligne de fracture, à l’intérieur même de cette aire qui, juste avant la crise, faisait partie de l’ensemble relativement homogène des pays de l’Europe de l’Ouest. La violence avec laquelle cette frontière interne, latente lors de la phase intérieure pendant laquelle la croissance économique a servi à masquer les disparités croissantes, a surgi lors de la crise, renvoie toutefois à un phénomène qui excède la simple dimension économique.

Ce régime d’exception a réussi à s’institutionnaliser et à se stabiliser en Grèce, donc à engendrer une forme de « normalité », ce qui est un succès d’autant plus remarquable que la faillite des politiques économiques mises en œuvre est patente. La clé de ce succès réside dans la capacité dont il a su faire preuve à passer le test de l’arrivée au pouvoir d’une force politique qui se présentait à l’origine comme un adversaire, et qui, par un processus alliant coercition (économique) et persuasion en est devenue un serviteur efficace. Cette expérience, unique dans sa radicalité, de transformisme politique exerce un effet dévastateur et durable sur les capacités de résistance des classes subalternes et obère, pour une période au moins, la possibilité de formation d’une contre-hégémonie des subalternes.

La destruction de l’UE telle qu’aujourd’hui construite, sur des principaux néolibéraux injustes, s’impose ainsi comme l’une des tâches les plus urgentes, les plus radicales, mais aussi les plus compliquées, du combat pour l’émancipation de notre temps.

Article extrait du magazine AVP – Les autres voix de la planète, « Dettes & migrations : Divisions internationales au service du capital » paru en mai 2021. Magazine disponible en consultation gratuite, à l’achat et en formule d’abonnement.

Extraits de l’article « La Grèce, la frontière, l’Europe » par Stathis Kouvelakis sélectionnés par Adrien Péroches – 2017

Notes

[1] Ce point est détaillé dans l’article d’Eva Betavatzi « Un nuage néo-fasciste plane au-dessus des frontières entre la Grèce et la Turquie » publié dans la présente revue.

[2] À propos de la dette grecque, voir les indispensables travaux de la Commission pour la vérité sur la dette grecque mise en place au printemps 2015 par Zoé Kostantopoulou, alors présidente du parlement grec, et dont les travaux ont été coordonnés par le porte-parole du CADTM, Éric Toussaint. Une synthèse est disponible sur le site du CADTM. Le rapport intégral est publié sous forme d’ouvrage : CADTM, La vérité sur la dette grecque, Les Liens qui libèrent, Paris, 2014.

[3] David Harvey, Le nouvel impérialisme, Les prairies ordinaires, Paris, 2010.
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Source http://www.cadtm.org/Devaste-des-politiques-d-ajustement-structurel?fbclid=IwAR3lEVawXAdz-a7q9taRhSgdQFxatEuO14MSkphxOY8CmT5gMJftKIYlY0s

ATTAC, Contre le gang des profiteurs…

Contre LE « GANG DES PROFITEURS ». Samedi 3 juillet, des militants d’ATTAC ont tendu une banderole sur le siège de LVMH avec les frimousses de Drahi, Bettencourt, Pinault et Arnault. En même temps, d’autres dangereux terroristes ont barbouillé de peinture noire (de la gouache) les vitrines de la Samaritaine, à peine inaugurée, il y a quelques jours.

Le 23 juin, au côté de son ami et son soutien, le milliardaire Bernard Arnault, lors de l’inauguration de l’ancien grand magasin populaire devenu un magasin de produits de luxe bling-bling pour touristes hébétés, Emmanuel Macron déclarait que c’est « une métaphore parfaite du moment que nous sommes en train de vivre [1] ». Les militants d’ATTAC sont venus lui donner raison. La crise sanitaire n’a pas fait que des malheureux. Selon le dernier classement Forbes, les patrons du CAC 40 ont vu leur richesse augmenter de 68 % en 2020, passant de 304 à 512 milliards de dollars. Généreux, ils ont reversé 51 milliards d’euros de dividendes à leurs modestes actionnaires, soit une augmentation de 22 % pour 2020 [2].

Madame Hidalgo, maire socialiste de la ville de Paris (socialiste, c’est-à-dire héritière de Jaurès et du Front populaire) a dénoncé cet acte de vandalisme contre le bienfaiteur Bernard Arnault :


Faut-il lui rappeler que le généreux instigateur de tous ces bienfaits, le milliardaire Bernard Arnault, virtuose de l’évasion fiscale, possède personnellement pas moins de 31 sociétés offshore au Luxembourg ? La société LVMH, qui lui appartient, en possède 26 [3].

Faut-il également rappeler que la crise du Covid a permis à LVMH de bénéficier du chômage partiel et de la baisse des impôts de production ? Selon le classement Forbes, la fortune du roi du luxe est passée de 76 à 150 milliards de dollars, en un an, soit une augmentation de 100 % [4]. Moins quelques miettes pour les bonnes œuvres avec un maximum de com’ à chaque fois : 5 millions d’euros à l’institut Pasteur de Lille, 200 millions pour Notre-Dame-de-Paris et 100 000 flacons de gel pour le Secours populaire. Les gentils révolutionnaires d’Attac demandent juste une taxe sur le patrimoine des plus riches ainsi qu’une seconde taxe sur les bénéfices exceptionnels réalisés par les multinationales pendant la crise. Ils précisent que la gouache noire utilisée est une peinture sans danger et qui d’ailleurs a été rapidement nettoyée. Les longues files de visiteurs ont pu découvrir le grand magasin flambant neuf. Mais, attention, il ne faudrait surtout pas que l’expression magasin « flambant » neuf donne des idées incendiaires à des révolutionnaires moins gentils.

Mobilisations massives en Grèce contre une loi esclavagiste

par A. Sartzekis

Ces dernières semaines s’est développée en Grèce une très forte mobilisation contre un projet de loi portant sur le temps de travail et les libertés syndicales.

Le projet de loi peut être ainsi résumé : faire travailler plus (journée de 10 h, extension du travail le dimanche, augmentation du plafond annuel d’heures sup) en payant moins (récupération partielle en « repos », baisse du taux sur les heures sup), et imposer de graves atteintes au droit de grève et d’organisation (avec pressions pour faire signer des conventions individuelles).

Traduction par le Premier ministre, l’ultra-libéral Mitsotakis : « Une loi favorable aux travailleurs et permettant le développement », qui assainira « la jungle du monde du travail » et assurera l’avenir des jeunes générations ! En réalité, la confirmation que le seul projet de la droite revancharde au pouvoir, c’est de tout faire pour attirer les investisseurs (et les touristes) et favoriser leurs copains-coquins du grand patronat grec.

Ce projet, pour lequel le quotidien Efimerida ton Syntakton hésite entre « Bienvenue au 19e siècle » et « Retour au Moyen Âge », a connu une première réponse avec une encourageante mobilisation nationale le 6 mai. Diverses initiatives locales ont suivi, reflétant en profondeur un sentiment grandissant depuis l’automne. Et c’est cette pression ouvrière qui a forcé les directions syndicales, dont celle de GSEE, la Fédération unique du privé dirigée par une bureaucratie liée au Pasok et irrémédiablement compromise dans l’acceptation des mémorandums, à lancer un appel à la grève générale pour le 10 juin, ce que mettaient en avant les syndicats les plus combatifs.

De la grève du 10 juin au vote de la loi

Malgré bien des obstacles (dont les menaces de licenciements dans le privé, l’interdiction de la grève chez les marins, qui l’ont menée et réussie), cette journée, sans être un raz-de-marée, a été un grand succès, avec des manifs dans plus de 70 villes, un appui massif à la mobilisation. À Athènes, plusieurs dizaines de milliers de travailleurEs et jeunes ont manifesté dans trois cortèges : le KKE (PC) et son courant syndical PAME, les deux fédérations GSEE et ADEDY (secteur public) avec à leurs côtés Syriza et d’autres organisations réformistes, les syndicats de base et la gauche anticapitaliste. Mais signe de la combativité, les cortèges étaient si denses qu’ils se sont joints !

Bien sûr, au soir de cette belle journée, les plus clairvoyantEs savaient que les bureaucraties syndicales allaient freiner, pour ne pas être débordées, alors que la droite affichait encore plus de fermeté. Au lieu d’appeler immédiatement, au minimum, à une nouvelle grève nationale pour le jour du vote, le 16 juin, GSEE se repliait dans le silence et ADEDY appelait à un arrêt de travail devenu in extremis, sous la pression des syndiquéEs, un appel à la grève. Dans ces conditions, la participation à la mobilisation du 16 a été en recul. Néanmoins, partout dans le pays, des milliers de travailleurEs ont manifesté, encerclant le Parlement à Athènes.

La question qui se pose avec plus d’urgence après le vote de la loi, pour poursuivre une mobilisation victorieuse, est celle d’une réorganisation syndicale prenant en compte des éléments contradictoires : même si la direction de GSEE est vendue, son appel national à la grève a élargi la mobilisation ressentie alors comme unitaire ; la seule activité des syndicats de base combatifs ne suffira pas, et la gauche syndicale doit élaborer une tactique de pressions combatives empêchant les replis des diverses ­directions ­syndicales. Le combat ne fait que continuer !

A. Sartzekis

Athènes, le 19 juin 2021

Source https://lanticapitaliste.org/actualite/international/mobilisations-massives-en-grece-contre-une-loi-esclavagiste

Ils ont dit « non » aux éoliennes illégales

Ils ont dit « non » aux éoliennes illégales

Du blocus des résidents dans la zone de Kissos Campos

Les habitants de Rethymnon ont envoyé un message fort aux investisseurs illégaux d’éoliennes hier, empêchant l’installation de trois éoliennes à un jet de pierre du village d’Adraktos dans les montagnes de la municipalité d’Agios Vasileiou. Dès 4 heures du matin, et après avoir été informés que les éoliennes avaient été déchargées dans le port de Souda, les habitants ont mis en place un barrage sur la route d’accès, plus précisément dans la zone de Kissos Campos.

Les camions transportant les éoliennes sont partis de La Canée et, en périphérie, via Héraklion, ils se sont déplacés sous l’escorte d’une forte force de police jusqu’à Fates, où ils sont restés stationnés pendant des heures. Au même moment, la municipalité d’Agios Vasileiou déposait une injonction contre la société « PPC Renewables » car, comme le souligne le maire Yannis Tatarakis, la société avait demandé à la municipalité l’autorisation de faire passer les véhicules lourds, autorisation qu’elle n’a jamais reçue.

Les membres de la Coordination Rethymnon contre Industrial RES qui ont procédé à la mobilisation directe soulignent que ce parc éolien fonctionne désormais sans permis, puisque l’approbation des conditions environnementales a expiré depuis septembre 2020, alors que surtout pour les trois nouvelles éoliennes que la société veut installer, il y a une illégalité flagrante. Comme indiqué dans Eph.Syn. Katerina Korres, membre du comité de coordination, selon la législation internationale, les éoliennes doivent être situées à une distance de plus de 500 mètres des habitations, alors que dans ce cas, elles seront situées à une distance de seulement 260 mètres du village d’Adraktos.

En effet, comme « Eph.Syn » l’avait souligné dans un précédent rapport. (« PPC nous soudoie pour installer des éoliennes » – 5.3.2020), la société « PPC Renewable » avait fait un effort manifeste pour influencer l’opinion des habitants afin qu’ils ne se conforment plus à la législation. Dans un document que nous avions rendu public, l’entreprise promettait des subventions faramineuses de 350 000 euros sur cinq ans aux associations locales des villages d’Adraktos, d’Akhtounta et de Vatos, villages dont la population permanente est respectivement de 35, 50 et… 10 habitants.

Aujourd’hui, près d’un an plus tard, l’entreprise est de retour, cette fois accompagnée des forces de police, dont on se demande comment elles protègent un investissement avec des violations évidentes de la loi. L’autorité municipale locale se tient aux côtés des habitants.

● Vers midi hier, il a été annoncé que les camions transportant les éoliennes retournaient à Héraklion et peut-être de là à Souda, tandis que les habitants ont déclaré être en vigilance constante pour toute autre tentative similaire.

Source https://www.efsyn.gr/efkriti/koinonia/298702_eipan-ohi-stis-paranomes-anemogennitries

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Manifestation contre le projet de loi sur le travail

Des milliers de Grecs manifestent contre un projet de loi sur le travail
D’importants défilés ont eu lieu jeudi à Athènes et Thessalonique pour protester contre une future loi qui veut flexibiliser les horaires de travail.
Les Grecs sont descendus jeudi dans la rue par milliers pour protester contre un projet de loi sur le travail qui, selon eux, relève d’un «esclavage des temps modernes».
Les Grecs sont descendus jeudi dans la rue par milliers pour protester contre un projet de loi sur le travail qui, selon eux, relève d’un «esclavage des temps modernes».

Des milliers de manifestants ont défilé jeudi en Grèce contre une nouvelle loi sur le travail alors qu’une grève nationale de 24 heures perturbait transports et services publics.

Plus de 16’000 personnes ont pris part à plusieurs défilés, à Athènes, organisés par l’opposition de gauche, les partis communiste et socialiste ainsi que les syndicats, selon la police.

«Peu importe ce que fait le gouvernement, ce projet de loi est condamné par les travailleurs, a déclaré devant la presse Dimitris Koutsoumbas, secrétaire général du parti communiste. Il doit être mis à la poubelle.»

Quelque 10’000 personnes ont également défilé à Thessalonique, deuxième ville du pays. Des rassemblements étaient aussi organisés dans plusieurs autres villes.

Les détracteurs de ce projet de loi, qui sera soumis au vote du Parlement la semaine prochaine, estiment qu’elle va promouvoir des horaires de travail plus flexibles, «un esclavage des temps modernes».

Ferries et trains à l’arrêt

Le mouvement social a mis à l’arrêt ferries et trains, obligé à reprogrammer des vols et paralysé la plupart des transports publics à Athènes. Les services publics ne fonctionnaient pas, tout comme les médias publics.

«Ne touchez pas aux journées de 8 heures de travail», pouvait-on lire sur une banderole portée par des manifestants communistes dans la capitale. «L’esclavage n’est pas un progrès», était-il écrit sur une pancarte.

Le gouvernement assure que la réforme introduit une flexibilité facultative des heures de travail, fixe des règles sur le travail à distance et prévoit des garanties contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

Jusqu’à 10 h de travail par jour

Le ministre du Travail, Kostis Hatzidakis, a souligné que les nouvelles règles allaient permettre au personnel de négocier avec la direction la possibilité de travailler plus d’heures pendant une partie de l’année et de prendre ensuite plus de congés.

Une journée de travail pouvant aller jusqu’à 10 heures est autorisée dans le cadre de la réforme, en contrepartie d’un congé payé supplémentaire.

Mais pour les syndicats et les partis d’opposition, ces nouvelles règles vont à l’encontre des négociations collectives, perturbent la vie personnelle des employés et officialisent l’exploitation des heures supplémentaires par les employeurs – en particulier les grandes entreprises – qui dure déjà depuis des années.

Déjà approuvé en première lecture avant le vote

«Les travailleurs ne peuvent pas payer leurs loyers, (les besoins de) leurs enfants, leurs courses avec des congés payés», a estimé depuis la tribune du Parlement Mariliza Xenogiannakopoulou, porte-parole de Syriza, le principal parti d’opposition.

«Une fois ces contrats personnalisés formalisés, ils proliféreront (…) et deviendront la norme», a-t-elle ajouté.

La fixation de règles plus strictes pour appeler à la grève suscite également l’opposition des syndicats.

La majorité gouvernementale au Parlement a déjà approuvé le projet de loi en première lecture mercredi, avant un vote en plénière prévu la semaine prochaine.

Source https://www.lematin.ch/story/des-milliers-de-grecs-manifestent-contre-un-projet-de-loi-sur-le-travail-776580332410?fbclid=IwAR1B8zm_akVmudVJmcJj8gPSQGJDL094X37FBgxMU0Lkmn0fX-CuFZZKtPA

Samedi 8 mai Faisons barrage aux privatisations

FAISONS BARRAGE aux PRIVATISATIONS ! POUR L’ÉNERGIE PUBLIQUE.
Rassemblement samedi 8 mai au barrage de Saint-Egrève de 11h à 14h
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🔴 Vous avez aimé la privatisation des autoroutes : vous allez adorer celle de l’Électricité… : Le projet HERCULE de réorganisation du groupe EDF en 3 entités prévoit la privatisation des réseaux de distribution de l’électricité nationale.
⚠️ Ce projet financier va à l’encontre de l’intérêt général Depuis 15 ans, l’ouverture à la concurrence n’a fait que pénaliser l’usager : factures + 60 %
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🔴 Défense du bien commun, de tous les services publics, du pouvoir d’achat, des salariés du secteur énergie, de notre souveraineté énergétique, du climat, de notre eau, de nos barrages etc.
Nous avons tous d’excellentes raisons de nous opposer à la destruction de la filière publique énergie !.
Rassemblement déclaré en préfecture .
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3 pétitions en ligne : Signez les toutes et faites passer le mot ! ✍️
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🔴 Collectif pour un Véritable Service Public de l’Énergie 38 / CGT Energie / SUD-Energie / ATTAC Isère / UNEF / Gilets Jaunes Crolles P&MCurie / Cultures essentielles 38 / Alternatiba / PEPS isère / Génération.s / Parti de Gauche/ EELV / LFI / PCF / NPA d’autres orga à venir …
Rejoignez-nous : Contact : contreherculeavecenergie38@gmail.com

 

 

« De l’argent pour la santé – pas pour la police ! »

par Santé en lutte , Grec.que.s solidaires de Belgique

Le week-end du 17-18 avril, des militant·e·s de la diaspora grecque ont uni, de manière historique, leurs voix dans plus d’une vingtaine de villes de par le monde. Avec un appel commun, elles et ils ont manifesté, aux côtés de personnes solidaires, pour dénoncer les violences policières, la censure des médias, les lois qui passent en force pour intensifier les injustices, la destruction de l’environnement et de l’éducation, et la gestion lamentable de la crise de Covid-19, en Grèce. A Bruxelles, cet appel international a été relayé par les Grec.que.s solidaires de Belgique et a rassemblé 70 personnes et plusieurs organisations en solidarité avec le mouvement grec sous le slogan « De l’argent pour la santé – pas pour la police ! ». La santé en lutte, collectif de travailleuses et travailleurs et d’usagères et usagers des soins de santé en Belgique qui luttent pour l’amélioration des conditions de travail et l’accès pour tou·te·s à des soins de qualité, était parmi les organisations qui ont répondu présentes. Nous publions ici le texte lu par les militant·e·s de La santé en lutte lors du rassemblement bruxellois, et cosigné par les deux collectifs.
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Une fois encore, le peuple grec est en première ligne.En Grèce, comme en Belgique, les soins de santé sont mis sous pression par la pandémie.

En Grèce, comme en Belgique, les soins intensifs sont saturés.

Plus que jamais, des milliers de personnes qui n’ont pas les moyens de payer le prix fort pour être soignées sont priées d’attendre pour recevoir leurs soins. Sont contraintes de subir un service à la chaîne, parfois même en dehors des unités de soin appropriées, parfois même dans des ambulances bloquées sur les parkings d’urgences débordées.

En Grèce, comme en Belgique, la dégradation de la qualité et de la sécurité des soins découle directement de la pénurie de matériel mais surtout de la pénurie de travailleuses et travailleurs dans les hôpitaux non-marchands et les autres institutions de soins. Les conditions de travail qui leur sont imposées constituent pour elles et eux une violence institutionnelle qui, par conséquent, est également subie par les patient·e·s. Les travailleurs et travailleuses s’épuisent, quittent leurs métiers voire leur pays et certain·e·s y laissent même parfois la vie. Et c’est la santé de tout le monde qui en paie le prix.

En Grèce, comme en Belgique, le covid a illustré de manière brutale que dans une société capitaliste, le coût financier aura toujours plus de poids que le coût humain. L’État compte les sous, le personnel du soin compte les morts.

Toutefois, le peuple grec est en première ligne. En Belgique, le gouvernement lance encore quelques cacahuètes sous la pression sociale. Il fait grand cas de la concrétisation d’engagements financiers déjà pris avant la crise du Covid, accorde quelques prêts aux hôpitaux et quelques primes dérisoires et inégalement réparties. En Grèce, il ne s’en donne même pas la peine. Au contraire, le fait que l’avant-projet de budget 2021 présenté par le gouvernement de Mitsotakis prévoie une réduction des dépenses de 600 millions d’euros pour les hôpitaux et les soins de santé démontre avec quelle aisance le pouvoir crache à la figure de la population.

Pire encore, au besoin criant de soin, le gouvernement grec répond par un déchaînement de violence inouï en atteste la création d’une police universitaire pour un budget de 20 millions par an sur 5 ans, l’augmentation des dépenses militaires de 5,5 milliards ainsi que le financement des médias dominants pour plusieurs dizaines de millions pour soi-disant leurs campagnes Covid, alors qu’il s’agit là de renforcer la propagande gouvernementale et faire taire les scandales autoritaires.

Si l’autoritarisme et la répression policière prennent en Belgique, en France et à d’autres endroits un tournant plus qu’inquiétant, le peuple grec ne connaît que trop bien cette expression violente du pouvoir qui semble, aujourd’hui, atteindre son paroxysme et être devenue la seule réponse du gouvernement d’Athènes à la crise sanitaire et sociale. Le peuple grec est aujourd’hui, devant les autres peuples d’Europe, en première ligne face à la prise de pouvoir du fascisme.

Bien entendu, cela ne sort pas de nulle part car le peuple grec était déjà en première ligne depuis des années et aujourd’hui encore, face aux politiques qui ont rendu possible cette accession au pouvoir. Ces politiques se sont bien entendu les politiques d’austérité et les privatisations massives, imposées depuis plus de dix ans par le FMI, les institutions européennes et les pays du centre de l’Europe, dont la Belgique. Ce véritable acharnement, imposé au prétexte d’une dette directement issue des jeux financiers des banques françaises, allemandes, néerlandaises et belges, a créé une détresse sociale gigantesque.

Déjà bien avant la crise sanitaire actuelle qui n’a fait qu’empirer les choses, le système de santé grec était dans un état de délabrement avancé. Depuis 2010, les mesures d’austérité imposées à la Grèce par ses créanciers ont méthodiquement démantelé son système de santé non-marchand. Une analyse de Noëlle Burgi, publiée en 2018 décrit ce démantèlement par ces mots : « Au rythme dicté par la Troïka, les gouvernements grecs ont taillé dans les dépenses de santé « avec des couteaux de boucher », selon l’expression d’un ancien ministre de la Santé, Andreas Loverdos, et cela, au moment même où les conditions de vie, fortement dégradées sous l’effet de l »austérité, se répercutaient sur la santé de la population. Pour reconfigurer le secteur, des recettes « clé en main » de la Banque mondiale et du FMI ont été plaquées sur le système public de santé grec dans l’intention prioritaire de réduire les coûts, d’extraire des ressources et de réorienter les comportements vers la consommation d’assurances et de services privés. [1] »

Aujourd’hui, en Grèce, le gouvernement a annulé 80 % des opérations chirurgicales dites « non-essentielles » pour pousser les patient.e.s vers le secteur privé. Il a réquisitionné des médecins du secteur privé sans considérer une seule seconde engager du personnel dans le secteur public. Le gouvernement grec montre par tous les moyens, en pleine crise sanitaire, qu’il veut détruire le système de santé public.

Cette destruction généralisée de la protection sociale, cette dégradation des conditions de vie par plus de libéralisme ce sont celles qu’on nous impose aujourd’hui en Belgique, tout comme ces recettes « clés en main » pour le secteur de la santé : Tarification à l’acte, privatisations des services et sous-traitance, report des coûts sur les patient·e·s et explosion de la charge administrative et informatique portée par les soignant·e·s.

Il s’agit là du modèle social voulu par les détenteurs de capitaux et porté par les gouvernements partout en Europe. Le peuple est seulement en première ligne.

L’austérité est à combattre, et c’est ce que tentent de faire les médecins et le personnel des hôpitaux et centres de soins publics en Grèce. Mais le gouvernement ne laisse place à aucune critique ni dans les médias ni sur le terrain. Il y a quelques semaines, Katarahias, un médecin délégué syndical a été menacé de licenciement pour avoir critiqué les politiques de santé du gouvernement. D’autres médecins qui osent parler publiquement de la situation catastrophique dans les hôpitaux se font aussi poursuivre par l’État devant la justice. La répression se fait sentir partout : dans les hôpitaux, dans les médias et dans la rue.

Si le peuple grec est, depuis trop longtemps, aux premières loges de cette colonisation par le capital, il marche aussi à l’avant de la contestation sociale en Europe. Les mobilisations massives, les luttes de terrain, l’autodéfense contre les violences policières et fascistes et l’expression de formes magnifiques de solidarité et de soin basées sur l’autogestion nous inspirent et embrasent notre détermination à mener ces luttes de concert.

Aujourd’hui, La santé en lutte se tient à vos côtés et manifeste sa totale solidarité dans votre combat et ce, d’autant plus qu’il est aussi le nôtre. Nous serons également dans la rue avec vous le 29 mai pour manifester, ici à Bruxelles, à Athènes et partout en Europe et au-delà. Pour une société où l’argent public sert à la santé de la population, pas à sa répression.

Merci.

Notes

[1N. Burgi, « Grèce : Le démantèlement méthodique et tragique des institutions de santé publique », IRES, 2018

Source https://www.cadtm.org/De-l-argent-pour-la-sante-pas-pour-la-police

L’austérité tue

Quelques jours après la publication du rapport de la commission Arthuis (« Nos Finances publiques post-Covid 19 : pour de nouvelles règles du jeu »), le gouvernement a validé son projet de programme de stabilité budgétaire transmis à la Commission européenne. Ce projet est particulièrement inquiétant. Le rapport « Arthuis » est déjà contesté : il enserre l’évolution des finances publiques dans le cadre dogmatique marqué par l’obsession de la baisse de la part des recettes et des dépenses publiques dans le produit intérieur brut sans tenir compte des besoin sociaux, écologiques et économiques. Le programme de stabilité proposé par le gouvernement est encore plus brutal. S’il était mis en œuvre, la France connaîtrait une austérité inédite et dévastatrice à tous points de vue. Or, d’autres mesures sont souhaitables et possibles.

Dans le cadre du semestre européen, les États adressent leurs programmes de stabilité à la Commission avant le 30 avril. Celle-ci les examine, publie ses propres prévisions en mai et présente au Conseil, début juin, des propositions de recommandations pour chaque État membre. Sur cette base, le Conseil adresse ses propres recommandations à chaque État membre fin juin ou début juillet. Malgré la clause dérogatoire générale du Pacte de stabilité et de croissance mise en œuvre au début de la crise sanitaire en mars 2020 et applicable jusqu’en 2022, la transmission d’un programme de stabilité reste nécessaire.

Le contenu du programme de stabilité transmis par la France à la Commission européenne et portant jusqu’en 2027 (soit la fin du prochain quinquennat) présenté en conseil des ministres le 14 avril a de quoi inquiéter. Certes, elles sont conformes aux déclarations du gouvernement et au cadre qu’il a fixé à la commission Arthuis. Les dépenses publiques représentaient 53,8 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019 avant la crise, puis 61,3 % en 2020 du fait de l’effondrement de l’activité économique et des mesures d’aides mises en œuvre par l’action publique, elles baisseraient à 56 % en 2022 puis à 53,1 % en 2027. Le taux de prélèvements obligatoires rapportés au PIB serait globalement stable, il passerait de 43,5 % du PIB en 2021 à 43,7 % du PIB en 2027. En 5 ans, cette cure d’austérité est censée permettre un retour des déficits sous les 3 % du PIB en 2027. Ce programme est plus brutal que ce que préconise le rapport de la Commission Arthuis. Ce dernier n’envisage pas une baisse de la dette publique avant 2030 alors que le gouvernement s’engage sur une telle baisse dès 2026 (le ratio de dette rapportée au PIB étant censé passé de 118,3 % en 2025 à 118,2 % en 2026 puis à 117,7 % en 2027).

Pour Attac, si la commission Arthuis préconisait une austérité mal assumée qui prévoyait une baisse du taux d’endettement à partir de 2030, celle que prépare le gouvernement s’annonce encore plus brutale. Les « mesures de rupture » vantée par Emmanuel Macron en mars 2020 recelaient donc tout autre chose que celles promettant des « jours heureux ».

La période récente a mis en évidence le manque de moyens dans le secteur de la santé, le consentement à l’impôt s’affaiblit à cause d’une injustice fiscale croissante, les affaires d’évasion fiscales ne cessent de se succéder (avec la dernière en date, Openlux), il faut financer la transition écologique et les prévisions économiques font état d’une hausse du nombre de faillites et du chômage. En matière de politiques publiques, les enjeux majeurs ne manquent pas. Le programme proposé par le gouvernement aux instances européennes ne permettra pas de les relever. Pire, tout indique au contraire que l’obsession de la baisse de la dépense publique et le refus de procéder à une réforme fiscale visant à mieux répartir et redistribuer les richesses se traduiront pas une austérité très probablement plus brutale qu’après la crise de 2008. Un tel programme de stabilité signifierait des réformes profondément anti-sociales en matière de retraites, de pouvoir d’achat, de droits, de services publics et de qualité de vie.

Face à une telle orientation, Attac formule des propositions alternatives :

  • une autre gestion de la dette publique et des propositions immédiatement applicables pour financer la « dette Covid » (voir la note du 2 février 2021 « Qui doit payer la dette Covid ? »)
  • une réforme d’ensemble de la fiscalité afin de la rendre plus progressive, afin de financer l’action publique et de réduire les inégalités et une lutte résolue contre l’évasion et la fraude fiscales, ce qui passe, notamment, par la taxation unitaire et une véritable coopération internationale.
  • une dépense publique permettant de financer l’action publique, la protection sociale et la transition écologique.

Heures supplémentaires non payées

Une enquête révèle que 40% des travailleurs grecs ne sont pas payés pour leurs heures supplémentaires

Quarante pour cent des travailleurs qui font des heures supplémentaires ne sont pas payés pour ces heures supplémentaires, selon une enquête menée par le plus grand syndicat du secteur privé, la GSEE. 73% des travailleurs demandent à être payés pour leurs heures supplémentaires au lieu de prendre un congé ou un jour de repos.

L’enquête a montré que 52% des travailleurs ont déclaré avoir effectué plus d’heures de travail que la normale sur une base hebdomadaire. Parmi eux, 25 % ont déclaré travailler de 1 à 3 heures de plus, 17 % ont déclaré travailler de 4 à 6 heures de plus, 4 % ont déclaré travailler de 7 à 8 heures de plus et 6 % ont déclaré travailler plus de 9 heures de plus.

52 % des travailleurs qui font des heures supplémentaires ne sont pas payés pour ces heures et 60 % des travailleurs à temps partiel ont déclaré travailler plus de 20 heures par semaine.

L’enquête a également montré que 53 % des personnes interrogées étaient pessimistes quant à l’évolution du pays dans les mois à venir. 35 % se disent pessimistes quant à leur emploi et 56 % sont optimistes.

Cette enquête a été menée alors que le gouvernement prépare un « projet de réforme » sur les droits du travail qui supprimera « légalement » le paiement d’heures supplémentaires en échange de jours de congé ainsi que le travail de 8 heures par jour.

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2021/04/09/greece-workers-overtime-payment/

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