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Archives de catégorie Austérité-Neolibéralisme

Grèce selon l’UNICEF : Détérioration dramatique des conditions de vie des enfants

Le Comité national grec de l’Unicef tire la sonnette avec son rapport pertinent sur les effets dévastateurs de la crise et des politiques d’austérité sur les les ménages vivant avec des enfants en Grèce pendant ces années de crise et de mise en œuvre des politiques l’austérité.
Parmi les constatations et les conclusions du rapport:
⇒ Les enfants font maintenant face à un risque significativement plus élevé de la pauvreté et la privation par rapport à la population totale.
⇒ Au cours de la crise, le bien – être des familles avec des enfants est plus affecté que le reste de la population du pays.
⇒ Un demi – million d’ enfants dans le pays vivent dans des familles pauvres.
⇒ L’expérience de la pauvreté pendant l’ enfance conduit à l’ accumulation des difficultés qui auront une incidence négative sur leurs réalisations futures à l’ âge adulte, contribuant ainsi à la reproduction de la pauvreté et de l’ inégalité.
⇒ Près d’ un enfant sur deux en Grèce vivent dans des conditions de privation matérielle *. Avec le chiffre de 45%, la Grèce est de loin l’endroit où les enfants sont confrontés à la plus grande privation matérielle parmi les 14 membres les plus anciens pays de l’ UE.
⇒ La pauvreté et la privation rend impérative la conception et la mise en œuvre de politiques appropriées pour soutenir et renforcer les familles avec enfants.
⇒ Le soutien des familles avec enfants devrait devenir une priorité dans l’agenda politique du gouvernement.
⇒ Le soutien des familles avec enfants devrait reposer sur des politiques publiques grâce à une combinaison appropriée des prestations (en nature et en espèces) et les paramètres (par exemple un congé parental ou d’ installations pour l’harmonisation du travail et de la vie familiale).

L’UNICEF organisera jeudi 6 Avril son grand « Radio-marathon » annuel avec le soutien et la coopération de la radio grecque, qui participe avec tous ses programmes et le soutien des grandes stations de radio privées sur le thème central « Pour chaque enfant qui a faim, à côté de nous ou loin de nous ».

* L’indice des mesures de privation matérielle de l’incapacité des ménages à répondre à certains besoins fondamentaux (biens et services) qui sont considérés comme essentiels pour le bien-être et le niveau de vie des personnes, comme le paiement des factures de services publics, de répondre aux besoins financiers d’urgence, une bonne nutrition, un chauffage adéquat, 1 semaine de vacances et l’accès aux biens de consommation durables particuliers. Une privation expérience des enfants, ils vivent dans un ménage qui ne satisfait pas au moins 3 des 9 besoins de base sélectionnés. Dans le dénuement extrême sont les ménages qui sont incapables de répondre à quatre de ces 9 personnes.

Μισό εκατομμύριο παιδιά στη χώρα ζουν σε φτωχές οικογένειεςΠέμπτη 6 Απριλίου – Μεγάλος Ραδιομαραθώνιος UNICEF με την Ελληνική Ραδιοφωνίακαι την
unicef.gr

Grèce : pénurie de médicaments et de vaccins

Thessalonique : Cri d’alarme des pharmaciens face à la pénurie de médicaments et de vaccins :  

Le président de l’Association des pharmaciens de Thessalonique, Kyriakos Theodosiadis , a déclaré qu’il y a une grave pénurie de médicaments sur ordonnance, y compris certains vaccins vitaux pour les enfants ( c’était déjà le cas en décembre 2016 pour le vaccin contre la grippe).

Le président de l’association des pharmaciens affirme que ces pénuries sont causées par des tactiques de fournisseurs qui se contentent d’envoyer seulement une offre limitée de médicaments à chaque expédition.

Lundi dernier K.Theodosiadis a lancé un véritable cri d’alarme: « En ce moment, nous avons une grave pénurie de vaccins pour les enfants âgés de 6 mois à 15 ans, y compris la rougeole, la varicelle et l’hépatite », ajoutant que les pharmacies ont si peu de médicaments sur ordonnance que certains patients doivent attendre jusqu’à quatre mois avant leur prescription !

Cette « crise » dans la crise est récurrente. Les pharmaciens grecs alertent régulièrement l’opinion en dénonçant l’instauration d’un cercle vicieux : la population n’ayant pas d’espèces pour payer ses médicaments, pas plus que les caisses d’assurance-maladie, les pharmaciens ne peuvent passer commandes, car il est indispensable de tout prépayer aux laboratoires pharmaceutiques pour une pharmacie grecque.

Les laboratoires – étrangers le plus souvent – n’acceptent d’envoyer leurs produits dans le pays qu’à condition qu’ils soient payés immédiatement, et en cash, et ce, au même titre que n’importe quelle entreprise étrangère. Désormais, ils ne livrent plus qu’au compte-goutte. Le contrôle des changes n’a rien arrangé en la matière… Il se dit aussi que certains pourraient bien évidemment en profiter pour créer un véritable marché parallèle de ces biens précieux produits … à moins que cela ne soit déjà fait … au plus grand bonheur des laboratoires pharmaceutiques et/ou intermédiaires qui pourraient ainsi relever leurs tarifs destinés à la clientèle la plus aisée … ou la plus nécessiteuse en terme de soins. Enfin , il est évident qu’une telle situation est fortement propice à la libéralisation du marché tant souhaité par la troïka et ses laboratoires pharmaceutiques …
On comprend dans ce contexte la bataille essentielle menée par les dispensaires et pharmacies autogérées et le nécessaire devoir de solidarité avec ces structures  ( voir les nouvelles du convoi solidaire qui arrive aujourd’hui en Grèce).

Ni piéton ni phoque : la rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque .

Ni piéton ni phoque

Le beau temps revient au pays en case. Il faut bien dire que la pluie soutenue tombant sur Athènes devient rapidement gênante. C’est connu, les rues et les avenues se transforment aussitôt en ruisseaux et il ne fait pas bon d’être piéton dans pareils cas. De toute manière, les Grecs préfèrent le soleil. Lui seul, il attenue les souffrances de la crise, il amoindrit les esprits, comme il doit sans doute nous faire éviter… certains suicides. Alors soleil !

Par ce temps, on redécouvre l’histoire. Athènes, Parc d’Histoire maritime

Et par cette météo entre soleil et orages, on redécouvre parfois notre histoire lorsque le temps nous le permet. Par exemple, les navires de guerre au Parc d’Histoire maritime accueillent alors les curieux, autochtones ou hétérochtones. Un passé présenté comme toujours glorieux au beau milieu d’un présent alors si gluant. On visite par exemple le croiseur cuirassé Geórgios Avéroff ayant servi comme navire amiral de la marine royale grecque durant la première moitié du XXe siècle, et c’est le seul navire de ce type existant encore des nos jours au monde, désormais exposé comme navire musée dans ce port de Phalère.

Les années passent, et ainsi certaines traces demeurent. Photos exposées, réalisées par son équipage de ce jadis d’entre-deux-guerres (de l’autre siècle), l’uniforme de l’Amiral Kountouriotis, et bien en face, l’autre navire célèbre, le légendaire contre- torpilleur Velos II.

Il ne fait pas bon d’être piéton. Athènes, mars 2017

Ce dernier est entré dans l’histoire en 1973, lorsque son équipage, sous le commandement du capitaine Nikólaos Pappás avec six officiers et 25 sergents, se retire d’un exercice de l’OTAN, et part se réfugier en Italie pour demander l’asile politique, en réaction de taille, face à la dictature des Colonels (1967-1974).

L’ex USS CHARETTE DD-581 de la classe ‘Fletcher’ construit en 1942, avait été offert par les États-Unis à la marine grecque en 1959 et a servi jusqu’en 1991, quand il a été désarmé. Mais pour les Grecs, pour ceux déjà qui n’ont pas la mémoire courte, Velos demeurera l’exact synonyme de ce geste extraordinaire contre la junte d’alors.

Photo exposée à bord du Croiseur cuirassé Avéroff. Athènes, mars 2017
L’uniforme de l’Amiral Kountouriotis. Croiseur cuirassé Avéroff, Athènes, mars 2017
Le légendaire contre- torpilleur Velos II. Athènes, mars 2017

Sauf que du côté des… autres petites histoires bien grecques, et fort actuelles, rien ne change. D’après la presse du moment, les dettes des Grecs envers l’État (non acquittées) ont augmenté de 1,6 milliards, rien qu’en janvier 2017. Il faut en outre comprendre que sur dix millions d’habitants que compte encore ce pays, exactement sous le soleil, plus de 4,7 millions de Grecs sont redevables (contributions impayées) envers l’État (fisc), et plus de 850.000 de citoyens… se sont vus saisir leurs biens ou leurs revenus par l’administration, quotidien “Kathimeriní”.

Dans le même registre, avec seulement 50% versé du montant total des cotisations sociales des indépendants (professions libérales) en ce début 2017, c’est alors la consternation pour le “gouvernement”. Le nouveau calcul initié en 2016… oblige les indépendants à verser entre 60% et 80% de leur chiffre d’affaires (en impôts, taxes et cotisations, par l’obligation faite d’avancer l’impôt de l’année suivante), et c’est ainsi que la date limite des paiements vient d’être repoussé une deuxième fois par le “gouvernement”. “L’effondrement c’est pour bientôt”, croit savoir le voisin Chrístos, tout comme le voisin Kóstas, ou encore, le voisin Petros. Nous sentirions la fin arriver… nous l’espérerions même.

En attendant, les gens se baladent, les jeunes surtout, et ce 25% à 30% de la société s’en sort encore bien ou difficilement, tandis que le grand corps mourant de l’ex-classe moyenne s’enfonce davantage. Rien que les cas (repérés) de branchements illégaux au réseau électrique ont dépassé les 10.000 en 2016 d’après la Régie… record absolu d’après les reportages. Cela, au moment où les premières fraises ont fait leur apparition à Athènes, au même titre que le drapeau national… accompagné de celui de l’occupation européiste, et de celui enfin, de l’équipe du Pirée, le légendaire Olympiakós. Donc circulons !

Les gens sortent. Athènes, mars 2017
Fraises, bananes et autres fruits. Athènes, mars 2017
Les trois drapeaux. Athènes, mars 2017

En attendant, et même si certains se baladent encore, Peter Koening (économiste et analyste géopolitique) vient d’adresser son accablante et émouvante “Lettre ouverte au peuple de Grèce: Vous êtes abattus sous les yeux du monde entier” (en anglais sur le site canadien d’analyse “Global Research”).

L’auteur, dénonce entre autres et à très juste titre, les “socialistes caviar de SYRIZA pour avoir laissé leur pays saigner à mort littéralement, moralement, socialement et psychologiquement. (…) Prenez votre situation en vos mains. Ne croyez pas vos politiciens, ni vos médias ! Quittez cette organisation criminelle appelée Union européenne, de même que ce système monétaire criminel de l’Occident, et qui vous étrangle jusqu’à la mort. Récupérez votre souveraineté, votre monnaie. Cessez de payer la dette, et le système occidental ne pourra rien faire contre votre décision. Et il ne pourra rien faire, parce que vous ferez tourner votre pays via vos propres banques publiques et votre monnaie, en y allant progressivement mais sûrement, en reconstruisant toute une économie dévastée. Le paiement de la dette est d’ailleurs négociable. Les exemples abondent dans ce monde. L’Argentine en est un, et d’ailleurs récent. Même l’Allemagne avait renégocié sa dette internationale en 1952 lors des Accords de Londres sur la dette extérieure allemande”.

Ô peuple de Grèce, réveille-toi devant l’évidence. N’acceptez pas ce que le gouvernement, Bruxelles et la Troïka vous imposent, à vous, comme à votre pays. Exigez le Grexit en suite fort logique et légale à votre vote triomphant du ‘NON’ à tout nouveau ‘plans de sauvetage’ passant par l’austérité imposée par la Troïka. Si vous le faites, vous verrez rapidement la lumière au bout du tunnel – une lumière ayant a été trop longtemps dissimulée par l’Allemagne, par ces gangsters de la Troïka et par votre propre gouvernement”.

En librairie, nouveau siècle ? France, 2016
L’Union européenne, “Quotidien des Rédacteurs”, Athènes, mars 2017
L’Union européenne allemande, “Quotidien des Rédacteurs”, Athènes, mars 2017

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, essaye toujours de duper les Grecs, et d’impressionner le reste du monde, en menaçant de la Grèce de sortie de la zone euro. Tout gouvernement sain d’esprit, saurait pourtant transformer cette menace en initiative propre, afin de quitter ce monstre pétrifié que vous appelez l’Union européenne, ainsi que sa fausse et illusoire monnaie commune nommée euro. Sauf qu’en Grèce, c’est la morbidité qui y règne, et c’est tout le problème. Ainsi, à la morbidité de la Troïka, le gouvernement grec répond par sa propre et totale servitude morbide, en se conformant entièrement à la destruction de millions de compatriotes dépossédés et réduits en esclavage”.

Le beau temps qui revient au pays comme à sa case, les gens fréquentant les cafés en bord de mer comme si de rien n’était, notre théâtre est si ambiant… L’acteur et metteur en scène Alexandre Kollatos m’avait invité cette semaine à la première répétition privée de sa nouvelle pièce de théâtre. Elle est intitulée “Yanis et Alexis”, une fiction… d’amour, imaginée entre Yanis Varoufákis et Alexis Tsipras dont l’histoire bien brève relate de manière tragi-comique la (première) terrible période Syriziste, entre janvier et juillet 2015.

Ma photo est certes floue, sauf que la pièce ne l’est pas du tout. Nous n’étions que quatre spectateurs invités à cette première avant l’heure et nous avons tous bien pu rire. C’est alors si important par les temps qui courent et qui ne rigolent alors plus en Grèce depuis 2015, et c’est autant vrai que nous ne rions pratiquement plus.

Le pays en case. Grèce, déjà en 2012
Les gens qui fréquentent les cafés en bord de mer. Athènes, mars 2017
“Yanis et Alexis” d’Alexandre Kollatos. Athènes, mars 2017

Alexandre, comme son “Yanis et Alexis” sont à la recherche d’une salle à Athènes, puis, qui sait peut-être plus tard à Paris, à Londres, à Bruxelles ou à Berlin. Nous le lui souhaitons ardemment.

En attendant, le beau temps revient au pays où il ne fait pas toujours bon d’être piéton, la mesure se perd et c’est pour que l’hybris triomphe. L’inexplicable tient de l’insupportable (comme son contraire). Car en cette… belle Cyclade d’Ios, Théodosis, le phoque connu et aimé (presque) de tous, a été retrouvé inanimé… Une mort causée par balle alors tirée d’une arme à feu que l’on dira toujours “humaine”. Sur l’île, d’après les reportages de la presse locale c’est la consternation. Pays où il ne fait pas bon d’être piéton ni phoque.

Maigre consolation… maritime, les archéologues pensent avoir découvert les vestiges de la base navale de la flotte grecque menée par Eurybiade et Thémistocle face à celle des Perses de Xerxès Ier pendant la bataille de Salamine en 480 av. J.-C.. Autres temps ?

L’assassinat de Théodosis, île d’Ios. Cyclades, mars 2017
Maigre consolation… Vestiges de la bataille de Salamine, mars 2017 (presse grecque)

Sauf qu’en Grèce, c’est la morbidité qui y règne, et c’est toujours tout le problème. L’esclavage c’est encore la nouvelle convention en interne que la direction des magasins H&M entend imposer aux salariés. Ces derniers devraient accepter (entre autres), d’être mutés temporairement à n’importe quelle boutique de l’enseigne à travers toute la Grèce, le tout, en supportant les coûts des déplacements et de l’hébergement… pour quelques centaines d’euros par mois de salaire seulement. C’est aussi cela la politique de la Troïka, et autant celle de… SYRIZA caviar au pays où il ne pleut pas, sauf seulement l’été.

Manifestants devant un magasin H&M. Athènes, mars 2017 (presse grecque)

Le beau temps reviendra un jour au pays en case… et c’est l’animal (à peu près) adespote (sans maître) de ‘Greek Crisis’ qui nous le dit. Pour les piétons, pour les employés des magasins H&M, et peut-être même pour les phoques.

L’animal de Greek Crisis. Athènes, mars 2017

* Photo de couverture: Le croiseur cuirassé Geórgios Avéroff. Athènes, mars 2017

mais aussi pour un voyage éthique “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !” http://greece-terra-incognita.com/

Grèce: Non au 4e mémorandum

Grèce: « Non au 4e mémorandum. Monnaie nationale et programme révolutionnaire citoyen MAINTENANT « . Par Dimitris Stratoulis

Traduction Vanessa de Pizzol

Gouvernement et représentants des créanciers préparent au Hilton le 4e mémorandum impliquant notamment des mesures anti-populaires en surnombre et aucun nouveau financement pour le pays après 2018.

Mais avant le quatrième mémorandum, ils vont trouver un compromis dans le cadre de ce qu’on appelle l’accord technique sur les conditions préalables de la 2e évaluation, lesquelles sont à la fois antisociales pour le peuple et catastrophiques pour le pays. Ces dernières comprennent l’accélération des privatisations et l’achèvement du bradage des biens publics, la démolition plus importante encore des relations du travail, la facilitation des licenciements collectifs, la réduction du syndicalisme et du droit de grève, la dissolution du secteur public énergétique et notamment de la DEI[1] ainsi que leur cession pour une bouchée de pain à des intérêts économiques étrangers essentiellement spéculatifs.

Concernant le quatrième mémorandum, il comprendra des mesures meurtrières, sur lesquelles on va prélégiférer dès maintenant pour une application après 2018, en particulier l’abaissement drastique du plafond des revenus non imposables, une nouvelle réduction – un véritable carnage – de 10 à 45 % des principales retraites aujourd’hui versées, avec suppression de la fameuse différence individuelle de traitement entre anciens et nouveaux retraités, tout ceci conduisant à une paupérisation encore plus grande de la population dont les revenus et les retraites sont modestes.

Le gouvernement, pour faire passer la pilule et endormir le peuple, promet d’encourager les contre-mesures positives, qui ne pourront suppléer, ne serait-ce que de façon minime, aux pertes qui affecteront surtout les revenus populaires les plus modestes, et qui ne seront appliquées que si notre pays, après 2019, va au-delà d’excédents annuels primaires monstrueux (3,5% du PIB) qu’il faudra malheureusement envisager sur une période longue, comme l’a déjà établi le gouvernement.

Toutes ces mesures barbares antisociales et régressives qui vont accompagner la deuxième évaluation, ainsi que les excédents primaires d’un niveau intolérable exigés jusqu’en 2028, conduiront non seulement à un appauvrissement encore plus important de la société, mais aussi à une impasse économique irrémédiable.

Il existe cependant une autre voie que celle de la misère engendrée par les mémorandums et de la transformation de notre pays en colonie et protectorat des créanciers, notamment de la zone euro allemande. Cette voie alternative passe par la sortie de la prison « zone euro », par l’adoption d’une monnaie nationale, qui s’accompagnera d’une interruption du remboursement et d’une remise en cause de la dette publique, ainsi que par un programme de reconstruction de la production du pays, un programme révolutionnaire, populaire, anti-mémorandaire et de développement.

Avec la monnaie nationale, nous pouvons renforcer la base de production de notre pays en injectant les nécessaires et suffisantes liquidités (financement) dans l’économie et la société grâce à des conditions favorables et des taux faibles, possibilité actuellement inexistante dans l’euro.

Nous voulons destiner ces fortes liquidités (financement) à l’économie pour réaliser des investissements productifs et à la société pour lutter contre la pauvreté, satisfaire les besoins sociaux, soutenir et fortifier les principaux secteurs économiques.

La monnaie unique sera mise en place par un financement via la Banque de Grèce, qui repassera sous contrôle du secteur public et du gouvernement, via les banques qui seront deux fois plus nationalisées par rapport au programme actuel d’investissement public, mais aussi via le soutien des petites et moyennes entreprises et des agriculteurs pour améliorer la production primaire et la transformation.

C’est dans ce cadre qu’aura lieu la politique prioritaire pour la reconstruction des entreprises sous contrôle public et le soutien aux entreprises coopératives et aux clusters, mais aussi à celles qui créeront des emplois, respecteront la législation en matière de travail et d’environnement et contribueront au développement de la recherche, de l’innovation et des nouvelles technologies, au plan de développement démocratique et à la transformation de la production dans l’économie.

Le but de cette transformation de la production vise à une amélioration productive et technologique du pays, une augmentation des emplois et par conséquent la lutte contre le chômage, le soutien et l’élargissement des conquêtes des travailleurs.

La monnaie nationale sera dans le même temps mise à profit pour améliorer les politiques sociales, recapitaliser les fonds d’assurance, soutenir et renforcer les salaires et les retraites, notamment le salaire minimum et la retraite minimum. Également, pour aider les personnes handicapées, les chômeurs, lutter contre le chômage et la pauvreté et favoriser les dépenses publiques et sociales.

Le passage à la monnaie nationale et l’application d’un programme en faveur du peuple et anti-mémorandaire de sortie de crise n’aura rien d’une promenade de santé. Mais il s’agit de la seule voie possible pour empêcher que le peuple grec ne continue de s’enfoncer dans la misère et pour récupérer la souveraineté nationale et populaire.

Affronter les difficultés, qui seront cependant bien moindres que celles que nous connaissons aujourd’hui dans le cadre des mémorandums installant une austérité éternelle, suppose une volonté politique forte, un projet structuré et un soutien combatif porté par un peuple bien informé et la solidarité entre les peuples de l’UE.

La constitution d’un large « front » politique et électoral des forces de gauche, anti-mémorandaires, révolutionnaires, patriotiques, et la désignation d’un gouvernement analogue, constitue la seule garantie de la promotion réussie d’un programme anti-mémorandaire au bénéfice du peuple et particulièrement des nouvelles générations.

*Dimitris Stratoulis est membre du bureau politique de l’Unité Populaire – ancien ministre chargé de la Sécurité sociale.

**Cet article a été publié sur Kontra News (édition dominicale du 5/03/2017)

[1] Entreprise Nationale d’Électricité.

https://unitepopulaire-fr.org/2017/03/19/grecenon-au-4e-memorandum-monnaie-nationale-et-programme-revolutionnaire-citoyen-maintenant-par-dimitris-stratoulis/

L’austérité pousse les Grecs vers la dépression collective

par Fabien Perrier

L’Eurogroupe qui se réunit ce lundi 20 février réclame de nouvelles mesures d’austérité à la Grèce. Le spectre du « Grexit » refait surface alors que l’économie du pays est exsangue.

Athènes doit rembourser 7 milliards d’euros à ses créanciers avant l’été. Or, comme depuis 2011, elle ne pourra pas honorer ses dettes sans toucher au préalable la dernière tranche de crédit que le FMI et les membres de la zone euro lui ont promise en juillet 2015 (86 milliards d’euros). Les créanciers réclament de nouvelles mesures… alors que la population est à bout.

« Tous les ans, la situation scolaire se dégrade. Je n’ai plus d’espoir d’amélioration ! » La mine de Dimitris Panogiotakopoulos s’allonge dès qu’il parle de l’école primaire qu’il dirige, à Elefsina, à une vingtaine de kilomètres d’Athènes. « Entre 2009 et aujourd’hui, le budget a diminué de 70%, confie-t-il. Nous n’avons même pas de quoi acheter les craies. Nous avons dû organiser une collecte sur la place centrale de la ville pour nous procurer les fournitures scolaires ». Kostas Vamvakas, professeur de sport, fait le même constat : la situation est identique dans son lycée. Face à l’urgence, les deux hommes ont monté un réseau de solidarité. « Certains gamins n’ont même pas un blouson à se mettre sur le dos cet hiver ! Ils en pleurent avec ce froid », témoigne l’enseignant. Dans le bureau du directeur, tous sont couverts : le chauffage est en marche mais au minimum.

Une ville industrielle naguère prospère

Kostas Vamvakas est amer : « En 2015, nous espérions qu’Alexis Tsipras [l’actuel premier ministre] et son parti, Syriza [la gauche grecque] stoppent la descente aux enfers ». Pour Dimitris Panogiotakopoulos, seule une sortie de l’euro mettra un terme aux problèmes.
Pour se justifier, il décrit « sa ville » avant la crise. Dans cette banlieue ouvrière en bord de mer, les cheminées des raffineries crachaient leurs fumées noires de jour comme de nuit. Les chantiers navals tournaient à plein régime. Deux entreprises métallurgiques et deux cimenteries bordaient une route nationale souvent embouteillée. Les commerces étaient florissants.

Mais, avec la crise, des réformes drastiques sont exigées. Les trois « mémorandums » signés par les gouvernements grecs avec les créanciers en échange de prêts pour éviter au pays le défaut de paiement dictent un programme impitoyable : baisses des salaires et des pensions, suppression des conventions collectives remplacées par des contrats individuels, hausses d’impôts et des taxes, privatisations, coupes dans les dépenses publiques…

Aujourd’hui, « l’industrie est ruinée », souligne le directeur de l’école, par ailleurs élu de l’agglomération d’Elefsina-Aspropyrgos. Sur la route nationale, toutes les entreprises sont fermées. Les devantures de nombreux magasins affichent « à vendre » ou « à louer ». Dans cette ville qui sera capitale européenne de la culture en 2021, un tiers des 30 000 habitants sont au chômage.

Des salaires coupés en deux

« Depuis 2009, mon chiffre d’affaires a baissé de plus de 60% », se désole Giorgia Fratzeskaki. Cette coiffeuse à Aspropyrgos se demande combien de temps son salon restera ouvert. Elle vit sur la pension de son mari, qui a pourtant fondu de moitié. A 58 ans, elle « espère tenir encore deux ans… mais ce n’est pas gagné ! La fiscalité augmente et maintenant, nous versons même certaines taxes par anticipation. Cela pousse à travailler au noir », dénonce-t-elle.

Maria Papada, 50 ans, renchérit : « Mon salaire annuel est moitié moins qu’en 2017, 830 euros par mois, mais je dois bosser quatorze heures par jour. Les heures supplémentaires, ils ne nous les payent plus. Les primes de Noël et de Pâques ont disparu. » La discussion s’anime. La tante de Giorgia souligne : « Mon fils est chercheur en cancérologie. A l’université à Athènes, il n’y avait même pas de papier dans les toilettes ! Il est parti en novembre 2015. En Arabie Saoudite. » Et toutes proclament : « Avec l’euro et les mémorandums, la Grèce ne peut pas survivre. »

« Les Grecs ne font plus de projet d’enfant, de vie… »

Seule certitude : le pays connaît une véritable paupérisation. Chercheur à l’Institut du Travail, Christos Triandafilou précise que plus d’un tiers des Grecs sont aujourd’hui en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ; 21,4% vivent déjà sous le seuil de pauvreté. Et il souligne qu’avec les baisses successives des salaires, le seuil de pauvreté a baissé. « Il était de 6120 euros en 2007 pour une personne seule, il est désormais de 4512 euros. » Dans ce contexte, le découragement est généralisé : le nombre de chômeurs longue durée a explosé « et eux n’ont aucune indemnité ni couverture sociale. »

« L’instabilité et l’insécurité sont les deux mots qui décrivent l’état psychologique actuel des Grecs », selon Christos Koutsaftis. Psychologue et psychanalyste, il exerce, lui, à Glyfada, un quartier huppé en bord de mer. « Les Grecs ne peuvent plus faire de projet d’enfant, de vie… Sur trois ou quatre mois, c’est le maximum. » Pourquoi ? « Il est impossible de construire quand on ne sait même pas si l’on aura encore son emploi dans six mois. » Après sept années de crise et trois mémorandums (un quatrième est évoqué avec insistance), la société grecque est en dépression collective.

Source : Le Temps

http://www.cadtm.org/L-austerite-pousse-les-Grecs-vers

Nouveau monde : la rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque .

Nouveau monde

Irrésumable ambiance actuelle. Pluies et orages s’abattent par intermittence sur Athènes toute cette semaine. Et dans la journée du 8 mars, les paysans Crétois, venus depuis la grande île manifester devant le Ministère de l’Agriculture, ils ont été reçus comme… il se doit par les temps qui gouttent, comme par les forces de l’ordre. Le système devenu tyrannique est désormais à cours d’arguments. SYRIZA est cette dernière feuille morte de l’arbre abattu de la démocratie (et accessoirement de celui la gauche). Printemps grec pourtant.

Crétois devant le Ministère de l’Agriculture. Athènes, le 8 mars (presse grecque)

Les Crétois ont alors répliqué à leur manière, en brisant la façade du ministère. “Attitude de videurs agressifs”, d’après les déclarations du Ministre de l’Agriculture et du régime “déconstitutionnalisé” actuel grec (radio 90.1 FM, le 8 mars). Joint en direct par les journalistes de la radio 90.1 FM du Pirée (8 mars), le représentant du cortège des paysans Crétois, a d’abord rappelé que le gouvernement avait trahi leur ‘NON’ au referendum de 2015, et qu’en janvier 2015, les électeurs de l’île avaient très largement plébiscité les élus Syrizistes.

En second lieu, nombreux sont ceux qui ont remarqué (presse comprise), la présence dans cette manifestation, du drapeau de la Crète Indépendante (1896 – 1913). Il faut rappeler, que ce drapeau était une variante du drapeau des insurgés de l’indépendance grecque en 1821-1822. Une croix blanche, divisée en quatre carrés, dont trois bleus (les couleurs de la Grèce), tandis que le premier carré était rouge, frappé une étoile blanche placée en son centre. Ce drapeau redevient à la mode depuis les années de la Troïka (comme par hasard), il est ainsi parfois imprimé sur des t-shirts ou des autocollants qui circulent.

Dans le même ordre d’idées… si bien originales en étrangetés introduites avec la… nouvelle Grèce de la Troïka, deux grandes entreprises, Vodafone et Ryan Air ont également montré ce drapeau à travers leurs messages de publicité, une “erreur” paraît-il. Il faut ici préciser que l’étoile sur fond rouge symbolise l’allégeance à la Sublime Porte (siège du gouvernement du sultan de l’Empire ottoman). Comme le fait remarquer la presse locale actuelle citant les sources d’il y a un siècle, c’est très précisément pour cette raison, que les Crétois d’alors, n’avaient jamais reconnu ce drapeau comme étant le leur, ce dernier avait été uniquement utilisé par l’administration officielle de la Crète sous tutelle étrangère (France, Grande-Bretagne, Italie, Russie), avant le rattachement de la grande île à la Grèce (1913).

Crétois devant le Ministère de l’Agriculture, et… le drapeau de la Crète Indépendante. Athènes, le 8 mars 2017 (presse grecque)
Crétois et policier. Athènes, le 8 mars 2017 (presse grecque)
Crétois… et policiers. Athènes, le 8 mars 2017 (presse grecque)
Crétois accrochant le drapeau grec sur un car de la Police. Athènes, le 8 mars 2017 (presse grecque)

Joint aussi en direct par les journalistes de la radio 90.1 FM du Pirée (8 mars), le vice-ministre de l’Agriculture a répondu (plutôt en guise d’apologie) que “dans le cadre actuel du mémorandum, il n’est pas possible d’aller plus loin dans la politique appliquée” (cité de mémoire). Cynisme et simplicité.

Autant dire que nous ne pratiquons plus ce régime (même supposé) représentatif, et qu’à force d’exécuter tout simplement des ordres imposés depuis l’étranger (entre autres, depuis Berlin et depuis Bruxelles) et d’ailleurs en violation flagrante de la Constitution, l’existence (la fonction) des ministres et des députés ainsi décoratifs devient alors superflue, voire, outrageusement scandaleuse aux yeux des Grecs.

Pratiquement tout le monde en Grèce, réalise enfin, combien et comment cette caste politique ne tient en place que pour assurer un (dernier ?) service au maintien approximatif de la façade. Celle également des faits comme des expressions encore en usage, “démocratie”, “responsabilité”, “acquis européens”. On comprend également, que ces politiciens s’accrochent à leurs postes, aussi pour assurer leur propre (et souvent bien large) survie économique. Le tout, après avoir vidé le pays de ses meubles comme de ses habitants les plus jeunes. L’exil massif économique des Grecs (500.000 départs depuis 2010), c’est finalement l’exil politique des temps métadémocratiques. Triste sort alors, celui réservé à ceux qui restent, comme l’illustre l’iconographie adoptée par la presse et par le web grecs. Modernité, dès lors métanthropique.

Sous l’Acropole. Peinture murale, Athènes, mars 2017
Athènes… de surface. Mars 2017

Signe des temps, dans une récente enquête d’opinion réalisée en Grèce (mars 2017), la question posée avait été la suivante: “Quelle confiance accordez-vous aux institutions de votre pays figurant ci-dessous ?”. Sans surprise, l’armée arrive en tête largement plébiscitée (60%), en deuxième et troisième place y figurent respectivement, les entreprises privées (46%) et la police (44%). Et en fin de ce parcours de la défiance, paraissent comme attendu, le “Parlement” (9,5%), les syndicats (7%), les médias (6,5%) et… tout naturellement les partis politiques (5,5%).

Après cinq scrutins législatifs, quatre gouvernements et un referendum trahi depuis 2009, le système politique grec n’est plus, et nous sommes passés de l’autre côté du miroir déformant des mensonges, comme de celui des illusions si chèrement payées, SYRIZA surtout et d’abord. Ainsi, le vrai changement si changement il y a, aura nécessairement un caractère profond et non plus de surface. Autrement-dit, en Grèce (en ce moment en tout cas), ce n’est plus par le biais des élections que la solution (de toute manière douloureuse) peut arriver, mais par un changement de régime. Nous en sommes arrivés à ce point.

Et j’ajouterais alors ceci, pour que nos lecteurs depuis les pays (supposés ?) démocratiques et espérons-le, encore souverains, puissent mieux saisir… toute la teneur du régime d’occupation technocoloniale et européiste que connaît cette autre Grèce: Depuis 2015, les exécutants et les représentants des dits “créanciers” (en réalité il s’agit d’une attitude criminelle “d’en haut”, imposant au pays des taux d’intérêts proches de 10% et par la même occasion, la spoliation des biens et des richesses qui sont les siens, actuels comme futurs), reçoivent les “ministres” grecs à l’hôtel Hilton de la capitale, cela en bons administrateurs coloniaux. L’hôtel de luxe, se transforme à chaque arrivée des Troïkans en bunker, les cars des forces spéciales de la Police formant une impressionnante ceinture autour de lui, ceci explique sans doute tout franchement cela.

“Quelle confiance accordez-vous aux institutions de votre pays figurant ci-dessous ?”. Presse grecque, mars 2017
L’hôtel Hilton… et les cars de la Police. Athènes, mars 2017, (presse grecque)
Triste sort réservé à ceux qui restent. Web grec, mars 2017

La société reste calme sauf qu’elle se trouve tout de même en ébullition. Lors d’un déplacement récent du… chef de l’exécutif à Thessalonique, une femme (tenue à une certaine distance par les policiers et gardes du corps) a interpellé Alexis Tsipras et la scène a été filmée et par la suite diffusée à travers la presse et d’abord sur internet : “Peux-tu vivre toi avec 400 euros par mois, tout en ayant la charge de ta famille en plus ? Non, alors crève, tu peux crever… Et d’ailleurs, je m’en tape de la presse, présente ici”.

Sa dernière phrase avait été formulée en réponse à la remarque faite par un collaborateur Syriziste: “Tu fais tout ce cinéma car les journalistes et les télés y sont présents”. Sur la page You Tube affichant la vidéo de la scène, un commentaire éponyme (et très grossier) en rajoute: “Que le traître, ce fils de putain Tsipras crève enfin, et merde sur sa tombe”. On peut supposer que notre administration coloniale ne censure pas ce type de messages et de commentaires si grossiers, histoire d’offrir peut-être, un espace (inoffensif ?), où la colère populaire s’y exprime… comme pour faire évacuer un peu de son aigre vapeur.

À travers la mutation anthropologique qui est celle des Grecs depuis 2010, renforcée depuis le Coup d’État SYRIZA/ANEL, faisant suite à l’outrageante trahison du résultat du Référendum de juillet 2015 (‘NON’ à la politique de la Troïka à 62%), la mort, et autant sa pulsion, tout comme une certaine forme de culture de guerre, font désormais partie de l’imaginaire politique au sein des mentalités. De très nombreux Grecs, souhaitent, non-pas seulement la mort politique des dirigeants (ce qui se comprend déjà) mais alors autant… leur élimination physique. Une… pulsion ayant dépassé son équivalant je dirais, celui ressenti par exemple du temps des Colonels (dictature de 1967 à 1974), sans pour autant atteindre (et heureusement), le seuil paroxysmique pratiqué durant la Guerre civile en Grèce (1944-1949).

Demeure d’un sans-abri près d’Athènes. Mars 2017
Maison fermée. Athènes, mars 2017
Athènes depuis le mont Hymette. Mars 2017

Lors d’une l’émission (nocturne), d’analyse politique et géopolitique à la radio 90.1 Fm (au Pirée) à laquelle j’ai participé en studio (dans la nuit du mercredi au jeudi 9 mars), Dimítris Kollatos (réalisateur, scénariste de cinéma, dramaturge et écrivain), a publiquement évoqué un épisode jusqu’alors peu connu, remontant au mouvement dit des places et des indignés (mai – juillet 2011). Dimítris Kollatos, avait été également à l’époque l’initiateur d’un mouvement populaire exprimant son mécontentement à l’égard de la classe politique:

J’étais présent au moment des grandes manifestations place de la Constitution devant le Parlement. Le peuple voulait attaquer… prendre d’assaut le Parlement. Un officier de la Police affolé, était venu me voir. ‘Monsieur Kollatos, il faut éviter à livrer l’assaut, nous n’avons pas assez de forces, le bâtiment n’est pas protégé’. J’ai hésité… Ceux qui contrôlaient alors la partie basse de la place, autrement-dit les Syrizistes, sont aussitôt venus me voir également. ‘Il ne faut pas attaquer le Parlement, il ne faut pas’. Ainsi, je suis hélas tombé d’accord j’ai reculé avec les miens. Je n’aurais pas dû m’en laisser convaincre. Ce Parlement devrait être pris…” Esprit résistant, on se souviendra aussi que durant la dictature des colonels, Dimítris Kollatos s’installa à Paris en 1971 où il créa le Théâtre d’Art, sur un flanc du Théâtre du Châtelet om il y monta plusieurs pièces.

Mutation anthropologique pourtant partielle, ou sinon, inachevée, toujours sous contrôle. Irrésumable ambiance actuelle, aux apparences (de façade) sauvées. Aux quartiers chics du sud de la capitale, les nantis (ou encore les nantis de justesse), fréquenteront déjà les plages, ou encore, ils achèteront chez les traiteurs… aux prix astronomiques atteignant parfois 200€ le kilo pour certaines épices exotiques. Les pauvres quant à eux, ils se conteront (et encore) de la viande de vielle chèvre laitière, vendue à près de 3€ le kilo sur le marché populaire Athènes.

Radio 90.1 Fm. Dimítris Kollatos (à droite) et Leonidas Aposkitis (à gauche). Le Pirée, le 9 mars 2017
Chez le traiteur… Athènes, mars 2017
Viande de vielle chèvre laitière. Athènes, mars 2017
Plage déjà fréquentée. Sud d’Athènes, mars 2017

Paupérisation rapide de la population, disparition forcée de la classe moyenne, “ambiance psychiatrique régnante” (radio 90.1 Fm, le 10 mars, zone matinale) et d’abord, régime d’exception, telle est la réalité grecque.

La Grèce à été, rappelons-le, volontairement placée (et cela au moyen d’un Putsch devenu permanent) en dehors du cadre des droits fondamentaux (supposés valables dans l’Union européiste). Cette triste vérité, difficilement dissimulable désormais, est de ce fait remarquée par certains journalistes de la presse internationale (même largement mainstream), à l’instar de “La Tribune”:

Le 1er décembre, deux députés socialistes, la Portugaise Maria Joao Rodrigues, vice-présidente du groupe, et sa consœur allemande Jutta Steinruck, coordinatrice pour les questions d’emploi, écrivent à Jean-Claude Juncker pour déplorer que ‘la Grèce a été forcée par les memoranda de décentraliser la négociation collective, ce qui a entraîné l’effondrement du système de négociation collective’. Des mesures qui expliqueraient des baisses de salaires pouvant atteindre 40 %”.

Les deux élues somment le président de la Commission de faire respecter en Grèce la Charte des droits fondamentaux, dont le président Juncker se dit par ailleurs un ardent supporter, et qui stipule en son article 28 le droit à la négociation collective. ‘Le système actuel n’est pas conforme à la Charte des droits fondamentaux, ni avec les conventions de l’Organisation internationale du travail. Il faut restaurer l’exercice collectif de la négociation collective’, écrivent les élues dans ce courrier vu par La Tribune.

Irrésumable ambiance actuelle, bouquiniste. Athènes, mars 2017
Irrésumable ambiance actuelle, un autre regard… Athènes, mars 2017

La réponse, envoyée une semaine plus tard par le président de la Commission, et dont la teneur a été également vue, a de quoi susciter un certain émoi. S’appuyant sur un arrêt de la Cour européenne de Luxembourg, le président répond que les Memorandum of Understanding (MoU) -en clair, les conditions posées par les créanciers pour accorder leur soutien-, sont des actes du Mécanisme européen de stabilité ‘qui tombent en dehors de l’ordre légal de l’Union européenne’. En mettant en œuvre le MoU, la Grèce ne met pas en œuvre la loi européenne et ‘par conséquent, la Charte des droits fondamentaux ne s’applique pas en tant que telle aux mesures grecques’”.

En d’autres termes : la Charte laborieusement entrée en vigueur en 2009 ne s’applique plus dans la Grèce de 2017… De quoi, pour le moins, susciter l’émoi des citoyens ordinaires qui se croyaient protégés par la Charte et dont ils pensaient qu’elle serait une sorte de parapluie de droits universels.” (Blog de Florence Autret, le 2 mars 2017).

La conséquence logique et cependant irrationnelle des “Memorandum of Understanding” (MoU) passablement illégaux, conduit très précisément au… cannibalisme prononcé des rapports économiques, sociaux et symboliques entre les êtres supposés finalement humains. Déjà en Grèce, de bien nombreux employés du secteur privé, sont payés en coupons alimentaires au lieu et place de salaire, une pratique illégale. Ensuite, une loi relativement récente, oblige les employeurs à verser chaque mois sur le compte bancaire de leurs employés, la somme alors… très exacte, correspondant au montant précis de leur salaire en conformité avec les contrats et conventions signés.

Irrésumable ambiance actuelle, mont Hymette… Athènes, mars 2017
Athènes depuis le mont Hymette, mars 2017

Et ce n’est pas un truisme que de l’exprimer ainsi. Pour ne pas trop surprendre les amis et lecteurs du blog, disons plutôt… heureux habitants des pays encore moins marqués par le dernier capitalisme réellement existant, je dois préciser ceci: de nombreux employeurs ne versaient souvent et jusqu’alors, qu’une partie du salaire légal, après avoir conclu avec leurs salariés, un “accord” implicite et oral, introduisant une baisse ainsi illégale des rémunérations, sous la menace verbale et parfois même physique exercées sur les employés.

Depuis cette nouvelle loi, la… pratique a évolué, franchissant un cran essentiel quant à la prolifération des pratiques alors ouvertement mafieuses. On apprend ainsi en ce mars 2017, que… sitôt les salaires versés dans certaines entreprises, des gros bras “accompagnent” les employés devant les guichets automatiques à proximité de leurs lieux de travail, les obligeant à retirer de leurs comptes cette part des salaires… “devant revenir” aux patrons. Sous la menace d’être tabassés, et/ou licenciés.

Quotidien athénien. Mars 2017
Touristes fréquentant les toits-terrasses des hôtels athéniens. Mars 2017

Ces pratiques mafieuses, ont été facilitées comme on sait par la législation troïkanne, ayant imposé et entraîné l’effondrement du système de négociation collective. Et dans la mesure où, le chômage réel atteint plus de 40% des travailleurs potentiels, les syndicats ne peuvent définitivement plus rien faire en termes de réaction, par la voie supposée encore conforme à la législation et pour tout dire… pacifique, (pratiques mafieuses au sein des entreprises, révélées par la presse grecque en ce début mars, par exemple, le “Quotidien des Rédacteurs”, le 9 mars 2017).

L’Agora romaine. Athènes, mars 2017

Comme l’écrit très justement Bertrand Renouvin dans son blog, en présentant l’ouvrage de Marcel Gauchet, “Le nouveau monde”, “Bien entendu, le nouveau monde est riche d’événements historiques mais il est vrai que nous sommes entrés dans un nouveau rapport à la temporalité. Les capacités de changement hic et nunc de la modernité sont tellement considérables qu’elle n’a plus besoin de s’appuyer sur le passé”.

Irrésumable ambiance actuelle et alors autant insoutenable. Printemps grec 2017. Pluie mais aussi grand soleil. Fréquentant les toits-terrasses des hôtels athéniens en face de l’Acropole, les touristes n’auront vu que les employés souriants et énergiques… Et pourtant.

Temps aussi des tortues. Athènes, Agora romaine, mars 2017

Temps qui ne sont toujours pas de notre côté, cependant, en guise de signe de vie, dans l’enceinte de l’Agora romaine d’Athènes, à l’exact emplacement ancien de l’illustre bibliothèque d’Hadrien (empereur romain de la dynastie des Antonins), nos tortues, déjà réveillées s’agitent dans l’indifférence générale.

Le tout, sous le mystérieux regard il faut dire de nos animaux, alors plus adespotes (sans maître) que jamais. Pluies et orages s’abattent par intermittence sur Athènes. Manière de vivre.

Manière de vivre. Nos animaux adespotes. Athènes, mars 2017

* Photo de couverture: Crétois devant le Ministère de l’Agriculture. Athènes, le 8 mars (presse grecque)

Grèce Eurogroupe accord de subordination

Le gouvernement Tsipras se dirige vers un accord de subordination et de reddition devant les créanciers. Par Vangelis Goulas

Accord de subordination et de reddition devant les créanciers. Le gouvernement essaie de « faire avaler la pilule » des mesures drastiques et de la déréglementation.

Le gouvernement traite de l’accord intervenu lors de l’Eurogroupe, pour le retour à Athènes des chefs de mission après le Lundi Pur[1], dans le but de négocier pour finaliser l’accord technique (SLA), lequel est toujours susceptible, selon le gouvernement, d’avoir lieu d’ici quelques jours.

Le gouvernement admet qu’il a accepté de légiférer immédiatement concernant les mesures, même s’il n’a rien communiqué à ce sujet, pour enjoliver les évolutions, les mesures et les réformes concrètes qu’il a convenu de faire avancer.

Selon nos informations, le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre, une par une, toutes les exigences des créanciers tant en matière de prérequis que de nouvelles mesures drastiques concernant la réduction des revenus non imposables et des retraites, avec une attention particulière à l’égard de la déréglementation néolibérale.

Le paradoxe réside dans le fait que le gouvernement soutient que l’accord met en avant comme condition sine qua non qu’aucun euro supplémentaire ne sera déboursé au nom de l’austérité.

Et ce miracle se réalisera, toujours selon les « lumières » du gouvernement, car il y aura des mesures compensatoires d’un autre genre, qui aboutiront à la neutralité du solde budgétaire.

Cela signifie concrètement qu’il permettra soi-disant au gouvernement, par exemple, de réduire d’un côté l’exemption d’impôt chez les classes populaires et de compenser dans le même temps les pertes occasionnées par des prestations financièrement égales pour ces mêmes catégories sociales !

Il semble plutôt évident que l’impossibilité qu’une telle chose se produise est quasiment acquise, et sa validation par les « institutions », plus encore : en tout état de cause, dans la pratique, cela n’a aucun sens et constitue, par conséquent, une manœuvre gouvernementale de plus pour faire passer la pilule de la reddition et des nouvelles taxes.

Néanmoins, il faut souligner que le gouvernement va prélégiférer pour des mesures dépassant les 3,6 milliards d’euros en l’absence de mesures concernant la dette, en l’absence d’une détente quantitative, avec l’incertitude qui pèse sur la participation du FMI, avec les tranches à attribuer après la clôture du paquet de réformes et bien entendu si tous les prérequis sont réunis, dont le gouvernement ne souffle mot, mais qui sont vraiment intenables.

Dijsselbloem: il contredit le gouvernement. « Des réformes » aboutissant à un résultat budgétaire.

Dans le cadre des réformes sur lesquelles va devoir prélégiférer le gouvernement grec, pour l’après 2019, nous examinerons également les objectifs budgétaires, a notamment indiqué le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, interrogé sur la composition des mesures qui déverrouilleront la 2e évaluation du programme. Comme il l’a déclaré, l’accent devra être mis sur les réformes structurelles, lesquelles aboutiront cependant à un résultat budgétaire.

« Pas un euro de plus d’austérité, ce ne sont pas mes propos », a-t-il notamment déclaré, en répondant à une question, au vu du positionnement adopté par la partie grecque. « Nous avons encore beaucoup de travail », a ajouté le ministre hollandais des Finances.

Monsieur Dijsselbloem a indiqué que les structures techniques reviendront très prochainement à Athènes et travailleront avec les autorités grecques concernant le paquet supplémentaire de réformes sur le marché du travail, le régime de pension communautaire et le régime fiscal.

Nous irons au-delà de l’austérité et nous nous concentrerons sur les réformes profondes, qui sont un élément fondamental pour la participation du FMI, a-t-il souligné.

En réponse à une question, il a encore affirmé qu’en tant que ministre des Finances il ne peut absolument pas promettre la fin de l’austérité, mais ce qu’il peut affirmer c’est qu’un énorme travail a été produit en Grèce et que cette dernière se trouve en bien meilleure posture. Il faut que nous dépassions l’austérité grâce à des réformes structurelles, c’est ce qu’a souligné également le FMI, c’est un changement d’orientation, a-t-il ajouté.

Le président du Conseil des ministres des Finances de la zone euro a clarifié qu’il n’existe pas d’accord politique pour le moment et a souligné qu’un énorme travail reste à faire.

Il a ajouté que nous regagnerons l’Eurogroupe si et dans la mesure où il existe un accord technique et là, les derniers débats politiques auront lieu.

Au sujet du calendrier, M. Dijsselbloem a affirmé que la question de la liquidité ne se pose pas à court terme pour la Grèce, mais que nous sentons tous qu’il existe une urgence au vu du débat essentiel portant sur la confiance.

[1] Premier lundi du Carême orthodoxe, jour férié.

Traduction Vanessa de Pizzol

https://unitepopulaire-fr.org/2017/02/27/le-gouvernement-tsipras-se-dirige-vers-un-accord-de-subordination-et-de-reddition-devant-les-creanciers/

Stoppons l’austérité et la dette ! Oui, mais comment ?

Par Thierry Müller . Cet article est un compte-rendu des discussions collectives qui se sont tenues dans le cadre de l’atelier “Stoppons l’austérité et la dette ! Oui mais comment ?” lors de l’événement Les 8 heures contre la dette illégitime, organisé le 4 décembre 2016 par le CADTM Belgique.  

Intervenant-e-s : Yiorgos Vassalos (Initiative de Solidarité avec la Grèce qui résiste), Yannis Youlountas (philosophe, écrivain, réalisateur), Ania Deschoemacker (PSL-LSP). Animation : Anouk Renaud (Cadtm Belgique) Distribution paroles : César Chantraine (CADTM Belgique) Synthèse : Thierry Müller

1. Quelle stratégie pour la Grèce depuis la Belgique ?

a) État de la situation

Cela fait maintenant six ans que la Grèce est le terrain de politiques d’austérité féroces et demeure sous une tutelle digne d’un régime colonial. D’ailleurs, le 3e mémorandum conclu en juillet 2015 pousse l’application des mesures néolibérales à un niveau inédit (privatisation du Trésor, privatisations supplémentaires, énième réforme des retraites…). L’état économique, social et humanitaire du pays est catastrophique. Les défauts sur les dettes privées se multiplient dans ce contexte de crise et entraînent une multiplication des saisies immobilières depuis le début de cette année.

En termes de mobilisations, de résistances, les avis sont partagés. Pour certains, la gauche politique et syndicale est dans le coma, elle ne peut rien faire, il n’y a plus d’espoir.

Alors que, pour d’autres, force est de constater que, sur le terrain, ça grouille d’initiatives locales et que les luttes à la base reprennent.

b) Pourquoi la montée de la gauche politique en Grèce a-t-elle conduit à un échec ?

La capitulation/trahison de Syriza/Tsipras n’était-elle pas quelque part prévisible, dans la mesure où les élites “providentielles” finissent toujours par “trahir”/décevoir/capturer la lutte… ? Ne sommes-nous pas quelque part responsables de nous laisser ainsi berner à chaque fois ? On s’illusionne quant à ce que l’on peut obtenir par la voie électorale ; ne plus miser que sur la seule voie électorale est déjà le signe d’un recul de la lutte, du rapport de force.

Face à la crise du capitalisme, il n’y a pas de solution à l’intérieur de ce système. L’expérience grecque nous a montré que ce système ne fera aucune concession si aucune lutte ne l’y contraint. Or, Syriza ne proposait pas de sortir des clous et n’organisa aucune mobilisation populaire pour le soutenir

c) Que faire ?

L’échec Syriza a tué l’espoir, on sait qu’il n’y a(ura) pas de sauveur suprême à attendre , il nous faut reprendre nos vies en mains.

D’une manière générale, il semble y avoir consensus pour dire que toute initiative de résistance est bonne à prendre, et à soutenir.

À la base, au niveau local : chacun peut agir, là où il est, sans attendre ni espérer : résister, créer et articuler une multitude de formes d’actions et de solutions, démontrer que s’organiser autrement (solidarité) est possible.
Pour ce qui est du champ de l’immigration, par exemple, articuler une mobilisation collective à partir de recherches de solutions concrètes aux problèmes quotidiens.

À un niveau plus “macro”, il faut préparer un plan de sortie de l’euro et même sortir de l’architecture européenne, imposer des changements sur les territoires nationaux et, à partir de là, reconstruire une architecture européenne nouvelle, un nouveau projet fédérateur, avec une perspective politique de gauche, qui affronte le joug que nous imposent “ceux qui tiennent la finance”.

Au niveau national, les propositions ont fusé : reconstruire un syndicat de classe, un Front radical et démocratique qui se donne pour objectif la conquête du pouvoir, un programme politique proposant l’abolition de la dette, la nationalisation des secteurs clés de l’économie, d’ambitieux plans d’investissement dans les domaines des soins, des services publics, de l’agriculture… Ces mouvements qui doivent être animés par une démocratie interne forte et l’axe anticapitaliste doit rester la ligne rouge, la balise à suivre.

Parallèlement, au niveau national, la question des conquêtes au niveau municipal, comme levier sur lequel s’appuyer a été soulevée.

Les discussions ont même abordé un niveau de long terme ou plus en fond du moins, avec des enjeux tels que : repenser la démocratie, l’État, le pouvoir. Nous sommes au temps de l’hiver, celui où la renaissance est en gestation, lente et hors visibilité.

Il faut en revenir aux fondamentaux, travailler sur un nouvel imaginaire social qui remet en question le capitalisme, le productivisme, le consumérisme, la démocratie représentative.

2. Quelle stratégie pour la Belgique ?

a) Constats et quelques pistes-clés

Avec un des gouvernements le plus à droite de son histoire, la Belgique connaît des attaques cinglantes contre les droits économiques et sociaux fondamentaux. Les luttes menées à l’initiative des syndicales, acteurs prépondérant dans le mouvement social Belge, ont suscité de l’enthousiasme en 2014, mais ont fortement ralenti depuis.

Quant à la thématique de la dette, les gouvernements successifs s’engagent à réduire le poids de la dette pour rentrer dans les clous des critères européens, alors que dans les faits, l’endettement ne fait qu’augmenter, à tel point, qu’il atteint plus de 100% du PIB et que certaines communes se retrouvent dans des situations réellement alarmantes.

Les nouvelles technologies sont également un élément du contexte à prendre en compte, car, avec celles-ci, le pouvoir accroît sa fabrication du consentement (manipulation de l’opinion), sa surveillance, sa répression, si bien d’ailleurs qu’aujourd’hui fonctionnent à plein les pratiques d’autocensure. Il faut réagir : soyons résolus de ne plus servir, bloquons la production, cessons d’adhérer à leur société de consommation.

La grève générale du début de l’année 2012 fut exemplaire, des expériences de front radical et démocratique comme D19-20, les luttes anti-CETA et anti-TTIP, ont démontré leur efficacité ; il faut poursuivre ces expériences, les relancer, en créer d’autres.

La résistance dans la rue, la grève générale et la montée du PTB ont une efficacité manifeste mais il faut relancer et questionner cette dynamique.

Il faut un plan d’action inclusif, très large, réellement de gauche, construit à la base, avec un plan de mobilisation dans la durée.

b) Autres “Que faire” ?

La désobéissance civile est une stratégie d’action intéressante à explorer, notamment en synchronisant les luttes complémentaires de groupes affinitaires multiples.

Elle permet également de développer des dynamiques créatives, nouvelles, “visibles”, “buggantes”, “hors partis”, multiformes.

En résumé : on sent d’une part une volonté d’actions et de résistances par rapport à un pouvoir central avec qui les comptes doivent se régler directement et impérativement, la volonté d’un mouvement construit dans un “hors de l’entre soi classique” des luttes syndicales et politiques qui soit un mouvement de masse démocratique et radical, et d’autre part la volonté que se développe une multiplicité de pratiques locales, créatives, où la rencontre entre résistants et populations se fait sur le mode de “la stimulation de la volonté et du désir à partir d’imaginaires collectifs mobilisateurs”.

c) Questions

Si beaucoup de pistes très diverses ont émergées durant cet atelier, beaucoup de questions ont également fait surface.

Comment se pense et se construit le lien entre ces luttes micro-politiques et celles plus unifiantes du macro-politique ? Une articulation qui semble nécessaire puisque les expériences micro seraient trop défensives et locales que pour provoquer par elles-mêmes un changement d’envergure au niveau du pouvoir central, alors qu’une lutte macro qui ne s’appuierait pas sur des alternatives locales concrètes serait vouée à l’échec, à la récupération, à la réforme ?

Cette articulation nécessite-t-elle le choix d’un objet commun (exemple : la démocratie) ou d’un objectif unique et rassembleur (faire tomber le gouvernement, taxer les riches, etc.) ?
Qui doit prendre l’initiative de ce mouvement large : les syndicats, avec des consignes de lutte précises (mais définies où ? à et par la base ? comment contrôler les directions syndicales ?) ou le PTB (mais peut-il initier un mouvement inclusif et démocratique de lutte ici et maintenant ?) ? Si non, qui peut et doit jouer le rôle nécessaire du relais politique ?

http://www.cadtm.org/Compte-rendu-de-l-atelier-Stoppons

Toujours plus de précarité pour les travailleurs grecs

À 26 ans, Elisabeth Voglis habite toujours chez ses parents dans un quartier défavorisé d’Athènes. Elle n’a pas vraiment le choix avec son revenu de moins de 300 euros (324 USD) par mois.

Après plusieurs mois de chômage, la jeune femme diplômée d’un brevet esthétique-cosmétique n’a pas trouvé mieux que des missions en intérim pour faire la promotion de produits dans les supermarchés et les grands centres commerciaux.

« Tu es payée 23,50 euros (25,30 USD) pour une journée de huit heures et habituellement tu ne travailles que deux ou trois jours par semaine. Ce n’est qu’un emploi temporaire, le temps de trouver mieux et de ne pas rester inactive », concède-t-elle.

Vu le nombre faible d’heures effectuées, Elisabeth ne cotise pas normalement pour sa retraite et sa sécurité sociale. Mais au chômage depuis presqu’un an avec une allocation de 360 euros (380 USD) par mois, elle risquait de perdre complétement sa sécurité sociale si elle ne retrouvait pas un emploi.

En Grèce, les chômeurs de longue durée (en recherche d’emploi depuis 12 mois) représentent 72,2 % du total des travailleurs inoccupés. Une situation qui les prive de couverture sociale et qui ne permet plus le remboursement de leurs frais de soins de santé.

« Nous sommes une génération perdue. Nous sommes sortis du lycée au début de la crise et elle va nous suivre pendant plusieurs années. Nous avons le choix entre accepter des salaires de misère, être au chômage ou nous exiler à l’étranger ! », soupire Elisabeth.

Le chômage, dans un pays qui compte une dizaine de millions d’habitants, touche plus d’un million de personnes, mais près de 50 % des jeunes et 27 % des femmes.

« Lorsque tu as plus de 25 ans, tu es aussi discriminé par certaines entreprises, » avoue Elisabeth.

« Lors d’un entretien d’embauche pour travailler dans un salon d’esthétique, le patron m’a fait remarquer que je lui coûterai plus cher qu’une autre candidate plus jeune ». En effet, le salaire minimum grec mensuel pour un temps plein pour une personne de moins de 25 ans s’élève à 510 euros brut (548 USD), pour une personne de plus de 25 ans il est de 586 euros (630 USD).

Si le chômage a baissé de plus de trois points en deux ans comme le rappelle avec fierté le gouvernement Syriza, les nouvelles embauches se font de plus en plus en temps partiel ou en intérim. D’après les dernières données du ministère du travail, plus de 22 % des salariés grecs sont employés à mi-temps ou à temps partiel et touchent moins de 400 euros net (430 USD) par mois.

« Avant la crise, ces contrats à temps partiel ne représentaient que 5 % des embauches, ces derniers mois ils ont explosé avec plus de 40 % des recrutements à mi-temps ! », soutient Dimitris Karagiorgopoulos du principal syndicat du privé, la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE).

« Comme une des dernières réformes prévoie d’augmenter les cotisations sociales pour les employeurs, ils essaient de trouver des moyens de faire des économies. D’employer une personne à mi-temps coûte deux fois moins cher à une entreprise ! », ajoute-t-il.

Des employeurs peu scrupuleux

Certaines entreprises préfèrent ainsi embaucher à mi-temps quitte à payer au noir les heures supplémentaires ou ne pas les rémunérer du tout. Stella a subi de telle pratique lors de son précédent emploi pour un site en ligne.

« Ton contrat stipule un temps partiel de six heures par jour mais en fait tu fais systématiquement huit heures par jour. La charge de travail est telle que tu ne peux pas rester que six heures au bureau. Mais pas question de demander à être payée pour ces heures supplémentaires, sinon le rédacteur en chef te réplique qu’il te trouvera très vite un remplaçant ! », explique la jeune journaliste.

« Les employeurs pensent que nous accepterons tout pour ne pas nous retrouver au chômage », réplique Elisabeth qui est aussi passée par des emplois rémunérés au pourcentage des ventes réalisées.

« Je faisais pendant un certain temps du démarchage par téléphone pour une compagnie d’assurance. À chaque fois que tu réussis à convaincre une personne à souscrire à cette assurance tu gagnes 35 euros (38 USD). Dans le mois, tu peux espérer tout au plus gagner 350 euros (380 USD). Lors du recrutement, tu peux aussi choisir d’avoir un contrat normal mais tu as alors l’obligation d’être rentable et d’avoir au moins un client par jour sinon tu es viré! », raconte la jeune femme.

Autre pratique qui gagne du terrain en Grèce: la rémunération d’une partie du salaire en bons d’achat.

Selon le quotidien grec de centre droit Kathimerini, plus de 200.000 employés du secteur privé touchent entre 20 à 25 % de leur salaire en bons d’achat.

Au syndicat patronal grec (SEV), ces chiffres sont nuancés: « Ce n’est pas à proprement parler une partie de leur salaire, mais des bonus ». Alors que l’État grec prévoit une taxe sur d’autres bonus donnés aux employés comme les voitures, les tickets alimentaires ne sont pas pour l’instant imposés.

Yannis Kostopoulos a été embauché dans une grande compagnie de téléphonie il y a moins d’un an. Pour 30 heures hebdomadaires, il touche 320 euros (345 USD) net mais dispose également de 150 euros (162 USD) de coupons utilisables dans les supermarchés et dans certaines chaînes de restauration.

« Mes collègues arrivés avant moi dans la boîte touchaient il y a encore un an et demi des bonus en argent liquide. Évidemment, je préférerais avoir à la place des coupons du liquide qui me permettrait de payer mon loyer, mon électricité, mes déplacements…Mais vu le contexte actuel en Grèce, tu te contentes de ce que tu peux ! », s’exclame Yannis.

Pour Dimitris Karagiorgopoulos de la GSEE, « aucun employeur ne peut remplacer une partie du salaire par des coupons, avec lesquels tu ne cotises pas pour la sécurité sociale ou pour les retraites. Nous avons informé le ministère du travail et nous espérons qu’il va prendre des mesures contre cette pratique ».

Mais au ministère du travail, les priorités sont autres : lutte contre le travail au noir qui représente plus de 10 % de l’économie grecque et négociations avec les créanciers du pays (Banque centrale européenne, Union européenne, Fonds monétaire international) pour permettre de débloquer une tranche du prêt de 86 milliards d’euros (93 milliards USD) accordé à la Grèce.

Après l’augmentation de la TVA sur certains produits alimentaires et sur l’hôtellerie, une réforme laborieuse des retraites qui supprime progressivement le système d’aide aux retraites les plus faibles et augmente les cotisations d’assurance-maladie, les créanciers exigent du gouvernement grec de passer une loi facilitant les licenciements collectifs et permettant aux employeurs de fermer provisoirement une entreprise à la suite d’un conflit social.

Les syndicats appellent aux rassemblements et aux manifestations depuis plusieurs mois déjà et se plaignent du manque de consultations du gouvernement sur ces questions.

« Nous espérions avec l’élection du Syriza en 2015 que le revenu minimum serait revu à la hausse, que nos droits sociaux seraient préservés, mais aujourd’hui nous nous rendons compte que ce n’était que des illusions », se désole Yannis.

https://www.equaltimes.org/toujours-plus-de-precarite-pour?lang=en

Regard sur la crise grecque

 Panagiotis  Grigouriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque .

Salle d’attente

Bas monde, beau meuble rongé par la vermine. Elle, qui domine encore jusqu’aux derniers anicroches démocratiques subsistants, à deux secondes historiques près avant leur suppression. Cette “vermine” de l’élitocratie totalitaire mondialiste n’a pas encore tout osé. En attendant, elle servira aux prétendus électeurs son ultime (?) vermicelle, vomissure alors rejetée depuis les entrailles du système déjà suffisamment hybrique. Ce vermicelle politique justement, il avait été savamment servi en Grèce au moment des dernières élections de l’avant la Troïka (2009) sous le nom de Yórgos Papandréou. En France par exemple et en 2017, cette même pitance se nomme (d’abord) Emmanuel Macron. En Espagne ce serait du… jeûne Mariano Rajoy jusqu’au bout. Comme diraient les Italiens, “sordidezza”.

Propagande européiste. Salle d’attente d’un cabinet médical, Athènes, janvier 2017

Durant ces deux dernières semaines en Grèce, c’est l’incertitude qui sévit et alors la grippe, plus les scenarii requinqués sur le GREXIT et sur le retour… annoncé de la drachme. Les supposées négociations avec la Troïka seraient gelées, les cyniques hybridocrates du “gouvernement” SYRIZA/ANEL ne savent plus que faire pour persister au pouvoir… lorsque le quatrième mémorandum et la mort se profilent si clairement à l’horizon du naufrage.

Le ministrion (Finances) Tsakalotos se montre visiblement irrité, et finalement même contre son propre camp (séance au “Parlement” du 01/02). Il quittera peut-être… cette arche de la nausée avant le mémorandum 4. Peu importe en réalité. Tout semble suspendu à la décision du FMI. “Rester ou pas dans le programme grec”. “Programme grec” comme jadis “solution finale” toute proportion gardée, d’après la novlangue, celle que les journalistes “autorisés” boivent et régurgitent déjà avec leur tout premier lait.

Dans une salle d’attente d’un cabinet médical… bien fréquentée en ce moment par obligation grippale, un téléviseur reste allumé, le son est réglé bas. On y découvre pour une énième fois la propagande européiste sous forme de pseudo-documentaire consacré “aux institutions démocratiques de l’UE”, le film est évidemment produit et financé par ces mêmes “nazis bleus” de Bruxelles et de Strasbourg. Les patients, déjà malades de la grippe de saison suivent ainsi l’émission sous un œil ironique.

Revue actuelle. Cabinet médical, Athènes, janvier 2017
Façade à Athènes. Temps de crise 2010-2017
“Le plafond… a été atteint”. Cabinet médical, Athènes, janvier 2017

Ensuite, vint le moment des… actualités, la présentatrice-journaliste au look imposé de la bimbo-prostituée (et ce n’est pas un hasard non plus), sous un timbre fort dramatique, montre, images à l’appui, les “premières bourdes de l’administration Trump, ainsi que la mobilisation des démocrates aux États-Unis et ailleurs contre le nouveau Président US”. La salle d’attente se réveille, un jeune homme lance: “Salopards, laissez-le faire ce qu’il a dit. Bouffons de manifestants financés par Soros !”. La salle approuve, fièvre ou non. Par la suite, c’est l’habituel (depuis 2010) matraquage journalistique (et mitraillage psychologique d’abord visant à miner la résistance des citoyens), déversant l’annonce en cascade de nouvelles mesures dans la mise-à-mort (“d’austérité” d’après la novlangue).

Taxes et impôts galopants, obligation faite de payer par CB (voir également mon intervention à ce sujet sur le site “Insolentiae” ici ), déremboursement accru en cascade sur les médicaments et sur les dépenses de santé, “car sinon, le programme ne passera pas et nos créanciers nous couperont les liquidités nécessaires au remboursement des prochaines échéances”. Les scénaristes du journal télévisé ont ensuite enchainée sur un reportage, issu de la commémoration à Athènes de l’Holocauste et des 6 millions de victimes. “Tiens, encore les Allemands. Ils ont brûlé nos Israelites, comme tous les autres. À présent ils nous brûlent ici par l’économie et avec l’euro”. Europe… immense salle d’attente !

Les peuples… même affectés de grippe, n’ont pas forcément la mémoire courte. Et dans la salle d’attente d’un médecin grec, les psychotropes journalistiques auront resté sans grand effet. Tout comme les arguments des revues consultables, par exemple sur la prétendue “Good Life”. Sur la table basse ; une simple page format A4 placée en évidence, informe les patients du jour (comme de chaque jour) que “le plafond en nombre de patients que la Sécurité Sociale rembourse a été atteint. Toute consultation au-delà de ce plafond, elle sera alors encaissée (non remboursée)”.

Rue de la Théorie. Athènes, janvier 2017
La vie des Durrell à Corfou. Série télévisée. Revue. Athènes, janvier 2017
La… NASA grecque sous SYRIZA. Quotidien “Kathimeriní”, janvier 2017

Décryptage: en Grèce, chaque médecin conventionné (depuis le mémorandum II/III) ne peut recevoir qu’un nombre très restreint de “patients remboursables” (3 à 5 par jour dans la pratique). Au-delà ; les autres patients, ceux qui auront pris leurs rendez-vous après le… basculement et alors même “assurés” et cotisants, ils doivent régler la consultation et ils ne seront pas remboursés. Leur cas sort ainsi du cadre de la Sécurité Sociale… pour cause de quotas, ils devront tout simplement payer ou sinon… ne plus être examinés par un médecin.

Et quant aux autres (plus de 3 millions de Grecs tout de même) ceux non-assurés, c’est également sauve qui paye ! À l’ouverture de la porte, la… patiente sortante quitte le médecin alors sceptique. Nous pensions tous dans cette salle d’attente que c’était à cause de notre bien commune grippe. “Madame, lui dit-il le praticien, le système informatique indique qu’à partir du mois de mars la Sécurité Sociale vous… jettera”. “Que se passera-t-il, je suis au chômage docteur… Allons-nous être pris en charge d’une manière ou d’une autre ?” “Je suis désolé Madame, Dieu seul le sait !

Nouvelle pauvreté. Athènes années 2010-2017

Pas de commentaire dans la salle d’attente. Il n’y a plus rien à commenter en Grèce dans pareils cas… globaux et plus du tout théoriques. Dans la rue en sortant, sur les trottoirs on y découdrait de petits tracts du parti de l’Aube Dorée et du néonazisme grippal avéré: “Indépendance Nationale”. Aspiration d’un tout un peuple, exprimée si largement lors du référendum du “NON” à 62% en 2015 sous… la trahison programmée des Syrizistes.

En ce moment, l’Aube Dorée espère… visiblement capitaliser les suites. Les sondages la placent durablement à la troisième place (5,6% !) dans les attentions de vote (SYRIZA 15% et Nouvelle démocratie 25%), ce qui en dit long de la putréfaction du système politique grec.

Tract de l’Aube Dorée. Athènes, janvier 2017
Le “Parlement”… comme une île. Presse grecque, temps de crise (2010-2017)
“Urne”. Athènes, temps de crise, 2010-2017

Pourtant, sous l’Acropole le sentier de la Théorie en honneur à nos philosophes semble toujours praticable, sauf que nos pratiques se délitent. Les patients du mouroir économique (et mouroir tout court) grec en sont conscients, il y a que les médiocrates et les politiciens qui poursuivent en orbite… caste humaine alors devenue de plus en plus… hors-sol.

Dans une revue comme dans l’attente, le reportage consacré sur la série télévisée inspirée de la vie des Durrell à Corfou, se focalisant surtout sur la biographie de l’écrivain britannique Lawrence Durrell “amoureux inconditionnel de la Grèce”. Pas une ligne pourtant sur le rôle de Lawrence Durrell, agent de renseignement britannique au service de la répression coloniale à Chypre dans les années 1950. Pourtant, tout est clairement conté (et argumenté) à la lecture du carnet personnel de son ex-ami (déjà), le grand poète Yórgos Seféris (première édition en grec en 1986).

La salle d’attente, comme d’ailleurs partout en Grèce, l’opinion commune a si bien rigolé de la décision gouvernementale présentée à maintes reprises aux informations sur l’annonce faite par le gouvernement, celle de la mise en place… d’une Agence Spatiale grecque. Depuis, toute la Grèce ironise sur cette “NASA grecque”. “C’est pour que SYRIZA et les autres puissent quitter le Parlement au moment de l’effondrement”, peut-on entendre parfois lorsque les messages des auditeurs passent en direct à la radio. Du moins par moment, nous avons toujours conservé une certaine capacité à fabriquer le rire… c’est toujours signe de vie.

Dimítris Christoúlas au matin du 4 avril 2012. Athènes, Place de la Constitution
Monument du Soldat Inconnu. Place de la Constitution à Athènes
Au… Citoyen Inconnu. Sur l’arbre de Dimitri. Athènes, Place de la Constitution, 2014

Le vermicelle politique pourtant, est toujours là, prêt à être servi. Après la série de suicides politiques entre 2012 et 2014, dont celui du retraité-pharmacien Dimítris Christoúlas Place de la Constitution en 2012 en est depuis le symbole, le calendrier de la Resistance avait été savamment “électoralisé”. Une fois le premier vermicelle Papandréou avalé, les Grecs estomaqués remplirent aussitôt les rues et les places par de manifestations très dynamiques contre l’Occupation germano-troïkanne. Et le système a su de son côté trouver comment transformer l’attente et surtout la suite logique SYRIZA… en couloir de la mort, avec toute la complicité active des principaux intéressés, les autres partis – même de l’opposition – ayant joué leur propre rôle.

Ce couloir de la mort dans lequel nous nous trouvons toujours, a déjà causé en Grèce la mort de la Gauche (de toute la Gauche), ainsi que le discrédit final du système politique, voire, celui du système à la Démocratie hémorragique généralisé presque à tous les étages. Bas monde, beau meuble rongé par la vermine, la parodie en plus.

Manifestants et indignés. Athènes, 2011

Alexis Tsipras dont l’épouse Peristéra aurait enfin trouvé un poste universitaire non sans un coup de pouce, et dont l’ami proche, le rebelle-bohème sans profession Karanikas deviendra son conseiller embauché, au style certes inimitable, voilà pour la parodie, hélas payante. Parodie toujours, ces piètres dizaines d’individus issus des décombres des organisations de jeunesse SYRIZA, ayant manifesté l’autre soir devant l’Ambassade des États-Unis… contre Donald Trump.

En Grèce il faut dire, les partisans les plus fervents des mondialisateurs n’ont pas trouvé grand monde pour manifester de la sorte, hormis ceux des ONG et autres structures sponsorisées (ouvertement ou pas) par le financier Soros, les organisateurs ont même mobilisé les migrants des campements d’Attique, Parodie toujours.

Karanikas, ami et conseiller d’Alexis Tsipras. Presse grecque, janvier 2017
Jeunesse SYRIZA devant l’Ambassade des États-Unis. Athènes, janvier 2017, presse grecque
Athènes… sous l’européisme. Temps actuel

L’hiver finira par s’adoucir et la grippe passera. En mer Égée, l’aviation et la marine de la Turquie multiplient les violations de l’espace maritime et aérien grecs. Il y a quelques jours, une corvette turque embarquant la crème l’État-major des forces armées du pays d’Erdogan a fait le tour de l’îlot grec Imia que l’élite turque revendique (comme pratiquement la moitié des Balkans, de la Syrie, de l’Irak… et du Caucase). Les forces armées grecques sont aussi en état d’alerte. Tétanisés par le RCO (Régime de la Crise Obligatoire), les Grecs pourtant observent cette situation et mesurent (si possible) le danger.

L’élitocratie totalitaire mondialiste n’a pas encore tout osé, sauf qu’elle ambitionne clairement la mise-à-mort pure et simple des pays, des États, des nations, des souverainetés et des démocraties. En ce temps de la grippe et du vermicelle politique, la vraie fracture ne sera même plus celle entre nos gauches et nos droites. Au risque calculé (?) de faire exploser (ou imploser) tous les systèmes politiques. Comme diraient nos amis Italiens, “sordidezza”, mais nous y sommes.

Se remettant lentement de… sa grippe authentique, Greek Crisis reprend ses textes comme il le peut, dont l’écriture est d’ailleurs… étroitement surveillée. Vivement le Printemps.

Greek Crisis, dont l’écriture… est étroitement surveillée. Athènes, février 2017

* Photo de couverture: Athènes, temps de crise, 2010-2017

 

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