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Archives de catégorie Austérité-Neolibéralisme

L’austérité infligée à la Grèce soulève la question des indemnisations

Les dommages causés par l’austérité en Grèce soulèvent la question de la responsabilité des institutions européennes. Et d’une éventuelle indemnisation. 40 % des populations rurales sont aujourd’hui exposées au risque de pauvreté en Grèce.

« Le niveau des dommages pourrait augmenter la responsabilité de l’UE, mais le problème est d’identifier ceux qui ont été directement touchés par les mesures d’austérité et qui pourraient porter l’affaire devant les tribunaux », a-t-il déclaré.

Selon lui, l’article 340 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne « stipule très clairement que les dommages causés par la faute des institutions européennes devraient être indemnisés ».

Olivier de Schutter, qui a été rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation de 2008 à 2014, a commenté un rapport publié le 20 novembre, qui concluait que les mesures d’austérité prises pendant la crise grecque avaient conduit à une violation du droit à l’alimentation.

Il a noté que le droit à l’alimentation avait tout simplement été ignoré lorsque des mesures d’austérité avaient été conçues et appliquées en Grèce.

Violation du droit à l’alimentation

Les auteurs du rapport écrivent que la Grèce s’est retirée du programme de sauvetage de huit ans en août dernier, et qu’il est maintenant temps de discuter de ce que l’austérité a laissé derrière elle, en particulier en ce qui concerne la durabilité des zones rurales et le droit à l’alimentation.

Selon leur rapport « La démocratie n’est pas à vendre : Lutte pour la souveraineté alimentaire durant l’époque de l’austérité en Grèce », réalisé par l’Institut transnational, FIAN International et Agroecopolis, les plans de sauvetage ont porté un coup à l’économie rurale du pays.

Le rapport note que près de 40 % des habitants des zones rurales de Grèce sont exposés au risque de pauvreté, tandis que le chômage dans ces mêmes zones a bondi de 7 % en 2008 à 25 % en 2013.

De même, le revenu rural par habitant a diminué de 23,5 % au cours de la période 2008-2013.

En outre, l’insécurité alimentaire a doublé pendant la crise, passant de 7 % en 2008 à plus de 14 % en 2016, tandis que 40 % des enfants grecs souffrent de privations matérielles et sociales.

La situation s’est particulièrement détériorée entre 2010 et 2013, lorsque le prix des denrées alimentaires a augmenté alors que les revenus chutaient fortement. Les auteurs du rapport ont noté que les petits exploitants, en particulier, ont été énormément touchés par l’augmentation des cotisations sociales, de l’impôt foncier et sur les revenus ainsi que par l’augmentation de la TVA sur les produits agricoles.

Le rapport explique que le secteur agricole grec était déjà vulnérable avant la crise. Lorsque la Grèce a rejoint l’UE en 1981, elle était exportatrice nette de produits agricoles. Mais depuis lors, elle s’est débattue avec le déficit du commerce alimentaire et a commencé à dépendre des importations.

Commentant ces conclusions, Harry Konstantinidis, co-auteur du rapport de l’Université du Massachusetts, explique que le secteur agroalimentaire déjà vulnérable a été encore plus comprimé pendant la mise en œuvre des politiques d’austérité.

« Nous soulignons que le droit à l’alimentation en tant que droit de l’homme a été gravement compromis pendant la crise, le nombre de personnes en Grèce qui connaissent l’insécurité alimentaire étant passée, selon Eurostat, de 7,6 % de la population en 2009 à 13,2 % en 2017 », a-t-il rappelé.

« Nous cherchons à savoir quels acteurs doivent être tenus responsables de cet échec et nous cherchons à contribuer à un débat qui renforcerait la production alimentaire durable et l’accès à l’alimentation tant en Grèce qu’en Europe en général », a ajouté Harry Konstantinidis.

Sylvia Kay, politologue et co-auteure du rapport, a déclaré que plusieurs initiatives citoyennes avaient été prises pendant la crise et a souligné le rôle des différentes entités sociales qui ont fait preuve de solidarité envers les personnes dans le besoin.

Elle a également évoqué l’initiative « du producteur au consommateur », qui visait à raccourcir la chaîne d’approvisionnement alimentaire en supprimant les intermédiaires pour obtenir de meilleurs prix pour les consommateurs.

Selon Sylvia Kay, l’initiative était « une bouée de sauvetage » lancée aux personnes dans le besoin qui ont réussi à acheter de la nourriture 20-50 % moins chère que les prix au supermarché.

Source https://www.euractiv.fr/section/economie/news/eu-institutions-are-liable-for-greek-bailout-damage-former-un-official-says/

Lire aussi notre article résumé du rapport https://www.grece-austerite.ovh/le-rapport-sur-les-effets-de-lausterite-en-grece/

Entretien libre Stathis Kouvelakis

La situation se durcit en Grèce, où le pouvoir en vient désormais à une confrontation ouverte avec l’opposition. Lois spéciales, police anti-émeutes contre les militants et même contre les retraités, des dizaines d’opposants sont désormais traînés devant les tribunaux. Les choses ont pris une tournure encore plus grave avec les poursuites engagées depuis un mois contre un ex-ministre du premier gouvernement Syriza, Panagiotis Lafazanis, le secrétaire national d’Unité Populaire, parti de gauche favorable à la sortie de l’euro. C’est la première fois depuis la chute du régime des colonels que le dirigeant d’un parti démocratique se voit ainsi poursuivi pour son activité politique. Pour parler de la situation grecque, Aude Lancelin reçoit aujourd’hui dans l’Entretien Libre Stathis Kouvelakis, professeur de philosophie au King’s College de Londres, et ex-membre du comité central de Syriza.

 

Pouvoir d’achat : les gagnants et les perdants

En France un article de Laurent Jeanneau sur Alternatives Economiques

A qui profite la politique économique du gouvernement ? Il y a un an, Emmanuel Macron s’était vu accoler l’étiquette de « président des riches », suite notamment à la réforme de la fiscalité du capital. Mais si l’on en croit les résultats d’une récente étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), qui évalue l’impact des budgets 2018 et 2019 sur le pouvoir d’achat des ménages, c’est plutôt de « président des très riches » dont il faut désormais parler.

Le 1 % des Français les plus aisés est le grand gagnant de la politique fiscale : en 2019, ses revenus grimperont de 6 %, grâce notamment aux effets cumulés de la réforme de l’impôt sur la fortune et du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital. De manière plus précise encore, les gains se concentrent dans le top 0,4 % des niveaux de vie, qui verra son pouvoir d’achat gonflé de plus de 28 300 euros en 2019. Pour le top 0,1 %, le cadeau s’élève même à 86 290 euros !

Des pertes nettes pour les bas revenus

Gains et pertes de revenu disponible liés aux mesures relatives aux prestations sociales dans le budget 2019, en %, par centiles de revenus (voir tableau sur le site de Politis).

A l’autre bout de l’échelle sociale, les bas revenus sont les grands perdants. Les 20 % de Français les moins bien lotis verront leurs ressources s’amoindrir. En cause, la très faible revalorisation des prestations sociales et la réforme des allocations logement, qui amputeront le pouvoir d’achat des Français les plus modestes de 3,5 milliards d’euros, dans un contexte où les prix repartent à la hausse.

Ils seront également pénalisés par la hausse de la fiscalité sur le tabac et sur l’énergie. Sans oublier la baisse programmée des dépenses publiques – dont les effets n’ont pas été modélisés dans cette étude – qui pénalisera indirectement le pouvoir d’achat des plus modestes. Seuls les bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés et du minimum vieillesse seront épargnés. Certes, la prime d’activité, destinée aux travailleurs à bas revenus, a été revalorisée de 20 euros en 2018. Pas de revalorisation générale en 2019 en revanche, mais une « bonification » ciblée sur le Smic, de façon à en limiter le coût. Couplée à la baisse des cotisations, cette mesure fera gagner 32 euros aux Smicards. « Un effet modeste à l’incitation à l’emploi », juge l’IPP.

Entre les deux bouts de l’échelle sociale, la classe moyenne ne s’en sort pas trop mal. Les Français qui se situent au centre de la distribution des revenus, c’est-à-dire entre le 3e et le 8e déciles, verront leurs revenus légèrement augmenter, grâce à la baisse de la taxe d’habitation. Ceux d’entre eux qui sont actifs profiteront également de la baisse des cotisations salariales.

Les retraités, en revanche, subiront une double peine : la sous-indexation des pensions et la hausse de la CSG. Les pensions de retraite ne seront en effet revalorisées que de 0,3 % en 2019 et 2020, un quasi-gel, alors que l’inflation devrait être de 1,6 %. Et ce tour de vis intervient après une hausse de 1,7 point de la CSG en 2018. Les retraités ont donc du souci à se faire pour leur pouvoir d’achat. Ce que confirme l’évaluation de l’Institut des politiques publiques (IPP).

Les retraités pénalisés

Gains et pertes de revenu disponible suite aux effets des budgets 2018 et 2019 pour les retraités, en %, par centiles de revenus (voir tableau sur le site de Politis).

Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Les plus modestes d’entre eux bénéficieront de la revalorisation du minimum vieillesse et seront épargnés par la hausse de la CSG. D’autres sortiront en partie gagnants de l’exonération de la taxe d’habitation. Ce sont finalement les retraités les plus aisés qui seront le plus mis à contribution. A l’exception notable des très fortunés…

Source https://www.alternatives-economiques.fr/pouvoir-dachat-gagnants-perdants/00086653

Comme un air de Grèce qui flotte sur la France

Par Yannis Youlountas

En voyageant quotidiennement dans les coins les plus reculés de l’hexagone, au fil des mois, j’assiste non seulement aux difficultés croissantes des plus précaires, particulièrement touchés, mais j’observe aussi l’appauvrissement brutal d’une classe moyenne qui se croyait à l’abri.

COMME UN AIR DE GRÈCE QUI FLOTTE SUR LA FRANCE

Un ami, pourtant légèrement endetté, vient de perdre brutalement sa maison, un autre dort depuis des semaines dans sa voiture, un troisième s’est construit une petite cabane en palettes au fond du jardin de ses parents âgés et modestes. Une amie quadragénaire m’a raconté ses nouvelles contraintes professionnelles consternantes, une autre a dû arrêter ses études faute de moyens, et une troisième, licenciée six ans avant la retraite, s’est finalement résolue à faire le plus vieux métier du monde pour tenir et rester dans son appart.

Jour après jour, au pays de Fernand Pelloutier et Ambroise Croizat, les conquêtes sociales d’antan fondent comme neige au soleil et les inégalités se creusent comme les tranchées d’une guerre qui ne dit pas son nom. Alors que le pouvoir arrogant promet la lune et le ruissellement de la richesse amassée, les campagnes et les cités se meurent et se murent dans l’angoisse du lendemain.

En France comme en Grèce, le capitalisme se durcit et la pyramide des revenus s’étire et retrécit plus particulièrement en son centre. Après des décennies de collaboration de classe, la petite bourgeoisie française commence à comprendre qu’elle risque à son tour le déclassement, comme son homologue grecque avant elle.

Mauvaise idée que d’avoir avalé la propagande des plus riches, pseudo « forces vives de la nation », en réalité sangsues tyranniques et obscènes. Ces voraces n’en ont jamais assez et vendraient jusqu’à leur mère pour satisfaire leur folie des grandeurs.

Pendant que le pouvoir économique et politique montre son vrai visage de serial killer, une enseignante à la retraite vient d’être expulsée de son logement dans une cité HLM de Vannes par un huissier et des policiers, résultat de la baisse des APL, des nouvelles ponctions sur les retraites et de la hausse d’à peu près tout.

Bienvenue dans le monde d’après. Celui du capitalisme tout puissant qui va ravager l’Europe comme il l’a fait jusqu’ici avec le reste de la planète.

Bienvenue dans le monde que vous annonçait Dora, la pharmacienne grecque d’un dispensaire social autogéré qui vous alertait il y a 5 ans :
« — Si je devais prévenir un ami français, ou d’un autre pays, de cette menace qui le guette aussi, je lui dirais qu’il y a une étape psychologique durant laquelle on a tendance à fermer les yeux, à ne pas vouloir voir ce qui arrive de terrible. C’est ce que nous avons tous fait ici. C’est ce que j’ai fait, de même que ma famille et mes amis avant de perdre leur emploi. En résumé, nous n’arrivions pas à y croire ! Vraiment, nous n’imaginions pas, il y a trois ans, avoir des élèves qui ont faim, des familles qui vivent dans des caves… »

(extrait)

Au prétexte de la dette qui vient d’atteindre 100% du PIB en France, la grande braderie du bien commun va s’amplifier, ce qui reste de droit du travail va finir à la poubelle, les retraites seront sponsorisées par Whiskas et le droit de grève sera interdit.Sauf si…

Yannis Youlountas

source http://blogyy.net/2018/11/02/comme-un-air-de-grece-qui-flotte-sur-la-france/

Délitement La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Délitement

Vendredi 26 octobre. Dès le matin les cloches des églises ont sonné la Saint Dimitri. C’est vrai que les marionnettes des mondialisateurs à la Tsípras, ne les ont pas encore interdites, comme c’est aussi dans l’air du temps. En attendant, au pays si secoué les séismes ne manquent pas. Une secousse de magnitude 6,4 a été enregistrée ce même vendredi sur l’île de Zákynthos, d’après les médias les dégâts ne sont que matériels. Mer belle aux îles secoués, souvenirs et incarnations, pour à peine paraphraser Claude Debussy. Oui, comme il est bien loin le siècle dernier, et en quelque sorte ultime.
Garde Evzone. Athènes, octobre 2018

Les politiciens du jour, de la semaine comme tu temps acosmique qui est surtout le leur, s’entredéchirent au sujet des déclarations de la semaine dernière sur les magouilles du spéculateur Sóros en Grèce et plus généralement dans les Balkans. Entre Kamménos à la Défense puis Kotziás, le démissionnaire des Affaires Étrangères et pour tout dire, étranges, c’est la guerre des mots, confirmations, démentis, allégations, et apostrophes. Toute la presse évoque Sóros cette semaine, les sujets… grecs tombent, autant que les tabous !

Pays secoué, pays embourbé. Devant cette morgue de la Démocratie dénommée encore “Parlement” pour les besoins théâtraux du totalitarisme techno-féodal en gestation, on discerne parfois et heureusement, un peu de cette autre présence de l’existence et de la vie, digne gardienne du sens des mots comme des choses. Après, il y a notre vieille Garde Evzone, celle que les touristes photographient d’ailleurs depuis même la préhistoire du Tourisme en Grèce. “Ma guarda e passa”, à la manière du célèbre vers de la Divine Comédie de Dante. Au pays secoué, les clichés ne manqueront pas comme devant certaines petites enseignes on peut alors lire ce message “Jamais le dimanche”, en signe de résistance aux dictas amplifiés depuis la Troïka, imposant entre autres mesures d’occupation, l’ouverture des commerces le dimanche. Nos visiteurs ne lisent pas vraiment le grec.

Toujours près du “Parlement”, et bien au-delà de l’existence exoplanétaire des politiciens, les instantanés habituels sont toujours là à l’image des sans-abris nouveaux, c’est-à-dire depuis la dite crise, huit ans déjà et très exactement en cet octobre 2018 sept années de blog Greek Crisis. Une période apocalyptique pour le pays, bientôt plus longue que le temps de la Deuxième Guerre mondiale et la guerre civile alors réunies entre 1940 et 1949. En 1949, la Grèce était en piteux état, elle avait perdu environ 8 % de ses et les destructions furent importantes.

Tombe du Soldat Inconnu devant le ‘Parlement’. Athènes, octobre 2018

On dénombrait alors plus d’un million de sans-abris, la majeure partie de la flotte marchande était détruite, les infrastructures réduites à néant, tout comme les capacités agricoles et industrielles. Pays sans cesse secoué. En dépits des apparences, la situation grecque est bien pire actuellement, car l’implosion en interne, les menaces extérieures, le remplacement partiel de la population, la fuite des dernières forces vives et surtout la politique de destruction du pays et de la culture si cyniquement affichée de la part des politiciens SYRIZA en tête, n’a pas de précédent on dirait.

“Notre pays est un Protectorat, Sóros en toute illégalité, finance et contrôle les cliques des politiciens, des universitaires, des artistes déconstructeurs de notre pays, et autant, les auteurs des nouveaux manuels scolaires d’histoire pour que toute idée de la nation et de la culture grecques soient ainsi gommées, sans parler de la Constitution qui est sans cesse violée, y compris lorsque les nouveaux manuels scolaires s’opposent ouvertement aux buts fixés à l’école grecque par la Constitution. Voilà où nous en sommes,” comme le remarque alors Státhis, journaliste et dessinateur de presse et de la trop vielle gauche cette semaine, dans “To Pontíki”.

Jamais le dimanche. Athènes, octobre 2018
Sans-abri. Athènes, octobre 2018
Kolokotronis, héros national de la Révolution grecque. Athènes, octobre 2018

Siècles d’avant comme surtout siècle d’après, comme devant la statue Theódoros Kolokotrónis (1770-1843), Général et homme d’État, héros de la Guerre d’indépendance grecque (1821), surnommé le “Vieux de Morée”. Notons qu’après l’indépendance, ses choix politiques et notamment son soutien du Gouverneur Kapodístrias puis du parti russe, lui valurent dans un premier temps la rivalité des Bavarois autour du roi Othon. Et qui se souvient même de Lázaros Sóchos, sculpteur de l’œuvre, élève à École des Arts Décoratifs et ensuite à École des Beaux Arts à Paris. D’ailleurs, son Kolokotronis il avait été conçu à Paris, avant d’être installé devant le bâtiment dit aujourd’hui Vieux Parlement.

Et comme à l’époque s’y trouvèrent alors juste en face les écuries du Roi, ce n’est pas sans parfois se tromper que les Athéniens d’il y a un siècle, aimaient se raconter que le Vieux de Morée montrait ainsi la place qui devait être réservée aux politiciens… pays ainsi très historiquement secoué !

Pourtant en 2018, l’oubli n’est pas encore généralisé en dépit des efforts méta modernes des ministres de la dite Éducation, dont bien naturellement ceux de SYRIZA. Cette semaine, nos touristes ont ainsi assisté sans le savoir à une messe en commémoration des combattants grecs morts lors des combats très macédoniens il y a un siècle, d’où aussi cette volonté toujours exprimée massivement pas les Grecs que de ne pas voir les frontières de leur pays se déplacer au moment où certaines Puissances instrumentalisent l’irrédentisme et le nationalisme des voisins Macédoniens Slaves, voilà ce qui n’est pas tout à fait perçu à travers ce que les médias très internationaux et surtout pas balkaniques et qui n’apparait pas au gré des analyses.

Et même bien près des églises, toujours cette allusion renforcée et singulièrement dystopique des graffitis, comme de tant d’autres devises de notre siècle. “Ce n’est plus notre monde, je vais mourir ici, entouré de mon troupeau”, m’avait dit il y a pas si longtemps un berger, dans les campagnes non loin de la ville de Tríkala. Toujours et encore, cette autre présence de la vie, digne gardienne du sens des mots et des choses, Thessalie alors profonde.

Messe à la mémoire des combattants en Macédoine. Athènes, octobre 2018
Dystopie exprimée. Athènes, octobre 2018
Bergerie en Thessalie. Octobre 2018
Tríkala, ville en Thessalie. Octobre 2018

Et au pays encore réel, on arbore alors très volontiers le drapeau national, comme un peu partout entre les balcons et les façades des immeubles, ceci, à l’approche de la fête nationale du 28 octobre. Les Grecs commémorent le NON du Général Metaxás et du peuple grec devant l’ultimatum adressé par le régime et l’armée de Mussolini le 28 octobre 1940, ce n’est pas d’un sentiment anti-italien qu’il s’agit, mais d’un souvenir de volonté de résistance lorsque les circonstances l’imposent.

Un sentiment d’ailleurs que les SYRIZISTES comme autant les tenants de l’européisme germano-compatible veulent ouvertement effacer en supprimant dans le futur cette fête nationale. C’est autant dans l’air du temps, sauf que pour l’instant en tout cas, ces excitations de la part des marionnettes politiques et des historiens compatibles Sóros œuvrant pour l’effacement de la mémoire historique des Grecs, ne peuvent que renfoncer ce sentiment général de dégout et de rejet aux yeux des Grecs. Pays certes secoué, mais qui n’a pas encore perdu toute sa mémoire historique ni son même parfois sens de la musique populaire.

Sauf que les criminels de SYRIZA au gouvernement des marionnettes suivent un agenda géopolitique précis imposé depuis l’étranger, et que le processus alors s’accélère. Fait autant inhabituel, comme le remarque aussi mon ami Olivier Delorme, “en quittant le ministère des Affaires étrangères, Kotziás annonce une décision extrêmement grave: celle d’étendre les eaux territoriales de 6 à 12 milles, en application de la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer de 1982, entraînant des droits d’exploitation économique exclusive… sauf dans la moitié orientale de l’Égée. Or, jusqu’ici, les gouvernements grecs n’avaient pas procédé à cette extension dans la mesure où la Grande Assemblée nationale turque a donné, le 9 juin 1995, une autorisation permanente au gouvernement de déclarer la guerre à la Grèce si celle-ci procède à cette extension.”

Vassílis Tsitsánis du chat Rebétiko en soldat. Musée Tsitsánis, Tríkala, octobre 2018
Le sens de la musique. Musée Tsitsánis, Tríkala, octobre 2018
L’autre… sens de la musique. Athènes, octobre 2018

“Cette décision apparaît en réalité, si elle se confirme, absolument catastrophique ! Elle entérine en effet sur deux points essentiels la thèse turque – et ceci sans aucune négociation ni contrepartie. En procédant ainsi, le gouvernement Tsípras reconnaîtrait, de facto, que la Turquie a des droits spéciaux sur toute la moitié orientale de l’Égée, puisqu’elle étendrait ses eaux territoriales en application du droit international, sauf dans cette zone.”

“En outre, si cette politique est mise en œuvre, nul doute que SYRIZA va perdre des voix – et pas qu’un peu – dans les îles orientales qui ne peuvent, aujourd’hui, que se sentir lâchées par ce gouvernement dont on commence à se demander à quelle capitulation il n’a pas déjà souscrit. Je serais à la place des Chypriotes, je commencerais à me faire sérieusement du souci !”, Olivier Delorme sur son blog.

Oui, je le confirme si ce n’est que par intuition et par le déroulement des faits déjà observables, SYRIZA et ANEL (le parti du fanfaron Kamménos) auraient signé un nombre alors inconnu d’accords non dévoilés, ce qui d’ailleurs participe à la reculade grecque qui ne se résume pas qu’à son volet prétendument économique et financier vis-à-vis des dits créancier et de l’UE. Non, non et encore non, c’est un agenda géopolitique visant même à l’effacement, culturel, démographique, voire existentiel de la Grèce contemporaine, les Grecs le savent désormais car c’est alors bien palpable dans l’air du temps, même si sur cette dernière affaire des eaux territoriales passant de 6 à 12 milles, Tsípras a reculé, précisant que ce n’est pas par décret mais une fois n’est pas coutume… au “Parlement” que cette décisions sera discutée, au risque de ne pas être entérinée comme on sait.

On observe tout cela d’en bas et du pays réel sans pouvoir trop réagir… “Que faire sinon, pendre ces politiciens traîtres, mais alors comment ?”, entend-on ici ou là. En attendant, on se baignera une ultime dois dans la saison dans les ports antiques, comme par exemple dans celui des Kehrées près de Corinthe, comme on reviendra de la pêche au large du Péloponnèse, région que nos touristes considèrent toujours comme uniquement mythique. Accessoirement, on est invité à apprendre la langue chinoise… par les temps géopolitiques qui courent, c’est peut-être aussi de cela notre nouveau siècle sera fait.

Baignade à Kehrees. Octobre 2018
Après la pêche. Péloponnèse, octobre 2018
Cours de langue chinoise. Athènes, octobre 2018

Vendredi 26 octobre. Dès le matin les cloches des églises ont sonné la Saint Dimitri, pendant que les marionnettes des mondialisateurs à la Tsípras ne les interdisent pas, comme c’est autant dans l’air du temps. Pays et paysages. Au pays secoué, le soleil se couche toujours derrière Épidaure.

Le soleil se couche derrière Épidaure. Octobre 2018

Saint Dimitri et fête nationale. Pays fragile, mer belle aux îles secoués, souvenirs, et surtout incarnations !

Surtout incarnations. Athènes, octobre 2018
* Photo de couverture: L’autre vie devant le Parlement. Athènes, octobre 2018

Tsipras dans le champ de mines de la crise prolongée

Publié par Alencontre le 18/10/18 Par Antonis Ntavanellos

Dans des conditions normales, les semaines en cours devraient être un temps politique marqué par le triomphe pour le gouvernement Tsipras – qui prétend avoir conduit le pays vers «la sortie des mémorandums»  – et, pour le parti SYRIZA, une étape de reconstruction et de contre-offensive politique visant la récupération de son influence sociale et électorale.

Mais ce qui se passe, c’est que ce gouvernement semble perdre le contrôle politique des questions importantes, l’une après l’autre, alors qu’au sein de SYRIZA règne un état de mort-vivant en tant qu’organisme politique. Et cela s’aggrave. Les polémiques désormais publiques devenant de plus en plus aiguës, une situation qui incite à réfléchir sur le «lendemain» et sur la question du rapport de force à l’intérieur du parti, suite à la lourde défaite politique et électorale qui se profile

Cela se passe ainsi parce que, justement, les conditions en Grèce ne sont guère normales. En dépit des affirmations de Tsipras, le capitalisme grec est toujours plongé dans la crise et les références publiques à un scénario argentin» [1] sont le meilleur révélateur des pensées et sentiments intimes des personnalités de l’establishment grec.

Une autre raison pour laquelle cela se passe ainsi c’est parce que, selon l’expression grecque, le mensonge a toujours les pattes courtes. Les déclarations de Tsipras à la Foire Internationale de Thessalonique (septembre 2018) étaient totalement mensongères: l’engagement ferme du gouvernement grec sur le caractère pérenne et non modifiable de toutes les lois et dispositifs découlant des mémorandums et l’acceptation d’une «surveillance renforcée» par les instances représentant les créanciers jusqu’en 2060, conformément à l’esprit et la lettre des mémorandums, ne peuvent en aucun cas être présentées de manière crédible comme «une sortie des mémorandums» la surveillance de la Grèce, quasi quotidienne, est maintenue.

Cette dure réalité se manifeste tous les jours et à chaque moment politique, annulant les effets de la politique de communication du gouvernement, faisant émerger de nouveaux fronts de conflits et conduisant le gouvernement et le parti SYRIZA vers une situation politique désespérée.

Que se passe-t-il avec les banques grecques?

Au moment où Tsipras assurait que «l’économie se portait bien», le 3 octobre s’est révélé être un «mercredi noir» pour les 4 banques dites systémiques [2] et la Bourse d’Athènes. La chute incontrôlée du cours de leurs actions, continuant pendant les jours qui ont suivi, a entraîné une chute de leur capitalisation boursière qui se situe actuellement à moins de 5 milliards d’euros, contre 26,9 milliards d’euros en 2013 et 11,6 milliards d’euros fin 2015.

Cet effondrement ne peut être interprété par des facteurs conjoncturels (par exemple, les conséquences du «conflit» italien avec l’UE portant sur le déficit budgétaire).

Il est notoire qu’une grande partie des prêts accordés par les banques – estimés à plus de 88 milliards d’euros – sont désormais classés dans la catégorie «rouge ou la catégorie de «non performants».

Le «mercredi noir» a été précédé par la publication d’estimations selon lesquelles les tests de résistance étaient trop « souples » par rapport à la situation réelle des banques grecques, trop « favorables » pour le gouvernement Tsipras. Cet effondrement a été également précédé par la publication des estimations que les banques grecques ne parviennent pas à réduire les «Non performing exposures» (NPE) [3] au rythme et dans les délais fixés dans l’accord avec la Troïka (qui veut un pourcentage à un seul chiffre de prêts créance douteur d’ici fin 2021, estimés actuellement à 50% des actifs). Ces résultats ont déclenché la chute des actions.

Pour faire face à cela, le gouvernement propose la mise en place d’un Fonds commun de créances (Special Purpose Vehicle – SPV) [4], voire de plusieurs FCC/SPV spécialisés par domaines d’activité, pour débarrasser les banques des créances douteuses, dites «rouges», un plan qui paraît d’emblée boiteux pour plusieurs raisons:

 La mise place de tels Fonds communs de créances (SPV) a été conçue pour contourner la restriction de «l’intervention de l’Etat » imposées par la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne (DG COMP). Ces montages doivent donc inclure des «investisseurs privés». L’invitation faite aux fonds spéculatifs internationaux à acheter des «emprunts rouges» grecs (dans le but de les revendre ensuite avec des profits) pour trouver du répondant dans les conditions actuelles nécessite des garanties et des financements publics. Ces garanties ne peuvent être assurées qu’en puisant dans le «coussin amortisseur» [5] mis en place par l’accord entre Tsipras et l’Eurogroupe, sauf que le but de l’existence de ce «coussin» serait de garantir le remboursement des futures dettes de la Grèce.

 L’utilisation de la totalité ou d’une partie importante de ce «coussin amortisseur» (estimée à plus de 10 milliards d’euros) pour sauver les banques, fera émerger un nouveau «piège de la dette» lorsqu’il faudra payer les versements échelonnés à partir de 2020. Et cela signifierait une obligation réelle pour le capitalisme grec de contracter des emprunts «sur les marchés». Au moment de la rédaction de ces lignes, le taux d’intérêt de l’obligation grecque à 10 ans a atteint un taux prohibitif de 4,65% (avec une pointe à 4,667% le mercredi 10 octobre 2018; taux des obligations à 10 ans de l’Etat allemand, la référence européenne, se situaient à 0,464%). Ces estimations appuient le scénario de la faillite, le scénario dit «de l’Argentine», au moment culminant d’une longue période de contre-réformes néolibérales et d’austérité violente pour les travailleurs et les classes populaires en Grèce.

3° Cette voie aura également des conséquences politiques sérieuses. Cela signifie que les ventes aux enchères de logements des ménages populaires vont se multiplier de façon spectaculaire pour soulager les banques des prêts hypothécaires «rouges» (les «créances douteuses hypothécaires qui constituent une part importante de l’actif vacillant des banques). Il s’agit aussi de convaincre les fonds spéculatifs internationaux que leur implication dans ce pillage ne va pas devoir s’affronter à la résistance populaire organisée. Voilà pourquoi Tsipras et ses amis dans le gouvernement, de manière éhontée, n’ont pas hésité à franchir le pas d’engager des poursuites pénales contre Panayiotis Lafazanis dans le but de porter un coup, non seulement à Unité Populaire (LaE), mais à l’ensemble des forces militantes qui résistent à leur politique [voir à ce sujet l’article publié sur ce site en date du 15 octobre 2018]

En réalité, il s’agit d’un transfert colossal des titres de propriété de biens immobiliers urbains, transfert des propriétaires vers les banques et de ces dernières vers les professionnels de la spéculation. Le fait que bon nombre de ces biens soient les uniques logements de foyers populaires (la «résidence principale et unique) ne diminue en rien l’avidité de ceux du haut de la pyramide des richesses et du pouvoir. De surcroît, le fait que la Banque du Pirée [6] – qui avait les années précédentes «phagocyté» la Banque Agricole [7] – se retrouve, elle aussi, dans l’œil du cyclone de la crise bancaire indique que la prochaine étape du pillage sera celle des terres agricoles.

Une crise au sein du tissu des entreprises grecques

Peu à peu, Tsipras et ses amis découvriront encore d’autres formes de complications politiques. Il est bien connu qu’une grande partie des prêts non performants sont des prêts bancaires aux grandes, petites et moyennes entreprises. La vente de ces prêts sur le «marché» est associée à l’éventualité de changement de propriété dans de nombreuses entreprises, modifiant ainsi radicalement la carte du «monde des affaires» dans le pays. Une telle opération ne pourra en aucun cas avoir lieu pacifiquement, sur la base des prétendues règles du marché. Elle sera associée à des conflits, des coups bas, des changements violents dans les rapports politiques à l’intérieur de la classe capitaliste, etc. La lune de miel du gouvernement avec les grandes familles du capital grec et les groupes d’entreprises peut rapidement se transformer en un paysage fait de sables mouvants.

Ce tableau d’impasse ne se limite pas au secteur bancaire. La publication des données financières de la Compagnie Publique d’Électricité (DEI/DEH) [8] démontre que le démantèlement néolibéral que SYRIZA a accepté en signant le 3e mémorandum a littéralement amené la Compagnie publique d’électricité à la limite de sa survie. Il faut souligner que DEI n’est pas un quelconque «véhicule boursier», comme, par exemple, l’était l’entreprise Folli-Follie [9]. En vendant continuellement au privé des parts de DEI (DEH), en favorisant l’entrée de «fournisseurs» privés dans tous les domaines de son activité, en garantissant des accords de financement scandaleux pour les grandes entreprises et leur octroyant de l’électricité à très bon marché, le gouvernement Tsipras risque de devenir un gouvernement qui, au XXIe siècle, ne pourrait plus garantir la fourniture publique d’électricité dans son pays.

Qu’aurait-il au bout de cette route? Quelle serait la perspective de la politique communément acceptée par les créanciers et Tsipras lors de l’Eurogroupe de juin dernier? Alekos Papadopoulos, ex-ministre des Finances des gouvernements du PASOK et social-libéral convaincu, en analysant les données budgétaires présentées au Parlement grec, a conclu en juillet 2018 que la Grèce chemine vers une deuxième faillite et à un second appel à la «protection»  du FMI, aux conséquences encore plus douloureuses que celles du premier «mémorandum» en 2010. Alekos Papadopoulos titre son article: «Le pays glisse sur la voie de l’Argentine».

Le conflit politique

Il a toujours été constaté que ceux qui appliquent dans le domaine de l’économie des politiques néolibérales réactionnaires, inexorablement dérivent vers des politiques également réactionnaires et liberticides dans le domaine des droits civiques et des rapports sociaux.

Le rejet par le peuple de la République de Macédoine (quels que soient les motifs et «l’argumentation» de l’abstention lors du récent référendum) [10] de l’accord de Prespa [région «partagée» entre l’Albanie, la Grèce, la République de Macédoine] est un camouflet pour la démagogie de Tsipras. Il dénude tous ses soi-disant arguments «internationalistes» et pacifistes et le laisse à découvert face à des accusations politiques réellement graves: avec ses homologues du gouvernement Zaev [11]. Ils ont sans hésitation privilégié le plan d’expansion de l’OTAN dans les Balkans occidentaux, en négligeant complètement les sensibilités nationales des peuples de la région et leur droit à l’autodétermination. Il est aujourd’hui bien établi que cette politique ne peut être poursuivie qu’avec des méthodes autoritaires profondément antidémocratiques.

Il en est de même pour la question brûlante des réfugié·e·s. La situation à Moria [un camp de rétentions de migrant·e·s, le plus important et le plus surpeuplé, se trouvant sur l’île de Lesbos] et dans d’autres camps de concentration de réfugié·e·s est une grave insulte à l’histoire de la Gauche de ce pays, une provocation aux sentiments de toute personne démocrate.

Le fait que les actes et omissions de SYRIZA permettent au parti de Nouvelle démocratie de Kyriakos Mitsotakis de demander une enquête sur l’utilisation des fonds européens destinés aux aides spécifiques pour les réfugié·e·s constitue, de surcroît, un vrai forfait politique.

A l’intérieur de ce paysage, apparaît une convergence fondamentale entre Alexis Tsipras et Kyriakos Mitsotakis. Tous deux conviennent que dans les mois à venir, la priorité sera donnée au renforcement de «l’esprit d’entreprise», et cela toujours au nom de la «croissance». Tous deux conviennent de réduire l’impôt sur les bénéfices des entreprises et les cotisations des employeurs, et d’apporter des modifications au droit du travail encore plus favorables au capital.

Kyriakos Mitsotakis est cyniquement honnête: il promet de mettre en œuvre cette politique par un «assaut» politique néolibéral massif [12] dans le but de transformer la défaite de SYRIZA en une défaite stratégique des idées et des politiques auxquelles se référaient et se réfèrent pour une partie de ce qui en reste le mouvement ouvrier et la Gauche. Il ne cache pas sa conviction en faveur du «modèle» de Margaret Thatcher.

Alexis Tsipras affirme qu’il soutiendra ces mêmes politiques, mais avec un certain «visage humain». D’après l’expérience des années 2015-2018, nous savons qu’il ment de manière indigne. Mentionnons une note de bas de page: les uniques avantages concrets et substantiels (en termes de salaire et de budget) que Tsipras a annoncés à la Foire Internationale de Thessalonique concernent les juges, les officiers de police et le personnel militaire. Cela signifie que la direction de SYRIZA sait que la continuité de sa politique s’appuiera de plus en plus sur ces secteurs spécifiques, sur le noyau dur de l’État et les mécanismes de répression.

La Gauche anticapitaliste radicale n’a plus le luxe du temps. Le dilemme répugnant «Tsipras ou Mitsotakis» s’approche rapidement. Nous serons sommés de présenter nos possibles réponses dans quelques mois. La question concerne essentiellement l’Unité Populaire (LaE), ainsi que les autres forces de la Gauche radicale exclues de SYRIZA lors l’été 2015 et ANTARSYA. Toute analyse, toute ligne politique évitant les responsabilités politiques résultant de ce constat, indépendamment des intentions et des arguments, risquent d’être entendue comme une incompréhension de la lutte politique frontale, avec toutes les conséquences pour le monde du travail et les forces de la Gauche radicale qui seront sur le champ de bataille le lendemain de l’affrontement électoral. (Traduction du grec par Manolis Kosadinos de l’article paru dans la publication bimensuelle de DEA, Ergatiki Aristera)

Notes du traducteur

[1] «Scénario argentin»: référence est faite, ici, comme ailleurs dans le texte, à la crise économique qui a culminé en Argentine en 2001-2002 et qui risque aujourd’hui de se répéter. La crise en Argentine fut le résultat de l’application de plusieurs années de politiques néolibérales et d’ancrage du peso au dollar (sous Carlos Menem et son ministre des Finances Domingo Cavallo) et de l’intervention du FMI.

La phase qui s’ouvre depuis deux mois suite à la dévaluation du peso et à l’accord passé avec le FMI, pur un montant de 57 milliards de dollars, non seulement abouti à des atteintes graves contre contres revenus des salarié·e·s avec un taux d’inflation qui atteint déjà 32,6% depuis le début de l’année.

En Grèce, sous la gouvernance de SYRIZA-ANEL (Grecs indépendants) qui prolonge et amplifie les politiques des précédents gouvernements de droite et sociaux-libéraux, la dérégulation du travail, les privatisations massives, la casse des politiques sociales et l’austérité conduisent la société et l’économie vers l’impasse et risqueraient de produire une nouvelle crise majeure. Cette estimation n’est pas seulement celle de la Gauche Radicale, mais elle est également partagée par certains porte-parole de l’establishment politique.

[2] Les quatre banques dites systémiques, dont la faillite aurait des effets dominos, sont: Banque de Grèce (BG), Alpha, Eurobank et la Banque du Pirée

[3] Expositions non performantes (Non- performing exposures, NPE): terme utilisé pour désigner collectivement les actifs saisis à la suite du défaut du débiteur, ainsi que les prêts «performant » dont le risque de devenir non performants (au-delà de l’échéance de 90 jours) est élevé, notamment les prêts sous surveillance et les prêts restructurés performants.

[4] Fonds commun de créances : un fonds commun de créances qui permet la titrisation de créances bancaires, autrement dit la transformation de créances en titres, matérialisée par des parts du FCC. Il aussi connu, dans le langage financier anglo-saxon, sous le nom de Special purpose vehicle (SPV) ou Special purpose entities (SPE) qui sont des entités légales créées par une autre entité le «Sponsor» qui transfère un ou plusieurs actifs dans le SPV.

[5] Parmi les clauses de l’accord de juin 2018 entre l’Eurogroupe et le gouvernement grec, il y a l’autorisation octroyée à la Grèce de mettre de côté des fonds à hauteur de 24,1 milliards d’euros, somme appelée familièrement «coussin amortisseur», qui permet de disposer à tout moment de liquidités pour subvenir aux besoins de remboursement de dettes, présentes et futures. Selon l’accord, cette somme n’est pas censée être utilisée dans un autre but.

[6] Banque du Pirée (Trapeza Piraeos): une des 4 banques grecques dites systématiques. La Banque du Pirée a été privatisée en 1991, passant sous propriété du grand capital grec. Depuis cette banque ne cesse de croître en achetant plusieurs autres banques, tant en Grèce qu’à l’étranger. Son acquisition des succursales grecques de la Banque de Chypre en 2013, garantie et encouragée par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a donné lieu à des soupçons de corruption et à une controverse juridique. Des hauts responsables ont été convoqués par la justice de Chypre. En 2012, la banque a fait l’acquisition de la Banque Agricole (Agrotiki Trapeza). Comme les autres banques grecques systémiques, elle a été recapitalisée par des fonds publics, puis une grande partie de ses actifs a été cédée à prix dérisoire à des fonds spéculatifs étrangers. La Banque du Pirée détient aujourd’hui 30% des prêts bancaires en Grèce.

[7] Banque Agricole (Agrotiki Trapeza – ATEbank): initialement banque publique, fondée en 1929 dans le but de soutenir le développement agricole en Grèce, sous toutes ses formes. Elle a accédé au statut de Société Anonyme (SA) en 1991, introduite en Bourse en l’an 2000. Lors de la restructuration de la dette publique grecque en 2012 (PSI-Private sector involvement), la banque a souffert la dévalorisation massive de ses actifs, ce qui a inexorablement conduit à sa faillite. Elle a été acquise alors par la Banque du Pirée pour intégrer le groupe dirigé par celle-ci et ensuite fusionner. La Banque Agricole détenait au moment de sa fusion des dettes d’environ 21’500 paysans grecs.

[8] Compagnie Publique grecque d’Électricité (DEI/DEH): créée en août 1950 DEI (DEH), compagnie issue de la nationalisation de la production et distribution d’électricité, avait la prérogative exclusive de la construction, de l’exploitation de centrales hydroélectriques et thermiques, de l’utilisation (préférentielle) de combustibles nationaux et de l’obligation de construire un réseau national de transport et de distribution d’électricité, ainsi que du monopole de la distribution et vente de l’électricité produite. Depuis fin 2000 DEI (DEH) est une Société Anonyme (SA), cotée sur les Bourses d’Athènes et de Londres. Aujourd’hui la transmission de la haute tension et de l’ultra haute tension incombe à ADMIE/ADMHE (un holding, opérateur indépendant de transport d’électricité), avec une participation de l’Etat à hauteur de 51%. Le transport et la distribution de la moyenne tension incombent à DEDDIE/DEDDHE (Opérateur du réseau de distribution d’électricité), détenu à 100% par DEI (DEH), mais fonctionnant de manière autonome. Aujourd’hui la compagnie ne possède plus l’ensemble du réseau national de transport et de distribution, d’une longueur totale d’environ 208’000 km. Le dépeçage et la privatisation larvée de la Compagnie d’Électricité correspondent aux directives de l’UE «sur la libre concurrence et l’abolition des marchés monopolistiques». Les gouvernements fidèles aux mémorandums, notamment le dernier de SYRIZA-ANEL, ont accéléré le processus de privatisation de la compagnie avec pour résultats l’augmentation des factures et la baisse de la qualité des services. Le processus de privatisation était censé s’achever octobre 2018.

[9] Folli-Follie: société internationale basée en Grèce – dont l’actionnaire principal (35.1%) est le milliardaire Dimitris Koutsolioutsos – qui fabrique et distribue des bijoux de luxe, des montres et des accessoires de mode. Cotée à la Bourse d’Athènes depuis 1997, elle est active dans 25 pays et dispose de 380 points de vente. En mai 2018, il a été découvert que la société gonflait son chiffre d’affaires, notamment par le biais de ses succursales en Chine et en Asie. Cette révélation a conduit à l’effondrement du cours de son action en bourse et à l’enregistrement d’incidents de paiement (rejet d’un ordre de paiement par une banque suite à un défaut d’approvisionnement).

[10] Référendum en République de Macédoine : un référendum a eu lieu le 30 septembre 2018 en République de Macédoine, ou Ancienne république yougoslave de Macédoine. La population était amenée à se prononcer sur l’accord conclu avec la Grèce, entraînant notamment un changement du nom du pays en Macédoine du Nord. Plus de 90 % des votants se prononcent favorablement. Néanmoins, sur un peu plus de 1,8 million d’inscrits, un peu moins de 667’000 se sont déplacés, soit un peu plus de 36% de participation, bien en deçà du quorum de 50%. Le résultat est ainsi constitutionnellement invalide faute d’une participation suffisante.

/Le Parlement de Macédoine a voté vendredi le lancement du processus en vue de changer le nom du pays en «République de Macédoine du nord»,/

[11] Zoran Zaev: président du gouvernement de Macédoine, en fonction depuis le 31 mai 2017, issu du parti social-démocrate. Il a soutenu le «oui au référendum.

[12] Voir le Blitzkrieg annoncé par François Fillon en 2017.

Source http://alencontre.org/europe/grece/grece-tsipras-dans-le-champ-de-mines-de-la-crise-prolongee.html#more-52396

L’épouvantail de la dette

Par Pierre Khalfa Coprésident de la Fondation Copernic, membre du Conseil scientifique d’Attac

La question de la dette publique semble revenir dans l’actualité en France avec l’intervention d’économistes orthodoxes comme C. Wyplotz dans Les Échos ou J. Pisani-Ferry dans Le Monde. Tous s’inquiètent du niveau de la dette publique française : « 100 % du PIB, c’est dangereux ». Ils reconnaissent pourtant à juste titre que le risque est faible. Alors, où est le problème ?

Le président Macron poursuit son offensive contre les droits sociaux. Après le Code du travail et la formation professionnelle, c’est le tour de l’assurance chômage et bientôt des retraites de faire les frais de l’ajustement structurel néolibéral. Cela, au nom de la réduction des dépenses publiques et sociales, avec un leitmotiv sur le niveau trop élevé de la dette publique. Ce dernier est un marronnier au sein de la profession des économistes orthodoxes[1].

Tous s’inquiètent du niveau de la dette publique française : 100 % du PIB, c’est dangereux. Ils reconnaissent pourtant à juste titre que le risque est faible, car l’État français emprunte sur dix ans à un taux nettement inférieur à 1 %, un taux bien en dessous de celui de l’inflation. Bref, la France s’enrichit en empruntant et la remontée des taux par la BCE, même si elle était brutale, ce qui est peu probable, ne changerait pas grand-chose à la situation actuelle parce que l’augmentation de la charge annuelle des intérêts ne sera que très progressive.

Alors où est le problème ? Une raison principale est avancée pour justifier l’inquiétude répandue dans l’opinion publique. Nous nous endetterions pour consommer et non pas pour investir. Dette serait donc synonyme de gabegie et de mauvaise gestion. Il n’est que trop facile d’ironiser sur cette supposée frénésie de consommation, qui fait fi des millions de nos concitoyen.nes qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, soumis au chômage, à la précarité, à des salaires de misère ou aux petites retraites. Mais surtout, il faut se demander ce qui permet à nos économistes d’être si catégoriques. Ces économistes devraient savoir qu’une partie des dépenses de fonctionnement correspondent en réalité à un investissement pour l’avenir, c’est le cas en particulier des dépenses d’éducation. De plus, on doit s’interroger sur l’indicateur retenu par les contempteurs de la dette : la dette au sens de Maastricht, une « dette brute », qui ne permet pas de réellement comprendre la situation financière réelle du pays. Les différentes administrations publiques possèdent en effet des actifs, physiques et financiers,  qui ne sont pas pris en compte dans le calcul de la dette brute, l’indicateur de référence dans la vision maastrichtienne de la dette. Or, contrairement à ce que dit la doxa néolibérale, nous ne laissons pas à nos enfants une dette : selon la comptabilité nationale, les actifs des administrations publiques sont de 3 200 milliards d’euros, soit presque une fois et demie le montant de leur dette. Que laissons-nous donc en héritage ? Un patrimoine précieux : des hôpitaux pour être soignés, des crèches, des maternelles, des lycées et des universités pour se former, des bibliothèques et des musées pour se cultiver, des rails pour circuler s’ils sont entretenus !

La seconde raison de l’inquiétude de nos économistes est que la trajectoire de la dette serait « répétitive et malsaine ». Elle augmente lors des périodes de récession. Ces économistes, prévoyant réalistement un nouveau choc économique ou financier, proposent de réduire aujourd’hui la dette afin de retrouver des marges de manœuvre, demain. Il ne s’agit donc pas d’agir en amont pour prévenir ces chocs en mettant la finance sous contrôle et en menant une politique macroéconomique adaptée, mais d’attendre qu’ils aient lieu et d’utiliser alors l’arme du déficit public pour les amortir. Le fait que les politiques d’austérité menées conjointement en Europe ont abouti à une récession généralisée et ont été une des causes de l’accroissement des déficits publics n’est même pas évoqué. La crise financière et la récession sont considérées comme inévitables.

Au-delà des raisons peu convaincantes de l’inquiétude sur la dette publique, deux questions pourtant décisives sont ignorées. Tout d’abord, un déficit est la marque d’un décalage entre les dépenses et les recettes, ce qui pose la question de la fiscalité. Deux rapports datant de 2010 disent tout du problème. Le rapport Champsaur-Cotis au président de la République indique qu’« en l’absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd’hui ». Celui de Gille Carrez, député de droite et à l’époque rapporteur du budget, pointe que, si la fiscalité était restée au niveau de l’an 2000, la France aurait été en excédent budgétaire en 2006, 2007 et 2008 et le déficit public n’aurait été que de 3,3 % au lieu de 7,5 % en 2009, année de la plus forte récession depuis la seconde guerre mondiale. Ceux qui ont conçu le programme économique d’Emmanuel Macron sont silencieux sur les cadeaux fiscaux, se comptant par dizaines de milliards d’euros, dont viennent de bénéficier les ménages les plus riches et les employeurs : baisse d’imposition sur les revenus du capital (flat tax), suppression de l’ISF, transformation du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse de cotisations pour les employeurs (40 milliards au total pour l’année 2019), sans parler de l’évasion fiscale d’un montant égal au déficit de l’État.

Enfin, on ne nous dit rien de l’obligation faite aux États de n’emprunter que sur les marchés financiers internationaux. Car, l’existence d’un marché de la dette publique est le résultat d’un choix politique qui vise à faire de l’État un emprunteur comme un autre, avec l’objectif de le mettre sous la pression des marchés financiers et ainsi de le discipliner. C’est ce que matérialise l’interdiction faite par les traités européens aux banques centrales, la BCE en tête, de prêter directement aux Etats C’est pourquoi, pour pouvoir emprunter à des taux raisonnables sur le marché, l’État doit aujourd’hui se plier aux désirs des investisseurs. La dette publique devient ainsi un élément fondamental de la domination des marchés.

On le voit, résoudre le problème de la dette publique suppose de s’attaquer aux fondements des politiques néolibérales. Ce n’est pas le choix du gouvernement et des économistes qui, de près ou de loin, le conseillent. À force de ressasser les mêmes dogmes surannés et démagogiques, les peuples se mettent à douter de la démocratie. Là est le vrai risque.

Ce point de vue, signé par Jean-Marie Harribey, Esther Jeffers, Pierre Khalfa, Dominique Plihon, Jacques Rigaudiat, économistes membres d’Attac et de la Fondation Copernic, a été publié sur lemondefr.

[1]Parmi les derniers en date : C. Wyplotz, Les Échos, 6 septembre 2018 ; J. Pisani-Ferry, Le Monde, 5 octobre 2018.

Qui veut gagner des millions de Soros ? La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.
Qui veut gagner des millions de Soros ?

Couleurs d’automne. Les feuilles tombent des arbres, tandis que des millions tombent paraît-il sur les Balkans… des caisses du financier et spéculateur George Soros. Á Athènes, le Ministère des Affaires étrangères et fanfaron attitré Nikos Kotziás vient de démissionner. En Conseil des Ministres, Kotziás a eu une altercation verbale très violente avec son homologue à la Défense, l’autre fanfaron Pános Kamménos. Ce dernier, d’après les medias grecs, a entre autres reproché à Kotziás d’avoir reçu 50 millions d’euros du financier Soros dans le but de faire avancer coûte que coûte l’accord Macédonien de Tsípras-Zaev, lequel est autant celui de Berlin, de Bruxelles, de l’OTAN et surtout, celui du spéculateur Soros. Les feuilles… tombent, couleuvres d’automne, avalées parfois comme les ministres !

Couleurs d’automne à Ágrafa, octobre 2018

La presse évoque largement ces faits et d’abord gestes, à l’instar du quotidien “Ta Néa” du 19 octobre au sujet du financement présumé de Kotziás via les ONG du spéculateur George Soros. En plus, Kotziás est aussi montré du doigt car il aurait utilisé des fonds du Ministère des Affaires Étrangères, plus exactement 19 millions d’euros d’après la presse, pour rémunérer une certaine presse en Albanie et en Ex-République Yougoslave de Macédoine, toujours dans le but de promouvoir l’accord signé en juin entre Tsípras et Zaev (radio 90.1 FM et “Ta Néa” du 19 octobre).

En cet automne décidément, les feuilles, celles des arbres… et pas seulement, elles tombent. On sait qu’à leur base, une sorte de petit bouchon se forme, qui empêche la sève de circuler. La feuille se dessèche, devient fragile et tombe, autant on dirait que le contenu réel des régimes supposés politiques qui sont encore les nôtres. Dans nos pays, comme l’écrit ailleurs Dimitri Orlov, “l’effondrement social et culturel est en grande partie déjà bien avancé mais qu’il est actuellement dissimulé par le fait que les systèmes financiers, commerciaux et politiques fonctionnent encore à un certain niveau, ou du moins prétendent fonctionner en utilisant de l’argent injecté ex nihilo, avec de graves déséquilibres commerciaux, des statistiques falsifiées, des systèmes électoraux trafiqués”.

En Thessalie très profonde, les habitués de la gastronomie réellement existante avant même le véganisme intégral et d’ailleurs intégré aux finalités du système des globalistes, dégustent pour l’instant les traditionnelles soupes à la viande et aux tripes. Celles que les tavernes spécialisées proposent uniquement dans la matinée, le tout, sous la sonorité parfois parasitée des radios branchées sur les informations du moment. “C’est une autre soupe aux tripes…ces politiques”, commenteront alors volontiers les clients entre deux cuillerées bien remplies. Le pays avalé… à la petite, ou de préférence à la grande cuillère.

En Thessalie toujours, derrière la vitrine d’une petite échoppe, les passants y découvrent alors cette affiche photographiée ailleurs et reproduite en place et lieu d’Instruction civique populaire: “Les parasites de l’homme sont les sangsues et les tiques qui sucent son sang pour s’en détacher un fois assouvies. Les autres parasites de l’homme que sont les banquiers et les politiques ne cessent jamais de pomper le sang de leurs victimes.” Verdict… populaire, la presse autorisée dirait sans doute “populiste”.

Soupes de tradition. Thessalie, octobre 2018
Petits restaurants du matin. Thessalie, octobre 2018
Les… parasites de l’homme. Façade en Thessalie, octobre 2018

Les affaires trop courantes des marionnettes politiques grecques sont de plus en plus dépravantes et autant dépravées, et l’on note que pour l’instant en tout cas, Kotziás ne dépose pas plainte par exemple pour diffamation, bien au contraire, c’est le Procureur qui ordonne une enquête, déjà sur le financement de certains médias en Albanie et en Ex-République Yougoslave de Macédoine par le Ministère des Affaires Étrangères sous le règne de Kotziás, d’après la presse grecque du 19 octobre. Le grec de la rue comme du café forcément amer, à l’instar du garagiste du quartier se demande alors de manière fort logique: “Si Kotziás a vraiment touché 50 millions de la part de Soros, alors Tsípras combien de millions aurait-il touché pour faire passer l’accord Macédonien ?” Question très populaire et interrogation sans doute “populiste” !

Il y a une semaine, j’évoquais l’Europe, la Grèce et même Soros, en la bonne compagnie de mon ami Olivier Delorme en visitant Salamine et les lieux de mémoire de sa bataille qui est alors et toujours la nôtre. Ensuite, nous avons partagé un autre moment lettré et attachant, lors de la présentation de son livre, “Tigrane l’Arménien”, rencontre animée par Marie-Mai Corbel à Lexikopoleío à Athènes le 11 octobre.

Il a été donc question de Salamine, des Arméniens, de leur Génocide de la part de la Turquie, de la géopolitique en gestation, de notre piètre nouveau siècle, comme des limites et des frontières que les mondialisateurs veulent détruire pour tous les autres sauf pour leur caste évidemment. Enfin, maigre et néanmoins consolation, tout le monde aura remarqué la présence de Léxi (le “Mot”), le chat d’Odile et de Yánnis de Lexikopoleío, nouvelle âme féline et digne gardienne des lieux. Et depuis, voilà que l’actualité nous rattrape une fois de plus, pour ne pas dire qu’elle nous dépasse.

Le journaliste, ouvertement pro-Étatsunien et pro-britannique Yórgos Trángas dans son émission sur 90,1 FM du 19 octobre, expose alors très volontiers sa version des faits: “Kotziás, c’est l’idiot utile et c’est aussi pour cette raison qu’il n’a pas été soutenu par Tsípras. Ce dernier préfère obligatoirement et de loin son Ministre de la Défense Kamménos, et pour cause. Kamménos est depuis un moment lié au cercle de Donald Trump, et aussi à Israël, et il ne fait rien sans au préalable téléphoner aux Américains, comme lors de son récent voyage officiel aux États-Unis. Lorsque tout le monde à Athènes et de manière il faut dire imprudente avaient ouvertement soutenu verbalement Hilary Clinton, Tsípras compris, Pános Kamménos était le seul homme politique grec s’exprimant publiquement en faveur du candidat Trump.”

Salamine, mémoire de la bataille, octobre 2018
Salamine, octobre 2018
Olivier Delorme, Marie-Mai Corbel et… Léxi. Athènes, le 11 octobre 2018
Léxi de Lexikopoleío. Athènes, octobre 2018

“C’est ainsi que Kamménos a déjà obtenu le feu vert américain pour son futur voyage officiel à Moscou accompagnant Tsípras chez le Président Poutine, cette visite officielle est programmée pour la fin de cette année. Tandis que Kotziás, il avait été d’emblée déclaré comme étant indésirable à Moscou, car il est à l’origine de l’extradition frappant deux diplomates Russes l’été dernier, d’où cette dégradation finalement nuisible dans les relations entre la petite Grèce et la grande Russie. Accessoirement, Kotziás avait été davantage l’homme de Berlin ou plutôt de Soros, comme finalement de leur politique dans les Balkans, ce que Russes et Américains peuvent ne pas disons-nous, trop apprécier. Je sais que Kamménos suit de très près les agissements et les magouilles de Soros en Grèce et il prend des notes, de même que sur les affaires relatives aux millions qu’il distribue ici ou là, et notamment, à certains journalistes et médias, dont le très Syrizíste ‘Quotidien des Rédacteurs’, toujours d’après Kamménos, et c’est à se demander ce que Soros aurait fait… pour que la télévision publique ERT lui consacre récemment un documentaire, encensant principalement les supposés bienfaits des structures et ONG à la Soros à travers le vaste monde.”

“Lors d’une rencontre entre nous un peu plus tard, c’est d’ailleurs Kamménos en personne qui m’a raconté qu’au moment des douloureuses négociations finales entre l’équipe Tsípras et Bruxelles c’est-à-dire Berlin en juillet 2015, Tsípras l’a sollicité le convoquant à Bruxelles pour trouver enfin une issue. Dépêché à Bruxelles, Kamménos a d’abord averti Tsípras que la salle attribuée à la délégation grecque était en réalité truffée de micros allemands et qu’ensuite, Varoufákis est franchement un agent, voire, un employé de Soros. Une partie de la délégation grecque s’est ainsi réunie dans un restaurant à poisson, et c’est Kamménos qu’a téléphoné aux Américains de l’administration Obama à l’époque, laquelle a réagit quelque temps plus tard en indiquant aux Grecs qu’ils devaient attendre l’appel imminent de François Hollande ainsi que l’arrivée dans l’urgence, d’une délégation françaises, porteuse des propositions à adopter pour ainsi… clore les négociations.”

Lors de sa visite la semaine dernière aux États-Unis, Kamménos a informé ses interlocuteurs des agissements de Soros, comme il en a été informé autant de leur côté par les Américains. D’ailleurs Tsípras en était informé des intentions de Kamménos avant son départ. En réalité, le vaniteux Kotziás a été dévoré et limogé par Kamménos, au moment même où ce dernier montait dans l’avion à destination des États-Unis. Inutile de dire que Kamménos a obtenu le feu vert pour attaquer Soros et les siens en Grèce, depuis ceux de l’équipe de Donald Trump, car on sait combien le Président des États-Unis est en guerre contre le financier et spéculateur Soros”, Yórgos Trángas, 90,1 FM au 19 octobre, cité de mémoire. Voilà ce que les Grecs peuvent entendre parfois à la radio. Alors info, et/ou intox ? Certes, le “Quotidien des Rédacteurs” attaque très violemment Kamménos, sauf qu’à ce jour, il ne porte pas plainte contre lui, étrange non ? Au pays… très occupé, on sait encore s’amuser dans un sens entre nos maux et leurs mots, nos actualités et autres analyses géopolitiques, c’est à la fois du Thucydide et d’Agatha Christie ainsi réunis !

En Thessalie comme ailleurs, on suit les nouvelles et on reste assez perplexe. Deux ministres du même gouvernement qui s’accusent mutuellement et qui se déchirent, un financier spéculateur du trop vaste monde qui intervient dans les affaires des pays, des sociétés et des nations pour en faire de la bouillie sans la moindre légitimité et même dans l’illégalité, puis, des faits présumés rapportés si graves, que la Justice devrait alors intervenir. Mais non. Le Président de la République n’intervient guère pour provoquer des élections anticipées, même… au moyen d’un système électoral trafiqué. On reste perplexe, sauf celles et ceux qui ne se nourrissent que grâce aux repas distribués par l’Église Orthodoxe par exemple et non pas d’actualités jugées inutiles. Petit pays… soigné aux petits ognons !

Montagne en Thessalie, octobre 2018
Repas distribué par l’Église. Thessalie, octobre 2018
Bois de chauffage. Thessalie, octobre 2018
Petits ognons. Thessalie, octobre 2018

Couleurs d’automne donc. Le seul pays grec qui se dresse disons… au-dessus de la mêlée, c’est peut-être celui des montagnes. Les feuilles tombent des arbres, ses contrées sont belles mais quasiment vidées de leurs habitants. On y rencontre surtout les animaux, leurs bergers, puis, ici ou là, quelques visiteurs consciemment égarés. Les derniers gardiens des lieux comme à Agrafa, village et autant massif montagneux en Eurytanie, près de la Thessalie voisine, ne font pas dans le folklore, sauf que l’esprit rebelle et résistant des ancêtres n’est pas mort.

Il faut préciser qu’un projet pharaonique germano-compatible d’installation d’éoliennes menace cette région montagneuse dont l’autonomie et l’autogestion furent même respectées sous les Ottomans, c’est pour dire. La décision date d’avril 2018, et c’est un décret du ministrion de l’Énergie, ayant en son temps prolongée, provoqué déjà l’indignation des habitants à Ágrafa.

Le décret impose sans la moindre consultation préalable, la construction de deux immenses parcs d’éoliennes. Faisant suite à plusieurs ajournements et rejets, le ministère de l’Environnement et de l’énergie, a finalement accordé la licence d’installation aux deux projets éoliens géants dans cette région d’Ágrafa, ces décisions ont été émargées par le ministre par simple ordonnance, destinée au… Gestionnaire des Énergies, un certain Alexópoulos.

De leur côté, ceux du Mouvement des citoyens pour la protection de l’environnement de la région Evritanía/Ágrafa rappellent d’abord, que pour ce qui est du grand ensemble montagneux du Pinde, son cœur se situe très exactement à Ágrafa. Ainsi, une économie viable et surtout intelligente dans la région, n’est alors possible qu’en mettant l’accent entre autres, sur le tourisme alternatif, sur l’agriculture et sur des activités traditionnelles. Seule une telle option viable peut redonner vie et ainsi espoir aux réalités humaines de la région, pour la maintenir même dans la mesure du possible au sein d’une économie nationale ayant enfin du sens. Pauvre pays, dévasté durant la décennie 1940 entre l’Occupation et la Guerre Civile, Grèce des montagnes alors vidée de plus de 700.000 habitants et dont le coup de grâce se concrétise actuellement sous les escrocs politiques actuels.

NON aux éoliennes. Agrafa, octobre 2018
NON aux éoliennes. Ágrafa, octobre 2018
Ágrafa, octobre 2018

Ces derniers, largement contrôlés, et très probablement… concrètement et correctement “remerciés” par les constructeurs des éoliennes, Allemands d’après le reportage disponible; marionnettes politiques grecques faisant alors de leur… mieux. Deux grandes installations éoliennes devraient être construites aux sommets vierges de la région d’Ágrafa et cela à une altitude d’ailleurs inhabituelle en Grèce comme dans le reste monde, se situant entre 1600 et 2100 mètres. Là où les routes n’existent souvent pas, et lorsqu’elles existent, elles ne sont pas capables de supporter le transport d’énormes éoliennes ainsi que les matériaux nécessaires à la réalisation de l’installation. Des kilomètres de routes devront ainsi voir le (mauvais) jour à travers forêts de sapins et alpages, qui abritent encore une flore rare ainsi que l’essentiel pour ce qui est des grands mammifères et d’oiseaux sauvages du pays, et il s’agit d’une zone très protégée, classée NATURA 2000. L’Hybris et la démesure… qui atteignent des sommets jusque-là inimaginables.

Il est encore souligné par la “petite” presse engagée, souvent sur Internet, qu’en plus des éoliennes, tout un réseau de transport d’électricité devrait également être mis en place pour que les parcs des éolienne puisse être interconnecté au réseau existant plus bas en altitude. Cela signifie que les pylônes et les câbles de haute tension sur de nombreux kilomètres… “embelliront” autant le paysage, et ceci jusqu’au Lac Plastiras situé à 1000 mètres d’altitude en Thessalie voisine. En ce qui concerne le lac, il n’est pas exclu même, que ce projet entraîne également la privatisation de sa centrale hydroélectrique. Les parcs éoliens ne sont pas stables en termes de production d’énergie, ce qui oblige à compléter les charges en électricité par l’utilisation de l’énergie hydroélectrique. Et voilà comment les “investisseurs” iraient également prendre le contrôle des ressources en eau, lesquelles jusqu’à présent, elles sont aussi destinées à l’irrigation.

Pour les défenseurs de la… dernière intégrité de la région, “il y a aussi de quoi dénoncer le tristement célèbre lobbyiste pseudo-écologiste de Greenpeace, lequel s’adonne depuis peu à travers les médias, à une propagande sans pareil contre l’utilisation du charbon lignite dans la production d’énergie en Grèce et pour l’utilisation des énergies dites renouvelables, tandis qu’au même moment, la Banque européenne d’investissement (BEI) qui est la banque de l’Union européenne (UE), financera l’ensemble du projet, ceci afin d’augmenter le chiffre d’affaires du constructeur allemand des éoliennes”, articles sur Internet grec, dont par exemple sur le site Alfavita, datant de juillet 2018.

Ágrafa, octobre 2018
En Thessalie, octobre 2018
Petite taverne. Thessalie des montagnes, octobre 2018

Le berger rencontré près des alpages à Agrafa est naturellement très inquiet. “Nous avons été abandonnés et trahis par les politiciens et par les élus locaux, tous ces gens sont vendus aux Allemands. Nous ne voulons pas de cette catastrophe ici, regardez le sommet d’en face, ils ont déjà installé des instruments pour prendre toute la mesure du vent, de notre vent, mais comment alors les arrêter ?”

Trois sommets plus loin, des habitants et habitués de la petite taverne au village situé dans les montagnes d’Athamania et sur le cours supérieur de la rivière Achéloos à environ 800 mètres d’altitude, ont vu arriver un beau matin d’octobre les élus locaux et régionaux, en même temps que les gros engins. Travaux publics en vue, les élections auront lieu au mois de mai comme on sait. Couleurs toujours d’automne !

Les feuilles tombent des arbres tandis que des millions tombent paraît-il sur les Balkans. La nuit dernière, l’accord macédonien de Tsípras et de Zaev a été ratifié au Parlement de l’Ex-République Yougoslave de Macédoine, huit élus de l’opposition ont voté contre leur camp et contre d’ailleurs la volonté du peuple voisin, lequel, a largement boycotté et ainsi invalidé le referendum proposé par Zaev sur la question. L’opposition à Skopje dénonce ouvertement la corruption des élus de son camp. D’après ces accusations, ils auraient reçu jusqu’à deux millions d’euros pour changer d’avis, presse grecque du 20 octobre. Pános Kamménos bien d’ici, ne dit par autre chose dans un Twitter…bien nocturne.

Porte du passé. Thessalie, octobre 2018

L’Hybris et la démesure… qui atteignent des sommets encore inimaginables, et pas seulement à Ágrafa. Entre les… portes du passé et celles du futur en pleine gestation il n’y a qu’un laps de temps humain ainsi bien bref.

Les Grecs observent finalement la situation en Italie, cela, en dépit de la propagande déployée par les médias Euro-berlinois et Soros-compatibles de la Grèce soumise. La clef de l’avenir elle est peut-être dans la main des amis Italiens. Comme le souligne Jacques Sapir, “l’Italie sera donc soumise à une forte pression, tant des autorités de l’Union européenne qu’en interne, la presse se déchaine actuellement contre le gouvernement, et en provenance des marchés financiers. Mais, le gouvernement italien semble s’être préparé à y résister. Il peut s’appuyer sur les présidents des deux commissions économiques de l’Assemblée et du Sénat, Claudio Borghi et Alberto Bagnai, dont les convictions eurosceptiques sont bien connues, sur des membres du gouvernement, de Salvini à Savona, mais aussi sur des soutiens extérieurs et, plus important encore, sur une majorité des italiens.”

“Le fait que la réunion annuelle du centre de recherche de l’Université de Pescara que dirigeait Alberto Bagnai jusqu’à son entrée en politique, qui aura lieu les 10 et 11 novembre s’annonce très suivie, plus de 600 participants payants se sont déjà inscrits en 5 jours, est une bonne indication aussi du soutien que rencontre le gouvernement italien dans son bras de fer avec l’Union européenne. Le fait que Stefano Fassina, un dirigeant historique de la gauche italienne, qui avait démissionné du gouvernement et rompu avec le PD de Matteo Renzi et qui élu à l’Assemblée sous la bannière de Liberi et Uguali, ait annoncé sa participation à cette réunion est aussi un signe que ce soutien pourrait bien transcender les divergences politiques.”, Jacques Sapir, le 12 octobre 2018.

Mais alors dans les Balkans, certaines divergences politiques ont déjà été transcendées, et les millions du spéculateur Soros avec, paraît-il.

Couleurs et couleuvres d’automne, en Grèce et dans ses régions montagneuses dont l’autonomie et l’autogestion furent même respectées sous les Ottomans. Trois sommets plus loin et non loin d’Ágrafa, la vie comme ses expressions les plus essentielles, viennent toujours d’ailleurs, à l’instar de cette vielle femme qui brode assise dans la cour de sa maison: “C’est un petit chat adespote mais nous l’avons adopté, il n’y avait rien d’autre à faire.” Thessalie alors profonde. Rien d’autre à faire !

Nous l’avons adopté. Thessalie, octobre 2018

* Photo de couverture: Figure des lieux. Tríkala, Thessalie, octobre 2018

Grèce: l’austérité tue

La clinique métropolitaine de Helliniko a ouvert ses portes en décembre 2011. Depuis lors, il est devenu évident que les mesures d’austérité résultant du 1 er mémorandum signé par le Premier ministre de l’époque, George Papandreou, ont provoqué une catastrophe dans la société grecque. Depuis lors, nous avons dénoncé (et enregistré) les effets de l’austérité sur la santé publique et savions que ces résultats seraient visibles dans les indicateurs de santé.

Sept ans plus tard, avec la signature du troisième mémorandum et les obligations de  l’État qui se poursuivront jusqu’en 2060, une étude de la célèbre revue médicale britannique «The Lancet» montre exactement cela. L’étude est intitulée https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(18)30130-0/fulltext « Charge de morbidité en Grèce, perte en matière de santé, facteurs de risque et financement de la santé, 2000-2016: analyse de l’étude 2016 sur la charge de morbidité dans le monde ».

Pour résumer leurs conclusions:

  • Augmentation de la mortalité dans la population générale de 997,8 pour 100 000 habitants en 2010 à 1 174,9 en 2016 – une augmentation de la mortalité de 17,8%
  • Les cas de tuberculose ont augmenté parmi les citoyens grecs.
  • Les cas de VIH ont presque doublé entre 2010 et 2012, du fait que le programme de distribution de seringues gratuites aux toxicomanes a été abandonné pour réduire les coûts.
  • Augmentation des cas de dépression sévère et de suicide

L’étude analyse l’augmentation des décès dans la population en général par âge (la Grèce est indiquée en bleu) et note que l’augmentation des décès «coïncidait» avec les réductions des dépenses dans le secteur de la santé publique à partir de 2010.

En outre, il y a eu une augmentation des effets secondaires des médicaments, des actes d’automutilation et de nombreux types de cancer rencontrés à tous les âges. Les nouveau-nés et les enfants de moins de 5 ans décèdent de maladies traitables telles que la maladie hémolytique néonatale et la septicémie néonatale. Il y a eu une augmentation significative des cas d’automutilation chez les adolescents et les jeunes adultes. Mortalité accrue chez les personnes âgées de 15 à 49 ans due au VIH, à plusieurs néoplasmes pouvant être traités, à tous les types de cirrhose, à des troubles neurologiques (par exemple, la sclérose en plaques, une maladie du motoneurone), à ​​une maladie rénale chronique et à la plupart des types de maladie cardiovasculaire, à l’exception de la cardiopathie ischémique et accident vasculaire cérébral.

Pour résumer:

  • Les nouveau-nés meurent à cause de maladies traitables
  • Les adolescents et les jeunes adultes ont des taux de suicide plus élevés
  • Les adolescents et les jeunes adultes meurent de maladies liées à une mauvaise alimentation, à l’alcoolisme, au tabagisme et à des maladies traitables.

“Forzes” dans un article sur l’étude Lancet a commenté:

«L’augmentation du nombre de décès dus à l’automutilation chez les jeunes adultes est particulièrement frappante. C’est le coût humain du taux de chômage effroyablement élevé chez les jeunes en Grèce. Au plus fort de la crise, en 2013, il était de 58,21%, soit plus de la moitié des jeunes adultes. Même à l’heure actuelle, malgré le départ d’un demi-million de jeunes du pays, ce chiffre dépasse les 40%. Les jeunes adultes grecs sont confrontés à un choix difficile: partir ou faire face au chômage pendant toute leur vie. Il n’est pas étonnant que l’automutilation et le suicide aient augmenté. « 

«Mais malgré cette épidémie de désespoir, les augmentations de mortalité les plus importantes ne concernent pas les jeunes adultes, mais les bébés et les personnes très âgées. Cela témoigne d’une crise des soins de santé . « 

L’étude Lancet indique clairement qu’entre 2008 et 2014, les dépenses consacrées au système de santé publique grecque sont passées de 9,8% du PIB en 2008 à 8,1% en 2014, et se situent actuellement à 6%! De plus, le PIB a diminué de plus de 25% au cours de la même période (ce qui signifie que les dépenses publiques sont de 4,5%, contre 9,8% en 2008!).

L’étude Lancet indique en outre:

«Depuis la mise en œuvre du programme d’austérité, la Grèce a réduit son ratio de dépenses de santé par rapport au PIB, l’un des plus bas de l’UE, avec un financement des hôpitaux publics 50% inférieur à celui de 2009. Cette réduction a laissé les hôpitaux avec un déficit de fournitures de base, tandis que les consommateurs sont confrontés à des pénuries transitoires de médicaments. « 

Tout ce qui précède est la meilleure explication de la raison pour laquelle les hôpitaux publics grecs ont littéralement été dissous, avec d’immenses pénuries de matériel, de médicaments et de personnel. La seule raison pour laquelle les hôpitaux ne se sont pas complètement effondrés est le dévouement des médecins et des infirmières qui travaillent sans relâche jusqu’à l’épuisement et au-delà pour couvrir les déficits en personnel et en fournitures.

Cette évidence témoigne du fait que l’austérité tue. Et cela tue sur la base des politiques mises en œuvre par tous les gouvernements depuis 2010.

Qui répondra du ministère grec de la santé et qui justifiera?

  • La liste de milliers de personnes qui attendent jusqu’à quatre mois pour commencer leurs traitements contre le cancer alors qu’elles fondent littéralement.
  • Pour les pénuries inexcusables de médicaments, obligeant les hôpitaux publics à rechercher, mendier et emprunter afin de couvrir les besoins de leurs patients.

Et pour déterminer le véritable accès des patients non assurés au service de santé publique grec, nous aimerions que le ministre de la Santé dise :

  • Combien d’argent a été dépensé pour l’hospitalisation et les tests de diagnostic des patients non assurés ?
  • Combien de prescriptions électroniques (prescriptions reconnues dans le système de santé et subventionnées par le système) de tomodensitogrammes, d’IRM ou de scintigraphie ont été émises à des patients non assurés et combien d’examens ont finalement été effectués

Publié http://www.mkiellinikou.org/en/2018/10/04/austerity-kills-these-are-the-results-austerity-kills-there-is-proof/

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