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UE : nouveaux dirigeants, anciens problèmes

UE : nouveaux dirigeants, anciens problèmes par Attac Allemagne – Groupe de projet sur l’Europe


Commission européenne à Bruxelles, Belgique (CC – Flickr – Fred Romero)

Sur la situation de l’UE au moment de l’entrée en fonction de la nouvelle Commission européenne.

1. Lors de la campagne électorale pour le Parlement Européen en mai dernier, les partis établis et les grands médias ont réussi à donner l’impression qu’après une décennie de multiples crises les choses iraient mieux. Le taux de participation a augmenté et le grand journal Frankfurter Allgemeine Zeitung s’est réjoui de constater : « Les alarmes exacerbées et la dramatisation historique de la campagne électorale – mot-clé « vote déterminant pour notre destin » – ont peut-être semblé à certains être exagérées. Mais cela a eu l’effet escompté. »

2. Cependant, la désillusion vint vite. Le modèle » tête de liste », précédemment vanté comme preuve que l’UE pourrait être démocratisée, a été aboli d’un trait de plume, et la présidence de la Commission a été décidée par Macron et Merkel selon l’ancienne méthode. A été confirmé ce que Macron lui-même avait déclaré en 2017 : « Ceux qui dirigeaient l’Europe … ont cherché des accommodements à côté du peuple comme pour continuer une méthode qui pendant des décennies avait si bien réussi, celle de faire l’Europe un peu à part et d’expliquer ensuite. » [1]

3. Les conservateurs et les sociaux-démocrates n’ayant plus la majorité au parlement, les décisions deviendront plus difficiles. En conséquence, le Parlement – en termes de pouvoir déjà le maillon le plus faible des institutions de l’UE – perdra de l’importance politique, comme le montre la décision sur la présidence de la Commission.

4. De plus en plus de gens ont compris que les élections européennes ne répondent même pas aux normes démocratiques minimales :

  • elles étaient libres et secrètes, mais pas égalitaires. Si par exemple en Allemagne, on voulait voter pour la plate-forme de la gauche avec La France Insoumise, PODEMOS et les partis de gauche nordiques, on n’a pas pu le faire, car les élections ont été tenues d’après les règles nationales ;
  • il en va de même pour le seuil électoral. Alors qu’en Allemagne, un demi point de pourcentage était suffisant pour obtenir un siège, le seuil de cinq pourcents s’appliquait dans d’autres pays ;
  • le principe une personne – une voix ne s’applique pas. Dans les pays les plus peuplés, il faut pour un siège au Parlement Européen dix fois plus de voix qu’à Malte.

5. Ces déficits démocratiques sont à rajouter aux problèmes démocratiques structurels :

  • l’absence des fonctions les plus importantes d’un parlement : l’initiative législative et la souveraineté budgétaire,
  • il n’y a pas de séparation des pouvoirs dans l’UE,
  • les décisions importantes suivent les mécanismes de domination cachés (Bourdieu), c’est-à-dire une hiérarchie informelle avec la France et l’Allemagne en tête.

Mais même si ces problèmes étaient résolus, le constitutionnalisme néo-libéral subsisterait, c’est-à-dire la quasi-constitutionnalisation du néo-libéralisme dans les Traités et sa mise en œuvre dans le marché intérieur, privilégiant les intérêts du capital. Les privilèges structuraux et juridiques du capital sont bien illustrés dans les traités de libre-échange. Le droit démocratique pour les États et les municipalités de décider sur leurs affaires est systématiquement limité en faveur des profits des investisseurs. Une alternative fondamentale aux politiques économiques et sociales ne peut être obtenue qu’en modifiant les traités à l’unanimité. Une illusion, du moins tant qu’on obéit aux Traités.

6. Avec Ursula von der Leyen, une personne a été élue à la tête de la Commission, dont la priorité absolue est de promouvoir la militarisation et de faire de l’UE une grande puissance dans l’ordre mondial multipolaire émergeant et face aux conflits avec les États-Unis. Elle qualifie donc sa nouvelle Commission de commission géopolitique. Afin de satisfaire le désir de grandeur et de puissance, un nouveau département a même été créé. Cependant, les tentatives de parvenir à « la souveraineté stratégique » (Macron) se heurtent à une résistance massive. Non seulement les États-Unis, mais aussi la Pologne et les pays baltes préfèrent s’en remettre à une OTAN en état de « mort cérébrale » (Macron) plutôt qu’aux propres capacités militaires de l’UE.

7. Si les sondages pour les élections en Grande-Bretagne sont corrects, le pays quittera l’UE le 31 janvier 2020. Le Brexit ne signifie pas simplement qu’un pays membre parmi 28 partira. Le Royaume-Uni est la deuxième économie de l’UE et la cinquième du monde. En termes économiques, cela signifie autant que si les 18 économies en fin de classement sortaient. C’est aussi une puissance nucléaire, ce qui confère malheureusement toujours un statut spécial dans le système international, et un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais le plus grand défi pour Bruxelles pourrait être à venir. Si le Royaume-Uni ne connaît pas le déclin annoncé après le Brexit, cela montrerait aux pays tentés d’en faire autant : on peut bien réussir sans l’UE.

8. Une autre priorité de la nouvelle Commission est la construction de la « Forteresse Europe. » En l’absence de consensus en matière de politique humaine sur la migration, la seule chose qui puisse encore être convenue est le renforcement des frontières extérieures. Le Département des Migrations s’appelle désormais « Promotion de notre mode de vie européen » – une formule qui indique un glissement net vers la droite en matière de fuite et migration. Le terme mode de vie européen signale la tentative de former une identité euro-nationaliste par le haut.

9. Une autre priorité de Mme von der Leyen est un Green Deal. Cela sonne bien. Mais compte tenu de l’hétérogénéité des intérêts entre la Pologne avec sa houille, la dépendance de la France de ses centrales nucléaires, le tournant énergétique en Allemagne, largement laissé à l’anarchie des marchés, et les conflits sur le gaz russe, des changements substantiels sont encore moins probables qu’avec le programme sur le climat décidé récemment en Allemagne.

10. Le débat sur le cadre budgétaire 2021-2027 montre également que la politique climatique n’a aucune chance à la hauteur des défis. Jusqu’à présent, chaque pays a contribué avec 1 % de son PIB au financement de l’UE (NB : l’objectif militaire de l’OTAN est de 2 % !). Comme la contribution britannique doit être compensée, les contributions de tous augmenteront. A cela il faut rajouter les fonds supplémentaires pour le financement de la militarisation (PESCO), soit environ 13 milliards d’euros pour ce que l’on appelle le fonds de défense. Ainsi, le budget 2020 reste en deçà de l’objectif de consacrer 20 % à la politique climatique, tel que l’avait recommandé le Parlement. Il y a plus de populisme dans ce Green Deal que de sérieux contre le changement climatique.

11. Rien n’est dit sur les effets centrifuges de l’euro, l’un des problèmes structurels les plus importants de l’UE : La tentative de Macron de stabiliser la zone euro a été diluée au point de ne plus être reconnue. Il voulait « plusieurs pourcents du PIB » – donc au moins 2 %. Cela représenterait 231 milliards par an. L’instrument budgétaire de convergence et de compétitivité désormais adopté prévoit 17 milliards – sur 7 ans, soit 2,4 milliards par an, soit 0,002 % du PIB.

12. L’UE reste une construction précaire qui ne dispose pas des instruments politiques, économiques, financiers et juridiques pour résoudre les crises cruciales de notre époque. La crise permanente, se débrouiller tant bien que mal et l’érosion continuelle vont donc se poursuivre avec Mme von der Leyen.

13. L’un des principaux défis pour une politique émancipatrice est de s’opposer à la militarisation et à la politique de grande puissance. Surtout du point de vue des pays du Sud, la militarisation et le comportement de grande puissance représentent la continuation de 500 ans de colonialisme et d’impérialisme. En même temps, ces politiques absorbent les ressources politiques, financières et intellectuelles nécessaires pour résoudre les problèmes environnementaux et pour éradiquer la pauvreté. En aucun cas une politique émancipatrice ne doit prendre parti dans la controverse entre d’une part l’OTAN/USA, d’autre part l’indépendance militaire de l’UE. Il faut lutter, au-delà de la peste et du choléra, pour un ordre mondial démocratique, pour la coopération internationale, la détente, la résolution politique des conflits, la paix et le désarmement, y compris pour un ordre de paix pan-européen, de Lisbonne à Vladivostok.

En outre, il est nécessaire de mener des campagnes contre le néolibéralisme dans les politiques économiques, commerciales, financières et sociales et contre le démantèlement de la démocratie.

Enfin, le débat sur les questions fondamentales concernant l’avenir de l’UE et des alternatives émancipatrices doit se poursuivre.


1er Décembre 2019

France : Même choc qu’en Grèce sans passer par une demande de la troïka

“Le traitement de choc administré à la France par Macron rappelle celui infligé à la Grèce” par Georges Nurdin

Plusieurs années après la potion amère infligée par la Troïka à la Grèce, le pays va mal. Or, un traitement similaire est administré à la France, dénonce notre chroniqueur Georges Nurdin, économiste, consultant international essayiste et écrivain.

A la Grecque. Cela évoque de nombreuses combinaisons : les champignons, les yaourts, et bien d’autres choses encore, mais aussi – plus récemment – l’économie. C’est cette dernière perspective qui nous intéresse car, en effet il existe de plus en plus de ressemblances entre le “traitement de choc” administré à la Grèce suite à la crise de 2008 (crise, rappelons-le, qu’elle n’a pas provoquée mais qui lui a été infligée de l’extérieur) et celui qui est en train d’être appliqué à la France du “Nouveau Monde”.

En quoi a consisté la “cure grecque” qui a été administré au pays, de force par Docteur Europe et Professeur FMI, et Maestro Banque Centrale : la fameuse Troïka (le vocable utilisé évoque la nostalgie des temps soviétiques, celui du gosplan et soviet suprême, un comble pour l’Europe… si démocratique) ? Cela tient en six points : sabrer dans les pensions et les retraites de tous – la pénurie universelle -, sabrer dans les indemnités de chômage et dans les minima sociaux, sabrer dans les dépenses dites “sociales” – y compris la santé et l’éducation -, “flexibiliser” le travail (c’est à dire en éliminant quasiment toute protection du salarié et en généralisant les contrats précaires), réduire drastiquement la fonction publique et le service public… et vendre les bijoux de famille (privatiser les infrastructures appartenant à L’Etat, tels que les aéroports, les ports, les trains, etc…). Cela ne vous rappelle rien ?…

Et comment va la Grèce depuis ? Car la thérapie “à la grecque” a servi de laboratoire, de test in vivo à une thérapie “progressiste” de choc en Europe. Chypre ayant quant à elle servi de laboratoire pour la confiscation des avoirs et des comptes courants des particuliers par les banques, toujours dans le cadre de l’UE… La question est intéressante, car on peut se faire une idée par simple homothétie de ce qui peut ou va se passer chez nous, suivant le principe que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Et bien, la Grèce ne va… pas bien… mais pas bien du tout. La pauvreté s’étend désormais à un tiers de la population, le taux de chômage des jeunes se situe à plus de 40 % et le coefficient de Gini est passé de 0,32 à 0,37 depuis 2008, ce qui veut dire que les pauvres sont devenus beaucoup plus pauvres et que les “premiers de cordées” sont devenus plus riches… : la “redistribution” via le fameux “ruissellement” n’a, bien entendu, pas fonctionné… ou plutôt si, mais en sens inverse. Les talents se sont expatriés, les classes moyennes sont exsangues, laminées, et surtout, sans perspectives, vides d’espoir et d’avenir. Et c’est peut-être cela le plus grave et le plus inquiétant.

Le PIB se situe à en retrait de 20% par rapport à son niveau de 2008 et d’après les économistes du Financial Times, qui ne sont pas réputés pour être des tendres, il ne le retrouvera (dans le scénario dit le plus favorable) qu’en… 2040. Et encore, peut-être, si tout va bien. En clair il faudra sacrifier, a minima, deux générations sur l’autel du dogme monétaire, l’actuelle et la suivante pour espérer revenir, peut-être, dans le meilleur des cas, au point de départ.

C’est donc, avec la cure à la grecque, une certaine vision du “progrès” qui est … en marche… Mais cela a-t-il un sens de l’appliquer, avec brutalité en plus, à un pays comme la France ? La réponse est clairement : non ! La situation ne le justifie pas, les fondamentaux économiques, financiers, sociaux et sociétaux non plus. Alors pourquoi l’appliquer ?

D’ abord parce qu’il faut rentrer, de toute urgence, donc de force et avec violence, dans les “critères” de Bruxelles et de Maastricht. C’est qu’on ne transige jamais avec l’idéologie et le dogme. Car l’Économique, enfin, une interprétation très limitée, extrêmement régressive, dépassée et punitive de l’Économie, domine le “projet” européen actuel. Ensuite l’Hubris, cette pulsion d’orgueil et de démesure qui fait que l’on se prend pour Dieu, Zeus, ou… Jupiter, si bien décrite et honnie par les Grecs Anciens, est un facteur sinon déclenchant du moins aggravant. Terriblement aggravant dans les circonstances actuelles… L’ Hubris n’est pas le courage et encore moins l’audace. C’est en fait tout son contraire.

Mais, il faut reconnaître que, malgré leurs protestations et leurs souffrances, les violences faites aux Grecs et aux Chypriotes sont “passées”, et – inutile de le préciser – avec la “bénédiction” de Bruxelles. Et, bien sûr, cela est de nature à faire tâche… d’huile. Quant à savoir si cette huile sera mise dans les engrenages ou sur le feu… Réponse dans les prochains mois.

Georges Nurdin, économiste, consultant international essayiste et écrivain (Les multinational émergentes, International Corporate Governance, Le temps des turbulences, Wanamatcha !).

Source https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-traitement-de-choc-administre-a-la-france-par-macron-rappelle-celui-inflige-a-la-grece-1356298?fbclid=IwAR3yoUx5y6Ih-T7J6_1dn-ScK_ccYH0YZGlOjO-TRpQHex-tw2AUNgwBOdY

Au sujet du film Adults in the room

Nous avons décidé de rassembler dans cet article quelques textes en réaction à ce film (I) mais aussi rappeler que dans la période février 2015 jusqu’à la signature du mémorandum de juillet 2015 il y avait bien des arguments pour refuser le dictat de l’Europe et proposer d’autres alternatives (II)

I. LES RÉACTIONS AU FILM

22/11/2019 Un article d’Eric Toussaint Force et limite du film « Adults in the Room » de Costa-Gavras  .

Dans son dernier film, le réalisateur s’emploie à dénoncer le comportement brutal des dirigeants politiques européens durant la crise grecque de 2015. Une démarche fort louable. Mais il est regrettable qu’il passe sous silence un certain nombre d’éléments marquants de cette période. http://www.cadtm.org/Force-et-limite-du-film-Adults-in-the-Room-de-Costa-Gavras

15/11/2019 Un article de Patrick Saurin  » Jeudi 7 novembre, la rédaction de Mediapart a organisé un live avec Varoufákis et Costa-Gavras, à l’occasion de la sortie du film du cinéaste grec, « Adults in the Room », inspiré du livre de Varoufákis. Les intervenants ont donné de la crise dette une vision grandement tronquée qui m’a amené à faire cette mise au point à partir d’éléments factuels. http://www.cadtm.org/Adults-out-of-the-Room

11/2019 L’entretien sur Médiapart https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/061119/dans-les-coulisses-de-la-crise-grecque-avec-varoufakis-et-costa-gavras

14/11/2019 Un article de Francis Wurtz « Voyage glaçant à l’intérieur de l’Eurogroupe Adults in the room dans l’humanité

14/11/2019 : Cinéma La tragédie grecque de Costa-Gavras Alternative Eco Film Adults sur Alter eco

14/11/2019 : https://npa2009.org/idees/culture/adults-room-de-costa-gravas

16/11/2019 https://www.legrandsoir.info/adults-in-the-room-un-film-engage-estimable-mais-boiteux.html

15/10/2019 Lettre ouverte de Zoé Konstantopulou (ex-présidente du parlement grec) au cinéaste Costa-Gavras en français https://blogs.mediapart.fr/patrick-saurin/blog/151019/lettre-ouverte-de-l-ex-presidente-du-parlement-grec-au-cineaste-costa-gavras en grec  https://www.freedomtv.gr/post.php?p=225

29/1/2019 Par Eric Toussaint Critique de la critique du livre Conversations entre Adultes’ de Yanis Varoufakis dont est tiré le film http://www.cadtm.org/Critique-de-la-critique-critique-du-livre-Conversations-entre-Adultes-de-Yanis

II. REFUSER LE DIKTAT DE L’EUROPE ET PROPOSER D’AUTRES ALTERNATIVES

04/2015 Par Cédric DURAND Economiste à Paris-XIII Razmig KEUCHEYAN Sociologue à Paris-IV et Stathis KOUVÉLAKIS Philosophe au King’s College de Londres sur la rupture avec l’Europe et la faiblesse du soutien à Syriza sur le continent européen  https://www.grece-austerite.ovh/150416-faire-cause-commune-avec-la-grece/

Depuis 5/2015 à 01/2018 Tous les articles en français de la Commission pour la vérité sur la dette grecque  http://www.cadtm.org/Commission-pour-la-verite-sur-la,2224

5/5/2015 Grèce: l’heure de la rupture, par Stathis Kouvelakis L’heure de la rupture

27/8/2015 https://www.humanite.fr/grece-stathis-kouvelakis-aucune-illusion-sur-le-carcan-de-leuro-582336

09/2015 Costas Lapavitsas économiste marxiste de l’Université de Londres, ex-membre de Syriza présente les côtés positifs d’une sortie de la zone euro et les principales étapes de la transition Lapavitsas et la sortie de la zone euro

De 2017 à 2019 : Les 9 articles d’Eric Toussaint avec la série : Le témoignage de Yanis Varoufakis : accablant pour lui-même https://www.grece-austerite.ovh/e-toussaint-au-sujet-de-y-varoufakis-9e-partie/

 07/2017 Par Zoé Konstantopoulou qui préface le livre d’Eric Toussaint et donne sa version de la période  https://www.grece-austerite.ovh/preface-au-livre-deric-toussaint-sur-la-dette-grecque-par-zoe-konstantopoulou/

18/10/2019 Témoignage d’Alexis Cuxier, suivi d’une analyse de ce qui s’est passé en Grèce en 2015 et mettre en discussion quelques-unes des propositions qui auraient permis d’éviter cette catastrophe politique et de mettre en œuvre une politique démocratique et au service des classes populaires https://www.grece-austerite.ovh/grece-2015-une-dystopie-politique/

 

France : la réforme des retraites toujours plus de précarité

Pour comprendre la réforme des retraites en 59 mn regarder la conférence  » les dangers de la réforme des retraites  » .

Le collectif « Alternative l’austérité » organisait une conférence-débat sur Les dangers de la réforme des retraites : avec Evelyne Dourille-Feer, docteure en économie mouvement Attac Paris.

Après avoir rappelé le système actuel elle présente les 8 bobards de la nouvelle réforme et les propositions d’Attac pour un maintien du régime par répartition le meilleur système d’Europe qui demande juste quelques améliorations.

<https://www.tvnetcitoyenne.com/news-details.php?page=content&type=videos&idcontent=6705>

Lendemain du 17 novembre 2019 à Athènes : un goût de sang dans la bouche

Très dure nuit pour qui aime Exarcheia et la lutte révolutionnaire en Grèce.

http://blogyy.net/wp-content/uploads/2019/11/75362529_2320169061627041_493612379351810048_n.jpgTrès dure nuit pour qui aime Exarcheia et la lutte révolutionnaire en Grèce.

LENDEMAIN DU 17 NOVEMBRE 2019 À ATHÈNES : UN GOÛT DE SANG DANS LA BOUCHE

Beaucoup de nos compagnons ont passé la nuit entre quatre murs, après des passages à tabac systématiques. D’autres ont été blessés, dont trois à la tête transférés en ambulance à l’hôpital. D’autres encore ont dû se terrer durant une bonne partie de la soirée, voire toute la nuit, pour ne pas se faire rafler et tabasser par des policiers qui semblaient très excités, comme en plein jeu vidéo de guerre dans tout le quartier.

Au total, plus de 5000 policiers, un hélicoptère et des drones transmettant en permanence la position des insurgés résistant depuis les toits. Des policiers anti-terroristes, des policiers anti-émeutes, des policiers en civil, des voltigeurs, des blindés munis de canons à eaux… L’armada en uniforme qui a convergé vers Exarcheia, pendant les deux manifs successives(1), était beaucoup trop nombreuse et suréquipée pour les irréductibles du quartier rebelle et solidaire.

Exarcheia n’a pas tenu longtemps. Déjà en partie occupée depuis des semaines, elle a rapidement basculé sous le contrôle de la soldatesque prétendument gardienne de la paix. Rares sont les lieux en son sein qui sont encore à l’abri. Ce matin, alors que le soleil n’est pas encore revenu, Notara 26 est encore debout, de même que le K*Vox ou encore la structure autogérée de santé d’Exarcheia (ADYE). Mais ces lieux et quelques autres font figures de derniers bastions dans un quartier hors norme minutieusement dévasté par l’État grec au fil des semaines, dans le but de faire disparaître l’une des sources d’inspiration du mouvement social dans le monde entier.

Aujourd’hui encore, le sang a coulé, y compris celui d’une jeune femme frappée à la tête au point de peindre sur le sol le vrai visage du régime. Non seulement la junte ne s’est pas terminée en 1973, mais le nouveau gouvernement, avec ses ministres dont certains sont issus de l’extrême-droite et sa politique toujours plus autoritaire, se rapproche pas à pas de l’exemple du Colonel Papadopoulos et de sa clique.

Avec les nouveaux moyens technologiques achetés notamment à la France, le pouvoir surveille, traque, piste, inquiète, menace, frappe et arrête comme bon lui chante. Oui, la manifestation en souvenir de l’insurrection de 1973 a eu lieu, nombreuse même, mais encadrée par une quantité impressionnante de flics et de cars de MAT bloquant toutes les issues.

Dans les rues d’Exarcheia, des dizaines de compagnons ont été contraints de s’asseoir par terre ou de se mettre à genoux, mains derrière la tête, sous les coups, les quolibets et les humiliations. Ici, une femme est trainée par les cheveux. Là, un homme est frappé aux testicules. Et puis des flaques de sang, ça et là, aux coins de la place centrale du quartier meurtri.

Dans les médias, c’est le concert de louanges sur toutes les chaînes : Mitsotakis aurait enfin rétabli « l’ordre et la démocratie » partout en Grèce, y compris dans « Exarchistan », la zone de non-droit où sévissent encore quelques centaines de Mohicans. Les breaking news passent sans transition de la victoire du Grec Tsitsipras au Masters de tennis à l’occupation policière d’Exarcheia, complètement paralysée après une trop brève résistance. Mitsotakis salue la victoire de son compatriote tennisman et promet d’en finir avec les derniers squats très bientôt. Selon lui, sa mission dans ce domaine sera bientôt finie.

Il souhaite aussi venger la visite de Rouvikonas, ce dimanche matin, au domicile du ministre de l’économie : Adonis Georgiadis, un ancien du parti d’extrême-droite LAOS. Particulièrement raciste, Georgiadis a notamment déclaré vouloir « rendre la vie encore plus dure aux migrants » pour les dissuader de venir en Grèce. Par cette action volontairement organisée juste avant la manif du 17 novembre, Rouvikonas a voulu montrer, une fois de plus, que, si nous sommes vulnérables, ceux qui nous gouvernent le sont aussi : « Nous connaissons vos adresses personnelles, nous savons où vous trouver ! » a menacé le groupe anarchiste dans son communiqué. La levée de boucliers de toute la classe politique a été immédiate. Par exemple, le PASOK et l’Union du centre se sont dit choqués que des activistes se permettent d’aller perturber la vie privée des dirigeants politiques, quels que soient les désaccords. « Cela nous conforte dans notre volonté de classer Rouvikonas parmi les organisations terroristes » a déclaré un ministre  à la télé. Rouvikonas est la prochaine cible prévue, « sitôt que le cas d’Exarcheia sera totalement réglé ».

La loi se durcit contre toutes les formes de résistance. Par exemple, l’usage d’un cocktail Molotov coûte désormais jusqu’à 10 ans de prison, et non plus 5 comme auparavant. Nasser les manifestants est beaucoup plus facile qu’autrefois grâce à la « neutralisation des sentinelles sur les toits », c’est-à-dire des groupes qui, jusqu’ici, observaient et envoyaient un déluge de feu depuis les hauteurs du quartier sitôt que les rues étaient perdues, notamment autour de la place centrale d’Exarcheia. Les positions de la police dans le quartier continuent de progresser. Des employés de la mairie d’Athènes sont envoyés sous escorte policière pour nettoyer les tags sur les murs. Chose qui rappelle « Murs blancs, peuple muet »: l’un des slogans contre la dictature des Colonels. Idem à l’autre bout de l’Europe en mai 1968.

Dans la nuit tiède athénienne, des voix s’interrogent sur la suite, des listes de discussions se raniment, des messages circulent pour exprimer la colère, la révolte et la solidarité, mais aussi des idées, des suggestions, des désirs. Devant le squat de réfugiés Notara 26, la plus grande banderole annonce obstinément : « Vous ne parviendrez pas à évacuer tout un mouvement ! »

Cette nuit, Exarcheia la rebelle a un goût de sang dans la bouche, immobile et silencieuse dans l’obscurité, mais elle est encore vivante.

Yannis Youlountas

Source http://blogyy.net/2019/11/18/lendemain-du-17-novembre-2019-a-athenes-un-gout-de-sang-dans-la-bouche/ ( toutes les photos)

Photos : Marios Lolos, Alexandros Katsis, Maria Louka, Radiofragmata, Mimi A Feline, Mimis Oust, Nikolas Georgiou, Alex Aristopoulos…

(1) Comme vous pouvez le voir sur les photos, il y a eu une manif à la mi-journée, puis une autre à la nuit tombée (comme c’est souvent l’usage à Athènes).

À noter : vous trouverez, bien sûr, des séquences vidéos et d’autres explications sur tout cela dans notre prochain film documentaire « Nous n’avons pas peur des ruines ! »

France La fraude fiscale vue par Solidaire Finances publiques

Dans la bagarre sur la fraude fiscale, la question de l’estimation des pertes fiscales est centrale. Face à ceux qui tentent de la minimiser pour mieux « laisser faire, laisser passer », le syndicat Solidaires Finances Publiques maintient son estimation…

Un petit résumé ci-dessous et le rapport complet.

Évitement de l’impôt

Définir l’évitement illégal de l’impôt

Le périmètre qui sert à estimer les pertes fiscales : Optimisation, évasion, exil, expatriation, planification et fraude.

La France considère que l’évasion fiscale est à la fois légale (dans le cas de l’optimisation agressive) et illégale (avec la fraude). L’OCDE définit pour sa part l’évasion fiscale comme des « arrangements illégaux dans lesquels une obligation fiscale est cachée ou ignorée, c’est-à-dire que le contribuable paie moins d’impôt que ce qu’il est légalement obligé de payer en dissimulant un revenu ou des informations aux autorités fiscales ».

Estimation des pertes fiscales

En janvier 2013, elles s’élèvent selon Solidaires-finances publiques à 60 à 80 milliards d’euros par an. Cette estimation s’appuyait sur une extrapolation des résultats du contrôle fiscal et sur l’utilisation de données « macro » permettant de corriger certains biais de cette extrapolation.

En septembre 2018, l’actualisation de cette estimation nous conduisait à retenir sa fourchette haute, soit 80 milliards d’euros environ.

Ce chiffrage a été contesté par quelques personnalités, dont le ministre de l’action et des comptes publics. Malheureusement, ils n’ont pas produit d’autres travaux qui auraient pu permettre d’engager un débat pourtant utile.

D’autres travaux en revanche corroborent l’ordre de grandeur découlant de notre estimation. À titre d’exemple, un travail de l’Université de Londres estime à plus de 800 milliards d’euros le manque à gagner au sein de l’Union européenne dû à la fraude aux prélèvements obligatoires. Ramené à la France, cela correspondrait à près de 118 milliards d’euros le total de l’évitement illégal fiscal et social, soit un montant comparable à notre estimation haute et à celle de la Cour des comptes en matière de recettes sociales.

Analyse de l’évolution des résultats du contrôle fiscal

Les « redressements fiscaux » permettent de recouvrer environ 15 % du montant total des pertes fiscales graĉe à des moyens juridiques nouveaux. Sans eux, la hausse de la fraude fiscale eut été plus importante. Mais ils ne suffisent pas. Il faut aussi des agents, des moyens humains : moins d’agents = moins de contrôles et par conséquent des résultats en baisse avec 16,15 milliards d’euros (droits et pénalités) contre 21,19 milliards d’euros en 2015. La fin du service de traitement des déclarations rectificatives (STDR) n’explique pas tout. Les 1733 suppressions d’emplois que les services de contrôle ont subi entre 2012 et 2016 (plus de 3000 depuis le milieu des années 2000) constituent la principale explication de cette baisse.

Une entreprise soumise à la TVA a une chance de faire l’objet d’une vérification sur place tous les 154 ans et une entreprise soumise à l’impôt sur les sociétés a une chance de faire l’objet d’une vérification sur place tous les 60 ans environ.

Le « redressement fiscal moyen » exprimé en droits et pénalités demeure élevé : alors qu’il était de 192 482 euros en 2009, 223 883 euros en 2017 en baisse sensible à 188 532 euros en 2018, un niveau inférieur aux dix dernières années.

Cette situation est d’autant plus inquiétante que le pouvoir considère le contrôle fiscal comme une mission exercée au service de l’entreprise ou du contribuable vérifié avec la loi « Essoc » et que le Président de la République participe à la déconsidération des agents en charge du contrôle.

Que faire ?

Refaire du contrôle fiscal la véritable contre-partie du système fiscal, améliorer le mode de management du contrôle et de la DGFiP, favoriser la formation, la mutualisation et l’expertise, redonner des moyens juridiques utiles, renforcer les effectifs, offrir des droits et de la visibilité aux agents, utiliser intelligemment les outils numériques et intensifier la coopération entre administrations et États.

Lire le rapport complet 191107_rapport_lutte_contre_la_fraude_fiscale

La réforme de l’assurance chômage : machine à fabriquer de la pauvreté

Assurance-chômage

« Je n’ai jamais vu ça, un durcissement aussi violent » : des agents de Pôle emploi « horrifiés » par la réforme

par Nolwenn Weiler

La réforme de l’Assurance-chômage entre en vigueur ce 1er novembre. 1,3 million de demandeurs d’emploi, dont les plus précaires, verront leurs indemnités baisser dans l’année qui vient. Basta ! a rencontré des agents de Pôle emploi qui décryptent le nouveau système et ses conséquences.

C’est une véritable machine à fabriquer de la pauvreté qui va se mettre en branle à partir du 1er novembre. Même les agents du Pôle emploi en prennent le vertige. « Je n’ai jamais vu ça, un tel durcissement, aussi violent, lâche Aurélie, agente dans l’ouest de la France depuis dix ans. On touche les gens au portefeuille, on ne leur laisse plus de solutions. » L’objectif annoncé de la réforme : économiser 3,4 milliards d’ici fin 2021. Tout en mettant au passage un énorme coup de pression sur les demandeurs d’emploi, une nouvelle fois rendus responsables de leur situation.

Ces économies drastiques seront entièrement financées par les demandeurs, et plus particulièrement par les plus précaires d’entre eux – en intérim ou en CDD. La première étape démarre ce 1er novembre, avec un durcissement des conditions qui permettent d’ouvrir ses droits à l’assurance-chômage. La seconde débutera le 1er avril 2020, avec une chute brutale du montant des indemnisations.

Au total, la moitié des personnes indemnisées – principalement celles qui n’ont pas pu travailler à temps plein pendant au moins un an – verront leurs droits réduits, voire supprimés. Soit 1,3 million de personnes parmi les 2,7 millions qui bénéficient actuellement d’une indemnisation – sur, au total, 6 millions de personnes inscrites au Pôle emploi.

« Beaucoup de gens vont aller émarger au RSA »

« Cette réforme est effrayante, confirme Daniel, conseiller Pôle emploi depuis de nombreuses années. Il y aura une chute brutale des montants d’indemnisation pour celles et ceux qui ont des périodes de travail hachées. Beaucoup de gens vont aller émarger au RSA. »

Pour le moment, le gouvernement n’a pas évalué l’importance du report vers les minima sociaux pour les personnes qui perdront leurs droits à l’indemnisation. Quand elle a présenté la réforme, en juin 2019, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a même promis qu’il s’agissait d’une réforme « contre la précarité ». Le durcissement des conditions d’entrée à Pôle emploi permet d’en douter.

À partir du 1er novembre, pour pouvoir s’inscrire comme demandeur d’emploi, il faudra avoir travaillé six mois au lieu de quatre (soit désormais 910 heures, ou 130 jours). Quant à la période de référence, celle sur laquelle l’Unédic se penche pour comptabiliser les heures passées à travailler, elle baisse de 28 à 24 mois.

Certaines personnes qui, dans l’ancien système, auraient pu être indemnisées en ayant travaillé par exemple 6 mois sur les 28 derniers mois, n’auront plus accès à l’assurance-chômage. Auparavant, il fallait avoir travaillé en moyenne un jour sur sept pour ouvrir ses premiers droits. Il faudra désormais avoir travaillé un jour sur quatre !

Source https://www.bastamag.net/reforme-assurance-chomage-pole-emploi-indemnisation-droits-rechargeables-CDD-boulots-de-merde

Déficit de la sécurité sociale : un mensonge d’Etat

le Média : « Il n’y a eu aucune explosion des dépenses sociales. Le problème vient des ressources. Revenant sur sa parole, l’État a décidé de ne plus compenser à la Sécurité sociale les exonérations de cotisations sociales. Soit au total environ 5 milliards, c’est la cause essentielle du déficit affiché. L’État fait le généreux avec l’argent de la Sécurité sociale. Il lui impose en contrepartie de baisser les prestations. »

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Macron fait payer les mesures « gilets jaunes » par la Sécu !

Vous vous souvenez des quelques mesures « gilets jaunes » lâchées début décembre 2018 par Emmanuel Macron, alors que le pouvoir vacillait ? Presque un an après, surprise : alors que le budget de la Sécu est voté aujourd’hui à l’assemblée, on découvre que c’est la Sécu qui va payer 3 milliards de ces mesures ! Autrement dit, Macron se sert dans nos salaires pour payer ses mesures d’urgence…

[RADIO] Un entretien de Jérémie Younes avec Gérard Filoche à écouter ici : la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/macron-fait-payer-les-mesures-gilets-jaunes-par-la-secu

En 2018, les inégalités et la pauvreté ont fortement augmenté en France

Par Romaric Godin

Selon l’Insee, l’indice de Gini qui mesure les inégalités devrait avoir connu en 2018 une progression inédite depuis 2011, tandis que le taux de pauvreté progresserait également. C’est le fruit direct de la politique économique et budgétaire du gouvernement.

 

C’était le 23 août 2019. Avant la réunion en grande pompe du G7 de Biarritz, Emmanuel Macron reçoit à l’Élysée 34 dirigeants de multinationales pour qu’elles s’engagent « à la réduction des inégalités ». Toute la novlangue néolibérale est mobilisée pour l’occasion : il faut une « coalition des entreprises » pour une « croissance inclusive » et chacun y va de son engagement, la main sur le cœur. Le lendemain, sur la côte basque, le chef de l’État assure dans son intervention sur TF1 que les sept dirigeants réunis à l’Hôtel du Palais vont « prendre des mesures concrètes » pour lutter contre les inégalités. Le thème sera pourtant absent du maigre communiqué final. Symbole d’un gouvernement schizophrène qui aggrave ce qu’il entend réparer.

Emmanuel Macron et Édouard Philippe le 8 mai 2019. © Reuters Emmanuel Macron et Édouard Philippe le 8 mai 2019. © Reuters

Deux mois plus tard, les promesses des grandes entreprises ont été oubliées, mais leurs dirigeants, eux, ont encaissé les fruits de la politique du gouvernement. Et les premières estimations de cette politique ne laissent aucun doute : sous l’effet des choix économiques d’Emmanuel Macron et Édouard Philippe, les inégalités se sont creusées dans le pays et la pauvreté a progressé. L’Insee a publié ce 16 octobre une évaluation préliminaire du coefficient de Gini pour l’année 2018, année au cours de laquelle des mesures de défiscalisation du capital et de ses revenus ont été prises en priorité, dès le 1er janvier. Ce coefficient indique le niveau de dispersion des revenus : plus il est proche de 1, plus les inégalités sont grandes, plus il se rapproche de 0, plus elles sont faibles.

En 2018, l’Insee s’attend à une progression de 0,005 point de cet indice à 0,294. En soi, ce chiffre n’est guère parlant. Mais cela ferait de 2018 l’année au cours de laquelle cet indice, et donc les inégalités, a le plus augmenté depuis 2010. Grâce à son matelas social et à son système de redistribution, la France avait en effet réussi à effacer la forte hausse des inégalités observées pendant la crise où l’indice était monté de 2009 à 2011, de 0,290 à 0,306. En 2013, l’indice était retombé à 0,288, soit un niveau inférieur à celui de 2006. Il était depuis stabilisé autour de ce niveau. Mais c’en est désormais terminé. Si l’évaluation de l’Insee se confirme, l’indice de Gini sera, en 2018, supérieur à celui de 2009. Sauf qu’en 2009, la France avait connu une contraction du PIB de 2,8 % alors qu’en 2018, elle a connu une croissance de 1,2 %. Voilà donc pour la « croissance inclusive ».

Une telle ampleur de la hausse annuelle de l’indice de Gini et donc des inégalités ne s’est rencontrée que deux fois depuis 1996, soit depuis vingt-trois ans : en 1998, au moment de la « bulle Internet » et en 2010 en conséquence de la grande crise financière. Mais cette fois, c’est une construction politique consciente. L’Insee n’en fait pas mystère : la hausse de l’indice de Gini trouve son origine dans la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU), la fameuse « flat tax » qui limite à 30 % la fiscalité sur les revenus du capital. Et ce, par deux mécanismes.

Le premier est connu et évident : le PFU a réduit les prélèvements fiscaux sur ces revenus qui concernent les plus fortunés puisque ce sont eux qui étaient auparavant taxés avec des taux plus élevés. Ceci a compté pour 0,001 point d’indice. Mais surtout, en incitant au versement de dividendes pour des raisons fiscales, ce PFU a creusé encore davantage les inégalités. Les versements de dividende ont en effet fortement augmenté, concentrant la distribution avant redistribution sur les plus riches et faisant bondir l’indice de Gini de 0,004 point. Et comme la redistribution n’a plus joué, les inégalités issues de ces revenus du capital sont restées.

Évolution de la croissance de l'EBE des entreprises et de celle des dividendes versées. © Insee, note de conjoncture de juin 2019. Évolution de la croissance de l’EBE des entreprises et de celle des dividendes versées. © Insee, note de conjoncture de juin 2019.

Le PFU est donc une machine formidable à inégalités, comme nous le soulignions dès fin juin dans cet article : il concentre la richesse sur les revenus mobiliers et bloque toute redistribution. Il favorise le versement de dividendes disproportionnés au regard de la rentabilité des entreprises. Le gouvernement se vante de son succès en indiquant que le niveau de versement des dividendes lui permet de récupérer les recettes perdues par la limitation du taux. Mais comme, par ailleurs, le gouvernement ne pratique plus de politiques redistributives significatives, ce « succès » n’est pas utile à la lutte contre les inégalités.

Il ne l’est pas davantage pour le prétendu objet de ce PFU : l’investissement productif. Au reste, on ne le rappellera jamais assez, le secteur privé français ne manque pas de moyens d’investir : l’épargne des ménages est abondante et atteint un niveau record (15 %), tandis que l’épargne des entreprises est surabondante (le taux d’autofinancement des entreprises atteint 100 % de l’investissement) et la politique monétaire permet de disposer d’un accès bon marché et abondant aux crédits.

Bref, le PFU n’était pas une urgence sur le plan économique. Et ce n’est donc pas étonnant que même le très bienveillant comité d’évaluation de la réforme de la fiscalité du capital n’ait pu trouver d’éléments économiques concrets favorables à cette réforme et demande, ainsi, de la « patience »… Débarrassé de cette rationalité, il n’est donc plus que ce qu’il produit : un mécanisme de contre-redistribution visant à favoriser les classes aisées de la société.

Il est d’ailleurs important de noter que cette première estimation ne prend pas en compte, « pour des contraintes de disponibilité de données », les effets de la suppression de l’ISF, l’impôt de solidarité sur la fortune et sa transformation en simple impôt sur la fortune immobilière (IFI). Or, ces effets s’annoncent encore immense : une étude de 2019 citée par l’institut statistique a jugé qu’elle devrait creuser de 0,002 point l’indice de Gini, ce qui porterait la hausse annuelle à 0,007 point à 0,296, un niveau jamais atteint si on exclut la période 2010-2012 touchée par la crise et l’austérité des années 2010 et 2011. Bref, l’effet négatif sur les inégalités est sans doute beaucoup plus grave que ce que l’on peut aujourd’hui juger. L’estimation complète de l’indice de Gini pour 2018 sera publiée en septembre 2020.

Un changement en 2019 et 2020 ?

Reste évidemment une question : la situation va-t-elle changer avec les mesures fiscales 2019 et 2020, notamment la fin de la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages et la baisse de l’impôt sur le revenu pour les contribuables soumis aux deux premières ? Une évaluation de l’Institut des politiques publiques (IPP) publiée le 18 octobre a permis de mettre en évidence un « rééquilibrage » des mesures vers les « classes moyennes », entendues au sens large. Selon l’IPP, ce seraient alors, sur la période 2018-2020, la partie de la population comprise entre les 25 % les plus pauvres et les 25 % les plus riches qui seraient les grands gagnants des mesures fiscales de ces trois années avec des gains de revenus disponibles autour de 3 %, tandis que les 1 % les plus riches, eux, verraient ces gains s’établir à 2 %.

Impact des mesures budgétaires de 2018 à 2020. © IPP Impact des mesures budgétaires de 2018 à 2020. © IPP

Mais cela amène une première remarque : cette politique de rééquilibrage n’est pas le fruit de la « politique du gouvernement », mais d’une crise sociale que ce gouvernement cherche à éteindre sans revenir sur ses réformes passées.

Au reste, il faut alors prendre garde : l’effet signalé par l’Insee d’un changement de comportement induit par des versements accrus de dividendes liés au PFU pourrait perdurer et augmenter d’autant les gains pour les plus riches. Ces derniers, par ailleurs, cesseront de payer l’ISF sur le patrimoine mobilier et donc réalisent de facto ce gain chaque année, même si ce gain n’est pas enregistré comme tel dans les statistiques.

Par ailleurs, comme l’a noté l’économiste de l’OFCE Pierre Madec, en euros, les gains moyens montrent encore des écarts considérables : 4 462 euros en moyenne pour les 1 % les plus riches contre 800 à 1 300 euros pour les classes moyennes. À noter enfin qu’en fin de quinquennat interviendra la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % les plus riches.

Enfin et surtout, les grands perdants, sans aucune contradiction possible, de ces mesures sont les personnes figurant dans le premier décile, autrement dit les 10 % les plus pauvres en termes de revenus. Pour eux, les gains sont faibles et parfois même nuls ou négatifs. Ce sont eux qui participent le plus au financement des baisses d’impôts pour les classes moyennes. Soit par la pression exercée sur la dépense sociale : contemporanéité du calcul des allocations logement (1,4 milliard d’euros d’économies en 2020), la réforme de l’assurance-chômage (800 millions d’euros), la désindexation des allocations sociales… Dès lors, le verdict devrait inévitablement conduire de nouveau à un creusement des inégalités, particulièrement entre les deux extrêmes de l’échelle sociale.

Effet du budget 2018-2020 sur les ménages par déciles en euros. © IPP/ Pierre Madec (OFCE) Effet du budget 2018-2020 sur les ménages par déciles en euros. © IPP/ Pierre Madec (OFCE)

L’Insee a en effet également donné son estimation du taux de pauvreté pour 2018 et il est inquiétant puisqu’il aurait augmenté de 0,6 point à 14,7 %. Ce serait le taux le plus élevé depuis les années 1970 ! Ce taux traduit la partie de la population vivant sous le seuil de 60 % du revenu médian, autrement dit du revenu qui divise la population en deux parties égales.

Il faut cependant immédiatement relativiser cette hausse qui prend en compte la baisse des allocations logements dans le logement social mais pas la baisse des loyers qui l’a accompagnée. Le taux de pauvreté étant en effet calculé sur le revenu médian, une baisse de dépense n’est pas prise en compte alors que l’est la baisse des allocations. Notons cependant que ce calcul n’est pas incohérent : les loyers peuvent être à nouveau relevés, mais l’allocation, elle, est perdue.

Corrigé de cet élément statistique, le taux de pauvreté se situe à 14,3 %, soit une hausse de 0,2 point. Cela se traduirait cependant par une troisième année consécutive de hausse avec un taux de pauvreté qui serait le plus élevé depuis 2011 et qui n’a été dépassé qu’à deux reprises depuis vingt-trois ans : en 1996 et en 2011. Bref, malgré la correction, c’est un mauvais chiffre qui laisse 9,1 millions de personnes en France en situation officielle de pauvreté…

Là encore, on voit combien le discours du gouvernement sur les hausses de certains minima sociaux n’était que de façade. Pour la masse des plus pauvres, la situation ne s’améliore pas. D’une part parce que les transferts sociaux demeurent sous pression et, d’autre part parce que les salaires des plus fragiles progressent moins vite que les autres. L’Insee explique ainsi cette progression du taux de pauvreté par « l’augmentation du niveau de vie médian », notamment en raison de « salaires relativement dynamiques ». Mais si cette augmentation laisse davantage de personnes sous la barre des 60 % de ce niveau médian, c’est que, précisément, les revenus des plus pauvres ne progressent pas aussi vite que ceux des autres. Cela signifie donc que les hausses de revenu sont concentrées en haut de l’échelle sociale.

C’est la conséquence directe de la précarisation et de la libéralisation du marché du travail dont la raison réelle est bien de favoriser la formation « correcte » du prix. Autrement dit, la pression pour modérer les salaires les plus modestes pour les travaux les moins productifs est naturellement plus forte que sur les autres. On voit ici l’effet direct des « réformes structurelles » tant vantées par le gouvernement et d’autres… Il faut, à cela, ajouter le fait que le versement disproportionné des dividendes en 2018 en raison du PFU a conduit à cette hausse relative.

Dès lors, il est difficile de définir autrement que comme une politique clairement de classe la politique d’Emmanuel Macron. Son rééquilibrage en faveur des classes moyennes pour faire accepter par ces dernières ses réformes structurelles, du marché du travail aux retraites en passant par les privatisations et l’assurance-chômage. Mais il semble déjà possible de dire que ce quinquennat restera comme celui d’un grand changement : le renversement, sans crise économique majeure, de la dynamique des inégalités en France. Une première.

Il n’y a là rien d’étonnant : le néolibéralisme qu’Emmanuel Macron met en œuvre dans le pays avec ses certitudes économiques liées au « ruissellement » est une machine idéologique à créer des inégalités et de la pauvreté. Il favorise ouvertement sous couvert d’une illusoire « efficacité économique » les classes les plus aisées au détriment des plus fragiles. Ce phénomène s’est déjà réalisé en Suède, un des modèles de l’actuel pouvoir, où l’indice de Gini est passé entre 1990 et 2017 de 0,21 à 0,28.

Jusqu’ici, la France avait résisté en voyant ses inégalités contenues. Emmanuel Macron a fait le choix d’en finir avec cette capacité de l’économie française. Il favorise les détenteurs de capitaux mobiliers, mais il prend ainsi un risque politique considérable dans un pays qui est très peu tolérant avec le creusement des inégalités. En cela, à un moment délicat où la croissance française stagne à un niveau bas et où celle du monde s’affaisse, il joue plus que jamais avec le feu. En tout cas, une chose est certaine, il existe une raison suprême pour laquelle Emmanuel Macron n’a jamais pu se débarrasser de son qualificatif de président des riches : c’est que cette locution résume parfaitement sa politique.

Source https://www.mediapart.fr/journal/france/161019/en-2018-les-inegalites-et-la-pauvrete-ont-fortement-augmente-en-france?onglet=full

France : Plan d’urgence pour sauver l’hôpital public 

Lettre à Emmanuel Macron : Pour un « Plan d’urgence pour sauver l’hôpital public »

 par Collectif

Des drames se produisent, touchant toutes les catégories professionnelles de l’hôpital mais également les patients. Ces pertes de chance liées au manque de moyens sont inacceptables. On ne peut plus, vous ne pouvez plus attendre de nouveaux drames pour mettre en œuvre un plan d’urgence pour sauver l’hôpital public.

M. le Président de la République Française
Palais de l’Elysée
55 rue du Faubourg -Saint-Honoré
75008 Paris

Paris, le 26 septembre 2019

Monsieur le Président,

Le Grand débat que vous avez organisé a réclamé « plus de service public ». Il a mis au premier rang la Santé et l’Hôpital public.

Pourtant la situation sur le terrain est devenue réellement intenable : les difficultés d’accès aux soins s’accroissent, la qualité et la sécurité des soins se dégradent et nous observons l’épuisement et l’inquiétude des personnels hospitaliers.
Ces difficultés, les usagers de l’hôpital public les constatent tous les jours et en parlent dans les courriers qu’ils adressent aux directions hospitalières.

Des drames se produisent, touchant toutes les catégories professionnelles de l’hôpital mais également les patients. Ces pertes de chance liées au manque de moyens sont inacceptables. On ne peut plus, vous ne pouvez plus attendre de nouveaux drames pour mettre en œuvre un plan d’urgence pour sauver l’hôpital public.

Nous, usagers de la santé et citoyens, soutenons la demande des personnels hospitaliers d’un financement supplémentaire, nécessaire pour :

  • assurer l’ouverture de lits afin que les malades puissent être hospitalisés quand c’est nécessaire et qu’ils ne passent plus des heures voire des jours à attendre couchés sur des brancards ;
  • embaucher le personnel nécessaire dans tous les services pour assurer l’accueil, la sécurité, la qualité et la continuité des soins ;
  • revaloriser les salaires des personnels hospitaliers sachant que nous sommes en 26e position sur les 35 pays de l’OCDE pour le salaire des infirmières.

L’hôpital public a besoin de réformes mais aussi et surtout de moyens pour assurer ses missions dans des conditions acceptables pour les patients et pour les soignants.

Croyez, Monsieur le Président de la République, à notre meilleure considération.

Marie CITRINI, représentante des usagers, APHP
Thomas SANNIE, représentant des usagers, APHP

Personnalités ayant signé cette lettre à la demande du Collectif inter-hôpitaux et du Collectif inter-urgences, rassemblant médecins, personnels paramédicaux et usagers :

  • Christophe ANDRE psychiatre et auteur,
  • Pierre ARDITI comédien,
  • Yvan ATTAL comédien
  • Sébastien BALIBAR, physicien membre de l’Académie des sciences,
  • Christian BAUDELOT professeur de sociologie,
  • Jean BENGUIGUI, comédien
  • Tahar BENJELLOUN écrivain,
  • Alain BERTHOZ professeur au Collège de France
  • Dominique BLANC, comédienne,
  • Richard BOHRINGER comédien
  • Romane BOHRINGER comédienne,
  • Valérie BONNETON, comédienne,
  • Jean-Philippe BOTTON président de Médecin du monde,
  • Rony BRAUMAN ancien président de Médecins sans frontières,
  • Julia CAGE, professeur d’économie,
  • Alain CAILLE professeur émérite de sociologie,
  • Stéphane CARISTAN, ancien athlète de haut niveau,
  • Philippe CAUBERE comédien auteur
  • Patrick CHENE journaliste,
  • Jérôme COMMANDEUR, comédien,
  • Daniel COSTANTINI ex-entraîneur de l’équipe nationale de handball,
  • Thomas COUTROT économiste,
  • Jérôme CREEL économiste,
  • Pierre DELION, professeur émérite de pédo-psychiatrie,
  • Marie DESPLECHIN écrivaine,
  • Brigitte DORMONT professeur d’économie de la santé,
  • Didier FASSIN professeur au collège de France,
  • Cynthia FLEURY professeur de philosophie,
  • Florence FORESTI comédienne,
  • Jean GADREY professeur honoraire d’économie ,
  • Charlotte GAINSBOURG comédienne et chanteuse,
  • Anouk GRINBERG comédienne,
  • Robert GUEDIGUIAN cinéaste,
  • Claire HEDON, présidente ATD Quart Monde,
  • François HERAN professeur au Collège de France,
  • Eric HEYER professeur d’économie,
  • Emmanuel HIRSCH professeur d’éthique médicale,
  • Georges-François HIRSCH, ancien directeur de l’Opéra national,
  • Delphine HORVILLEUR Rabin,
  • Agnès JAOUI comédienne,
  • Hélène JOLIOT-LANGEVIN, physicienne
  • Axel KAHN, ancien président d’université,
  • Sandrine KIBERLAIN,
  • Bernard LAHIRE professeur de sociologie,
  • Philippe LANCON,
  • Thierry LANG professeur de santé publique
  • Guillaume LECOINTRE professeur du muséum d’histoire naturel
  • Céline LEFEVE philosophe, directeur de la chaire « Philosophie à l’hôpital »
  • Vincent LINDON, comédien,
  • Jean-Louis LIVI comédien, producteur de cinéma,
  • LOMEPAL, chanteur,
  • Clara LUCIANI, chanteuse,
  • Claire MARIN professeur de philosophie,
  • Dominique MEDA, professeur de sociologie,
  • Gilbert MONTAGNE chanteur auteur-compositeur,
  • Gérard MORDILLAT, écrivain,
  • François MOREL comédien,
  • Gérard NOIREL, historien
  • Albert OGIEN, directeur de recherche CNRS en sociologie
  • Corine PELLUCHON professeur de philosophie,
  • Thomas PIKETTY économiste
  • Mazarine PINGEOT écrivaine,
  • Dominique PLIHON, professeur émérite d’économie
  • Denis PODALYDES comédien,
  • Pierre SALAMA, professeur émérite d’économie
  • Malik SALEMKOUR président de la ligue des droits de l’homme
  • Véronique SANSON chanteuse,
  • Fabienne SERVAN-SCHREIBER productrice de film
  • Alexis SPIRE politiste, directeur de recherche au CNRS,
  • Antoine SPIRE journaliste
  • Henri STERDYNIAK économiste,
  • Alain SUPIOT professeur émérite au Collège de France
  • Bertrand TAVERNIER réalisateur,
  • Philippe TORRETON comédien,
  • Philippe VILAIN, écrivain,
  • Michel VINAVER écrivain de théâtre,
  • Florence WEBER professeur de sociologie
  • Jacques WEBER acteur et réalisateur,
  • Frédéric WORMS philosophe

SIGNATURE sur le site CHANGE.ORG « Il faut un plan d’urgence pour sauver l’hôpital public

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