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Black Mayday La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque

Black Mayday

Athènes entre soleil et pluie. Températures très naturellement en baisse, bois qui brûle, nuits grecques de plus en plus chargées et enfumées. Pays alors des asthmatiques qui ne sortent plus de chez eux. En Épire, en Grèce du Nord, ou en Thessalie, c’est autant la période des premières neiges. Nos derniers touristes de l’été même prolongé, quittent alors la Grèce, tandis que… ceux de l’arrière-saison déambulent déjà dans les rues de la capitale, photographiant, tantôt les monuments, tantôt nos chiens et chats, animaux adespotes et fières de l’être.

Touriste, Place de la Constitution. Athènes, novembre 2018

L’été n’est certes plus, mais l’hiver athénien actuel reste emblématique des enjeux actuels d’après la presse. Entre autres, il apparaît le thème de cette discorde entre promoteurs et acquéreurs nouveaux dans l’immobilier, essentiellement dans le vieux centre-ville. Sans oublier les banques détentrices de milliers d’unités d’habitation ; désormais elles.les bradent au profit des fonds rapaces, installés de manière visiblement appuyée en Grèce depuis l’été 2015, moment historique de… la radicalisation hyper-capitaliste de SYRIZA.

Comme ailleurs, les bureaux et les locaux commerciaux plutôt classiques, se transforment en unités du méta-tourisme de type Airbnb. Notons que plus de la moitié du parc Airbnb à Athènes appartient aux dits investisseurs, le plus souvent étrangers, arrivés depuis peu sur le territoire de l’ex-pays, presse grecque en 2018, par exemple le quotidien “Kathimeriní” en mars dernier.

Par les temps qui courent et qui coulent, les médias accordent tous leurs violons pour promouvoir ce “Vendredi noir”, en… bon grec comme en bon français “Black Friday”, celui des commerçants et des enseignes, si possible méta-nationales, histoire de berner sans doute une dernière fois… avant le clash génocidaire planétaire, notre humanité finissante des classes moyennes. Une classe moyenne mondiale largement uniforme, sauf lorsque cette dernière s’habille parfois en gilet jaune. Oui, c’est vrai que la presse grecque, fréquemment aux ordres de Berlin, alors “ignore” pratiquement tout, des récents événements français, tout comme elle minimise bien entendu, la portée de la résistance des Italiens face aux dictats de Berlin et de Bruxelles.

Place de la Constitution. Athènes, novembre 2018
Touristes et animaux adespotes. Athènes, novembre 2018
Promotion immobilière. Athènes, novembre 2018

Comme l’affirme ainsi à très juste titre mon ami Olivier Delorme au sujet des totalitarismes si actuels, “auxquels, par là, il s’apparente, le projet européen est avant tout oligarchique et technocratique: le pouvoir doit être exercé par ceux qui ont des compétences techniques, par ceux qui savent – qui savent notamment mieux que les peuples ce qui est bon pour eux et qui empêcheront ces peuples de faire des bêtises. Mais imposer le dessaisissement des peuples dans le cadre national est impossible autrement que par la force, le coup d’État, la dictature”.

“En réalité, si l’on regarde l’Europe économique aujourd’hui, les pays qui vont le mieux sont tous hors de l’UE ou de l’euro et ne souhaitent pas y entrer. Les seules exceptions sont l’Allemagne – surtout -, les Pays-Bas et l’Autriche pour qui l’euro, sous-évalué par rapport à ce que serait le taux de change de leur monnaie nationale, est un puissant instrument de dumping. Pour tous les autres, l’euro qui, du fait même de sa nature et de ses règles – irréformables – est et restera structurellement surévalué, constitue un pesant boulet qui les ralentit ou qui les tue.” “Putsch Magazine”, 20 novembre 2018. Bas, très bas Empire.

Sur nos radios pas totalement contrôlées peut-être, on peut distinguer ces voix, à l’instar de la radio 90.1 FM du Pirée, voix qui répètent sans cesse que le pays devenu territoire est occupé par l’européisme et par Berlin, et que Berlin et Bruxelles placent leurs hommes un peu partout, surtout et d’abord au sein du gouvernement. Les Grecs le savent, sauf que leur univers, leur teneur disons anthropologique, culturelle, économique et sociale, se trouvent désormais suffisamment désarticulés pour que l’action collective puisse alors reprendre de manière efficace. Contrairement, espérons-le, aux gilets jaunes en France, dont l’existence par exemple économique n’est pas encore tout à fait détruite, alors espoir ?

Ce qui ne veut pas dire que le pays réel grec ne manifeste plus. Cette semaine par exemple, les retraités ont manifesté à Athènes comme ailleurs à travers le pays, presse grecque de la semaine. De même, ceux du personnel de la Santé Publique ont déversé du foin bien gras devant le dit Ministère des Finances. Ce dernier, il est placé comme on sait, entièrement sous le contrôle de Bruxelles et de Berlin. D’ailleurs, c’est “l’Autorité Indépendante des Recettes fiscales” (“Establisment and operation of Independent Authority for Public Revenue” IAPR) qui récolte taxes, impôts et amendes, ainsi que le fruit bien attardé des saisies et qui décide de leur usage, Autorité laquelle “jouit d’une indépendance opérationnelle, d’une autonomie administrative et financière et qu’elle n’est pas soumise au contrôle, ni à la surveillance des organismes gouvernementaux ou d’autres autorités administratives” (grecques).

Retraités en colère. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Ceux de la Santé Publique. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Ceux de la Santé Publique. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Préparation du… Vendredi Noir. Athènes, novembre 2018
Vendredi… très noir. Athènes, novembre 2018

Une agence… fiduciaire, notons-le, ainsi non-grecque, mise en place en 2016, depuis l’acte final de la mise-à-mort de la Grèce par la bande et la gauche des criminels et autres traîtres à la Tsípras et visiblement heureux de l’être, une structure enfin, en réalité illégale… si l’on considère autant que faire se peut la Constitution, théoriquement toujours en cours mais seulement théoriquement. Là encore, comme il vient d’être décrit pour une… condition collective humaine et européenne désormais analogue très actuelle, nous sommes face à un totalitarisme et autant “un gouvernement cynique et impavide, qui est clairement prêt – c’est sa grande différence avec tous ses prédécesseurs – à aller jusqu’aux pires extrémités pinochetistes.”

Le pays réel plus disloqué que jamais, il patauge, également il faut dire dans sa colère. Les grandes villes sont beaucoup plus touchées que les campagnes, cela-dit, ces dernières se vident de plus en plus de leurs habitants. Comme il est noté ailleurs, “le plus dur est de maintenir le potentiel d’un peuple intact, c’est pourquoi on cherche à le remplacer ou à la faire changer de sexe quand on n’incendie pas son sol comme ici ou là.” Bas Empire, beau pays des musées et des sites archéologique, du Péloponnèse à la Macédoine, en passant par la Thessalie et ainsi par Delphes.

Nos touristes apprécient, surtout par temps clément, autres réalités grecques, voire romaines, fresques antiques, stèles tombales et même théâtres que les écoliers visitent derrière leurs guides… parfois même en suivant les animaux adespotes maîtres des lieux et de tout temps, même si, les températures sont très naturellement en baisse, et qu’en Thessalie en altitude, il a même neigé la semaine dernière.

Site archéologique et écoliers en visite. Macédoine grecque, novembre 2018
Traces humaines exposées au musée. Macédoine grecque, novembre 2018
Traces humaines exposées au musée. Macédoine grecque, novembre 2018
Neige à Tríkala et en altitude. Thessalie, novembre 2018 (presse locale)
Maîtres des lieux. Grèce, novembre 2018

Ces derniers jours, le gouvernement cynique et impavide de l’escroc Aléxis Tsípras multiplie les annonces quant aux reformes prétendument “enfin positives, après tant d’années d’austérité”. L’année électorale 2019 se prépare, et le principal vivier en la matière pour les gouvernements grecs sont et demeurent toujours les réseaux clientélistes que constituent d’abord les agents et autres embauchés, même temporaires, de la fonction publique, y compris territoriale et locale. SYRIZA constitue en ce moment son armée électorale prétorienne, composée d’agents pour l’instant non-titulaires, aux traitements certes souvent faibles, sauf que bien fréquemment, ces gens sont placés n’importe où et n’importe comment, occupant de nombreux postes plutôt dans l’inactivité, tandis que d’autres secteurs du Service public manquent cruellement de personnel qualifié.

Les Syrizístes excellent autant dans le népotisme, lorsque par exemple, ministres et députés font alors embaucher une bonne part de leur parentèle, le tout, en affirmant le contraire, car le cynisme les déborde, mais également et fatalement la haine, que ces derniers provoquent partout ailleurs en dehors de leurs réseaux clientélistes. Dans le même cadre politique électoraliste, d’après les dernières données d’ailleurs officielles, les agents non-titulaires de l’État ont vu leurs rétributions progresser de 16,7% en moyenne entre 2014 et 2017, tandis que le salaire moyen des employés du privé a encore diminué de 3%. Ainsi et désormais, le salaire moyen dans la Fonction publique dépasse de 53% le salaire moyen pour l’ensemble de l’économie grecque, tandis que ce même salaire moyen des employés de l’hôtellerie et restauration, il se situe seulement à -62% du salaire moyen national, d’après la presse grecque de la semaine.

Au même moment, l’économie grecque a perdu en dix ans, près d’un million de postes qualifiés, de cadres et de techniciens supérieurs, entre ceux, près de 600.000, qui ont quitté le pays, et les autres qui vivotent, faisant du sur place au beau et fière pays des presque trente millions de touristes an, presse grecque de la semaine. Même les enquêteurs bien Allemands de chez Movinga GmbH, admettent dans une récente enquête à travers cent villes du monde et autant meilleurs lieux pour trouver et exercer un travail, que la ville arrivant en fin de classement pour trouver un travail et ensuite pour l’exercer c’est bien Athènes. Bienvenue dans l’Europe Allemande… de l’Exposition Coloniale façon nouveau siècle.

Ceux dits ‘d’en bas’. Thessalie, novembre 2018
En faillite. Athènes, novembre 2018

Le système paupérise le plus grand nombre, pour fabriquer des assistés dépendants, lesquels vont incarner le rôle des prétoriens dociles à bas coût.

Le tout, dans un climat d’abord inventé et néanmoins désormais réel, de désintégration des liens comme des solidarités, entre les branches et entre les catégories socioprofessionnelles, pour ne pas dire entre même les réseaux d’amis ou à l’intérieur des familles.

Car voilà que cette gauche thatchérienne des Tsiprosaures, partage avec les maîtres-fous du méta-capitalisme, la même haine de la classe moyenne et du pays réel des travailleurs rescapés du génocide économique en cours, “cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier, et dans tous les ‘Festival de Cannes’, la bonne parole ‘écologique’ et ‘associative’ qui ose leur faire la leçon à ceux ‘d’en bas’ sur ce point”, comme il est très justement noté ailleurs.

Monument funéraire, Antiquité tardive. Macédoine grecque, novembre 2018
Modernité tardive. Athènes, novembre 2018
Petit restaurant. Athènes, novembre 2018

Dernière trouvaille des Tsiprosaures, le supposé maintient du montant des retraites versées, voire, sa prétendue augmentation d’environ 20€ par mois, lorsque la suppression pour tous les bénéficiaires de la retraite supplémentaire EKAS pour les très petites retraites, retraite dite auxiliaire en Grèce, vient d’être effective, ce qui représente une diminution des pensions de l’ordre de 200€ mensuels en moyenne, et c’est une mesure mémorandaire signée Tsípras. Les éditorialistes du site du “Plan-B”, évoquent à très juste titre cette dernière “tromperie de Tsípras face aux retraités, une mesure austéritaire exigée de la Troïka du temps déjà du gouvernement de droite de Samarás, sauf que ce dernier à l’époque, il n’avait pas cédé”.

L’article inclut d’ailleurs le texte original de cet “accord” récent datant du 23 mai 2018 sur la suppression de la retraite supplémentaire, accord signé entre la gouvernance de la marionnette Tsípras et la Troïka, en précisant que le texte en question n’avait été publié qu’en anglais: “iv. Eliminate EKAS. Phase out the solidarity grant (EKAS) for all pensioners by end-December 2019, reducing it by EUR 570 million by 2017; EUR 808 million by 2018; and EUR 853 million by 2019. The authorities will adopt as a prior action the Ministerial Decision setting all the details for the awarding of EKAS in 2019”, site Internet du “Plan-B”, 23 novembre 2018. Très Bas Empire et ses Colonies.

Statuettes funéraire. Antiquité Tardive, Macédoine grecque, novembre 2018
Archéologues du siècle dernier. Musée en Macédoine grecque, novembre 2018
Monnaie issue de Rome Antique. Musée en Macédoine grecque, novembre 2018

Le pays réel mis à mal, conserve toutefois ses codes dans la mesure du possible, ainsi que certains des usages humains, c’est-à-dire, situés aux antipodes des vendredis et autres journées sombres du para commerce alors supposé permanant. Face aux thatchériens de tous les pays réunis, devant aussi la gauche et la droite kérosène, “le bas peuple”, d’après ce que j’entends dans la rue ou dans les cafés en Grèce et pas seulement, rêve de… pendre tous ses princes sous les lampadaires, tant la haine on dirait de classe, déborde alors de partout.

Dans le milieu fabriqué de l’Occident contemporain, celui de la méta-modernité et de l’obsolescence de l’Homme, les cadavres des régimes supposés représentatifs et démocratiques sont désormais très rapidement éliminés par des organismes décomposeurs et nécrophages, c’est-à-dire par des supposées élites et par leurs marionnettes. Et ce n’est plus un abus de langage, lorsque depuis quelques semaines, on entend à la radio certains journalistes qualifier Tsípras “de termite et de vermine dévorant le pays, et la société grecque”, à l’instar de la zone matinale sur 90.1 FM.

Faute de mieux, et de manière humaine à travers ce que l’on pourrait alors qualifier d’économie enfin durable, des habitants du pays réel et de la ville de Larissa, capitale de la Thessalie, ont eu par exemple la bonne idée… que d’habiller certains poteaux de leur ville par les blousons dont ils n’ont plus l’usage. Blousons si possible imperméables et solides, offerts ainsi en libre service et à destination de leurs concitoyens encore plus paupérisés… devant le froid de l’hiver qui arrive.

Ailleurs, et toujours sous le regard des animaux adespotes, à Athènes ou à Thessalonique, des autocollants un peu vieillis sauf évidemment pour ce qui tient de leur message, appellent à boycotter Coca-Cola, car “Fabriqué en Bulgarie, consommé en Grèce et imposé en Suisse”. Notre beau pays “d’en bas”, contrairement aux politiciens compatibles Sóros, ceux que l’on nomme aussi désormais “les Sorites” à travers certains médias en Grèce, ne mâche plus ses mots et n’utilise point ce langage lénifiant de gauche comme de droite, lorsque il s’agit entre autres de… rendre la soi-disant “transition écologique acceptable”.

Ainsi, d’Athènes à Rome, en passant par la France des gilets jaunes, les humbles sujets du totalitarisme européiste, finissent alors par découvrir les causes, autant que les causeries de l’hybris planétaire qui gouverne, il faut préciser, dans l’anomie la plus totale. D’où sans doute ce clin d’œil à l’Italie actuelle, lorsque son drapeau a été placé bien en évidence dans une galerie d’Athènes, signe encore des temps qui sont les nôtres.

Boycottons Coca-Cola. Thessalonique, novembre 2018
Blouson offert. Ville de Larissa, Thessalie. Presse locale, novembre 2018
Le drapeau italien. Athènes, novembre 2018
Sous leur regard. Athènes, novembre 2018

Le pays entre soleil et pluie. “Les journées à venir se tiennent devant nous – comme un alignement de cierges allumés – petits cierges dorés, chauds, pleins de vie.”
“Les journées révolues restent derrière nous,-triste rangée, cierges éteints ;-les plus proches de nous encore un peu fumants,-cierges froids, fondus et penchés.”, d’après Constantin Caváfis (ou Cavafy), le grand poète et son poème “Cierges”, traduit par Michel Volkovitch. Cavafy est le poète d’Alexandrie, comme Umberto Saba est celui de Trieste, ou Baudelaire le poète de Paris. Cavafy, “né en 1863 à Alexandrie, la ville où se trouvait la plus grande bibliothèque de l’Antiquité, qui avait recueilli les manuscrits d’Aristote, cette ville dont le destin était d’attirer les écrivains, ces êtres épris de mémoire, qui accueillit Flaubert, Rimbaud, Forster, et Lawrence Durrell, une ville dont on vous dit sans cesse qu’il eut fallu la connaître, il y a vingt, trente ans, une capitale – la plus grande – de la mémoire.”

Les journées révolues restent derrière nous, et les élèves en voyage scolaire, admirent encore l’Imaret, ce symbole de l’ancienne ville de Kavala en Macédoine grecque, un des plus importants monuments ottomans en Grèce. Ce complexe impressionnant était un kulliye destiné à l’enseignement islamique, créé par Méhémet-Ali en 1817, lui-même natif de la ville, vice-roi d’Égypte de 1804 à 1849 et généralement considéré comme le fondateur de l’Égypte moderne. L’Égypte, la Grèce, l’Empire ottoman, l’Orient en quelque sorte.

Les journées à venir se tiennent devant nous, températures en baisse, bois qui brûle, nuits grecques enfumées. En Grèce du Nord, c’est le moment des premières neiges, lorsque les sucreries et autres pâtisseries de Noël ont déjà fait leur apparition derrière les vitres des boulangeries. On remarque aussi en ces années sismiques, combien les monastères croulent alors sous le nombre croissant de visiteurs laïques. “Nous recevons de bien nombreux fidèles, c’est dans l’air du temps”, me disait récemment un moine rencontré au Nord de la Grèce.

On comprendra alors aisément qu’après le piètre accord Macédonien des Sorites à la Tsípras, celui que l’immense majorité des Grecs rejette d’après même les sondages de la presse athénienne largement germano-compatible, voilà que le pseudo-accord du même… génotype, entre le chef de l’Église de Grèce Ierónymos et Tsípras, ne passe alors pas.

L’Imaret, Kavala, novembre 2018
Sucreries de Noël, Athènes, novembre 2018
Produits des Monastères. Boutique à Athènes, novembre 2018
Produits des Monastères. Boutique à Athènes, novembre 2018

Car ce même langage lénifiant de gauche comme de droite, lorsque il s’agit entre autres de… rendre la soi-disant “transition culturelle acceptable” irrite encore plus les esprits du pays réel, dans la mesure où de tromperie en trahison, l’hybris qui s’accumule appelle forcément la Némésis, rappelons-le, chez les Anciens, celle de la juste colère des dieux et du châtiment céleste, assimilée à la vengeance et à l’équilibre à imposer de nouveau. Némésis, dont le mot dérive du verbe grec “némeïn”, signifiant répartir équitablement, distribuer ce qui est dû.

L’observateur curieux des nouvelles mentalités, remarquera enfin combien ces productions, réelles ou en tout cas estampillées des Monastères, sont de plus en plus recherchées en Grèce, c’est certes une forme de commerce mais ce n’est certainement pas le vendredi bien sombre des mondialisateurs. En tout cas et dans le contexte actuel, la tradition Monastique Orthodoxe représente aux yeux des Grecs un espoir, ou sinon du moins, une ultime ouverture spirituelle devant l’effondrement des idéologies politiques. D’où sans doute cette guerre ouverte faite aussi à l’Orthodoxie, depuis les caniveaux des Sorites, plus crépusculaires que jamais. Cela-dit, aux dernières nouvelles, les Sorites Tsiprosaures retireraient leur projet de reforme relative aux relations entre l’Église et l’État, “pour un moment plus propice d’ici quelques mois”, d’après en tout ca la presse grecque au soir du 23 novembre. Les masques sont déjà tombés, en attendant la chute des arlequins diront certains.

Et quant aux tavernes des Grecs, sur leurs murs on y découvre souvent ces photographies de jadis issues du monde rural, dont ces réunions officielles ou festives, en présence des popes et d’ailleurs des gendarmes. Au même moment, sur les marchés circulent autant ces autres vieilles photos, représentant les grands compositeurs du chant populaire et du bouzouki, preuve -s’il en faut- de l’intérêt porté par les Grecs à leur culture populaire et nationale. Finalement, les peuples ont la peau dure !

Photo d’antan. Taverne grecque, novembre 2018
Ceux de la musique populaire. Photos à Athènes, novembre 2018

Bouzouki ou pas, nos derniers touristes de l’été, même prolongé, ont déjà quitté le pays, tandis que… ceux de l’arrière-saison déambulent déjà dans les rues de la capitale, photographiant, tantôt les monuments, et tantôt nos chiens et nos chats, animaux adespotes et fières de l’être.

Certains sites archéologiques sont désormais désertés de tous, devenant ainsi et enfin propices à la réflexion et à la méditation, autant que les monastères, faisant ainsi face à l’hybris pour l’instant dominante.

Site archéologique déserté. Macédoine grecque, novembre 2018

L’histoire en a vu bien d’autres c’est certain, et les journées à venir se tiennent devant nous, y compris pour votre blog, prospère en idées… mais pour le reste paupérisé. Comme hélas de coutume, dans quelque jours, “Greek Crisis” du haut de ses sept ans, lancera sa campagne annuelle de soutien financier de fin d’année.

Passer comme on dit l’hiver, aux nuits grecques de plus en plus lourdes et enfumées avant le Printemps, peut-être autant celui des peuples. Modernité tardive !

Animal adespote. Nord de la Grèce, novembre 2018

Le rapport sur les effets de l’austérité en Grèce

La démocratie n’est pas à vendre. La lutte pour la souveraineté alimentaire à l’ère de l’austérité en Grèce

Les mesures d’austérité ont accru la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire en Grèce et ont violé le droit humain à l’alimentation de son peuple. Comment est-ce arrivé et qui est responsable?

Auteurs : Stephan Backes , Jenny Gkiougki , Sylvia Kay , Constantinidis de Charalampos , Emily Mattheisen , Christina Sakali , Eirini Tzekou , Leonidas Vatikiotis , Pietje Vervest  Rédacteurs Deborah Eade En collaboration avec FIAN International , Agroecopolis  ProgrammesJustice agraire et environnementale

 

Résumé

Ce rapport examine les effets de l’austérité en Grèce sur le droit à l’alimentation. Il conclut que l’État grec et les États membres de la zone euro ont violé le droit du peuple grec à l’alimentation en raison des mesures d’austérité requises par trois protocoles d’accord (2010, 2012 et 2015). En d’autres termes, les mesures d’austérité imposées à la Grèce étaient contraires au droit international des droits de l’homme.

En août 2018, le Conseil européen a célébré la fin du troisième mémorandum d’accord, louant les efforts de la Grèce et la solidarité européenne. Cependant, comme le montre ce rapport, il y a peu à célébrer. Les mesures d’austérité ont non seulement accru la pauvreté et l’insécurité alimentaire, mais elles ont également consolidé un régime commercial agroalimentaire qui perpétuera les inégalités en matière d’accès et de contrôle des aliments.

Le rapport examine les impacts de l’austérité sur les producteurs de denrées alimentaires et les initiatives de consommateurs / coopératives, ainsi que les impacts sociaux sur la population grecque en général. En se concentrant sur le droit humain à l’alimentation, le rapport met en évidence l’impact de la crise économique grecque qui a touché tous les aspects de la vie des gens. L’accent mis sur les producteurs de denrées alimentaires et les zones rurales attire également l’attention sur un aspect négligé de la crise grecque, ces secteurs et régions manquant souvent de voix et de reconnaissance dans la politique et la prise de décision nationales.

Les résultats sont basés sur des entretiens directs et un travail de terrain original, complétés par des entretiens (y compris avec de hauts responsables de l’État), ainsi que sur une analyse de données macroéconomiques et une revue de la littérature de textes clés.

Les conclusions du rapport sont surprenantes.

1. Les mesures d’austérité ont accru la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire

Selon les estimations, en 2017, 38,9% des habitants des zones rurales de la Grèce sont menacés de pauvreté *.

Le chômage rural a grimpé de 7% en 2008 à 25% en 2013, tandis que le revenu rural par habitant a chuté de 23,5% pendant les années de crise (2008-2013).

L’insécurité alimentaire en Grèce a également augmenté – les prix des denrées alimentaires ayant augmenté plus rapidement que ceux de la zone euro pendant la crise, malgré la forte chute des revenus intérieurs et du coût de la main-d’œuvre. Cela a entraîné une baisse des dépenses alimentaires en termes totaux, mais une augmentation des dépenses alimentaires totales par rapport aux dépenses mensuelles totales de 16,4% en 2008 à 20,7% en 2016. – La proportion de ménages qui ne peuvent pas se permettre un repas avec viande, poulet, poisson (ou équivalent végétarien) tous les deux jours, par exemple, a doublé pendant la crise, passant d’environ 7% en 2008 à plus de 14% en 2016.

– La proportion de ménages avec des enfants incapables de se payer un repas à base de protéines sur une base quotidienne a doublé, passant de 4,7% en 2009 à 8,9% en 2014. Selon les statistiques de l’UE, 40,5% des enfants en 2016 étaient en situation de privation matérielle et sociale.

– Globalement, la crise a entraîné un changement notable des modes de consommation avec la substitution des produits alimentaires plus coûteux par des produits moins coûteux.

* L’UE définit cette personne comme une personne gravement défavorisée sur le plan matériel, située au-dessous du seuil de pauvreté après les transferts sociaux ou vivant dans des ménages où les adultes sont employés moins de 20% du temps.

2. Les mesures d’austérité ont particulièrement affecté les petits producteurs et négociants de produits alimentaires

Les mesures défavorables aux agriculteurs comprenaient:

Des taxes plus élevées et des coûts de production plus élevés dus au remplacement d’un régime d’imposition distinct pour les agriculteurs par un système normalisé d’imposition du revenu, ainsi que de taux de TVA plus élevés sur les intrants agricoles, notamment les engrais, les pesticides, les aliments pour animaux et semences et le diesel; et l’introduction d’une nouvelle taxe sur les terres agricoles. La part des taxes dans la valeur ajoutée agricole nette est passée de 4% entre 1993 et ​​2010 à 15,4% en 2016.

L’abolition de l’Organisation de l’assurance agricole spécialisée (OGA) et sa fusion avec un système généralisé de sécurité sociale ont entraîné une augmentation des cotisations de nombreux agriculteurs. Outre les impacts directs, un certain nombre de réformes structurelles ont considérablement fait pencher la balance en faveur des plus grands détaillants en alimentation et des commerçants privés au détriment des petits producteurs. Ces réformes comprenaient:

La libéralisation du commerce de détail, par exemple la levée des restrictions sur certains produits vendus dans les supermarchés, la flexibilisation de la législation du travail et le passage au commerce du dimanche.

La libéralisation du commerce de gros, en particulier la privatisation de l’Organisation des marchés et de la pêche centraux, auparavant administrée et rentable, le principal opérateur alimentaire de gros du pays, responsable des 2 principaux marchés du pays et de 11 marchés du poisson.

• Les privatisations, y compris les privatisations de la Banque agricole de Grèce (ATE) et de la grande coopérative laitière AGNO. Il en résulte une augmentation des coûts pour les agriculteurs qui ont moins accès au crédit rural, aux services financiers spécialisés et aux conseils agronomiques.

3. Les mesures d’austérité ont frappé un secteur alimentaire rural déjà affaibli et vulnérable par les tendances à long terme

L’agriculture en Grèce reste une partie importante de l’économie, représentant près de 4% du PIB du pays (plus du double de la moyenne de l’UE) et fournissant 12% des emplois du pays en 2016, mais elle est en déclin depuis le début des années 1980. L’entrée de la Grèce dans la Communauté économique européenne en 1981 et plus tard, l’UE – et la politique agricole commune – ont ouvert les petits agriculteurs grecs à une concurrence accrue. Cela a entraîné un certain nombre de vulnérabilités dans le système agroalimentaire grec avant la crise, notamment:

• Une baisse régulière de la production agricole nationale et une dépendance croissante à l’égard des importations de produits alimentaires ont entraîné une balance commerciale des produits alimentaires négative. Entre la fin des années 1980 et le début de la crise en 2008, le déficit du commerce des produits alimentaires dépassait fréquemment 1% du produit intérieur brut (PIB) du pays, tandis que sur la période 2005-2011, les importations représentaient près de 40% de la consommation intérieure.

• Recours accru aux subventions alimentaires, la part de la valeur ajoutée nette dans l’agriculture augmentant de 23% en 1993 à 81% en 2008.

• Un secteur des supermarchés en croissance qui a intensifié les conditions monopolistiques vis-à-vis des producteurs et des consommateurs.

Ces tendances ont porté atteinte à la souveraineté alimentaire de la Grèce, transformant la Grèce en exportateur net de produits alimentaires en importateur net. Pourtant, plutôt que de remédier à ces vulnérabilités, les trois protocoles d’accord (2010, 2012 et 2015) ont accéléré ces tendances. L’examen des exigences structurelles des mémorandums suggère un projet idéologique délibéré de transformation de l’État et de restructuration de l’économie grecque en faveur de certains secteurs du capital, tels que les grandes chaînes de supermarchés (transnationales). La crise a fourni un moyen de la mettre en œuvre.

4. Le filet de sécurité sociale du gouvernement grec était insuffisant pour prévenir l’insécurité alimentaire et la pauvreté

Le gouvernement grec a mis en place un certain nombre de programmes sociaux visant à constituer un filet de sécurité contre les conséquences de l’austérité et à répondre aux préoccupations urgentes liées à l’insécurité alimentaire. Parmi ces mesures, citons l’adoption d’une loi sur l’aide humanitaire prévoyant des subventions pour l’alimentation, le loyer et l’électricité pour les personnes et les familles à faible revenu. Ce programme a ensuite été remplacé par un programme de solidarité sociale qui offre aux ménages à faible revenu une allocation mensuelle.

 

Tout en répondant aux besoins les plus élémentaires, l’aide du Régime a été limitée: elle ne prévoyait que 30 à 200 euros par ménage et par mois, avec 100 euros supplémentaires pour chaque adulte et 50 euros par enfant. Les critères d’éligibilité stricts limitent l’aide aux cas de privation matérielle les plus graves, tandis que les exigences relatives à la condition de ressources excluent de nombreuses personnes qui y auraient droit en raison de ses dispositions restrictives et bureaucratiques. La couverture dans les zones rurales a également été limitée.

En conséquence, des fondations privées, des organisations caritatives, des ONG et l’Église grecque ont dû combler certaines de ces lacunes – offrant notamment des repas scolaires gratuits, des banques alimentaires et des soupes populaires, ainsi que des épiceries sociales offrant des produits alimentaires, des vêtements et des produits de nettoyage. matériaux de base et autres biens de base destinés aux particuliers et aux familles à faible revenu.

Certains de ces programmes bénéficient du soutien des municipalités locales et, dans le cas du programme de cantines scolaires, du gouvernement central, ils ne sont guère plus que des pansements collants. Les réponses fondées sur les droits de l’homme, telles que le soutien aux emplois et des salaires justes, qui s’attaqueraient aux causes profondes de la faim et de l’insécurité alimentaire doivent être beaucoup plus centrées au premier plan.

5. Les réponses populaires menées par les communautés fournissent de vraies solutions et laissent présager l’émergence d’une nouvelle politique alimentaire

Face aux politiques gouvernementales imposées par la troïka, qui sapent la souveraineté alimentaire – et ne parviennent pas à en atténuer les effets – de nombreuses initiatives communautaires locales ont vu le jour pour aider les populations à accéder plus facilement à la nourriture.

Celles-ci reflètent des tendances politiques différentes, varient en termes d’infrastructures et s’engagent différemment avec les États et les marchés. Ils comprennent des cuisines solidaires, des coopératives alimentaires, des marchés «sans intermédiaires», des collectifs et des réseaux d’autosuffisance alimentaire, des programmes d’agriculture soutenue par la Communauté (ACS), ainsi que toute une gamme d’autres coopératives agricoles, des modèles d’exploitation agricoles alternatifs et des entreprises de producteurs.

L’appel à une «économie solidaire» est devenu un cadre essentiel dans lequel de nombreuses réponses locales ont articulé leurs demandes et leurs aspirations. Cette économie sociale et solidaire (ESS) a connu une croissance massive au cours des années de crise: en 2013, 372 entreprises sociales étaient enregistrées, contre 585, 714 et 907 respectivement en 2014, 2015 et 2016.

En construisant un tel contre-pouvoir basé sur des pratiques innovantes, des expérimentations sociales et des infrastructures contrôlées par les personnes, ce mouvement ouvre la voie à une résistance populaire à l’austérité, mais également à un nouveau système alimentaire transformateur juste. Cela va au-delà de la demande de prix des denrées alimentaires abordables et de la protection des agriculteurs pour véritablement défier le pouvoir structurel du secteur agroalimentaire des entreprises et faire progresser les alternatives populaires.

6. Le droit à l’alimentation a été violé en Grèce

Le droit à une nourriture suffisante est fortement inscrit dans le droit international des droits de l’homme et son contenu normatif mentionne plusieurs éléments (disponibilité, accessibilité, adéquation, durabilité) qu’il convient de préserver.

Le droit à une nourriture suffisante est également étroitement lié à d’autres droits économiques, sociaux et culturels (DESC), ce qui signifie que la violation d’un droit entraîne souvent la violation d’autres droits. Le droit à la santé, à la vie, à l’eau et à un logement convenable sont les déterminants fondamentaux du droit à l’alimentation.
Plusieurs mesures d’austérité – y compris la modification des taxes agricoles et des régimes de sécurité sociale et la tendance à la privatisation et à la libéralisation du commerce – ont directement contribué à affaiblir le droit à l’alimentation en Grèce. D’autres mesures telles que la réduction du salaire minimum et la réduction des retraites ont également porté atteinte à ce droit fondamental de l’homme et contrevenu à d’autres droits économiques, sociaux et culturels, tels que le droit au travail, au logement et à la santé.
Les États ont l’obligation de réaliser les droits de l’homme. Cette obligation inclut la réalisation progressive des droits socio-économiques avec le maximum de ressources disponibles, ce qui interdit, à première vue, des mesures rétrogrades * qui limiteraient ou réduiraient les niveaux existants de jouissance des droits consacrés. Des mesures rétrogrades ne peuvent être prises que dans des circonstances très limitées et sur la base de conditions essentielles – telles qu’un suivi et une évaluation attentifs, la prise en compte de tous les droits, ne garantissant aucun impact disproportionné sur les plus vulnérables – aucune de ces mesures n’a été appliquée par le gouvernement grec. Le large éventail de mesures rétrogrades prises, combiné à la hausse du coût de la vie, constitue une preuve suffisante que le droit à l’alimentation a été violé en Grèce.

* Par mesures régressives, on entend toute mesure impliquant un recul du niveau de protection des droits de l’homme dû à la décision intentionnelle d’un État .

7. La responsabilité des violations du droit à l’alimentation incombe à la fois au gouvernement grec et aux États membres de la zone euro, ces derniers assumant sans doute une plus grande part de responsabilité.

Lorsqu’un droit de l’homme est violé, cela signifie qu’il y a eu violation de l’obligation de respecter, protéger et réaliser ce droit. De nombreux acteurs ont été impliqués dans les négociations ayant abouti aux trois MoU. Les obligations en matière de droits de l’homme existent territorialement et, dans certaines circonstances, extraterritoriales.

À la suite des mesures d’austérité, la Grèce a violé le droit humain à l’alimentation des habitants de la Grèce. Cependant, les États membres de la zone euro, en tant que prêteurs directs, sont également responsables du fait qu’ils ont signé les protocoles d’accord et ont probablement fait pression sur le gouvernement grec pour qu’il le fasse. Les États membres de la zone euro – en tant qu’États parties au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à d’autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme – ont donc manqué à leurs obligations extraterritoriales de respecter le droit à l’alimentation de la Grèce. Les États de la zone euro auraient non seulement dû s’abstenir d’exiger des mesures ayant une incidence sur le droit à l’alimentation, mais ils auraient également dû procéder à des études d’impact des mémorandums sur les droits humains. Ces EIDH sont requises avant, pendant et après le passage des protocoles d’accord, mais n’ont jamais été réalisées.

En outre, tous les États européens ont manqué à leurs obligations en matière de droits de l’homme en agissant et en prenant des décisions au sein d’organisations intergouvernementales et d’institutions financières internationales, telles que le Fonds monétaire international. En tant que composante du système des Nations Unies, ce dernier est tenu de respecter la Charte des Nations Unies, qui comprend un engagement en faveur de la réalisation progressive des droits de l’homme. Il ne devrait certainement pas prendre de mesures qui constitueraient une violation des droits de l’homme.

Les membres de la troïka affirment que la responsabilité des conséquences des protocoles d’accord incombe exclusivement à l’État grec. Cet argument est faux car, avec la Grèce, il s’agissait des signatures conjointes des trois mémorandums d’accord. Par conséquent, la responsabilité des violations du droit à l’alimentation est également partagée. En fait, on peut affirmer que la responsabilité des États membres de la zone euro est beaucoup plus grande, étant donné les preuves d’une ingérence directe ou même d’une contrainte exercée par les États membres de la troïka sur la Grèce pour qu’elle signe les protocoles d’accord.

Le présent rapport est axé sur la Grèce, mais ses conclusions sont pertinentes sur le plan international. La Grèce n’est pas une exception. De nombreux autres pays, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, se trouvent dans des situations similaires, contraints d’appliquer des politiques technocratiques dictées par des mesures d’austérité qui entraînent des violations des droits économiques, sociaux et culturels, y compris du droit fondamental à l’alimentation. L’expérience de la Grèce montre également que les violations de ces droits fondamentaux ne concernent pas uniquement les pays du Sud. Ils se produisent dans le «Nord» mondial. La faim, l’insécurité alimentaire, la pauvreté et la privation matérielle sont des problèmes européens. Les droits de l’homme sont universels, ce qui signifie que tous les gouvernements ont l’obligation de les respecter. Il est temps que l’UE agisse conformément à ces obligations et place les droits de l’homme au-dessus des besoins des marchés financiers.

L’austérité infligée à la Grèce soulève la question des indemnisations

Les dommages causés par l’austérité en Grèce soulèvent la question de la responsabilité des institutions européennes. Et d’une éventuelle indemnisation. 40 % des populations rurales sont aujourd’hui exposées au risque de pauvreté en Grèce.

« Le niveau des dommages pourrait augmenter la responsabilité de l’UE, mais le problème est d’identifier ceux qui ont été directement touchés par les mesures d’austérité et qui pourraient porter l’affaire devant les tribunaux », a-t-il déclaré.

Selon lui, l’article 340 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne « stipule très clairement que les dommages causés par la faute des institutions européennes devraient être indemnisés ».

Olivier de Schutter, qui a été rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation de 2008 à 2014, a commenté un rapport publié le 20 novembre, qui concluait que les mesures d’austérité prises pendant la crise grecque avaient conduit à une violation du droit à l’alimentation.

Il a noté que le droit à l’alimentation avait tout simplement été ignoré lorsque des mesures d’austérité avaient été conçues et appliquées en Grèce.

Violation du droit à l’alimentation

Les auteurs du rapport écrivent que la Grèce s’est retirée du programme de sauvetage de huit ans en août dernier, et qu’il est maintenant temps de discuter de ce que l’austérité a laissé derrière elle, en particulier en ce qui concerne la durabilité des zones rurales et le droit à l’alimentation.

Selon leur rapport « La démocratie n’est pas à vendre : Lutte pour la souveraineté alimentaire durant l’époque de l’austérité en Grèce », réalisé par l’Institut transnational, FIAN International et Agroecopolis, les plans de sauvetage ont porté un coup à l’économie rurale du pays.

Le rapport note que près de 40 % des habitants des zones rurales de Grèce sont exposés au risque de pauvreté, tandis que le chômage dans ces mêmes zones a bondi de 7 % en 2008 à 25 % en 2013.

De même, le revenu rural par habitant a diminué de 23,5 % au cours de la période 2008-2013.

En outre, l’insécurité alimentaire a doublé pendant la crise, passant de 7 % en 2008 à plus de 14 % en 2016, tandis que 40 % des enfants grecs souffrent de privations matérielles et sociales.

La situation s’est particulièrement détériorée entre 2010 et 2013, lorsque le prix des denrées alimentaires a augmenté alors que les revenus chutaient fortement. Les auteurs du rapport ont noté que les petits exploitants, en particulier, ont été énormément touchés par l’augmentation des cotisations sociales, de l’impôt foncier et sur les revenus ainsi que par l’augmentation de la TVA sur les produits agricoles.

Le rapport explique que le secteur agricole grec était déjà vulnérable avant la crise. Lorsque la Grèce a rejoint l’UE en 1981, elle était exportatrice nette de produits agricoles. Mais depuis lors, elle s’est débattue avec le déficit du commerce alimentaire et a commencé à dépendre des importations.

Commentant ces conclusions, Harry Konstantinidis, co-auteur du rapport de l’Université du Massachusetts, explique que le secteur agroalimentaire déjà vulnérable a été encore plus comprimé pendant la mise en œuvre des politiques d’austérité.

« Nous soulignons que le droit à l’alimentation en tant que droit de l’homme a été gravement compromis pendant la crise, le nombre de personnes en Grèce qui connaissent l’insécurité alimentaire étant passée, selon Eurostat, de 7,6 % de la population en 2009 à 13,2 % en 2017 », a-t-il rappelé.

« Nous cherchons à savoir quels acteurs doivent être tenus responsables de cet échec et nous cherchons à contribuer à un débat qui renforcerait la production alimentaire durable et l’accès à l’alimentation tant en Grèce qu’en Europe en général », a ajouté Harry Konstantinidis.

Sylvia Kay, politologue et co-auteure du rapport, a déclaré que plusieurs initiatives citoyennes avaient été prises pendant la crise et a souligné le rôle des différentes entités sociales qui ont fait preuve de solidarité envers les personnes dans le besoin.

Elle a également évoqué l’initiative « du producteur au consommateur », qui visait à raccourcir la chaîne d’approvisionnement alimentaire en supprimant les intermédiaires pour obtenir de meilleurs prix pour les consommateurs.

Selon Sylvia Kay, l’initiative était « une bouée de sauvetage » lancée aux personnes dans le besoin qui ont réussi à acheter de la nourriture 20-50 % moins chère que les prix au supermarché.

Source https://www.euractiv.fr/section/economie/news/eu-institutions-are-liable-for-greek-bailout-damage-former-un-official-says/

Lire aussi notre article résumé du rapport https://www.grece-austerite.ovh/le-rapport-sur-les-effets-de-lausterite-en-grece/

L’aquarius à nouveau attaqué

Chers amis,

A l’heure où l’Aquarius est la cible de nouvelles attaques, il nous semble important de vous donner en direct quelques explications sur la situation.

Ce lundi 19 novembre, les autorités judiciaires italiennes ont demandé la mise sous séquestre de l’Aquarius et ont engagé des poursuites contre notre partenaire médical, Médecins Sans Frontières (MSF). Cette mise en examen fait suite à une enquête ouverte par le Bureau du Procureur général de Catane (Italie) – qui avait déjà lancé par le passé des poursuites contre d’autres navires humanitaires – sur des prétendues anomalies observées dans le traitement des déchets à bord – en particulier les restes alimentaires, les vêtements des personnes secourues et les déchets issus des activités médicales.

MSF va faire appel de la décision auprès des instances de recours italiennes et SOS MEDITERRANEE soutient entièrement cette démarche. En effet, nous réfutons catégoriquement toute accusation de participation à des activités illégales. L’Aquarius a toujours suivi des procédures rigoureuses dans ses activités portuaires, qui n’ont jamais été remises en question en trois ans d’opérations.

Alors que d’autres navires d’ONG ont déjà été saisis, nous dénonçons cette nouvelle offensive dans la série d’attaques qui visent à criminaliser l’aide humanitaire en mer et à bloquer l’Aquarius au port.

Pour l’heure, l’Aquarius n’est pas mis sous séquestre. Étant à quai à Marseille, une telle décision relèverait de la juridiction française. Nous attendons donc des autorités françaises qu’elles fassent preuve de discernement dans la mise en œuvre de cette décision éminemment politique.

Bien que des pressions répétées aient réussi à interrompre temporairement nos opérations en mer, nos équipes travaillent jour après jour à des solutions qui nous permettront de poursuivre notre mission vitale et urgente de sauvetage. Nous demandons aux gouvernements européens de mettre fin à ces attaques et de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à l’Aquarius de repartir au plus vite en mer. Ne l’oublions pas : au moins 2000 personnes sont mortes noyées cette année en Méditerranée et, en octobre, une personne sur cinq disparaissait ou perdait la vie en tentant la traversée de la Méditerranée centrale, un chiffre jamais atteint selon le HCR.

Portés par votre indéfectible soutien, nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour continuer à porter assistance aux personnes en détresse en mer, un impératif légal et moral qui doit primer sur toute autre considération.

L’Aquarius est un bateau citoyen. Tant que vous serez à nos côtés, renoncer ne sera jamais une option.

Merci pour votre engagement,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#SaveAquarius
#SaveRescueAtSea

PS : Si vous ne l’avez pas encore fait, nous vous invitons à signer et à partager la pétition disponible en 9 langues que nous avons lancée pour sauver l’Aquarius et le sauvetage en mer. C’est par ici !

Face à l’inacceptable, agissons pour porter secours et sauver des vies http://www.sosmediterranee.fr/

Festival Migrantscene du 17 nov au 7 décembre

Un festival engagé

Un festival dans plus de 100 villes en France métropolitaine et Outre Mer 3 semaines d’événements, d’échanges, de rencontres et de fêtes à partir de la mi-novembre.

AGIR ENSEMBLE…

Né à Toulouse en 2000 et structuré à l’échelle nationale depuis 2006, LE FESTIVAL MIGRANT’SCÈNE DE LA CIMADE réunit et mobilise les milieux de l’éducation populaire, de l’art, de l’éducation, de la culture, de la solidarité ou encore de la recherche, au profit de publics larges et variés.

Plus de 400 partenaires
Des centaines de bénévoles
Avec le soutien de l’Agence française du développement, du ministère de la Culture, des collectivités territoriales…
En lien avec le Festival des Solidarités et bien d’autres festivals et rassemblements locaux…

PENSER ENSEMBLE…

MIGRANT’SCÈNE est un espace où s’ouvrent et se vivent tous les champs des possibles. Le festival s’offre avec simplicité comme un lieu de rencontres et d’échanges. Bienveillance, curiosité, altérité, convivialité, créativité, croisement des regards et des imaginaires… autant d’atouts pour favoriser le dépassement de nos préjugés.

POUR VIVRE ENSEMBLE !

PARCE QUE quitter son pays est un droit inscrit dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme,
PARCE QUE la question des migrations est au cœur de l’histoire et de la structure de nos sociétés,
PARCE QUE nous avons tous des préjugés, issus de toutes nos peurs,
PARCE QU’une représentation politique tenace nous incite à considérer l’étranger comme une menace par nature,
PARCE QU’une politique de repli ne peut être la seule réponse possible aux enjeux actuels et à venir des migrations,

LE FESTIVAL MIGRANT’SCENE choisit de parler des migrations, d’interroger les politiques et mécanismes qui les sous-tendent, et remet à l’honneur l’hospitalité comme fondement de notre société et de notre rapport à l’autre quel qu’il soit !

En 2018, le festival propose de partager inspirations et initiatives autour de la thématique  » D’ici et d’ailleurs : ensemble  » .

Vous trouverez ici https://www.migrantscene.org/un-festival-engage/presentation-du-festival/tout ce qui se passe dans votre région

Le HCR dénonce des conditions abjectes pour les réfugiés en Grèce

Le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (HCR) a dénoncé des conditions abjectes dans les centres de réception et d’identification des deux îles grecques de Samos et Lesbos. Il a également prévenu que le camp de Moria à Lesbos était devenu une poudrière.

Le HCR appelle dans un communiqué le gouvernement grec à prendre des mesures d’urgence pour remédier à la situation de quelque 11’000 réfugiés sur ces deux îles. L’agence de l’ONU demande notamment une accélération du transfert vers le continent de plus de 4000 personnes vulnérables.

Depuis le mois d’août, observe le communiqué, plus de 6500 personnes ont déjà été transférées vers le continent, où le gouvernement a l’intention d’ouvrir 6000 nouvelles places. Mais plus de 11’000 réfugiés sont arrivés durant la même période sur les îles de la mer Egée.

Rats et serpents

A Samos, « la situation empire ». Le camp de Vathi et ses alentours accueillent 4000 personnes, alors que le camp lui-même n’est conçu que pour en recevoir 650. Les nouveaux arrivants doivent acheter leurs propres tentes et les installer sur un terrain pentu hors du camp. Outre l’absence d’électricité et d’eau courante, il y a dans cette zone des serpents et des rats attirés par les ordures non ramassées, poursuit le HCR.

Dans le camp, « de nombreuses toilettes et douches sont cassées et les eaux usées se déversent près des tentes », décrit aussi le HCR. Les réfugiés les plus vulnérables, dont près de 200 mineurs non accompagnés, une soixantaine de femmes enceintes et des personnes handicapées ou victimes de violence sexuelle sont laissés pendant des mois dans ces conditions déplorables, tous les hébergements alternatifs sur l’île étant occupés.

A Lesbos, près de 6500 réfugiés sont accueillis dans le camp de Moria, prévu pour le tiers de ce nombre. Près de 2000 d’entre eux se trouveraient à l’extérieur dans un champ.

« Les tensions et les frustrations s’accentuent alors que les délais administratifs (pour les demandes d’asile) restent importants » explique le HCR, ajoutant que Moria « est devenu une poudrière ». Et de préciser que « ces délais ainsi que la détérioration des conditions menacent sérieusement la sécurité de ceux qui y vivent et y travaillent ».

Meilleure situation à Chios

Le HCR appelle également « la Commission Européenne et les Etats membres à continuer à préparer des mesures de soutien d’urgence et de relocalisations à la demande du gouvernement grec ». D’après les derniers chiffres disponibles, 20’000 réfugiés se trouvent actuellement sur les îles de la mer Egée. La situation est moins dégradée à Chios, Kos et Leros.

Près de 21’737 réfugiés étaient arrivés au total à mi-septembre depuis début janvier, contre 17’563 pour toute l’année 2017, selon le ministère de la Politique migratoire.

Entretien libre Stathis Kouvelakis

La situation se durcit en Grèce, où le pouvoir en vient désormais à une confrontation ouverte avec l’opposition. Lois spéciales, police anti-émeutes contre les militants et même contre les retraités, des dizaines d’opposants sont désormais traînés devant les tribunaux. Les choses ont pris une tournure encore plus grave avec les poursuites engagées depuis un mois contre un ex-ministre du premier gouvernement Syriza, Panagiotis Lafazanis, le secrétaire national d’Unité Populaire, parti de gauche favorable à la sortie de l’euro. C’est la première fois depuis la chute du régime des colonels que le dirigeant d’un parti démocratique se voit ainsi poursuivi pour son activité politique. Pour parler de la situation grecque, Aude Lancelin reçoit aujourd’hui dans l’Entretien Libre Stathis Kouvelakis, professeur de philosophie au King’s College de Londres, et ex-membre du comité central de Syriza.

 

Festival des solidarités en Isère

Le festival commence le 7 novembre avec la soirée organisée par le collectif Grèce-austérité de Grenoble à la MDA à 20h.  » La SCOP : de Thessalonique à Grenoble, une autre manière de gérer une entreprise » ( voir l’annonce  https://www.grece-austerite.ovh/rappel-soiree-scop-et-soutien-aux-viome-de-thessalonique/)

Les associations du Collectif qui organise ce 2e Festival des Solidarités (ex-Semaine de la Solidarité Internationale) vous accueillent à Grenoble et à St Martin d’Hères pour faire connaître des actions de solidarité ici et à l’international. C’est aussi une invitation à partager la réflexion autour de cette solidarité qui vise à construire d’autres modes de développement pour la transformation d’un modèle de société dominant créateur d’inégalités et d’exclusions.

Le programme complet du festival des solidarités festisol2018-depliant_A4 (3)

Pouvoir d’achat : les gagnants et les perdants

En France un article de Laurent Jeanneau sur Alternatives Economiques

A qui profite la politique économique du gouvernement ? Il y a un an, Emmanuel Macron s’était vu accoler l’étiquette de « président des riches », suite notamment à la réforme de la fiscalité du capital. Mais si l’on en croit les résultats d’une récente étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), qui évalue l’impact des budgets 2018 et 2019 sur le pouvoir d’achat des ménages, c’est plutôt de « président des très riches » dont il faut désormais parler.

Le 1 % des Français les plus aisés est le grand gagnant de la politique fiscale : en 2019, ses revenus grimperont de 6 %, grâce notamment aux effets cumulés de la réforme de l’impôt sur la fortune et du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital. De manière plus précise encore, les gains se concentrent dans le top 0,4 % des niveaux de vie, qui verra son pouvoir d’achat gonflé de plus de 28 300 euros en 2019. Pour le top 0,1 %, le cadeau s’élève même à 86 290 euros !

Des pertes nettes pour les bas revenus

Gains et pertes de revenu disponible liés aux mesures relatives aux prestations sociales dans le budget 2019, en %, par centiles de revenus (voir tableau sur le site de Politis).

A l’autre bout de l’échelle sociale, les bas revenus sont les grands perdants. Les 20 % de Français les moins bien lotis verront leurs ressources s’amoindrir. En cause, la très faible revalorisation des prestations sociales et la réforme des allocations logement, qui amputeront le pouvoir d’achat des Français les plus modestes de 3,5 milliards d’euros, dans un contexte où les prix repartent à la hausse.

Ils seront également pénalisés par la hausse de la fiscalité sur le tabac et sur l’énergie. Sans oublier la baisse programmée des dépenses publiques – dont les effets n’ont pas été modélisés dans cette étude – qui pénalisera indirectement le pouvoir d’achat des plus modestes. Seuls les bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés et du minimum vieillesse seront épargnés. Certes, la prime d’activité, destinée aux travailleurs à bas revenus, a été revalorisée de 20 euros en 2018. Pas de revalorisation générale en 2019 en revanche, mais une « bonification » ciblée sur le Smic, de façon à en limiter le coût. Couplée à la baisse des cotisations, cette mesure fera gagner 32 euros aux Smicards. « Un effet modeste à l’incitation à l’emploi », juge l’IPP.

Entre les deux bouts de l’échelle sociale, la classe moyenne ne s’en sort pas trop mal. Les Français qui se situent au centre de la distribution des revenus, c’est-à-dire entre le 3e et le 8e déciles, verront leurs revenus légèrement augmenter, grâce à la baisse de la taxe d’habitation. Ceux d’entre eux qui sont actifs profiteront également de la baisse des cotisations salariales.

Les retraités, en revanche, subiront une double peine : la sous-indexation des pensions et la hausse de la CSG. Les pensions de retraite ne seront en effet revalorisées que de 0,3 % en 2019 et 2020, un quasi-gel, alors que l’inflation devrait être de 1,6 %. Et ce tour de vis intervient après une hausse de 1,7 point de la CSG en 2018. Les retraités ont donc du souci à se faire pour leur pouvoir d’achat. Ce que confirme l’évaluation de l’Institut des politiques publiques (IPP).

Les retraités pénalisés

Gains et pertes de revenu disponible suite aux effets des budgets 2018 et 2019 pour les retraités, en %, par centiles de revenus (voir tableau sur le site de Politis).

Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Les plus modestes d’entre eux bénéficieront de la revalorisation du minimum vieillesse et seront épargnés par la hausse de la CSG. D’autres sortiront en partie gagnants de l’exonération de la taxe d’habitation. Ce sont finalement les retraités les plus aisés qui seront le plus mis à contribution. A l’exception notable des très fortunés…

Source https://www.alternatives-economiques.fr/pouvoir-dachat-gagnants-perdants/00086653

Grèce: Faire front contre l’aventurisme militaire du pétrole

Par Panos Petrou Publié par Alencontre

Le gouvernement grec joue avec le feu dans la Méditerranée orientale inflammable. La tension a de nouveau augmenté dangereusement en Méditerranée orientale, «saturée» encore par des navires de guerre qui évoluent cette fois autour du bateau turc de recherche Barbaros. Celui-ci, escorté par la flotte militaire turque, est étroitement suivi par deux vaisseaux militaires grecs, assistés de quatre destroyers de première ligne des Etats-Unis.

Un incident militaire ­ évité de justesse lorsque la frégate grecque Nikiforos Fokas a tenté d’intercepter la progression du navire de recherche ­ –indique que le gouvernement SYRIZ-ANEL s’est embarqué dans un jeu dangereux, jouant avec le feu… sur la mer.

Nous ne sommes plus impressionnés par la présentation unilatérale – mettant plus d’une fois la réalité cul par-dessus tête – opérée par les médias grecs sur l’évolution de la situation. Ainsi titrent-ils: «De nouvelles provocations turques!» Un problème autrement important émerge lorsque de tels schémas de lecture sont adoptés par la majorité de la Gauche grecque. Comment cependant avons-nous atteint cette nouvelle escalade?

Fin septembre 2018, le climat était différent. En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, eut lieu la rencontre Tsipras-Erdogan, considérée comme un pas vers la normalisation, suite aussi à la libération des deux militaires grecs entrés dans le territoire turc [1]. Il y a eu aussi des rencontres entre le Royaume-Uni, la Grèce, la Turquie et Chypre dans la perspective d’une éventuelle reprise des discussions sur la question de Chypre.

Qui est celui qui provoque?

Alors que l’on était supposé discuter le rétablissement de la confiance, et explorer une réouverture des négociations «depuis le point où elles s’étaient arrêtées à Crans-Montana» [2], il a été annoncé de manière fracassante, à la mi-octobre 2017, qu’une réunion tripartite entre la Grèce, Chypre et l’Égypte avait lieu à Elounda, en Crète. Depuis cette localité, Alexis Tsipras a annoncé qu’il s’était mis d’accord avec le dictateur égyptien Abdel Fattah al-Sissi sur «la grande importance de la délimitation de la zone économique exclusive entre nos pays» et sur la nécessité de «parvenir le plus rapidement possible à un accord sur cette question». Dans le même temps, Tsipras a fermement soutenu l’exploitation de la ZEE de Chypre par le gouvernement Anastasiadis [3], «contre toute menace émanant d’un pays tiers».

Des analystes politiques proches du gouvernement grec se disent optimistes et se félicitent de «l’excellente alliance» qui a été «construite depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi». C’est vraiment un grand honneur pour le gouvernement grec, que ses relations s’améliorent rapidement avec un pays après qu’il y ait eu là un coup d’État sanglant et que le pouvoir de Sissi se traduise par une répression sans rivages. En effet, Tsipras n’était point avare en compliments, ni en promesses de soutien, évoquant même «la nécessité d’ouvrir la discussion sur une relation stratégique UE-Égypte», envers l’homme surnommé «le Pinochet égyptien».

Le climat de cette rencontre tripartite préfigure la perspective d’un accord entre la Grèce, Chypre et l’Égypte qui prévoirait des dispositions pour les îles grecques de Castellorizo ??et Strongyli [4]. Ce n’est pas sans raison qu’une partie des courants politiques grecs «patriotique» ait parlé de «nouvelle formidable qui a causé un effondrement nerveux à Ankara». Parmi les réactions suscitées en Turquie par la rencontre d’Elounda, le terme «invasion» étant une exagération nationaliste, le terme «étranglement» renvoie à une description plus exacte.

Les préoccupations de la Turquie évoluent dans un contexte plus large. L’escalade des intentions de Tsipras a coïncidé avec le climat de «renforcement de la relation américano-chypriote au niveau de la défense» par des visites bilatérales de ministres, la répétition programmée de l’exercice militaire «Medusa» avec participation de forces navales grecques et égyptiennes dans les prochaines semaines, les contacts denses et fréquents du chef de l’État-Major grec, le général Evangelos Apostolakis, et du général Dunford, chef de l’État-Major des forces armées des États-Unis, à Washington, très peu de temps après leur rencontre en Grèce. Tout cela à l’approche d’un premier tournant décisif: le début des travaux de la compagnie pétrolière Exxon Mobile sur un terrain maritime chypriote d’extraction pétrolière et gazière.

Dans un tel contexte, le navire de recherches Barbaros a été missionné dans une région fortement symbolique, la zone où se touchent les ZEE (zones économiques exclusives) présumées de la Grèce, de Chypre et de l’Égypte. C’est un premier signal d’Ankara manifestant sa volonté de «rester présente» et de ne pas accepter «tranquillement» les faits accomplis en rapport avec une question qu’elle considère comme toujours ouverte.

S’en est suivie l’escalade: le gouvernement grec a envoyé la frégate Nikiforos Fokas pour faire obstacle au navire Barbaros. Le gouvernement turc a envoyé une escorte militaire (trois bateaux supplémentaires et deux sous-marins) et Athènes (avec Washington…) a riposté pour que l’on arrive ainsi au dangereux «surpeuplement» actuel en mer.

Des «droits nationaux justes»?

Ces événements sont présentés comme relatifs à «la défense du plateau continental grec» alors qu’il s’agit bien d’aventurisme politique et militaire. Nous reproduisons ici les mots non d’un quelconque national-nihiliste» mais d’un analyste issu de l’espace politique dit « patriotique » qui toutefois fait preuve d’une élémentaire reconnaissance de la réalité par rapport au sujet que nous traitons.

«Les vaisseaux Nikiforos Fokas et Salamis n’ont pas été envoyés pour protéger les îles de Chios ou de Castellorizo, mais ont été littéralement envoyés au diable Vauvert… Le site à l’origine de la crise actuelle se trouve très loin de la Grèce et il est totalement douteux qu’une quelconque Cour internationale de Justice reconnaisse l’existence d’un plateau continental grec à cet endroit… Dans cette région il n’y a pas de plateau continental grec ou turc. Tout simplement parce que, conformément à la Convention internationale de Montego Bay de 1982 sur le droit de la mer, pour qu’il y ait de plateau continental légalement reconnu il faut que précédemment les Etats limitrophes aient procédé à sa délimitation soit par un accord bilatéral, soit par recours à l’arbitrage international, ou au jugement d’une Cour internationale. La même règle vaut aussi pour la validation légale des Zones économiques exclusives».

Les experts ont averti qu’en cas de recours au tribunal de La Haye rien ne garantirait la confirmation des positions grecques, le droit de la mer énonçant un certain nombre de critères tenant compte de la différence entre une petite île comme Castellorizo ??et un grand pays continental doté d’une grande côte comme la Turquie. La Cour internationale de Justice a également rendu des arrêts qui nient le plein effet pour des îles (par exemple en mer Noire), dans des affaires similaires.

Ce sont bien ces complications qu’Athènes tente de contourner, en créant des états de «faits accomplis», avec le soutien de gouvernements impérialistes et usant de la diplomatie des canonnières, en l’occurrence étrangères. Confrontée à son isolement international, la Turquie répond par la diplomatie de ses propres canonnières, en s’efforçant d’imposer un retour à la négociation dans la perspective d’une co-exploitation des ressources maritimes souhaitée par elle.

Dans cette guerre de nerfs et d’usure, le rôle des États-Unis sera crucial. Ils aimeraient bien inclure la Turquie dans le jeu, mais ils semblent opter pour la méthode du chantage, en soutenant l’axe Grèce-Chypre-Israël-Égypte jusqu’à ce qu’Ankara se conforme pleinement. C’est là-dessus que s’appuie l’arrogance grecque.

En Turquie, l’ambiance (actuelle) est plus «anti-américaine» que «anti-grecque». Le conseiller d’Erdogan, Yigit Bulut, dans un article qui, tout parsemé qu’il soit de pantalonnades sur les moyens d’une victoire turque en cas d’éventuel conflit, indique au fond la voie de la raison en écrivant: «J’espère que la Grèce ne s’embarquera pas dans ce sale jeu, qu’elle ne se laissera pas instrumentaliser… J’espère que la raison et l’amitié vont prévaloir».

La Gauche

Sur quelles voies cette situation conduit la Gauche grecque? Tout point de vue ou analyse qui flirte avec l’idée de «droits nationaux justes» ou de «droits souverains», en lien avec l’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale, ne fait que nuire à l’effort commun (de toute la Gauche et de la classe ouvrière) pour construire un mouvement contre les guerres avec des traits forts anti-impérialiste.

Cette contradiction doit être résolue. Pour deux raisons. 1° Dans le capitalisme impérialiste, les « droits souverains » sur les ressources productrices de richesse sont l’affaire des firmes capitalistes et des forces impérialistes. Il ne s’agit pas d’une «dot nationale» d’un futur «pouvoir populaire» dont nous sommes encore très éloignés. Entre-temps il y a tout intérêt à éviter de jouer avec le feu des conflits nationalistes dans une zone inflammable. Car le point de vue opposé est encore plus rétrograde que celui d’un cosmopolitisme bourgeois raisonnable optant pour la co-exploitation des ressources de la mer Egée face au danger d’une guerre. 2° Mais il y a aussi une deuxième raison pour une telle prise de position: face au changement climatique, où l’ONU même est obligée de sonner l’alarme, alors que les militants de Gauche à juste titre nous mettent en garde que «nous devons laisser le pétrole tranquille dans le sous-sol» et saisir d’une chance pour empêcher la catastrophe imminente, la dernière chose que même un futur pouvoir populaire» devrait faire serait de réclamer des parts dans l’extraction des hydrocarbures…

Pour sauvegarder le bien souverain et commun de la paix, pour intensifier la lutte contre l’impérialisme, pour prévenir un désastre écologique, la Gauche doit s’opposer fermement au «grand jeu» autour des hydrocarbures. Nous terminons en revenant vers l’analyste réaliste de l’espace patriotique: «Il n’y aura pas de gagnants ni de perdants… il n’y aura que des perdants… La dernière chose dont nous avons actuellement besoin c’est de nouveaux généraux Ioannidis [4].»(Article paru dans le numéro 419 du bimensuel grec Ergatiki Aristera (Gauche Ouvrière); traduction par Emmanuel Kosadinos pour alencontre.org)

Notes

[1] Les deux soldats grecs libérés d’une prison turque après plus de cinq mois de détention ont atterri dans la nuit du mardi 14 août au mercredi 15 août à l’aéroport de Thessalonique, selon l’AFP. Dans la foulée de l’annonce, mardi après-midi, de la décision de leur libération par un tribunal à Edirne, ville turque où ils étaient détenus depuis mars dernier, le ministre adjoint des Affaires étrangères, Georges Katrougalos, et le chef adjoint de l’état-major Konstantinos Floros s’y sont rendus à bord d’un avion officiel pour les transférer en Grèce. Les deux soldats sont sortis de l’appareil en tenue militaire et ont été accueillis vers 03h30 heure locale (00h30 GMT) à l’aéroport par le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos (le patron de l’ANEL, «Grecs indépendants»), et le chef de l’état-major Alkiviadis Stephanis, une garde d’honneur et leurs parents, selon la même source et des images diffusées en direct par la télévision publique grecque ERT. (Réd. A l’Encontre)

[2] Négociations de Crans-Montana: négociations entre les dirigeants chypriotes grecs et turcs et les représentants des puissances garantes (Grèce, Turquie, Royaume-Uni) qui ont eu lieu à partir de fin juin 2017, dans la station de ski de Crans-Montana, en Suisse, dans le but de parvenir à une réunification de l’île, divisée depuis plus de quarante ans. Elles se sont conclues sans accord le 7 juillet 2018 (Note du traducteur).

[3] Nikos Anastasiadis : président de la République chypriote depuis 2013, ancien leader (1997-2013) du parti conservateur «Rassemblement démocrate». (Note du traducteur)

[4] Castellorizo ??et Strongyli sont des îles grecques: la première d’un diamètre maximal de 5,5 kilomètres et la seconde, de diamètre maximal de 1,6 kilomètre. Elles sont situées, la première à 2 kilomètres de la côte sud-ouest de la Turquie et la seconde à 3,2 kilomètres. Elles sont séparées entre elles d’une distance de 9 kilomètres. (Note du traducteur)

[4] Dimítrios Ioannídis: Un parfait exemple d’aventurier irresponsable réactionnaire, le général de brigade Ioannídis, fut le chef de la police militaire pendant la dictature des colonels (1967-1974) dont il a été un des piliers, ayant activement pris part au coup d’Etat militaire qui l’a installée. En novembre 1973, il organisa un «coup d’Etat dans le coup d’Etat» pour diriger pendant quelques mois la Grèce depuis les coulisses. En juillet 1974, Ioannídis, aidé par des éléments extrémistes nationalistes chypriotes grecs, organisa à Chypre un coup d’Etat pour renverser le pouvoir légal de l’archevêque Makarios, président de la République chypriote. Cette intervention brutale du gouvernement grec dans affaires internes de la République chypriote, jadis unifiée, a servi de justification à l’intervention militaire de la Turquie, puissance garante selon les traités, et la partition de facto de l’île. (Note du traducteur)

Source Grèce. «Faire front contre l’aventurisme militaire pour du pétrole»

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