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Gros temps La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Gros temps

Gros temps en mer annoncé pour bientôt. Les chalutiers rentrent au port pour s’amarrer le long du quai, dimanche matin à l’heure du marché. Un marché à proximité des bateaux bien concis et pourtant salutaire, y compris pour les animaux adespotes des lieux. Comme nous, ils doivent passer l’hiver. Vente directe. En face, la plage, forcément celle de l’été est déserte. En cette saison, même les ruelles sous l’Acropole redeviennent calmes, en tout cas jusqu’à Noël. Hiver, et l’actualité grecque de la semaine a été rythmée en quelque sorte, par les gilets-jaunes français. L’Europe… comme pour évoquer l’hiver des peuples.

Vente directe. En Attique, décembre 2018

Dans les cafés d’Athènes les jeunes restés au pays se disent qu’il va falloir peut-être le quitter. Autour d’une table, une amie de la famille, visiblement connaisseuse du situationnisme qui prévaut aux autres pays de l’euro-délire réellement existant, expose devant les parents et notamment devant le jeune fils fraîchement diplômé. “Si tu pars, tu trouveras une vie plus stable, un salaire disons normal et cependant insuffisant. Le problème c’est surtout le logement et certains autres frais. Tu vois, tout n’est pas rose ailleurs, pourquoi crois-tu que les gilets-jaunes envahissent les rues de Paris et partout en France ?”

Le jeune hésite, il se ronge les ongles, ce qui lui permettent manifestement et temporairement de faire face à l’afflux d’énergie. Difficile pourtant que de canalise toute son impatiente, ou peut-être même la frustration alors ressentie. “Que faire ? Ici en informatique je trouverai du travail, seulement, il sera très mal payé, et surtout, je vais cumuler les CDD… sans parler du job non déclaré.” Le père aussi, il hésite. “Ici du moins il y a toujours, enfin je l’espère, ton logement, le nôtre.” Ils quittent le café, et d’ailleurs il se vide. Temps mort pour une partie majoritaire du pays, aux terrasses des cafés parfois vides et parfois remplies, mais disons que c’est l’hiver et le froid et ses truismes.

Sur les ondes radio, une femme médecin en chef au sein d’une unité de soins intensifs dans un hôpital public dénonce pour une énième fois le manque de moyens. “Nos unités sont à moitié fermées. Nous manquons de personnel et de budget, le matériel manque aussi. Le gouvernement se vante de son excédent primaire, il distribue des cadeaux à sa clientèle politique tandis que nos malades meurent. Je suis chef de service, j’ai plus de trente années d’ancienneté et je gagne 1.800€ net après tant de diminutions successives de mon salaire, tandis que mes collègues jeunes, ils gagnent moins de mille euros par mois. D’après nos calculs, les médecins du public ont perdu en moyenne 55% de leurs revenus en huit années. Heureusement que nous oublions tout cela devant nos malades, dans les salles d’opération… pour ainsi revenir dans la réalité une fois rentrés chez nous. Nos jeunes médecins ont quitté et quittent encore le pays par milliers”, radio 90.1 FM, zone matinale du 10 décembre.

Bords de mer en hiver. En Attique, décembre 2018
Sous l’Acropole. Athènes, décembre 2018
En terrasse. Athènes, décembre 2018

D’après les données de l’Agence fiduciaire sous contrôle étranger, bruxellois et germanique, de la dite “Autorité Indépendante des recettes publiques – AADE”, “l’État grec”, doit plus de 2,6 milliards d’euros aux citoyens et aux entreprises du pays, le chiffre est en hausse d’après la presse grecque de la semaine. État aux investissements publics inexistants, sauf pour la camarilla des Syrizístes et assimilés. Dernier cas en date, un certain Manólis Petsítis de la bande à Tsípras, humble serveur dans une pizzeria d’Athènes jusqu’à 2015, devenu conseiller du… Premier ministre, il mène depuis une vie de palais, il est officiellement employé collaborateur de six entreprises liées aux affaires de l’État, et il cumule un revenu de plus de 200.000€ par an, au lieu de la modeste somme de 5.000€ par an avant que… la politique et les affaires de haut niveau ne découvrent ses… talents apparemment cachés, presse grecque de la semaine. Des broutilles diront les vrais maîtres-fous du pays, sauf que les citoyens sont en colère.

Le serveur si servi mène alors la belle vie de manière ostentatoire, il a même publié sa photo… derrière le pupitre des déclarations officielles du Premier ministre. C’est bien connu, les gamins font passer parfois entre eux leurs jouets et autres ballons. En même temps, dans l’autre vraie vie, celle des Grecs d’en bas, la Police locale ainsi que les services sanitaires ont été saisis sur l’île de Lesbos, un… concitoyen tue les chats et les chiens adespotes de son village pour se nourrir, presse locale et athénienne de la semaine. Ailleurs dans Athènes, on y découvre des annonces du type: “Madame Betty D. cherche à cohabiter, elle est propre, elle a peu d’affaires et elle sait très bien s’occuper du ménage”, ou encore: “Je recherche du travail en domestique interne, Maya.” Hiver, déjà celui des peuples.

Athènes aussi, capitale des restes culturels comme autant des… restes humains. Ainsi, à deux pas d’un immeuble des années 1920, emblématique d’un passé finalement si lointain entre Art déco et architecture mauresque, on y découvre ceux qui se droguent en plein jour dans les parcs par dizaines, sans évoquer les campus universitaires devenus zones à risque et foyers du crime organisé où tout y est: meurtres, saccages des Antifa et assimilés, vendeurs de drogue, violeurs, trafiquants de cigarettes et autres… “Lumières” du siècle qui est le nôtre. Le nihilisme des mondialisateurs, pratiqué et ainsi alimenté d’en bas pour déstabiliser encore davantage nos sociétés minées par les économismes du totalitarisme ambiant. L’entre-deux-guerres qui se prolonge en quelque sorte à travers une guerre totale à bas voltage.

Entre Art déco et architecture mauresque. Athènes, décembre 2018
Restes humains. Athènes, décembre 2018
Madame Betty. Athènes, décembre 2018
Maya… domestique interne. Athènes, décembre 2018

Derrière une vitrine oubliée, c’est le discours d’Emmanuel Macron à la Pnyx, datant du 7 septembre 2017 qui se vent encore sous forme de fascicule. Discours disons… historique: “Je ne saurais cependant me limiter à l’émotion, si vive soit-elle, que procurent ces lieux de mémoire. Et je veux plutôt me mettre à leur écoute. Parce que ces lieux nous obligent, puisque c’est ici que fut inventée la forme moderne de l’État, ici que cette cité d’Athènes construisit patiemment, par la souveraineté du peuple, la souveraineté de son destin, nous devons nous demander sans complaisance ‘qu’avons-nous fait, nous, Européens, de notre souveraineté ?’. Puisque c’est ici que fut pris le risque de cette démocratie qui confie au peuple le gouvernement du peuple, et considère que le plus grand nombre, c’est mieux que le petit nombre pour édicter une loi respectable, interrogeons-nous: qu’avons-nous fait, nous, de la démocratie ?”

“Et ces paroles que non loin d’ici, PERICLES prononça en l’honneur des guerriers morts au combat, écoutons-les résonner encore fortement. ‘La liberté’, disait-il, ‘est notre règle dans le gouvernement de la République, et dans nos relations quotidiennes. La suspicion n’a aucune place’. Mais nous, Européens, nous faisons-nous encore confiance ?” Périclès n’est plus depuis si longtemps et 2017 même est déjà bien loin.

La presse grecque ironise au sujet de l’opportunisme de Tsípras lorsque son habilleur imaginé pour les besoin d’un dessin humoristique, lui préparerait alors un gilet-jaune à sa taille, tandis que sur la Place de la Constitution comme devant l’Ambassade de France, toujours cette semaine, les passants ont découvert une étrange poignée de gilets-jaunes issus de cette gauche morte, s’agissant de Panagiótis Lafazánis et des chefs de l’Unité Populaire (l’ancienne aile gauche de SYRIZA jusqu’en 2015), ces… politiciens périmés ont ainsi frôlé le ridicule. Musée des Arts et des traditions populaires. Non, le peuple ne s’improvise pas, et encore moins ses luttes.

Discours d’Emmanuel Macron. Athènes, décembre 2018
Tsípras… gilet-jaune. Presse grecque, décembre 2018
Lafazánis et les siens en gilet-jaune. Athènes, décembre 2018, presse grecque

Apories ainsi de notre temps, le terme en grec signifie à la fois la déshérence que la surprise, le questionnement, l’interrogation. Encore une fois, nous nous éloignons du centre perdu, celui de Lorentzátos dont il était aussi question à travers notre dernier texte sur ce blog et la remarque de Juan Asensio au sujet de l’œuvre de Lorentzátos, toujours pertinente.

“Aporie sans doute, car nous ne pouvons désormais plus faire comme si nous étions des enfants sauvages, vieillards vicieux redevenus insouciants et courants nus dans les bois, appliquant quelque ridicule précepte rousseauiste dont l’application pratique n’a jamais signifié qu’une mort plus ou moins prochaine, moins la nôtre que celle de mon prochain contraint de redevenir créature nue. Et quand bien même nous retrouverions quelque improbable état de nature édénique, celui-ci ne signifierait en aucun cas la reconquête de l’innocence: c’est les mains couvertes de sang, le cœur rongé et l’esprit assailli de mauvais rêves que nous jouerions à poursuivre l’antique Pan jusqu’à lui faire souhaiter une seconde mort encore plus discrète que la première.”

Le centre perdu donc de Lorentzátos autant que de Yórgos Seféris, car c’était un autre 11 décembre, en 1963, lorsque Seféris prononce en français son allocution de réception du prix Nobel, intitulée “Quelques points de la tradition grecque moderne”, où il présente le cortège des poètes-phares qui l’ont précédé dans le combat pour la langue grecque et termine en exprimant sa solidarité avec son peuple:

Zíssimos Lorentzátos et son chat (photo Internet)
Bateaux de pêche. En Attique, décembre 2018
Animal adespote près du port. En Attique, décembre 2018

“Maintenant je voudrais terminer ce court exposé avec un homme que j’ai toujours gardé près de moi; il m’a soutenu dans des heures difficiles, où toute ressource semblait perdue. Dans ce pays de contrastes qui est le mien, il est un cas extrême. Ce n’est pas un intellectuel. Mais l’intellect réduit à lui-même a parfois besoin de fraîcheur, comme les morts qui réclament du sang frais avant de répondre à Ulysse. Il avait appris à lire et à écrire un peu, à l’âge de trente-cinq ans, afin de pouvoir raconter, dit-il, ce qu’il avait vu pendant la guerre de l’indépendance, où il avait pris une part très active. Il s’appelle Jean Makriyánnis.”

“Je le compare à un de ces vieux troncs d’olivier de chez nous, façonnés par les éléments et qui peuvent, je crois, enseigner la sagesse. Lui aussi a été façonné par les éléments humains, par bien des générations d’âmes humaines. Il était né, vers la fin du XVIIIe siècle, dans la Grèce continentale, près de Delphes. Il nous raconte comment sa pauvre mère allant ramasser des fagots, avait été prise des douleurs de l’enfantement et lui donna naissance dans un bois. Ce n’est pas un poète, niais le chant est en lui, comme il a toujours été dans l’âme du peuple. Quand un étranger, un Français, lui rend visite, il l’invite à table: ‘Mon hôte’, raconte-t-il, ‘voulait aussi entendre de nos chants; je lui en ai fabriqué quelques uns’. Il est doué d’une force d’expression singulière; son écriture fait penser à un mur que l’on bâtit pierre à pierre; tous ses mots fonctionnent et ont des racines; il a parfois des mouvements de style homériques.”

“C’est l’homme qui m’a le plus enseigné en matière de prose. Il n’aime pas les faux semblants de la rhétorique. Dans un moment de colère, il s’écrie: ‘Et vous avez nommé un nouveau chef à la citadelle de Corinthe, un pédant! Son nom était Achille et en entendant le nom d’Achille, vous avez cru qu’il s’agissait de l’illustre Achille et que le nom allait combattre. Ce n’est jamais le nom qui combat; ce qui combat, c’est la valeur, l’amour de la patrie, la vertu’. Mais en même temps, l’on comprend l’amour qu’il a du patrimoine antique, quand, à des soldats qui veulent vendre deux statues à des étrangers, il dit: ‘Même si l’on vous paye dix mille thalers, n’acceptez pas qu’elles quittent notre sol. C’est pour elles que nous nous sommes battus’. Quand on songe que la guerre avait laissé de nombreuses plaies sur le corps de cet homme, on a le droit de conclure que ces paroles ont quelque poids.”

Sous l’Acropole. Athènes, décembre 2018
Caïque et son protecteur Saint-Nicolas. Attique, décembre 2018
En Attique, décembre 2018

Vers la fin de sa vie, son destin devient tragique. Ses plaies lui donnent des souffrances intolérables. Il est persécuté, jeté en prison, jugé et condamné. Dans son désespoir, il écrit des lettres à Dieu: ‘Et tu ne nous entends pas, tu ne nous vois pas…’ C’est la fin. Makriyánnis est mort vers le milieu du siècle dernier. Ses Mémoires ont été déchiffrés et publiés en 1907. Il fallut bien des années encore pour que les jeunes prissent conscience de sa véritable envergure.”

Sous le Saint-Empire européiste germanique des souffrances intolérables comme du regroupement politique et colonial de territoires en Europe centrale, du Sud, et occidentale de la dite Union européenne, certains vieux troncs d’olivier de chez nous comme de chez les autres peuples existent toujours, en dépit des attaques systémiques ou prétendument “anti-systémiques” initiées par les nihilistes, porteurs, entre autres, de l’acculturation de l’ultime capitalisme… plus la wifi.

Entre les Antifa et les autres Sorites (poulains du spéculateur Soros) assimilés, passés par là, le buste de Grigórios Xenópoulos vient d’être vandalisé dans le quartier de l’Académie à Athènes. Comme il a été noté par l’éditorialiste de “To Pontíki”, “la statue vandalisée, incarne une victime de plus, de cette sorte de mouvement étudiant vulgarisé et alors barbare, lequel opère de façon incontrôlable, anarchisante, détruisant le patrimoine intellectuel de la Grèce moderne, le tout, sous le couvert de la tolérance du système politique dans son ensemble, autant que sous la couverture idéologique de cette espèce de gauche totalitaire comme d’une société devenue profondément inculte et hypnotisée.”

Grigórios Xenópoulos (1867-1951) fut un auteur et dramaturge issu de Zakynthos, île Ionienne, un des plus importants et des plus joués, car certains de ses romans, nouvelles et pièces calqués sur la réalité ont été portés à l’écran et au théâtre. Xenópoulos avait autant vécu la fin de cette réalité sociale italienne des îles Ioniennes, dominée ainsi par l’esprit de division entre la noblesse et les “popolari”, disons les… gilets-jaunes d’alors. Et c’est cette idéologie politique et également rupture avec le peuple lequel se révoltait de temps à autre pour réclamer l’égalité que l’œuvre de Xenópoulos en témoigne alors si merveilleusement Sauf que pour les assistés de Soros, et ils ne sont pas les seuls, on doit passer outre de ce que les peuples peuvent authentiquement léguer, y compris à travers leurs luttes.

Grigórios Xenópoulos et l’hybris. Athènes, décembre 2018
Sous le Saint-Empire… Athènes, décembre 2018

Ces derniers mois, l’acculturation imposée s’officialise même, lorsque l’histoire, la langue ainsi que la littérature enseignées à l’école, subissent une purge significative pour ce qui tient de l’esprit national, chrétien et en somme celui liée à la résistance du peuple grec. Les termes, “amour de la patrie” ou “résistance” ont ainsi été bannis du vocabulaire enseigné, le tout, sous le couvert de la tolérance de tout le système éducatif, enseignants compris sauf certaines rares exceptions. Sous SYRIZA/ANEL, le Ministère de l’Éducation Nationale, est d’ailleurs devenu très officiellement et ainsi dans les faits, Ministère de l’Éducation, il fallait comme on dit oser. Autrement-dit, “l’éducation de Soros”, comme le signale Státhis Stavrópoulos dans son papier du jour, éditorialiste et dessinateur de presse issu de la gauche et patriote, oui, c’est parfois possible, “To Pontíki”, 11 décembre 2018.

Tsípras et sa bande haïssent la nation, la leur, tout en adoptant si possible les arguties des nationalismes des autres, ce qui fait le jeu des mondialisateurs apatrides et si ouvertement condescendants vis-à-vis les peuples. Ainsi, cette gauche Syrizíste a vendu, et très bien vendu on dirait, son internationalisme en échange du nihilisme des mondialisateurs et de leurs semblables, rapaces du travail des autres comme diraient peut-être encore les marxistes. Même tard, les peuples s’en aperçoivent, et ils finissent ainsi par haïr autant les mondialisateurs que leur personnel politique, de gauche comme de droite. Certains Grecs, ont même réalisé combien et comment l’ensemble du système politique, gauche muséale du PC grec et nazillons de l’Aube dorée compris, participent à ce jeu lequel doit un jour cesser.

Ceux qui dans ce pays arrivent encore à réfléchir au-delà de notre survivalisme accablant et qui concerne tout de même près de 70% de la population, sont alors très préoccupés. Après huit années de Troïka, de luttes et de trahisons de toute sorte, surtout devant la menace mortelle qui pèse désormais sur le pays et sur le peuple grec, ces Grecs donc capables de raisonner, représentant disons moins du 20% de la population, ils savent que la solution ne réside pas dans le système politique actuel. Ils sont aussi las de notre bien large littérature crisique, car pour ce qui est des analyses de la situation, tout ou presque a été dit, écrit et frappé à maintes reprises sur les claviers ou sur les écrans tactiles. Ce qui compte désormais c’est de trouver les formes de résistance et d’organisation inédites et novatrices pour d’abord tenir, et pour ensuite renverser la situation. Histoires de la sorte interminables à raconter, comme actuellement au coin du feu, à travers les braises de cette autre Grèce.

Héros représenté, de la Guerre d’Indépendance. Grèce, décembre 2018
On répare les filets de pêche. En Attique, décembre 2018

En attendant mieux de nous mêmes, on répare nos filets de pêche, comme on peint les figures des héros de la Guerre d’Indépendance de 1821 sur nos camions. Saint-Nicolas protégera sans doute nos bateaux, dont l’icône est parfois bien visible, tandis que les monastères, plus Orthodoxes que jamais, connaissent un certain engouement de la part des Grecs, une façon peut-être pour y écrire… des lettres à Dieu à la manière de Makriyánnis.

Les chalutiers rentrent au port pour s’amarrer le long des quais. Gros temps, et pas qu’en mer en ce moment. L’air devient irrespirable tous les soirs à cause du bois brûlé pour se chauffer, y compris à Athènes. L’hiver passera, espérons-le, pour votre blog, nous avons besoin du soutien de nos lecteurs et amis pour continuer à offrir chaque semaine une vision différente des réalités grecques et européennes.

L’hiver passera, espérons-le, et d’abord on dirait pour nos animaux adespotes.

Animaux adespotes. Athènes, décembre 2018
* Photo de couverture: Retour au port. En Attique, décembre 2018

CR réunion collectif du 3 décembre 2018

Réunion du collectif « Citoyens de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe »
du 3/12/2018

Présents : Lucienne, Christine, Georges, Béatrice, Max

– Retour sur la soirée SCOP + VIOME du 7 novembre à Maison des associations de Grenoble
Soirée très intéressante, les 2 intervenants (Cyril Zorman et Hervé Charmettant) ont développé les aspects théoriques et pratiques de la création et du fonctionnement des SCOP de manière très claire. Les VIOME n’ont bien sûr pas été oubliés, avec le petit film « la démocratie comme patron » du site #datagueule et un appel à participer à la commande groupée de leurs produits organisée par le collectif.
Une trentaine de personnes étaient présents à cette soirée, c’est beaucoup moins que lorsque nous organisons une projection de film …

– Commande des produits VIOME
La commande est partie jeudi 29 novembre, 34 personnes y ont participé pour environ 1500 €.
Les produits devraient arriver (dans le garage de Mylène et François) le 11 ou le 12 décembre et la distribution aura lieu jeudi 13 et vendredi 14 décembre, permanence de 12h à 14h et de 17h à 18h30.

L’information pour les permanences sera donnée par mail aux participants fin de semaine 49 (Christine) et un appel aux membres actifs du collectif sera fait pour assurer les permanences.

– Projection du film L’amour et la révolution en présence de Yannis Youlountas à la Mure lundi 10 décembre : Le collectif n’est pas organisateur de cette soirée mais la soutient et diffusera l’information via les nouvelles hebdomadaires et la liste d’Attac informer ( Gilles). Présence du collectif (Christine).

– Prochaines actions du collectif : les membres présents proposent de limiter les actions à :

  • le maintien du site qui répond au souhait de contrer la désinformation sur la situation sociale catastrophique en Grèce,
  • proposer à des salles de cinéma partenaires des projections de film avec débat,
  • participer à des actions de soutien de luttes en Grèce ( dispensaires, VioMe, convoi) mais sous réserve qu’elles s’inscrivent dans une démarche politique ,
  • conserver cette structure pour pouvoir agir rapidement en fonction de l’actualité.

– Prochaine réunion du collectif
Lundi 4 février 2019 de 17h à 19h salle 210 de la Maison des associations de Grenoble.

Mardi 18 décembre Journée internationale des migrants

Rassemblement à Grenoble à 17 h

 place de Verdun suivi d’une MARCHE AUX FLAMBEAUX en ville jusqu’au Jardin de Ville.

En solidarité des Migrants d’ici et de là-bas, pour une toute autre politique migratoire. Organisateurs : CISEM (dont fait partie le CIIP, MIGRANTS Isère, soutien de nombreuses organisations associatives, syndicales et politiques).

L’appel

Liberté et Égalité des droits !

Nous, Collectifs de Sans-papiers et Migrant.es, Syndicats, Associations et Marche des Solidarités appelons à des manifestations et rassemblements dans tout le pays le 18 décembre à l’occasion de la Journée Internationale des Migrant.es.

Nous marcherons toutes et tous ensemble, contre la montée des nationalismes, des racismes et des fascismes qui s’étendent sur l’Europe et le monde.

Nous marcherons aux flambeaux en mémoire des dizaines de milliers de femmes, hommes et enfants mort.es sur les routes de la migration
victimes des frontières et des politiques anti-migratoires des gouvernements des pays les plus riches de la planète et de leurs complices.

Nous marcherons pour en finir avec ces mort.es, pour la liberté de circulation et la fermeture des centres de rétention.

Nous marcherons contre l’idée que l’immigration crée du dumping social, pour la régularisation des sans-papiers et pour l’égalité des droits.

Nous marcherons pour la ratification par la France de la « convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille » adoptée par l’ONU le 18 décembre 1990 et qui vise à garantir l’égalité de traitement entre travailleurs français et immigrés.

C’est la précarisation générale, la remise en cause des acquis sociaux par les politiques d’austérité menées par nos gouvernants qui nourrissent les sentiments de mal-être et de repli sur soi dans la population. C’est en luttant ensemble que nous pourrons nous battre efficacement pour une société meilleure et égalitaire.

Les grecs solidaires des gilets jaunes français

Un comité citoyen de solidarité avec les gilets jaunes s’est créé et via les réseaux sociaux appelle tous les grecs à manifester ce Samedi à 13h Place Syndagma en même temps qu’ à Paris en solidarité avec les gilets jaunes. Les citoyens grecs sont invités à manifester en portant eux aussi un gilet jaune et à envoyer un « message de solidarité au mouvement français des Gilets Jaunes. Un grand mouvement qui gagne et oblige Macron à une retraite désordonnée. « Leur appel :

« Samedi (8/12) est le quatrième jour des manifestations de masse « Yellow jackets » en France.
Il y aura 65.000 officiers de police français.

Nous avons une dette à faire preuve de solidarité dans les « gilets jaunes » D’Athènes et de toute la Grèce.  Leur lutte est en même temps et lutte pour la vie du peuple grec en Grèce.

Nous disons non à l’austérité en Grèce, non aux licenciements, non à la misère et à la pauvreté dans notre pays, non à la taxation, non aux ventes aux enchères des biens saisis et aux coupures de courant, non à l’autoritarisme et à la persécution ».

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Prendre la mesure de l’urgence sociale

L’exécutif refuse de changer de cap : il ne prend pas la mesure de l’urgence sociale et écologique

Depuis plusieurs semaines, un profond sentiment d’injustice s’exprime dans tout le pays à travers le mouvement des « gilets jaunes ». Là où un changement de cap était attendu, l’exécutif ne propose que des suspensions temporaires de mesures impopulaires qui ne résoudront ni la situation des plus fragiles ni n’agiront efficacement face à l’urgence climatique. Là où des décisions fortes et courageuses étaient nécessaires pour réduire les inégalités, améliorer la situation des plus pauvres et plus précaires tout en donnant plus d’ambition à une politique écologique qui en manque cruellement, l’exécutif se limite à reporter toutes les décisions importantes après les élections européennes, comme s’il était possible d’enjamber la situation présente et ignorer la réalité du quotidien de nos concitoyens.

Le refus de donner un coup de pouce au SMIC ou d’augmenter les minima sociaux est une gifle assénée à toutes celles et tous ceux qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois. La majorité En Marche a fait de même envers les retraités ce lundi en votant sans sourciller le projet de loi de financement de la sécurité sociale et donc en écartant toute possibilité d’indexer à nouveau les pensions de retraite sur l’inflation. L’exécutif n’a clairement pas pris la mesure de la colère sociale qui s’exprime dans le pays.

Que Bruno Le Maire et Edouard Philippe essaient de réduire la mobilisation des gilets jaunes à une aspiration poujadiste à « moins d’impôts » indique le peu de considération qu’ils peuvent avoir envers ces centaines de milliers de personnes qui se mobilisent contre la politique fiscale inégalitaire, injuste et inefficace du gouvernement. N’ont-ils pas entendu les appels à supprimer les cadeaux fiscaux faits aux plus riches (ISF), aux détenteurs de capitaux (Flat tax) ou aux multinationales (CICE) afin d’améliorer la situation des plus précaires et de financer les services publics toujours plus éloignés des lieux de vie ? Croient-ils que saborder le projet de taxe européenne sur les transactions financières et qu’entériner une taxation des GAFA bien moins ambitieuse que prévue est de nature à « calmer » le sentiment d’injustice fiscale qui parcourt le pays ?

Une telle surdité et une telle intransigeance confinent à la provocation. On ne dirige pas un pays comme on dirige une start-up, où l’on pourrait suspendre une mobilisation sociale d’ampleur avec quelques mesures temporaires et une concertation dont les contours n’ont pas été précisés. Obligé de concéder quelques mesurettes sous la pression des mobilisations en cours, le gouvernement tente d’éteindre un incendie avec des arrosoirs percés : il est peu probable qu’il y parvienne ainsi.

Emmanuel Macron et son gouvernement ne répondent ni à la colère sociale ni à l’urgence climatique. Alors que la COP24 s’est ouverte en Pologne, le gouvernement vient en effet de réduire son ambition en matière de lutte contre les dérèglements climatiques, prévoyant d’augmenter les émissions de CO2 de 6% de plus que les objectifs annoncés sur les cinq prochaines années. Où est donc l’ambition climatique, pourtant assénée régulièrement ces dernières semaines pour justifier une fiscalité carbone inefficace et injuste ? Pourquoi le gouvernement refuse-t-il de basculer les hausses de la taxe carbone sur les sites industriels les plus polluants du pays et qui en sont aujourd’hui largement exonérés [1] ?

Pour Attac, ces politiques injustes socialement et écologiquement doivent être combattues avec la même détermination. Face à l’intransigeance d’Emmanuel Macron et de son gouvernement qui refusent de changer de politique, Attac appelle ses sympathisant·e·s, ses adhérent·e·s et ses comités locaux à renforcer les mobilisations actuelles, à faire connaître ses analyses et ses propositions et à être dans la rue massivement le 8 décembre, journée de mobilisation internationale pour la justice climatique et quatrième journée de mobilisation des gilets jaunes.

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Photo : Brice Le Gall

Rompre le tabou sur les dettes odieuses et leur répudiation

par Eric Toussaint , Nicolas Vrignaud
Eric Toussaint est docteur en sciences politiques et porte-parole du CADTM (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes). Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec Zoé Konstantopoùlou et dissoute le 12 novembre 2015 par le nouveau président du parlement grec. Son dernier livre Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, aux éditions Les liens qui libèrent, en 2017, traite de nombreux cas de répudiations de dettes durant l’Histoire. C’est entre autre autour de ce thème que nous l’avons rencontrés.

LVSL –Trouvez-vous que la dette soit un sujet trop peu discuté dans les médias traditionnels ? Si oui, pour quelles raisons selon vous ?

Eric Toussaint – Elle est souvent évoquée mais elle ne l’est jamais dans le sens où le CADTM et moi l’abordons. Le discours des médias dominants et des gouvernements consiste à dire qu’il y a un excès de dette, trop de dépenses publiques des États, et, en conséquence, qu’il faut payer la dette et réduire ces dépenses publiques. Avec le CADTM, nous essayons tout d’abord de nous demander d’où viennent les dettes, est-ce que les buts poursuivis via l’accumulation des dettes étaient légitimes, et est-ce qu’elles ont été contractées de manière légitime et légale ? Voilà l’approche que nous essayons d’avoir et il est certain en effet que celle-ci n’est jamais évoquée dans les médias dominants. Ceux-ci n’y voient pas d’intérêt, et puis cette question est selon eux déconnectée de leur réalité.

LVSL – Vous typologisez justement les dettes selon qu’elles soient illégitimes et peut-être odieuses. Pouvez-vous nous présenter les caractéristiques de ces types de dettes ?

E.T : Il y a eu tout d’abord l’élaboration d’une doctrine sur la dette odieuse par un juriste conservateur russe et professeur de droit à l’Université de Saint-Pétersbourg pendant le régime tsariste (Petrograd à l’époque, était la capitale de l’empire russe), Alexander Nahum Sack. Il a élaboré celle-ci en réaction à la répudiation de la dette à laquelle le pouvoir soviétique a recouru en 1918. Lui n’était pas d’accord, il s’est exilé en France et a alors commencé par recenser tous les litiges en matière de dettes souveraines entre la fin du 18e et les années 1920. Il a étudié les arbitrages internationaux, les jurisprudences, les actes unilatéraux. De tout cela, il a pu construire une doctrine de droit international (http://www.cadtm.org/IMG/pdf/Alexander_Sack_DETTE_ODIEUSE.pdf) qui s’applique en partie aujourd’hui. Celle-ci établit un principe général qui affirme que même en cas de changement de gouvernement, de régime, il y a continuité des obligations internationales.

Néanmoins, cette doctrine intègre une exception fondamentale, celle de la dette odieuse qui se fonde sur deux critères. Le premier critère est rempli si l’on peut démontrer que les dettes réclamées à un État ont été contractées contre l’intérêt de la population de cet État. Le deuxième critère est rempli si les prêteurs étaient conscients de ce fait ou s’ils ne peuvent pas démontrer qu’ils étaient dans l’impossibilité de savoir que ces dettes étaient contractées contre l’intérêt de la population. Si ces deux critères se trouvent ainsi satisfaits, alors ces dettes contractées par un gouvernement antérieur sont odieuses, le nouveau régime et sa population ne sont pas tenus de les rembourser. Pour le CADTM, cette doctrine doit être actualisée car la notion de ce qui est contraire à l’intérêt d’une population donnée a évolué depuis les années 1920, tout simplement car le droit international a évolué (http://www.cadtm.org/La-dette-odieuse-selon-Alexandre-Sack-et-selon-le-CADTM). C’est surtout le cas après la seconde guerre mondiale, où l’on a construit des instruments juridiques contraignants comme le PIDESC (Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels https://www.ohchr.org/fr/professionalinterest/pages/cescr.aspx) ou le PIDCP (Pacte international relatif aux droits civils et politiques https://www.ohchr.org/fr/professionalinterest/pages/ccpr.aspx), qui permettent de déterminer ce qui est conforme ou contraire à l’intérêt d’une population.

À propos de la dette illégitime, celle-ci peut être définie en termes moins contraignants, il n’y a pas la visée explicite d’aller à l’encontre de la population. Cette dette est qualifiée de « seulement » illégitime du fait qu’elle a été accumulée pour favoriser l’intérêt de minorités privilégiées. Par exemple, c’est le cas quand une dette publique est contractée pour sauver les grands actionnaires de banques, alors que ces banques sont responsables d’un marasme dû à une crise bancaire. Dans ce contexte-là, des dettes accumulées depuis la crise bancaire de 2007-2008 dans des pays tels que la France ou les États-Unis sont des dettes illégitimes. Le CAC (Collectif pour un audit citoyen de la dette publique) a d’ailleurs déterminé par ses travaux que 59 % des montants de la dette réclamée à la France sont illégitimes (cc https://www.audit-citoyen.org/2014/05/27/que-faire-de-la-dette-un-audit-de-la-dette-publique-de-la-france/ et https://static.mediapart.fr/files/note-dette.pdf). Cette masse correspond en partie au sauvetage bancaire mais aussi à toute une série de cadeaux fiscaux dont bénéficient les très grandes entreprises, et qui ne respectent pas les principes de justice fiscale et sociale. Par ailleurs, le renoncement des États de la zone euro à financer la dette étatique auprès de la banque centrale et la mise sur le marché de la dette oblige ces États à payer des taux d’intérêts supérieurs à ceux qu’ils auraient dû payer s’ils pouvaient se financer auprès de la banque centrale. Nous devrions donc déduire le montant de dette accumulée résultant de cette différence de taux.


LVSL – Au sujet de leur répudiation, comment les dettes sont-elles répudiées ? Vous citez, dans votre livre, beaucoup d’exemples de répudiation de dette, dès lors y voyez-vous une continuité dans les contextes politiques qui favorisent ces répudiations ?

E.T : Tout d’abord, de manière générale, il y a un changement de régime ou de gouvernement qui aboutit à une remise en cause de ce qui a été accumulé comme dette jusqu’au moment du changement. Par exemple, en 1837 aux États-Unis, il y a eu une rébellion citoyenne dans quatre États qui aboutit au renversement de leurs gouverneurs, accusés par les populations d’être corrompus, d’avoir passé des accords avec des banquiers pour financer des infrastructures qui n’ont pas été réalisées. Les nouveaux gouverneurs ont répudié des dettes et les banquiers affectés par ses répudiations sont allés jusque devant la justice fédérale des États-Unis. Mais ils y ont été déboutés ! C’est un cas fort intéressant. La répudiation a été la résultante d’une mobilisation citoyenne, d’une dénonciation du comportement de certaines autorités par une population outrée, et qui s’est insurgée contre le paiement des dettes.

Autre exemple, au Mexique, le gouvernement du président Benito Juarez, libéral au sens du 19e siècle, c’est-à-dire pour la séparation de l’État et de l’église, pour l’enseignement public gratuit, laïque et obligatoire, est renversé en 1858 par les Français et les conservateurs locaux. Ceux-ci empruntent aux banquiers français, suisses et mexicains pour financer leur gouvernement illégal. En 1861 quand Benito Juarez revient au pouvoir avec le soutien du peuple, il répudie les dettes contractées par les conservateurs. En janvier 1862, le gouvernement français de Bonaparte déclare la guerre au Mexique sous le prétexte d’obtenir le remboursement de la dette due aux banquiers français. Un corps expéditionnaire français qui a atteint 35 000 soldats impose alors le règne du prince autrichien Maximilien Ier, qui est proclamé empereur du Mexique. Mais Benito Juarez revient au pouvoir, encore une fois, avec l’appui populaire et il décide de répudier les dettes contractées par le régime de Maximilien d’Autriche entre 1862 et 1867. Cela a donné de bons résultats pour le pays. Toutes les grandes puissances ont reconnu le régime de Benito Juarez et ont signé des accords commerciaux avec lui, y compris la France après la chute de Bonaparte en 1870.

Enfin, on peut évoquer la révolution russe où la population était opposée aux dépenses du régime tsariste, et aux guerres que celui-ci menait. Et lorsque les soviets prennent le pouvoir en Octobre 1917, en conséquence de leur prise de pouvoir, un des décrets qui est adopté est d’abord la suspension de paiement, et puis la répudiation de la dette.

Ces exemples témoignent d’actes que l’on peut qualifier d’unilatéraux.

Il peut y avoir également d’autres exemples dans lesquels on retrouve cette-fois-ci une intervention internationale. En 1919, au Costa Rica, il y a un renversement d’un régime anti-démocratique et un retour à un régime démocratique, associé à une décision du congrès costaricain de répudier des dettes contractées par le régime antérieur. Face à la menace d’intervention britannique, le Costa Rica demande alors un arbitrage neutre. Les deux pays s’accordent pour désigner le président de la Cour Suprême des États-Unis comme arbitre, et celle-ci délibère en faveur du Costa Rica ! C’est intéressant au niveau de la jurisprudence, et cela sert de référence à A.N. Sack car celui-ci est un admirateur des États-Unis. Or, le président-juge de la Cour Suprême des États-Unis, William H. Taft, affirme que la dette réclamée au Costa Rica par une banque britannique, la Royal Bank of Canada, est une dette accumulée par le Président Federico Tinoco pour son bénéficie personnel et contre l’intérêt de la population. La banque n’a pas pu démontrer qu’elle ne savait pas que cet argent était emprunté par F. Tinoco en sa seule faveur. Surtout, à aucun moment dans le jugement, W.H. Taft ne se réfère au caractère despotique du régime, et A.N. Sack en ressortira dans sa doctrine que peu importe la nature du régime antérieur, cela n’a pas d’importance, ce qui compte dans l’appréciation de la dette est l’utilisation qui est faite de l’argent emprunté. Et de mon point de vue, cela est fondamental car pendant des années, il y a eu une interprétation erronée de la doctrine de A.N. Sack, qui limitait l’applicabilité de répudiation de la dette odieuse à des régimes dictatoriaux. Pour A.N. Sack, sa doctrine se fonde à propos d’un gouvernement régulier sur un territoire donné, à un régime qui exerce un pouvoir réel, et qu’il soit légitime ou non, là n’est pas la question.

A.N. Sack, même s’il ne parle pas de « peuple » mais de « nation », et c’est toute la différence du contexte historique avec aujourd’hui et l’évolution parallèle du droit, mentionne clairement les intérêts de la population, notamment à partir d’un cas très précis : le traité de Versailles de Juin 1919. Celui-ci dit que les dettes contractées par l’Allemagne pour coloniser la Pologne ne peuvent pas être mises à charge de la Pologne restituée dans son existence en tant qu’État indépendant car justement cette dette a été contractée pour coloniser la Pologne et donc contre l’intérêt du peuple polonais. Dans le même traité il est dit que les dettes contractées par l’Allemagne pour coloniser ses territoires d’Afrique (Namibie, Tanganyika, Cameroun, Togo, Ruanda-Urundi) ne peuvent pas être mises à charge des populations de ces territoires. Là intervient la notion d’intérêt des populations, avec laquelle A.N Sack ne sympathise pas, mais qui a pris du sens à partir de cette période. Effectivement, le Président des États-Unis de l’époque, Woodrow Wilson, publie une déclaration en Janvier 1918 qui proclame le droit des peuples à l’autodétermination (https://www.herodote.net/8_janvier_1918-evenement-19180108.php). Dès lors, une dette accumulée pour coloniser une population donnée remet en cause le droit de ce peuple à l’autodétermination. Cette évolution du droit justifie ma position qui est de dire : reprenons les critères élaborés par A.N. Sack sur la base de la jurisprudence mais tenons compte de l’évolution du droit international.


LVSL – Si l’on regarde alors le cas de la Grèce en 2015, on retrouve un changement de régime avec l’arrivée du pouvoir de Syriza et Alexis Tsipras, et un appui social important. Pourtant au final, celui-ci a déconsidéré et ignoré le travail de la Commission sur la vérité de la dette publique grecque pour laquelle vous avez œuvré. Quels sont les paramètres politiques qui ont empêché ce mouvement propice vers une possible répudiation d’une partie de la dette grecque ?

E.T : Oui, c’est extrêmement important évidemment d’analyser ce cas. Il s’agit tout simplement là de l’incapacité de Tsipras à adopter une stratégie adaptée au contexte réel dans lequel la Grèce se trouvait. Si l’on regarde le programme de Thessalonique présenté en Septembre 2014, sur lequel il a été élu (voir les extraits du programme dans mon article : http://www.cadtm.org/Des-le-debut-Varoufakis-Tsipras), il y avait toute une série d’engagements très importants qui impliquaient notamment une réduction radicale de la dette. Il y avait en effet des mesures qui devaient provoquer des changements radicaux par rapport à l’austérité la plus brutale qui avait été menée, par rapport aux privatisations, et par rapport à la manière dont les banques grecques avaient été sauvées. Lui a entrepris une démarche qui n’était pas du tout cohérente avec le programme et les engagements qu’il avait pris. Sa stratégie fut celle d’une concession très rapide à la Troïka, composée de la BCE, de la Commission et de l’Eurogroupe, ce dernier étant d’ailleurs une instance qui n’a pas de statut juridique, qui n’existe pas dans les traités. Mais c’est bien dans ce dernier que le gouvernement Tsipras a accepté d’être enfermé. Varoufakis allait négocier et signer des accords avec l’Eurogroupe, présidé alors par Jeroen Dijsselbloem. Selon moi, c’est cette stratégie qui a amené à une première capitulation le 20 Février 2015, quasiment d’entrée. Le fait d’accepter de prolonger le mémorandum de quatre mois, de respecter le calendrier de paiements, et de s’engager à soumettre des propositions d’approfondissement des réformes à l’Eurogroupe, c’est poursuivre dans la servitude (voir http://www.cadtm.org/La-premiere-capitulation-de). Beaucoup ont interprété cela comme l’adoption d’une attitude intelligente, tactique de la part de Tsipras. En réalité les termes de l’accord du 20 février 2015 constituaient un renoncement. Cela l’a définitivement emmuré. Or il aurait dû revenir en arrière en admettant devant son peuple et devant l’opinion internationale qu’il avait été naïf en acceptant les termes du 20 Février. Face au refus de la Troïka de respecter les vœux émis par le peuple grec, il aurait dû déclarer qu’en faisant des concessions, il avait cru à tort que l’Eurogroupe allait également en faire. Dès lors, il aurait pu conclure sur la nécessité de changer d’approche. Mais il ne l’a pas fait alors qu’il avait la légitimité pour le faire et nous l’avons ensuite vu lors du référendum qu’il a gagné. Mais même après celui-ci, il n’a pas appliqué la volonté populaire alors qu’il s’était engagé à l’inverse ! C’est donc Tsipras lui-même qui a empêché que l’on aille, entre autres, vers une répudiation de la dette.


LVSL – Peut-il aujourd’hui advenir une situation similaire avec l’Italie ? N’y a-t-il pas une volonté de la part des institutions européennes d’être beaucoup plus fermes avec des gouvernements de gauche, progressistes, plutôt qu’avec d’autres ?

E.T : Alors, avec l’Italie, nous sommes à un stade où l’on a l’impression, basée sur des éléments réels, que le gouvernement Salvini, pour lequel je n’ai aucune sympathie évidemment, est un peu plus ferme que le gouvernement de Tsipras face aux diktats des dirigeants de Bruxelles. C’est néanmoins à relativiser car, pendant la campagne, Salvini demandait un mandat au peuple italien pour une sortie de l’euro et dès qu’il a participé à la conception du gouvernement avec Di Maio, il a accepté le cadre et le carcan de l’euro. Là où le gouvernement italien à l’air de rester ferme, c’est sur le refus de la stricte discipline budgétaire. Mais attendons la suite, car le plus important reste à venir. Si l’affrontement se poursuit et se durcit, quelle attitude le gouvernement italien va-t-il adopter au bout du compte ? Nul ne le sait. Il est en tout cas des plus regrettables de constater que c’est un gouvernement en partie d’extrême droite qui désobéit à l’UE avec l’argument du refus de l’austérité à tout prix, alors que cette posture devrait être celle adoptée par un gouvernement démocratique et progressiste. Il est très dommage de voir le gouvernement polonais désobéir à l’austérité, le gouvernement hongrois désobéir sur d’autres aspects, et de voir d’autres gouvernements rester dociles par rapport aux politiques injustes dictées par les dirigeants de Bruxelles. Par exemple en Espagne, le gouvernement Pedro Sanchez a déposé un budget conforme aux règles édictées depuis Bruxelles.

D’un autre côté, il est absolument certain qu’il y a une volonté des institutions européennes d’être plus dures avec des gouvernements de gauche démocratique et progressistes qu’avec d’autres. Mais en même temps chez les premiers et notamment dans le cas de la Grèce, il n’y a pas eu de désobéissance. Ce qui est extraordinaire quand même et ce sur quoi il faut absolument insister dans le cas de Tsipras, c’est que quelques jours après son élection en Janvier 2015 et la constitution de son gouvernement, alors qu’il n’avait encore pris aucune mesure, le 4 Février, la BCE a coupé les liquidités normales aux banques (http://www.cadtm.org/Des-le-debut-Varoufakis-Tsipras et http://www.cadtm.org/Varoufakis-Tsipras-vers-l-accord). C’était une déclaration de guerre. D’un autre côté, des gouvernements de droite et d’extrême droite désobéissent, mais où sont les mesures fortes de l’UE contre eux ? On ne les a pas encore vues.


LVSL – Justement, mettons-nous en situation à la manière de l’article récent de Renaud Lambert et Sylvain Leder dans le Monde diplomatique « Face aux marchés, le scénario d’un bras de fer ». Prenons le cas d’un pays comme la France qui voit l’élection d’un gouvernement de gauche progressiste et résolument déterminé à rompre avec le néolibéralisme. Le gouvernement annonce rapidement un moratoire sur la dette pour envisager la répudiation de sa partie illégitime. Comment dès lors éviter la panique financière et les dommages collatéraux économiques et sociaux qui s’en suivraient ?

E.T : Je ne dirais pas qu’il s’agirait d’éviter la panique bancaire mais : comment la gérer ? Celle-ci sera là quoi qu’il arrive et il faut s’y préparer. Pour la limiter, j’avance un instrument qui n’est pas évoqué dans l’article du monde diplomatique et j’ai d’ailleurs eu un échange avec Renaud Lambert à ce propos qui ne l’avait pas en vue. La Banque centrale européenne (BCE) dans le cadre du Quantitative easing (QE) -voir encadré- a acheté pour un peu plus de 400 milliards de titres français à des banques privées. Elle a cela dans son bilan (Site officiel de la BCE, Breakdown of debt securities under the PSPP, https://www.ecb.europa.eu/mopo/implement/omt/html/index.en.html , consulté le 3 novembre 2018). Elle les a achetés aux banques privées, mais c’est le trésor français qui paie les intérêts à la BCE, et le capital à l’échéance des titres. Or, si la BCE fait mine à l’égard d’un gouvernement de gauche en France d’adopter une mesure comme elle l’a prise par rapport au gouvernement Tsipras, le gouvernement français peut décider de ne pas rembourser, face à la volonté de la BCE de l’empêcher d’accomplir son mandat démocratique. C’est un argument d’une puissance considérable qui inverse le rapport de force que la BCE pensait dominer. Je suis étonné qu’aucun des économistes consultés par Le Monde diplomatique n’y ait pensé. Le Quantitative easing n’est pas suffisamment analysé par les économistes en général, y compris les hétérodoxes de gauche, qui ne voient pas cette arme qui est mise aux mains des États à partir du moment où ceux-ci décident de désobéir. La Troïka serait dans une situation terrible.

Quantitative Easing ou politique d’assouplissement monétaire : il s’agit de la politique appliquée par la BCE à partir de 2015 dans la foulée de celle menée par la Réserve fédérale des États-Unis entre 2008 et 2014. La BCE rachète massivement des titres de la dette privée et publique aux banques de la zone euro ainsi qu’à de grandes entreprises. En faisant cela, elle vient en aide aux banques et aux autres grandes entreprises privées en les gavant de liquidités que celles-ci utilisent pour spéculer en agrandissant les risques de nouvelles crises. La relance économique n’est pas au rendez-vous. En principe, la BCE doit mettre fin à ce programme de rachat à partir de la fin 2018 mais en réalité elle a décidé de maintenir constant le stock d’environ 2200 milliards d’euros de titres souverains qu’elle a acheté aux banques privées entre 2015 et fin 2018. Cela signifie que quand des titres souverains arriveront à échéance elle rachètera des titres pour un montant équivalent et elle continuera à injecter des liquidités aux banques à laquelle elles rachètera les titres souverains. De plus, elle se servira du QE pour faire du chantage à l’égard des gouvernements qui ne mèneraient pas une politique d’austérité et de réformes néolibérales suffisamment dure. En effet à l’échéance de titres français, elle pourrait décider de racheter des titres allemands ou hollandais plutôt que des titres français.

Par ailleurs, je partage avec les auteurs de ce très intéressant article du Diplo la stratégie qui consiste également à vouloir diviser les créanciers. Par exemple, pour revenir encore sur le cas grec, Tsipras aurait pu dans un premier temps se concentrer sur le FMI. En effet, les six milliards qu’il fallait rembourser avant le 30 Juin 2015 concernaient seulement le FMI. Le gouvernement grec aurait dû cibler frontalement le FMI.

Aussi, lorsqu’on parle de panique sur les marchés et de menace de dégradation de la note de la France, si celle-ci affirme vouloir se financer autre part que sur les marchés, qu’importe alors la note que les agences lui attribueront. Il faut mettre en œuvre une politique alternative de financement en réalisant un emprunt légitime. Le gouvernement devrait imposer aux entreprises les plus importantes d’acquérir un montant donné de titres de la dette française à un taux d’intérêt fixé par les autorités publiques et pas par les « marchés ». Cela renvoie à ce que l’on appelait le circuit du trésor qui a fonctionné entre la deuxième guerre mondiale et les années 1970. Pour cela, il faut vraiment lire la thèse, éditée en livre, de Benjamin Lemoine et intitulée L’ordre de la dette https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-L_ordre_de_la_dette-9782707185501.html. Cet ouvrage dit tout sur ce circuit du trésor qui a été oublié dans la mémoire.


LVSL – Comment expliquez-vous que lorsqu’on traite l’histoire des faits économiques, notamment à l’Université, la question de la dette ne soit jamais ou très peu traitée ?

Oui c’est un impensé car tout simplement c’est un tabou. C’est vraiment impressionnant alors qu’il n’y a pas que des auteurs hétérodoxes qui écrivent là-dessus. Par exemple, il y a des personnes comme Kenneth Rogoff, qui a été économiste en chef au FMI, et Carmen M. Reinhart, qui fournit des papiers pour le NBER (National Bureau of Economic Research), qui ont co-écrit un livre dont le nom était « Cette fois, c’est différent : Huit siècles de folie financière » dans lequel ils évoquent profondément la question de ces dettes souveraines. La littérature sur la dette par des économistes classiques ou néo-classiques est très importante mais elle est très peu enseignée dans les universités effectivement. Elle commence cependant à l’être au niveau du droit dans les universités américaines, notamment par des pointures telles que Mitu Gulati, Professeur à l’Université de Duke, ou Odette Lienau, Professeure associée de droit à l’Université Cornell et qui a produit une thèse intitulée : « Repenser la question des dettes souveraines ». C’est dans les Universités européennes que ce sujet socioéconomique et juridique vital est absent. Mais à mesure que la dette publique va prendre de nouveau une place centrale, les dinosaures et autres conservateurs dans les universités ne pourront plus éviter le débat sur des sujets comme la dette odieuse, la suspension de paiement et sur la répudiation.

Source http://www.cadtm.org/Rompre-le-tabou-sur-les-dettes-odieuses-et-leur-repudiation?fbclid=IwAR1nwUTvwWmNau_734bvgeF8omdMEgnuzTNympHNiPvpS-B5VF3nv9pXxlw#.W_6K5bAmEFw.facebook

SOS Méditerranée met fin à l’affrètement de l’aquarius

Chers amis,

Ceci n’est pas un message comme les autres.

Nous tenions à vous informer – le cœur lourd mais plein d’espoir -que nous avons décidé de mettre fin à l’affrètement de l’Aquarius, ce bateau citoyen qui a sauvé près de 30 000 vies en Méditerranée centrale grâce à votre soutien.

Comme vous pouvez l’imaginer, cette décision a été extrêmement difficile à prendre pour les équipes de SOS MEDITERRANEE comme pour notre partenaire médical Médecins Sans Frontières. Après 34 mois d’opérations, ce navire est devenu un symbole pour toutes celles et ceux qui, comme vous, considèrent que porter assistance aux personnes en détresse en mer est un impératif légal et moral qui doit primer sur toute considération.

Pourquoi une telle décision ?

Suite aux multiples manœuvres politiques le privant par deux fois de son pavillon (Gibraltar puis Panama), l’Aquarius est à quai à Marseille dans l’impossibilité de repartir. Nous avons appris en début de semaine que la Suisse n’offrirait pas son pavillon au bateau malgré le soutien de nombreux citoyens que nous remercions chaleureusement.

L’Aquarius doit aujourd’hui répondre à des accusations disproportionnées et infondées. Lundi 19 novembre, les autorités judiciaires italiennes ont demandé la mise sous séquestre du navire. A ce jour – à notre connaissance -, le juge italien n’a pas activé une demande de coopération avec la France pour la mise en exécution de cette demande, mais l’acharnement dont ce bateau est la cible rend très difficile son utilisation dans le cadre de notre mission à court et long terme, et nous contraint à nous en séparer.

Nous continuons notre mission

Cette nouvelle est certes difficile à accepter pour nous tous mais notre mission est de sauver des vies humaines. Nous ne pouvons pas accepter que l’on entrave notre action alors que, depuis le début de l’année, plus de 2 100 personnes sont mortes noyées en Méditerranée.

Nous sommes déterminés à repartir en mer le plus rapidement possible. Notre équipe étudie sérieusement plusieurs propositions pour trouver un nouveau navire afin de poursuivre durablement nos opérations de sauvetage dès le début de l’année prochaine.

C’est un nouveau défi que nous relèverons ensemble !

Rappelez-vous, il y a plus de trois ans, vous étiez déjà des milliers à vous engager dans cette aventure collective à laquelle personne ne croyait : affréter un navire citoyen pour sauver des vies en haute mer. 34 mois plus tard, ce sont près de 30 000 hommes, femmes et enfants qui ont été sauvés de la noyade, dont 6 bébés nés à bord de ce navire, grâce à votre mobilisation ! Cet incroyable engagement est l’une de nos plus grandes forces.

Portés par votre indéfectible soutien, nous sommes plus déterminés que jamais à prendre ce nouveau départ. C’est une promesse, nous repartirons bientôt sauver des vies !

Tant que des êtres humains risqueront leur vie en mer nous continuerons. Tant que vous serez à nos côtés, renoncer ne sera jamais une option.

Merci pour votre engagement,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#TogetherForRescue

Yannis Youlountas à La mure

Vous avez raté les séances du film « L’amour et la révolution » Non rien n’est fini en Grèce en présence de Yannis Youlountas lors des projections du 23 avril 2018 à l’Espace Aragon à Villard Bonnot ou le 6 octobre 2018 au club à Grenoble,

Le collectif citoyen de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe – soutenu par Attac Isère et le Cadtm Grenoble vous signale la prochaine séance

  lundi 10 décembre à 20h au cinéma de La mure.

en présence du réalisateur Yannis Youlountas

Tout laisse croire qu’en Grèce, la cure d’austérité a réussi et que le calme est revenu. Ce film prouve le contraire. A Thessalonique des jeunes empêchent les ventes aux enchères de maisons saisies. En Crète des paysans s’opposent à la construction d’un nouvel aéroport. À Athènes un groupe mystérieux inquiète le pouvoir en multipliant les sabotages. Dans le quartier d’Exarcheia menacé d’évacuation le coeur de la résistance accueille les réfugiés. Un voyage en musique parmi celles et ceux qui rêvent d’amour et de révolution…

– Après “Ne vivons plus comme des esclaves” et “Je lutte donc je suis”, un film optimiste et vigoureux, porteur d’espoir et d’humanité.

Le site du film avec d’infos : lamouretlarevolution.net
Séance à tarif unique : 5€
Pour  Réserver

 

 

Soutenir les VioMe contre la vente aux enchères

 La prochaine séance de mise aux enchères est prévue le 13 décembre 2018.

Les VioMe seront comme à chaque fois au tribunal pour éviter la liquidation de lusine et espèrent qu’il n’y aura pas d’acheteur. Malheureusement immédiatement après il y aura une procédure pour redéfinir à la baisse le prix et relancer une vente aux enchères.

Plus le prix sera baissé et plus le danger qu’un candidat (voire même une banque) se présente est grand  .

Il devient impératif que la mobilisation s’accentue pour que le gouvernement réponde à la demande des VioMe.

Ils avaient déposé une proposition de solution juridique complète avec l’aide d’avocats et d’universitaires de la faculté de droit où ils demandaient l’attribution à la coopérative d’une partie du foncier 1/6e qui pourrait être nationalisée et cédée à la coopérative. La constitution stipule que «  l’État a la possibilité de le faire  » mais il manque la volonté politique.

Extraire de la vente aux enchères la partie des locaux permettrait de maintenir l’activité des salariés et de sauver lusine. C’est pourtant ce que Tsipras avait promis lorsqu’il les avait rencontrés en 2014.

Pour plus de détail sur les locaux voir l’appel de 2017 des VioMe Informations concernant la demande des travailleurs VIOME

Gilets-jeunes La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque

Gilets-jeunes

Temps des alarmes. Début décembre et à travers les medias grecs, les Gilets-jaunes occupent une bonne place dans l’actualité. Analyses certes parfois approximatives, voire désemparées devant les faits et surtout les gestes depuis les ultimes… Lumières de Paris. Parfois, avant de conclure d’ailleurs par une tournure d’avertissement: “Ne l’oublions pas, la France indique parfois la cadence à suivre, aux autres pays d’Europe, ce mouvement peut alors s’étendre ailleurs”, radio 90.1 cette semaine. Dire alors sans quoi que le peuple “fait sécession”.

Dans Athènes, novembre 2018

En même temps à Athènes c’est plutôt le mutisme qu’y règne, la circulation automobile est souvent fluctuante, comme on aime dire, sans entraves. Surtout, lorsque les échoppes ferment le centre-ville se vide, car alors le vieux cœur urbain trop serré se replie sur ses plaies ouvertes sur le néant. Dans les quartiers périphériques, certains cafés et bistrots ouverts durant la crise ont déjà fait faillite, d’autres ouvriront sans doute, et c’est parfois histoire de blanchir de l’argent par le biais d’activités légales, dans une économie de plus en plus déréglée, donc criminelle, d’en haut comme d’en bas.

L’autre jour, le propriétaire très âgé d’une maroquinerie de quartier, exprimait volontiers toute sa peine. “La boutique c’est jusqu’à ma retraite, que d’ailleurs je repousse. Quant au voisinage, eh bien il n’existe plus, nos liens, notre entraide, le simple fait que de dire bonjour parfois. Je m’enferme chez moi, j’ai arrêté de fumer et je réserve un euro par jour pour acheter les croquettes des chats, heureusement, mes deux enfants travaillent ici et ils n’ont pas quitté le pays. Ma fille est infirmière pour 600€ par mois, et mon fils employé dans la téléphonie pour à peu près le même salaire. Occupons-nous d’abord de notre état de santé, il faut rester en bonne santé, et pour le reste on avisera.”

Situation alors grecque D’après les récentes statistiques officielles, 4.312.395 personnes ont de dettes impayées envers l’administration fiscale, c’est-à-dire un demi-million de plus qu’en septembre dernier, et parmi eux, 1.797.492 contribuables verront leurs biens, lorsqu’ils en ont encore, saisis par le fisc, ce qui est déjà le cas pour 1.148.583 d’entre eux, presse grecque de la semaine. Notons que la population grecque dépasse à peine les dix millions d’habitants et qu’entre les banques, cédées à des fonds rapaces internationaux sous la gouvernance des escrocs de SYRIZA, et qui réclament des saisies par milliers et les saisies du fisc qui n’est pas grec non plus, près du 25% de la population se voit confisquer ses biens, essentiellement immobiliers, auxquels s’ajoutent ceux qui les ont déjà bradés pour les mêmes raisons.

Aux yeux des historiens du futur, il s’agit de la plus grande dépossession des biens publics et privés d’un pays et de sa population, sans lui déclarer la guerre, disons de type traditionnel. Une banque réclame même de la famille d’un entrepreneur qui s’est suicidé à Thessalonique, la somme de 590.000€, c’est pour dire, presse de la semaine.

Le siège du Conseil d’État… peint. Athènes, novembre 2018

La paupérisation très ordonnée de la classe moyenne, comme presque de toutes les autres classes sociales c’est tout un programme, et les Grecs commentent également les événements français, parfois sous un air de déjà-vu. “Oui, nous avons connu une période peut-être analogue durant les premières années de la crise. Dès l’arrivée de la Troïka et durant les grandes manifestations, c’était en mai 2010, les salopards du système ont envoyé sur place les casseurs anarchistes mettant le feu en marge des manifestations, et notamment à une agence bancaire, trois employés dont une jeune femme enceinte y ont trouvé la mort, et déjà, durant un temps les Grecs ont été tétanisés, puis retournés chez eux durant un moment.”

“Cette histoire se répète depuis, sauf que désormais nous savons… mais entre temps, SYRIZA l’imposteur tout comme l’ensemble de la classe politique, ces gens jouent la comédie ayant livré le pays aux étrangers et notamment à l’Allemagne. En attendant mieux ou sinon le pire, nous croquons notre kouloúri à cinquante centimes et nous buvons parfois notre café bien amer.” Mentalités grecques.

Signe encore des temps eschatologiques qui sont les nôtres, ceux de la paupérisation… plus la technologie, sur les affiches des théâtres en ce moment et non loin des… demeures des Sans-abri dans la ville d’Athéna, on y découvre “Alarmes”, cette pièce et en même temps critique hilarante contre la technologie moderne de Michael Frayn.

Petits pains ronds. Athènes, novembre 2018
Alarmes, la pièce. Athènes, novembre 2018
Emplacement… Sans-abri. Athènes, novembre 2018
Emplacement… Sans-abri. Athènes, novembre 2018

Cependant, les alarmes ne manquent pas. Depuis plus d’une semaine, de bien nombreux Lycées surtout en Grèce du Nord, en Macédoine, en Thrace et dans les îles de l’Égée, sont occupés et bloqués par leurs élèves. Ces derniers, manifestent alors au sujet de la trahison de Tsípras, s’agissant de “son” accord Macédonien de juin dernier, accord déjà rejeté par l’immense majorité, surtout en Grèce du Nord (voir les articles sur ce blog et sur ce sujet depuis février 2018).

Ainsi, et à défaut de Gilets-jaunes, la Grèce connaît en ce moment ses… Gilets-jeunes, dont l’élan patriotique est indéniable et d’ailleurs aussitôt attribué par le gouvernement des Tsiprosaures, comme pour le presque disons ensemble de la gauche grecque, aux agissements des Néonazis de l’Aube dorée. Peine perdue, car au-delà des manigances des Aubedoriens, les jeunes du pays réel, après avoir vu et vécu la paupérisation de leurs parents, le saccage des biens du pays par les escrocs qui gouvernent et par les rapaces mondialisés, après avoir senti le saccage et pour tout dire le viol de l’ultime espoir politique issu des années de crise, à savoir l’imposture de la Gauche à la SYRIZA, voilà que leur pays, la Macédoine grecque (plus de la moitié de Macédoine géographique), est ainsi offerte aux convoitises culturelles et même territoriales ouvertement exprimées chez les Slavomacédoniens du pays voisin, un peuple arrivé dans la région plusieurs siècles après la Macédoine de Philippe, d’Alexandre et d’ailleurs de la langue grecque.

Et ce n’est pas rien que cette mobilisation des jeunes, lorsque leur mouvement est tant dénigré par les pseudo-élites au Ministère de l’Éducation antinationale, comme d’une bonne partie de la presse mainstream, ainsi que des partis qui siègent au pseudo-Parlement, à l’exception évidemment des Aubedoriens, lesquels se frottent certes les mains, sauf que le pays réel fait de toute évidence la différence entre patriotisme et nationalisme. C’est d’ailleurs le manque total et délibéré de patriotisme qui caractérise les dirigeants actuels qui alimente le nationalisme et les Aubedoriens avec.

Il faut ici noter que le système nourrit et conserve comme il peut les Aubedoriens, histoire de discréditer toute idée et réaction patriotique, la baptisant ainsi fasciste etc. La suite est connue, car trop répétée et refaite alors jusqu’à l’usure. Le système des politiciens, d’ailleurs Sorites d’en haut (financées directement ou indirectement par les fonds du financier Sóros), insulte les élèves patriotes et en même temps, il mobilise les Antifa et autres Sorites… d’en bas, comme à Athènes, lors d’une manifestation peu suivie. Ceci dans le but de créer un climat, voire une réalité d’affrontement, à la manière d’une Guerre civile de bas voltage, histoire de garder le pays divisé et ainsi tétanisé. Il faut enfin noter, que ce même système traîne alors les pieds lorsqu’il s’agit de faire avancer le procès des Aubedoriens pour des faits tout de même avérés, à savoir, l’assassinat en 2012 du chanteur Pávlos Fýssas, à l’époque inconnu du grand public. C’est tout de même… étrange.

Élèves de la Macédoine grecque. Presse grecque, novembre 2018
Lycéens de la Macédoine grecque. Presse grecque, novembre 2018
Antifas et assimilés. Athènes, novembre 2018
Patriotes et antifascistes. Écoliers de la Macédoine grecque. Presse grecque, novembre 2018

En dépit des apparences, celles que les propagandes nourrissent bien entendu, les Gilets-jaunes français et les… Gilets-jeunes grecs relèvent de cette même sécession du peuple, signifiant cette même rupture de légitimité faussaire, s’agissant du simulacre des élites et de leur système. C’est certes frappant que de découvrir certains slogans de première vue “populistes et poujadistes” des lycéens grecs du type “La Démocratie a trahi et vendu la Macédoine”, sauf que c’est vrai, à la seule différence près, qu’il s’agit d’une pseudo-démocratie, autrement dit d’une “gouvernance” laquelle légifère depuis Bruxelles et depuis les entrailles du système Soros sans la moindre légitimité, en violation d’ailleurs constante de la Constitution comme de l’avis du peuple, referendum de 2015 compris.

Après tout, la décision Macédonienne de Tsípras (de Zaev et d’abord de Soros), n’est que la suite logique des politiques d’austérité et du démantèlement du pays, des droits des travailleurs et des citoyens, de la mise à mort de la classe moyenne, en somme, du dictat imposé par le système néocolonialiste et impérial de Bruxelles et en réalité de Berlin, avant d’arriver à ce qui n’était pas perceptible dès le départ des années de la Troïka depuis 2010: l’agenda géopolitique touchant désormais le noyau des intérêts grecs, dans les Balkans et dans le monde.

C’est comme si on disait pour ainsi faire comprendre les réalités grecques… si exemplaires, que dans un cas supposons-le imaginaire, la France, après avoir souffert durant dix ans de politiques austéritaires ayant entraîné la paupérisation généralisée de sa population, le manque total d’espoir en l’avenir, l’effondrement rapide et alors sans retour de sa classe moyenne, la destruction du Service public, le pays se verrait obligé que de céder son siège permanent au Conseil de Sécurité à l’ONU prétendument à l’Union Européenne et en réalité à l’Allemagne, ainsi que de transmettre… les clefs de son armement nucléaire à Berlin. Puis enfin, et dans ce même cas, supposons-le imaginaire, la région allemande frontalière de l’Alsace, devient alors un pays indépendant mais lié à l’Allemagne, nommé “Alsace de l’Est”, et que ce pays revendique alors très ouvertement l’annexion de l’Alsace française, le tout avec l’aimable… Collaboration des élites et des gouvernants.

Philippe de Macédoine et Georges Sadoul. Athènes, novembre 2018
Bouquiniste. Athènes, novembre 2018
Le Général Yánnis Makriyánnis. Bouquiniste, Athènes, novembre 2018

Eh bien, toute proportion gardée, ce scenario en apparence délirant de politique-fiction, c’est la stricte et bien affligeante réalité grecque des années 2015-2018, et voilà comment les mentalités du pays réel ont peut-être suffisamment dépassé les pseudo-clivages gauche-droite. Car… du pareil au même et pour évoquer un exemple parmi tant d’autres, les institutions Soros sont autant liées aux Syrizístes et aux autres PASÓKiens recyclés, qu’à la famille des Mitsotákis de la Nouvelle Démocratie. On sait que certains conseillers de Mitsotákis et de Tsípras sont de la… confrérie des Sorites (radio 90.1, novembre 2018), voir également “The American Spectator en 2017” – “La Grèce Cheval de Troie de Soros en Europe”.

Ainsi, tel cas de figure, Antigóni Liberáki, députée du parti “To Potámi”, formation si chère au spéculateur George Soros comme à Jean-Claude Juncker, et cousine de Mitsotákis, elle préside actuellement le Conseil d’administration de l’ONG Soros “Solidarity Now” en Grèce. Cette même Liberáki, elle avait tout de même déclaré en 2015…“que les pauvres font de bien mauvais choix dans la vie et dans les démocraties tandis que les riches font par contre les bons choix”. Antigóni Liberáki en tout cas, elle a fait le choix de George Soros, question… d’esprit ! Ou la… Collaboration des élites et autres petites histoires.

Temps des alarmes comme historicité alarmante. Cette Grèce accablée, nécrophile et de Soros, elle n’est certainement pas celle du Général Makriyánnis , ni celle des poètes Séféris ou Elýtis . Elle n’est pas non plus, le pays de Zíssimos Lorentzátos, penseur grec et d’ailleurs ami de Yórgos Séféris.

Cette Grèce. Athènes, novembre 2018
Musicien de rue. Athènes, novembre 2018
Décadence. Athènes, novembre 2018

Oui, Zíssimos Lorentzátos, comme le souligne sur son site Juan Asensio, “un des plus grands penseurs grecs du siècle passé, est un auteur pratiquement inconnu en France – signalons que je l’ai mentionné dans un de mes plus récents ouvrages – qui, dans un de ses textes les plus intéressants, ‘Le Centre perdu’, évoque la question poétique (…).”

“À bien considérer certains de ces signes, on peut comprendre que l’homme occidental, ou l’homme moderne, recherche une vision, ou un centre perdu, au-delà et en dehors des liens du rationalisme dans lesquels il s’est entravé lui-même. Or ce centre, dont la perte a déterminé toute la période de la Renaissance à nos jours, l’homme moderne le recherche de mille manières, c’est l’évidence, mais ‘l’unique nécessaire’ qui se trouve devant lui, il ne le voit pas, tant le sel, semble-t-il, s’est affadi sur la terre.” (…)

“Zíssimos Lorentzátos résume ses vues et leur confère une belle ampleur dans ce passage: ‘En nous laissant emporter sur le tapis volant de l’art moderne, il est naturel que nous ne puissions prendre avec nous ou soulever que des choses sans beaucoup de poids et extérieures, et que nous pensions que ces choses par elles-mêmes, ou l’accent personnel que nous leur donnons en tant que Grecs, renouvellent ou continuent notre tradition vivante, dès lors que nous adaptons et assimilons les modèles étrangers’.” (…)

“Et la conclusion de Zíssimos Lorentzátos de résonner dans le vide du désert, où nous continuons à marcher, courbés et la bouche dévorée par la soif, alors que s’agitent autour de nous des millions de pantins réels ou numériques: ‘Si les remarques que nous avons faites jusqu’ici ont quelque importance… il nous faudra comprendre que la civilisation moderne tout entière, et son art, a partout, tant dans la forme dite capitaliste que dans la forme socialiste ou communiste, perdu le centre métaphysique éternel de la vie, ou va le perdre, et que c’est là le problème crucial de l’époque, et sa mesure spirituelle, quand bien même ceci demeurerait caché, et quand bien même nous n’y prêterions pas attention, occupés jour et nuit comme nous le sommes par le vacarme insidieux du monde extérieur ou par la progression fantasmagorique de la technocratie contemporaine’.”, Juan Asensio, “Le Centre perdu de Zíssimos Lorentzátos”, et je dirais… le nôtre.

Ouverture prochaine d’une librairie. Athènes, novembre 2018
Le Centre perdu de… Noel. Athènes, novembre 2018
Le Centre… retrouvé des Dinosaures en spectacle. Athènes, novembre 2018

Je dirais que toute proportion gardée, Zíssimos Lorentzátos c’est le Günther Anders grec. Décidément, le Centre perdu de Lorentzátos et autant le nôtre, se trouve également à l’origine de la violence économique qui engendre en ce moment la violence sociale, ceci un peu partout. Comme le souligne Bertrand Renouvin au sujet des Gilets-jaunes en France sur son blog:

“Théorisée par les ultralibéraux, concrétisée par les gouvernements de droite et de gauche depuis plusieurs décennies, la violence économique engendre la violence sociale, dans une nation de plus en plus divisée entre riches et pauvres. Cette violence sociale a été longtemps, trop longtemps contenue. Elle a été canalisée par les grandes manifestations syndicales, dont les gouvernements ne tiennent plus aucun compte depuis l’immense protestation contre la réforme des retraites en 2010” (…).

“Né d’une jacquerie fiscale qui s’est développée en revendication générale sur le pouvoir d’achat, le mouvement qui secoue la France rappelle une vérité fondamentale: le pouvoir politique a pour fonction essentielle de poser les conditions de la justice sociale, sinon il perd sa légitimité. C’est parce qu’ils ignoraient cette fonction que les présidents et les partis dominants ont été tour à tour éliminés”, blog de Bertrand Renouvin, le 03 décembre. Fin novembre, une telle manifestation syndicale a été organisée à Athènes et ailleurs en Grèce, ceci dans l’indifférence la plus totale exception faite aux perturbations causées par la grève dans les transports en commun à Athènes.

Simulacre de grève. Affiche syndicale, Athènes, novembre 2018
Foire du Régime crétois. Athènes, novembre 2018
Foire du Régime crétois. Athènes, novembre 2018

Temps des alarmes donc, entre Gilets-jaune et… Gilets-jeunes, tous deux à la Une des médias grecs, dont et surtout Internet. Au sujet des jeunes grecs,. Dimítris Konstantakópoulos, journaliste et analyste issu de la Gauche souligne sur son blog “que lorsque SYRIZA attaque le sentiment national des Grecs, alors, il est en train de scier la branche sur laquelle cette Gauche a trouvé appui pour arriver au pouvoir. (…) Les allégations des Syrizístes au sujet de l’élan patriotique des jeunes rappellent très exactement les allégations de la propagande et de la calomnie que les médias produisaient sous la dictature des Colonels.”

“Je note aussi les slogans des élèves relevés ici ou là, comme : Macédoine Terre Grecque, les Fascistes hors des écoles”, ou encore: “Ils ont vendu la Grèce et ils se courbent devant les étrangers, ce qui hélas est exact” (…) “Si cette mobilisation se range disons par un élan globalement situé à droite, ceci est alors rendu inévitable depuis que SYRIZA a abandonné la défense du pays, et que d’ailleurs, il se retourne contre le patriotisme grec, c’est-à-dire, cette force même qui l’a poussé au pouvoir, quand SYRIZA prétendait vouloir sortir le pays du régime néocolonial des Memoranda et de la Troïka.”, Dimítris Konstantakópoulos sur son blog, le 3 décembre 2018.

Temps des alarmes. En attendant si possible mieux, le système multiplie les “événements” commerciaux ou sinon sportifs (énième Marathon et dixième Tour d’Athènes), car au-delà de la propagande et de la calomnie, il y a aussi la distraction-divertissement, histoire de faire oublier le Centre perdu, et autant la “rupture de légitimité qui est une contestation heureuse et décisive de la légitimité faussaire, du simulacre des élites”.

Hermès de Greek Crisis, dit parfois, le Trismégiste. Athènes, décembre 2018

Analyses parfois fort justes, devant les faits. Époque peut-être de l’ultime résilience des peuples, des nations et des idées ; le tout, dans le vide du désert, où nous continuons à marcher, courbés et la bouche dévorée par la soif, alors que s’agitent autour de nous des millions de pantins réels ou numériques.

Ce pauvre blog a déjà sept ans, non sans peine et dont l’existence reste incertaine, malgré ses 700 billets, le tout sous le regard réconfortant de notre Hermès, dit parfois, le Trismégiste, en souvenir peut-être des autres aspects de la spiritualité ancienne précèdent le christianisme.

Sous le regard aussi de notre Mimi, on dirait qu’elle a vieilli tout d’un coup… en compagnie de ce blog.

Mimi de Greek Crisis. Athènes, décembre 2018

* Photo de couverture: Athènes, décembre 2018

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