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Grand convoi solidaire vers la Grèce de février 2019

COLLECTE JUSQU’AU 12 FÉVRIER 2019 POUR REMPLIR LES 27 FOURGONS PRÊTS À PARTIR !

Nicolas conduira le camion de Savoie. Le collectif de Grenoble ne pourra assurer comme pour les  précédents convois la coordination, la récupération et l’acheminement des fournitures auprès de Nicolas. En revanche nous publierons prochainement la liste des points de collecte pour ce convoi ou lieux de rencontre avec Nicolas.

Rappel des besoins

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre (tous âges) petits pots, mixers , soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5), lit parapluie, poussettes,

Jouets : tels que figurines, ballons, cordes à sauter, legos, stylo, feutres, ( pas de peluches),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, shampoings, savons, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, produits ménagers, pansements, désinfectant, chevillères/genouillères, ( ni attelles, ni médicaments) Biafine, Cicatryl, fournitures dentistes (pour dispensaires autogérés),

Matériel : bouilloires, frigos, fours, machine à laver ( en état de marche), marmites, louches,

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, pâtes,riz, lentilles, thé, café, autres. La date de péremption minimale recommandée est mars 2019.

Matériel spécifique pour la résistance :  ramettes papiers, photocopieuses ( en état de marche) ordinateurs, écrans, disques durs clés USB, carte SD, appareils photos/vidéos, téléphones…

n’oubliez pas des messages de soutien : avec éventuellement dessins, photos, affiches,autocollants, infos sur vos luttes…. Des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible, merci de vous en tenir à cette liste. Suite à des collectes sur place plus besoin de couvertures et de vêtements.

Soutien financier : chèque à l’ordre d’ANEPOS à envoyer à ANEPOS « Action Solidarité Grèce » BP10 81540 Sorèze . Cela permet aux collectifs sur place de compléter eux mêmes. Virement et Paypal possibles sur le site www.lamouretlarevolution.net dans la rubrique  » prochain convoi solidaire ».

Si vous voulez partir avec le collectif Anepos, avec votre véhicule, ou aider en créant un point collecte dans votre secteur géographique : solidarite@anepos.net.

Sauvetage de la Grèce : une arnaque à plus de 3 milliards d’euros !

Par Pascal Franchet , Anouk Renaud CADTM France

La France, une des principales puissances économiques, est aussi l’un des principaux États créanciers de la planète, avec des créances bilatérales (c’est-à-dire sur des États tiers) de plus de 41 746 millions d’euros au 31 décembre 2016, soit 14,5 % de l’encours total des créances du Club de Paris (ce club sans aucun statut juridique regroupe les 21 principaux États créanciers et est hébergé à Bercy). De même, la France joue un rôle non négligeable dans les orientations du FMI et de la Banque mondiale, en raison du poids démesuré accordé aux pays riches dans ces institutions.

Cette position de la France – qui n’est pas sans rapport avec son histoire coloniale – est utilisée à outrance pour faire du fric : soutien aux dictatures, ventes d’armes, blanc-seing donné aux banques commerciales françaises, imposition de réformes libérales favorisant les multinationales, etc. Du fric réalisé en se moquant de la souveraineté des peuples, que l’on appauvrit en leur demandant de payer des dettes illégitimes et odieuses quand elles ne sont pas illégales, et souvent insoutenables puisqu’elles exigent de sacrifier des droits humains fondamentaux afin d’être remboursées. En voici quelques exemples.

En mai 2010, États européens, FMI et institutions européennes sortent l’artillerie lourde pour soi-disant « aider la Grèce ». En fait, c’est sauver les banques privées françaises et allemandes dont il était question. À partir de là, les plans de sauvetages, les prêts et leurs contreparties austéritaires se sont enchaînés. À l’instar des autres pays européens, la France a participé à ces plans dits de sauvetage et cela de différentes façons.

1° Un prêt bilatéral de 11,4 milliards d’euros : la première créance bilatérale française

Deuxième prêteur après l’Allemagne, la France a octroyé en mai 2010 un prêt bilatéral de 11,4 milliards d’euros à la Grèce. Il s’agit de la créance la plus importante que détient la France sur un pays étranger à l’heure actuelle. Son taux d’intérêt a atteint 4% en mars 2011 alors qu’elle-même empruntait en 2010 autour de 1,8%. Depuis fin 2012 et après révision des conditions, ce taux est proche de 0,6%. Fin 2013, Bercy avait déjà perçu 729 millions d’euros d’intérêts sur ce prêt. Ce sont les derniers chiffres connus…

2° Des rachats de titres grecs : une opération très juteuse

À partir de mai 2010, la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales vont se mettre à racheter de la dette grecque sur le marché secondaire avec les programmes SMP et ANFA. Ces rachats se font à seulement 70% de la valeur des titres alors que la Grèce s’acquitte des intérêts de 6%, calculés sur 100 % de la valeur de ces titres.

Selon la Cour des Comptes, entre 2012 et 2017, la seule Banque de France a engrangés 2,3 milliards d’euros de profits grâce à ces rachats. Ces profits abusifs devaient être restitués à la Grèce mais aucun versement n’a eu lieu depuis 2014, car les intentions des premières heures de Syriza ne plaisaient pas à l’Eurogroupe. Finalement, en juin 2018, l’Eurogroupe annonce enfin la reprise des transferts de ces bénéfices à la Grèce. Mais ces transferts ne reprendront qu’à partir des profits réalisés en 2017. Autrement dit, l’argent perçu en 2015 et 2016 restera dans les poches des créanciers, soit la modique somme de 758,1 millions d’euros concernant la France.

De plus, ces transferts arrivent sur un compte spécial dédié au remboursement de la dette grecque. Pas question donc que la Grèce décide elle-même de l’utilisation de cet argent qui lui est dû !

Et en plus des profits qu’elles génèrent toutes ces contributions financières de la France sont conditionnées à l’application d’une austérité néolibérale féroce. Le peuple grec n’en a pas vu la couleur et pourtant c’est à lui qu’on enjoint de rembourser en coupant dans ses alloc’s chômage, ses retraites, ses services publics, ses droits au travail… La France doit rembourser à la Grèce ces profits scandaleux parce que réalisés sur une dette illégitime, odieuse, illégale et insoutenable comme l’a démontré la Commission pour la vérité sur la dette grecque [1].

Que représente le marché secondaire des dettes ?

On pourrait l’appeler le marché d’occasion ou encore l’Ebay des dettes publiques. Lorsqu’un titre de dette est émis, il est vendu par le débiteur sur le marché primaire. Ensuite le premier acquéreur peut le revendre sur le marché secondaire. Sur cette brocante de la dette, les titres s’achètent et se revendent plusieurs fois et très rapidement. Le prix de revente dépend alors de la capacité (ou non) de l’État débiteur à le rembourser. Plus le risque de défaut est probable, plus le titre perd de sa valeur et se revend à bas coût.

Pour en savoir plus sur la crise grecque, les plans de sauvetage, la destination de cet argent, les mesures d’austérité imposées, les créanciers de la Grèce => voir la série vidéo « À qui profite la dette grecque ? ».

Notes

[1La vérité sur la dette grecque, Les liens qui libèrent, 2015

 

Festival de soutien aux 4 de Valence

Soutien à Tom, Stéphane, Maria et Dylan,

les 4 inculpé.es de Valence

Rendez-vous à la salle des fêtes et à la salle paroissiale de Saillans les 11, 12 et 13 janvier

.

Une manifestation, 4 arrestations, 9 points de suture, 1 tir de flashball, 1 tir de taser, 48 jours de prison préventive, des dizaines de vies tourmentées, 4 mises en liberté, des joies inquantifiables, des soulagements, 2380 photocopies, 4 heures d’audience, des larmes innombrables, 3 avocat·e·s, 6000 € de frais, 3 juges, … 1 délibéré : 4 ans et 3 mois de prison, 4000€ de dommages et intérêts, 12 ans d’interdiction de manifester …  des centaines de vies chamboulées, et mobilisées !

À part ça, tout va bien !

Nous, ami·e·s, familles, proches et moins proches, acteurs·trices de la vie locale, compagnons·es de route, voisin·e·s solidaires, désirons apporter notre soutien à Dylan, Maria, Stéphane et Tom, lourdement condamné·e·s le 26 décembre 2018 à Valence.

Face à la violence policière, judiciaire, institutionnelle, face à de telles condamnations, nous avons imaginé, rapidement, dans l’urgence de ce qui se vit ici, un festival pour échanger autour des questions que soulève ce qu’ont vécu Dylan, Maria, Stéphane et Tom, mais aussi un festival pour fêter la solidarité qui, de toute part, arrive et devient concrète.

Pour la liberté d’expression, pour la liberté de manifester, pour se rencontrer, pour s’informer et pour se former.

Venez nombreux·euses les 11, 12 et 13 janvier 2019 à Saillans.

Pour la liberté d’expression et de manifester, au delà de toute appartenance à un mouvement ou parti politique.

* PROGRAMMATION * (en cours, à retrouver sur  http://www.apartcatoutvabien.org/ )
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REMUE-MÉNINGES : ateliers, projections, débats, informations

Samedi 12 janvier et dimanche 13 janvier de 10H À 18H30, salle St Géraud

– Les violences policières

– Que faire face à la police et à la justice (les droits à connaître et les réflexes à avoir)

– La stratégie judiciaire pour affaiblir les mouvements sociaux

– Médias de proximité et indépendants, manières de communiquer localement

– Formes de pensée divergentes

– Le traitement médiatique des luttes et des mouvements sociaux

EFFERVESCENCE : concerts, spectacles, ateliers pour adultes et enfants

Vendredi 11 et samedi 12 janvier, de 19H À 1H, salle des fêtes

Dimanche 13 janvier, de 11H à 20H, salle des fêtes

Week-end festif avec une quinzaine de formations musicales, théâtrales, artistiques et engagées.

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* INFORMATIONS PRATIQUES *
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Entrée prix libre, reversée aux caisses de soutien des inculpé·e·s
Cantine et lutto-thèque sur place
Organisation et concerts 100 % bénévole – vous pouvez nous aider !
Adresses :
    • Salle St Géraud, boulevard de l’Écho, 26340 Saillans
    • Salle des Fêtes, rue de la République, 26340 Saillans
Retrouvez toutes les informations surhttp://www.apartcatoutvabien.org/

ESPACE D’EXPRESSION LIBRE ET CRÉATIVE SUR SURFACES PLANES [exposition participative]

À l’occasion de ces trois jours de festival, petits et grands seront conviés à afficher leurs œuvres sur papier* à la salle des fêtes pour une exposition évolutive au pied levé. Poèmes, gribouillis, témoignages, collages, fresques (de format modeste), cadavres exquis, mots doux ou rageurs, … Tout ce que vous inspire ce festival et les évènements qui y sont liés sera bienvenu pour un grand déballage collectif. Un espace de création (avec papier, crayons et autres ustensiles basiques) sera mis en place pendant les horaires d’ouverture de la salle des fêtes pour ceux qui n’auront pas couché leurs idées au préalable.

Pour déposer vos œuvres (à Saillans ou via courrier électronique) avant le festival, merci de vous mettre en relation avec Yannis (yannisfrier@gmail.com).

* carton, tissus et autres surfaces peu épaisses et très légères ne seront pas exclues !

https://www.facebook.com/events/618586185246297/

Comment les médias dominants manipulent le thème de la dette

Les questions que les médias dominants ne posent pas… 19 décembre 2018 par Eric Toussaint , The Medium

Le discours des médias dominants et des gouvernements consiste à dire qu’il y a un excès de dette, trop de dépenses publiques des États, et, en conséquence, qu’il faut payer la dette et réduire ces dépenses publiques. Avec le CADTM, nous essayons tout d’abord de nous demander d’où viennent les dettes, est-ce que les buts poursuivis via l’accumulation des dettes étaient légitimes, et est-ce qu’elles ont été contractées de manière légitime et légale ? Voilà l’approche que nous essayons d’avoir et il est certain en effet que celle-ci n’est jamais évoquée dans les médias dominants. Ceux-ci n’y voient pas d’intérêt, et puis cette question est selon eux déconnectée de leur réalité.

Bonne année La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.
Bonne année !

Nouvelle année. Au soir du 31 décembre et sous une pluie glaciale et battante, les artistes interprétaient comme ils l’ont pu pour les besoins des dites festivités, organisées comme tous les ans par la municipalité d’Athènes. Sous une Acropole alors arrosée, l’image retransmise en simultané par les télévisions grecques convient bien à la situation du pays. Pétards mouillés. Pourtant tout le monde dans la mesure du possible, a pu enfin souffler un peu durant cette coupure calendaire des rythmes et des… arythmies du pays réel. Bonne année 2019 !

Musique et chant pour les enfants. Athènes, décembre 2018

Entre Noël et le Nouvel an, le climat ainsi surfait était un peu partout à la fête, les enfants, les enfants ont particulièrement apprécié. Il faut dire que les enfants en Grèce deviennent de plus en plus rares, d’après les récentes enquêtes démographiques reproduites par la presse du moment en guise de… bonne année, l’indice conjoncturel de fécondité a subi un effondrement sans précédant après 1981, pour se situer en 2016 à environ 1,3 enfant par femme.

Ainsi, les personnes âgées de plus de 65 ans représentent actuellement près du 25% de la population, et le nombre des enfants de moins de 15 ans, s’élèvent seulement à un petit 14%. C’est n’est pas glorieux et surtout, une telle “bombe démographique” signifie d’après les spécialistes que la population du pays (10 millions actuellement) diminuera de presque un million dans près 30 ans, quotidien “Kathimeriní” du 31 décembre 2018.

Alors, ni forces vives et à terme encore moins nation… si rien ne change. Les éditorialistes dignes de ce nom à l’instar de l’universitaire, philosophe et théologien orthodoxe Chrístos Yannarás, tirent donc la sonnette d’alarme. “Les prévisions pour 2019 ne permettent guère l’optimisme. Le seul et alors unique espoir tient alors de la chimère, de la croyance en cette possibilité de ‘surprise’, car chaque société, même plongée dans le déclin le plus profond peut ainsi contre toute espérance, donner naissance à sa propre mutation radicale.” “Il n’est certainement pas prudent que de miser sur le moins probable, sur ce qui est tout simplement souhaitable. Sauf que le désir commun, ou celui partagé par le plus grand nombre, est généralement porteur de cet élan issu de la surprise. Les aspirations inconcevables sont parfois à l’origine des mutations sociales ainsi radicales”, quotidien “Kathimeriní” du 30 décembre 2018. Un mélange de joie et de tristesse (en grec Charmolýpi, terme de la théologie Orthodoxe) règne ainsi pendant ces jours du seul basculement calendaire. Le tout, sous le regard des animaux adespotes devant l’Acropole, ou devant les échoppes, sans oublier cette image des réalités palpables au contact des sans-abris d’Athènes… aux sapins de Noël “qui leur sont suffisamment propres” aux dires des passants. Rythmes comme arythmies du pays réel.

Animal adespote sous l’Acropole. Athènes, décembre 2018
Noël… Sans-abri. Athènes, décembre 2018
Vitrine et échoppe. Athènes, décembre 2018
Animal adespote et terrasse de café. Athènes, décembre 2018

Au centre historique d’Athènes par ce temps dit festif, la municipalité a illuminé cette galerie marchande alors trépassée depuis un moment déjà, rebaptisée pour les besoins d’une muséographie du commerce affichée de la sorte: “Traces du commerce”. Ailleurs pourtant, le commerce reprend timidement, un phénomène en partie lié à la massification des évidences touristiques, tout comme de celles d’Airbnb, la dite plateforme n’est pas sans provoquer les frictions évidentes… entre le monde réel et le monde d’après. Nous y sommes autant à Athènes et en Grèce plus généralement.

Nos touristes d’ailleurs attendent patiemment dans le froid pour visiter l’Acropole, non loin d’une affiche locale, dans l’espoir de retrouver Maria, chatte alors perdue et ainsi désespérément recherchée. En espérant une issue heureuse quant au sort de Maria, d’autres Athéniens nourrissent les autres animaux adespotes du quartier des églises et de l’Archevêché, le tout, sous le regard attiré des visiteurs. Oui, Noël des adespotes c’est presque tous les jours ici !

L’autre quasi-nouveauté du moment tient d’une certaine massification constante de la pratique religieuse, en Grèce, et même à Athènes. Certes, ce phénomène ne peut pas être quantifié de manière exhaustive, sauf qu’il suffit de se rendre à l’église et d’observer. Au moment même où une partie du haut prélat semble accepter la mise en cause de la position de l’Église et plus généralement de l’Orthodoxie, le bas clergé et les laïques des paroisses résistent, persistent, psalmodient et signent. Une mise en cause, signalons-le, en réalité guerre ouverte initiée par les tenants de la mondialisation et leurs serviteurs locaux, à savoir et entre autres, le “gouvernement” Tsípras.

Sauf qu’en ville, comme partout ailleurs, l’Église est de plus en plus présente sur le terrain social, et aussi spirituel à défaut peut-être d’idéologie politique adéquate. Au village thessalien, Maria, l’épouse de mon cousin Vassílis, organise la distribution au sein de la paroisse, ceux du village qui n’ont plus les moyens, les “micro-retraités” comme on les nomme parfois ici, reçoivent une modeste somme, quelques vivres, ainsi que des habits, voilà pour le Noël des Grecs du pays réel et de l’Orthodoxie.

Traces du commerce. Athènes, décembre 2018
Commerces. Athènes, décembre 2018
Maria… perdue. Athènes, décembre 2018
Contre Airbnb. Athènes, décembre 2018

Grèce en hiver. En Thessalie, la ville de Tríkala connaît un afflux de visiteurs, en partie lié au parc thématique local pour enfants organisé durant la période des fêtes. En règle générale, les destinations des montagnes grecques retrouvent une certaine clientèle grecque et aussi non-grecque et c’est nouveau depuis les années de dite crise. Près d’un tiers de la population se débrouille comme on dit, entre les fonctionnaires aux revenus réguliers, puis ceux, acteurs d’une parfois nouvelle économie, partiellement immergée… et quelquefois même criminelle.

Indifférents désormais au sort des autres, car 70% de la population est paupérisée et près de la moitié des Grecs sont alors pauvres, ces rescapés ou “renouvelés” de la crise et par la crise, clientèle des partis comprise, font et feront leur vie, car de toute manière… il n’y aurait plus autre chose à réaliser. Et c’est alors la partie visible de l’ensemble mais qui ne le représente plus depuis la longue agonie de la classe moyenne. Visible même et surtout par ce temps aussi de Noël.

Pour nos animaux adespotes. Athènes, décembre 2018
Église à Athènes à fin de la messe. Décembre 2018

Noël déjà derrière nous, le tout sous une certaine douceur, celle comme on sait de la seule météo. Les plus téméraires qui sont habituellement les meilleurs, ils se sont même baignés en mer, près du port du Pirée, comme mieux encore à Nísyros, belle île du Dodécanèse. Sauf que depuis… 2019, une bonne partie du pays se trouve désormais sous la neige, et que ans les prochaines heures, le manteau neigeux couvrira alors jusqu’à certains quartiers d’Athènes.

Au village thessalien on installe des bâches sur les potagers d’hiver comme on brûle du bois. Telle est la vie locale un peu partout en Grèce. La fanfare municipale a été de sa plus belle musique en ville de Tríkala, bourgade vivante, où aux dires des habitants il fait certainement mieux vivre qu’à Athènes. Au village, le voisin Nikos et aussi cousin un peu lointain, me raconte comment et combien la commune se dépeuple, elle a perdu plus du tiers de sa population depuis les années dites de la crise.

“Les jeunes sont partis en Allemagne et les vieux donc… ils meurent. Ce n’est plus rentable du tout que de travailler la terre, toutes les terres du village finissent par être exploitées par deux ou au mieux, par trois familles, lesquelles ont alors les moyens et pour tout dire, disposent de la mécanisation nécessaire et de pointe pour y parvenir. Nous travaillons déjà et nous travaillerions davantage pour eux ; comme nos ancêtres il y a plus d’un siècle. Nous sommes les abandonnés des politiciens, le Parlement devrait un jour… sauter, sans blague.”

Au Pirée, décembre 2018
Tríkala ville. Thessalie, décembre 2018
En Thessalie, janvier 2019

Dans un sens, Chrístos Yannarás, philosophe et théologien orthodoxe ne dit pas vraiment autre chose. “La solution est simple, nous le savons tous: nous avons besoin d’un gouvernement en dehors de l’ensemble des partis du Parlement actuel et qui exclura institutionnellement la possibilité de faire fonctionner toute sorte d’un état clientéliste. Un gouvernement alors de transition, technique, issu des ‘personnalités’, doté d’un mandat de deux ans, et autant soumis au contrôle du parlement actuel, mais bénéficiant d’un appui de type référendaire pour éliminer l’interminable état clientéliste, et ainsi exclure constitutionnellement sa reconstitution”, quotidien Kathimeriní du 31 décembre 2018.

Entre le clientélisme réellement existant, puis la méta-démocratie Troïkanne et enfin leur dernier ridicule des politiciens grecs, ces mêmes politiciens ont été ainsi “tués”, déjà dans la conscience collective pour un nombre alors important de citoyens. La semaine dernière, Tsípras a inauguré à Thessalonique une station du métro de la ville… lequel fonctionnera concrètement seulement en 2022. Sur les photos publiées par une partie de la presse, on y distingue certaines… machines à ticket factices, puis, une part de la station ainsi “inaugurée” sera démontée pour que les travaux puissent alors se poursuivre. Voilà que le ridicule tue encore dans un sens.

Les élections législatives auront lieu cette année certes, le système politique survivra, et peut-être que lors des élections d’après, d’autres mouvements pourront voir le jour, authentiques, radicaux, émanant du pays réel, pour que l’unique espoir puisse ainsi tenir de la chimère en cette possibilité de surprise. Et à commencer par la dénonciation des accords avec la Troïka et évidemment par la sortie de la Grèce de l’Union européenne, c’est un minimum et ce n’est qu’un début car cette voie est bien longue et difficile.

De la musique. Tríkala en Thessalie, décembre 2018
La station de métro… inaugurée par Tsípras. Thessalonique, décembre 2018 (presse grecque)
Au Mont Athos. Décembre 2018

En attendant le miracle… ou en le préparant peut-être, mes amis m’envoient leurs photos depuis le Mont Athos, cette République monastique en Chalcidique bénéficiant d’un statut d’autonomie comparable aux périphéries et réunissant vingt monastères Orthodoxes, grecs, bulgares, roumains, russes, serbes et autres, qui mènent une vie alors d’anachorètes.

En attendant et en préparant le miracle, nous admirons autant tout l’éclat des animaux adespotes qui sont autant des nôtres. Bonne année, espoir et vérité !

Animal adespote. Athènes, décembre 2018

* Photo de couverture: Vœux du moment. Athènes, décembre 2018

Dette : un outil politique de dépossession

« Avant-propos

Déjà avant le début de ce qui deviendra la « crise grecque » en 2010, le CADTM – Comité pour l’abolition des dettes illégitimes – s’intéressait de près à la dette grecque et aux conséquences de son remboursement sur la population. Depuis plusieurs années, il s’efforce de proposer des analyses émancipatrices et des alternatives en lien avec les mobilisations grecques contre la dette illégitime. En 2015, le travail du CADTM concernant la Grèce s’intensifie, lorsque Syriza, un parti anti-austérité, gagne les élections et que la présidente du parlement grec met en place une commission d’audit, dont le porte-parole de notre réseau assure la coordination scientifique.

Depuis lors, plusieurs vidéos ont été réalisées par le CADTM en collaboration avec ZIN TV, les Productions du Pavé et les Films du Mouvement. Ces outils vidéo ont permis de vulgariser nos analyses, déconstruire des idées reçues et expliquer des mécanismes parfois complexes. Réalisées pendant ou peu de temps après l’expérience « Syriza », certaines de ces vidéos permettent également de documenter et de poser un regard critique sur cette séquence politique en tant que tentative avortée d’un pays de l’Union européenne de rompre avec l’austérité.

Ce livret compile donc ces supports vidéo qui présentent des approches, formats et objectifs différents mais portent tous sur le cas grec. Nous y détaillons leurs contenus et nous apportons des éléments complémentaires qui peuvent être utiles dans la compréhension de la situation grecque, certes, surtout si vous voulez utiliser ces vidéos comme des outils dans vos cours, vos ateliers, vos projections-débats et vos dîners de famille.

À bon entendeur·euse…

NB : les informations contenues dans son livret sont tirées du rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque : La vérité sur la dette grecque, Les liens qui Libèrent, 2015. Quand ce n’est pas le cas, les sources sont mentionnées. » (Note de lecture : la-dignite-des-populations-grecques-vaut-plus-quune-dette-illegale-illegitime-odieuse-et-insoutenable/)

La dette et le système capitaliste, les transferts de richesses, la dette comme outil de dépossession, les mécanismes d’endettement comme armes de domination, l’imposition de mesures politiques par les grandes puissances au détriment des intérêts et de la souveraineté des populations…

La Grèce et la première troïka au 19e siècle, une tutelle stricte sur le budget, un programme d’austérité sévère, De 1843 à aujourd’hui, la violence et l’injustice du système de la dette, l’imposition aux populations de remboursements d’une dette qui n’est pas la sienne…

Les auteurs et autrices détaillent le travail de la commission pour la vérité sur la dette grecque et ses conclusions, les acteurs clés (FMI, BCE, FESF, MES, Troïka, Commission européenne, Eurogroupe). Je souligne l’« indépendance » de la BCE c’est-à-dire l’indépendance par rapport aux choix démocratiques des populations mais non par rapport aux anciens banquiers qui la dirigent ; la place du droit luxembourgeois et non des droits nationaux des pays concernés ; l’Eurogroupe « organe informel sans statuts ni existence juridique…

Les prêts bilatéraux ont servi « à rembourser la dette grecque aux banques européennes et à recapitaliser les banques grecques », l’argent n’a pas été versé à l’État grec, une socialisation des pertes au seul bénéfice des actionnaires des banques.

La dette ne peut être abordée du point de vue « économique » (par ailleurs, ce point de vue existe-t-il ? Ou hors des rapports sociaux de domination ?). La dette est un « concept politique ». Les auteurs et autrices parlent de dette légale mais pouvant être illégitime, de dette insoutenable, de dette illégitime, de dette odieuse, de dette illégale. Ils en expliquent le sens et fournissent des exemples pour étayer leur argumentation,

Des alternatives étaient et restent possibles, comme l’audit et la suspension unilatérale de paiement, le refus de recapitaliser les banques privées, l’annulation de la dette, la désobéissance aux créanciers, etc… la mobilisation des citoyen·nes en Grèce et en Europe…

CADTM – ZinTV : Comprendre la dette grecque

Outils vidéo & livret pédagogique

http://www.cadtm.org/Comprendre-la-dette-grecque

Bruxelles 2018, 108 pages

Didier Epsztajn

Source https://entreleslignesentrelesmots.blog/2018/12/25/dette-un-outil-politique-de-depossession/

2019 Année critique pour les banques grecques

Selon le journal financier allemand Handelsblatt, les banques grecques seraient dans une crise profonde due aux emprunts toxiques.

Dans un article intitulé « 2019, année critique pour les banques grecques » , le journal allemand note que « les quatre banques systémiques luttent avec une augmentation des dépenses et une réduction des revenus. Le revenu d’intérêts net, qui représente traditionnellement 75% du chiffre d’affaires, a diminué de 14% au cours des neuf premiers mois, tandis que les charges d’exploitation ont augmenté de 3,5%. Les pertes totales des quatre banques après le paiement des impôts ont atteint 151 millions d’euros à la fin du troisième trimestre de 2018, soit près du double par rapport à la même période de l’année dernière » écrit Handelsblatt.
Le journal financier précise encore: « Rien ne permet de penser que la situation va bientôt s’améliorer, car les banques grecques sont confrontées à d’énormes défis. En 2019, elles devraient faire preuve d’une plus grande détermination dans la réduction drastique des «emprunts toxiques », ce qui aura un effet négatif sur les capitaux propres. Jusqu’à présent, cependant, les banques systémiques semblent être suffisamment capitalisées. Mais près de 80% des fonds propres proviennent de remboursements d’impôts dus à des pertes.  »
Dans le pire des cas, la Grèce aura besoin d’une nouvelle assistance financière
Si les banques ne parviennent pas à se stabiliser, le retour de la Grèce sur les marchés est encore plus difficile, poursuit le journal financier allemand. Dans le pire des cas, la Grèce aura besoin d’une nouvelle aide financière de la part des prêteurs.
Cela fait des prêts non performants un risque pour l’ensemble de la zone euro. Selon la Banque de Grèce, la valeur des prêts improductifs a atteint 84,7 milliards de dollars en septembre. En conséquence, les expositions non performantes représentent 46,7% du crédit bancaire.
Pour 2019, les banques prévoient 30 000 ventes aux enchères immobilières. Parallèlement, le gouvernement et TAIPED collaborent avec le support technique de JP Morgan pour créer une « mauvaise banque » dans laquelle des « emprunts rouges » seront transférés à hauteur de 15 milliards d’euros et des titrisations seront réalisées avec la garantie de l’État grec. Il est fort probable que le projet sera conforme à la direction générale de la concurrence de l’UE, car il repose sur un projet similaire impliquant des banques italiennes. Reste à savoir qui investira dans ces titres, compte tenu du mauvais crédit du gouvernement grec.
Tout cela montre à quel point la situation critique de la banque est étroitement liée à la solvabilité de la Grèce. Le pays est encore loin de retourner sur les marchés. Le taux d’intérêt de l’obligation à dix ans est au taux prohibitif de 4,4%. Aucun autre pays participant à un programme n’est contraint de payer des taux d’intérêt aussi élevés aux investisseurs.
En dépit de la réserve de 26 milliards de dollars suffisante pour les deux prochaines années, il est douteux que la Grèce soit en mesure de revenir sur les marchés à des conditions satisfaisantes ou si elle sera obligée de modifier l’aide des prêteurs. La réponse à la question dépend également de l’évolution du secteur bancaire grec. « 

CK

Grèce solidaire des gilets jaunes

Gilets jaunes à Athènes :  » Avec Macron, l’histoire de la France, c’est celle de la Grèce en accéléré » par Fabien Perrier

Des centaines de Grecs ont manifesté ce week-end leur soutien au mouvement des gilets jaunes et comptent poursuivre leurs actions de solidarité. Pour eux, le cœur du problème se trouve dans les politiques européennes.

Soutien aux gilets jaunes en Grèce : acte 3. Samedi 15 décembre, pour la troisième fois à Athènes, des Grecs ont souhaité témoigner de leur solidarité au mouvement né en France. Devant l’ambassade de France, des dizaines de militants de mouvements de gauche (Confrontations – Ligne rouge) ont brandi pancartes et hauts-parleurs. A deux pas de la place de la Constitution, où est situé le Parlement grec, des dizaines d’autres, du parti Unité Populaire, ont revêtu un gilet jaune avant de manifester dans la capitale.
« Les gilets jaunes montrent la voie »

Retraitée, Mania Balsefki est dans les rangs d’Unité Populaire, petit parti d’extrême gauche né d’une scission de Syriza, en août 2015. Pour elle, « les peuples de l’Europe doivent actuellement suivre la voie des gilets jaunes. Nous rencontrons des problèmes communs, l’austérité touche toute l’Europe. » Elle se félicite de l’émergence du mouvement en Belgique, en Italie… et des manifestations sur d’autres thèmes sociaux en Hongrie ou encore en Albanie. « Les gilets jaunes montrent la voie », affirme-t-elle. Economiste et membre, lui aussi, de ce parti, Yannis Tolios ajoute : « Nous manifestons contre la politique de Macron en France. » Selon lui, « les gilets jaunes expriment les intérêts vitaux des travailleurs, en France mais aussi en Grèce. Ils contestent fondamentalement les politiques menées dans l’eurozone, par l’oligarchie, qui sont en réalité des politiques d’austérité », c’est-à-dire des baisses des dépenses publiques, des salaires et des pensions, accompagnées de hausses des taxes.

Ces politiques, la Grèce les a vécues de la façon la plus extrême entre 2010 et 2015. Le salaire minimum, de 751 euros pour tous en 2010, passe à 586 euros brut, et même 510 euros pour les moins de vingt-cinq ans. Les conventions collectives ont été supprimées et la primauté a été donnée aux accords d’entreprise qui peuvent même être conclus avec des « associations de personnes », au détriment de la représentation syndicale. Quant aux prud’hommes, ils ont été abolis… Parallèlement, l’économie a plongé dans une récession incessante – pendant cette période, le produit intérieur brut a chuté de 25%.

« Je n’aurais rien contre un appel européen de solidarité »
« Quand je vivais en France, en 2010, et que j’expliquais à mes amis que les lois passées en Grèce arriveraient en France, que nous n’étions qu’un cobaye, ils ne voulaient pas me croire… », soupire Alkistis Prepi. Cette architecte urbaniste de 33 ans est, elle, devant l’ambassade de France. Autour d’elle, les manifestants brandissent des drapeaux rouges. La jeune femme poursuit : « Partout, les classes populaires subissent actuellement une paupérisation ; elle produit des « oubliés » et ces mouvements, comme les Indignés en Grèce en 2011, leur redonnent la voix. Les lois qui passent en France s’inscrivent clairement dans le contexte de l’austérité que les dirigeants européens veulent appliquer partout en Europe. Avec Macron, c’est l’histoire grecque… mais en accéléré. » En accéléré… jusque dans la répression, affirme-t-elle, rejointe par Kostas Ksotopoulos. Menuisier, il suit de près le mouvement des gilets jaunes. « Nous sommes là en solidarité, car nous comparons leur situation avec la nôtre. En outre, nous voulons dénoncer la façon dont la police a réagi contre les manifestants. Quand nous avons vu les véhicules blindés de l’armée dans Paris, des lycéens agenouillés et les bras sur la tête devant la police, nous ne pouvions pas en croire nos yeux. »

En Grèce, le mouvement trouve un écho. Au sein même de Syriza, le parti au pouvoir, ils sont nombreux à signaler leur sympathie pour les gilets jaunes. Le député Costas Douzinas a même déclaré : « Je n’aurais rien contre un appel européen de solidarité. »

Source https://www.marianne.net/monde/gilets-jaunes-athenes-avec-macron-l-histoire-de-la-france-c-est-celle-de-la-grece-en-accelere

France Budget 2019 : le président des riches maintient le cap !

Votée ce jeudi 20 décembre par l’Assemblée nationale, la loi de finance de 2019 accentue le processus d’injustice fiscale et de régression sociale qui avait caractérisé le premier budget du quinquennat.

Attac dénonce la poursuite de la politique éhontée des cadeaux fiscaux sans contre-parties aux riches et aux entreprises.

Le gouvernement maintient la flat tax et la suppression de l’ISF, alors que la majorité des français y est opposée. L’exit tax contre les expatrié·e·s fiscaux est allégée, ce qui montre que la lutte contre l’évasion fiscale n’est pas une priorité pour ce gouvernement. Simultanément, le budget 2019 prévoit de gros cadeaux fiscaux au patronat à hauteur de 71 milliards d’euros, dont 42 milliards au titre du crédit d’impôt pour la compétitivité, l’investissement et l’emploi (CICE) dont le principal effet est de gonfler les profits des entreprises et les dividendes des actionnaires.

Pour Attac, ce budget porte un nouveau coup dur aux retraité·e·s, aux services publics et à la sécurité sociale. Aurélie Trouvé, porte-parole, s’insurge :

« en ne revalorisant que de 0.3%, les minimas sociaux et les retraites, déjà ponctionnées par la CSG, alors que l’inflation est de 1.3%, ce gouvernement organise une réduction générale du pouvoir d’achat ».

Le gouvernement s’attaque également à la protection sociale, dans le cadre du Projet de loi de la Sécurité sociale (PLFSS). Il impose une baisse de 910 millions du budget des hôpitaux, qui manquent déjà de moyens. Il exige également une réduction des dépenses de 3.8 milliards d’euros pour l’ensemble de l’assurance-maladie.

Pour Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac :

« derrière ces chiffres apparait une nouvelle mise en cause de la sécurité sociale, qui se trouve également profondément fragilisée par les baisses de cotisations sociales qui viennent d’être décidées ».

Les services publics sont également le parent pauvre de ce budget. Le gel du point d’indice des fonctionnaires est maintenu. Les suppressions de postes, estimées à 4170, vont se poursuivre.

Dominique Plihon, porte-parole d’Attac, dénonce :

« Ce budget 2019 montre que le projet de ce gouvernement est de poursuivre la casse des services publics, auxquels nos concitoyens sont très attachés ».

Il est urgent que le gouvernement change de cap afin de satisfaire l’exigence de justice fiscale qui s’est fortement exprimée dans la rue ces dernières semaines.

Source https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/budget-2019-le-president-des-riches-maintient-le-cap

Joyeux Noël La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Joyeux Noël

Noël en vue. Au-delà de la nullité brouillonne et légendaire des forces du désordre des gouvernants, le petit peuple au quotidien s’agite comme il peut, histoire de préparer ses moments présumés exceptionnels, même si l’ennui est parfois inséparable des moments festifs, c’est bien connu. Athènes et la Grèce n’échappent guère à la règle, magasins et échoppes, visiteurs et badauds, peuple alors digne mais mutant… quand le grand espoir n’est plus d’ici. Le sourire pourtant y est, c’est l’essentiel. On vient de loin, on y va et on résiste !

Visiteurs Place de la Constitution. Athènes, décembre 2018

Athènes se transforme finalement en une destination également hivernale, au croisement on dirait des mutations et des ronds-points… et autres apories giratoires de notre modernité. Le centre-ville croule sous cette nouvelle affluence, entre le tiers de la population grecque échappant à la paupérisation en tout cas plénière, l’essor des activités dites parallèles sans oublier l’économie liée au crime en plein essor, cela fait du beau monde, puis, il y a comme visiteurs hivernaux les Airbnbistes, puis ceux les hôtels, assez remplis pour un hiver grec.

Non sans rapport, l’immobilier grec passe alors aux mains des dits “investisseurs” venus du plus vaste monde, près des deux tiers des logements Airbnb, et bien entendu presque tous les hôtels nouveaux ou rénovés leur appartiennent, à Athènes, comme d’ailleurs au reste du pays. Dans la capitale, les boutiques et les locataires… trop vieux de 40 ans sont alors expulsés, pour que leurs immeubles puissent se transformer en hôtels et autres auberges avant si possible la saison 2019, et on vient d’apprendre que dix grands ports s’ajoutent à la liste des privatisations… le grand appareillage. Toujours dans Athènes, des publicités foncièrement sauvages et à la gloire des rapaces internationaux, incitent les paupérisés de la classe moyenne à brader leurs derniers biens: “Tony Buys House achète des logements”. On vient de loin, on y va et on dépouille !

Mais c’est bientôt Noël. Les retraités devenus vendeurs de billets de loterie sont partout, s’agissant de la loterie ex-nationale, car la… “Grecque des Jeux” a été bradée aux “investisseurs” étrangers pour moins que l’équivalent d’une année de bénéfices. N’en empêche, le maire Yórgos Kamínis vient d’inaugurer l’arbre des circonstances Place de la Constitution, la fanfare municipale y est souvent, de même que nos musiciens de rue, plus nombreux que jamais, Grecs alors paupérisés au regard accablé, interprétant le bon vieux Rebétiko, cette musique populaire apparue dans les années 1920, à la suite des vagues migratoires des populations, principalement, grecques expulsées d’Asie mineure par la Turquie kémaliste.

Fanfare municipale et arbre de Noel. Athènes, décembre 2018
Quand les retraités deviennent vendeurs de billets de loterie. Athènes, décembre 2018
Tony House… achète des logements. Athènes, décembre 2018

Pays moderne, méconnaissable. Plus d’une saisie par minute et par journée ouvrable est déclenchée par l’administration fiscale appartenant à la Troïka, désormais pour une dette envers l’État de moins de 500 euros, et par ailleurs, quatre millions sur dix millions d’habitants sont redevables envers le fisc, d’après les reportages du jour, informations radiophoniques du 22 décembre, (et presse grecque de la semaine). Comme il est noté ailleurs, notre société “elle est désormais exposée à la rapacité de forces qu’elle ne contrôle pas et qu’elle ne compte ni n’espère reconquérir et dompter”. C’est peut-être pour cette raison, que certains organisent à Athènes des conférences pour ainsi populariser la méthode Gandhi. Pourtant, les Grecs regardent les gilets-jaunes français avec émotion et espoir.

Ainsi à Kos, île du Dodécanèse, et pas qu’à Kos, l’administration fiscale Troïkanne persiste et alors elle encaisse. Témoignage de mon ami Olivier Delorme sur sa page Facebook du 20 décembre: “La Grèce va mieux, comme dit Moscovici: chronique du racket au quotidien. En transit à Kos, ce matin entre deux bateaux, nous nous installons dans un café. On commande deux thés, on les boit, en attendant d’en recommander deux autres. Soudain, deux agents du fisc débarquent, avisant notre table avec consommation mais sans encore de note. Et dresse un PV… Je comprends la situation, que la patronne et la serveuse tentent d’expliquer, je tente d’intervenir pour confirmer. Rien à faire ! Au final, nous recommandons deux thés et lorsque les deux notes arrivent, nous constatons que la première a bien été émise à l’heure même où nous avons été servis. Le cafetier est donc taxé non pour ne pas avoir édité de note, mais pour ne pas l’avoir déposée sur notre table en même temps que les thés.”

“Trois minutes plus tard, F. voit sur un journal grec en ligne que le gouvernement a donné instruction de multiplier les descentes du fisc dans les commerces durant les fêtes de fin d’année. Pendant ce temps-là l’optimisation fiscale des gros au Luxembourg de Juncker est toujours parfaitement légale. Et hier un ami nous disait qu’il attend depuis plus d’un an la restitution d’une saisie sur le compte de sa compagne reconnue comme indue par la justice… Mais qu’il se heurte à un mur. Dans le même moment où le gouvernement Tsípras prétend faire un cadeau de Noël aux gens qu’il a contribué à paupériser, il fait les poches à ceux qui ne le sont pas encore tout à fait. Comme dit Moscovici.”

Touristes chinois. Athènes, décembre 2018
La presse et les élections supposées anticipées. Athènes, décembre 2018

“Chacun doit incarner le changement qu’il souhaite apporter au monde”, d’après Gandhi, pendant la presse prétend que les élections anticipées seraient pour bientôt, sauf qu’il ne s’agit plus de s’en émouvoir du côté du peuple. Chacun doit donc incarner le changement, dont sans doute nos touristes venus de Chine avec leurs guides, pour y découvrir les douceurs réelles ou supposés helléniques sous l’Acropole. On vient de loin, on y va et on prend des selfies !

Pays moderne, certes méconnaissable, le “tiers ainsi payant” de la population persiste et signe, d’après la presse de la semaine, aux destinations hivernales du pays, le taux de remplissage des hôtels avoisine près de 90%, certes, les séjours sont très courts mais c’est alors nouveau depuis les années de l’effondrement. Sauf que ce ne sont pas forcement les mêmes vacanciers qu’avant, auxquels s’ajoutent les nouveaux très riches, issus des autres pays des Balkans, pays pourtant largement paupérisés où la classe moyenne est quasi-inexistante.

Pays moderne et dans Athènes, des humains comme parfois tant leurs animaux entraînés pour la cause, sollicitent les passants pour y laisser une petite pièce, clients ainsi des boutiques, touristes, badauds, voire même les migrants, anciens ou nouveaux… en plein circuit-découverte de leur univers nouveau. Au-delà de la nullité brouillonne et légendaire des forces du désordre des gouvernants, la vie continue ainsi coûte que coûte.

Humains comme parfois leurs animaux. Athènes, décembre 2018
Humains comme parfois leurs animaux. Athènes, décembre 2018
Humains comme parfois leurs animaux. Athènes, décembre 2018

Signe des temps qui sont bien les nôtres, un acteur connu et bien sympathique, Pávlos Kontoyannídis, vient de créer son “Mouvement des pauvres” lequel participera aux prochains scrutins, c’est pour donner comme il déclare, de la voix aux paupérisés, “c’est-à-dire à ce 90% de la population qui n’a plus rien à perdre ou qui ne s’en sortent plus dignement comme avant” presse grecque de la semaine. Sincérité politique ou alors opportunisme ? Difficile à savoir.

La Grèce n’échappe ainsi guère à la règle, magasins et autres échoppes… à bras ouverts, des stéréotypes à peine surannés, mais également, une criminalité qui coure alors les rues, criminalité alors petite moyenne et grande. Dans la même série, notons le cas de certains patrons parmi ceux qui versent encore la maigre prime de Noël obligatoire par la législation à leurs employés, mais qui vont escorter par la suite leurs même employés… jusqu’aux guichets automatiques pour que ces derniers retirent alors cette somme de leurs comptes, et pour ainsi la restituer aux dits patrons. C’est bien connu, l’accablement est parfois inséparable des moments festifs, presse grecque du 22 décembre.

Pendant ce temps, la galerie des affairistes réels de SYRIZA s’amuse comme jamais, promettant en même temps de milliers d’embauches dans la fonction publique par le seul souci du clientélisme et de la survie de… caste, la leur. Et à Athènes, les retraités du secteur des banques réclament… le retour de leurs cotisations ainsi volées. Grande criminalité et surtout hybris.

Retraités des banques devant une agence. Athènes, décembre 2018
Retraités des banques devant une agence. Athènes, décembre 2018
Criminalité dite petite. Athènes de jour, décembre 2018
Hilarité. Tsípras et sa bande. Presse grecque, décembre 2018

Noël en vue. Au-delà de la nullité brouillonne et légendaire des forces du désordre des gouvernants, le petit peuple au quotidien se secoue comme il peut, histoire de préparer ses moments présumés exceptionnels.

Dans les cafés, des retraités exposent leur quotidien à d’autres retraités, aux inactifs comme aux bistrotiers. On évoque volontiers et autant la vie en ville, tout comme les nouvelles du village d’origine, la récolte des olives, les… nouveaux péages, le prix du bois pour se chauffer. La dite grande politique est le plus souvent absente, elle n’est plus de ce monde et c’est définitif aux yeux d’une bonne partie des Grecs en tout cas.

Les mentalités évoluent et les masques tombent. D’après le dernier dit Eurobaromètre, seulement 24% des Grecs font encore confiance à l’Union européenne, et c’est le taux le plus bas enregistré dans la dite Union, presse grecque de la semaine. Donc, c’est bientôt Noël, si l’on veut bien considérer qu’il s’agit plutôt d’une lame de fond un peu partout entre Athènes, Rome, Paris ou Dublin.

Bientôt Noël. Athènes, décembre 2018

Noël et ainsi l’arbre de… Yórgos Kamínis, la fanfare municipale, et surtout nos musiciens de rue comme des tavernes interprétant le bon vieux Rebétiko. “Pour moi, c’est d’abord cela, le rebétiko: une atmosphère autant qu’un chant, des visages silencieux et marqués autant que des danses ou des cris, des odeurs mêlées de vin résiné, d’ouzo, de sciure fraîche sous les tables, de mégots refroidis”, écrivait il y a maintenant plus de quarante ans Jacques Lacarrière dans son récit “L’Été grec”.

Des visages silencieux et marqués autant que des danses ou des cris, des odeurs mêlées de vin, Joyeux Noël !

Animal adespote sous abri. Athènes, décembre 2018
* Photo de couverture: Nos musiciens de rue. Athènes, décembre 2018
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