Le Panteion se retourne contre la police du campus
Le sénat de l’université Panteion s’oppose à la proposition du gouvernement de créer une force de sécurité spéciale sur le campus, composée de policiers qui opéreront sous les ordres de la police hellénique (ELAS) et du ministère de la protection des citoyens.
Le Panteion d’Athènes est la première université à prendre position sur les mesures dévoilées ce mois-ci par le gouvernement pour sévir contre l’anarchie chronique dans les institutions universitaires du pays.
La présence permanente des forces de l’ordre « n’est pas compatible avec la poursuite du savoir », a déclaré le Sénat. « La présence de forces de police au sein de l’université crée des tensions dans la communauté universitaire, qui fonctionne dans un environnement autonome et qui est la seule à pouvoir garantir la liberté d’expression et de science ».
Les recteurs souhaitent que la sécurité reste sous la responsabilité du sénat et des autorités universitaires.
Des morsures de rats, de serpents… Le camp de Samos face à un désastre sanitaire Par Charlotte Boitiaux
Le camp de Samos en Grèce. Crédit : Reuters
Depuis plusieurs mois, l’ONG Médecins sans frontières alerte sur la situation sanitaire sur l’île grecque de Samos où vivent des milliers de migrants entassés dans des campements insalubres. Une campagne de vaccination anti-tétanos a été lancée pour protéger les hommes, les femmes et les enfants exposés, entre autres, aux morsures de rats et de serpents.
Depuis des mois, Médecins sans frontières (MSF) alerte sur le fait que le camp de migrants de Vathy sur l’île de Samos, en Grèce, « n’est pas un endroit sûr ». Environ 3 500 migrants – syriens, afghans, congolais ou encore irakiens – y vivent « dans des conditions absolument misérables » à flanc de colline, dans des cabanes en bois ou des abris faits de bâches et de couvertures, rappelle Dora Vangi, chargée de la communication pour MSF en Grèce. L’accès à l’eau et à la nourriture y est limité. Et les incendies de ces derniers mois n’ont rien arrangé.
Face à la dégradation de la situation, une campagne de vaccination contre le tétanos a été lancée par MSF. Le but : protéger la population de ces campements « qui n’ont d’autre choix que de vivre dans la saleté et les ordures » contre cette maladie qui peut se contracter à des travers des plaies infectées ou encore des morsures d’animaux.
Les déchets dans le camp de Samos, en décembre 2019. Crédit : InfoMigrants
« Les morsures, ce n’est pas nouveau »
Et à Samos, les blessures par morsures ne sont pas rares. « Selon nos équipes médicales, des rats, des scorpions et des serpents mordent des enfants et des adultes », explique Dora Vangi de MSF. « Ce n’est pas nouveau, nous alertons sur ce problème depuis longtemps ».
Pour l’heure, l’ONG a annoncé avoir déjà vacciné environ 2 200 hommes, femmes et enfants de plus de six ans depuis le début du mois de décembre.
Les autorités grecques prévoient le déplacement de tous les demandeurs d’asile des îles grecques vers le continent et dans un nouveau camp fermé sur Samos, d’une capacité de 1 200 personnes, d’ici le début d’année 2021.
La gratuité des médicaments sur ordonnance pour les retraités grecs à faible revenu est supprimée à partir du 1er janvier 2021.
En Grèce, plus de 600 000 retraités à faibles revenus devront payer leurs médicaments à partir du 1er janvier 2021. L’achat de médicaments sur ordonnance sans participation était en vigueur lorsque l’allocation de pauvreté (EKAS) a été réduite en raison d’un troisième accord de sauvetage.
La mesure provisoire de gratuité des médicaments sur ordonnance prend fin le 31 décembre 2020, comme le prévoit l’article 2 de la loi 4655/2020.
Malgré la pression des organisations de retraités, le gouvernement n’a pas encore pris de mesures pour prolonger cette disposition bénéfique.
Il convient de noter qu’il s’agit de retraités ayant une pension brute pouvant atteindre 500 euros.
Selon les données officielles du ministère du travail, les retraités à faible revenu concernés sont au nombre de 606 280.
Témoignage : Je me souviens que lorsque la loi EKAS a été supprimée en 2011 et que l’auto-participation à la prescription a été introduite en 2013, les dépenses mensuelles de ma mère décédée qui souffrait de démence ont atteint 150 euros. Sa pension était de 490 brut et 430 net après impôt de solidarité et cotisation aux soins de santé et ceci et cela. Elle n’avait pas droit aux « prestations d’invalidité », bien qu’elle ait eu besoin de soins et d’assistance 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an et qu’elle mourrait de faim si elle n’était pas nourrie. Elle pouvait être traînée sur 2 ou 3 marches du fauteuil roulant au canapé ou au lit. Pour le système d’allocations grec, un patient souffrant de cette horrible maladie dégénérative devait être alité à 100% pour avoir droit à une allocation maximale de 300 euros.
Dernière minute 31/12/2020 : Kathimérini relève qu’à l’initiative du Premier ministre, M. Mitsotakis, les dépenses pharmaceutiques des petits retraités seront à nouveau prises en charge par l’Etat pour l’année 2021. Cette décision intervient juste avant la f in du plan de gratuité de ces dépenses, mis en place depuis la suppression de l’allocation EKAS, en 2016, un projet qui expirait le 31 décembre.Cette décision concerne 608000 retraités, précise Ta Néa.
Mobilisons-nous les 3, 16 et 30 janvier contre la loi Sécurité globale et les autres textes liberticides
La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale donne rendez-vous aux défenseur·se·s des libertés dès le dimanche 3 janvier 2021, à Paris, à l’occasion de la Marche blanche en mémoire de Cédric Chouviat. Un an après la mort de ce père de quatre enfants, entre les mains de la police, nous serons aux côtés de sa famille. Son père Christian Chouviat avait déjà accompagné la délégation reçue au ministère de l’Intérieur lundi 23 novembre, malgré les réticences de Gérald Darmanin.
Nous appelons aussi à de nouvelles Marches des libertés, samedi 16 janvier, partout en France, avant un grand rassemblement, samedi 30 janvier, à Paris. Cette dernière date mêlera les voix des journalistes, documentaristes, réalisateur·trices, victimes et familles de victimes de violences policières, associations de droits humains et artistes solidaires du combat contre les lois liberticides.
D’ici là, nous appuierons les actions qui ont pour objectif le retrait des articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi dite « Sécurité globale », le retrait du Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) et de toute autre disposition élargissant la surveillance de masse ou faisant reculer le droit à l’information. La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale continuera à informer sur les conséquences délétères de ces textes, par le biais de clips réalisés par l’équipe vidéo de la coordination, donnant un éclairage juridique et faisant témoigner des victimes de violences policières.
Depuis le premier rassemblement organisé le 17 novembre devant l’Assemblée nationale, notre coordination n’a cessé de s’élargir. Formée à l’initiative des quatre principaux syndicats de journalistes et de la Ligue des droits de l’Homme, elle comprend aujourd’hui non seulement des associations ou collectifs représentant les métiers de la presse et des médias, mais aussi des organisations œuvrant dans le domaine de la justice, des libertés numériques, de la défense de l’environnement ou contre les violences policières et leur impunité.
Dans le même temps, des coordinations locales se sont formées à travers tout le pays et plus de 150 villes ont connu au moins une manifestation contre la proposition de loi « Sécurité globale ».
Malgré une mobilisation de très grande ampleur (500 000 manifestant·e·s en France, le 28 novembre), déployée dans un contexte d’état d’urgence sanitaire et de confinement, le gouvernement et les parlementaires se sont contentés d’effets d’annonce s’agissant de la réécriture de l’article 24 de la proposition de loi « Sécurité globale ». Texte que le Sénat semble vouloir fusionner avec l’article 18 du projet de loi « confortant les principes républicains », précédemment nommée « contre le séparatisme ». Ni la commission Delarue sur les rapports entre journalistes et forces de l’ordre ni le « Beauvau de la sécurité » ne sauront nous détourner de notre objectif. Du reste, Emmanuel Macron n’a toujours pas répondu à notre demande de rendez-vous adressée par courrier et publiée sous la forme d’une lettre ouverte le 14 décembre.
Par ailleurs, notre opposition aux dispositifs de surveillance généralisée instaurés par les drones et les caméras piétons, ou à la sélection des journalistes instaurée par le nouveau SNMO n’a pas été entendue. Des décrets parus en décembre étendent les possibilités de fichage aux groupements et notamment aux opinions politiques ou syndicales, aux comportements et habitudes de vie… Les pressions politiques de policiers se présentant en uniforme et en plein couvre-feu devant les domiciles d’élu·e·s ou devant des tribunaux confirment nos craintes quant à l’instauration d’un véritable État de police par la combinaison du SNMO, de la proposition de loi « Sécurité globale » et du projet de loi « confortant les principes républicains ».
Tant que ces textes liberticides ne seront pas abandonnés, nous défendrons sans relâche nos libertés.
La coordination #StopLoiSécuritéGlobale fédère des syndicats, sociétés, collectifs, associations de journalistes et de réalisateur·trices, confédérations syndicales, associations, organisations de défense de droits humains, comités de victimes et de familles de victimes de violences policières, collectifs de quartiers populaires, exilé·es et Gilets jaunes.
Les banques ont non seulement bénéficié des effets indirects des plans de soutien à l’économie mais également de garanties publiques qui leur sont directement adressées. Les revenus de remplacement – qui n’ont pas nécessairement atteint les plus précaires et n’ont bien souvent pas été suffisants. Les moyens publics bénéficient donc aux grandes entreprises, banques incluses, et aux propriétaires – in fine, donc, à des personnes dont on ne fait que conforter et renforcer une position déjà dominante.
22 décembre 2020 – Aline Fares
Le niveau d’anxiété général augmente. Notre santé mentale collective se dégrade. Les faillites s’accélèrent, à commencer par les petits commerces et les petites entreprises. Les conditions d’existence sont de plus en plus difficiles et la misère se répand dans les pays les plus riches telle une gangrène. Les soignant.e.s sont toujours aussi méprisé.e.s et pourtant on n’est pas au bout de la pandémie. La violence d’État, elle, est à son comble. Alors on se dit « 2020, vivement la fin ».
Au début de cette terrible année, les investisseurs aussi plongeaient dans les tréfonds du désespoir. Mais cela n’a pas duré, car il y a eu beaucoup d’aide, de soin et de soutien à l’égard des banques et des marchés financiers, et ce depuis les premiers signes de la pandémie. Alors forcément, la bourse, elle, se porte plutôt bien. Décryptage d’un phénomène de captation des richesses.
En mars, les banques centrales sortaient le « bazooka »
Après 2019 qui fut l’une de leurs meilleures années, les marchés ont commencé 2020 par une plongée dans l’angoisse. En janvier, la production chinoise s’arrête net, et c’est bientôt le monde entier qui suit. On ne sait pas combien de temps cela va durer, alors qu’en sera-t-il des profits des entreprises et des dividendes ?
C’est trop de suspense et les investisseurs n’aiment pas le suspense : ils aiment les événements prévisibles (et des règles du jeu favorables et stables). Or l’arrêt de la machine, c’est l’entrée dans l’inconnu. La panique monte. « Le virus chinois fait vaciller les marchés » : dans le doute, et de peur de voir leurs actions perdre trop de valeur, les investisseurs vendent et enclenchent leur prophétie auto-réalisatrice : les ventes en masse font baisser le cours des actions, on vend encore, les cours baissent encore.
Gouvernants et banques centrales prennent rapidement la mesure des choses : dès la mi-mars, « la Banque centrale européenne blinde son bazooka monétaire » . Il est vrai que le dispositif est impressionnant : 750 milliards de « liquidités », suivis quelques temps plus tard de 600 milliards de plus car cela ne suffisait pas à rassurer les marchés.
Ce que cela signifie, c’est que les banques centrales rachètent les titres financiers (dettes des États, dettes et actions des entreprises) dont les banques ne voudraient plus, et ce avant que ces titres ne perdent de la valeur. C’est ce qu’on appelle un sauvetage bancaire.
Mais en pleine pandémie, annoncer un sauvetage bancaire ferait mauvais genre. Car dans le même temps, alors que la population est largement confinée, les travailleur.euse.s des secteurs dits essentiels, et toutes les personnes déjà dans la précarité ou plongées droit dedans, sont laissées à l’abandon, sans ressources concrètes, si ce n’est parfois quelques mots d’encouragement et des applaudissements. .
Ensuite, les banques ont non seulement bénéficié des effets indirects des plans de soutien à l’économie mais également de garanties publiques qui leur sont directement adressées.
Les revenus de remplacement – qui n’ont pas nécessairement atteint les plus précaires et n’ont bien souvent pas été suffisants – ont permis de limiter les impayés : loyers, remboursement de crédits, factures. Mais cet argent a principalement soutenu les propriétaires des immeubles loués (qui ont continué de percevoir leurs loyers, et sont en majorité des personnes qui ont les moyens de supporter quelques mois d’impayés), les banques (qui ont continué de percevoir des remboursements) et les grandes entreprises (qui ont continué d’être payées, notamment pour l’eau, l’électricité, le gaz, la téléphonie, l’accès à internet).
Et pour ce qui est des dépenses telles que l’alimentation et autres dépenses courantes, les fermetures des petits commerces et le maintien des supermarchés et de la vente en ligne, ont là encore largement dirigé les flux d’argent vers les multinationales plutôt que les petites entreprises, pourtant premières pourvoyeuses d’emploi.
Les moyens publics bénéficient donc aux grandes entreprises, banques incluses, et aux propriétaires – in fine, donc, à des personnes dont on ne fait que conforter et renforcer une position déjà dominante.
Mais ces mesures ne suffisant pas à maintenir les marchés à flot, il a été décidé de les compléter en ouvrant grand les vannes du crédit : les États ont soutenu les banques afin qu’elles octroient de nouveaux crédits aux entreprises et aux ménages, une manière certes de limiter la casse à court terme, mais aussi de faire en sorte que ces mêmes loyers et factures soient payées.
Les États ont ainsi offert des centaines de milliards de garanties aux banques : lorsque les emprunteurs se trouveront dans l’impossibilité de rembourser, ce qui arrivera immanquablement, c’est encore avec les finances publiques que sont censées être épongées les pertes, pas avec les réserves des banques, de leurs créanciers et de leurs actionnaires, et pourtant, des réserves, il y en a, il suffit de regarder les dividendes qui seront versées en Janvier 2021.
La voie est encore celle de l’endettement de l’État – et la dette publique de gonfler.
Dans l’ensemble donc, le mode de fonctionnement du système n’est pas du tout remis en question, et les privilèges économiques et sociaux existants sont préservés et même renforcés, alors que les plus privilégiés, justement, auraient pu être mis à contribution.
Les efforts et l’attention auraient dû être concentrés sur les soins de santé (personnel, matériel, logistique…), le logement (puisqu’il y a confinement et qu’un bon logement est la base d’une bonne santé), l’alimentation, les conditions de travail pour qu’elles permettent de respecter les mesures sanitaires, une prise en compte des réalités écologiques (déterminantes dans la survenue de pandémies), etc. Mais rien de tout cela n’a vraiment eu la priorité, entraînant une précarisation générale pourtant évitable – pour autant que l’on touche à ces privilèges.
Est ensuite arrivée l’annonce de “la relance”
Le 12 mars déjà, en France, un journal, citant le président français, titrait « Relancer l’économie, quel qu’en soit le prix ». En France ou en Belgique, on n’était alors même pas encore confiné.e.s. A ce stade, une telle annonce n’avait pour effet que de rassurer les acteurs économiques sur le soutien financier dont ils bénéficieraient une fois qu’on verrait le bout de cette crise sanitaire, mais les annonces se sont vite concrétisées.
Ainsi, dès le mois de juin, l’Allemagne lançait son plan à 130 milliards. En septembre c’était le tour de la France avec ses 100 milliards. En novembre, c’était le très attendu plan de relance européen à 750 milliards. Et il y en a eu d’autres à travers l’Europe et au-delà. De tels montants, de tels dispositifs, c’est du jamais vu.
Mais la deuxième vague de pandémie était déjà en route, et les vaccins pas encore prêts. De quoi rendre fragiles les espoirs de relance et les perspectives de profits. L’incertitude encore. Malgré les centaines de milliards cumulés de la banque centrale, des garanties publiques et des plans de relance, les marchés sont encore inquiets et les banques sont fébriles.
Tout cela n’est pas encore assez et de nouvelles décisions viennent soutenir les banques et donc tout le système financier.
Les crédits, on le voit, font office de palliatif aux revenus absents, ils permettent de maintenir un semblant de prospérité économique : on continue de produire, d’acheter, de payer… à crédit. « Il faut » donc encourager les banques à continuer à prêter, en attendant qu’un jour revenus et salaires soient rétablis. Or les revenus des entreprises et des particuliers, et donc leur capacité de remboursement, sont trop incertains. Les banques limitent donc leurs prêts. Sauf que sans ces prêts, l’édifice ne tient plus.
Les institutions européennes, qui définissent les règles en matière bancaire et financière, avaient déjà relâché certaines règles prudentielles dès le mois d’Avril. Pour soutenir encore le crédit, elles ont donc décidé, quelques mois plus tard, de se débarrasser d’une des rares mesures qui permettait de pousser les banques à assumer (un peu…) les risques qu’elles prennent : le « cap sur l’effet de levier ».
Du jargon, certes, mais qui correspond à une réalité simple : les grandes banques ne détiennent que très peu de capital, elles empruntent énormément. Du coup, en cas de coup dur (par exemple : une pandémie, un confinement, du chômage, des faillites), elles n’ont que peu de réserves propres pour absorber les pertes. Très vite, on se retrouve à « devoir » les sauver avec de l’argent public pour éviter qu’elles n’emportent épargne et moyens de paiement dans leur chute.
Lever le cap sur l’effet de levier, c’est les autoriser à prêter encore plus avec un même montant de capital et ainsi les rendre plus fragiles encore – et nous mettre plus encore sous la menace de leur possible faillite.
Les centaines de milliards n’ont pas suffit. Ils ne règlent en rien la situation dans les hôpitaux, ils n’améliorent pas les conditions de logement, la qualité de l’alimentation, les conditions de travail et de revenus, pourtant essentiels pour faire face à la pandémie et à la crise économique que nous vivons. Ils tendent à les empirer. Alors la gestion par le confinement continue, les chiffres des faillites à venir deviennent effrayants et les pertes des banques pourraient les faire vaciller.
Une nouvelle crise financière ? Ce serait quand même le pompon. Régulateurs et gouvernants viennent de sortir deux nouvelles trouvailles pour repousser encore cette possibilité : d’abord la création de « bad banks », autrement dit des banques poubelles.
L’idée, discutée depuis le début de l’automne, est de créer une entité séparée, détenue par d’autres actionnaires (a priori l’État) et d’y mettre tous les crédits qui risquent de ne jamais être remboursés. Il fallait y penser… Ensuite, l’annonce par la Banque centrale européenne, le 15 décembre, que les banques pourraient de nouveau verser des dividendes dès le 1er janvier.
Les bourses vont donc plutôt bien, et les investisseurs encaissent des profits colossaux pour grand nombre d’entre eux, mais ça ne sort pas de nulle part: les gouvernements les gâtent, les banques centrales les choient, les régulateurs les cajolent.
Non seulement les mesures décrites ici sont inacceptables, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle invention qui pousserait les limites un peu plus loin. La nouvelle version du virus découverte en Grande-Bretagne a entraîné une légère baisse des marchés, que vont-ils encore inventer si elle se prolonge ?
Dès le début de la pandémie, on aurait pu écrire une histoire de solidarité, dans laquelle les plus riches et les multinationales auraient été mises à contribution. Par exemple, on aurait pu annuler les loyers, en partant du constat que les propriétaires, dans leur majorité, ont un patrimoine suffisant pour qu’une perte de loyer n’affecte pas leur capacité à se loger, se nourrir, se déplacer, se soigner ou se vêtir. On aurait aussi pu annuler des factures dues par des petits commerces à des multinationales des télécommunications, des paiements ou de l’énergie. On aurait pu rendre supportables les pertes de revenus en allégeant le poids des dépenses. On aurait pu diriger les flux d’argent vers le système de santé. Tout cela est encore possible. Alors arrêtons de nous tenir sages.
ALERTE GRÈCE : 120 000 oliviers déjà coupés pour l’aéroport de Kastelli ! Une nouvelle crise humanitaire frappe les précaires ! Et autres nouvelles… par Yannis Youlountas
Bonjour,
En cette fin d’année, trois semaines après la répression féroce qui s’est abattue sur le mouvement social à Athènes(1), voici un nouveau point sur la situation.
ET COLÈRE CONTRE LE PROJET D’AÉROPORT À KASTELLI (CRÈTE)
Le chantier pharaonique du nouvel aéroport de Crète fait des dégâts considérables actuellement, à 40km d’Héraklion. La barre des 100 000 oliviers coupés a été atteinte le mois dernier. Nous en sommes aujourd’hui à 120 000 arbres arrachés, ce qui génère des montagnes de souches d’une part et des étendues désertes d’autre part, aplanies n’importe comment par les bulldozers.
Les conséquences ne se sont pas faites attendre : la région alentour a été frappée à plusieurs reprises par de violentes inondations, notamment fin septembre et début novembre. L’écoulement des eaux a tellement dysfonctionné que, le 20 septembre, 50 des 80 maisons de Sklaverochori (un village à côté de Kastelli) ont été inondées. L’eau entrait même par les fenêtres ! Des dizaines de voitures étaient emportées par les flots boueux ! Les serres étaient ravagées et des animaux d’élevage noyés !
La colère commence à gronder dans la zone, autrefois amadouée par les promesses en tous genres. Les habitants de Kastelli constatent par exemple que les travaux ne fournissent pas du travail à 1000 personnes comme promis, mais à 6 seulement ! De leur côté, les habitants d’Héraklion découvrent que l’espace libéré par l’ancien aéroport (si le nouveau venait à être fini, ce qui n’est pas encore certain) serait transformé en Riviera de luxe, avec des hôtels, des yachts et des terrains de golf, et non en poumon vert de la ville au service du grand nombre ! Les masques tombent. Tout confirme que construire ce nouvel aéroport est une absurdité. Pour dix fois moins cher, il eut été aisé d’ajouter une piste supplémentaire au précédent, avec quelques rochers sur la mer (comme à Nice, par exemple). Nous en avions parlé dans L’Amour et la Révolution, il y a deux ans. Film visible gratuitement ici :
(au sujet du projet d’aéroport à Kastelli, c’est à partir de 43:50)
Au niveau du montage financier, les firmes françaises ne sont pas en reste. Alors qu’une filiale de Vinci participe aux travaux, le groupe Aéroport de Paris (qui a racheté la société indienne GMR Airports) vient de rejoindre le projet à hauteur de 17,5%.
Les opposants à l’aéroport de Kastelli parient sur une victoire sur le terrain juridique, au moyen de plusieurs recours. Mais la Justice grecque fait traîner au prétexte de la pandémie qui ralentit la procédure, ce qui retarde d’autant l’action juridique suivante, cette fois à l’échelle européenne, avec plus de chance de victoire pour les opposants. Cette stratégie du pourrissement et de la terre brûlée rappelle celle de l’État français dans le Tarn en 2014, quand la zone humide du Testet était inexorablement détruite sans attendre l’issue des recours juridiques. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de barrage à cet endroit, mais le mal est fait. À Kastelli, il n’y aura peut-être jamais d’aéroport, mais la zone est d’ores-et-déjà saccagée.
Malheureusement, les maigres tentatives de lancer une ZAD sur la zone des travaux n’ont pas réussi. Toutes les constructions, symboles, cabanes, clôtures, pierres diversement assemblées ont été détruites. À l’instar des pouvoirs toujours plus autoritaires en Europe, le gouvernement grec ne veut pas permettre le moindre début d’implantation sur son chantier. Après plusieurs destructions partielles, la cabane que nous avions construite avec le convoi de mai 2018, puis reconstruite avec celui de février 2019 a été complètement rasée il y a quelques semaines. Vidéo de la construction ici, à 1:08:39 :https://youtu.be/wNSfoTYY3hA?t=4119
UNE NOUVELLE CRISE HUMANITAIRE FRAPPE LES PRÉCAIRES SUITE AUX RESTRICTIONS ANTICOVID ET AUX POLITIQUES ANTISOCIALES
Dix ans après le début de la « crise grecque », une nouvelle crise commence à s’abattre sur la base sociale dans le pays. Nous faisons face à un afflux énorme de personnes en grandes précarité dans toutes les lieux solidaires autogérés ! Des familles entières sont à la rue, des personnes âgées, des jeunes ou encore des personnes handicapées montrent des signes inquiétants de faim et d’épuisement. Les témoignages se multiplient, les langues se délient. Alors que nous entrons dans l’hiver, la catastrophe pressentie se confirme : la Grèce entre dans une nouvelle crise qui sera peut-être encore plus violente que la précédente.
Parmi les causes principales, les restrictions anticovid sont très souvent citées. Beaucoup de gens ont été ruinés cette année, se retrouvant avec des ressources insuffisantes, et sombrent maintenant dans la précarité. Le niveau d’endettement étant déjà élevé depuis une dizaine d’années en Grèce, la chute des revenus a fait le reste. En quelques semaines, toute une partie de la population a été frappée de plein fouet, malgré les maigres compensations financières d’un État trop occupé à acheter des rafales à Dassault et à renforcer l’équipement de sa police anti-émeutes.
Ces jours-ci, cette photo a circulé montrant un policier donnant un coup de pied à un sans-abri endormi pour le réveiller avant l’ouverture des magasins de la rue Ermou, l’une des plus chères et luxueuses du centre d’Athènes.
La politique antisociale du nouveau gouvernement est également en cause. Depuis le retour de la droite au pouvoir, les plus pauvres sont encore plus en difficultés, laissés pour compte et traqués sur les trottoirs des rues passantes. Il en est de même pour les migrants. Le gouvernement Mitsotakis frappe simultanément toutes les formes de solidarité : évacuation massive des squats de réfugiés (même si le Notara 26 résiste encore à Exarcheia), harcèlement incessant des actions solidaires autogérées (dont les nôtres), pression sur les ONG avec interdiction pour leurs membres de révéler ce qu’ils voient dans les camps de migrants en Grèce (oui, vous avez bien lu, et ce, depuis le décret du 30 novembre 2020).
À Lesbos, rien n’a changé : le sinistre camp de Moria (détruit par un incendie) a simplement été remplacé par celui de Kara Tepe, entassant actuellement plus de 10 000 hommes, femmes et enfants dans le froid, la boue et la censure la plus totale. Il y a quelques jours, nous avons appris qu’une pénurie d’eau avait frappé les personnes enfermées dans ce camp construit sous les auspices de l’Union européenne !
SOLIDARITÉ : APPEL À SOUTIEN URGENT !
Une fois de plus, c’est le mouvement social qui est en première ligne de la solidarité, dans l’autogestion et l’horizontalité. Dans ce contexte extrêmement difficile, nous appelons à soutien de toute urgence. En effet, nous n’avons plus du tout les moyens de poursuivre nos actions sur tous les terrains comme les années précédentes (squats, cuisines sociales, aides aux précaires grecs et migrants, aides aux compagnons de lutte réprimés, convois de fourgons solidaires…).
Le contexte est particulièrement frustrant : sans la pandémie et les longues restrictions de cette année 2020, nous aurions réussi à sortir un nouveau film accompagné d’une nouvelle tournée parmi vous. Mais cela n’a pas été possible. Les membres des collectifs grecs participants au film et plusieurs des collectifs souhaitant nous accueillir en France, Suisse et Belgique, à l’unisson, ont préféré reporter la sortie en 2021 pour nous permettre de faire les choses correctement : permettre au nouveau film d’être un outil d’animation des luttes à l’ouest de l’Europe (comme pour les trois films précédents depuis 7 ans qui ont rencontré de belles affluences : Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’amour et la Révolution) et d’être un moyen majeur de solidarité à l’autre bout, en Grèce. Nous n’avons pas peur des ruines sortira dès que possible durant cette année 2021. Nous vous l’annoncerons dès que nous serons prêts, notamment pour construire la tournée et vous faire découvrir les bandes-annonces et extraits.
Sachez néanmoins que ce film est en cours tournage complémentaire. En effet, nous avons repris la caméra au poing pour compléter les événements depuis juillet 2019 (date de l’arrivée de la droite au pouvoir) : nous sommes allés un peu partout en Grèce, à la demande de nos compagnons et camarades, et nous incluons la période actuelle et ses conséquences.
Voilà pourquoi, nous sommes contraints de lancer cet appel, démunis face à l’urgence. Si vous voulez et pouvez soutenir nos initiatives solidaires, c’est ici (procédez plutôt par virement ou paypal que par chèque, c’est plus rapide) :
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée (principalement de février à septembre 2020), malgré un contexte particulièrement difficile :
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons)
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet) ;
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;
– Plusieurs cuisines sociales, dont L’Autre Humain (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).
À savoir également qu’une collecte de fournitures et matériels sera peut-être organisée en février 2021 en France, si les conditions de déplacement le permettent. Nous vous en reparlerons si cela s’avère faisable. Auquel cas, une liste des besoins sera rapidement diffusée et une dizaine de fourgons se chargeront du ramassage des denrées et objets nécessaires. Par contre, si ce n’est pas possible, l’appel de ce message va être notre seul et unique moyen d’action cet hiver.
Ça circule en ce moment en Grèce (où nous sommes encore en quarantaine avec des attestations nécessaires pour circuler) :
Humour toujours : en France, l’Église de la Très Sainte Consommation (collectif satirique) va bientôt décerner ses Doigts d’or. Il a été difficile pour le jury de départager les candidats malgré eux pour choisir les pires, tant cette année 2020 a été mémorable en délires de puissance et d’argent ! L’occasion de rire de cette société absurde en attendant sa transformation radicale le plus tôt possible :
Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info. Pour la partager où bon vous semble, vous pouvez aussi utiliser la publication de cette lettre ici : nouveau lien du blog (vous y trouverez aussi les images en plus grand format)
Courage pour 2021 et au plaisir de vous retrouver !
Solidairement,
Maud et Yannis Youlountas po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS avec les membres et soutiens des convois de mars, juillet et septembre 2020
Lettre ouverte des milliers de réfugiés de Lesbos aux Européens PAR MORTAZA BEHBOUDI
Nous avons déménagé il y a trois mois après l’incendie de l’ancien camp de Moria dans un nouveau camp et nous vivons ici plus de 7000 réfugiés près de la mer. En septembre, on nous a promis de bien meilleures conditions de vie dans ce nouveau camp (…) Nous résidions toujours dans un endroit sans eau courante, sans douches chaudes suffisantes et sans système d’évacuation des eaux usées fonctionnel.
Objet : revendications – amélioration des infrastructures du nouveau camp
Chers Européens,
Chère Madame van der Leyen,
Nous vous souhaitons un joyeux Noël depuis le nouveau camp de réfugiés de Lesbos. Nous espérons que vous pourrez le fêter malgré les difficultés auxquelles nous sommes tous confrontés en raison de la crise du Coronavirus.
Nous avons déménagé il y a trois mois après l’incendie de l’ancien camp de Moria dans un nouveau camp et nous vivons ici avec plus 7000 réfugiés près de la mer. En septembre, on nous a promis de bien meilleures conditions de vie dans ce nouveau camp et nous étions heureux d’écouter ces promesses et d’attendre qu’elles soient tenues (…)
On nous avait également promis que nos procédures d’asiles s’accéléreraient enfin, mais beaucoup d’entre nous attendent toujours, certains depuis plus d’un an, pour passer leur entretien. Au lieu de cela, nous restons dans l’incertitude et n’avons rien d’autre à faire que d’attendre. A bien des égards, la situation est même pire qu’avant le grand incendie à Moria. (…)
Nous sommes d’accord avec le ministre allemand, M. Mueller Wjo, qui a déclaré la semaine dernière que la situation dans ce camp est pire que dans n’importe quel pays en crise ou conflit. Nous voulons le remercier pour ses paroles claires, mais nous nous posons des questions :
Comment se fait-il qu’après trois mois et tant de millions donnés par les gouvernements et collectés par les ONG, nous résidions toujours dans un endroit sans eau courante, sans douches chaudes suffisantes et sans système d’évacuation des eaux usées fonctionnel ?
Pourquoi nos enfants ne peuvent toujours pas aller en classe et pourquoi nous sommes dépendants de la bonne volonté de certaines organisations qui nous distribuent des vêtements et des chaussures d’occasion ?
N’avons-nous pas des droits basiques en tant qu’êtres humains et réfugiés en Europe qui couvrent nos besoins élémentaires ?
Souvent, nous lisons et entendons dire que nous vivons comme des animaux dans ce camp, mais nous pensons que ce n’est pas vrai. Nous avons étudié les lois visant à protéger les animaux en Europe et nous avons découvert que même eux ont plus de droits que nous. Chaque animal devrait avoir ces droits :
« Être à l’abri de la faim et de la soif
L’absence d’inconfort en fournissant un environnement approprié, y compris un abri et une aire de repos confortable,
L’absence de douleur, de blessure ou de maladie grâce à la prévention, à un diagnostic et un traitement rapide,
Liberté d’exprimer un comportement « le plus normal » en offrant un espace suffisant, des installations et accompagnements appropriés,
Se libérer de la peur et de la détresse en assurant des conditions et des traitements qui évitent la souffrance mentale ».
Ces droits nous sont-ils accordés? Non.
Peut-être que nous ne mourons pas de faim mais nous ne vivons pas dans un « environnement approprié », nous ne sommes pas à l’abri de la douleur et de la détresse. Aucun d’entre nous n’est capable d’exprimer un « comportement normal », car toute la journée, nous devons lutter pour avoir de l’eau potable, de la nourriture, un endroit chaud et nous vivons tous dans la peur et la détresse. Selon une nouvelle étude, les réfugiés des îles grecques sont tellement déprimés qu’un tiers d’entre eux pensent au suicide. (…)
Nous ne demandons pas davantage de dons ou d’argent pour réparer l’infrastructure, nous avons lu dans les journaux combien de millions ont déjà été dépensés et nous sommes nombreux à être ingénieurs, électriciens, médecins et nous savons qu’il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’argent pour améliorer un tel camp. (…)
Nous vous demandons de prendre des mesures très simples et faciles :
Augmenter et Réparer l’approvisionnement en eau et les douches
Réparer les installations sanitaires
Mettre en place un drainage adéquat pour que notre camp ne soit pas inondé après la pluie
Fournir l’électricité et le chauffage nécessaire ainsi que des tentes adéquates pour l’hiver
Avoir des espaces dédiés aux enfants
Fournir suffisamment de tentes pour les écoles, les classes et les ateliers
Éclairer les rues principales du camp
Améliorer les services médicaux et psychologiques
Disposer de lieux de rencontre et de loisirs
Si vous voulez nous aider à rendre cela possible, n’hésitez pas à nous contacter. Au printemps, il a beaucoup été question d’évacuation, mais pour Noël, nous demandons simplement de pouvoir procéder aux réparations nécessaires de ce camp temporaire et de ne pas nous laisser souffrir le reste de l’hiver dans cet endroit.
Athènes en état de siège, quadrillée par une police militarisée. Si l’histoire ne se répète jamais à l’identique, « La dictature ne s’est pas finie en 1974 » ressemble à tout sauf à un slogan poussiéreux. Car en cette fin d’année 2020, un nouveau stade autoritaire a été franchi en Grèce. Sous couvert de « la santé et de l’ordre public », l’État a étouffé deux moments forts des luttes.
Dans l’histoire de la Grèce, le 17 novembre 1973 et le 6 décembre 2008 symbolisent les meurtres et les violences d’État. La première date correspond au soulèvement étudiant de l’École Polytechnique d’Athènes durant la dictature des Colonels (1967-74) réprimé dans le sang et la torture systématique. La deuxième coïncide avec le meurtre par un policier de l’adolescent Alexis Grigoropoulos dans le quartier athénien d’Exarcheia, un drame qui déclencha des semaines d’émeutes dans tout le pays.
Alexandros Katsis est photographe indépendant et a l’habitude d’être confronté à la police lors de ses reportages. Le 6 décembre dernier, la confrontation a même été physique à Exarcheia, où certains policiers arboraient l’insigne de la Wehrmacht. Le photographe souligne que ce n’est pas la première fois « que les fascistes et la police, qui travaillent parfois ensemble, nous frappent dans les rues ». Et d’ajouter : « Quand la pression sociale grandit et que nous couvrons la brutalité policière, on fait face à la violence. J’ai peur mais je ne peux pas rester à la maison, alors je retourne dans la rue. »
Comme lors du 17 novembre dernier, l’État grec avait prévu les grands moyens : drones, hélicoptères, forces spéciales anti-terroristes, policiers prêts à appuyer sur la détente, unités en moto, canons à eau… Au moins 4 000 policiers étaient mobilisés à Athènes. Hors de tout cadre constitutionnel, une annonce ministérielle a interdit les manifestations et les rassemblements partout en Grèce. « J’étais chez un ami et il y avait un hélicoptère au-dessus de nous. Ça montre le développement de la surveillance de l’Etat. J’avais davantage l’impression d’être dans une prison que dans une ville libre », raconte Alexandros. Dans la capitale, 374 personnes souhaitant rendre hommage au jeune Alexis ont été arrêtées. Les policiers occupaient le lieu du crime commis en 2008, l’un d’entre eux n’hésitant pas à détruire des fleurs laissées en mémoire du défunt.
En pleine pandémie de la Covid-19, alors que près de 90 % des lits en réanimation étaient occupés en décembre, l’État grec a reçu une commande de 31 millions d’euros d’équipement policier. Le sociologue Konstantinos Kostopoulos affirme que « le gouvernement est tout à fait conscient que l’austérité va arriver en 2021 et il se prépare, avec ce tournant autoritaire, au réveil social »1. De nombreux tags et banderoles répondent à cette réalité dystopique en proclamant : « Il n’y a pas de vie et de santé sans liberté. » Quant à la fonction du corps policier, la professeure de criminologie Gwenola Ricordeau va droit au but : « Plutôt que de dire que la police fonctionne mal, disons au contraire qu’elle fonctionne admirablement au regard de ce qui est attendu d’elle : protéger l’État, le système capitaliste, le racisme structurel et le patriarcat. »2
17 décembre par Eva Betavatzi , Milan Rivié , Fréquence Paris Plurielle
(Crédits : Yakana)
Cette semaine, Les Oreilles ont aussi interviewé deux membres du CADTM, le Comité de lutte pour l’abolition des dettes illégitimes : Eva Betavatzi et Milan Rivié. 30 ans que ce comité lutte contre les dérives capitalistes du système de la dette, auquel les gouvernements continuent pourtant d’avoir massivement recours, en particulier durant cette pandémie. Ils expliquent les mécanismes à l’œuvre, les mythes qui entourent le sujet et les agissements des grandes institutions bancaires…et défendent des alternatives pour rompre avec cette logique qui ne bénéficie en réalité qu’aux plus riches.
Cet amendement, et parfois la loi toute entière, avait provoqué une levée de boucliers dans le monde universitaire, ainsi que de vives critiques de la part de personnalités publiques, qui dénonçaient l’adoption d’un texte scélérat et liberticide aspirant à mettre fin, purement et simplement, à toutes les contestations sur les campus.
22 décembre 2020 – Augustin Langlade
Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’université. Dans une décision publiée lundi 21 décembre, le Conseil constitutionnel a annoncé avoir censuré la disposition la plus controversée de la loi de programmation de la recherche (LPR), qui pénalisait l’intrusion de personnes extérieures sur les campus, compromettant du même coup l’avenir des mobilisations universitaires.
Sa rédaction avait ensuite été aggravée en commission mixte paritaire, dernière étape avant l’adoption : le texte définitif sanctionnait ainsi d’un an d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende « le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ».
Commis « en réunion », ce délit était passible de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Cet amendement, et parfois la loi toute entière, avait provoqué une levée de boucliers dans le monde universitaire, ainsi que de vives critiques de la part de personnalités publiques, qui dénonçaient l’adoption d’un texte scélérat et liberticide aspirant à mettre fin, purement et simplement, à toutes les contestations sur les campus.
Les parlementaires à l’origine du texte, pour leur part, prétendaient ne viser que « les groupuscules extérieurs » comme les black blocs, accusés de se brancher aux mouvements étudiants dans le but de les faire dégénérer.
Saisi le 27 novembre dernier par un groupe de plusieurs dizaines de parlementaires de gauche, le Conseil constitutionnel a donc décidé de censurer la disposition critiquée (article 38), estimant qu’elle constituait un « cavalier législatif », c’est-à-dire une adjonction sans lien avec le texte initial de la loi, qui ne comportait d’ailleurs aucun versant pénal.
Les Sages se sont justifiés en relevant que, « introduites en première lecture par voie d’amendement, ces dispositions ne présentent de lien, même indirect, avec aucune des dispositions qui figuraient dans le projet de loi déposé sur le bureau de l’Assemblée Nationale. Dès lors, sans préjuger de la conformité du contenu de cet article aux autres exigences constitutionnelles, il l’a censuré comme adopté en méconnaissance de l’article 45 de la Constitution (…) »
En ce qui concerne le reste de la LPR, le Conseil constitutionnel a émis une « réserve d’interprétation » (entendre une « clarification ») sur un autre article qui porte création d’une nouvelle voie de recrutement des professeurs d’université, au moyen de « chaires de professeurs juniors ».
La loi prévoyait que les présidents d’université, qui dépendent du ministère de l’Enseignement supérieur, puissent intervenir activement dans le processus de sélection des candidats à ces chaires. Mais les Sages ont estimé que cette disposition était contraire au principe d’indépendance des enseignants-chercheurs et que les chefs d’établissement devront se soumettre aux avis de la commission nationale en charge des titularisations.
Cette clarification du Conseil constitutionnel est importante car elle permet aux enseignants et aux chercheurs de ne pas être subordonnés à un ministère, et donc à l’université de préserver son indépendance du politique.
Ce sont ainsi deux maigres victoires pour les opposants à la loi recherche, que de longs mois de mobilisation n’avaient pas permis d’être entendus.