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Les compilateurs de la Réforme politique par Kostas Lapavitsas

Les compilateurs de la Réforme politique

Le nécessaire et faisable

La situation de la Grèce neuf ans après le déclenchement de la crise et sept ans après le début des mémorandums est sombre. Les conditions économiques ne favorisent pas la croissance rapide nécessaire pour guérir les blessures. La réalité sociale pousse à aggraver l’inégalité et le malheur social. Les développements politiques ont conduit à une dépréciation totale du système politique, à un durcissement de la corruption et de la non-religion, et au déclin de la démocratie.

Les mémorandums ont stabilisé l’économie en supprimant l’énorme déficit budgétaire et le déficit tout aussi énorme du commerce extérieur, qui ont été les principaux moteurs de la crise en 2010. Mais la stabilisation a été réalisée par la pauvreté et le démantèlement du tissu productif. du pays. Tant que la Grèce restera dans le contexte des mémoires, qu’ils soient typiques ou non, elle ira vers un rétrécissement et un déclin historiques.

Tout aussi profond est le problème de l’inertie et de la frustration de la classe ouvrière et des laïcs. Il n’y a plus de réaction et de mobilisation contre les mesures mémorisées qui ont été scellées les années précédentes, pas même par les forces syndicales organisées. La principale responsabilité pour cela est SYRIZA et personnellement son chef, Alexis Tsipras, parce qu’il a nié les espoirs populaires de la pire façon. Mais le reste du système politique est responsable car il n’a rien de nouveau et de convaincant à proposer. Néanmoins, les couches touchées par la crise ne sont pas convaincues que la trajectoire suivie par le pays aura un effet positif, elles veulent entendre de nouvelles propositions et rejeter le système politique défaillant. Quand il y a un ciblage spécifique et persuasif, ils ont le pouvoir d’agir, comme le montre le mouvement anti-enchères.

L’attitude du système politique est caractéristique de la lâcheté et de son incapacité absolue à mener le pays dans une direction différente de celle des créanciers. La route qui peut fournir l’optimisme et le progrès social est bien connue et documentée. Les problèmes immédiats et cruciaux de la société grecque, surtout l’énorme chômage et la dystocie du développement, peuvent vraiment être résolus, tant que le pays est libéré de l’étreinte suffocante de ses prêteurs. Il n’y a pas de mystère technique sur la politique économique dont la Grèce a besoin aujourd’hui, qui a été élaborée depuis longtemps. Ce qui manque, c’est le courage politique de faire les profondes percées sociales nécessaires, de réprimer la réalité sociale morbide actuelle et de faire avancer la reconstruction nationale.

Malheureusement, ce qui est urgent n’est pas automatiquement réalisable dans la vie politique. Il s’agit donc de provoquer le redéveloppement des forces politiques qui cherchent véritablement à faire revivre un pays qui a été remis aux prêteurs et à leurs soutiens locaux. Le sol est instable, les conditions difficiles et les responsabilités très importantes. Les termes de la politique de refonte doivent être débattus avec honnêteté. C’est la seule façon de commencer à faire de petits pas.

Le texte suivant est destiné à contribuer à l’effort de redéploiement politique et est divisé en trois parties. Le premier analyse la politique économique requise et qui est à la base de tout développement politique. La seconde se penche sur le domaine politique après sept années de mémorandums. La troisième énonce quelques conditions de base pour une compréhension politique sincère des forces qui peuvent sortir le pays du bourbier.

Partie I Politique économique

Demande totale, politique industrielle, secteur public et privé

L’économie grecque n’a pas besoin des «réformes» notoires des prêteurs, pour lesquelles le gouvernement et l’opposition sont coupés. La Grèce a adopté un certain nombre de ces «réformes» depuis 2010, réduisant les revenus, vendant des biens publics, déréglementer les relations de travail et frapper les petites entreprises au profit des plus grandes. Malgré les «réformes» en cours, la structure problématique de l’économie grecque n’a pas changé, la corruption n’a pas diminué, la productivité a baissé et la compétitivité internationale ne s’est pas améliorée de façon dynamique.

Ce dont l’économie grecque a vraiment besoin aujourd’hui, c’est deux étapes décisives. Le premier est la stimulation immédiate de la demande globale qui permettra aux petites et moyennes entreprises de créer de nouveaux emplois – permanents et avec des salaires suffisants. La locomotive doit être le secteur public parce que le privé est lourdement blessé par les mémorandums et ne peut pas donner l’élan dont il a besoin.

Ceux qui pensent que le rôle de la machine à vapeur peut être joué par l’investissement privé ne voient tout simplement pas l’ampleur du problème. A titre indicatif, en 2009, l’investissement total en Grèce était d’environ 60 milliards, alors qu’en 2016 il était d’environ 20 milliards. Il n’est pas nécessaire que le secteur privé couvre cet écart, compte tenu notamment de la faiblesse du système bancaire. En ce qui concerne l’investissement étranger, en 2016, une année marquée par une performance «élevée», glorifiée par les responsables gouvernementaux, n’a été que de 3,1 milliards. En effet, plus de 90% était l’acquisition d’actifs grecs, souvent par des «investisseurs» de nature douteuse. Il est complètement irréaliste d’attendre de cette source une solution au problème du pays.

La locomotive ne peut être que le secteur public, réduisant les impôts et augmentant les investissements publics. L’effet sera également bénéfique dans le secteur privé, car la consommation privée et l’investissement privé seront stimulés. Un cercle vertueux sera créé, car le chômage sera réduit, surtout si le secteur bancaire a été réorganisé avec la création de banques publiques. Il y a la réponse au problème de la demande et la réduction du chômage. Il y aura donc place pour la redistribution du revenu et de la richesse, mais sur la base de la croissance plutôt que du partage de la pauvreté.

La deuxième étape est la politique industrielle et agraire ciblée, en renforçant de manière décisive les secteurs primaire et secondaire tout en réduisant la dépendance aux importations. C’est le moyen de changer la structure de l’économie grecque en stimulant le tissu productif et en réduisant le recours aux services. De là, il y aura une augmentation systématique de la productivité qui changera la position du pays dans l’économie mondiale. De là, il y aura aussi la stimulation et la transformation du secteur privé de l’économie grecque.

Cette perspective de développement est tout à fait faisable, mais en même temps laborieuse et longue, nécessitant une coordination du système de crédit, des mécanismes de contrôle public, et de l’éducation et de la justice sur une plus longue période de temps. Surtout, il exige une profonde coupure dans l’administration publique, avec rationalisation, renouvellement et un nouvel esprit d’offre sociale. Sur cette base, il y aura une nouvelle relation dans les secteurs public et privé dans notre pays.

Dette, UEM et UE

La simple citation des étapes nécessaires soulève la question urgente : est-il possible pour une telle politique économique, sans une suppression profonde de la dette publique, tant que le pays reste dans le contexte de l’UEM et sans conflit direct avec l’UE. ceux-ci sont également nécessaires. Au cours des sept années des mémorandums, les questions de la dette, de l’UEM et de l’UE ont fait l’objet de débats depuis longtemps, et l’on sait maintenant très bien comment les traiter. Cependant, il faut comprendre que l’annulation de la dette et le recouvrement de la souveraineté monétaire ne sont pas la solution au problème du pays, mais les moyens de passer à la solution comme discuté ci-dessus.

Il convient également de souligner que la situation actuelle de la Grèce n’a rien à voir avec 2010-12. Ensuite, la position des paiements de la dette et la sortie de l’euro, avec ce qu’elle signifiait pour l’UE, auraient dû être les principales demandes des puissances anti-monopoles car elles pouvaient empêcher la destruction monumentale et mettre rapidement le pays sur la voie du développement. . Aujourd’hui, le Mémorandum est devenu un statut, la catastrophe a été faite et le pays est confronté à un grave problème de croissance et à une structure déformée de l’économie. C’est là que la réponse doit commencer.

De plus, la situation actuelle de la zone euro a peu à voir avec 2010-12. La crise s’est calmée et une Europe dominée par l’Allemagne est apparue. Les mécanismes de l’UEM sont devenus encore plus stricts et la rigidité budgétaire est devenue un statut dans l’UE Dans l’Europe actuelle, il y a au moins deux régions: le sud, où notre économie est faible, et l’Europe centrale avec des économies. sur la machine d’exportation allemande. Le problème de la Grèce, mais aussi d’autres pays, est de faire face à la division en un centre et une région, ce qui crée de très mauvaises perspectives de croissance pour les pays du Sud. De là, la réponse devrait également commencer.

Il ne fait aucun doute que les problèmes de la dette, de l’UEM et de l’UE sont cruciaux et que leur traitement est nécessaire pour l’adoption de la politique économique nécessaire pour sortir le pays du bourbier. Cela ne signifie en aucun cas que la Grèce sera isolée. Au contraire, la Grèce est et restera un pays et une société européens ouverts. Mais ses problèmes actuels appellent une proposition de développement convaincante avec un profond changement social qui redéfinira sa place dans le monde. Cela devrait devenir le favori de la politique de réforme.

Partie II Le domaine politique

Un résumé de la politique économique nécessaire est suffisant pour mettre en évidence les problèmes sociaux et politiques qui ressortiront de sa mise en œuvre. En substance, c’est un tournant social et politique profond qui crée une marge de renversement social en faveur des couches populaires, ouvrières et petites et moyennes. Le discours politique programmatique désormais nécessaire à la réforme politique devrait placer ces questions sociales au premier plan.

Souveraineté populaire et nationale

En particulier, la classe moyenne urbaine et supérieure de la société grecque soutenait clairement la politique des mémorandums, pesait très peu proportionnellement à leurs revenus et, en pleine coopération avec les prêteurs étrangers, tentait d’exploiter les conditions engendrées par la stabilisation. Afin d’imposer la politique des mémorandums, ils n’ont pas hésité à contourner les processus démocratiques en créant virtuellement un régime d ‘«exception» avec l’imposition de changements politiques plutôt que la volonté du peuple grec. Des exemples typiques ont été le gouvernement non élu de Papadimos en 2011 et, bien sûr, la conversion de Non à Oui après le référendum de 2015.

Le programme économique alternatif frappe les intérêts des couches dominantes et modifie l’équilibre pour les populations, la classe ouvrière et les petites et moyennes couches. Le bouleversement social qui va inévitablement se produire nécessitera le renforcement de la démocratie et de la souveraineté populaire pour sa défense. Le moins nécessaire dans le domaine politique est la formation d’une Assemblée nationale constituante dans le but de consolider la souveraineté populaire. Cela ouvrira la voie à un changement structurel dans les relations sociales et endommagera le noyau du capitalisme grec, en créant la perspective d’une transformation socialiste avec la démocratie et la liberté.

En même temps, le programme économique affecte aussi les intérêts des prêteurs et pose la question de l’implication du pays dans plusieurs organisations supranationales, comme l’UEM et l’UE, ce qui pose directement la question de la souveraineté nationale et de la restructuration des relations internationales en Grèce. Dans les conditions européennes actuelles, avec une division consolidée en centre et périphérie, le durcissement de l’UE, la souveraineté de l’Allemagne et la sortie de l’UE de l’UE, le rétablissement de la souveraineté nationale est une question de survie pour un petit pays du Sud. comme la Grèce. Cela ne signifie pas du tout l’isolement de la Grèce mais, au contraire, sa participation dynamique, avec ses propres forces, dans le processus de réforme de l’Europe sur la base de la solidarité et du contrôle économique entre les peuples d’Europe.

Les options de politique pour le redéploiement

La question clé est donc: quelles forces politiques peuvent mettre le pays sur le chemin économique, social et national qui est nécessaire? Le peuple grec est bien conscient que rien de nouveau ou de différent ne doit attendre le système politique existant. SYRIZA, la Nouvelle Démocratie, le Compatriement Démocratique et le Fleuve ont pleinement accepté le cours actuel et sont en faveur de sa gestion. Le KKE a été transformé en une boîte de votes de protestation et un groupe de discussions interactives de nature marxiste. L’Aube dorée prend aussi un vote de protestation en spéculant sur des arguments radicaux et en les habillant de vulgarité nationaliste et sociale, comme le font habituellement les fascistes. Le parti de M. Leventis complète l’image de la politique de désintégration.

Il existe un énorme vide politique qui laisse la place à de nouvelles forces pour jouer un rôle dans l’éveil du facteur populaire et inverser le cours actuel désastreux. Malheureusement, les organisations individuelles de la gauche extraparlementaire ne peuvent combler ce fossé, bien que leurs suggestions individuelles soient souvent perspicaces. LAE, ANTARSYA, Fleece of Freedom ont été testés dans la période suivant le référendum de 2015 et leurs limites ont été observées. En agissant seul, la seule chose qu’ils vont réaliser est l’usure continue. La même chose s’applique à EPPM, qui n’appartient pas à la gauche. Tout le monde, indépendamment de ces organisations, n’a ni la crédibilité ni la classe et la radiation nationale requises pour combler le vide politique.

Le pays a besoin d’un nouvel organe collectif, basé sur des couches populaires, de travail et à petite échelle, et contribuera à l’éveil du mouvement syndical, en impliquant la société civile. L’organisme requis ne peut pas provenir de la simple élection des organisations qui existent déjà pour se joindre à la Chambre. Il ne sera pas non plus formé à travers les négociations connues et le battement des réunions « au sommet ».

Le corps collectif dans la pratique ne peut émerger qu’à travers des consultations sincères des partis, des organisations et des unités qui ont maintenu une attitude antimonieuse cohérente, et aujourd’hui ils perçoivent l’importance de l’action collective. Sa construction prendra du temps, compte tenu de la profonde faiblesse des couches populaires et des organisations de travailleurs. Afin d’aller de l’avant, certaines questions clés devront être abordées dans la partie suivante dans l’attente d’une discussion plus approfondie.

Partie III Conditions pour une compréhension politique honnête

Le nouveau corps collectif devrait être large et n’exclure pas les forces pour des raisons de pureté politique. Les partis et les organisations de la gauche extra-parlementaire qui ont joué un rôle majeur dans l’effort de l’antimonopole joueront un rôle clé. Mais il n’y a absolument aucune raison de poursuivre une «identification programmatique» sur des questions plus larges du capitalisme mondial ou grec, et les exclusions précédentes des organisations et des individus ne devraient pas être faites.

La question est de s’entendre sur une solution au problème grec qui cherchera le soulèvement social, le rétablissement de la souveraineté nationale et la renaissance du pays. Les étapes de base sont connues et se réfèrent aux questions de structure sociale, de souveraineté populaire et nationale, de l’UEM et de l’UE Dans ce contexte, les collectifs et les individus peuvent coexister et travailler ensemble bien au-delà des frontières étroites des partis politiques organisés.

Pour un fonctionnement efficace, la nouvelle entité devrait en principe avoir une structure différente des modèles politiques actuels qui repoussent les couches populaires. Il n’y a pas de détaillants ni de sagesse sur ce sujet et il faut aborder de manière réaliste des problèmes spécifiques, étape par étape. Cependant, il n’est pas difficile d’établir initialement un corps collégial simple grâce à un processus consultatif ouvert, qui aura son propre secrétariat et créera un cadre de coexistence et d’action commune. Ce qu’il faut, c’est une volonté politique, d’abord de la part des organisations de la gauche extraparlementaire, et rien de plus.

Deux points sur la structure organisationnelle sont d’une grande importance, à la suite de l’expérience de ces dernières années, et ils veulent une discussion et une analyse.

Le premier est la leçon de l’échec et de la mutation de SYRIZA. En particulier, la création d’une organisation bureaucratique composée de départements essentiellement indépendants et accompagnée d’une discussion perpétuelle au nom de la parité des acteurs n’est qu’une méthode d’échec. Cela a peut-être permis le lancement des élections, mais a finalement conduit à un déni de démocratie interne, de leadership et à un manque de principes.

La pratique bureaucratique traditionnelle des partis grecs et même de gauche a épuisé son rôle historique. Cependant, le rôle historique de l’association d’organisations indépendantes au sein d’une coquille frontale bureaucratique a été épuisé. Le fonctionnement interne de la nouvelle entité devrait être fondé sur des structures organisationnelles démocratiques cohérentes qui permettent une participation libre et favoriseront l’expression d’opinions et l’action collective avec un ciblage commun.

La seconde est que la route de Melanchon n’existe pas pour la Grèce. La France est au début d’un changement économique et social imposé par sa participation à l’UEM, alors que son poids spécifique est beaucoup plus important que celui de la Grèce. Melanchon et «l’Inconcevable France» ont toujours l’occasion de mettre en avant un rejet général de l’austérité et du capitalisme sans s’engager dans des politiques spécifiques et sans créer des structures organisationnelles cohérentes.

Les choix centrés sur la personne de Melanchon, malgré son grand succès aux élections, sont extrêmement dangereux et les problèmes ne seront pas loin. En Grèce, cependant, après la mutation phare de SYRIZA, il n’y a aucune trace d’une telle possibilité. Il n’y a pas non plus de personnalité correspondante qui puisse parler directement avec les gens. La nouvelle organisation devrait travailler collectivement et s’appuyer sur des décennies de politique organisationnelle.

Sur cette base, l’objectif politique principal ne peut être que l’approche méthodique des couches populaires et rebelles. L’organisation devrait être liée organiquement aux couches travailleuses, locales et à petite échelle de la société grecque en exploitant sa proposition programmatique pour le pays et en apportant des réponses à leurs problèmes. De même, l’effort électoral devrait également être pris en compte. L’admission de la Chambre, ce qui est absolument possible dans les conditions actuelles, n’est pas une fin en soi, mais un outil de rapprochement entre les couches populaires et une intervention politique efficace au niveau national.

L’émergence des problèmes qui concernent les jeunes revêt une importance particulière dans cet effort. La nouvelle entité devra faire passer le message de l’avancée en démontrant qu’elle gère avec créativité et imagination les nouvelles technologies de communication dans le domaine politique. L’élément clé, comme l’ont montré Corbin et Sanders, n’est pas la jeunesse, mais l’honnêteté, la rectitude et la simplicité. La jeunesse grecque regarde avec méfiance tout le monde, sans perdre son envie de changement. Elle est beaucoup plus informée et confiante sur son caractère européen que ses parents.

Pour les mêmes raisons, il devrait y avoir un renouvellement des personnes, et je ne parle pas de l’âge. Le jeune âge d’Alexis Tsipras s’est révélé être une garantie de radicalité, de militantisme et de sincérité. Le but est d’amener les gens qui ont les connaissances nécessaires pour mettre en œuvre le programme et ont été testés dans les années des mémorandums. Aussi les gens du domaine de la solidarité sociale et les mouvements qui ont aidé la société à faire face au flot de mesures . Ce n’est que sur cette base que la peur qui est continuellement cultivée par le Mémorandum et qui surmonte la confiance peut être surmontée.

La reformulation politique est entièrement réalisable. Le fardeau de prendre l’initiative requise incombe à la gauche extra-parlementaire, flanquée de corps et d’individus plus larges. Il est essentiel que les objectifs ne soient pas seulement électoraux. Le peuple grec a soif de bonnes nouvelles et de perspectives politiques optimistes. Laissez-nous compter toutes nos responsabilités.

Personne n’achève rien tout seul La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Dans cette rubrique il aborde entre autres les velléités de l’ Union Professionnelle des Pharmaciens de Grèce de faire fermer les pharmacies solidaires et la réaction des responsables du Centre Métropolitain Médical Solidaire d’Ellinikón rappelant la réalité sociale.

Personne n’achève rien tout seul 

En cette fin octobre sous le Parthénon, dernières séances pour les cinémas en plein air. Signe qui ne trompe pas, leur fermeture jusqu’au mois de mai de l’année prochaine incarne aux yeux des Athéniens l’avènement… inéluctable d’un hiver alors proche. C’est bien connu, Perséphone, épouse d’Hadès, fille de Zeus et de Déméter, réintègre chaque année pour six mois le royaume souterrain, puis, elle revient six mois sur terre. Pluie, vent, et surtout patience !

Cinéma en plein air. Athènes, octobre 2017

La semaine avait débuté sous le soleil, et pourtant déjà, nos mendiants… plantés devant les églises byzantines de la ville d’Athéna anticipaient le pire en s’habillent en mode hivernale. Les journalistes quant à eux, ils ont observé une grève de 48h (pour l’honneur ?), s’insurgeant contre la suppression de leur organisme de Prévoyance. Car leur Caisse de Prévoyance-Retraite, jadis vaillante, elle sera… recyclée sous les gravats de la Sécurité (?) Sociale métadémocratique et métasolidaire de l’hiver Tsipriote. Et rien n’est prévu (pour l’instant ?) pour ces journalistes au chômage depuis déjà bien longtemps. La profession est comme on sait sinistrée, son taux de chômage… définitif atteignant même la proportion de 75%.

Des journalistes ainsi… ajournés, bénéficiaient jusqu’à la semaine dernière d’un semblant de couverture Santé spécifique, certes minimaliste, sauf qu’elle prenait alors en charge les pathologies lourdes et particulièrement les besoins en médicaments pour les nombreux cas de cancer, et ce n’était guère rien.

Pauvres, très pauvre journalistes, jadis choyés et désormais largement inutiles. D’après la presse de la semaine (radios 90,1 FM et 98,9 FM par exemple), près de 400 familles de journalistes, foyers paupérisés à l’extrême, sont nourries exclusivement via un programme spécial… d’urgence journalistique alimentaire, organisé par l’Archevêché de l’Église Orthodoxe d’Athènes. Ultime bonne nouvelle… finalement venue du ciel !

Mon ami Th. qui n’est pas croyant, ni en religion, ni désormais en politique, journaliste de son état d’autrefois, et aujourd’hui définitivement désœuvré, en est profondément concerné comme consterné. “Je tombe… comme dans un trou noir. Plus aucune couverture santé. Je me vois… mourir par programmation en attendant à me faire nourrir par les popes”. Comme presque tous les Grecs, il appréhende l’hiver, et il appréhende le futur, tel un trou noir. Sous le Parthénon, dernière séance pour les cinémas en plein air, c’est bien connu. Mon ami y allait souvent avant la “crise” et je viens de m’apercevoir que durant l’été 2017, je ne m’y suis jamais rendu.

Du côté de l‘Acropole. Athènes, octobre 2017
Sous l’Acropole. Athènes, octobre 2017
Mendiant devant une église Byzantine. Athènes, octobre 2017
Garde Evzone. Place de la Constitution, Athènes, octobre 2017

Cependant, du côté de l ‘Acropole, il faisait encore beau il y a quelques jours ; temps toujours des photographies “typiques”, réalisées fébrilement devant la Garde Evzone Place de la “Constitution”, le présent alors magistral. Surpris il faut dire seulement par la pluie, nos touristes du Parthénon, tout comme nos humbles et attentifs visiteurs de Delphes, ils n’auront presque rien aperçu de cette autre Grèce sporadique, spasmodique et au fond hivernale, hormis peut-être une manifestation décidément insignifiante et anarchiste place de la “Constitution” dimanche dernier.

Joli monde, comme à travers ce graffiti aperçu sur une façade dans Athènes, à la parodie fort juste, mais complètement incompréhensible hélas lorsqu’on ne partage pas la culture néo-hellénique. En usant le nom et l’image d’une grande actrice du cinéma populaire des années 1960, son message fait remarquer que la vie, la nôtre, elle s’est dévissée et qu’elle s’est défaite, autant que celle de l’actrice (Laskari), Zoé de son prénom (Zoé, en grec c’est la vie), décédée comme tout le monde sait en Grèce, en août 2017.

Joli, très joli monde, où l’ensemble du système politique est complément et décisivement déconnecté des pathos du grand nombre, hormis bien entendu lorsqu’il s’agit de sa relativement courte clientèle, très utile cependant pour maintenir en place l’ultime des simulacres, celui de la participation aux scrutins, et autant celui de la pseudo-démocratie représentative.

La vie, (la nôtre), elle s’est dévissée. Athènes, octobre 2017
Photographies “typiques”. Place de la “Constitution”, Athènes, octobre 2017
Photographies “typiques”. Place de la “Constitution”, Athènes, octobre 2017

Beau et très bas monde, aux marionnettes qui ne n’amuseront plus la galerie des galériens, telles Tsipras et son récit de “la prochaine reprise économique”, Varoufákis ventant (et vendant) ses piètres aventures, Mitsotakis et sa cuisine réchauffée du néant mémorandaire, l’Unité Populaire et son survivalisme électoral comme unique et ultime programme réellement existant, le PC et ses monolithes du passé Soviétique sans cesse remâchés, sans parler du néonazisme à peine dissimulé des Aubedoriens qui croient toujours attendre leur heure. Pauvre pays, jadis des philosophes et des enfants souriants… que l’on admire actuellement dans ses musées !

Temps ainsi présent et pesant, et par une décision suspecte et pour tout dire douteuse, l’Union Professionnelle des Pharmaciens de Grèce, vient de lancer un appel adressé au Ministère de la Santé, réclamant ni plus ni moins, “la fermeture des pharmacies solidaires, car elles n’ont plus de rôle à remplir puisque, la crise est désormais dernière nous”. Une attitude qui est à très juste titre dénoncée par les responsables du Centre Métropolitain Médical Solidaire d’Ellinikón à travers son communiqué daté du 24 octobre 2017 .

Le Centre Métropolitain Médical Solidaire rappelle ainsi, que contrairement à la rhétorique si chère à la Tsiprosphère, la réalité sociale est plutôt bien sombre: “Pour 50% de la population grecque (sur un total de 10 millions d’habitants), 500.000 enfants vivent sous le seuil de pauvreté, 500.000 salariés gagnent en moyenne 350€ par mois en salaire net, 700.000 personnes ont déjà quitté le pays, 1.000.000 de travailleurs du secteur privé ne reçoivent pas leur salaire régulièrement, 1.100.000 retraités touchent une retraite de moins de 500€ par mois, et 1.200.000 chômeurs ne perçoivent aucune allocation chômage”.

Le Philosophe. Musée de Delphes, octobre 2017
L’Enfant souriant. Musée de Delphes, octobre 2017
Admiration des visiteurs. Musée de Delphes, octobre 2017

Dans son autre communiqué daté du 26 octobre 2017 , le Centre Métropolitain Médical Solidaire dénonce également, “l’assèchement en cours du budget de nombreux hôpitaux, avec comme conséquence, l’arrêt des chimiothérapies… programmées pour les malades atteints de cancer. Chaque jour depuis les hôpitaux, on dénonce cette situation dramatique, tant les déficiences en matériel sont alors graves. Ces carences, elles sont dues bien entendu à la réduction drastique des budgets, à la suite de laquelle, le budget annuel de nombreux hôpitaux vient d’être déjà épuisé depuis septembre dernier.”

“Aujourd’hui, et après avoir contacté Zoé Grammatoglou, présidente de l’Association des patients atteints de cancer, nous avons appris qu’à l’hôpital Attikón, il n’y a plus de médicaments disponibles pour les chimiothérapies programmées le lendemain. Il ne s’agit pas d’une pénurie d’un médicament particulier, mais d’une pénurie d’un grand nombre de médicaments, par conséquence, tout acte de chimiothérapie/radiothérapie devient impossible, et ainsi, la santé des patients atteints de cancer est en train de subir une épreuve supplémentaire.”

“Il y a quelques heures, nous avons pris contact avec le personnel de l’hôpital Attikón, de ce fait, l’ensemble de notre stock au Centre Métropolitain Médical Solidaire d’Ellinikón en médicaments de ce type dont nous disposons et qui leur font défaut, vont être immédiatement expédiés à cet hôpital. La rage déborde, d’abord celle des patients, puis, celle du personnel médical et infirmier.”

Garde Evzone. Athènes, octobre 2017
Place de la “Constitution”, octobre 2017
Manifestation insignifiante place de la “Constitution”. Athènes, octobre 2017

Mort ou sinon survie. Enfin, même une certaine presse mainstream Syrizo-compatible, admet ces reportages, impensables avant la dite “crise”, quant à la nécessité de comprendre combien certains aliments, la châtaigne par exemple, peuvent devenir une nourriture de survie en cas d’effondrement brutal, personnel ou global, à l’instar du “Quotidien de Rédacteurs” daté du 23 octobre 2017 .

Visiblement, la vie, la nôtre, elle s’est dévissée et elle est défaite, sauf pour un petit et néanmoins énorme 25% de la population. D’où sans doute, l’une des clefs de la réussite de la servitude actuelle, “caddi, e rimase la mia carne sola” en quelque sorte… Comédie Divine.

Ce qui ne nous laisse d’autre ressource en attendant que celle de nous accrocher au pays, comme le suggérait le poète Yórgos Séféris en 1968, c’était sous la dictature des Colonels. “C’est bien enfin que les Grecs puissent raisonner pour ainsi décidément préférer la tyrannie grecque ou la liberté grecque, du moins, relèvent-elles de notre manière de fabriquer cette réalité, et non pas de celles des Français ou des Américains” Yórgos Séféris, “Manuscrit, octobre ’68” (éditions Ikaros, Athènes, 2000).

La question se pose de nouveau, lorsqu’elle se pose, les Grecs, de nombreux Grecs en tout cas, savent désormais que face au totalitarisme financieriste comme techno-féodal, dont la Grèce n’est qu’un cas d’école spécifiquement avancé dans sa putréfaction métadémocratique généralisée, la question à se poser serait plutôt celle d’un nouveau régime politique et non-pas d’un changement politique, un nouveau régime politique et dès lors, la sortie de l’Union européenne.

Technologie historique de Chine. Exposition, Athènes, octobre 2017
Notre poète Elytis et… Marilyn Monroe. Étalage pour touristes. Athènes, octobre 2017
Les… maîtres du temps. Cinéma en plein air. Athènes, octobre 2017

Évidemment, le contexte de 2017 est autrement plus complexe et je dirais même tragique, que celui des années 1960-1970. Pas qu’en Grèce. Mon ami L., fait observer depuis Athènes, et à propos de certaines figures de l’anti-mémorandisme historique (depuis 2010), politique et intellectuel (au demeurant… savamment déconnectées les unes des autres), qu’elles se composent plutôt de ces gens qui s’agitent en cercles… autophages et alors en réalités fermés, un peu à la manière dont fonctionnent les partis politiques. La boucle serait ainsi (pour le moment) bouclée, le totalitarisme nouveau admettrait paraît-il, la contradiction jusqu’à une certaine… parlotte, “Parlements” compris, et l’essentiel se décide toujours, d’abord, et surtout ailleurs.

J’y ajouterais, qu’entre tant d’autres thématiques ardentes, la vraie question de la sortie de la zone euro, tout comme celle d’un avenir organisé si possible en dehors de l’hybris dominante et accablante, sur les bases de la dignité, de la démocratie, de la liberté et d’abord de la mesure, avait été laissée ou “offerte”, aux mains de ceux (qui déjà à gauche) l’ont suffisamment mal préparé, avant de la saloper, et enfin de la trahir. C’est alors ainsi qu’avec le recul, je dirais que le moment opportun (celui en tout cas des années 2011-2015) a été définitivement gâché, et que l’accélération historique est d’ailleurs telle, que plus aucune réponse aux questions posées ne reste plausible et pour tout dire invariable trop longtemps.

En 2017, incarnant la pire politique et autant agenda totalitaire du financierisme ambiant, ceux de SYRIZA usent et abusent d’un extraordinaire verbiage gauchiste, c’est alors à vomir, et c’est ainsi que la société grecque (déjà en lambeaux) aura vomi toutes ses gauches. Dans ce contexte, les Syrizistes ont par exemple organisé récemment et effectué leur “pèlerinage” et en réalité souillure, sur l’île de Makrónissos près d’Athènes, celle des déportés communistes des années de la Guerre civile (fin des années 1940).

Cinéma en plein air. Athènes, octobre 2017
Hôtel en Attique, vendu. Octobre 2017
Hôtel en Attique, vendu. Octobre 2017

Ceux du “Plan-B” (anciens Syrizistes d’avant 2010-2012, mouvement d’Alékos Alavános), outrés, en ont ironisé, rappelant une phrase du poète Odysséas Elytis: “Cette terre n’a jamais collé à leurs talons”. En débat interne (et cependant diffusé via Internet), D.M. du “Plan-B” en rajoute: “Le constat est amer. Sauf qu’il y a aussi ce rappel tragique: nous avons aidé et nous avons fait hausser ces salopards… pour qu’ils détruisent la patrie, autant que les plus belles visions et idées du plus grand nombre de Grecs.” (Internet du “Plan-B”, 25 octobre 2017). Un autre moment… opportun ainsi perdu.

Le constat est certes très amer. De toutes les menaces actuelles qui risquent d’anéantir complètement et cela de manière déjà prévisible le pays, son peuple, ses droits, avant d’éteindre au passage les dernières lumignons du régime supposé démocratique, la plus grave et la plus dangereuse des menaces, elle est alors représentée tout simplement par le système politique grec et par la classe dirigeante du pays, avant même la Troïka, ou la géopolitique de nouveau paroxysmique que connait notre monde et particulièrement la Méditerranée orientale.

Le constat est donc très amer, beaucoup plus amer pour l’instant, qu’en Italie, ou en France par exemple. Impression et jugement d’ailleurs partagés de près ou de loin par une majorité de la population en Grèce, sans autre issue possible pour le moment. La résistance des Grecs sortirait désormais par la petite porte, elle passerait sous les fenêtres, elle rejoindrait au besoin les Séféris et les Elytis (ceux que la clique très actuelle des littéreux mondialisateurs voudrait effacer de notre patrimoine culturel vivant). Une Résistance qu’elle ira… enfin saisir son petit café social et sociable entre deux vagues ou entre trois rayons de soleil… surtout devant l’avènement… supposé définitif d’un hiver alors proche.

En Attique, octobre 2017
En Attique, temple d’Ártemis, octobre 2017
Notre petit café. Athènes, octobre 2017

Ainsi, et pour l’instant, comme le fait également observer mon ami L., “le petit commerce résiste, il est comme on sait inscrit dans l’ADN des Grecs, toutes ces petites entités économiques de survie, telles de petites bougies allumées d’une économie de la proximité. Là, où dans d’autres pays de la funeste Union européenne le petit commerce est déjà mort, même sans que leur Troïka ne soit aussi discernable que la nôtre… tandis que chez nous.”

En attendant… le prochain miracle de l’ADN grec dans toute sa durée, l’escroquerie politique du siècle des Tsiprosaures, organise comme elle peut son État clientéliste et népotiste, faisant entre autres croire qu’elle distribuera quelques miettes en guise de cadeau de Noël aux retraités paupérisés du pays, ceci dans un but purement électoraliste pendant qu’elle co-organise la mise à mort du pays et le génocide à bas voltage de son peuple. Les arrivistes de SYRIZA se disent sans doute… que les malades du cancer n’iront certainement plus jamais voter d’ici quelque mois.

Le dernier clientélisme SYRIZA/ANEL, sous l’agenda totalitaire du financierisme ambiant ne l’oublions pas, a fait embaucher (contractuels, conseillers et agents) entre 50.000 et 70.000 personnes dans la fonction publique, collectivités territoriales comprises, ce que la Troïka n’ignore évidemment pas. Dans les cafés de Trikala, ville de la Région Thessalie, les habitants aiment par exemple rappeler… en boucle, que “leur” député SYRIZA Sakis Papadópoulos a aussitôt fait embaucher sa fille, de même, “leur” députée SYRIZA Panagióta Dritseli a aussitôt fait embauché son époux.

Sous le Parthénon, dernière séance pour les cinémas en plein air. Plus au sud, à Delphes, les visiteurs éblouis à la vue des félins d’antan, comme de notre temps, auront déjà affronté et peut-être apprécié les premiers orages de l’automne hellénique. En Attique, ceux du personnel d’un hôtel dominant une magnifique baie m’ont raconté que les propriétaires de leur établissement l’ont récemment vendu à une entreprise basée aux États-Unis. “Conserverons-nous alors nos postes durant la saison prochaine ? Pourtant, l’hôtel ne manquait pas de clientèle, surtout francophone d’ailleurs.” En attendant peut-être… le prochain miracle de l’ADN grec.

Delphes, la première pluie. Octobre 2017
Delphes, son ciel, ses visiteurs. Octobre 2017
Delphes, musée, félins d’antan. Octobre 2017
Delphes, site archéologique, félins actuels. Octobre 2017

Pays de Perséphone, ses visiteurs, son cinéma en plein air, ses félins de toujours. Ses poètes surtout, et parmi eux, Yórgos Séféris: “Maintenant je voudrais terminer ce court exposé avec un homme que j’ai toujours gardé près de moi; il m’a soutenu dans des heures difficiles, où toute ressource semblait perdue. Dans ce pays de contrastes qui est le mien, il est un cas extrême. Ce n’est pas un intellectuel. Mais l’intellect réduit à lui-même a parfois besoin de fraîcheur, comme les morts qui réclament du sang frais avant de répondre à Ulysse. Il avait appris à lire et à écrire un peu, à l’âge de trente-cinq ans, afin de pouvoir raconter, dit-il, ce qu’il avait vu pendant la guerre de l’indépendance, où il avait pris une part très active. Il s’appelle Jean Makriyiánnis. Je le compare à un de ces vieux troncs d’olivier de chez nous, façonnés par les éléments et qui peuvent, je crois, enseigner la sagesse. Lui aussi a été façonné par les éléments humains, par bien des générations d’âmes humaines. Il était né, vers la fin du XVIIIe siècle, dans la Grèce continentale, près de Delphes. (…)”

“Quand on songe que la guerre avait laissé de nombreuses plaies sur le corps de cet homme, on a le droit de conclure que ces paroles ont quelque poids. Vers la fin de sa vie, son destin devient tragique. Ses plaies lui donnent des souffrances intolérables. Il est persécuté, jeté en prison, jugé et condamné. Dans son désespoir, il écrit des lettres à Dieu: ‘Et tu ne nous entends pas, tu ne nous vois pas…’ C’est la fin. Makriyiánnis est mort vers le milieu du siècle dernier. Ses Mémoires ont été déchiffrés et publiés en 1907. Il fallut bien des années encore pour que les jeunes prissent conscience de sa véritable envergure. (…)”

“J’ai voulu aussi exprimer ma solidarité avec mon peuple. Non seulement avec les grands maîtres de l’esprit, mais avec les inconnus, les ignorés, ceux même qui se sont penchés sur un seul livre avec la même ferveur que l’on se penche sur une icône; avec les enfants, qui faisaient des heures de marche pour aller à des écoles éloignées de leur village, ‘pour apprendre les lettres, les choses du bon dieu’, comme dit leur chanson. Pour rappeler encore une fois mon ami Makriyiánnis, ‘il ne faut pas dire moi, mais il faut dire nous’, car personne n’achève rien tout seul. Je trouve qu’il est bien qu’il en soit ainsi. J’ai besoin de cette solidarité, parce que si je ne comprends pas les hommes de chez nous, avec leurs vertus et leurs vices, je sens que je ne pourrai pas comprendre les autres hommes de par le grand monde.”, Yórgos Séféris – Nobel Lecture – “Discours du 11 décembre 1963” , “Quelques points de la tradition Grecque, moderne”

Séféris justement, que les mondialisateurs des faits, des gestes et des âmes, y compris en littérature, voudraient voir son œuvre s’effacer de notre mémoire. Le grand poète, avait également composé un émouvant Épitaphe, inscription funéraire à la mémoire de son chat Touti , c’était en août 1949.

Le jeune Hermès de ‘Greek Crisis’. Athènes, octobre 2017

Personne n’achève rien tout seul… ce qui vaut également pour le blog ‘Greek Crisis’. Le jeune Hermès (qui n’est pas pour l’instant… totalement Trismégiste), piétine alors nos brouillons imprimés, tandis que Mimi… du fait de son grand âge, elle surveille il faut dire à sa manière et bien étroitement, tous nos écrits.

Sous l ‘Acropole il fait de nouveau beau, demain 28 octobre, fête nationale, commémorant le ‘NON’ grec à l’ultimatum de Mussolini, puis, la victoire grecque suite à une extraordinaire mobilisation populaire contre l’Armée de l’Italie fasciste, une première victoire contre une armée d’un pays de l’Axe.

Pour rappeler encore une fois notre ami Makriyiánnis, “il ne faut pas dire moi, mais il faut dire nous”. Perséphone, épouse d’Hadès, fille de Zeus et de Déméter, revient comme on sait… régulièrement sur terre.

Mimi… du fait de son grand âge. Athènes, octobre 2017
* Photo de couverture: Mendiant devant une église Byzantine. Athènes, octobre 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Journée contre les extrêmes droites en Europe à Lyon

Le Comité de Solidarité avec le Peuple Grec de LYON communique :

Afin d’informer sur la montée des extrêmes-droites en Europe, et particulièrement en France, nous organisons une journée d’information publique lors de laquelle des journalistes, universitaires et militant.e.s viendront débattre avec vous.  Le cas spécifique de Lyon, la propagation des idées, les stratégies d’implantation et les ripostes à construire seront abordés.

   JOURNEE D’INFORMATION PUBLIQUE

« ORGANISONS-NOUS CONTRE L’EXTRÊME-DROITE »

    SAMEDI 11 NOVEMBRE

   A PARTIR DE 10H

Espace Jean Couty

1 rue de la pépinière royale ou 56, rue M. Berthet, 69009 Lyon,

à côté de la station de métro Gorge de Loup

Entrée libre

Organisateurs

Collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite et

 

Le programme

10H – 12H30 : CONFÉRENCES ET DÉBATS (EN SÉANCE PLÉNIÈRE)

Etat des lieux des extrêmes-droites en Europe, par Yorgos Mitralias

Yorgos Mitralias est un journaliste grec, membre du CADTM, co-fondateur de « la commission pour la vérité sur la dette grecque » et militant antifasciste. Ces nombreux articles prennent la mesure de la montée des extrêmes-droites à l’échelle européenne.

Lyon : une place centrale de l’extrême droite en Europe par le Collectif 69 de Vigilance contre l’extrême droite et la Coordination des Groupes Anarchistes

Le Collectif 69 de Vigilance contre l’extrême droite est un regroupement unitaire d’associations, syndicats et organisations politiques qui veillent, informent et agissent contre les extrêmes-droites dans la région lyonnaise.

La CGA est actrice de la lutte antifasciste sur Lyon depuis de nombreuses années, que ce soit de manière spécifiquement libertaire ou dans des cadres unitaires comme pour cette journée du 11 novembre.

12H30 – 13H30 : REPAS : Des sandwichs et boissons seront vendus sur place.

13H30 – 15H30 : ATELIERS-DÉBATS (SE TIENNENT SIMULTANÉMENT)

ATELIER 1 : Propagation des idées d’extrême droite, avec Pascal Chasson d’Acrimed qui abordera la question via les médias et des membres du collectif Question de Classe(s) qui l’aborderont via l’éducation.

Acrimed (Action-Critique-Médias) est une association militante de critique du fonctionnement des médias dominants, qui analysera leur contribution à la diffusion dans le grand public des idées de l’extrême droite politique.

Le collectif Question de Classe(s) est composé d’acteurs de l’éducation – parents, salarié.e.s, chercheu.r.se.s – animant un blog qui offre un espace d’échanges, de débats et de luttes autour des questions scolaires et de l’incursion des idées réactionnaires dans l’éducation.

ATELIER 2 : Le FN et sa stratégie d’implantation, avec Willy Pelletier et Jean-Paul Gautier

Willy Pelletier est sociologue, membre de la Fondation Copernic. En 2016, il est notamment co-auteur de l’ouvrage Les classes populaires et le FN.

Jean-Paul Gautier est politologue et historien, spécialiste des extrêmesdroites. Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages, notamment en 2009 Les Extrêmes droites en France : de la traversée du désert à l’ascension du Front national, et en 2011, La Galaxie Dieudonné : pour en finir avec l’imposture.

15H30 – 16H : PAUSECAFÉ ET ÉCHANGES LIBRES

16H – 18H : ATELIERS-DÉBATS (SE TIENNENT SIMULTANÉMENT)

ATELIER 3 : Les ripostes syndicales face à l’extrême-droite, notamment dans les municipalités FN et Ligue du Midi, avec des membres du collectif VISA

Le collectif VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) est une association intersyndicale composée d’une cinquantaine de structures syndicales (FSU, Solidaires, CGT, CFDT , CNT, UNEF, SM) qui recense, analyse et dénonce les incursions de l’extrême droite et plus particulièrement du Front national sur le terrain social (lieux de travail).

ATELIER 4 : La défense des droits des femmes contre les extrêmesdroites en Europe, avec des membres du Planning Familial

Le Planning Familial du Rhône est une association militante féministe membre du CV69 et qui dénonce toutes les formes de viols, lutte contre toutes formes d’inégalités sociales. Le planning familial du Rhône vous propose une présentation suivie d’une discussion sur la manière dont l’extrême-droite instrumentalise actuellement les questions des droits des femmes et des minorités sexuelles. Quelles alliances militantes entre féministes et antifascistes ? État des lieux et perspectives.

18H-21H : PROJECTION-DÉBAT, EN PRÉSENCE DU RÉALISATEUR

Projection d’une version inédite de Fascism Inc d’Aris Chatzistefanou, suivie d’un débat avec lui.

Aris Chatzistefanou avait réalisé deux documentaires avant celui-ci, dénonçant la gestion de la crise grecque – Debtocracy et Catastroïka. Avec Fascism Inc (2014), il nous présentera de brèves histoires inconnues du passé, du présent et du futur du fascisme et de sa relation avec les intérêts économiques de chaque époque. Nous voyagerons de l’Italie de Mussolini à la Grèce pendant l’occupation nazie, la guerre civile et la dictature ; et de l’Allemagne de Hitler au fascisme moderne en Grèce et en Europe.

Maquette-programme de la journée du 11 novembre contre les extrêmedroites en Europe, proposé par le Comité de Solidarité avec le Peuple Grec et organisé dans le cadre du Collectif Vigilance 69 .

2eme collecte convoi solidaire Grèce

Action Solidarité Grèce

Solidaires face à la crise grecque
doublée de la crise des réfugiés

Le collectif « Citoyens de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe » (créé à l’initiative d’Attac Isère et du CADTM/Grenoble) s’associe au collectif artistique et solidaire ANEPOS pour l’organisation d’un convoi solidaire vers la Grèce.

Un ou deux fourgons partiront de Savoie le 14 novembre 2017. Les fournitures collectées à Grenoble seront acheminées en Savoie par notre collectif.

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre ( urgence vitale N°2) petits pots, mixers de type babycook, soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5)

Jouets : petites tailles tels que figurines, légos, échecs et animaux ( ni peluches ni encombrants),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, chevillères, genouillères, ( ni attelles, ni médicaments)

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, thé, café, autres

et n’oubliez pas des messages de soutien : avec dessins et ou photos, des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible merci de vous en tenir à cette liste

Vous pouvez aussi  envoyer des chèques libellés à l’ordre d’ANEPOS en indiquant au dos « Convoi Isère-Savoie vers la Grèce du 14/11/2017 »

– soit directement à l’adresse suivante : ANEPOS – « Action Solidarité Grèce » – BP10 – 81540 Sorèze,

– soit par l’intermédiaire du collectif de Grenoble lors des rendez-vous  ou dans la boite aux lettres (n° 86) d’Attac 38 à la MDA rue Berthe de Boissieux à Grenoble.

Rendez-vous pour la récupération
des fournitures sur Grenoble :

sur le parking derrière la MC2 de 14h30 à 16h30
(4 rue Paul Claudel à Grenoble – Tram MC2 Maison de la culture).

mercredi 18 octobre
– mercredi 25 octobre

Pour les personnes qui ne pourraient vraiment pas se rendre à l’un des 2 rendez-vous elles peuvent adresser un message à l’adresse suivante greceausterite@hotmail.com nous chercherons une solution pour récupérer les fournitures.

Vous trouverez l’appel complet de Yannis Youlontas d’ANEPOS http://jeluttedoncjesuis.net/spip.php?rubrique4

« Pas question de baisser les bras
pas question de laisser faire ! »

Sur les réfugiés et migrants semaine 42

17/10/17 Libye: Les réfugiés et les migrants détenus par des passeurs dans des conditions déplorables http://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2017/10/59e60fdaa/libye-refugies-migrants-detenus-passeurs-conditions-deplorables.html

16/10/17 Retenus dans des conditions indignes, les migrants veulent « dire au monde » ce que l’Europe leur fait subir à Lesbos par Anne-Sophie Simperehttps://www.bastamag.net/Retenus-dans-des-conditions-indignes-les-migrants-veulent-dire-au-monde-ce-que

13/10/2017 Revue presse grecque sur la Crise des réfugiés : Ethnos et Kathimerini font état de la situation dramatique sur les îles grecques en raison des conditions de surpeuplement et de manque d’hygiène dans les hotspots dues à l’augmentation ces derniers mois des flux des réfugiés . Kathimerini relève que dans une lettre adressée aux commissaires européens compétents, M. Avramopoulos (immigration) et M. Stylianidis (aides humanitaires), le président de l’Union centrale des mairies de Grèce (KEDE), M. Patoulis, demande un entretien immédiat à ce sujet. Dans sa lettre, M. Patoulis fait part de l’inquiétude des collectivités locales puisque « l’augmentation des flux migratoires ces derniers mois, les retards accusés dans les procédures de relocalisation et le nombre trop petit de rapatriements, perturbent la cohésion sociale et provoquent de phénomènes d’intolérance et de fanatisme ». M. Patoulis souligne par ailleurs la nécessité pour les institutions européennes compétentes de « réexaminer en collaboration avec le gouvernement grec la répartition des compétences et des ressources ».

10/10/17 « Ils auraient préféré mourir dans leur pays au lieu d’être piégés ici » Par Catherine Delvaux.

Très inquiète pour la santé mentale des demandeurs d’asile sur les îles grecques, l’association MSF demande leur transfert immédiat vers le continent.

Ils ont fui la guerre, la violence et la mort dans leur pays d’origine, en Syrie, en Irak, au Cameroun, en Afghanistan ou au Sénégal. Via la Turquie, ils ont rejoint l’Europe en espérant y trouver une vie meilleure, pour eux ou leurs enfants. Coincés dans des centres de rétention surpeuplés sur les îles grecques de Samos et Lesbos, parfois pendant plusieurs mois, de nombreux demandeurs d’asile souffrent d’anxiété, de dépression et de pensées suicidaires. Une « crise de la santé mentale » dramatique et aggravée par des conditions de vie très précaires selon les équipes de Médecins Sans frontières (MSF), qui publient un nouveau rapport ce mardi.

Conduits au désespoir
« Ces personnes ont survécu à des bombardements, à des violences extrêmes, à des événements traumatiques dans leurs pays d’origine ou pendant leur trajet vers l’Europe », confie Jayne Grimes, qui coordonne les activités de santé mentale de MSF sur l’île de Samos. « Il est honteux de constater que c’est ce qu’ils vivent sur les îles grecques qui les conduit au désespoir, voire à s’automutiler. Nos équipes voient tous les jours des patients qui leur disent qu’ils auraient préféré mourir dans leur pays qu’être piégés ici. »

Augmentation des violences
À Lesbos, une femme afghane de 30 ans témoigne: « Ma fille a cinq ans. Elle ne parle presque plus. Mon mari n’arrive plus à dormir. Je me réveille la nuit en me demandant ce qui va nous arriver, ce qu’on aurait pu faire différemment. Parfois, je me mets à trembler. Le stress, la peur, la tristesse, c’est trop à supporter. » En mars 2016, la Turquie et l’Union européenne ont conclu un accord afin de réduire l’arrivée de réfugiés en Europe. Selon les statistiques de MSF, les personnes arrivées en Grèce après la signature de l’accord ont subi davantage de violences que celles arrivées auparavant. Entre 50% et 70% des violences auraient été commises par les forces de l’ordre.

Huit mois pour voir un psy
Actuellement, on estime le nombre de migrants sur les îles grecques à 15.000 personnes, notamment dans les camps de Moria et Vathy. Mais les logements et les services de santé ne sont pas adaptés aux besoins des familles. « Cet été, six ou sept patients en moyenne se présentaient chaque semaine au dispensaire de MSF à Lesbos avec des besoins aigus liés à des tentatives de suicide, des actes d’automutilation ou des épisodes psychotiques. Le nombre de patients se rendant au dispensaire avait augmenté de 50% comparé au trimestre précédent », indique l’organisation. Submergées, les cliniques ne peuvent plus accepter de nouveaux patients s’il ne s’agit pas d’une urgence. « J’ai été torturé dans une prison syrienne pendant des mois. Puis je suis venu ici et j’ai été à l’hôpital, parce j’étais traumatisé. Ils m’ont dit que je devais attendre huit mois pour voir un psychiatre. J’ai cru que j’allais mourir », raconte un Syrien de 41 ans.

Responsables de cette souffrance
Il y a au moins quinze tentatives de suicide par mois dans le camp de Moria. « La situation est insupportable », explique un psychologue de MSF. « Nous faisons de notre mieux pour aider ceux que nous pouvons, mais la situation dans laquelle ils se trouvent est tellement horrible. » Aujourd’hui, l’association demande aux autorités de transférer immédiatement les demandeurs d’asile vers le continent, et de renforcer de toute urgence l’offre de soins de santé mentale. « Déplacer ces personnes sur le continent est un impératif humanitaire », précise Louise Roland-Gosselin, responsable des activités de plaidoyer de MSF en Grèce. « Les autorités européennes et grecques sont directement responsables de cette souffrance. Face à la vulnérabilité extrême de ces personnes, et à l’effondrement des services sur les îles, ils n’ont plus le choix. »

 

Espoir ? La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. Dans cette rubrique il aborde entre autres  la rencontre Trump Tsipras et l’accord sur la base militaire et les avions militaires.

Espoir ? 

Réalités grecques dépourvues d’horizon de temps. Le vingt-et-unième siècle entamé, il s’embourbe d’emblée dans notre boue transitionnelle. En Grèce, comme ailleurs. “Tout est pareil et en même temps tout change, c’est bizarre, très bizarre que l’époque macronienne”, m’écrit l’ami Pierre depuis la France. Finalement, l’ailleurs existe-t-il encore? Peut-être, et alors sûrement dans le rire des musiciens. Jadis, Euterpe, en grec ancien “qui sait plaire” était la Muse qui présidait à la musique. Choses que l’on semblait avoir oubliées, sous la tempête du pire comme climat de notre époque.

Place de la Constitution. Athènes, octobre 2017

En attendant la fin (?) de la transition nos univers… se résument et se confondent. Place de la défunte Constitution, les matinées communément respirées auraient pu presque être belles. Tout y est, nos chiens adespotes (et cependant recensés par le Service des Adespotes de la Ville d’Athènes), les prospecteurs… de prospectus, nos vendeurs de journaux de la rue car “c’est une chance pour les sans-abri” comme on aime raconter en Europe dès les années 1990. Réalités tout court, dépourvues d’horizon de temps.

Sur cette place historique, les affiches du spectacle “Alexis et Yanis”, toujours produit à Athènes depuis le Printemps dernier, preuve déjà, que nos comédiens autant que nos musiciens, parviennent encore à nous faire rire. On s’en souvient, Alexandre Kollatos, comédien et auteur franco-grec du spectacle, avait déclaré en août à l’issue de la représentation de sa dernière satire à Égine, “Alexis et Yanis”:

“Déçu par ce couple politique que j’avais pourtant soutenu et pour lequel j’avais voté, j’ai écrit ce texte pour faire rire.” Les deux principaux personnages de la pièce sont comme on le devine, Yanis Varoufákis, ministre grec des Finances (2015), et Alexis Tsipras, Premier ministre. Le dit “pouvoir”, désormais abhorré par le sens le plus commun qu’il soit sous l’Acropole.

Nuits et jours d’automne à la partie haute de la place de la Constitution, passantes et passants, le dit “Parlement” n’impressionne plus grand monde ici. Boue transitionnelle toujours… Vingt-et-unième siècle entamé, de surcroît entièrement promis aux industries prétendument créatives et innovantes. La tempête du pire… plus l’électricité.

“Alexis et Yanis”, affiche. Place de la Constitution, Athènes, octobre 2017
Le dit “Parlement”. Athènes, octobre 2017
“industries (prétendument) créatives”. Affiche, Athènes, octobre 2017

Il n’y aurait ainsi plus matière… à innover, pour ce qui relève des attitudes humaines en tout cas. Une jeune femme, agent du fisc grec, a été sauvagement assassinée le 18 octobre, son corps a été retrouvé dans un cimetière d’Athènes par un pope (presse du 19 octobre) , puis, l’autre nouvelle, laquelle a largement occupé les medias grecs cette semaine. Celle de l’assassinat, jeudi 12 octobre, de l’avocat Mihális Zafiropoulos, avocat pénaliste, figure célèbre du barreau d’Athènes, tué par arme à feu dans son cabinet par deux personnes. Comme le fait remarquer également la presse française, “un assassinat qui a semé la stupeur dans une ville où ce genre d’agression est peu fréquent”.

“Mihális Zafiropoulos, 52 ans, était très connu. Il était le fils d’un ancien président du barreau d’Athènes dans les années 80, Épaminondas Zafiropoulos, aussi ancien député du parti conservateur Nouvelle Démocratie. La victime avait représenté au cours des dernières années de nombreuses personnes dans des procès de corruption. Selon les premières informations de la police, il a été tué de sang-froid par deux personnes encagoulées qui sont entrées vers 20h10 dans son cabinet situé près du quartier populaire, également très fréquenté par des groupes anarchistes, d’Exárchia”, “Le Figaro”, daté du 12 octobre .

Finalement, et d’après la presse grecque des jours suivants, les deux assassins n’auraient pas été cagoulés, puis, durant plusieurs heures, les journalistes, les cameras et les… microphones se sont installés en face de l’immeuble abritant le cabinet de Mihális Zafiropoulos, et des fleurs ont été déposées devant sa porte.

Depuis, la… vie reprend ses droits au centre-ville d’Athènes, l’avocat connu pénaliste n’est plus, le… mendiant inconnu… et pénalisé (grec ou migrant) du trottoir de la rue athénienne demeure encore à sa place, devant les boutiques fermées. Quelle Justice ?

Tempête du pire comme climat de notre époque, et en ville, comme dans ses faubourgs, les affiches vantant les mérites des écoles d’arts martiaux et d’autodéfense font de fait partie du paysage visuel, maintenant que les affiches politiques ne connaissent guère leur succès des années 2010-2015. Alors, “École d’Arts Martiaux et d’Autodéfense – La Légion, Welcome to the world of Martial Arts”, visiblement, il n’y aurait plus matière… à innover, toujours pour ce qui relève des attitudes humaines.

Journalistes et cameras, cabinet de Mihális Zafiropoulos. Athènes, octobre 2017
Fleurs déposées, cabinet de Mihális Zafiropoulos. Athènes, octobre 2017
Le mendiant… pénalisé. Athènes, octobre 2017
Enseigne fermée. Athènes, octobre 2017
“École d’Arts Martiaux et d’Autodéfense – La Légion”. Affiche, Athènes, octobre 2017

L’autre… (médiatiquement) grande nouvelle de la semaine, fut évidemment celle du voyage officiel d’Alexis Tsipras à Washington, et sa rencontre avec Donald Trump. Les… analystes radiophoniques, par exemple de 90,1 FM et Alpha FM entre autres (16 et le 17 octobre), ont largement insisté sur le fait “que seules les États-Unis possèdent la puissance nécessaire pour ainsi extraire la Grèce du guet-apens de l’Europe Merkelochrome ; moyennant évidemment en échange la présence renforcée des États-Unis en Grèce, entre investissements, modernisation des avions de combat F-16, et la consolidation de certaines bases militaires”, (propos cités de mémoire). Géopolitique… alors !

Un dessin de presse a même présenté les deux hommes lors de leur rencontre, Donald Trump devant la Maison Blache en tenue bien américaine (rendue célèbre par une créature de marketing par la société McDonald’s), et Alexis Tsipras aux allures de Karaghiózis, ce célèbre personnage central du théâtre d’ombres grec auquel il a donné son nom. Figure qui représente un Grec vivant pauvrement dans une cabane sous l’Empire ottoman, flânant pieds-nus et habitant très exactement en face du palais du vizir. Pour les besoins du dessin de presse, c’est alors la Maison Blanche qui remplace ce dernier.

“Karaghiózis” (Tsipras) et le “Vizir” (Trump). Quotidien “Kathimeriní”, le 17 octobre 2017
La rue… d’Athènes ! Octobre 2017

Vizir ou pas, la presse grecque reprend également les analyses et informations relatées par les médias américains: Au sujet de la rencontre entre Donald Trump et Alexis Tsipras, la “grande question à l’ordre du jour, sera de l’extension de l’accord pour l’utilisation des États-Unis de la grande base navale dans la baie de Souda, en Crète, ainsi que la modernisation de la flotte grecque d’avions militaires F-16. Cette base a un rôle stratégique décisif dans la région et d’après les plans de l’administration Trump pour combattre l’État islamique et le terrorisme, ou pour protéger les couloirs énergétiques du Moyen-Orient et du le Golfe. En outre, certains sources nous ont indiqué qu’il pourrait être envisagé que de créer une deuxième base militaire des États-Unis sur la côte sud de la Crète”, quotidien “Kathimeriní” (Grèce) et CNBC (États-Unis).

Sauf que la rue grecque ne se laisse plus impressionner par les états d’âme des journalistes. La Grèce, l’Europe, les États-Unis, la géopolitique, c’est certes important. Cela étant dit et sous l’exacte lourdeur de l’ordinaire grec, les sondages récents, commandés par le Parlement Européen, indiquent que seulement pour 38% des Grecs, la participation de leurs pays à l’Union européenne est une affaire positive, soit vingt points de moins que ce que répondent à la même question, les autres… sujets de l’Empire européiste, presse grecque du 18 octobre . Boue transitionnelle encore!

Heureusement qu’au moins la météo de la semaine nous est plus largement… familière que presque tout le reste. Au quartier de la Pláka, la vue sur l’Acropole s’offre inlassablement à la belle fenêtre si possible ouverte.

Au même moment, Régions, Municipalités et entreprises organisent de temps à autre leurs “Semaines du goût et de la gastronomie”, à l’instar de celle organisée au sujet de la cuisine de Thessalonique. Le marketing y est, le cœur non. Travailleurs, saisonniers ou pas, et passants, en sortent le plus souvent les visages assombris, marqués par l’amertume et par l’horizon obstrué en cette… huitième année de la dite “crise grecque”. Pauvre cuisine!

“Nous sommes en train de couler – Aidez-nous”, peut-on lire sur une affiche de l’intersyndicale du personnel hospitalier du secteur public, ou encore: “La Justice a adopté un animal de compagnie” ; graffiti plus… ésotérique on dirait que l’on découvre ce dernier temps sur certains murs d’Athènes. La rue grecque et ses états d’âme.

Gastronomie de Thessalonique. Athènes, octobre 2017
Fenêtre ouverte. Pláka, Athènes, octobre 2017
Vue sur l’Acropole. Athènes, octobre 2017
“Nous sommes en train de couler”. Affiche, Athènes, octobre 2017
“La Justice a adopté un animal de compagnie”. Athènes, octobre 2017

Athènes commémore sa libération… celle d’octobre 1944. Les musiciens de bouzouki, comme du chat rebétiko peuvent certes parfois rire, sauf que ce n’est guère souvent le cas. Sous l’Acropole exactement, si l’on tend bien l’oreille, on discerne que pour ces “musiciens” de rue, vivre et survivre n’est qu’une affaire de notes à peine audibles, et leurs notes, elles ne sont pas fausses. Et pourtant…

Nos touristes, certes bienveillants prennent alors ce spectacle que pour du folklore. Admirable pays, beau soleil, pêche à la ligne, marbre antique retravaillé et réutilisé dans les murs des églises, puis, ces… fresques murales ajustées à notre historicité naissante. Réalités grecques dépourvues d’horizon de temps. Vingt-et-unième siècle entamé, s’embourbant dans notre boue transitionnelle. En Grèce comme ailleurs. La prochaine décennie, aura pour tâche historique de faire accoucher un monde qui refuse encore de naître… tempête du pire.

Fresque… Athènes, octobre 2017

Il n’y aurait en plus, plus matière… à innover, pour ce qui relève des attitudes humaines en tout cas. Sauf peut-être via… le métanthropisme, ultime trouvaille et alors ultime temps du travail humain, quelque part déjà réellement existants.

De nombreux Grecs se voient ainsi notifier en ce moment même, leur mise à mort économique (et parfois, mise à mort tout court), à force de ne plus pouvoir faire face aux besoins, et encore moins au dépenses santé. Ces scènes se déroulent dans les milliers cabinets d’avocats, non plus pénalistes, mais désormais spécialistes des… dossiers déposés en vue de la sortie à la retraite de leurs clients.

Les lois et réglementations qui leur sont relatives changent deux à trois fois par an ; ainsi, la dernière loi-cadre datant du mémorandum Tsipras et du Ministre “de gauche” Katroúgalos (2015-2016), ont paupérisé l’ensemble des futurs retraités du pays, transformant les pensions en (faible) revenu minimum d’existence, (au mieux, de 400€ par mois).

Athènes commémore sa libération… celle de 1944. Athènes, octobre 2017
Musicien sous l’Acropole. Athènes, octobre 2017
Pêche à la ligne. Sud d’Athènes, octobre 2017
Marbre ancien. Athènes, octobre 2017

Réalités grecques dépourvues ainsi d’horizon de temps. La fin du travail massif, son non-remplacement, si ce n’est que par le néant, supposons innovant et abouti. Ce qui est déjà nommé ou accompli à moitié, puis, ce non-dit à travers la grammaire… quelque part apocryphe des cercles dominants.

Discours, forcément sur l’avenir de l’Europe, l’européisme et autres foutaises, tout cela, jusqu’au jour où notre mutation (et celle des générations présumées futures) s’accomplira, au-delà l’actuelle boue transitionnelle… Quelle hypothèse!

Cela dit, à Athènes sous la dite “crise” (en réalité mutation), il y a ces nouveaux bistrots qui apparaissent à la place des ateliers tombés en désuétude il y a plus de deux décennies. De même, que pour ce qui est des boutiques prêchant l’homme métanthropisé: réel, symbolique et dans un sens, marchandisé et gadgétisé. Un certain peuple s’y met… et s’y soumet.

L’homme… nouveau. Athènes, octobre 2017
Athènes, nouveau café. Octobre 2017

Piqure de rappel. Journal du poète Yórgos Seféris: “Jeudi, 18 août 1949. Nouvelles de Californie: Le benthoscope d’Otis Berton est arrivé à 1.370 mètres. Nombreux poissons rencontrés dans les grands fonds dont la luminosité était aveuglante… Il se plaignait du froid intense qui régnait dans le benthoscope. Il me semble que c’est bien l’épiderme de la mer que nous aimons, lorsque nous disons que nous aimons la mer.”

L’épiderme de la mer, comme peut-être finalement, l’épiderme du temps. Réalités grecques (et autres) dépourvues d’horizon. Vingt-et-unième siècle entamé, boue transitionnelle. Tout est pareil et en même temps tout change ! Espoir ?

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Migration. «Le mythe du migrant adulte a la vie longue»

Publié par Alencontre le 12/10/17 Par Lorraine Kihl

Le mythe du migrant adulte [en Belgique et ailleurs] se faisant passer pour un ado afin de profiter du système a la vie dure. Et alimente largement la haine antimigrants. Mais qu’en est-il réellement? D’après les chiffres officiels, moins d’un tiers des personnes se déclarant mineurs non accompagnés sont finalement reconnues majeures (voir ci-dessous). Pour la plupart, il s’agit de très jeunes adultes croyant de bonne foi avoir moins de 18 ans ou en quête de protection, sachant leur majorité proche. Selon un rapport que présente ce mercredi la Plateforme mineurs en exil, il y a aussi lieu de s’interroger sur nombre de cas de jeunes désignés à tort comme des adultes.

Pour faire le tri entre mineurs et majeurs, les autorités belges ont fait le choix d’un triple test «médical» qui consiste en des radiographies de dents, de la clavicule et du poignet. Les médecins comparent les radios des os à des bases de données montrant le degré de fusion que le cartilage doit avoir à tel ou tel âge. Même principe pour les dents. Une méthode certes scientifique, mais qui n’a rien d’une science exacte.

Exemple: les tables élaborées pour la radio du poignet sont issues d’examens pratiqués dans les années 1930 auprès d’une population américaine ayant un niveau socio-économique élevé. Or, diverses études ont depuis prouvé que les différences ethniques et d’habitudes de vie pouvaient altérer ces stades de croissance. Sans parler des variations hormonales d’un individu à l’autre ou de grossesses susceptibles de provoquer des modifications osseuses chez les jeunes femmes. De sorte que la marge d’erreur se compterait non pas en mois mais en années. Deux, trois ans?

«Les tests sont fiables mais pas de façon absolue, malheureusement, reconnaît l’expert légiste, Philippe Boxho (Université de Liège), qui défend la pratique. Le problème, c’est qu’on essaie d’identifier une personne unique au sein d’une espèce multiple. Pour être plus fiables, les échantillons devraient venir de personnes issues de la même ethnie, vivant dans les mêmes conditions. Ce qui est impossible.»

Si le médecin légal estime suffisante la fiabilité des tests, le rapport de la «Plateforme mineurs en exil» la crucifie, dénonçant des marges d’erreur largement sous-estimées, sans parler du risque de mauvaise interprétation des résultats. Et il n’est pas le seul.

Pour le Parlement européen, ces techniques médicales sont «inadaptées et invasives» et présentent une «grande marge d’erreur». La Société suisse de pédiatrie affirme quant à elle qu’«aucune méthode scientifique ne permet d’établir précisément l’âge d’un jeune qui se situerait entre 15 et 20 ans afin de définir avec certitude s’il est majeur ou mineur» [1).

Le problème, c’est que les conséquences d’une décision de majorité sont colossales pour les jeunes, certains étant intimement persuadés de leur minorité, se sentant trahis, exposés. «En quelque 8 mois de pratique, sur la trentaine de dossiers que j’ai pu traiter, il y en a 7 pour lesquels les résultats des tests d’âge pourraient très clairement être contestés, témoigne un employé d’un centre d’accueil. Nombreux sont ceux qui ont vu s’aggraver leurs symptômes post-traumatiques. Mais cela complique également la suite de leur procédure. Le mineur va devoir prouver d’autant plus sa crédibilité vu que soi-disant il a menti sur son âge.»

Les tests osseux, «Oh oui, c’est un problème depuis longtemps» , lâche une employée de centre au téléphone. La «Plateforme mineurs en exil» a truffé son rapport de ces témoignages, à l’origine de son action. Des professionnels, pour la plupart, qui sont face à un(e) jeune qui a été déclaré(e) adulte alors qu’ils ont l’intime conviction qu’il s’agit en fait d’un enfant».

Le service des tutelles l’affirme: les décisions ne se basent pas sur l’unique expertise médicale. Les éléments recueillis lors d’un entretien – non systématique – avec la personne, les documents d’identité authentifiés et les observations des travailleurs du centre sont pris en compte. Pourtant il n’est pas rare que des jeunes ayant des documents d’identité authentifiés et des avis psychosociaux attestant d’une probable minorité soient déclarés majeurs.

Pour la «Plateforme mineurs en exil», le problème se pose en fait dès l’émission du «doute» par les autorités, généralement l’Office des étrangers, qui lance la procédure. Cet acte administratif n’est pas motivé. Et pour cause, notent des observateurs: on testerait quasi systématiquement tous les jeunes déclarant avoir entre 16 et 18 ans.

Le rapport plaide donc pour que les procédures d’estimation de l’âge ne soient utilisées qu’en dernier recours, «si un doute sérieux sur l’âge est émis». Le Service des Tutelles devrait ainsi pouvoir écarter si nécessaire le doute émis par l’Office des étrangers. Et surtout adopter une approche multidisciplinaire.

«Ce qu’il faudrait, c’est que le jeune soit pris dans sa globalité, estime la responsable des centres d’observation et d’orientation, Hedwige De Biourge. Le test osseux donne une indication, mais il faut aussi prendre en compte les observations relatives aux jeunes, ses documents, des tests psychosociaux.» (/Article publié dans/Le Soir, /en date du 11 octobre 2017/)/

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1296

En 2016, 1296 migrants se déclarant mineurs ont été testés en raison de doutes émis par les autorités quant à leur âge réel. Parmi eux, 902, soit 69,6% ont été déclarés majeurs. Dans son rapport, la «Plateforme mineurs en exil» s’étonne de la quasi parfaite régularité des proportions 69/31 observées depuis 2014, alors même que les profils des jeunes ont fortement varié.

Si cette proportion de jeunes finalement reconnus majeurs semble importante, il faut la ramener au nombre total de personnes qui se sont déclarées mineures non accompagnées (2927). Ainsi, 30% des mineurs déclarés sont finalement reconnus comme majeurs.

Au total, depuis 2015, 2975 jeunes ont été testés.

200 euros

C’est le prix moyen d’un test osseux. Les tests sont pratiqués dans des hôpitaux universitaires avec lesquels le Service des Tutelles collabore ou à l’hôpital militaire Reine Astrid. Il consiste en des radiographies des dents, du poignet et de la clavicule. Une proposition de la N-VA (La Nieuw-Vlaamse Alliantie, en français, Alliance néo-flamande, droite extrême) vise à faire rembourser le coût de ces tests aux personnes reconnues majeures!

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[1) En juin 2017, Rachad Armanios écrivait: «Les médecins ne devraient pas effectuer d’analyse radiologique du poignet pour déterminer si un requérant d’asile est mineur ou non. La Société suisse de pédiatrie (SSP) a publié il y a quelques semaines cette prise de position dans son journal /Paediatrica/, un article relayé la semaine passée dans le /Bulletin des m//é//decins suisses/. [L’article publié dans la revue médicale Pedatiatrica (vol.27, No 3, 2016) par Georg Friedrich Eich (Aarau) et Valérie Schwitzgebel (Genève) peut se lire en format PDF à l’adresse suivante: http://www.swiss-paediatrics.org/sites/default/files/29_4.pdf]

En plus de n’être ni scientifiques ni fiables, ces tests osseux enfreignent la déontologie médicale, selon la SSP, rappelant que plusieurs sociétés et académies internationales de pédiatrie ont déjà pris une telle position. En 2016, les Sociétés suisses de radiologie pédiatrique ainsi que d’Endocrinologie et diabétologie pédiatrique s’étaient également érigées contre ces tests. En Suisse, lorsque les autorités ont un doute sur l’âge d’un jeune requérant, elles peuvent demander une analyse radiologique du poignet et de la main afin de vérifier la maturation du squelette. En 2015, plus de 2700 mineurs non accompagnés ont demandé l’asile en Suisse (2000 en 2016) et 1034 ont été soumis à cette analyse, selon un article de Swissinfo.ch. Lequel évoque une estimation du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM): dans environ 40% des cas, les requérants se présentant comme mineurs seraient en fait des adultes et donc enregistrés comme tels.

L’enjeu est de taille. Car le renvoi d’un mineur dans le premier pays d’accueil (selon le système Dublin) est interdit et celui dans le pays d’origine quasiment impossible, selon Laeticia Isoz, juriste à Genève dans l’association de défense des requérants Elisa-Asile. Quant aux adolescents considérés comme majeurs à leur arrivée en Suisse, ils ne bénéficient pas de l’encadrement réservé aux plus jeunes: foyer adapté aux mineurs avec éducateurs, protection par un tuteur et surtout accès à l’école ou à une formation leur permettant de se projeter dans l’avenir.

«Les chances de s’intégrer et de faire preuve de résilience sont beaucoup plus importantes chez un adolescent qui a accès à un encadrement adapté que s’il est livré à lui-même dans un abri PC et déscolarisé», insiste Sarah Depallens, pédiatre spécialiste en médecine de l’adolescent au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), et l’une des auteures de l’article de /Paediatrica/. Les professionnels de la santé ne doivent donc pas se positionner, car une mauvaise interprétation peut avoir de très lourdes conséquences, ajoute-t-elle.

D’autant que la méthode ne permet aucune certitude. La croissance osseuse et la présence de cartilage de croissance sont analysées sur la base de l’Atlas de Greulich et Pyle, réalisé à partir d’un échantillon d’enfants blancs et en bonne santé aux Etats-Unis dans les années 1940. La méthode ne tient compte ni du contexte ethnique et socio-économique des requérants d’asile, ni des études récentes qui démontrent un avancement du début de la puberté chez les adolescents. Surtout, cette méthode a été conçue pour évaluer l’âge biologique – quel degré de maturité a été atteint – et non chronologique – la date de naissance. Enfin, ces examens restent très approximatifs, surtout pour les 15-20 ans. Un jeune homme de 17 ans en bonne santé peut avoir un âge osseux qui varie entre 15 et 19 ans.

Non seulement la déontologie médicale interdit le recours à des méthodes discutables, mais elle exige aussi que les examens répondent à un besoin thérapeutique, insiste la Société suisse de pédiatrie. Dans ces conditions, et même si la dose est faible, pas question d’irradier des requérants avec des rayons ionisants potentiellement cancérigènes.» (Publié sur le site /Asile.ch/)

Migration. «Le mythe du migrant adulte a la vie longue»

La crise grecque a rapporté 7,8 Milliards d’euros à la BCE

Les quelque 7,8 milliards d’euros d’intérêts perçus par la BCE sur la dette grecque devaient être reversés à Athènes, mais les versements ont cessé en 2015.

Débat entre Eric Toussaint, porte-parole du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, et Constantin Stephanou, professeur en droit économique international et européen à l’Université Panteion d’Athènes.

https://www.rts.ch/play/radio/forum/audio/la-crise-grecque-a-rapporte-78-milliards-deuros-a-la-banque-centrale-europeenne?id=8974454&station=a9e7621504c6959e35c3ecbe7f6bed0446cdf8da

SOS Méditerranée : non la situation ne s’est pas arrangée

Edito du 17/10/17

Chers amis,

La diminution des traversées pendant quelques semaines a suffi à détourner l’attention de la Libye et des décomptes macabres en Méditerranée. Trop rapidement certains se réjouissent en pensant qu’une solution a été trouvée et espèrent voir l’urgence s’éloigner.

Mais comment y croire ? Ceux qui ont réussi à fuir décrivent toujours le chaos et l’horreur des trafics humains qui règnent en Libye. Les équipes de l’Aquarius vivent des situations inédites comme par exemple le nombre de mineurs qui représentaient 40% des rescapés des sauvetages opérés la semaine dernière.

Plus que jamais nos capacités doivent être renforcées et nous sommes très heureux d’annoncer la création d’une nouvelle entité de SOS MEDITERRANEE, en Suisse, qui vient compléter le réseau européen déjà constitué par les trois associations française, allemande et italienne. Grâce aux spots publicitaires bientôt diffusés sur les chaines de télévision dans le cadre du label « Grande Cause Nationale » qui nous a été décerné cette année, nous espérons également sensibiliser le plus grand nombre à l’horreur qui se déroule aux portes de l’Europe.

Ensemble poursuivons notre mission, ensemble venons au secours de celles et ceux qui risquent leur vie en Méditerranée.

Lire le Journal de Bord Aquarius 7 opérations de sauvetage oct 2017

CR réunion collectif du 9 octobre 2017

Réunion du collectif « Citoyens contre l’austérité en Grèce et en Europe » du 9/10/2017

Présents : Christine, Marie-Claude, Béatrice, François, Max

Excusés : Liliane, Georges

1) Convoi solidaire vers la Grèce organisé par le collectif Anepos

Le prochain départ pour la Grèce aura lieu le 14 novembre.

Nicolas qui avait déjà fait le voyage au mois de mars repartira encore cette fois-ci. Nous pourrons donc lui confier les marchandises que nous aurons collectées. Il y aura aussi une camionnette qui vient de Suisse.

Collectes prévues les 18 et 25 octobre de 14h30 à 16h30 sur le parking derrière la MC2 ( volontaires Max et Christine, … ). Pour les personnes qui ne pourraient pas à ces heures là possibilité d’envoyer un message sur l’adresse du collectif qui cherchera une solution.

Le fruit de ces collectes sera stocké dans le garage de François.

Un tri sera nécessaire pour séparer la nourriture, les produits d’hygiène, le lait pour bébé …

La livraison à Nicolas pourrait se faire le 6 novembre, à cette occasion l’on pourrait rencontrer les copains de Savoie et de Haute Savoie et pourquoi pas autour d’un buffet … à voir.

Envoyer l’Information sur les lieux et heures de collecte : associations de Pontcharra et de St Martin d’Uriage, Trièves, le Tamis, le PG, le CIIP, listes du Cadtm et d’Attac, le site internet, un message spécifique envoyé aux destinataires de la newsletter, sur le site d’Anepos…

2) Pièce Alexis et Yannis

Réponse négative du Théâtre Ste Marie d’en bas avec comme argument un coût trop élevé de mise en œuvre. Le seule demande qui sort un peu de l’ordinaire dans la fiche technique envoyée par le réalisateur est le matériel de sur-titrage (la pièce est jouée en grec). D’après le réalisateur et des professionnels du secteur il existerait des dispositifs peu coûteux. Quand on aura plus d’infos, nous recontacterons l’administratrice.

3) Festival des solidarités (ex semaine de la solidarité internationale)

Nous pensions pouvoir nous insérer dans ce festival pendant la semaine du 6 au 9 novembre, sur le thème des migrants en Grèce mais aussi à Grenoble mais faute de salles disponibles nous abandonnons le projet.
Nous avions les témoignages des jeunes étudiantes qui sont allées à Athènes dans les lieux (essentiellement des squats) où se trouvent les réfugiés (City Plaza, Exarchia …). Même si la soirée ne peut pas se faire pendant le festival le projet n’est pas pour autant abandonné. Message à faire aux étudiants ( Christine).
Pour le reste (pièce de théâtre, groupe de musique, lieu) nous n’avons pas réussi à avancer, mais ce n’est que partie remise !

4) Les film que l’on pourrait projeter (pistes)

– AGORA de Yorgos AVGEROPOULOS il semble n’être pour l’instant que sous-titré en anglais. Contacter le producteur pour savoir s’il y a une version sous-titrée en français et ensuite voir les conditions de projection ( Christine)
– le prochain film de Yannis Youlontas
– documentaires et animations sur la dette grecque du CADTM
– un film de Philippe Menut (réalisateur de la tourmente grecque) Voir s’il s’agit d’un nouveau film ou une mise à jour de la tourmente grecque ( Max).

5) Retour visite chez les Viome à Thessalonique : Le 13 septembre 2017, Christine a déposé 3 cartons de produits pharmaceutiques et un déambulateur au dispensaire qui se trouve dans les locaux des Viome . Elle en a profité pour échanger avec eux et propose de faire un petit compte rendu commun avec Matthéos qui lui également a déposé des produits en juillet .

6) Prochaine réunion du collectif : la date pour novembre n’est pas arrêtée car le collectif sera mobilisé sur le convoi solidaire.

 

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