Grèce: Non au 4e mémorandum

Grèce: « Non au 4e mémorandum. Monnaie nationale et programme révolutionnaire citoyen MAINTENANT « . Par Dimitris Stratoulis

Traduction Vanessa de Pizzol

Gouvernement et représentants des créanciers préparent au Hilton le 4e mémorandum impliquant notamment des mesures anti-populaires en surnombre et aucun nouveau financement pour le pays après 2018.

Mais avant le quatrième mémorandum, ils vont trouver un compromis dans le cadre de ce qu’on appelle l’accord technique sur les conditions préalables de la 2e évaluation, lesquelles sont à la fois antisociales pour le peuple et catastrophiques pour le pays. Ces dernières comprennent l’accélération des privatisations et l’achèvement du bradage des biens publics, la démolition plus importante encore des relations du travail, la facilitation des licenciements collectifs, la réduction du syndicalisme et du droit de grève, la dissolution du secteur public énergétique et notamment de la DEI[1] ainsi que leur cession pour une bouchée de pain à des intérêts économiques étrangers essentiellement spéculatifs.

Concernant le quatrième mémorandum, il comprendra des mesures meurtrières, sur lesquelles on va prélégiférer dès maintenant pour une application après 2018, en particulier l’abaissement drastique du plafond des revenus non imposables, une nouvelle réduction – un véritable carnage – de 10 à 45 % des principales retraites aujourd’hui versées, avec suppression de la fameuse différence individuelle de traitement entre anciens et nouveaux retraités, tout ceci conduisant à une paupérisation encore plus grande de la population dont les revenus et les retraites sont modestes.

Le gouvernement, pour faire passer la pilule et endormir le peuple, promet d’encourager les contre-mesures positives, qui ne pourront suppléer, ne serait-ce que de façon minime, aux pertes qui affecteront surtout les revenus populaires les plus modestes, et qui ne seront appliquées que si notre pays, après 2019, va au-delà d’excédents annuels primaires monstrueux (3,5% du PIB) qu’il faudra malheureusement envisager sur une période longue, comme l’a déjà établi le gouvernement.

Toutes ces mesures barbares antisociales et régressives qui vont accompagner la deuxième évaluation, ainsi que les excédents primaires d’un niveau intolérable exigés jusqu’en 2028, conduiront non seulement à un appauvrissement encore plus important de la société, mais aussi à une impasse économique irrémédiable.

Il existe cependant une autre voie que celle de la misère engendrée par les mémorandums et de la transformation de notre pays en colonie et protectorat des créanciers, notamment de la zone euro allemande. Cette voie alternative passe par la sortie de la prison « zone euro », par l’adoption d’une monnaie nationale, qui s’accompagnera d’une interruption du remboursement et d’une remise en cause de la dette publique, ainsi que par un programme de reconstruction de la production du pays, un programme révolutionnaire, populaire, anti-mémorandaire et de développement.

Avec la monnaie nationale, nous pouvons renforcer la base de production de notre pays en injectant les nécessaires et suffisantes liquidités (financement) dans l’économie et la société grâce à des conditions favorables et des taux faibles, possibilité actuellement inexistante dans l’euro.

Nous voulons destiner ces fortes liquidités (financement) à l’économie pour réaliser des investissements productifs et à la société pour lutter contre la pauvreté, satisfaire les besoins sociaux, soutenir et fortifier les principaux secteurs économiques.

La monnaie unique sera mise en place par un financement via la Banque de Grèce, qui repassera sous contrôle du secteur public et du gouvernement, via les banques qui seront deux fois plus nationalisées par rapport au programme actuel d’investissement public, mais aussi via le soutien des petites et moyennes entreprises et des agriculteurs pour améliorer la production primaire et la transformation.

C’est dans ce cadre qu’aura lieu la politique prioritaire pour la reconstruction des entreprises sous contrôle public et le soutien aux entreprises coopératives et aux clusters, mais aussi à celles qui créeront des emplois, respecteront la législation en matière de travail et d’environnement et contribueront au développement de la recherche, de l’innovation et des nouvelles technologies, au plan de développement démocratique et à la transformation de la production dans l’économie.

Le but de cette transformation de la production vise à une amélioration productive et technologique du pays, une augmentation des emplois et par conséquent la lutte contre le chômage, le soutien et l’élargissement des conquêtes des travailleurs.

La monnaie nationale sera dans le même temps mise à profit pour améliorer les politiques sociales, recapitaliser les fonds d’assurance, soutenir et renforcer les salaires et les retraites, notamment le salaire minimum et la retraite minimum. Également, pour aider les personnes handicapées, les chômeurs, lutter contre le chômage et la pauvreté et favoriser les dépenses publiques et sociales.

Le passage à la monnaie nationale et l’application d’un programme en faveur du peuple et anti-mémorandaire de sortie de crise n’aura rien d’une promenade de santé. Mais il s’agit de la seule voie possible pour empêcher que le peuple grec ne continue de s’enfoncer dans la misère et pour récupérer la souveraineté nationale et populaire.

Affronter les difficultés, qui seront cependant bien moindres que celles que nous connaissons aujourd’hui dans le cadre des mémorandums installant une austérité éternelle, suppose une volonté politique forte, un projet structuré et un soutien combatif porté par un peuple bien informé et la solidarité entre les peuples de l’UE.

La constitution d’un large « front » politique et électoral des forces de gauche, anti-mémorandaires, révolutionnaires, patriotiques, et la désignation d’un gouvernement analogue, constitue la seule garantie de la promotion réussie d’un programme anti-mémorandaire au bénéfice du peuple et particulièrement des nouvelles générations.

*Dimitris Stratoulis est membre du bureau politique de l’Unité Populaire – ancien ministre chargé de la Sécurité sociale.

**Cet article a été publié sur Kontra News (édition dominicale du 5/03/2017)

[1] Entreprise Nationale d’Électricité.

https://unitepopulaire-fr.org/2017/03/19/grecenon-au-4e-memorandum-monnaie-nationale-et-programme-revolutionnaire-citoyen-maintenant-par-dimitris-stratoulis/

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