Démasquer le mythe de la « bonne gestion » du coronavirus en Grèce

par A. Sartzekis sur NPA

Ces derniers jours, une grande partie de la presse française a tressé de nombreux éloges à Kostas Mitsotakis, le Premier ministre grec, pour sa gestion de l’épidémie en Grèce, où ce dimanche, le nombre de morts n’est « que » de 144, pour un pays de 11 millions d’habitantEs.

Cette « bonne gestion » relève en grande partie du mythe ; d’abord parce que les chiffres sont aussi bas dans presque tous les pays de la région ; ensuite parce que, même si la droite a pris à temps des mesures de prudence1, c’est la chance qui a permis d’éviter jusqu’à maintenant une explosion de cas dans les camps-prisons pour les réfugiéEs et les prisons, et bien sûr c’est le travail intense des soignantEs qui a permis aux hôpitaux de faire face. Mais, comme en France, le personnel hospitalier refuse les discours hypocrites sur les « héros » et, le 28 avril, il s’est de nouveau largement mobilisé dans tout le pays. Augmentation des lits de réanimation, embauche de personnel permanent, réquisition immédiate des cliniques privées, fourniture du matériel nécessaire dans tous les lieux de santé publics, paiement des gardes : les « héros » rappellent entre autres qu’ils et elles n’ont pas été payés depuis sept mois pour ces gardes, et que celles-ci se sont multipliées ces derniers mois…

La droite des copains et des coquins

L’image de ministre prévoyant, dépeinte dans la presse française, rend service à Mitsotakis, qui en aura encore plus besoin pour les mois qui viennent, la crise économique ne pouvant que s’aggraver, ce qui accentuera les tendances lourdes à l’œuvre avant même la crise sanitaire : renforcement de la répression et du pouvoir de la police, comme on vient de le voir avec un motard du gouvernement, un mini-Benalla, qui a agressé un jeune ; confiscation de la parole publique, avec une grande partie de la presse écrite et audiovisuelle aux mains des requins financiers amis de la droite. La télé publique, pendant une dizaine d’années lieu de la parole critique, est (re)devenue la voix de son maître… Et, bien sûr, Mitsotakis gouverne pour satisfaire le patronat, avec son organisation SEV, qui vient d’obtenir que les patrons puissent se prêter leurs salariéEs en fonction de leurs besoins ! Mais en même temps, ce gouvernement affairiste exploitant la situation pour son propre compte multiplie les scandales, la presse aux ordres tentant de les étouffer : 36 millions étaient prévus pour des prétendus organismes de formation, dispensée à des employéEs en chômage partiel, mais ces organismes se sont révélés être proches de la droite, et même du ministre du Travail ! La mesure a dû être annulée… Autre exemple : l’importation de Chine de deux lignes de fabrication de masques par deux sociétés proches de la famille Mitsotakis…

Les masques n’étouffent pas la colère

Face à cela, des mobilisations ont lieu, par exemple contre la réforme élaborée par la très réactionnaire ministre de l’Éducation. La journée du 1er Mai représentait un enjeu important, alors que le gouvernement voulait la déplacer… le 9 mai. Pas question pour les syndicats et la gauche ! Malgré l’interdiction, plusieurs milliers de manifestantEs se sont rassemblés le 1er Mai, à Athènes et à Thessalonique, et sous forme de petits rassemblements ici et là. Un grand succès pour le mouvement social dans les conditions actuelles ! Cela reste à renforcer, et dès cette semaine, des dizaines d’associations environnementales et la gauche anticapitaliste appellent à se rassembler devant le Parlement : un effroyable projet de loi y sera discuté, qui permettrait de supprimer de nombreuses mesures de protection de l’environnement, pour laisser le patronat rapace et le secteur privé polluer en toute impunité virale ! À l’heure où même le KKE (PC), resté fort stalinien, fait désormais campagne sur le mot d’ordre « socialisme ou barbarie », on criera demain très fort : écosocialisme ou barbarie !

À Athènes

Source https://npa2009.org/actualite/international/demasquer-le-mythe-de-la-bonne-gestion-du-coronavirus-en-grece

rédaction

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