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Archives de catégorie Luttes- Changer le système

Entretien avec Emmy Koutsopoulou

Dans un précédent article nous faisions état d’une mesure de licenciement à l’encontre d’Emmy Koutsopoulou, http://www.infoadrets.info/grece/solidarite-avec-emmy-koutsopoulou/psychiatre grecque, responsable de l’unité d’addictologie à l’hôpital oncologique d’Athènes, limogée de son poste par la direction de l’organisme grec de lutte contre la drogue – OKANA .

Il apparait que les décisions administratives prises à son encontre relèvent du domaine de la persécution politique, syndicale et professionnelle.

Pour connaitre son engagement voici une vidéo d’un entretien suite à une rencontre avec elle réalisée en été 2016 à Athènes. 

Aider un migrant un acte de défense des droits humains

Amnesty international | Condamnation d’une défenseuse des migrants tessinoise « Ni trafiquante, ni délinquante, mais défenseuse des droits humains! »

Suite au jugement rendu par le Tribunal pénal jeudi 28 septembre, qui condamne une défenseuse des migrants tessinoise, Amnesty International s’inquiète de la condamnation de personnes dont la seule motivation est de porter assistance aux personnes migrantes et réfugiées sans rechercher d’autre contrepartie que de voir les droits humains respectés.

Selon le droit international, le trafic de migrants implique d’en retirer un bénéfice matériel ou financier, pas moral. Et selon ces mêmes règles internationales, qui lient les autorités suisses, l’État doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les personnes ou associations qui œuvrent à la protection des droits humains et qui en dénoncent les violations. Dans son rapport « Italie : Expulsions illégales et violences à l’égard de migrants », publié en 2016, Amnesty International a fait état des pressions de l’Union européenne (UE) visant à inciter l’Italie à durcir le ton contre les personnes réfugiées et migrantes. Or, ces pressions ont débouché sur des expulsions illégales et des mauvais traitements susceptibles de constituer des actes de torture dans certains cas. Malgré ces carences du système d’asile italien dénoncées par Amnesty International, des organisations de la société civile ont indiqué que durant la seconde moitié de 2016, les autorités suisses avaient procédé à des renvois forcés illégaux vers l’Italie, qui concerneraient plusieurs milliers de demandeurs d’asile, dont plusieurs centaines de mineurs non accompagnés. Certaines de ces personnes avaient des proches établis en Suisse.

C’est dans ce cadre-là qu’Amnesty International s’inquiète du jugement rendu par le Tribunal pénal de Bellinzona ce jeudi 28 septembre, qui a reconnu Lisa Bosia Mirra coupable d’incitation répétée à l’entrée illégale et l’a condamnée à une peine pécuniaire avec sursis. Ce jugement ouvre la voie à la condamnation de multiples personnes dont la seule motivation est de porter assistance aux personnes migrantes et réfugiées sans autre contrepartie que de voir les droits humains respectés.

« Ni trafiquante, ni délinquante, Lisa Bosia Mirra est avant tout une défenseuse des droits humains », souligne Denise Graf, experte asile pour Amnesty International en Suisse. « Car il s’agissait bien de protéger les droits violés des mineurs et autres personnes vulnérables, qui étaient confrontés à l’inaction, aux défaillances et même aux atteintes à ces droits, portées par les autorités suisses et italiennes. » Lisa Bosia Mirra a porté assistance, avec son association Firdaus, à des migrants et des migrantes qui étaient bloqués dans le parc devant la gare S. Giovanni à Côme en raison des contrôles de frontière systématiques introduits par les autorités suisses. L’aide consistait à leur apporter de la nourriture, à établir des dossiers pour les mineurs non accompagnés en vue d’une entrée en Suisse, en contactant des membres de leur famille basés en Suisse, et à un soutien à des personnes particulièrement vulnérables pour entrer en Suisse ou se rendre en Allemagne.

Nadia Boehlen Porte-parole d’ Amnesty International Section suisse

Retrouvez ici  l’article “Les critères éthiques de la résistance”, qui présente une réflexion sur les problèmes liés à nos engagements en matière d’asile, et en particulier sur la question de l’attitude à adopter à l’égard du cadre que nous impose la politique de l’État dans ce domaine. Cet article de Pierre Bühler, professeur à la faculté de théologie à l’université de Zurich, est paru dans le numéro 130 de la revue Vivre Ensemble.

Pour info, Lisa Bosia Mirra organise une longue « Marche pour les droits et la dignité humaine » en Suisse, qui débutera en octobre. Plus d’informations ici:

http://www.sosf.ch/fr/sujets/divers/informations-articles/bainvegni-fugitivs-marsch.html

Un autre regard sur la visite d’E.Macron à Athènes

le 7/9/17 publié par  
 Manolis Glezos : Je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx

La France, son peuple, les luttes du peuple et ses représentants ont toujours été les bienvenus pour le peuple grec.

Je me souviendrai toujours de l’énorme contribution de la France officielle, sous le Général De Gaulle, et du peuple français, qui ont empêché l’exécution des peines de mort qui nous avaient été infligées par le régime grec qui a suivi la guerre civile.

Mais, la visite d’aujourd’hui présente une différence majeure.

Aujourd’hui, c’est le droit du plus fort qui s’impose.

La Grèce impuissante, grâce aux mémorandums, accueille en tant qu’investisseurs l’invasion financière la plus cynique, en la personne d’un groupe  qui accompagne le président français.

Les infrastructures qui n’ont pas encore été cédées, sont dans la file d’attente.

Nous ne vendons pas, nous bradons.

Ils n’investissent pas, ils augmentent leur propre richesse en suçant toute trace de vie du peuple grec.

Simple bilan, simples mathématiques.

Et tout cela sous le régime d’un chantage inédit du point de vue historique.

Avec l’épée du maître-chanteur sur la table, qu’accompagne un cynique “Vae Victis” (Malheur aux vaincus).

Rien ne peut modifier l’estime que nous nourrissons pour le peuple français.

Mais, nous n’accepterons pas comme faits accomplis ce qui sera convenu entre les groupes d’entrepreneurs qui accompagnent le Président de la République Française et le Premier ministre de Grèce.

C’est pourquoi je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx.

Manolis Glezos

Athènes, le 7 septembre 2017

Voir l’article complet et les autres photos  Manolis Glezos : Je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx

le texte original en grec http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=21454

le 7/7 Par Constant Kaimakis  MACRON VIENT SE FAIRE VOIR CHEZ LES GRECS …« ΜΑΚΡΟΝ, ΜΑΚΡΙΑ! » (MACRON, DÉGAGE! )

La venue de Macron en Grèce s’est déroulée dans une Athènes transformée en véritable forteresse. Centre ville bouclé, tous les sites français sous haute protection policière, plus de 2000 policiers mobilisés, des centaines de flics en civil, hélicoptères, l’État grec n’avait pas lésiné pour « sécuriser » la visite du Président français et empêcher toute sorte de manifestation… La venue de Macron en Grèce a provoqué de vives réactions et à la même heure 2 manifestations étaient prévues dans Athènes. Jouant sur les mots ( Macron , phonétiquement, veut dire « loin » en grec… ) les manifestants ont pris pour slogan : « MACRON, LOIN! … MACRON, DÉGAGE! » 
Symbole fort de cette 1 ère journée de visite de Macron à Athènes, les discours de fin de journée avaient lieu sur la colline du Pnyx au centre d’Athènes, située à l’ouest de l’Acropole et surplombant l’ancienne Agora. Malgré les interdictions de manifester prises par le pouvoir grec, la manifestation prévue en fin d’après midi souhaitait se rendre en cortège au Pnyx. Malgré une imposante force policière anti-émeute, elle a pu se former mais a été réprimée par les MAT ( CRS) qui ont frappé des militants de LAE ( Unité Populaire) et ont gazé les manifestants ( cf Photos et vidéos) . Panagiotis Lafazanis , secrétaire général de LAE a déclaré que les interdictions de manifester « rappellent des temps sombres qu’a connu le pays . Nous avons bravé les interdictions et nous nous sommes retrouvés dans la rue pour protester contre la visite du président français, qui est ici comme un agent avec une délégation d’ hommes d’affaires pour saisir ce qu’il peut être vendu dans ce pays. » 
Manolis Glezos, l’infatigable résistant, a refusé l’invitation officielle de se rendre à ce qu’il a qualifié de « profanation du Pnyx » par des « people » et des « affairistes » plus cyniques que jamais!

Vidéo manif de LAE : https://www.pscp.tv/w/1MYxNXqymvzGw
https://youtu.be/WI4QeasA-BY

Demain, pour son 2 ème jour de visite, Macron sera accueilli à Thessalonique par une manif des salariés de la Sté des eaux de Thessalonique (ΕΥΑΘ) qui protestent contre la réunion, qualifiée de « grande braderie » , prévue avec le gouvernement grec et les entrepreneurs français qui accompagnent Macron Voir les photos https://www.facebook.com/constant.kaimakis/posts/1952040198397531?pnref=story

le 8/9 par Yannis Youlontas http://blogyy.net/2017/09/07/desintox-le-voyage-en-grece-de-macron/

 

 

Quelle alternative anticapitaliste au rouleau compresseur de l’Union européenne ?

Revue mensuelle L’Anticapitaliste n°89 (juillet-août 2017) – Léon Crémieux et Christian Varin

Toute lutte d’émancipation, toute lutte révolutionnaire dans un des pays de l’Union européenne doit prendre en compte la réalité de cette entité. Elle représente un ensemble de structures qui ont pris en grande partie le relais des structures étatiques pour remanier le pouvoir des capitalistes, et représente donc autant d’obstacles aux luttes d’émancipation.

Mais l’Union européenne c’est aussi des centaines de millions de femmes et d’hommes qui subissent la même exploitation et la même oppression, organisée désormais au sein de cette entité. Aussi, toute lutte d’émancipation dans un des pays de l’UE doit tenir compte de ces nouveaux obstacles, des armes dressées par les capitalistes à l’échelle européenne, mais elle peut aussi tenir compte de cette nouvelle force que peut représenter l’action commune, coordonnée, des classes populaires de l’Union européenne.

La construction européenne a été pensée avant tout pour aider les dirigeants d’entreprise du continent (selon l’idéologie postulant que ce sont eux qui portent le progrès). Elle a enfourché, dans les années suivant la Deuxième Guerre mondiale, une aspiration réelle des populations européennes à en finir avec les frontières, les obstacles à la communication et les risques de guerres, et l’a retournée pour bâtir un nouveau carcan. Construite par en haut par un personnel politique dévoué au libéralisme et aux intérêts des grands groupes capitalistes basés en Europe, elle a été une arme économique à leur service, avec une monnaie et un marché unique dynamisant les pays exportateurs et leur ouvrant, dans les années 2000, le marché des entrants d’Europe de l’Est.

Maître d’œuvre de l’agenda néolibéral

Retournant l’une après l’autre les quelques politiques de solidarité commune qui lui avaient été utiles pour légitimer son décollage, dès les années 1980 elle a été maître d’ouvrage pour la mise en œuvre de l’agenda libéral de l’Ecole de Chicago dans tous les pays de l’UE. Les outils antidémocratiques des institutions européennes (Commission et Conseil, Banque centrale) les différents traités (Maastricht, Luxembourg, Lisbonne) ont été et sont les armes de guerre utilisées contre les droits sociaux des classes populaires, acquis au sein des Etats nationaux. Cet attirail a été renforcé en 2012 par le TSCG (Traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance). Ce traité, avec la signature honteuse de Hollande et des députés PS, est un nœud coulant permanent, permettant un contrôle des budgets et des finances publiques de chaque pays de la zone euro. C’est lui qui a cadré les politiques d’austérité visant à juguler les crises des dettes souveraines après 2008.

Confrontée à l’exacerbation de la recherche des taux de profits dans le contexte de faible croissance des dernières années, l’Union s’est consolidée comme proto-Etat, utile pour contraindre chaque gouvernement à des politiques d’ajustement structurel, sous prétexte de réduction de la dette et de discipline budgétaire. La Grèce a subi avec force tous ces mécanismes de régression sociale, ce carcan institutionnel et bancaire (avec le MES, mécanisme européen de stabilité, qui aide et renfloue les banques tout en imposant aux Etats le respect des règles du pacte budgétaire).

Nous avons donc bien affaire à une structure politique et économique cohérente, entièrement dévolue aux intérêts capitalistes, disposant de plusieurs attributs du pouvoir politique et économique, et fonctionnant en totale autonomie vis-à-vis de tout contrôle populaire. En cela toute politique de rupture avec l’austérité se mettrait ipso facto en infraction avec les règles des traités, les impératifs budgétaires fixés au niveau européen. Toute illusion sur des compromis ou des marges de négociations relèvent de l’utopie. Les seuls compromis temporaires possibles ne pourraient être que l’œuvre d’une mobilisation populaire de grande envergure avec la prise de contrôle de tous les outils de contrôle financier, banques, contrôle des changes, la maîtrise des outils de production et de distribution.

Aussi tout programme de rupture doit clairement intégrer ces éléments et leur mise en œuvre doit être réalisée sans délai, dès les premiers pas d’une politique anti-austérité. Toute vision d’une simple victoire électorale parlementaire et de la réalisation d’un programme progressiste, assorti d’une renégociation ferme mais prometteuse à l’échelle européenne, est soit trompeuse soit suicidaire. Car les blocages des institutions européennes n’interviendraient pas seulement en cas de remises en cause des structures capitalistes d’un pays de l’UE, mais dès la simple volonté de remise en cause des plans d’ajustement structurel imposés au niveau européen.

 Un programme d’action qui assume les affrontements

Aussi ne peut-on être qu’en désaccord, partiel ou total avec les démarches que proposent beaucoup de partis qui se réclament du combat contre l’austérité, à l’instar de la FI et du PCF, à l’instar aussi du programme de Jeremy Corbyn ou du dernier document émanant du Parti de la gauche européenne. Dans ces programmes, qui sont le plus souvent des programmes de gouvernement et non d’action pour une mobilisation populaire, n’apparaissent pas les exigences de rupture avec les règles budgétaires de l’UE, de prise de contrôle du système bancaire et des changes. Ils ont au moins le mérite de chercher la voie d’une rupture avec les injonctions des capitalistes européens, et cela engage donc à un débat avec celles et ceux qui les portent.

Un programme anticapitaliste doit conjuguer des mesures sociales anti-austérité, des mesures unilatérales de prise de contrôle de l’ensemble du système bancaire et un contrôle des changes. Il doit aussi impérativement s’adresser aux populations, à toutes les organisations sociales, politiques et syndicales pour une rupture anticapitaliste à l’échelle européenne, pour conjuguer nos forces à l’échelle internationale. On ne peut pas sérieusement envisager un processus dans lequel, en France, un président ou un parti leader jouerait sur les institutions nationales pour une politique plébiscitaire tout en posant ses conditions en Europe, de gouvernement à gouvernement, dans le respect des protocoles et traités actuels.

D’abord, parce qu’un pouvoir anticapitaliste, ou qui voudrait seulement s’attaquer vraiment aux orientations libérales, devrait être basé sur des assemblées mobilisées à tous les niveaux dans un très fort mouvement social de contestation de l’ordre établi et de transformation d’ensemble de la société. Ce mouvement serait immédiatement confronté à une lutte féroce des oligarchies capitalistes française et européenne pour le renverser. Il est illusoire de penser que le patronat « français » pourrait partager les intérêts et les exigences des classes populaires de ce pays face au « pouvoir de Bruxelles » en serrant les rangs autour d’un patriotisme étatique (néogaulliste ?)

La France étant un pilier de l’Union européenne, il faudrait prendre immédiatement les décisions qui apparaîtraient nécessaires en désobéissant aux principes néolibéraux de l’Union européenne, en s’adressant aux peuples par-dessus les gouvernements, en justifiant les mesures prises par l’intérêt des classes populaires de manière à la fois ferme et pédagogique, en refusant toute limitation de mise en œuvre des exigences populaires au nom du respect des principes absurdes de l’euro ou du Traité de Lisbonne – l’enjeu étant de ne pas être totalement ligotés en  quelques semaines !

Il n’existe pas de gouvernements anti-austérité ou antilibéral en Europe et le cadre institutionnel de l’Union amplifie le caractère libéral de cet ensemble politique. Le rapport ne peut donc être que conflictuel dès le premier jour d’un gouvernement anti-austérité. Le dialogue à ouvrir immédiatement ne serait pas avec les autres gouvernements européens ou les instances de l’UE, mais avec les autres populations de l’UE, les mouvements syndicaux et populaires pour agir ensemble. La diplomatie feutrée de Bruxelles ou Strasbourg serait un étouffoir aux antipodes de nos intérêts, alors que se déchaînerait à vive allure la machine de guerre libérale utilisant toutes les armes institutionnelles et bancaires à sa disposition, tout en employant à fond un arsenal de médias dévoués aux intérêts capitalistes.

 Construire des outils européens

La nécessité, probable, de devoir organiser cette lutte d’abord dans le cadre national, ne doit pas faire oublier celle de construire des outils d’organisation et de pouvoir populaire à l’échelle européenne. Il faut donc une assemblée constituante européenne, permettant de coordonner à un niveau international la révolution des peuples européens ayant renversé le pouvoir des puissances d’argent et, par d’immenses débats libres et démocratiques, prenant à bras le corps les problèmes essentiels des populations : donner du travail à toutes et tous, planifier la résolution des crises du logement, de la santé, de l’éducation et de la formation, de l’agriculture, des droits de toutes les couches spécifiquement opprimées.

Une telle construction européenne discuterait des expériences nouvelles et enthousiasmantes des uns et des autres, viserait à aider d’autres ensembles internationaux à se libérer de l’emprise du profit, de la concurrence et de la guerre, et prendrait en charge les questions qui ne trouvent pas de solution au seul niveau national, avant tout liées aux questions d’écologie et d’échanges : transport, énergie, échanges équilibrés, aide au développement pour remplacer la situation de pillage du Tiers-monde par une recherche commune des solutions aux désastres actuels que sont les guerres, la rareté des terres, de l’eau et des matières premières, les pandémies, la destruction de la biodiversité, etc.

Quels que soient les rythmes de mise en place d’une telle assemblée, elles doit être un de nos objectifs dans la mise en place d’un rapport de forces européen, fondé non pas sur des alliances improbables avec les gouvernements en place dans le cadre des institutions actuelles, mais sur l’alliance des classes populaires en Europe pour la mise à bas des institutions actuelles. Par ailleurs, seul un outil de ce type serait à même de débattre et d’élaborer un projet européen précisant le type de lien entre des structures de pouvoir populaire se combinant à différentes échelles – celles des régions, des nations, des Etats, de l’Europe elle-même, et des pays limitrophes à l’Est et au Sud.

Cette idée n’a pas la même matrice que celle mise en avant par exemple par Iglesias dans Podemos, de gouvernements de plusieurs pays européens pouvant dévier tous ensemble la trajectoire de l’UE. L’obtention d’un éventuel compromis temporaire avec les institutions européennes n’aurait éventuellement de sens que dans une dynamique populaire de transformation sociale et démocratique s’affrontant à l’UE. Le débat dans Podemos, avec tout son intérêt et ses limites actuelles, est celui du rapport de forces imaginable pour contraindre les dirigeants de l’Europe néolibérale à reculer.

 Les conditions d’un processus de rupture

Il faudra une sacrée mobilisation d’en bas, difficile à imaginer dans la conjoncture actuelle, pour imposer une autre Europe ! Mais dans un monde aussi mouvant que celui que nous connaissons, on voit comme les choses peuvent changer très vite – pour le pire comme, nous l’espérons encore, pour le meilleur. Dans tous les cas, un projet de rupture dans un pays de l’UE ne peut sûrement pas intégrer dans sa stratégie un appui d’éventuels gouvernements sociaux-démocrates, alors que ces derniers assument comme ceux de droite des politiques libérales et l’acceptation des traités et des règles de l’UE.

Tout processus de rupture devrait prendre, sans attendre de nouvelles discussions dans les institutions de l’UE, les mesures nécessaires même si elles sont contradictoires avec les traités. Il est indispensable de s’émanciper tout de suite des chaînes institutionnelles et réglementaires de l’Union, dès lors qu’elles sont contraires aux exigences sociales de première urgence.

L’expérience grecque montre bien que les dirigeants européens mettraient tout en œuvre pour bloquer un gouvernement anticapitaliste, anti-austérité. Cela impose l’application immédiate d’un programme d’urgence qui impose la prise en main des banques et des échanges financiers. Avec les mesures sociales sur les salaires, l’emploi, les retraites, ce seraient les premières urgences. En cela, évidemment, la rupture serait immédiate avec les traités et les règles communautaires. Et il faudrait être immédiatement prêt à utiliser tous les moyens pour empêcher une asphyxie financière : émission d’euros sans contrôle de la BCE, double monnaie, sortie de l’euro.

Mais la sortie immédiate de l’euro, en tant que telle, n’est pas la réponse miracle. Par contre, il ne devrait y avoir aucune hésitation à la mettre en œuvre dans ce processus. Tout cela ne serait évidemment possible que par une forte mobilisation populaire, créant le rapport de forces suffisant, bloquant toutes les manœuvres de sabotage économique ou politique. Il s’agit de rassembler par des démonstrations pratiques, avec des structures de mobilisation et de débat,  des couches populaires qui, comme on l’a vu en Grèce, ont des a priori différents sur l’UE et l’euro en soi, sous peine de ne pouvoir compter sur une mobilisation populaire majoritaire et offensive, indispensable face à la détermination des possédants.

Ces propositions ne visent pas à s’enfermer avec nos propres capitalistes dans nos frontières reconstruites, cela n’améliorerait en rien la situation des travailleur-se-s du pays. Par contre, les traités et la monnaie ont été mis sur pied par les dirigeants, notamment français et allemands, pour suivre les intérêts des grands groupes industriels et commerciaux. Ces propositions imposeraient un combat au sein de l’espace national et la recherche d’alliances au niveau européen, un message aux autres travailleurs de l’Union européenne pour conjuguer nos forces afin de mettre à bas ce système qui est nuisible pour tous.

L’exemple grec est malheureusement édifiant. Il y avait une contradiction présente dès le départ : mettre en œuvre le programme social de Syriza, même celui édulcoré avancé à Thessalonique en septembre 2014, impliquait un affrontement avec les institutions européennes, la rupture des engagements pris par les gouvernements précédents. Le chemin à suivre était d’appliquer le programme anti-austérité plébiscité deux fois dans les urnes et pour cela de suspendre tout remboursement de la dette et prendre des mesures sociales d’urgence, tout en prenant le contrôle du système bancaire, en se donnant les moyens de mobiliser le peuple grec et les autres peuples européens dont la solidarité était nécessaire.

Tous les pays d’Europe sont aujourd’hui soumis, à un niveau ou à un autre, aux règles de l’UE. Il faut mettre à bas un système et des institutions forgées, construites dans le seul intérêt des grands groupes capitalistes. C’est l’intérêt commun de tous les peuples, de tous et toutes les travailleur-se-s d’Europe. L’UE n’est pas réformable, mais le combat commun contre elle démarre évidemment au sein de l’UE, pour en briser les chaînes. Mettre à bas ce système est possible et indispensable, cela exige de créer un rapport de force dans lequel il faudra l’action solidaire de nous tous et toutes en Europe.

http://www.anti-k.org/2017/08/25/quelle-alternative-anticapitaliste-au-rouleau-compresseur-de-lunion-europeenne%E2%80%89/

Zoe Konstatopoulou aux Universités d’Attac à Toulouse

Attac cherche son équilibre avec le parti de Mélenchon par Elsa Sabado sur Mediapart

Attac réunit son université d’été à Toulouse. Entre la dynamique autour de La France insoumise, qui porte une partie de son programme, et la défense de sa place particulière, à côté, et pas dans le mouvement politique, l’organisation est tiraillée.

Toulouse (Haute-Garonne), envoyée spéciale.-  À presque vingt ans d’âge, Attac a réussi à rassembler 2 000 personnes à son « Université d’été des mouvements sociaux ». Dans les corridors chauds et venteux de l’université refaite à neuf, se pressent militants français, allemands, belges, espagnols, grecs, en lutte contre les multiples conséquences du néolibéralisme. Syndicalistes, écologistes radicaux, militants contre la finance, la dette et l’évasion fiscale, sont venus préparer leur rentrée sociale dans une foule d’ateliers, de forums, de meetings. Et « pour la première fois dans l’histoire des universités d’été d’Attac, il y a un espace ouvert pour parler des relations entre les mouvements sociaux et les partis politiques », relève Annick Coupé, ancienne porte-parole de l’union syndicale Sud-Solidaires, organisation fondatrice d’Attac.

En France, les données de cette rentrée sont particulières. En mai, Emmanuel Macron, représentant de l’exact opposé des valeurs d’Attac, est arrivé au pouvoir. Mais la séquence électorale a surtout vu une montée en puissance de La France insoumise à gauche de l’échiquier français, écrasant le reste des forces politiques sur son chemin. Or, une bonne partie des bataillons d’Attac a mené la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Se pose donc avec acuité la question du rapport entre le mouvement social et le parti politique. D’où ce débat du jeudi 24 août dans l’amphi C de l’université du Mirail.

Le discours que tous attendent dans cette salle, c’est celui d’Éric Coquerel, un des piliers de La France insoumise, engagé depuis des années dans les collectifs unitaires rassemblant mouvements, syndicats et partis sur diverses questions. « Pendant des années, nous avons cherché à construire des alternatives, des mouvements de résistance au libéralisme à travers des cartels d’organisation à gauche de la gauche, sans parvenir à dépasser les intérêts de la somme de nos appareils. Le débat n’est pas le même qu’il y a cinq ans. Aujourd’hui, il n’est pas anodin que des forces de gauche radicale soient en capacité de prendre le pouvoir. Podemos fait 20 %, Syriza est au pouvoir en Grèce, le Labour, en Angleterre, fait de très bons scores. En France, la FI tient ce rôle », avance-t-il. Avant de lister les caractères de son mouvement politique, qui se trouvent être très proches de ceux d’Attac, dont le programme s’appuie sur le travail des associations : adhésion directe, implication citoyenne, éducation populaire.

Pour le député de Seine-Saint-Denis, désormais, la question n’est plus d’organiser la résistance au néolibéralisme, car la réponse est toute trouvée, c’est La France insoumise. « La question, c’est de la rendre majoritaire. » Une phrase finit de faire tiquer une partie de l’assemblée : « Si la question des liens avec les mouvements sociaux se pose, elle ne se pose pas en externalité. Vous, c’est nous et nous c’est vous », conclut l’insoumis. Car si une partie importante des adhérents d’Attac a voté, voire mené la campagne de Jean-Luc Mélenchon, c’est loin d’être le cas de tous : nombreux sont ceux qui cumulent leurs cotisations à Attac et chez EELV, au NPA, à la gauche du PS. Et quand bien même leur cœur balancerait pour la FI, les adhérents d’Attac tiennent à l’autonomie du mouvement vis-à-vis des forces politiques. Cette préoccupation renvoie notamment à l’histoire du mouvement ouvrier français, marqué par la question de l’indépendance syndicale.

Yannick Jadot, à la tribune, porte la contradiction : « Il y a des désaccords chez les militants des mouvements sociaux, notamment sur la question de l’Europe. Un seul mouvement politique ne peut pas incarner la diversité du mouvement social », commence le député européen. « Quand on est un leader, on doit rassembler contre cette logique d’hégémonie », estime un adhérent d’Attac. Annick Coupé, ancienne porte-parole de l’union syndicale solidaire et au bureau d’Attac, voit elle aussi d’un mauvais œil les ambitions de La France insoumise. « On a déjà vu cela dans l’histoire du mouvement ouvrier : le parti communiste prenait en charge les mouvements de femmes, de jeunes, la CGT… mais les mouvements sociaux sont des contrepouvoirs y compris au sein de leur camp. La politique du parti communiste quant aux questions féminines était très traditionnelle. Il a fallu que le mouvement féministe se construise à côté, en friction pour qu’il finisse par intégrer ses revendications. La FI a une tendance naturelle à considérer qu’ils ont la légitimité pour incarner le mouvement social dans sa globalité », déplore la syndicaliste.

Une défiance que ne partage pas Flavia Verri, engagée à la fois à la FI et à Attac : « En ce moment, je participe à un collectif unitaire contre le CETA, impulsé notamment par Attac. Nous envisageons de lancer un référendum contre les traités de libre-échange. Nous aimerions que les députés de la FI portent nos propositions, qu’ils interviennent lors de la ratification du traité à l’Assemblée. Je vois ainsi notre collaboration : nous apportons notre expertise aux élus », veut croire cette militante.

Complémentarité versus concurrence

Que dire alors de la date de la manifestation contre la loi travail proposée par la seule France insoumise, fixée sans consulter aucune autre force politique au 23 septembre, quelques jours après celle appelée par les syndicats ? « Pour moi, ces deux dates sont complémentaires. Elles ne ciblent pas les même personnes : il y a ceux qui peuvent faire grève et les autres, et ils peuvent agir dans le même sens. » Benjamin Joyeux, écologiste et contributeur à Mediapart, s’inscrit en faux contre ces arguments : « Il s’agit d’une initiative purement identitaire, car elle intervient après la fin des négociations. Le but n’est pas d’influer sur celles-ci, mais de faire la démonstration que la FI est la seule force d’opposition à Macron. Ce n’est pas étonnant, lorsqu’on sait que Mélenchon comme Iglesias de Podemos s’inspirent de la théorie gramsciste de l’hégémonie », analyse l’altermondialiste.

« Il faut acter qu’aujourd’hui, il y a une force politique à la gauche du PS qui permet de drainer des gens nouveaux, qui n’ont jamais milité, et de dépasser le cercle des convaincus habituels. Attac gardera son autonomie par rapport à La France insoumise comme elle l’a gardée vis-à-vis de l’ensemble des autres forces politiques et syndicales. Nous, nous voulons renforcer nos luttes communes avec La France insoumise, mais nous voulons travailler en complémentarité plutôt qu’en concurrence », souligne Aurélie Trouvé, actuelle présidente d’Attac, qui tente de faire la synthèse, sans brusquer les militants de la FI adhérents à Attac, tout en continuant de défendre une autre voie.

Une des particularités d’Attac tient à son existence dans divers pays. Les interventions des altermondialistes dont les pays sont en avance sur la France quant à l’éclosion d’une force de gauche radicale importante invitent à rester prudents. En Espagne, par exemple, les cadres du mouvement social ont été nommés à des postes à responsabilité dans les mairies prises par Podemos ou Izquierda Unida, comme à Barcelone ou à Cadix. Les représentants espagnols rappellent, lors du débat, la nécessité de rompre avec les institutions, car l’endettement les empêche de satisfaire les revendications pour lesquelles ils ont été élus. Plus grave encore, alors qu’ils ont les poings liés dans les institutions, ils sont absents sur le terrain de la rue, et n’occupent plus leur rôle de contre-pouvoir. « Et pendant que la droite se refait une santé à Barcelone, nous ne sommes pas là », s’inquiète un adhérent espagnol présent dans la salle.

Syriza, un dauphin dans la mer des mouvements sociaux

L’expérience partagée par Zoi Konstantopoulou est tragique. Cette avocate militante des droits de l’homme a présidé le parlement grec les neuf premiers mois du gouvernement Tsipras. Elle a alors réalisé un audit de la dette de la Grèce, avec Éric Toussaint, dirigeant du CADTM (comité pour l’abolition des dettes illégitimes), une des organisations qui pèsent à Attac, et demandé son annulation. La militante a ensuite rompu avec fracas avec Tsipras lorsque celui-ci a finalement signé, le 15 juillet 2015, l’accord avec la troïka – FMI, Banque centrale européenne, Union européenne – imposant une politique d’austérité aux conséquences catastrophiques pour les Grecs, qui se poursuit encore aujourd’hui. Très proche de Jean-Luc Mélenchon, elle anime avec lui « Le Plan B », rassemblant les dirigeants de gauche radicale sur la même ligne sur les questions européennes. « Nous avions l’habitude de dire que Syriza nageait dans les mouvements sociaux comme un dauphin dans la mer. Mais malheureusement, cette relation n’a pas eu les conséquences que j’imaginais. Arrivés au pouvoir, les dirigeants de ces mouvements sociaux sont devenus des cadres gouvernementaux. Si vous m’aviez posé la question en mai-juin 2015, j’étais à 95 % sûre qu’Alexis Tsipras ne signerait pas d’accord avec la troïka. Et si les 5 % restants se réalisaient, j’étais sûre à 100 % qu’il n’obtiendrait pas la majorité dans Syriza, justement parce qu’il s’agissait de militants de longue date », narre Zoi Konstantopoulou. « J’ai vu le représentant emblématique de la lutte contre la privatisation des ports devenir ministre des affaires maritimes, apposer sa signature sur le document de privatisation du Pirée. Un grand militant contre la dictature et pour les droits de l’homme est désormais président des affaires économiques du gouvernement qui a fait un coup contre la démocratie et le mandat que leur avait donné le peuple », affirme l’ancienne présidente du parlement. « Les mouvements sociaux ont perdu leur autonomie vis-à-vis de Syriza, et lorsque Tsipras a trahi, la plupart des cadres gouvernementaux ont préféré rester au pouvoir plutôt que défendre le mandat populaire. Si les mouvements sociaux cèdent à un parti, et que ce parti perd sa notion de fidélité au peuple, c’est la recette de l’échec », avant de jouer les Cassandres : « La Grèce est le futur de la France, de la Belgique, de l’Allemagne. »

La situation du syndicalisme en Grèce

Cette interview de Giannis Kouzis, réalisée par le sociologue Michel Vakaloulis,  décrit la situation très difficile du syndicalisme grec confronté aux politiques d’austérité et aux mémorandum : « un sérieux problème de crédibilité« .

L’impasse grecque et ses effets pervers Un entretien avec Giannis Kouzis

Professeur de sociologie du travail à l’université Panteion d’Athènes.

 Après sept années de crise, Giannis Kouzis revient sur les conséquences des politiques d’austérité sur la situation socio-économique de la Grèce, les protections des travailleurs ou encore le système de négociations collectives. Dans ce contexte et sans réorientation de la politique des mémorandums, la société grecque va poser de manière forte et récurrente la question de l’adhésion de leur pays aux institutions européennes.

 Entretien réalisé par Michel Vakaloulis.

Deux ans et demi après l’accession de Syriza au pouvoir, quel bilan tirer de la situation socio-économique en Grèce ? Comment la crise impacte les différentes catégories de la population?

Giannis Kouzis – La victoire de Syriza en janvier 2015 a suscité beaucoup d’espoirs pour inverser la situation catastrophique du pays. Mais ces espoirs ont été démentis par la signature du troisième mémorandum avec les créanciers de la Grèce en juillet 2015. Cette évolution a eu comme conséquence la poursuite des politiques d’austérité qui détériorent les indicateurs économiques et aggravent les impasses dans lesquelles se trouve la société grecque depuis 2010 suite à la crise et à sa gestion néolibérale. La paupérisation de la société n’a eu de cesse de progresser avec 35 % de la population confrontée au spectre de la pauvreté. Même si le chômage officiel recule de 28 % à 23,5 %, la reprise significative de l’emploi se fait toujours attendre. D’autant plus qu’environ 400 000 Grecs, notamment des jeunes salariés hautement qualifiés, ont quitté le pays à la recherche d’un meilleur sort professionnel à l’étranger.

Autre indicateur de la profondeur de la crise, les chômeurs de longue durée représentent 74 % des sans-emploi. Le taux de chômage des jeunes atteint 50 % tandis que seulement 8 % des chômeurs perçoivent la faible indemnité de 361 euros qui correspond au 60 % du salaire minimum. La persistance de la crise, les politiques d’austérité et le recours à l’hypertaxation pour regonfler les caisses publiques déclassent violemment les couches moyennes, et plus particulièrement, les petits entrepreneurs et les auto-entrepreneurs dont les taux de chômage et de pauvreté explosent.

 Une des conséquences les plus frappantes de la crise est la régression historique des droits des travailleurs. Comment les choses se présentent à l’heure actuelle dans le cadre des rapports de travail ?

Les deux premiers mémorandums jusqu’au gouvernement de Syriza se caractérisent par une vague déferlante de mesures dans le marché du travail qui ont laminé le contenu des relations professionnelles. Par exemple, le salaire minimum a diminué de 22 % (et de 32 % pour les jeunes) tandis que le démantèlement du système de négociations collectives a fait converger les salaires vers les nouveaux minima de rémunération. À cela s’ajoutent les interventions législatives récurrentes en faveur de la flexibilisation du contrat et des horaires de travail qui font reculer les protections des travailleurs.

Cette situation se poursuit avec le gouvernement de Syriza parce qu’il a pris l’engagement, dans le troisième mémorandum, de ne pas changer les lois qui régissent le marché du travail votées par ses prédécesseurs. D’où la dégradation incessante des rapports de travail qui aboutit à une baisse des salaires de 26 % et à une chute du pouvoir d’achat jusqu’à 50 % consécutive au niveau des prix, à la lourde taxation de l’activité professionnelle et à la réduction des services sociaux. Il est caractéristique aujourd’hui que 49 % des salariés reçoivent une rémunération qui ne dépasse pas le salaire minimum de 2012 contre 17 % pour cette année de référence.

Cela s’inscrit dans la logique intrinsèque des mémorandums qui consiste à aligner les salaires des travailleurs grecs sur les salaires des autres pays balkaniques, quitte à transformer le pays en zone économique sui generis au sein de l’euro. Qui plus est, à peine 10 % des salariés sont couverts par des conventions collectives alors qu’avant l’application des mémorandums, l’ensemble des travailleurs étaient protégés par une convention collective nationale et 80 % par des conventions de branches professionnelles. Cela implique une individualisation généralisée des salaires et des rapports de travail.

 Quel est le rôle et la portée contestataire du syndicalisme en Grèce durant les années de crise ?

Le mouvement syndical grec est confronté à un sérieux problème de crédibilité qui remonte avant même le début de la crise et qui se poursuit dans la période trouble et agitée des mémorandums où il subit une défaite globale. Le faible taux de syndicalisation (en moyenne 25 %, et surtout, moins de 12 % dans le secteur privé), la fragmentation organisationnelle, la bureaucratisation des directions syndicales, la longue tradition de l’affiliation partisane des syndicats grecs sont les principaux facteurs de cette évolution qui s’additionnent aux difficultés liées à un environnement socio-politique conflictuel et hostile à toute velléité revendicative. Pour retrouver son efficacité, il nécessaire pour le mouvement syndical de se recomposer sur la base de ses propres valeurs constitutives qui ont été dans une large mesure détournées et niées.

  Quel est l’état de l’opinion dans ce contexte?

Après le tournant du gouvernement de Syriza qui entérine la poursuite des politiques de mémorandum et le démenti des espoirs suscités par la montée de la gauche radicale au pouvoir, la société grecque se trouve largement dans un état passif sans pour autant être pacifié. Les réactions populaires contre les politiques appliquées sont circonscrites et sporadiques. Cela est également dû à l’absence d’un projet alternatif crédible de sortie de crise.

 Qu’en est-il de l’émergence de formes de solidarité dans la société pour compenser l’absence d’un État social digne de ce nom ?

La famille demeure la plus importante institution de solidarité qui remplace largement un État social structurellement déficient en Grèce. Pourtant, la famille grecque traverse une rude épreuve. En fait, il existe environ 600 000 ménages sans aucun membre en activité professionnelle tandis que les retraites, toujours au cœur du chantage des créanciers, ont déjà subi des coupes drastiques. En parallèle, les initiatives de solidarité sociale au niveau local développées dans les années de crise conservent toute leur importance.

 Quelles sont les perspectives d’une sortie de la crise dans laquelle la société grecque se trouve placée pour la septième année consécutive ?

Les politiques des mémorandums conduisent inexorablement à des impasses et engendrent de nouveaux problèmes aussi longtemps que la question de la dette est considérée et traitée comme « soutenable ». Dans ces conditions, il est évident que seule une profonde réorientation des politiques européennes pourrait apporter des solutions en dehors des recettes néolibérales. Mais cette réorientation ne se dessine pas aujourd’hui. En son absence, la question de l’adhésion de la Grèce aux institutions européennes sera posée de manière forte et récurrente par la société grecque. Et cela quand on sait que l’« aide financière » accordée à la Grèce par ses « partenaires » est utilisée à 91 % pour rembourser les prêts contractés avec les mêmes bailleurs de fonds, principalement les banques allemandes et françaises.

http://syndicollectif.fr/la-situation-du-syndicalisme-en-grece/

Les VIOME en soutien aux argentins

AUTOGÉRÉS DE TOUS LES PAYS…UNISSONS NOUS ! LES VIOME EN ARGENTINE

Une délégation des travailleurs de l’usine autogérée de Thessalonique VIO ME est actuellement en mission en Argentine à Buenos Aires pour rencontrer leurs homologues argentins de diverses entreprises autogérées du pays dans le cadre des VI° Rencontres Internationales des Entreprises Autogérées. Dès leur arrivée, mardi 22 août, ils ont eu l’occasion de participer au grand rassemblement antigouvernemental organisé par les syndicats contre la pauvreté et la dévastation.
Leur 1ère visite était hier pour la Coopérative typographique « Campichuelo ». cette entreprise devait être privatisée en 1992 par le gouvernement, mais les travailleurs en ont décidé autrement en l’occupant et en menant une lutte de survie de plusieurs années. En 2010 la nouvelle législation sur l’autogestion a permis aux travailleurs de la Coopérative de mener une activité commerciale solide et même à augmenter le nombre de collègues. Aujourd’hui elle a diversifié ses activités avec la création d’événements culturels, et la mise en place d’une coopératives qui offre des conseils juridiques.
La 2 ème visite s’est faite dans un Collectif pour les logiciels libres, GCOOP. Cette coopérative se compose actuellement de 18 personnes et fonctionne déjà depuis 18 ans. En Argentine, il y a plus de 20 collectifs de travail impliqués dans les logiciels libres qui ont mis en place une fédération. Dans cette entreprise de collaboration dont le but est de répandre l’utilisation des logiciels libres contre la logique monopoliste, tous les employés partagent les connaissances, les expériences, les enjeux et les bénéfices grâce à une structure de démocratie directe et horizontale. ( CF Vidéo sur GCOOP en anglais et espagnol : https://www.youtube.com/watch?v=sMI1HA9mOmc )

La journée s’est terminée par un repas dans l’un des restaurants autogérés les plus connus de Buenos Aires, le BATAGLIA qui a été occupé par les travailleurs lorsqu’ils ont réalisé l’intention du propriétaire de transférer l’entreprise ailleurs et de vouloir se débarrasser des travailleurs plus âgés pour recruter de nouveaux travailleurs plus flexibles. 4 ans plus tard, les restaurant aux mains des travailleurs rencontre un grand succès.

Constant Kaimakis

 

Le C’star reprend la route

Antériorité : voir notre article du  31/7 http://www.infoadrets.info/grece/le-cstar-le-bateau-de-la-honte/

et du 3/8 http://www.infoadrets.info/grece/des-nouvelles-du-cstar/ et du 20/8/17 http://www.infoadrets.info/grece/et-le-cstar-vigilance/

Dernières actualités :

(1) sur le blog de Y Youlontas http://blogyy.net/2017/08/24/le-c-star-en-route-pour-la-france-ou-la-croatie/ et (2) la FIDH demande à la Mongolie de retirer son pavillon de complaisance au bateau raciste.

(1) Communiqué de DEFEND MEDITERRANEA*

« LE C-STAR VA BIENTÔT REPARTIR : PRÉPARONS-NOUS À LE REFOULER DANS LES PORTS DE FRANCE OU DE CROATIE !

Le navire de l’expédition fasciste DEFEND EUROPE s’apprête à quitter la région de Malte, après avoir échoué dans sa nouvelle tentative d’escale, malgré son insistance durant toute une semaine. Ce nouvel échec cuisant a fait capoter le rapatriement en grande pompe des chefs identitaires à Lyon, pour la conférence de presse du 19 août. Grâce à la mobilisation de nos camarades antiracistes et antifascistes à Malte, le C-Star va bientôt repartir sans avoir pu accoster. Cependant, avec la collaboration des réseaux fascistes sur place et de deux bateaux maltais, le Sea Storm et le Bawa 1, il a tout de même pu se ravitailler in extremis, ce jeudi après-midi, au bout d’une semaine de colères et de lamentations.

Selon nos informations, le C-Star va repartir demain. Nous saurons alors plus précisément dans quel pays et quel port il va tenter de faire escale, en observant la direction qu’il aura choisi (depuis les sites de trafic maritime, mais aussi par d’autres moyens sur lesquels ses coupures volontaires de balise AIS n’ont aucun impact).

Selon nos informations, les deux hypothèses principales envisagées par les dirigeants identitaires sont la France et la Croatie, mais d’autres ports ont également été évoqués, comme Rome et Barcelone par exemple, ou encore le transbordement nocturne des chefs fascistes (à la manière de leur arrivée à bord en catimini, sur le bateau chypriote Dioni, au large de Limassol).

En France, il pourrait s’agir de Nice : une ville que les fascistes croient favorable à leur action en raison de son ancrage politique et du choc de l’attentat du 14 juillet 2016. Ce port a aussi l’avantage d’être proche des principaux pays voisins représentés à bord (les chefs autrichiens et italiens espèrent attirer quelques dizaines de fans). Enfin, l’aéroport est proche, le long de la mer, et ses rotations vers Lyon sont fréquentes. Seconde hypothèse : Toulon, pour des raisons similaires, mais la proximité du puissant réseau antifasciste marseillais rend peu probable cette éventualité.

Les autorités françaises oseront-elles accueillir le C-Star à bras ouvert, alors que l’Egypte, le nord de Chypre, la Crète, la Tunisie, la ville de Catane en Sicile et Malte, tour à tour, l’ont systématiquement repoussé ou expulsé ? Macron et son gouvernement vont-ils feindre de fermer les yeux sur la vraie nature de ce bateau de miliciens racistes et fascistes ? Les autorités françaises pourraient dire oui, si l’on en croit les déclarations de Martin Sellner, chef du mouvement identitaire autrichien présent à bord du C-Star, qui prétend que ses deux meilleurs contacts (obtenus via les ambassades qu’il a contactées par téléphone) sont les représentants de l’État autrichien et ceux de l’État français.

Ce n’est pas vraiment une surprise :
– le ministre de l’intérieur autrichien avait récemment félicité publiquement la mission Defend Europe ;
– le président français voyait, paraît-il, d’un bon œil l’irruption d’une propagande sécuritaire en Méditerranée, au moment même où il commençait à négocier son grand projet de fermeture des frontières africaines vers l’Europe avec les principaux chefs libyens.

Rappelons à ce propos que la mission de Defend Europe a non seulement été ridiculisée à chaque étape de son périple, mais surtout qu’elle n’a eu aucun effet sur l’évolution de la situation. Toute personne un peu informée sait bien que ce n’est pas le porte-voix des bouffons à lunettes noires qui a éloigné provisoirement les navires de sauvetage de la zone de recherche, mais :
– les tirs de sommations à balles réelles des garde-côtes libyens ;
– les pressions des autorités européennes et, notamment, de l’État italien, ce dernier étant allé jusqu’à saisir l’un des bateaux de sauvetage et arrêter une partie de son équipage.

En réalité, les vacanciers du C-Star n’ont rien fait d’autre que se payer une croisière aux frais des imbéciles qui les ont crus et financés. Une croisière qui s’est avérée beaucoup plus compliquée que prévue, sur une mer Méditerranée résolument opposée à leurs valeurs abjectes.

L’autre destination possible, c’est la Croatie. Notamment le port de Rijeka au sud, qui est une zone franche. Mais nous avons beaucoup de contacts sur place et les mouvements antifascistes croates sont familiers des méthodes fortes, similaires à celles des antifascistes crétois. Le petit groupe de hipsters-fascistes ferait bien de se méfier du comité d’accueil, en cas d’autorisation d’accoster.

Nous attendons maintenant le départ imminent du C-Star de la région maltaise et nous étudierons dès lors sa direction, puis compléterons nos informations auprès des camarades ouvriers et marins dans les ports susceptibles d’avoir été choisis. La Méditerranée restera jusqu’au bout une galère pour ce radeau de la méduse.

Nous invitons tous les antifascistes et antiracistes à se préparer, en particulier au sud-est de la France et au sud-ouest de la Croatie, destinations les plus probables pour l’instant.

Non aux milices fascistes, ni en Méditerranée, ni ailleurs ! Non à l’Europe forteresse !

DEFEND MEDITERRANEA, le 24 août 2017

* Le réseau DEFEND MEDITERRANEA est composé de camarades antifascistes, antiracistes et solidaires de Méditerranée qui ont participé au blocage du navire C-Star à Suez (23/07) puis à Chypre (26/07), et qui l’ont empêché de faire escale en Crète (31/07), en Tunisie (06/08), en Sicile (17/08) et à Malte (17/08). »


(2) C-Star : la FIDH demande à la Mongolie de retirer son pavillon de complaisance au bateau raciste.

Paris, le 23 août 2017 – Affrété par des groupes identitaires et xénophobes européens, le C-Star (soit racist à l’envers) prétendait enrayer cet été le secours des ONGs aux boat-people en Méditerranée. Il termine une première mission forte en incidents, battant toujours un pavillon de complaisance octroyé par la Mongolie. La FIDH adresse aujourd’hui une lettre au Ministre des Transports Mongol pour lui demander de retirer ce pavillon, les objectifs affichés par le collectif étant contraires au droit maritime international et à la constitution du pays.

Partie le 7 juillet dernier de Djibouti, la mission du collectif Defend Europe regroupe des militants de différents mouvements racistes européens, affiliés notamment à Génération Identitaire. Elle assume publiquement trois objectifs : enrayer le travail des ONGs qui portent secours aux boat-people, ramener ces derniers sur les côtes libyennes et détruire leurs embarcations.

Ces objectifs de navigation entrent en opposition avec l’obligation inconditionnelle faite à tout navire de porter secours en mer. Cette obligation est notamment énoncée dans l’article 98 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 (Convention UNCLOS), et dans l’article 33 du chapitre V de la Convention Internationale pour la Sauvegarde de la Vie en mer de 1974 (Convention SOLAS).
Ces objectifs contredisent d’autre part le devoir de conduire les naufragés « en lieu sûr », contenu dans la Convention Internationale sur la Recherche et le Sauvetage maritime de 1979 (Convention SAR), ce qui ne peut être le cas d’une reconduite en port libyen. Ils sont aussi contraires au principe de non-refoulement contenu dans la Convention de Genève sur les réfugiés. Enfin, ils s’opposent à la constitution mongole qui condamne tout type de discrimination dans son article 14.

L’octroi de pavillon, fut-il de complaisance, engage la responsabilité des Etats concernés, l’article 5 de la Convention de Genève de 1956 sur la haute mer précisant : « Il doit exister un lien substantiel entre l’Etat et le navire ; l’Etat doit notamment exercer effectivement sa juridiction et son contrôle, dans les domaines technique, administratif et social, sur les navires battant son pavillon. »

C’est pourquoi la FIDH adresse aujourd’hui une lettre à M. GANBAT Dangaa, ministre mongol des transports, pour lui demander de retirer le pavillon de son pays au C-Star. Ce retrait est possible, le pays ayant déjà rayé plusieurs navires de ses registres, notamment en avril 2017 pour appliquer les résolutions 2270 et 2321 du Conseil de Sécurité de l’ONU aux navires liés à la Corée du Nord.

Bateau au passé houleux, le C-Star a été racheté par l’homme d’affaires controversé Sven Tomas Egerstrom, condamné pour fraude dans les années 2000 et lié à plusieurs sociétés de sécurité privées opérant dans le golfe d’Aden. À peine parti de son port d’attache, le C-Star avait été arrêté le 16 juillet dans le canal de Suez par les autorités égyptiennes, faute de pouvoir fournir la documentation nécessaire à la poursuite de sa route. Peu après, le 26 juillet, le commandant, son second, le propriétaire du navire ainsi que sept membres d’équipage avaient été interpellés à Famagouste, sur l’île de Chypre. Ils sont soupçonnés de faux et usage de faux. Une partie de l’équipage sri-lankais débarquait et demandait l’asile politique. Début août, le C-Star approche les côtes tunisiennes, sans pouvoir accoster. En effet, les pêcheurs et la population tunisienne, appuyés par une des ligues de la FIDH sur place, le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES), avaient lancé une campagne antiraciste contre son ravitaillement. En fin de course, le bateau stagne désormais au large de Malte, où les autorités lui refusent l’accès au port, affirmant vouloir « ne rien avoir à voir avec une organisation raciste » …

https://www.fidh.org/fr/themes/droits-des-migrants/c-star-la-fidh-demande-a-la-mongolie-de-retirer-son-pavillon-de

Et le C’star : vigilance

Antériorité : voir notre article du  31/7 http://www.infoadrets.info/grece/le-cstar-le-bateau-de-la-honte/

et du 3/8 http://www.infoadrets.info/grece/des-nouvelles-du-cstar/

Dernières actualités :

19/8 l’équipage au complet donne rendez-vous à Lyon mais peu vraisemblable http://blogyy.net/2017/08/19/defend-europe-rate-son-rendez-vous-a-lyon/

18/8 Suite à des problèmes techniques récurrents et au blocage de tous les ports de Méditerranée sur son itinéraire, la milice fasciste embarquée sur le C-Star vient, ce soir, de se résoudre à jeter l’éponge  http://blogyy.net/2017/08/18/defend-europe-abandonne-faute-de-port/

 

A Micropolis: autogestion et démocratie directe face à la crise grecque

A Micropolis: autogestion et démocratie directe face à la crise grecque 16.08.2017 sur France culture
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