Publications par catégorie

Archives de catégorie Luttes- Changer le système

Koufontinas : la Grèce retient son souffle

par Yannis Youlountas · 27/02/2021

40 ans après Bobby Sands sous Thatcher, Koufontinas n’a plus que quelques heures à vivre sous le régime de plus en plus autoritaire de Mitsotakis, malgré de très nombreuses protestations.

Déjà affaibli par une longue grève de la faim (en raison du changement brutal de ses conditions de détention et de la remise en question de sa perspective de libération conditionnelle à l’automne prochain), le prisonnier communiste révolutionnaire est entré en grève de la soif depuis plusieurs jours et refuse désormais l’ultime hydratation apportée par la perfusion d’antibiotique, ainsi que toute réanimation s’il perd connaissance. Il est donc condamné à mourir dans les prochaines heures.

Ses dernières paroles ont été la lecture d’un poème de Yannis Ritsos : « Souvenez-vous de moi. J’aurai marché des milliers de kilomètres, sans pain et sans eau, sur des pierres et des épines, pour vous apporter du pain, de l’eau et des roses » (Épilogue, 1987)

En ces heures, Koufontinas ne subit pas seulement la vengeance des familles Mitsotakis et Bakoyannis. Il est aussi un exemple retentissant. Un exemple que veut faire le nouveau gouvernement dans sa cruauté. Un exemple à destination des opposants les plus radicaux du régime, particulièrement révoltés par les évacuations massives, le creusement des inégalités et la répression féroce depuis des mois.

Parmi les nombreux artistes et cinéastes qui appellent l’État à cesser son acharnement contre le prisonnier politique, Aris Chatzistefanou (Debtocracy, Catastroïka…) y voit également une menace contre d’autres après lui : « Si nous laissons assassiner Koufontinas, ensuite, ce sera notre tour, un par un, avec, pour commencer, probablement Rouvikonas. »

De son côté, Costa Gavras a exhorté le premier ministre grec à remplir ses obligations et non régler ses comptes, en appelant à « l’humanisme » et à « l’état de droit ».

Dans toute la Grèce, la moindre manif est actuellement stoppée dès sa formation, sitôt qu’elle se rassemble à ce sujet. La moindre banderole est arrachée. Les arrestations sont nombreuses depuis plusieurs jours et la colère gronde.

Hier, dans le journal Efsyn, l’avocat Kostas Papadakis a écrit une tribune très partagée : « Qui a intérêt à la mort de Koufontinas ? » dans laquelle il parie qu’en cas de décès imminent, des émeutes se déclencheront et qu’elles seront « plus intenses encore qu’en 2008, à la mort du jeune Alexis Grigoropoulos. »

Difficile en réalité de prévoir ce qui va se passer. Il semble tout de même difficile d’éviter la mort prochaine du célèbre prisonnier, avec toutes les conséquences que cela va provoquer. Un catalyseur pour le mouvement social ? Un prétexte pour le pouvoir répressif ? Le nouveau ministre de la police, transfuge de l’extrême-droite, se frotte déjà les mains. Un anarchiste athénien m’a dit cet après-midi : « Le pouvoir cherche l’affrontement, il nous pousse à bout pour nous faire la peau. »

Partisans ou pas de Koufontinas, beaucoup se demandent partout en Grèce ce qui va se passer dans les prochaines heures. 40 ans après la mort de Bobby Sands à cause de la cruauté de Thatcher, Mitsotakis se prépare à épingler une médaille de chair et de sang au revers de sa veste. Hors des frontières, personne ne dit rien, excepté une lettre collective de 6 députés européens (5 Left et 1 Green). Alors que la France a envoyé son porte-avions au large de la Crète pour faire des manœuvres avec l’armée grecque ces jours-ci (et la préparer à utiliser le Rafale), Macron n’est évidemment pas intervenu pour demander un peu de magnanimité à l’égard du célèbre prisonnier. Le pouvoir est le même partout. Il nous piétinera tant que nous accepterons de nous soumettre, tant que nous aurons peur, tant que nous laisserons nos camarades mourir dans ses entrailles.

Yannis Youlountas


Lire aussi la lettre de Yannis Youlountas adressée à Katerina Sakellaropoulou, présidente de la République Hellénique

À Madame Katerina Sakellaropoulou

Présidente de la République Hellénique
Palais présidentiel
Vassileos Georgiou B’2
Athènes T.K 10028

Madame Sakellaropoulou,

On m’a appris que vous lisez le français et que vous connaissez nos films. C’est dans cette langue que je veux vous dire mon indignation et vous demander d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard. Sachez que de plus en plus de voix s’élèvent en Europe contre l’agonie du prisonnier Dimitris Koufontinas, victime de la vengeance du gouvernement Mitsotakis. Vous êtes juriste, vous êtes une femme et surtout, en tant que présidente de la République Hellénique, vous êtes censée veiller au respect de quelques principes fondamentaux, par-delà nos différences politiques. Ne laissez pas faire. Ne restez pas silencieuse. Dans quelques heures il sera trop tard et, en Grèce comme hors de Grèce, votre nom restera à jamais entaché du sang de ce gréviste de la faim et de la soif. 40 ans après la mort de Bobby Sands dans l’indifférence cruelle de Margaret Thatcher, ne laissez pas mourir Dimitris Koufontinas.

Yannis Youlountas *#koufontinas_hungerstrike #σακελλαροπούλου_πάρε_θέση
#Dimitris_Koufontinas #Δημήτρης_Κουφοντίνας

*pour votre secrétariat : écrivain et réalisateur franco-grec (même si, étant libertaire, je suis simplement terrien). Lettre également envoyée par courriel à pr@presidency.gr et diplo@presidency.gr

Source http://blogyy.net/2021/02/27/lettre-a-katerina-sakellaropoulou-presidente-de-la-republique-hellenique/

Soignants « De héros à méchants »

De « héros » à « méchants »… Le gouvernement grec persécute les syndicalistes du secteur de la santé en raison de leur activité politique

Un an auparavant, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis et les membres de son gouvernement faisaient l’éloge des médecins, les « héros de la santé » comme ils les appelaient, pour leur lutte contre la pandémie de coronavirus. Le gouvernement avait même exhorté le peuple à montrer sa reconnaissance aux professionnels de la santé du pays en les applaudissant de leur balcon.

Mais, apparemment, les travailleurs de la santé sont des « héros » tant qu’ils gardent le silence et ne se battent pas pour les droits de leurs collègues et de la société. Récemment, la présidente de la Fédération nationale des médecins des hôpitaux publics (OENGE) Afroditi Retziou a reçu une convocation pour u interrogatoire de la police grecque, car la Fédération s’est mobilisée et a organisé des manifestations pour exiger du gouvernement le recrutement de médecins, ainsi que davantage de matériel de protection et de mesures de sécurité pour les travailleurs de la santé !
Dans une déclaration concernant sa convocation par la police, Mme Retziou a déclaré

« Le combat que mènent les médecins hospitaliers, tous les travailleurs de la santé, est un combat pour la protection de la santé et de la vie de notre peuple, un combat pour la défense de nos droits et de notre dignité. Peu importe le nombre de lois qu’ils voteront, peu importe le nombre de mécanismes répressifs qu’ils utiliseront, ils ne nous intimident pas et ne nous terrorisent pas.

Nous continuerons à accomplir notre tâche, celle qui nous est dictée par notre conscience.

S’ils pensent que nous resterons silencieux en ne faisant rien face au crime continu contre la santé et la vie de nos patients, ils se trompent profondément ».
Afroditi Retziou n’est pas le seul cas. D’autres syndicalistes du secteur de la santé ont reçu des appels de la police afin de « s’excuser » pour leur activité militante.

En pleine pandémie de Covid-19, il s’agit d’une autre action provocatrice du gouvernement conservateur de la DS qui cherche à faire taire toute voix qui révèle les pénuries tragiques dans les hôpitaux et, de manière générale, la dangereuse politique gouvernementale qui risque la vie de milliers de personnes.

Comme le souligne pamehellas.gr, « le gouvernement, face à la troisième vague de la pandémie, un an après son déclenchement, a financé des milliards de dollars aux grandes entreprises, aux groupes de tourisme et aux compagnies aériennes. Ils ont couru pour acheter du matériel de police et de répression et veulent faire venir des milliers de gardes spéciaux, de caméras et de policiers dans les universités, le métro, et partout où ils peuvent imaginer. Mais ils insistent pour ne pas engager de chauffeurs pour les transports publics, d’enseignants pour les écoles, et de personnel médical pour les hôpitaux !

Afin de défendre sa politique barbare qui sacrifie la vie et la santé du peuple pour le profit de quelques-uns, elle lance un mécanisme d’intimidation et de répression contre ceux qui s’y opposent. Comme le Talon de fer, il légifère des mesures de jour et de nuit contre quiconque se bat et revendique, interdit les manifestations, cherche à faire taire et intimider toute voix exigeante ».

Les persécutions et les intimidations ne passeront pas et la lutte des travailleurs dans tous les secteurs se poursuivra et s’étendra.

Source http://mouvementcommuniste.over-blog.com/2021/02/de-heros-a-mechants.le-gouvernement-grec-persecute-les-syndicalistes-du-secteur-de-la-sante-en-raison-de-leur-activite-politique.htm?fbclid=IwAR2Ew-es0l4YGTTLrL0tfPzw9mUcuPev2TGDo8E_-qHzBuK5pVKBONfDSb8

Les luttes de la classe ouvrière en Grèce en 2020

 

Enjeux FSM 2021

Quels sont les enjeux du Forum Social Mondial 2021 par rapport à la situation internationale ?

18 janvier par Gustave Massiah


Introduction de la séance du 7 janvier 2021 organisée par le CRID et ATTAC pour la préparation du FSM de janvier 2021.

  Sommaire
  • Prendre en compte une situation mondiale contradictoire
  • Redéfinir une proposition altermondialiste
  • Comprendre les contradictions nouvelles de la situation
  • Partir des mouvements pour résister, définir les alternatives, construire un nouveau projet (…)

Les enjeux du Forum Social Mondial 2021 sont considérables. Dans une situation mondiale profondément contradictoire, il doit permettre de : redéfinir une proposition altermondialiste correspondant à la nouvelle situation ; comprendre les contradictions nouvelles du système mondial ; partir des mouvements pour résister, définir les alternatives, construire un nouveau projet d’émancipation.

Prendre en compte une situation mondiale contradictoire

Le choc de la pandémie et du climat a accentué les ébranlements de la crise financière et politique de 2008 qui s’était traduite par une évolution austéritaire, combinant austérité et autoritarisme, du néolibéralisme. Les contradictions économiques et financières, sociales, écologiques, démocratiques, idéologiques et géopolitiques atteignent un niveau inconnu historiquement.

La situation est profondément contradictoire au niveau mondial et dans de nombreux pays, comme l’a encore illustré la situation chaotique des États-Unis. L’austéritarisme risque d’évoluer vers néolibéralisme dictatorial, avec des idéologies identitaires et sécuritaires, porté par des couches sociales que la peur du déclassement et l’insécurité font basculer vers les droites extrêmes en laissant des marges de manœuvre à des milices fascistes. Les nationalismes virulents sont à l’offensive, les régimes dictatoriaux se multiplient et plus d’un milliard de personnes vivent dans des régions en guerre. A l’inverse, des mouvements profonds démontrent des volontés de changement radical : le mouvement des femmes remet en question des rapports millénaires ; le mouvement de l’urgence climatique fait exploser les certitudes sur la conception du développement fondé sur la croissance productiviste ; le mouvement contre le racisme et les discriminations, à l’exemple de mouvements comme Black Lives Matters, les afro-féministes brésiliennes, les peuples autochtones, met en avant la décolonisation inachevée.

Redéfinir une proposition altermondialiste

Nous sommes dans une période de rupture marquée par la perte de résilience, par la perte des capacités de résistance et d’adaptation, du système mondial. A des questions éminemment mondiales, le climat, la pandémie, les migrations, les guerres, la production, les réponses ont été nationales et étatiques, et du point de vue idéologique, les nationalismes sont à l’offensive. Le FSM 2021 prendra sa part dans ces recompositions et dans le renforcement des mobilisations internationales altermondialistes.

Les réseaux internationaux et continentaux de mouvements ont cherché à répondre à cette situation et à se renouveler. Des forums sociaux thématiques (économie sociale et solidaire, migrations, éducation, communs, …), régionaux (Amazonie, Maghreb, Afrique de l’Ouest, …) et nationaux (Irak, Népal, Palestine, …) se recomposent.

Le premier objectif du FSM 2021 est de partir des réseaux internationaux de mouvements qui se recomposent pour réinventer une dimension internationale et mondiale, pour participer à la définition de la prochaine phase de l’altermondialisme par rapport à la crise de la mondialisation.

Comprendre les contradictions nouvelles de la situation

Il s’agit de prendre en compte le nouveau système de contradictions qui définit les solutions possibles, les dangers et les opportunités.

Les contradictions économiques et sociales, et notamment les contradictions au sein du capital entre les GAFAM et les extractivistes, le précariat et la peur du déclassement accentuée par la pandémie, l’explosion des inégalités et des discriminations, la prise de conscience des nouveaux droits, la légitimité de l’action publique et des services publics, …

Les contradictions écologiques, et notamment le climat et la biodiversité, la prise de conscience de l’urgence climatique, la signification des délais et du temps fini, le sens de l’effondrement dans les crises de civilisation, …

Les contradictions politiques et notamment la défiance par rapport au politique, le refus de la corruption et de la fusion entre classe politique et classe financière, la défiance par rapport à la délégation et la démocratie représentative dans les formes démocratiques, la place spécifique et stratégique du genre, le racisme et les discriminations, le refus de l’insécurité et des violences policières, …

Les contradictions idéologiques et notamment la bataille contre l’hégémonie culturelle du néolibéralisme et du capitalisme, les libertés individuelles et collectives, les identités multiples, l’insécurité et l’instrumentalisation du terrorisme, les nationalismes, la redéfinition de l’universalisme, …

Les contradictions géopolitiques et notamment la multipolarité, la montée de l’Asie, les institutions internationales, la deuxième phase de la décolonisation après l’indépendance des États, les guerres, le nucléaire, …

La fin du néolibéralisme et notamment les possibles dépassements du capitalisme, les possibles modes de production inégalitaires, les nouvelles classes sociales, l’évolution des États, les transitions et les alternatives au capitalisme dans les transitions, …

Partir des mouvements pour résister, définir les alternatives, construire un nouveau projet d’émancipation

La stratégie altermondialiste sera définie par les mouvements sociaux et citoyens à partir de la définition de leur stratégie. Une stratégie internationale commune se dégagera quand chacun des mouvements définira sa stratégie et la dimension internationale de cette stratégie.

Donnons un exemple de ce que signifie une stratégie pour un mouvement, prenons l’exemple du mouvement paysan. La Via Campesina, qui est le mouvement le plus nombreux aujourd’hui, s’est construit à partir de sa stratégie : l’agriculture paysanne contre l’agro-industrie, la sécurité alimentaire, l’agriculture biologique et le refus des OGM. Il a aussi défini ses alliances avec le mouvement syndical, avec les mouvements de femmes, avec les écologistes, avec les peuples autochtones.

Les principaux mouvements sociaux qui composent aujourd’hui le mouvement altermondialiste sont : le mouvement syndical des ouvriers et salariés ; le mouvement paysan ; le mouvement des femmes ; le mouvement écologiste et notamment le mouvement pour l’urgence climatique ; le mouvement des peuples autochtones ; le mouvement contre le racisme et les discriminations ; le mouvement des habitants.

Il faut y joindre les mouvements qui luttent pour les droits sur une base thématique : les mouvements pour la santé ; les mouvements pour l’éducation ; les mouvements pour l’économie sociale et solidaire ; les mouvements pour les communs ; le mouvement des médias libres ; les mouvements pour le municipalisme et le droit à la ville ; le mouvement science et démocratie ; le mouvement contre le nucléaire ; le mouvement contre les guerres ; …

Des Forums avaient aussi été organisés qui définissaient des alliances stratégiques : les forums des élus locaux, des parlementaires, des scientifiques, des magistrats, des avocats,

Signalons aussi les marches continentales et mondiales : la marche Jai Jagat qui était partie de New Delhi vers Genève et qui a été interrompue momentanément par la COVID en Arménie ; les marches des migrants ; les caravanes terre et eau en Afrique de l’Ouest, la marche des zapatistes vers les cinq continents.

Gustave Massiah
IPAM, 7 janvier 2021

Source http://cadtm.org/Quels-sont-les-enjeux-du-Forum-Social-Mondial-2021-par-rapport-a-la-situation

Marche des libertés

Mobilisons-nous les 3, 16 et 30 janvier contre la loi Sécurité globale et les autres textes liberticides

La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale donne rendez-vous aux défenseur·se·s des libertés dès le dimanche 3 janvier 2021, à Paris, à l’occasion de la Marche blanche en mémoire de Cédric Chouviat. Un an après la mort de ce père de quatre enfants, entre les mains de la police, nous serons aux côtés de sa famille. Son père Christian Chouviat avait déjà accompagné la délégation reçue au ministère de l’Intérieur lundi 23 novembre, malgré les réticences de Gérald Darmanin.

Nous appelons aussi à de nouvelles Marches des libertés, samedi 16 janvier, partout en France, avant un grand rassemblement, samedi 30 janvier, à Paris. Cette dernière date mêlera les voix des journalistes, documentaristes, réalisateur·trices, victimes et familles de victimes de violences policières, associations de droits humains et artistes solidaires du combat contre les lois liberticides.

D’ici là, nous appuierons les actions qui ont pour objectif le retrait des articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi dite « Sécurité globale », le retrait du Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) et de toute autre disposition élargissant la surveillance de masse ou faisant reculer le droit à l’information. La coordination nationale #StopLoiSécuritéGlobale continuera à informer sur les conséquences délétères de ces textes, par le biais de clips réalisés par l’équipe vidéo de la coordination, donnant un éclairage juridique et faisant témoigner des victimes de violences policières.

Depuis le premier rassemblement organisé le 17 novembre devant l’Assemblée nationale, notre coordination n’a cessé de s’élargir. Formée à l’initiative des quatre principaux syndicats de journalistes et de la Ligue des droits de l’Homme, elle comprend aujourd’hui non seulement des associations ou collectifs représentant les métiers de la presse et des médias, mais aussi des organisations œuvrant dans le domaine de la justice, des libertés numériques, de la défense de l’environnement ou contre les violences policières et leur impunité.

Dans le même temps, des coordinations locales se sont formées à travers tout le pays et plus de 150 villes ont connu au moins une manifestation contre la proposition de loi « Sécurité globale ».

Malgré une mobilisation de très grande ampleur (500 000 manifestant·e·s en France, le 28 novembre), déployée dans un contexte d’état d’urgence sanitaire et de confinement, le gouvernement et les parlementaires se sont contentés d’effets d’annonce s’agissant de la réécriture de l’article 24 de la proposition de loi « Sécurité globale ». Texte que le Sénat semble vouloir fusionner avec l’article 18 du projet de loi « confortant les principes républicains », précédemment nommée « contre le séparatisme ».
Ni la commission Delarue sur les rapports entre journalistes et forces de l’ordre ni le « Beauvau de la sécurité » ne sauront nous détourner de notre objectif. Du reste, Emmanuel Macron n’a toujours pas répondu à notre demande de rendez-vous adressée par courrier et publiée sous la forme d’une lettre ouverte le 14 décembre.

Par ailleurs, notre opposition aux dispositifs de surveillance généralisée instaurés par les drones et les caméras piétons, ou à la sélection des journalistes instaurée par le nouveau SNMO n’a pas été entendue. Des décrets parus en décembre étendent les possibilités de fichage aux groupements et notamment aux opinions politiques ou syndicales, aux comportements et habitudes de vie… Les pressions politiques de policiers se présentant en uniforme et en plein couvre-feu devant les domiciles d’élu·e·s ou devant des tribunaux confirment nos craintes quant à l’instauration d’un véritable État de police par la combinaison du SNMO, de la proposition de loi « Sécurité globale » et du projet de loi « confortant les principes républicains ».

Tant que ces textes liberticides ne seront pas abandonnés, nous défendrons sans relâche nos libertés.

La coordination #StopLoiSécuritéGlobale fédère des syndicats, sociétés, collectifs, associations de journalistes et de réalisateur·trices, confédérations syndicales, associations, organisations de défense de droits humains, comités de victimes et de familles de victimes de violences policières, collectifs de quartiers populaires, exilé·es et Gilets jaunes.

Paris, le 23 décembre 2020.

Source https://france.attac.org/se-mobiliser/marches-des-libertes/article/mobilisons-nous-les-3-16-et-30-janvier-contre-la-loi-securite-globale-et-les

Alerte Grèce par Yannis Youlountas

ALERTE GRÈCE : 120 000 oliviers déjà coupés pour l’aéroport de Kastelli ! Une nouvelle crise humanitaire frappe les précaires ! Et autres nouvelles… par Yannis Youlountas

Bonjour,
 
En cette fin d’année, trois semaines après la répression féroce qui s’est abattue sur le mouvement social à Athènes(1), voici un nouveau point sur la situation.
 
HÉCATOMBE D’OLIVIERS COUPÉS, INONDATIONS DÉSASTREUSES 
ET COLÈRE CONTRE LE PROJET D’AÉROPORT À KASTELLI (CRÈTE)  
 
Le chantier pharaonique du nouvel aéroport de Crète fait des dégâts considérables actuellement, à 40km d’Héraklion. La barre des 100 000 oliviers coupés a été atteinte le mois dernier. Nous en sommes aujourd’hui à 120 000 arbres arrachés, ce qui génère des montagnes de souches d’une part et des étendues désertes d’autre part, aplanies n’importe comment par les bulldozers. 
 
 Les conséquences ne se sont pas faites attendre : la région alentour a été frappée à plusieurs reprises par de violentes inondations, notamment fin septembre et début novembre. L’écoulement des eaux a tellement dysfonctionné que, le 20 septembre, 50 des 80 maisons de Sklaverochori (un village à côté de Kastelli) ont été inondées. L’eau entrait même par les fenêtres ! Des dizaines de voitures étaient emportées par les flots boueux ! Les serres étaient ravagées et des animaux d’élevage noyés !
 
 La colère commence à gronder dans la zone, autrefois amadouée par les promesses en tous genres. Les habitants de Kastelli constatent par exemple que les travaux ne fournissent pas du travail à 1000 personnes comme promis, mais à 6 seulement ! De leur côté, les habitants d’Héraklion découvrent que l’espace libéré par l’ancien aéroport (si le nouveau venait à être fini, ce qui n’est pas encore certain) serait transformé en Riviera de luxe, avec des hôtels, des yachts et des terrains de golf, et non en poumon vert de la ville au service du grand nombre ! Les masques tombent. Tout confirme que construire ce nouvel aéroport est une absurdité. Pour dix fois moins cher, il eut été aisé d’ajouter une piste supplémentaire au précédent, avec quelques rochers sur la mer (comme à Nice, par exemple). Nous en avions parlé dans L’Amour et la Révolution, il y a deux ans. Film visible gratuitement ici :
(au sujet du projet d’aéroport à Kastelli, c’est à partir de 43:50) 
 
Au niveau du montage financier, les firmes françaises ne sont pas en reste. Alors qu’une filiale de Vinci participe aux travaux, le groupe Aéroport de Paris (qui a racheté la société indienne GMR Airports) vient de rejoindre le projet à hauteur de 17,5%.
 
Les opposants à l’aéroport de Kastelli parient sur une victoire sur le terrain juridique, au moyen de plusieurs recours. Mais la Justice grecque fait traîner au prétexte de la pandémie qui ralentit la procédure, ce qui retarde d’autant l’action juridique suivante, cette fois à l’échelle européenne, avec plus de chance de victoire pour les opposants. Cette stratégie du pourrissement et de la terre brûlée rappelle celle de l’État français dans le Tarn en 2014, quand la zone humide du Testet était inexorablement détruite sans attendre l’issue des recours juridiques. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de barrage à cet endroit, mais le mal est fait. À Kastelli, il n’y aura peut-être jamais d’aéroport, mais la zone est d’ores-et-déjà saccagée. 
 
Malheureusement, les maigres tentatives de lancer une ZAD sur la zone des travaux n’ont pas réussi. Toutes les constructions, symboles, cabanes, clôtures, pierres diversement assemblées ont été détruites. À l’instar des pouvoirs toujours plus autoritaires en Europe, le gouvernement grec ne veut pas permettre le moindre début d’implantation sur son chantier. Après plusieurs destructions partielles, la cabane que nous avions construite avec le convoi de mai 2018, puis reconstruite avec celui de février 2019 a été complètement rasée il y a quelques semaines. Vidéo de la construction ici, à 1:08:39 :https://youtu.be/wNSfoTYY3hA?t=4119
 
UNE NOUVELLE CRISE HUMANITAIRE FRAPPE LES PRÉCAIRES SUITE AUX RESTRICTIONS ANTICOVID ET AUX POLITIQUES ANTISOCIALES
 
Dix ans après le début de la « crise grecque », une nouvelle crise commence à s’abattre sur la base sociale dans le pays. Nous faisons face à un afflux énorme de personnes en grandes précarité dans toutes les lieux solidaires autogérés ! Des familles entières sont à la rue, des personnes âgées, des jeunes ou encore des personnes handicapées montrent des signes inquiétants de faim et d’épuisement. Les témoignages se multiplient, les langues se délient. Alors que nous entrons dans l’hiver, la catastrophe pressentie se confirme : la Grèce entre dans une nouvelle crise qui sera peut-être encore plus violente que la précédente.
 
Parmi les causes principales, les restrictions anticovid sont très souvent citées. Beaucoup de gens ont été ruinés cette année, se retrouvant avec des ressources insuffisantes, et sombrent maintenant dans la précarité. Le niveau d’endettement étant déjà élevé depuis une dizaine d’années en Grèce, la chute des revenus a fait le reste. En quelques semaines, toute une partie de la population a été frappée de plein fouet, malgré les maigres compensations financières d’un État trop occupé à acheter des rafales à Dassault et à renforcer l’équipement de sa police anti-émeutes.
 


Ces jours-ci, cette photo a circulé montrant un policier donnant un coup de pied à un sans-abri endormi pour le réveiller avant l’ouverture des magasins de la rue Ermou, l’une des plus chères et luxueuses du centre d’Athènes.

La politique antisociale du nouveau gouvernement est également en cause. Depuis le retour de la droite au pouvoir, les plus pauvres sont encore plus en difficultés, laissés pour compte et traqués sur les trottoirs des rues passantes. Il en est de même pour les migrants. Le gouvernement Mitsotakis frappe simultanément toutes les formes de solidarité : évacuation massive des squats de réfugiés (même si le Notara 26 résiste encore à Exarcheia), harcèlement incessant des actions solidaires autogérées (dont les nôtres), pression sur les ONG avec interdiction pour leurs membres de révéler ce qu’ils voient dans les camps de migrants en Grèce (oui, vous avez bien lu, et ce, depuis le décret du 30 novembre 2020). 

 
À Lesbos, rien n’a changé : le sinistre camp de Moria (détruit par un incendie) a simplement été remplacé par celui de Kara Tepe, entassant actuellement plus de 10 000 hommes, femmes et enfants dans le froid, la boue et la censure la plus totale. Il y a quelques jours, nous avons appris qu’une pénurie d’eau avait frappé les personnes enfermées dans ce camp construit sous les auspices de l’Union européenne !
 
SOLIDARITÉ : APPEL À SOUTIEN URGENT !
 
Une fois de plus, c’est le mouvement social qui est en première ligne de la solidarité, dans l’autogestion et l’horizontalité. Dans ce contexte extrêmement difficile, nous appelons à soutien de toute urgence. En effet, nous n’avons plus du tout les moyens de poursuivre nos actions sur tous les terrains comme les années précédentes (squats, cuisines sociales, aides aux précaires grecs et migrants, aides aux compagnons de lutte réprimés, convois de fourgons solidaires…). 
 
 
Le contexte est particulièrement frustrant : sans la pandémie et les longues restrictions de cette année 2020, nous aurions réussi à sortir un nouveau film accompagné d’une nouvelle tournée parmi vous. Mais cela n’a pas été possible. Les membres des collectifs grecs participants au film et plusieurs des collectifs souhaitant nous accueillir en France, Suisse et Belgique, à l’unisson, ont préféré reporter la sortie en 2021 pour nous permettre de faire les choses correctement : permettre au nouveau film d’être un outil d’animation des luttes à l’ouest de l’Europe (comme pour les trois films précédents depuis 7 ans qui ont rencontré de belles affluences : Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’amour et la Révolution) et d’être un moyen majeur de solidarité à l’autre bout, en Grèce. Nous n’avons pas peur des ruines sortira dès que possible durant cette année 2021. Nous vous l’annoncerons dès que nous serons prêts, notamment pour construire la tournée et vous faire découvrir les bandes-annonces et extraits. 
 
 
Sachez néanmoins que ce film est en cours tournage complémentaire. En effet, nous avons repris la caméra au poing pour compléter les événements depuis juillet 2019 (date de l’arrivée de la droite au pouvoir) : nous sommes allés un peu partout en Grèce, à la demande de nos compagnons et camarades, et nous incluons la période actuelle et ses conséquences.
 
 
Voilà pourquoi, nous sommes contraints de lancer cet appel, démunis face à l’urgence. Si vous voulez et pouvez soutenir nos initiatives solidaires, c’est ici (procédez plutôt par virement ou paypal que par chèque, c’est plus rapide) :
 
1- Pour effectuer un virement à ANEPOS 
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU 
Objet : « Action Solidarité Grèce »
 
2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien : 
 
 
3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Objet : « Action Solidarité Grèce »
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
 
Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
 
 
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée (principalement de février à septembre 2020), malgré un contexte particulièrement difficile :
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ; 
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ; 
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ; 
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ; 
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons) 
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet) ; 
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ; 
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ; 
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ; 
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ; 
– Plusieurs cuisines sociales, dont L’Autre Humain (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ; 
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ; 
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ; 
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés). 
 
 
À savoir également qu’une collecte de fournitures et matériels sera peut-être organisée en février 2021 en France, si les conditions de déplacement le permettent. Nous vous en reparlerons si cela s’avère faisable. Auquel cas, une liste des besoins sera rapidement diffusée et une dizaine de fourgons se chargeront du ramassage des denrées et objets nécessaires. Par contre, si ce n’est pas possible, l’appel de ce message va être notre seul et unique moyen d’action cet hiver.
 
UN PEU D’HUMOUR, APRÈS CES MAUVAISES NOUVELLES
 
Ça circule en ce moment en Grèce (où nous sommes encore en quarantaine avec des attestations nécessaires pour circuler) :
Humour toujours : en France, l’Église de la Très Sainte Consommation (collectif satirique) va bientôt décerner ses Doigts d’or. Il a été difficile pour le jury de départager les candidats malgré eux pour choisir les pires, tant cette année 2020 a été mémorable en délires de puissance et d’argent ! L’occasion de rire de cette société absurde en attendant sa transformation radicale le plus tôt possible :
Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info. Pour la partager où bon vous semble, vous pouvez aussi utiliser la publication de cette lettre ici : nouveau lien du blog  (vous y trouverez aussi les images en plus grand format)
 
Courage pour 2021 et au plaisir de vous retrouver ! 
 
Solidairement,
 
Maud et Yannis Youlountas po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS avec les membres et soutiens des convois de mars, juillet et septembre 2020
 
 
Yannis Youlountas | 29/12/2020 à 10:36 | Catégories : Alerte | URL : https://wp.me/p6quRu-2tE

Dérive autoritaire en Grèce comme en France

Par Yannis Youlountas 7/12/20

ACTUELLEMENT EN GRÈCE : LE MOUVEMENT SOCIAL FAIT FACE À UNE FORTE RÉPRESSION POLICIÈRE ET REND HOMMAGE À LA RÉSISTANCE CONTRE LA LOI SÉCURITÉ GLOBALE EN FRANCE
Ce soir, le quartier d’Exarcheia est sous un déluge d’armes et d’uniformes. Pour empêcher toute révolte, l’état grec a déployé un véritable régiment de flics appuyé par deux hélicoptères et plusieurs drones. Des cris éclatent ici et là, ainsi que des explosions. Un immeuble inhabité est en feu. Depuis un an, la police grecque tente d’affaiblir le quartier en évacuant beaucoup de squats, mais certains résistent encore, en particulier le Notara 26 et le K*Vox. Cependant, depuis ce matin, la nouvelle irruption policière a atteint un niveau sans précédent. Non seulement par le nombre, mais aussi par des actes particulièrement choquants.
Pour commencer, en ce jour anniversaire de l’assassinat du jeune anarchiste Alexis Grigoropoulos par un policier à Exarcheia le 6 décembre 2008, les forces de l’ordre des puissants nous ont empêchés de nous rendre sur le lieu de recueillement où se trouve la plaque commémorative, à l’endroit où il a été assassiné à l’âge de quinze ans ! Pire encore, des dizaines de personnes ont été arrêtées pour avoir essayé de passer. Plus de 160 aux dernières nouvelles, en quelques heures ! L’un des flics a même arraché un bouquet de roses déposé sur les lieux avant de le détruire devant les caméras. Les images ont rapidement fait le tour de la Grèce provoquant déjà un scandale ce soir.
De plus, les journalistes ont été empêchés de continuer à filmer dans le quartier et repoussés le plus loin possible des « opérations de police ». Certains ont vu leur matériel abîmé, d’autres ont été refoulés violemment, notamment mes amis journalistes indépendants Alexandros Katsis et Mario Lolos (auteur de plusieurs des photos), parfois à coup de matraque !
Les dizaines de compagnon.nes et camarades arrêtés n’ont pas baissé la tête et, celles et ceux qui le pouvaient ont levé le poing à l’unisson avec la foule choquée mais persévérante.
Une fois de plus, des policiers ouvertement néonazis ont été remarqués parmi les « troupes » envoyées pour empêcher toute « révolte du 6 décembre » (cf. photos montrant les signes de reconnaissance sur leurs casques).
Rien de nouveau sous le soleil : le fascisme reste le gardien zélé du capitalisme. Il n’est pas une réelle opposition au système politique et économique actuel. Au contraire : à chaque situation de crise, il en est le stade ultime, au fil des dérives autoritaires.
Aujourd’hui, personne n’a pu entrer dans Exarcheia sans être contrôlé, même les taxis ! Dans Athènes, 31 stations de métro ont été fermées ! Plusieurs lieux ont été bloqués, parfois avec des militant.es à l’intérieur, sans eau et sans nourriture durant la journée. Des compagnons ont été poursuivis dans le quartier par des policiers qui ont osé faire exploser leurs grenades à l’intérieur d’un bâtiment, au risque de tuer les personnes visées.
Voyant venir cette rude journée d’anniversaire, certain.es ont voulu manifester deux jours plus tôt, le 4 décembre, mais ce fut très difficile également, en particulier place Syntagma, devant le parlement.
Simultanément, le groupe Rouvikonas a riposté dans cinq lieux de pouvoir contre la politique du gouvernement, en particulier, contre son traitement des faillites et des situations catastrophiques engendrées par la crise actuelle. Une crise qui est avant tout celle du capitalisme lui-même, mettant en évidence, une fois de plus, son absurdité économique, sociale et écologique. Le capitalisme, c’est la mort. Lui résister, c’est participer à sauver la vie, tant qu’il en est encore temps.
Dans son communiqué et ses tracts, Rouvikonas évoque l’exemple de la résistance à la loi sécurité globale en France qui, malgré un contexte très difficile pour les mobilisations, parvient à faire reculer le pouvoir :
« Comme ils l’ont fait en France, où, de la même sale manière, l’État a tenté de garantir le droit à la répression absolue et où la base sociale française est descendue dans la rue et l’a forcée à se retirer. »
Communiqué complet ici : https://rouvikonas.gr/archives/4710
Comme d’autres collectifs à Athènes, en Crète et ailleurs, Rouvikonas est aussi omniprésent sur le terrain de la solidarité en ces mois difficiles. En partenariat avec plusieurs cuisines sociales, le groupe anarchiste basé à Exarcheia et à Keratsini participe activement aux initiatives solidaires autogérées du mouvement social.
L’un des articles avec photos à ce sujet :
Nous essayons de faire la même chose en ce moment en Crète, plus modestement, sur une île où la résistance se poursuit tant bien que mal, aussi bien contre les grands projets nuisibles que contre le système politique et économique dans son ensemble. Des lieux sont en train de naître (nous en reparlerons) et des actions se multiplient. Parmi d’autres, hier soir, une grande banderole a été hissée sur la forteresse du port d’Héraklion, à la vue des habitants, des marins et des passagers : « Aucune police ne parviendra à vous protéger pour votre responsabilité immense dans les conséquences de cette pandémie ».
Communiqué complet avec photos : https://athens.indymedia.org/post/1608943/
En effet, cette pandémie révèle une fois de plus les profondes inégalités face au confinement et à ses conséquences. Pire encore, la covid19 offre un nouveau prétexte au pouvoir pour nous voler ce qui nous reste de liberté dans cette société toujours plus autoritaire. Après le terrorisme, voici le temps du virus. Les breaking news s’enchaînent à l’infini. Tous les moyens sont bons pour tourner la vis, encore et encore, et nous enfermer brutalement dans une société dystopique, où l’État ose se mêler de tout ce qui fait nos vies, de ses moindres replis, aux confins de notre intimité.
Celles et ceux qui n’avaient pas encore compris ce qu’est l’État devraient ouvrir les yeux à cette occasion : quelle que soit la guerre qu’il déclare en notre nom, contre ceci ou cela, c’est toujours nous qui subissons ses caprices, ses lubies et ses ordres tombés du ciel.
À l’inverse, Exarcheia fait partie de ces lieux où, ces dernières années, nous avons montré qu’il est possible de prendre nos vies en mains, dans l’autogestion, l’entraide, la création, la résistance, la démocratie directe et même l’anarchie — qui est, comme le soulignait Élisée Reclus, « la plus haute expression de l’ordre » et non le chaos comme le prétendent les médias à la botte.
Triste jour pour ce quartier d’Athènes étouffé par le pouvoir et ses valets. Mais le grain est semé et, en attendant qu’il puisse se répandre à nouveau dans Exarcheia, il est déjà en train de pousser dans de nouveaux lieux en Grèce 😉
Douces pensées à vous tou.tes. Tenez bon. Et encore bravo pour la lutte contre la loi sécurité globale, même si rien n’est fini !
Yannis Youlountas

Grèce Grève du secteur public jeudi 26 nov

Les travailleurs de la santé grecs se joignent à la grève du secteur public jeudi
   
Les travailleurs de la santé participent jeudi à la grève nationale de 24 heures annoncée par l’ADEDY, le plus grand syndicat du secteur public grec, qui exige des mesures de protection pour les employés et des embauches massives dans le secteur de la santé.

La Fédération panhellénique des employés des hôpitaux publics (POEDIN) a appelé ses membres à se rassembler à l’entrée des hôpitaux à 8 heures du matin.

Un rassemblement suivra à midi au ministère de la santé, en présence de la POEDIN et des dirigeants des syndicats de l’Attique.

Les travailleurs réclament le rétablissement des 13e et 14e salaires – les primes de Pâques, d’été et de Noël qui ont été supprimées pendant la crise économique – et que le gouvernement garantisse toutes les mesures de protection pendant la pandémie, grâce à un personnel, un financement et des moyens de protection personnelle adéquats.

Ils souhaitent également que le personnel sous contrat temporaire bénéficie d’un statut permanent.

Source https://www.ekathimerini.com/259567/article/ekathimerini/news/greek-health-workers-to-join-public-sector-strike-on-thursday


Les travailleurs du métro, du tram et du train urbain d’Athènes se mettent en grève le 26 novembre

Les travailleurs du métro, du tramway et du train urbain ISAP se joindront à la grève de 24 heures le jeudi 26 novembre 2020.

Dans une annonce, les employés de STASY ont déclaré qu’ils n’étaient « pas prêts à accepter l’utilisation de la pandémie comme un « outil » pour faire passer une législation anti-travailleurs qui bafoue des décennies de droits ».

Ils ont également déclaré que les propositions du gouvernement pour l’abolition de la journée de huit heures, des heures supplémentaires non payées, des restrictions supplémentaires des actions de grève, l’affaiblissement des possibilités de conflits du travail et la réduction des allocations pour les chômeurs, « ne peuvent pas être acceptées par les travailleurs ».

Ils ont également demandé que davantage de mesures soient prises pour lutter contre la pandémie à STASY, notamment des installations pour le dépistage du Covid-19 chez le personnel aux frais de l’entreprise et la signature d’une nouvelle convention collective de travail.

Les syndicats du secteur public, le Centre du travail d’Athènes et d’autres organismes ont appelé à une grève de 24 heures. En dépit des restrictions imposées par le confinement, les syndicats ont appelé à des rassemblements d’un nombre limité de personnes à Athènes et dans d’autres villes.

Taxons la finance en Europe

Mobilisation collective pour obtenir 57 milliards d’euros en taxant la finance en Europe

« On a tous conscience d’être dans un moment crucial. Le mélange de la crise sociale, sanitaire et climatique nous dirige vers un chaos. Il faut dégager des moyens financiers pour y faire face. » Pierre Larrouturou

Après 18 jours de grève de la faim et 10 kilos en moins, l’eurodéputé Pierre Larrouturou a mis fin à son jeûne pour valoriser la mobilisation collective. Dernière ligne droite de son combat : il n’a plus que 4 semaines pour convaincre un maximum de dirigeants européens de taxer la finance d’ici le Conseil européen des 10 et 11 décembre. En jeu : 57 milliards d’euros de recettes annuelles pour un plan climat vraiment efficace et le remboursement de la dette commune du plan de relance européen. Parmi les pays encore opposés à des mesures ambitieuses : la France. L’eurodéputé appelle chaque citoyen à se joindre à la mobilisation.

Une mobilisation collective représentative de la diversité des points de vue

Le 17 novembre, Pierre Larrouturou a lancé le deuxième acte de sa campagne pour la taxe des transactions financières (TTF) en Europe sous la forme d’une conférence de presse collective, accompagné de soutiens de plus en plus nombreux qui détonnent par leur diversité : ONG et activistes bien entendu, mais aussi politiques de différents bords.

Parmi ces derniers, des personnalités initialement opposées à la taxation de la finance qui ont changé d’avis face à la gravité des enjeux écologiques et sociaux comme le Maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, Vice-Président du groupe politique français Les Républicains/

« Soutenir Pierre Larrouturou dans son combat a été un vrai processus de réflexion. Au sein de ma formation politique LR et avec mon expérience de maire, je me suis questionné autour de deux thématiques centrales : le bien être social et le développement durable. Et j’ai compris que les salariés perdent leur capacité à s’adapter et à évoluer dans un système qui va de plus en plus vite, où les individus se retrouvent enfermés dans la précarité. Au cours des 40 dernières années, la rentabilité est devenu notre unique objectif, et la finance est devenue la finalité de notre société quand elle ne devrait en être qu’un outil. La crise des Gilets Jaunes a montré l’écart entre la nécessaire transition écologique et la capacité individuelle des gens à y répondre. Il faut donc revoir notre système d’imposition et de taxation pour répondre aux besoins de la France : taxer les transactions financières en Europe est devenu un impératif sociétal. » explique-t-il lors de la conférence de presse

Un constat partagé par Jean-Luc Crucke, Ministre Wallon du Budget et des Finances, un libéral initialement hostile à cette idée qui y voit désormais « la seule opportunité économique efficace face aux géants chinois et américains » mais aussi un geste de solidarité indispensable au moment où de nombreuses personnes sont plongées dans la misère. Cela renvoie à l’un des fondements de l’Europe : ne pas être qu’un marché, mais aussi défendre une certaine idée de la dignité humaine.

Une vision partagée par Philippe Laurent, Secrétaire général de l’Association des Maires de France, Président du Conseil des Communes et Régions d’Europe.

« L’UE doit disposer de ressources propres pour ne pas dépendre de la seule contribution des Etats. Cette proposition a l’immense avantage de procurer 57 milliards d’euros de ressources annuelles à l’UE pour lui permettre de mener des politiques pérennes de transition écologique et sociale sans avoir besoin de négocier de façon permanente avec les Etats. »

La France à convaincre

Taxer les transactions financières en Europe n’est pas une idée nouvelle. L’outil pour le faire est même prêt depuis la directive de septembre 2011, lorsque la Commission européenne était pourtant dirigée par José Manuel Barroso, qui a été embauché par la banque d’affaires Goldman Sachs juste après la fin de son mandat européen. C’est donc une question de volonté politique.

Et en 2020, les lignes bougent depuis quelques mois, de façon positive pour les défenseurs de cette TTF. Le ministre allemand du développement et celui des finances, ainsi qu’Angela Merkel elle-même considèrent que cette TTF fait partie des solutions indispensables à mettre en place. A la veille de rendre la présidence de l’UE, l’Allemagne veut se démarquer par une mesure écologique et sociale vraiment ambitieuse.

Même le ministre autrichien des finances, Gernot Blümel, a prévenu que l’Autriche quitterait le groupe de pays qui élaborent actuelle une TTF européenne si cette dernière n’est pas assez ambitieuse.

Dans une lettre adressée aux Ministères des Etats membres, il accuse la France de vouloir privilégier une taxation à laquelle pourraient échapper 99% des transactions financières en refusant de taxer les produits dérivés et le trading à haute fréquence  !

En France, l’enjeu autour de la mobilisation collective est donc de taille car le soutien inconditionnel d’Emmanuel Macron à une TTF véritablement ambitieuse pourrait tout changer en créant un effet d’entraînement qui permettrait de ne pas être bloqué par un vote à l’unanimité.

La crise de partout, sauf pour la finance

Les soutiens grandissants de l’eurodéputé en sont convaincus : c’est maintenant que tout se joue. « Si rien n’est fait, un budget indécent, largement insuffisant face à l’urgence sanitaire, climatique et sociale, sera adopté. Jusque 2027. » Date du prochain vote du budget général de l’Europe.

« L’essentiel de l’argent circule dans des stratosphères déconnectées de l’économie réelle. Cela aggrave les inégalités sociales et les impacts environnementaux. Une fois tous les 7 ans, nous avons une chance de ré-orienter le cadre annuel pluri-européen ; c’est maintenant qu’il faut la créer, c’est une chance à ne pas laisser passer. Les membres de l’UE doivent assumer leur responsabilité : allez toutes et tous sur la plateforme dédiée, écrivez-leur. Il faut comprendre qu’il est temps de contribuer au bien commun. » plaide Arnaud Schwartz, Président de la FNE

Ainsi, les volumes échangés sur les marchés financiers européens sont 45% plus élevés qu’en 2010. Un accaparement des richesses qui n’est plus acceptable en période de crise pour les ONG.

« Les inégalités deviennent immorales et insupportables car depuis 2008 rien n’a été fait ou presque sur la taxation de la finance ! L’un des acteurs principaux à avoir bloqué la taxation financière, c’est Emmanuel Macron aussi bien en Europe qu’en France. Mais aujourd’hui la crise accroît la pauvreté, fait exploser la dette française, il va donc bien falloir prendre l’argent là où il est généré : dans le milieu de la finance qui est complètement sous-taxé. J’espère que cet appel sera entendu par Emmanuel Macron car c’est là que ça doit bouger. Ne vous faites pas avoir par les prochains articles qui vont sortir pour expliquer que la finance va mal, c’est faux. » analyse Alexandre Naulot, Responsable de campagnes France chez WE MOVE EUROPE

Des constats qui ont convaincu la vingtaine grévistes de la faim qui ont rejoint Pierre Larrouturou dans son combat, mais aussi l’activiste pour le climat Camille Etienne et les dizaines de milliers de personnes ayant interpellé Emmanuel Macron et Angela Merkel via les réseaux.

Au cours des quatre prochaines semaines, de nombreuses actions et temps d’échange auront ainsi lieu pour faire pencher la balance en faveur de cette taxe sur les transactions financières. Réponse les 10 et 11 décembre.

Plus d’infos : https://taxonslaspeculation.eu/home/

Source https://lareleveetlapeste.fr/mobilisation-collective-pour-obtenir-57-milliards-deuros-en-taxant-la-finance-en-europe/?utm_source=actus_lilo

Translate »