Titre de la catégorie

Autem vel eum iriure dolor in hendrerit in vulputate velit esse molestie consequat, vel illum dolore eu feugiat nulla facilisis at vero eros et dolore feugait.

Archives de catégorie Les réfugiés-migrants Les exilés

Frontière de l’Evros : violence, déshabillage, expulsions

Un interprète afghan de l’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, a été agressé par les autorités grecques, qui l’avaient pris pour un migrant. Après son arrestation, il a été contraint de monter dans un canot sur la rivière Evros, direction la Turquie.

C’est un incident qui pourrait changer la donne. Un interprète afghan travaillant pour l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex a déclaré avoir été agressé par des garde-frontières grecs, qui l’avaient pris pour un demandeur d’asile, rapporte le New York Times.

Le 3 septembre dernier, alors qu’il se rendait en bus dans la ville grecque de Thessalonique, la police l’a forcé à descendre, avec un certain nombre de migrants. Roué de coups, déshabillé de force, l’interprète a ensuite été emmené dans un entrepôt isolé où étaient détenues « au moins 100 autres personnes, dont des femmes et des enfants ». Tous ont été forcés à monter dans des canots et poussés à traverser la rivière Evros, pour rejoindre la Turquie.

Membre d’une équipe d’experts déployée pour aider les garde-frontières à communiquer avec les demandeurs d’asile, il s’est retrouvé dans le pays sans téléphone, sans argent et sans papiers, que les policiers grecs lui avaient volés. L’homme a fini par atteindre Istanbul, où il a reçu une assistance consulaire des autorités italiennes.

Plusieurs fois durant son arrestation, il a essayé de dire aux policiers grecs qu’il travaillait pour l’Union européenne (UE). Mais « ses tentatives […] se sont soldées par des rires et des coups ».

>> À (re)lire : Frontière Turquie-Grèce : arsenal anti-migrants ultra-moderne le long du fleuve Evros

Pour le journal américain, ses dires « sont particulièrement problématiques pour les fonctionnaires grecs, car [la victime] est un résident légal de l’UE [il vit en Italie], et employé par une de ses agences ». D’autant plus qu’il dispose de preuves tangibles, sous la forme d’enregistrements audio et vidéo, qui étayent les abus qu’il a subis.

L’affaire a d’ailleurs fait réagir jusqu’aux hautes sphères de l’institution. La commissaire européenne chargée des migrations, Ylva Johansson, a déclaré avoir appelé l’interprète vendredi dernier et s’est dit « extrêmement préoccupée » par son récit. « Son affirmation selon laquelle il ne s’agissait pas d’un cas isolé est un problème grave », a-t-elle ajouté.

Après cette discussion, Ylva Johansson s’est entretenue lundi avec Takis Theodorikakos. Le ministre grec de la Protection des citoyens lui a promis d’enquêter sur les allégations de l’interprète. Mais son cabinet a dans le même temps indiqué dans un communiqué que, d’après les premières enquêtes effectuées, « les faits ne sont pas tels qu’ils sont présentés ».

« Déshabillages de masse »

Des accusations telles que celle-ci sont régulièrement rapportées par les migrants aux ONG et à la presse. En octobre, un ex-policier grec confirmait même à InfoMigrants avoir pratiqué des « pushbacks » illégaux, et renvoyé lui-même 2 000 personnes vers la Turquie. « Régulièrement, mes collègues m’appelaient pour me prévenir qu’ils allaient venir avec des migrants. Ils étaient généralement rassemblés par groupe de 10 environ. Mon rôle était simple : je les faisais monter sur mon bateau, souvent à la tombée de la nuit et je les ramenais vers les côtes turques », avait-il raconté.

Des agressions physiques et des humiliations sont aussi très régulières. En juin, les autorités turques avaient partagé une photo d’un petit groupe de migrants totalement nus. D’après eux, ils avaient été arrêtés en Grèce, battus, déshabillés, privés d’eau et de nourriture, et renvoyés de force de l’autre côté de la frontière. Le procédé est également documenté dans un rapport du Border Violence Monitoring Network. Selon le réseau d’organisations, en 2020, 44% des témoignages enregistrés décrivent des cas de déshabillage forcé. Des « déshabillages de masse, avec jusqu’à 120 personnes enfermées dans le même espace de détention » sont monnaie courante.

>> À (re)lire : La frontière de l’Evros, un no man’s land grec ultra-militarisé où « personne n’a accès aux migrants »

Ces pratiques, pourtant connues depuis de nombreuses années, ont toujours été réfutées par le gouvernement grec. Ce mois-ci, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a une nouvelle fois rejeté les accusations d’abus contre les migrants par les autorités du pays. Il a qualifié sa politique migratoire de « dure, mais juste ».

Cette même politique – couplée à une forte militarisation de la frontière – occasionne, aussi, des morts. À Alexandropoulis, près de la frontière turque, un médecin-légiste se charge de leur redonner une identité. Entre janvier et octobre, il a autopsié 38 corps. Chaque semaine, le médecin reçoit des mails de familles désespérées, et prend le temps de répondre à chacun d’eux. Les corps non-identifiés et non réclamés sont envoyés dans un cimetière de migrants anonymes. Perdu dans les collines, il compte environ 200 tombes.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/36995/frontiere-de-levros–roue-de-coups-et-deshabille-de-force-un-interprete-afghan-de-frontex-accuse-les-gardefrontieres-grecs

Message de SOS MEDITERRANEE

Mardi 26 octobre, l’Ocean Viking a repris la mer pour une nouvelle mission de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale. Une mission d’autant plus urgente que 1 224 personnes* y ont déjà perdu la vie en 2021, et que 26 314 personnes ont été ramenées de force en Libye. Une urgence dont témoignent les personnes rescapé.e.s et nos équipes dans cette newsletter.

En dépit de ce sombre constat nous voulons voir des signes d’éclaircie à l’horizon. D’abord, avec le retour en mer d’autres organisations humanitaires qui augmente les capacités de recherche et de sauvetage des personnes en détresse. Une avancée d’autant plus importante que nous commémorons l’arrêt de l’opération de sauvetage de la marine italienne Mare Nostrum le 30 octobre 2014, qui a mené à la création de notre association.

Sur un plan juridique, alors que nous préparions notre retour en mer en réalisant des travaux de maintenance et un contrôle de nos dispositifs de sauvetage au port de Naples, un tribunal de cette ville a condamné le capitaine d’un navire commercial italien pour avoir renvoyé des personnes à Tripoli alors qu’elles tentaient de fuir la Libye. Cette décision confirme ce que SOS MEDITERRANEE rappelle depuis six ans : la Libye n’est pas un lieu sûr de débarquement des personnes rescapées.

Enfin, nous voyons la société civile européenne continuer à se mobiliser à nos côtés, par des défis solidaires ou en participant à nos événements, pour soutenir les actions de sauvetage humanitaire en mer.

Merci pour votre engagement à nos côtés,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE

#TogetherForRescue

Lire le dernier journal de bord de Justine,marin-sauveteuse à bord de l’Ocean Viking https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/carnet-de-sauvetage-justine-1

Soutenir SOS MEDITERRANEE pour sauver des vies https://www.sosmediterranee.fr/

400 réfugiés afghans sur un cargo en détresse pendant 4 jours

La Grèce laisse accoster un bateau rempli de réfugiés afghans après quatre jours en mer

Le navire a été autorisé à débarquer près de 400 personnes dans le port égéen de Kos dans un « cas inhabituel et spécial ».

Helena Smith à Athènes

Après avoir erré en haute mer pendant quatre jours alors que la Grèce et la Turquie marchandaient sur son sort, un cargo rempli de centaines de réfugiés afghans a été autorisé à accoster sur une île de la mer Égée, les passagers débarquant pour demander l’asile.

Dans ce que le ministère grec des migrations a appelé « un cas inhabituel et spécial », le navire battant pavillon turc a été remorqué dans le port de Kos dimanche. Quelque 375 passagers, soit le plus gros afflux de demandeurs d’asile depuis des années, ont été emmenés dans un centre d’accueil sur l’île. Six autres personnes ont été placées en détention pour interrogatoire et une femme a été admise à l’hôpital sur l’île de Karpathos.

Les garde-côtes grecs ont déclaré que les personnes à bord étaient pour la plupart de jeunes hommes afghans. Nombre d’entre eux seraient affamés et déshydratés après une épreuve qui a commencé jeudi lorsque le cargo, initialement destiné à l’Italie, a eu des problèmes de moteur et a lancé un signal de détresse au large de l’île de Crète, peu après avoir quitté la Turquie.

Des jours de négociations entre Athènes et Ankara ont suivi, après que le gouvernement grec a fait appel, par l’intermédiaire de la Commission européenne, à la Turquie pour qu’elle reprenne le navire, conformément à un accord conclu en 2016 avec l’Union européenne et destiné à endiguer les flux de migrants.

Lorsque les autorités turques ont fait savoir qu’elles n’accepteraient pas le navire, les garde-côtes grecs ont lancé ce qu’ils ont appelé l’une des plus grandes opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée orientale.

Le ministre grec des migrations et de l’asile, Notis Mitarachi, a décrit l’incident comme « un nouveau voyage dangereux et illégal depuis la côte turque… facilité par des bandes criminelles ».

Il a déclaré dimanche : « Nous avons informé l’UE que la Turquie a refusé de reprendre son navire. La Grèce a sauvé des centaines de milliers de personnes au cours des sept dernières années. Il est temps pour l’UE d’agir, de faire preuve d’une solidarité efficace et de veiller à ce que la déclaration UE/Turquie de 2016 soit respectée.

« Contrairement à la Turquie et à d’autres pays qui ont ignoré le problème, la Grèce a pris les devants, fournissant une aide humanitaire immédiate aux personnes dans le besoin, comme nous le faisons toujours. Mais la Grèce ne peut pas résoudre la crise migratoire seule. »

Les chiffres ont chuté de façon spectaculaire, mais Athènes et Ankara se sont livrés à une guerre des mots au sujet des arrivées de migrants. Depuis que les talibans ont pris le contrôle de l’Afghanistan en août, les États membres de l’UE craignent de voir se reproduire la crise des réfugiés de 2015, lorsque près d’un million de Syriens ont afflué en Europe via Lesbos et d’autres îles de la mer Égée.

La Turquie a accusé à plusieurs reprises la Grèce de renvoyer de force des bateaux remplis de demandeurs d’asile dans les eaux turques en menant une politique de refoulement, et a invité les médias internationaux à assister à ces incidents. Athènes a accusé les autorités turques de faire délibérément monter la tension en encourageant les passeurs à organiser ces voyages illicites.

Selon l’ONG Aegean Boat Report, les autorités grecques ont été informées par les médias locaux que le cargo était en détresse, mais elles n’ont pas confirmé l’incident, ce qui fait craindre qu’un autre refoulement soit en cours. Aucune des personnes à bord ne voulait retourner en Turquie car elles ne la considéraient pas comme un pays sûr, a déclaré l’organisation.
Le rapport complet avec les mises à jour, les photos, les vidéos et les messages vocaux des personnes à bord du bateau dans le lien ci-dessous
https://aegeanboatreport.com/…/pushback-ongoing…/

Source https://www.theguardian.com/world/2021/oct/31/greece-lets-boat-packed-with-afghan-refugees-dock-after-four-days-at-sea

Communiqué du Conseil de l’Europe sur le refoulement des migrants

Les États européens doivent s’opposer aux refoulements et à la tentative de les légaliser

Strasbourg 21/10/2021 – « Les États membres doivent prendre position contre les refoulements aux frontières et s’opposer fermement aux tentatives de légaliser cette pratique illégale », a déclaré la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović.

Les violations des droits de l’homme dont sont victimes des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants aux frontières des États membres du Conseil de l’Europe se multiplient à un rythme effrayant. Nombreuses sont notamment les personnes qui se voient refuser l’accès à la procédure d’asile et sont renvoyées sans bénéficier de garanties individuelles ; souvent, elles subissent aussi des violences, qui mettent parfois leur vie en danger. Ces refoulements aux frontières sont contraires aux garanties juridiques clairement établies dans la Convention relative au statut des réfugiés et dans la Convention européenne des droits de l’homme. La nécessité de faire face à une situation d’urgence est de plus en plus souvent invoquée pour justifier des pratiques qui portent atteinte au droit de demander l’asile et qui enfreignent l’interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants et l’interdiction des expulsions collectives.

Il est temps que les gouvernements des États européens mettent un terme aux initiatives législatives et aux politiques qui tendraient à « normaliser » les refoulements et à supprimer des garanties essentielles destinées à protéger les droits des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants aux frontières.

C’est le moment de dénoncer ces pratiques. En effet, alors que 12 États membres de l’Union européenne viennent de proposer d’adapter la cadre juridique actuel aux nouvelles réalités, et alors qu’il est de plus en plus question de légaliser les refoulements, les dirigeants de l’UE vont se réunir à Bruxelles pour parler de la politique migratoire.

Certes, il y a des États membres qui sont confrontés à des situations très difficiles, mais il faut rejeter catégoriquement l’idée que cela les autoriserait à faire abstraction, en totalité ou en partie, des garanties essentielles en matière de droits de l’homme.

De plus, des mesures doivent enfin être prises par tous les États européens afin de reconnaître leur part de responsabilité dans ces violations. Elles sont en effet souvent commises au nom de « la protection des frontières de l’Europe », dans un souci commun de dissuasion et avec l’aide financière ou matérielle d’autres États membres. Il faut aussi remédier au manque de solidarité entre les pays européens en ce qui concerne l’accueil des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants. Le manque de solidarité ne saurait excuser des violations des droits mais constitue, pour les pays de premier accueil, une incitation forte à refouler les étrangers. Il est donc indispensable que tous les États européens assument leurs responsabilités pour résoudre ensemble ce grave problème de droits de l’homme sur notre continent.

Les refoulements sont des violations des droits de l’homme. Ils ne peuvent pas être légalisés. Matthieu Birker
Adviser / Conseiller
Office of the Commissioner for Human Rights
Bureau de la Commissaire aux droits de l’homme
Council of Europe / Conseil de l’Europe
T+33 (0)3 88 41 21 67 – F+33 (0)3 90 21 50 53
Source www.coe.int/commissioner

___________________________________________________________________________________________________

Contre les migrants, toujours plus de technologie

Villepinte (Seine-Saint-Denis), reportage

« Viens ici pépère ! » lance un homme élancé en costume-cravate en direction d’un chien-robot en mouvement, faisant mine de lui proposer à manger. Derrière les regards amusés autour du robot développé par l’entreprise étasunienne Ghost Robotics, son « maître » le guide avec sa télécommande d’un œil malicieux. Ce chien-robot au look Black Mirror répond au nom de Q-UGV et sa mission consiste à surveiller des sites ultra sensibles comme les centrales nucléaires.

Ce surveillant atypique, capable de courir, grimper et nager dans des environnements extrêmes, était l’une des nombreuses innovations présentées sur le salon Milipol de la sécurité intérieure au parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Près de 1 000 exposants, dont deux tiers d’entreprises internationales, y ont élu domicile du mardi 19 au vendredi 22 octobre. Plus de 30 000 professionnels de la sécurité publique et privée de 150 pays déambulaient dans les allées. Entre une coupe de champagne et des petits fours, ils s’informaient et commercaient sur les dernières grenades lacrymogènes, les dispositifs de reconnaissance faciale ou les fusils d’assaut.

Le salon Milipol réunit chaque année en banlieue de Paris des milliers d’entreprises du secteur de l’armement et de la sécurité. © Hugo Robert / Reporterre

L’heure est à la reprise pour le secteur de la sécurité. « La première des libertés », comme l’a assuré le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors de sa visite du salon le premier jour. Après avoir subi la crise sanitaire à l’instar d’une large partie de l’économie mondiale, le marché mondial de la sécurité intérieure devrait rebondir. Sa prévision de croissance est de 8 % en 2021 et de 6 % en 2022, après une baisse de 3 % en 2020. En France, il n’a pas été épargné non plus et les dépenses étatiques consacrées à la sécurité ont baissé de 8,6 %, pour atteindre 3,6 milliards d’euros. Mais certains domaines, comme celui des drones de surveillance, ont tiré leur épingle du jeu avec une progression de 5,8 %. Alors que l’Union européenne peine toujours à s’accorder sur une politique commune de gestion des frontières, chaque État membre est tenté de renforcer la surveillance des siennes grâce à des technologies toujours plus sophistiquées.

Mille et une façons de traquer les migrants

Déjà déployés, en passe d’être expérimentés ou pas encore autorisés, les dispositifs de détection de migrants sont présentés aux quatre coins de l’immense salle d’exposition. Nichés entre deux stands de drones, les représentants de la société française HGH, spécialisée dans les systèmes électro-optiques, sont ainsi très sollicités. La série de caméras thermiques Spynel, qui promet une « surveillance panoramique 360 degrés, jour et nuit, jusqu’à l’horizon » sur les frontières des pays intéressés, a du succès. À l’occasion du salon, l’entreprise vient de finaliser un contrat d’un million d’euros avec un pays de l’OTAN — dont elle tait le nom — pour sécuriser et surveiller sur près de 1 000 kilomètres de côte et empêcher les passages des migrants et des trafiquants de drogues. « C’est impossible d’échapper à la vigilance de cette caméra, et à l’inverse des drones, on ne peut pas brouiller son signal car elle n’émet aucune onde », se félicite le responsable marketing. « Si un groupe de personnes ou un zodiac s’approche de nuit d’un littoral dans la zone surveillée, l’intelligence artificielle détectera automatiquement le mouvement et une alerte sera envoyée aux forces de sécurité », poursuit-il.

De l’autre côté du salon, un groupe de gendarmes écoute attentivement les explications du représentant de l’entreprise néerlandaise UVI-Scan. Sur la brochure commerciale, une page est consacrée à un scanner capable de détecter les passagers clandestins sous les camions. Le visuel est explicite : accrochés sous un véhicule, deux migrants sont pris en flagrant délit. « Ce sont de vraies photos ! » assume le consultant technique. « C’est un système intégré à la chaussée qui détecte les intrus et prend automatiquement une photo à l’approche des postes frontières et des ferrys », explique-t-il. « Nous en avons déployés un peu partout en Europe, notamment à Dieppe en France ». Là où de nombreux exilés tentent leur chance pour gagner les côtes anglaises par le ferry ou des embarcations de fortune.

Entre deux stands de fusils d’assaut et des tenues de camouflages, un drone blanc aux allures d’avion miniature surplombe le stand de German Drones. L’entreprise allemande propose un « service personnalisé » à ses clients en fonction des usages ». Pour la détection de passages de migrants à la frontière, Anis Fellahi, le chef de projet international du groupe, recommande « le modèle 150, le plus performant, qui peut voler une heure et demie, couvrir une centaine de kilomètres, et transmet une vidéo de meilleure qualité ». Le dit Songbird est d’ores et déjà déployé aux frontières allemandes et belges, et cherche à étendre son empreinte.

Les industriels ne s’arrêtent pas là et proposent aux autorités des outils de surveillance aérienne toujours plus développées et intrusifs. L’entreprise française T-ops intègre des IMSI-Catcher directement embarqués sur les drones. Ce dispositif de surveillance de masse est capable d’intercepter le trafic des communications téléphoniques, de récupérer et recouper ces informations à distance et de suivre les mouvements des utilisateurs. « Là nous proposons un produit avec une efficacité au-delà du réel ! » s’exclame le représentant de la société. Cette technologie peut-elle être déployée pour repérer les migrants ? « C’est possible, oui. Mais nous ne fournissons qu’un service, le responsable de son utilisation est l’État », répond-il sobrement.

Certains produits attendent des évolutions législatives pour être pleinement déployés. C’est le cas du drone de surveillance très longue distance présenté par le groupe belge John Cockerill, traditionnel acteur de la défense, lancé depuis peu dans la sécurité intérieure. « Ce type d’appareil peut voir jusqu’à 30 kilomètres et il est en capacité d’identifier très clairement des personnes », explique Jean-Marc Tyberg, le président du conseil d’administration du groupe. « À ce stade, nous devons intégrer un logiciel qui floute automatiquement le visage de la personne pour ne pas la reconnaître ». Mais selon lui, « se priver de ces outils de reconnaissance revient à fermer les yeux en conduisant. Il faut que l’on rattrape notre retard législatif pour que ces solutions puissent être pleinement utilisées. » Jean-Marc Tyberg fait référence aux longs débats autour de la controversée loi Sécurité globale. Le Conseil constitutionnel avait fini par censurer le dispositif d’encadrement de l’utilisation des images des drones utilisés les forces de l’ordre, jugée trop dangereux au regard du droit à la vie privée. Mais le gouvernement est revenu à la charge à la rentrée avec une disposition remaniée dans le projet de loi relatif à la sécurité intérieure, actuellement débattu au Parlement.

Si la France n’est pas le terrain de jeu technologique idéal des industriels, d’autres États comme la Grèce accueillent de nombreuses expérimentations plus poussées. Le pays frontalier de la Turquie est un passage obligé dans le parcours des migrants. Et il reçoit le soutien de l’agence de gardes-côtes européens Frontex, accusée par des ONG et des médias d’opérer des refoulements illégaux à l’extérieur de l’UE. Si le gestionnaire des frontières européennes n’a pas de stand dédié ici, ses fournisseurs sont disséminés sur le salon. La société française Cnim Air Space est l’un d’eux. « Notre modèle de ballon captif Eagle Owl gonflé à l’Hélium peut voler jusqu’à 600 mètres de haut, et possède une autonomie de 7 jours », expose fièrement le représentant de l’entreprise. Il est actuellement utilisé par les autorités grecques et l’agence Frontex. Un modèle plus petit a également été expérimenté autour de Calais par la gendarmerie. Avec sa caméra embarquée, il renvoie en continu les images vers une station positionnée au sol. « En cas d’alerte, si un zodiac débarque, les autorités grecques sont en capacité de les repérer à des kilomètres avant d’intervenir », précise-t-il. « Il mesure 22 mètres de long, donc le fait de le voir peut aussi avoir un effet dissuasif… ».

La Grèce accueille également l’expérimentation du projet Roborder, contraction de robot et de border (frontière en anglais), lancé en 2017, qui prévoit un système de surveillance des frontières par un essaim de drones autonomes, capables par l’intelligence artificielle de déterminer les franchissements. Le projet iborder control ambitionne quant à lui de développer un algorithme capable de détecter les mensonges des migrants lors de leur passage à l’aéroport.

Mais sur le terrain, les associations d’aide aux personnes exilées observent que le renforcement de la surveillance des frontières ne décourage pas les candidats à l’asile, mais rend simplement leur parcours plus dangereux. Alors que la surveillance se renforce d’année en année, l’Organisation internationale des migrations a comptabilisé 1 146 décès de migrants sur les routes maritimes vers l’Europe au premier semestre 2021, contre 513 en 2020 et 674 en 2019 à la même période. Mais au salon Milipol, le rêve d’une Europe forteresse a de belles années devant lui.

Source https://reporterre.net/Contre-les-migrants-toujours-plus-de-technologie?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

Soutien de l’ANTIVITA à Mimmo Lucano

Communiqué de soutien de l’ANVITA (Association Nationale des VIlles et Territoires Accueillants) suite à la lourde condamnation du Maire de Riacce.

2021-03-10_CP Soutien Mimmo Lucano

Et pour connaître les positions de ce maire lire ce texte qu’il avait déjà écrit en 2018 lors d’une assignation à résidence.

Résistez, résistez toujours

« Ayez le courage de rester seul »

Il est inutile de vous dire que j’aurais aimé être présent parmi vous non seulement pour des salutations formelles mais pour quelque chose de plus, pour parler sans le besoin et l’obligation d’écrire, pour ressentir ce sentiment de spontanéité, pour sentir l’émotion que les mots produisent de l’âme, enfin pour vous remercier un par un, vous tous, pour une forte étreinte collective, avec toute l’affection dont les êtres humains sont capables.

À vous tous qui êtes un peuple en voyage vers un rêve d’humanité, vers un lieu imaginaire de justice, chacun de vous mettant de côté ses engagements quotidiens et défiant même l’inclémence du temps. Je dis merci.

Le ciel traversé par tant de nuages noirs, les mêmes couleurs, la même vague noire qui traverse le ciel de l’Europe, qui ne laisse plus entrevoir les horizons indescriptibles des sommets et des abîmes, des terres, des douleurs et des croix, de la cruauté des nouvelles barbaries fascistes.

Ici, sur cet horizon, les peuples sont là. Et avec leurs souffrances, leurs luttes et leurs conquêtes. Parmi les petites choses de la vie quotidienne, les faits se croisent avec les événements politiques, les problèmes cruciaux de toujours avec les menaces renouvelées d’expulsion, d’attentats, de mort et de répression.

Aujourd’hui, dans ce lieu frontalier, dans cette petite ville du sud de l’Italie, terre de souffrance, d’espoir et de résistance, nous allons vivre un jour qui entrera dans l’histoire.

L’histoire, c’est nous. Avec nos choix, nos convictions, nos erreurs, nos idéaux, nos espoirs de justice que personne ne pourra jamais supprimer.

Un jour viendra où il y aura plus de respect des droits de l’homme, plus de paix que de guerres, plus d’égalité, plus de liberté que de barbarie. Où il n’y aura plus de personnes voyageant en classe affaires et d’autres entassées comme des cargaisons humaines provenant de ports coloniaux et dont les mains s’accrochent aux vagues dans les mers de la haine.

En ce qui concerne ma situation personnelle et mes affaires juridiques, je n’ai pas grand-chose à ajouter à ce qui a été largement rapporté. Je n’ai aucune rancune ou revendication contre qui que ce soit.

Cependant, je voudrais dire au monde entier que je n’ai pas à avoir honte, pas à me cacher. Je referais toujours les mêmes choses, qui ont donné un sens à ma vie. Je n’oublierai pas cet immense fleuve de solidarité.

Je te porterai dans mon cœur pendant longtemps. Nous ne devons pas reculer, si nous sommes unis et restons humains, nous pouvons caresser le rêve d’une utopie sociale.

Je vous souhaite le courage de rester seul et le courage de rester ensemble, sous les mêmes idéaux.

Être désobéissant chaque fois que nous recevons des ordres qui humilient notre conscience.

Pour mériter d’être appelés rebelles, comme ceux qui refusent d’oublier à l’époque de l’amnésie obligatoire.

Être si têtus que nous continuons à croire, même contre toute évidence, qu’il vaut la peine d’être des hommes et des femmes.

Continuer à marcher malgré les chutes, les trahisons et les défaites, parce que l’histoire continue, même après nous, et quand elle dit au revoir, elle dit au revoir.

Nous devons espérer garder vivante la certitude qu’il est possible d’être les contemporains de tous ceux qui vivent animés par le désir de justice et de beauté, où que nous soyons et où que nous vivions, car les cartes de l’âme et du temps n’ont pas de frontières.

Mimmo Lucano.

Collecte urgente de lait infantile et de couches pour les enfants réfugiés en Grèce

.
Suite à notre appel à soutenir les actions solidaires avec les réfugiés afghans en Grèce, nous avons totalisé 1230 euros sur les 5000 euros nécessaires, dont 725 euros sur le crowdfunding gofundme :
En trois semaines, nous avons donc atteint un peu moins du quart de l’objectif minimum qui nous permettrait de faire face aux principaux besoins.
.
Durant une réunion, ce mardi 28 septembre, nous avons constaté que ce qui manque le plus concerne d’abord les enfants en bas-âge, à commencer par le lait infantile et les couches. Nous n’avons quasiment plus de stock.
.
Nous proposons donc une collecte urgente de lait infantile et couches, avec l’appui de deux collectifs en France, l’un basé à Paris et l’autre à Marseille.
.
Sur Paris : l’épicerie solidaire La Sub’stantielle a trouvé un moyen pour nous transmettre au plus vite les colis qui vont être rassemblés dans la région parisienne. Contactez le point de collecte 07 49 02 97 81 (Éric).
.
Sur Marseille : le collectif Marseille avec les Grecs (et avec les réfugiés en Grèce, cqfd) qui pourra nous acheminer les colis qui vont être rassemblés dans la région marseillaise. Contactez le point de collecte 06 18 25 76 24 (Anne).
.
Nous recherchons du lait infantile (1er et, surtout, 2ème âge), ainsi que des couches pour bébés (surtout tailles 2, 3 et 5) à transmettre aux points de collecte et d’expédition de Paris ou Marseille.
.
Si vous n’êtes pas proche de ces deux villes et que vous souhaitez soutenir cette action, vous pouvez encore participez au crowdfunding qui continue :
.
ou par virement à ANEPOS :
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce Philoxenia »
.
Philoxenia  signifie hospitalité en grec, et littéralement « amis des étrangers » (philos : ami, xenos : étranger). C’est le nom que nous donnons en ce moment à nos actions aux côtés des réfugiés dont la majorité actuellement sont afghans.
.
Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
.
Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce Philoxenia – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Ordre : ANEPOS / Objet : « Action Solidarité Grèce Philoxenia »
Ceci nous permettrait d’acheter directement et rapidement les fournitures manquantes les plus urgentes sur place.
.
Nous recherchons également des véhicules en partance pour la Grèce, dans les semaines qui viennent, au départ de la France, de la Suisse ou de la Belgique. Si vous êtes dans ce cas et si vous avez un peu de place (pour des produits d’hygiènes, alimentaires, santé et puericulture), contactez-nous au 06 24 06 67 98 ou solidarite@anepos.net
.
Merci de participer à cet élan et/ou de diffuser l’info sur cette collecte urgente. Un grand « taschakor » (merci en afghan) à tou-tes !
.
Solidairement,
.
Maud, Anne, Maria, Naïma, Éric, Nikos, Hassan et Yannis po/ les collectifs Anepos, Kali Dynami, La Sub’stantielle et Marseille avec les Grecs

Des nouvelles de SOS MEDITERRANEE

L’Ocean Viking porte secours à 129 personnes entre le 18 et le 20 septembre 2021

Le navire humanitaire affrété par SOS MEDITERRANEE, l’Ocean Viking, a procédé à quatre sauvetages entre le 18 et le 20 septembre 2021. Le plus jeune des enfants à bord est âgé de moins d’un mois. Les équipes ont aussi été les témoins de deux interceptions par les garde-côtes libyens. Après plusieurs évacuations sanitaires, elles attendent actuellement que les autorités maritimes compétentes assignent un lieu sûr où débarquer les 122 personnes rescapées à bord.

Récapitulatif 

Jeudi 23 septembre 2021, une évacuation sanitaire d’un rescapé de 22 ans a été organisée par les garde-côtes italiens. Son état de santé se détériorait depuis la nuit précédente.

  •  122 personnes rescapées sont toujours prises en charge par les équipes de la FICR et de SOS MEDITERRANEE à bord de l’Ocean Viking.  Elles doivent pouvoir débarquer urgemment en lieu sûr.
  • Mercredi 22 septembre 2021 : après 5 demandes aux autorités maritimes, l’Ocean Viking n’a toujours pas reçu d’attribution d’un lieu sûr. Les 123 personnes rescapées – enfants, mineur.e.s non accompagné.e.s, hommes, femmes – font preuve d’une incroyable résilience, mais un navire n’est qu’un abri temporaire. Les personnes secourues doivent débarquer rapidement, conformément au droit maritime.
  • Lundi 20 septembre 2021, en matinée : deux personnes sont évacuées vers la terre par les garde-côtes italiens pour y recevoir des soins médicaux urgents. Elles sont accompagnées par quatre membres de leur famille respective. 123 personnes à bord de l’Ocean Viking sont désormais dans l’attente d’un lieu sûr où débarquer.
  • Nuit du dimanche 19 au lundi 20 septembre 2021 : 13 personnes qui dérivaient, perdues dans la zone de recherche maltaise, sont secourues : c’est la quatrième opération de sauvetage de cette 15e mission de l’Ocean Viking. Un homme a été retrouvé dans un état très faible, allongé sur le pont de l’embarcation en bois. Il a dû être évacué à l’aide d’une civière vers l’Ocean Viking.
  • Dimanche 19 septembre 2021, en soirée  : c’est également dans la zone de recherche et de sauvetage maltaise qu’une embarcation est signalée par l’avion Seabird. Les 58 personnes à bord sont assistées par le voilier Nadir (ResQship), jusqu’à l’arrivée de l’Ocean Viking. Les équipes de SOS MEDITERRANEE procèdent alors à une troisième opération de sauvetage, et les personnes en détresse sont amenées en sécurité à bord du navire. Elles avaient quitté la Libye deux jours plus tôt.
  • Dimanche 19 septembre 2021 : l’avion Colibri 2, de l’ONG Pilotes Volontaires, lance l’alerte quant à la présence de deux embarcations en bois en difficulté à 18 milles marins de la position du navire. Mais lorsque l’Ocean Viking arrive à proximité, toujours dans les eaux internationales au large de la Libye, les garde-côtes libyens sont déjà sur place et procèdent à l’interception des deux esquifs pour les ramener de force en Libye.
  • Dimanche 19 septembre 2021, en matinée : les équipes de SOS MEDITERRANEE en vigie sur la passerelle repèrent aux jumelles une embarcation en bois en perdition. Lors de cette deuxième opération de sauvetage, les 33 occupant.e.s de l’embarcation, dont huit femmes et treize enfants, sont ramené.e.s en sécurité à bord de l’Ocean Viking. Parmi les personnes rescapées, deux présentent des affections chroniques et sont prises en charge par l’équipe médicale à bord.
  • Samedi 18 septembre 2021, midi : premier sauvetage depuis le départ de l’Ocean Viking : 25 personnes, dont deux femmes et trois enfants – le plus jeune âgé d’un an –, sont secourues alors qu’elles étaient à bord d’une embarcation en bois en détresse, à 28 milles marins au large des côtes libyennes, dans les eaux internationales. L’embarcation avait été repérée par l’avion Seabird de l’ONG Sea-Watch, qui patrouillait dans ce secteur.

L’Ocean Viking a quitté Marseille le 13 septembre 2021 avec à son bord dix-huit membres de l’équipe de SOS MEDITERRANEE et cinq professionnel.le.s de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), pour la 15e rotation du navire de recherche et de sauvetage.
Plus d’informations sur la 15e mission de l’Ocean Viking :

  • Journal de bord en ligne référençant toutes les étapes de sauvetage en Méditerranée réalisées par les équipes de SOS MEDITERRANEE à bord de l’Ocean Viking.

Photo : Laurence Bondard / SOS MEDITERRANEE

Source https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/recap-20-septembre-2021

Refoulements en mer Egée

Les refoulements de plus en plus violents de réfugiés en mer Egée se font actuellement au vu et su de tous

 « Ils ont été kidnappés, dévalisés et refoulés au su et au vu des habitants de Samos »

Georges Pagoudis

 L’avocat Dimitris Choulis dénonce l’action illégale d’officiers en uniforme contre des réfugiés. Ces dénonciations ont été confirmées par le reportage d’une radio locale.

L’avocat Dimitris Houlis qualifie une opération de refoulement à Samos de crime organisé contre les réfugiés.

Comme il l’a confirmé au journaliste Giannis Negri travaillant à la station de radio FM 2000 de Samos, un groupe d’hommes en uniforme a enlevé et détenu illégalement des réfugiés, leur a volé leur argent et leurs objets de valeur, a confisqué leurs téléphones portables. Par la suite, ils les ont embarqués sur des bateaux des garde-côtes et abandonnés sur de radeau de sauvetage du type liferaft à l’intérieur des eaux territoriales turques. Et tout cela devant des témoins oculaires, dont les témoignages ont été recueillis par l’avocat, des témoignages également confirmés par le journaliste, qui entre-temps avait fait sa propre enquête et recueilli  des témoignages convergant.

Tout a commencé le matin du dimanche 29/8, lorsqu’un bateau avec des réfugiés est arrivé sur la plage de Potami à Karlovasi, Samos. Selon les informations, il y avait environ 25 personnes à bord qui, à leur arrivée, se sont empressées de se cacher dans les montagnes environnantes, en se divisant en deux groupes. Le groupe le plus important, composé d’environ 20 personnes, s’est avancé et a atteint le village Leka, où presque tous les habitants  ont remarqué leur présence.

« Les habitants se sont précipités pour les aider et surtout pour leur donner de l’eau et de la nourriture. « Un habitant m’a dit qu’ils avaient tellement faim qu’ils ont même mangé un morceau de pizza qui était tombé au sol et était rempli de terre », a décrit Dimitris Houlis à « Ef.Syn. », répétant ce qu’il avait dit plus tôt sur le radio.

Là,  au village de Leka, la police accompagnée de gardes-côtes les a retrouvé et les a arrêté. « Les villageois ont vu la police les arrêter puis emporter tous leurs effets personnels, comme leurs téléphones portables, et même leur argent, qu’ils ont mis dans un sac noir.  Lorsqu’une femme a protesté et a demandé à la police pourquoi ils faisaient cela, La réponse a été que les effets personnels leur seront restitués lorsqu’ils seront remis au hot-spot, où ils étaient censés les amener.  » Cependant, cela ne s’est jamais produit.

Les réfugiés ont été obligés de monter à bord d’une camionnette blanche sans plaques d’immatriculation et depuis on  en a perdu  toute trace d’eux. Cependant, selon un témoignage, à midi du même jour, un citoyen de Samos qui se déplaçait sur une montagne dans la même zone a vu deux bateaux de la garde côtière grecque se diriger rapidement vers les eaux turques et après un certain temps revenir.

Il est à noter que, selon les témoignages, les gardes-côtes présents n’ont pas participé à l’incident du vol des téléphones portables et de l’argent. Au contraire, lorsqu’une femme parmi les réfugiés a perdu connaissance, l’un des responsables du port a demandé qu’une ambulance soit appelée, mais la police a refusé, affirmant qu’elle faisait semblant !

Selon M. Choulis, mais aussi d’après de nombreux témoignages de victimes qui ont été enregistrés depuis mars 2020 et jusqu’à aujourd’hui, cet incident ne fait pas exception. Des dizaines de victimes de refoulements illégaux affirment qu’avant d’être forcées à monter dans des bateaux et des radeaux de sauvetage pour rentrer en Turquie, elles sont victimes de vols à main armée par les hommes en uniforme qui les arrêtent.

 « Estimez que chaque bateau qui arrive a au moins 20 personnes à bord. Même si chacun dispose en moyenne de 300 euros, le montant monte jusqu’à 6 000 euros avec les calculs les plus modestes, mis à part les téléphones portables qui ont aussi une certaine valeur monétaire. Que devient tout cela ? » demanda M. Choulis. Est-ce la récompense, la prime  des actions illégales ordonnées par des hauts fonctionnaires et menées par leurs subordonnés ? Il convient également de noter que dans les heures qui ont suivi, cinq autres réfugiés ont fait leur apparition au  le même village, très probablement du même groupe, et ils ont été emmenés au Centre de réception et d’identification. C’est un élément important car les garde-côtes s’étaient entre-temps empressés de démentir toute arrivée de bateau ce jour, malgré le fait que Giannis Negris  de l’aegaio.blogspot.com avait, selon lui, publié des photos du bateau que les réfugiés avaient laissé sur la plage, depuis le matin de leur arrivée. L’explication avancée par les garde-côtes était que le bateau avait été emporté par les vagues sans passagers. [Le recensement officiel d’arrivée quotidiens publié par le Ministère le 30 août dernier donne 0 arrivée pour le jour du 29 août. Les cinq réfugiés rescapés de l’opération de refoulement seraient-ils tombés du ciel ?]  Il convient également de mentionner que le bateau est ensuite tombé entre les mains des habitants locaux qui ont retiré son moteur, un fait qui a été enregistré photographiquement, mais personne n’a recherché les auteurs.

Le « Ef.Syn. » tient à la disposition de photos et de vidéos de courte durée avec les réfugiés qui ont débarqué à Karlovasi, qu’eux-mêmes avaient envoyées le matin du 29 août à des ONG d’aide juridique.

Source https://www.efsyn.gr/ellada/koinonia/309031_toys-apigagan-toys-listepsan-toys-epanaproothisan-mprosta-sta-matia-ntopion

Les dernières nouvelles de Grèce par Yannis Youlountas

Dernières nouvelles de Grèce : importantes et nombreuses ce mois-ci !

par Yannis Youlountas

.
Bonjour,
.
Voici les dernières nouvelles de Grèce : importantes et nombreuses ce mois-ci !
.
Au sommaire :
.
– Mort de Mikis Théodorakis à 96 ans
– Remaniement ministériel, un fasciste de plus au gouvernement
– Camouflet pour Mitsotakis : un nouveau ministre refuse son poste
– La crise sociale s’aggrave malgré la hausse du tourisme : pourquoi ?
– Le chômage grimpe, la pauvreté s’étend en Grèce
– Forte hausse du prix des produits de première nécessité
– Les factures d’électricité augmentent de 50% !
– Mitsotakis prépare la privatisation de la sécurité sociale !
– Plusieurs ports grecs privatisés à vendre au plus offrant
– Le nouveau business des plages et bords de mer en Grèce
– Bilan des incendies : tout pour les flics, rien pour les pompiers
– La Grèce en pleine catastrophe climatique et écologique
– La population va passer sous les 10 millions d’habitants !
– Plusieurs sabotages d’usines durant l’été
– Affrontements entre fascistes et antifascistes à Athènes
– La police grecque torture des antifacistes venus de France
– Multiplication des agressions contre les solidaires internationaux
– Des membres d’ONG accusés de faciliter l’immigration illégale
– Le mur de la honte de 40km à la frontière turque est terminé
– Des amendes de 5000 euros pour les migrants à leur arrivée au prétexte de l’absence de test PCR
– Nouvelle loi pour accélérer les expulsions et entraver la solidarité
– Privation systématique de liberté et inaccessibilité des voies de recours pour les migrants
– Témoignage poignant : il s’est suicidé juste pour ça !
– Soutenir les actions solidaires avec les réfugiés afghans en Grèce
– Nous recherchons actuellement…
.
Vu le nombre de sujets, on va faire court, sous forme de brèves.
.
Mort de Mikis Théodorakis à 96 ans. Ses obsèques ont lieu aujourd’hui à Chania, sur l’île chérie de son père : la Crète. Depuis plusieurs jours, sa musique résonne un peu partout en Grèce  : lieux publics, rues et ruelles, bords de mer, initiatives populaires de toutes sortes et bien sûr à l’ouverture des événements sportifs. Une page de l’histoire grecque se tourne avec Théodorakis. Tout a été dit à son sujet, et pourtant il y a tant à dire ! Cependant, quelques personnes ont voulu créer une polémique, au plus mauvais moment à notre avis, à propos de certains des choix de Mikis— polémique à laquelle nous n’avons pas voulu prendre part. Que celui ou celle qui n’a jamais commis d’erreur dans sa vie jette la première pierre. Nous en avons tous fait. Distinguons les tyrans, les salauds et leurs complices et, à l’inverse, les gens qui ont réalisé des choses formidables durant l’essentiel de leur vie mais qui parfois se sont trompés, souvent dans leur jeunesse ou, à l’inverse, dans leurs vieux jours. C’est regrettable, mais cela ne mérite pas de salir la mémoire d’un homme qui vient tout juste de succomber après avoir été plusieurs fois torturé et enterré vivant durant son existence.
Remaniement ministériel, un fasciste de plus au gouvernement. L’extrême-droite est loin d’avoir disparu en Grèce ! Pire encore : elle gonfle au fil des mois les rangs des hommes au pouvoir, autour de Kyriakos Mitsotakis. Nous avons déjà parlé du pedigree des ministres Voridis (ministre de l’intérieur) et Giorgiadis (ministre du développement). Cette semaine, c’est leur ami Thanos Plevris qui vient de les rejoindre à la tête de l’État, en tant que ministre de la santé. Tous les trois ont commencé leur carrière politique au sein du parti nationaliste LAOS avant de rejoindre celui de Mitsotakis. Après avoir pris ses fonctions, sous la pression du Conseil central des communautés juives de Grèce (KIS), Plevris s’est finalement excusé pour avoir dit :« on peut comprendre que certains aient envie de rouvrir Auschwitz pour y exterminer à nouveau des Juifs ». Par contre, il ne s’est toujours pas excusé pour avoir préconisé « le recours à la force meurtière pour empêcher les migrants d’arriver en Grèce », ni pour sa suggestion de « refuser aux migrants l’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé, afin de rendre leurs conditions de vie en Grèce plus mauvaises que dans leur pays d’origine ». Le virage à l’extrême-droite du gouvernement Mitsotakis est confirmé. Sa politique envers les réfugiés et les solidaires ne cesse de le confirmer (voir plus bas).
Camouflet pour Mitsotakis : un nouveau ministre refuse son poste. Le premier ministre grec croyait pourtant faire un gros coup en nommant Évangelos Apostolakis, ancien ministre de Tsipras jusqu’en juillet 2019, à la tête du ministère de la protection civile du nouveau gouvernement. Mais sous les huées de la gauche grecque, Apostolakis a finalement renoncé. On ne compte plus les situations ridicules pour Mitsotakis et sa ribambelle de caricatures en Grèce. À noter qu’une seule femme a obtenu et accepté de rejoindre le radeau de la méduse gouvernemental lors de ce remaniement et qu’elle se nomme… Gaga (sic).
La crise sociale s’aggrave malgré la hausse du tourisme : pourquoi ? Certes, le tourisme s’est redressé cette année en Grèce, notamment du fait de la baisse d’autres destinations pour cause de covid19 : Tunisie, Maroc… Mais cela ne profite pas à la population grecque : le tourisme en Grèce est en train de muter du mode « routard » au mode « all inclusive » ou presque. D’autres phénomènes ont été observés. Par exemple, par crainte du covid19 ou parfois à cause de contraintes régionales, beaucoup de touristes en locations ont fait leurs courses dans des supermarchés pour ensuite aller s’enfermer le plus clair de leur temps. Et surtout : les salaires dans l’hôtellerie et la restauration ont continué à dégringoler. Il est loin le temps où une partie de la population pouvait se refaire pendant la saison touristique avant d’affronter l’hiver !
Le chômage grimpe, la pauvreté s’étend en Grèce. La cohue lors des actions solidaires le prouve actuellement : la pauvreté fait des ravages et cela ne cesse d’empirer. Des familles entières de Grecs précaires se retrouvent à la rue ou hébergées chez des proches, dans l’impossibilité de joindre les deux bouts. Le chômage a explosé, même si les chiffres officiels ne montrent pour l’instant qu’une partie de cette hausse, ne prenant pas en compte les nombreuses catégories non indemnisées. Cette semaine, Eurostat vient d’annoncer que la Grèce bat tous les records de chômage des jeunes en Europe pour le mois de juillet 2021. Des syndicalistes travaillant dans les services sociaux ont lancé une alerte : la situation commence à rappeler le début de la décennie écoulée et les moyens publics pour y faire face sont complètement insuffisants. Plus que jamais, ce sont les collectifs solidaires autogérés qui font le plus gros du boulot dans plusieurs zones de Grèce. « L’entraide plutôt que la queue pour rien », « Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes », « L’État n’est plus rien, soyons tout ».
Forte hausse du prix des produits de première nécessité. Dans ce contexte de paupérisation galopante, l’augmentation annoncée des aliments de base risque d’être une catastrophe pour beaucoup. On parle, par exemple, d’un bond du prix du pain, alors que les Grecs sont parmi les principaux consommateurs en Europe, ou encore des pâtes, du café, etc.

Les factures d’électricité augmentent de 50% ! Au niveau de l’énergie aussi, de nombreuses hausses sont apparues dès le mois d’août et inquiètent fortement les plus pauvres. La Grèce peine à se fournir en électricité et le coût global de son approvisionnement a augmenté de 70% depuis début 2021. Elle est désormais le marché le plus cher de l’électricité en Europe, avec un prix de 157 euros le mégawattheure. Non seulement, c’est un problème immédiat pour les familles les plus démunies, mais cela participera aussi à l’amplification de la hausse des prix qui a déjà commencé depuis ces derniers mois.

.
.
Mitsotakis lance la privatisation de la sécurité sociale ! Un malheur ne venant jamais seul, c’est le moment qu’à choisi l’État grec pour privatiser l’un des principaux moyens de veiller sur les plus démunis ! Ahurrissant ! La situation au niveau santé publique était déjà très médiocre, elle va devenir carrément catastrophique exceptée pour quelques spéculateurs qui vont s’en mettre plein les poches. Et qui va piloter cette privatisation ? Le sinistre Thanos Plevris, transfuge de l’extrême-droite ! Les manifs ont commencé. La prochaine aura lieu ce samedi 11 septembre à Thessalonique, pour essayer de perturber la visite de Mitsotakis à la Foire internationale annuelle. Les manifs continuent également contre les réformes scolaires et universitaires.
Plusieurs ports grecs privatisés à vendre au plus offrant. Les ports d’Igoumenitsa, Patras et Héraklion sont sur le point d’être bradés aux richissimes armateurs grecs qui financent les campagnes électorales de Mitsotakis et qui possèdent la plupart des médias dans le pays. Pas vraiment une surprise !
Le nouveau business des plages et bords de mer en Grèce. La privatisation des plages est maintenant relancée. La protection du littoral repasse au second plan. Les investisseurs en immobiliers vont pouvoir bétonner à gogo dans des zones jusqu’ici protégées. Au large de la côte ouest du pays, Total et Exxon-Mobil prospectent déjà, suite à un accord avec l’État grec, et espèrent commencer leurs forages dans quelques mois, y compris à quelques dizaines de kilomètres des plus belles plages de Crète. Des plages qui sont désormais payantes à beaucoup d’endroits : au prétexte des nombreuses chaises longues et des parasols installés un peu partout, il faut maintenant payer de 7 à 15 euros la journée, là où c’était gratuit, que vous soyez touriste ou riverain. Plusieurs échauffourées ont déjà eu lieu sur certaines plages de la première des îles grecques : « cela fait des décennies que nous venons nous baigner ici et nous ne paieront pas ! » Sur certaines plages, la stratégie est de faire payer 3 euros la première année pour faire accepter le principe, et ensuite augmenter dès la suivante. Les espace de gratuité se réduisent dans la société, au bord de la mer comme ailleurs.
Bilan des incendies : tout pour les flics, rien pour les pompiers. Les feux de l’été ont montré encore un fois la faiblesse des moyens de lutte contre les incendies. Pourtant, dès l’arrivée de la droite au pouvoir, en 2019, des sommes colossales ont été investies pour la police, mais toujours rien pour les pompiers. Rien d’étonnant à cela : en réalité, le pouvoir ne protège pas sa population, mais la surveille et la réprime. Son obsession est de la mater, de la contrôler pour conserver sa place dominante et tout ce qui en découle. Il n’y a rien à attendre du pouvoir. Au sein de la population sinistrée, beaucoup l’ont compris. La population en danger s’est débrouillée le plus souvent toute seule avec les moyens du bord. L’entraide et l’autogestion ont été, une fois de plus, les deux mots clés et ont montré de quoi le collectif est capable quand il est abandonné à lui-même. Cette nouvelle expérience violente et dramatique continue néanmoins d’ouvrir les yeux sur l’hypocrisie du pouvoir et sur notre faculté à nous organiser nous-mêmes, sans ceux qui prétendent nous gouverner et, en particulier, résoudre les problèmes dont ils sont le plus souvent la cause.
Afidnes, août 2021 (Photo de Mario Lolos)
La Grèce en pleine catastrophe climatique et écologique. Les incendies nous ont aussi rappelé l’impact du changement climatique sur l’environnement et la multiplication des risques qui en découlent. La sécheresse devient très intense l’été, les pluies d’hiver sont parfois diluviennes, on ne compte plus les innondations tout comme les incendies, mais aussi les petites tornades qui sont plus nombreuses qu’avant selon les insulaires, notamment dans le sud de la Crète. La mutation de l’agriculture a, elle aussi, participé à cette catastrophe : ici, la terre est épuisée, là, elle est abandonnée à des amas de broussailles. On recherche frénétiquement les grandes surfaces planes pour en faire le maximum de profit et on ne s’occupe plus du reste. On pulvérise des tonnes de produits phytosanitaires au point de décupler certains cancers chez les ouvriers agricoles dont l’espérance de vie a encore chuté ces dernières années. On bétonne les collines et les bords de mer, puis on s’étonne des innondations mortifères, des coulées de boue et de gravas. Tout cela relève d’un choix criminel : au bout du compte, en organisant ainsi la société et l’économie, on tue la Terre et toutes celles et ceux qui y vivent. Pas besoin d’être devin pour voir ce qui nous attend si nous continuons dans cette voie.

Une population qui va passer sous les 10 millions d’habitants. Il y a dix ans, la Grèce dépassait largement les 11 millions d’habitants. Depuis, elle a perdu un demi-million d’habitants et, selon plusieurs projections (dont celles d’Eurostat), la dégringolade devrait continuer dans les prochaines années au point de passer sous la barre des 10 millions d’habitants avant 2030. Un exemple frappant en ce moment : en cette rentrée scolaire 2021, près de 40 écoles ferment en Épire (nord-ouest de la Grèce) faute d’élèves.
Plusieurs sabotages d’usines durant l’été. Des actions anticapitalistes nocturnes se sont multipliées dans plusieurs villes grecques ces dernières semaines. Notamment à Volos, à mi-chemin entre Athènes et Thessalonique, contre la plus grande cimeterie d’Europe : l’usine AGET qui appartient au groupe Lafarge. Cette action a été dédié à la mémoire de Vassilis Maggos, mort sous la torture au commissariat de Volos l’année passée. D’autres actions de ce type se déroulées à Athènes contre diverses entreprises, notamment dans le quartier de Vyronas ou encore contre la société de recouvrement de créances Paladino SA dans le quartier de Nea Ionia.
Affrontements entre fascistes et antifascistes à Athènes. Un groupe d’extrême-droite voulait s’opposer aux actions de soutien menées en faveur des réfugiés à Metaxourgeio (700 mètres à l’ouest d’Exarcheia). 200 antifascistes se sont immédiatement rassemblés pour riposter et les ont repoussé. La police de Mitsotakis est aussitôt arrivée sur les lieux pour protéger les fascistes en utilisant des gaz lacrymogènes et a fait trois arrestations.
La police grecque torture des antifacistes venus de France. Des membres du Groupe Antifasciste Lyon et Environs étaient présents à Exarcheia durant l’été. Ils ont brutalement été emmenés au commissariat, à la bordure Est d’Exarcheia, puis ont longuement été passés à tabac dans l’obscurité totale. Merci de diffuser autour de vous leur témoignage pour dénoncer ces pratiques :
Vous pouvez également participer à la solidarité financière qui s’est mise en place pour leurs frais de Justice en Grèce :
Multiplication des agressions contre les solidaires internationaux. Ces dernières années, les violences contre les solidaires internationaux sont nombreuses, tant du fait des groupes fascistes que des policiers les plus virulents. Notre convoi solidaire de l’automne 2017, par exemple, avait été particulièrement périlleux : barrage policier, filatures très visibles, pressions diverses, propagande médiatique, accusations délirantes, menaces fascistes explicites, attaque incendiaire néo-nazie sur un de nos lieux, six membres du convoi blessés par des policiers durant une manif, un autre arrêté, frappé, poursuivi en Justice puis libéré… Les détails ici :
Il y a deux ans, des policiers m’avaient bizarrement insulté durant une altercation… la veille de mon tabassage en pleine rue du Pirée par des néo-nazis ! Et ce n’est pas les flics qui m’avaient ensuite secouru, mais les passagers d’un tramway arrivé juste à temps, alors que les coups étaient en train de pleuvoir.
Depuis deux ans, c’est de pire en pire : les contrôles policiers sont incessants, les menaces fréquentes et les arrestations souvent violentes. Durant l’été 2019, la moitié des solidaires français et belges venus à Athènes pour soutenir le squat Notara 26 (menacé d’évacuation) ont subi toutes sortes de pressions et de violences. Seb (de Belgique) et Léon (de France) témoignent ici fin août 2019 :
Cette année, plusieurs d’entre nous ont, à nouveau, été inquiétés, voire brutalisés (un ami toulousain est rentré en France avec plusieurs grandes cicatrices). Jusqu’aux actes de tortures sur nos camarades lyonnais en juillet dernier, décrits un peu plus haut. Le pouvoir et ses valets ne souhaitent pas nous voir continuer à aider. Mais ils peuvent d’ores-et-déjà faire une croix dessus : nous ne sommes pas prêts de baisser les bras ! Nous continuons sur place, en ce moment même, et de nouveaux renforts viendront bientôt de l’hexagone et du plat pays 😉
Des membres d’ONG accusés de faciliter l’immigration illégale. Les membres de collectifs solidaires autogérés ne sont pas les seuls à subir ces pressions en Grèce. Certaines ONG sont également dans le collimateur. Il y a une semaine, deux amis français ont été menacé de poursuites pour « soutien à l’immigration illégale » et ont finalement renoncé à rester près des zones de sauvetage. Un mois auparavant, 10 solidaires internationaux de 3 ONG différentes étaient également accusés de cela et même « d’espionnage des actions des garde-côtes grecs » !
Le gouvernement Mitsotakis veut dissuader par tous les moyens les solidaires d’agir. Mais il n’a fait que tisser des liens entre nous : nous communiquons beaucoup plus, par-delà nos différences, et nous nous entraidons souvent.
Le mur de la honte à la frontière turque est terminé. L’État grec vient de bâtir un immense mur anti-migrants de 40km à la frontière turque, en prolongement du précédent qui faisait 12km de long. Mitsotakis espère ainsi limiter la venue des réfugiés afghans que son gouvernement refuse totalement d’accueillir. Cependant, les arrivées de réfugiés se poursuivent tout de même depuis des semaines, notamment par mer. Mais il y en a nettement moins qu’autrefois à Lesbos et à Chios (trois fois moins environ).
Des amendes de 5000 euros pour les migrants à leur arrivée. On nage en plein délire ! Au prétexte de lutter contre le Covid19, des amendes de 5 000 euros ont été infligées à des demandeurs d’asile arrivés en août par bateau sur l’île de Chios ! Le motif ? La non présentation d’un test PCR, habituellement imposé aux étrangers venant sur le territoire hellénique ! Cette confusion volontaire entre touristes et réfugiés a provoqué un tollé dans le pays. Face à la polémique, les autorités grecques ont annulé les amendes infligées à 25 réfugiés la semaine dernière et annoncé la suspension de la mesure.
Nouvelle loi pour accélérer les expulsions et entraver la solidarité. La législation actuellement proposée prévoit de réduire les délais de grâce et d’accorder à la police des pouvoirs supplémentaires, notamment de placer en détention les migrants au prétexte qu’ils sont « susceptibles de fuir » ou d’être une « menace pour l’ordre public ». Des mesures sont également prévues pour réglementer plus strictement les activités des organisations non gouvernementales et des groupes de bénévoles dans les zones qui relèvent de la compétence des garde-côtes et des autorités portuaires grecques (les sanctions seront encore plus lourdes en cas de violation du nouveau cadre opérationnel).
Privation systématique de liberté et inaccessibilité des voies de recours. Saisie sur de nombreux dossiers, la Cour européenne des droits de l’homme a récemment dénoncé « le mépris persistant des autorités grecques pour la santé et la vie des migrants », en particulier dans le camp de Mavrovouni à Lesbos où sont encore bloqués 3500 adultes et enfants. Les témoignages et statistiques montrent que ces personnes vulnérables exilées sont systématiquent privées de liberté et que les voies de recours sont en réalité inaccessibles, tout cela en violation de la Convention européenne des droits de l’homme.
Témoignage poignant : il s’est suicidé juste pour ça ! Sahil avait 24 ans. Il s’est suicidé à Athènes, peu après le rejet de sa demande d’asile durant le mois de juillet. Notre ami Nicolas Richen le connaissait bien. Avec d’autres proches et soutiens, ils ont écrit une très belle lettre collective. Merci de la faire connaître à celles et ceux qui n’ont peut-être pas compris ce qu’est la vie d’un demandeur d’asile.
Soutenir les actions solidaires avec les réfugiés afghans en Grèce. Depuis quelques semaines, nous sommes à nouveau très pris par l’aide aux réfugiés (principalement afghans) et la création de lieux sous plusieurs formes. Nous vivons des moments extraordinaires aux côtés de gens également extraordinaires. Ces exilés qui sont devenus nos amis, au fil des jours, ont un courage communicatif, des désirs, des rêves, des sourires, plein d’affection et de générosité, des secrets, des blessures. Le plus souvent, ils ont tout perdu. Leur logement, bien sûr, mais parfois aussi leurs proches : parents, enfants, conjoint… Merci à toutes celles et ceux qui nous ont transmis des choses pour eux, pour elles : des aliments, des vêtements, des couches, des jouets, des produits d’hygiène et même de l’électroménager. Merci particulièrement à celles et ceux qui sont venus aider sur place, en provenance de Grenoble, Saillans, Marseille, Lyon, Bruxelles, Genève, Nantes et Bordeaux… Cet élan est magnifique. Vraiment un grand « taschakor » (merci en afghan) à tou-tes ! Si vous voulez participez, c’est ici :
.
ou par virement à ANEPOS :
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce Philoxenia »
.
« PHILOXENIA » signifie hospitalité en grec, et littéralement « amis des étrangers » (philos : ami, xenos : étranger). C’est le nom que nous donnons actuellement à nos actions aux côtés des réfugiés dont la majorité actuellement sont afghans.
.
Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
.
Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce Philoxenia – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Ordre : ANEPOS / Objet : « Action Solidarité Grèce Philoxenia »
Nous recherchons actuellement… outre de la nourriture et des couches : des vélos, des jeux d’échecs (beaucoup d’afghans adorent les échecs et il nous arrive de jouer ensemble), du lait infantile 2ème âge, des mixers, des lits parapluie, des poussettes, des protections périodiques, des marmites et des louches, des chevillères, des légumes secs, du thé noir. Merci de regrouper ce que vous pouvez dans votre zone pour que nos fourgons puissent ensuite passer les prendre durant les prochaines semaines, sans faire trop d’étapes.
Un accueil jonché de livres. Nous avons également créé plusieurs bibliothèques sociales qui participent aux actions solidaires aux côtés des réfugiés. Nous sommes encore à la recherche de livres : en persan, dari, ourdou, anglais et français. Un grand merci à l’équipe de l’épicerie solidaire Sub’stantielle à Paris (une coopérative militante formidable), à Franck, Patrice et Ralph dans le Tarn, ou encore à Anne et Dominique de Marseille pour les nombreux livres en anglais, persan, français et dans d’autres langues déjà reçus. Nous avons également reçu des dons de livres de la librairie « Bibliothèque » à Exarcheia, du K*Vox, du Notara26 (échanges) ou encore du réseau Pédagogie Freinet à Athènes et en Crète.
De la place dans un véhicule ? Si vous avez prévu de venir en Grèce en van ou en fourgon dans les prochaines semaines et que vous disposez d’un peu de place pour acheminer du matériel solidaire (situé à plusieurs endroits dans le sud de la France), contactez-nous :
.
Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
.
Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info.
.
Solidairement,
.
Maud et Yannis Youlountas
po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS
avec les membres et soutiens des actions en cours
.
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant les deux dernières années, malgré un contexte particulièrement difficile :
– soutien à l’initiative contre les forages pétroliers en Crète (que tentent de déployer Exxon-Mobil et la firme française Total).
– Collectif Livas dans le département de Réthymnon en Crète (soutien aux actions solidaires, notamment à la cuisine populaire fondé par ce club de sport sans hiérarchie).
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons)
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet)
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;
– Plusieurs cuisines sociales (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).

 

                                                                                  « Y-a-t-il quelqu’un qui sait jouer au basket ? »
.

Source http://blogyy.net/2021/09/09/dernieres-nouvelles-de-grece/

Traduire / Μεταφράστε