Publications par catégorie

Archives de catégorie Grèce

La situation du syndicalisme en Grèce

Cette interview de Giannis Kouzis, réalisée par le sociologue Michel Vakaloulis,  décrit la situation très difficile du syndicalisme grec confronté aux politiques d’austérité et aux mémorandum : « un sérieux problème de crédibilité« .

L’impasse grecque et ses effets pervers Un entretien avec Giannis Kouzis

Professeur de sociologie du travail à l’université Panteion d’Athènes.

 Après sept années de crise, Giannis Kouzis revient sur les conséquences des politiques d’austérité sur la situation socio-économique de la Grèce, les protections des travailleurs ou encore le système de négociations collectives. Dans ce contexte et sans réorientation de la politique des mémorandums, la société grecque va poser de manière forte et récurrente la question de l’adhésion de leur pays aux institutions européennes.

 Entretien réalisé par Michel Vakaloulis.

Deux ans et demi après l’accession de Syriza au pouvoir, quel bilan tirer de la situation socio-économique en Grèce ? Comment la crise impacte les différentes catégories de la population?

Giannis Kouzis – La victoire de Syriza en janvier 2015 a suscité beaucoup d’espoirs pour inverser la situation catastrophique du pays. Mais ces espoirs ont été démentis par la signature du troisième mémorandum avec les créanciers de la Grèce en juillet 2015. Cette évolution a eu comme conséquence la poursuite des politiques d’austérité qui détériorent les indicateurs économiques et aggravent les impasses dans lesquelles se trouve la société grecque depuis 2010 suite à la crise et à sa gestion néolibérale. La paupérisation de la société n’a eu de cesse de progresser avec 35 % de la population confrontée au spectre de la pauvreté. Même si le chômage officiel recule de 28 % à 23,5 %, la reprise significative de l’emploi se fait toujours attendre. D’autant plus qu’environ 400 000 Grecs, notamment des jeunes salariés hautement qualifiés, ont quitté le pays à la recherche d’un meilleur sort professionnel à l’étranger.

Autre indicateur de la profondeur de la crise, les chômeurs de longue durée représentent 74 % des sans-emploi. Le taux de chômage des jeunes atteint 50 % tandis que seulement 8 % des chômeurs perçoivent la faible indemnité de 361 euros qui correspond au 60 % du salaire minimum. La persistance de la crise, les politiques d’austérité et le recours à l’hypertaxation pour regonfler les caisses publiques déclassent violemment les couches moyennes, et plus particulièrement, les petits entrepreneurs et les auto-entrepreneurs dont les taux de chômage et de pauvreté explosent.

 Une des conséquences les plus frappantes de la crise est la régression historique des droits des travailleurs. Comment les choses se présentent à l’heure actuelle dans le cadre des rapports de travail ?

Les deux premiers mémorandums jusqu’au gouvernement de Syriza se caractérisent par une vague déferlante de mesures dans le marché du travail qui ont laminé le contenu des relations professionnelles. Par exemple, le salaire minimum a diminué de 22 % (et de 32 % pour les jeunes) tandis que le démantèlement du système de négociations collectives a fait converger les salaires vers les nouveaux minima de rémunération. À cela s’ajoutent les interventions législatives récurrentes en faveur de la flexibilisation du contrat et des horaires de travail qui font reculer les protections des travailleurs.

Cette situation se poursuit avec le gouvernement de Syriza parce qu’il a pris l’engagement, dans le troisième mémorandum, de ne pas changer les lois qui régissent le marché du travail votées par ses prédécesseurs. D’où la dégradation incessante des rapports de travail qui aboutit à une baisse des salaires de 26 % et à une chute du pouvoir d’achat jusqu’à 50 % consécutive au niveau des prix, à la lourde taxation de l’activité professionnelle et à la réduction des services sociaux. Il est caractéristique aujourd’hui que 49 % des salariés reçoivent une rémunération qui ne dépasse pas le salaire minimum de 2012 contre 17 % pour cette année de référence.

Cela s’inscrit dans la logique intrinsèque des mémorandums qui consiste à aligner les salaires des travailleurs grecs sur les salaires des autres pays balkaniques, quitte à transformer le pays en zone économique sui generis au sein de l’euro. Qui plus est, à peine 10 % des salariés sont couverts par des conventions collectives alors qu’avant l’application des mémorandums, l’ensemble des travailleurs étaient protégés par une convention collective nationale et 80 % par des conventions de branches professionnelles. Cela implique une individualisation généralisée des salaires et des rapports de travail.

 Quel est le rôle et la portée contestataire du syndicalisme en Grèce durant les années de crise ?

Le mouvement syndical grec est confronté à un sérieux problème de crédibilité qui remonte avant même le début de la crise et qui se poursuit dans la période trouble et agitée des mémorandums où il subit une défaite globale. Le faible taux de syndicalisation (en moyenne 25 %, et surtout, moins de 12 % dans le secteur privé), la fragmentation organisationnelle, la bureaucratisation des directions syndicales, la longue tradition de l’affiliation partisane des syndicats grecs sont les principaux facteurs de cette évolution qui s’additionnent aux difficultés liées à un environnement socio-politique conflictuel et hostile à toute velléité revendicative. Pour retrouver son efficacité, il nécessaire pour le mouvement syndical de se recomposer sur la base de ses propres valeurs constitutives qui ont été dans une large mesure détournées et niées.

  Quel est l’état de l’opinion dans ce contexte?

Après le tournant du gouvernement de Syriza qui entérine la poursuite des politiques de mémorandum et le démenti des espoirs suscités par la montée de la gauche radicale au pouvoir, la société grecque se trouve largement dans un état passif sans pour autant être pacifié. Les réactions populaires contre les politiques appliquées sont circonscrites et sporadiques. Cela est également dû à l’absence d’un projet alternatif crédible de sortie de crise.

 Qu’en est-il de l’émergence de formes de solidarité dans la société pour compenser l’absence d’un État social digne de ce nom ?

La famille demeure la plus importante institution de solidarité qui remplace largement un État social structurellement déficient en Grèce. Pourtant, la famille grecque traverse une rude épreuve. En fait, il existe environ 600 000 ménages sans aucun membre en activité professionnelle tandis que les retraites, toujours au cœur du chantage des créanciers, ont déjà subi des coupes drastiques. En parallèle, les initiatives de solidarité sociale au niveau local développées dans les années de crise conservent toute leur importance.

 Quelles sont les perspectives d’une sortie de la crise dans laquelle la société grecque se trouve placée pour la septième année consécutive ?

Les politiques des mémorandums conduisent inexorablement à des impasses et engendrent de nouveaux problèmes aussi longtemps que la question de la dette est considérée et traitée comme « soutenable ». Dans ces conditions, il est évident que seule une profonde réorientation des politiques européennes pourrait apporter des solutions en dehors des recettes néolibérales. Mais cette réorientation ne se dessine pas aujourd’hui. En son absence, la question de l’adhésion de la Grèce aux institutions européennes sera posée de manière forte et récurrente par la société grecque. Et cela quand on sait que l’« aide financière » accordée à la Grèce par ses « partenaires » est utilisée à 91 % pour rembourser les prêts contractés avec les mêmes bailleurs de fonds, principalement les banques allemandes et françaises.

http://syndicollectif.fr/la-situation-du-syndicalisme-en-grece/

Les 95 conditions préalables du 3e mémorandum en Grèce

ARMAGEDDON SOCIAL EN GRÈCE :LES 95 CONDITIONS PRÉALABLES POUR LA MISE EN PLACE DU 3 ÈME MEMORANDUM SIGNÉ PAR TSIPRAS

source :META (courant syndical radical)

Traduction : Constant Kaimakis.

Le gouvernement devrait adopter, avant la fin de cette année, 95 conditions préalables des 113 pré-requis pour achever la mise en œuvre du 3 ème memorandum.
Rappelons que le gouvernement SYRIZA-ANEL et tous les partis mémorandaires d’opposition en ont voté le principe au parlement et que le calendrier des « réformes » a été accepté par les prêteurs.
Ces mesures préalables que prétend mettre en œuvre le gouvernement d’ ici la fin de 2017 , sont entre autres: l’augmentation des tarifs de l’ électricité, les privatisations, la réduction des dépenses pharmaceutiques, l’examen des critères d’octroi de tous les avantages sociaux (y compris les prestations sociales ), l’alignement (suppression) des avantages pour les travaux pénibles et insalubres avec le règlement européen, l’extension des relations de travail flexibles grâce à des programmes OAED (Pôle emploi) , le changement de la loi syndicale (Dans le but de limiter ou même d’abolir le droit de grève), ainsi que la « mobilité » et l’ « évaluation » des fonctionnaires ( non mis en oeuvre jusqu’ici grâce à la grève et au boycott des agents pour plus de 90%). Comme le démontre la liste précise des 95 conditions, tout le champ de la vie quotidienne des grecs est concerné.
Dans ce même article sur le site de META, il est rapellé que les objectifs du gouvernement concernant notamment les agents publics sont de créer un « petit État appartenant à l’État, avec des services publics rentables vendus aux particuliers, des fonctionnaires dociles et malléables pour faire la « traite » des intérêts privés. Pour cela, il faut des employés « compétitifs » avec leurs collègues, visant les primes, soumis à leurs supérieurs, afin qu’ils aient une évaluation positive et socialement abjecte, qui ne s’opposent pas aux politiques impopulaires et, au contraire, les appliquent comme des godillots. »
META rappelle ensuite que la société grecque et les travailleurs ont besoin d’une administration publique qui puisse répondre à leurs besoins en santé, en retraite, en jardins d’enfants, en écoles, en travail qui permette aux jeunes de rester sans être amenés à émigrer à l’étranger. Le courant syndical invite ensuite les travailleurs à se mobiliser sur les prochaines échéances et notamment le grand rassemblement syndical de lutte que constituera la manifestation organisée à l’occasion de l’ouverture de la Foire Internationale de Thessalonique le 9 septembre prochain. Pour META, ce devrait être « un nouveau point de départ pour la lutte avec les syndicats, afin de repousser les nouvelles attaques mémorandaires du gouvernement dans une lutte de classe qui permette l’élargissement des droits, de combattre les politiques néolibérales d’austérité et de privatisation, et qui soit la contribution décisive à la lutte pour libérer notre pays des notes de service et de la tutelle capitaliste internationale »

META détaille ensuite les 95 conditions préalables qui doivent être mises en œuvre d’ ici la fin de 2017:

1. Autorité indépendante des recettes publiques (ΑΑΔΕ): Signature d’un « contrat de performance » entre le ministre des Finances et le directeur de l’ΑΑΔΕ

2. EFKA: Rédaction d’un texte avec les actions nécessaires pour la fusion du mécanisme de recouvrement des cotisations d’assurance EFKA avec le mécanisme de récupération des recettes de l’ΑΑΔΕ d’ ici la fin de 2017.

3. Marchés publics: Mise en place du Comité des plaintes (première instance).

4. Passation des marchés: Mesures visant à améliorer le contrôle juridique dans le domaine du système des marchés publics.

5. Gestion des finances publiques: les autorités sélectionneront le vérificateur indépendant qui contrôlera les paiements du gouvernement et les paiements effectués entre juin 2016 et décembre 2016 pour le remboursement des arriérés de dettes publiques.

6. Retraites: recalcul de 30% des demandes de pension soumises au 13 mai 2016 et jusqu’en Décembre 2016 en fonction de la nouvelle loi 4387/2016.

7. rationalisation des dépenses de santé : Plan de restructuration des programmes d’éducation et de formation dans les programmes médicaux afin d’ améliorer l’ éducation dans le domaine de la médecine générale.

8. Dépenses d’examen: intégration d’une étude pour rationaliser les privilèges et les avantages éducatifs.

9. Restructuration des dettes en retard: les autorités doivent couvrir tous les postes de coordonnateurs et émettre les décisions pertinentes pour faire appliquer la loi de conciliation extrajudiciaire.

10. Simplifier le droit du travail: une assistance technique pour la codification du droit du travail doit être lancée.

11. Travail non déclaré: élaborer un nouveau plan pour les audits ciblés en fonction de l’analyse des risques.

12. Achat de produits et environnement commercial: les autorités adopteront les propositions de l’OCDE pour l’ouverture des magasins le dimanche.

13. Professions: Publication du décret présidentiel sur la libération de la profession d’ingénieur.

14. Professions: Publication du décret présidentiel sur la libéralisation de la profession de génie civil.

15. Professions : Les autorités adopteront un premier paquet de mesures visant à supprimer les restrictions injustifiées.

16. Fonds structurels: Les principes: (i) adopteront des actes législatifs et administratifs ou d’autres instruments appropriés ayant un effet équivalent pour rationaliser les procédures d’expropriation dans un nouveau cadre législatif consolidé; (ii) soumettre au Secrétariat général pour la politique numérique un projet de proposition pour une intégration du Système d’information géographique et cadastrale pour la gestion et le suivi des expropriations, y compris leurs coûts; (iii)procéder à la rationalisation et à la simplification des procédures relatives aux projets archéologiques avec codification de la législation et / ou d’autres moyens appropriés à effet équivalent, y compris l’application de délais contraignants pour la délivrance des permis;(Iv) Procéder à l’adoption d’une décision ministérielle commune établissant un registre des experts pour assurer la supervision des projets cofinancés, conformément à l’article 28 de la loi 4314/2014.

17 Fonds structurels: Les autorités sont d’ accord avec la Commission européenne pour 15-20 grands projets phares pour la période 2014-2020 pour l’ approbation et l’ achèvement.

18 Énergie électrique: Adaptation des tarifs SGI suite à une proposition de RAE selon laquelle le déficit du PPC devrait être couvert au plus tard en décembre 2022.

19. Électricité: la Société PPC versera 51% de ses actions à une société de portefeuille. La société de portefeuille déposera un dossier auprès de la Commission Securities and Exchange alors que la transaction sera connue de la Commission européenne pour les licences concernées.

20. Réseaux électriques: Nouveau mécanisme de capacité de réseau selon les instructions d’aide pour l’ énergie et l’environnement.

21. Approvisionnement en eau: Le Secrétariat spécial pour l’ eau activera un nouveau système de renseignement.

22. Privatisations: Recrutement de consultants pour les actifs restants inclus dans le plan de récupération des actifs du TAIPED/ HRADF.

23. Privatisation -Helleniko : approbation du plan de développement par le Conseil central et promotion aux ministères concernés pour application.

24 Privatisation: Le gouvernement prendra les décisions finales sur le transfert de L’Industrie Aéronautique Hellénique à la Société Hellénique d’Actifs et de Participations ( L’Hyper-Taiped…)

25. Société Hellénique d’Actifs et de Participations (Superfund): l’assemblée générale adoptera toutes les règles du règlement intérieur qui sont encore en instance.

26. Administration publique: Exécution du premier exercice d’évaluation.

27. Administration publique: Indemnités: Harmoniser les indemnités pour un travail pénible et malsain avec le règlement européen.

28.ELSTAT: Renforcer l’autonomie du président de l’ELSTAT, augmenter le budget de l’ELSTAT à partir de 2018, etc.

29. Les recettes publiques – Lutte contre la fraude: collaboration des autorités fiscales et de la justice.

30. Santé: réduire les dépenses pharmaceutiques: création d’un comité d’évaluation des technologies de la santé en vue de la gestion d’un centre d’évaluation pertinent à partir de juillet 2018.

31. Restructuration des dettes en souffrance: adoption des dernières mesures visant à faire respecter la loi sur le règlement extrajudiciaire, tel que décrit dans le Mémorandum technique.

32. Restructuration des arriérés: Établissement de la profession de coordinateur pour la gestion des demandes dans le mécanisme de règlement extrajudiciaire et l’achèvement du registre pertinent.

33. Formation professionnelle: Collaboration des ministères de l’éducation et du travail avec OAED pour 4 000 Formations professionnelles et formations entre 2017-2018 et 2018-2019.

34. Formation professionnelle: Révision du cadre d’enseignement et de formation professionnelles.

35: Marchés de produits – Environnement d’affaires: adoptez toutes les propositions de Toolbox 3 à l’exception de 11 propositions

36. Marchés des produits – environnement des affaires: nouvelle législation sur les carrières.

37. Les marchés de produits et de l’ environnement des affaires: évaluations d’impact ex-post. Le gouvernement abordera les recommandations exceptionnelles des évaluations ex post lancées en octobre 2015 et adoptera des mesures similaires en accord avec les institutions.

38. Usage des terres: Soumission au Conseil d’Etat du décret présidentiel sur l’harmonisation de la législation antérieure par la loi 4269/2014.

39. Fonds structurels: appel à manifestation d’intérêt pour tous les postes des Fonds structurels et d’investissement.

40. Privatisations (Helliniko): étude d’impact environnemental en consultation publique.

41. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Achèvement de la réglementation interne.

42.Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Remplir les postes vacants dans le TAIPED/HRADF et séparer les membres en membres exécutifs et non exécutifs.

43.Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Le Conseil d’Administration examinera la question du CA de la Société de la Propriété Publique

44.Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Publication du Plan stratégique.

45. Enchères en ligne: Finaliser la plate-forme d’enchères en ligne pour devenir pleinement opérationnelle.

46. Autorités indépendantes: nouvelle législation sur les règles de procédure des autorités indépendantes.

47. Santé: Mise en œuvre de la récupération fiscale: compensation pour 2013-2015 avec arriérés estimés (50% en août 2017).

48. Privatisations -Réseau Hellénique de transport du gaz( DESFA ):Sélection de l’acheteur privilégié.

49. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund : Nomination des membres du conseil d’administration de la Société Hellénique d’Actifs et de Participations (ΕΔΗΣ) à la mi-août.

50. Administration publique (mobilité): description des métiers pour la mise en œuvre du nouveau plan de mobilité.

51. Revenu public Autorité indépendante des recettes publiques (ΑΑΔΕ): détermination des positions organiques à moyen terme

52. Revenus publics (douanes): installation des trois scanners dans les aéroports internationaux.

53. Protection sociale: législation sur l’allocation de logement.

54. Préservation de la liquidité: Mesures prises par la Banque de Grèce si le capital privé ne satisfait pas aux exigences de fonds propres de moins de banques systémiques (LSI).

55. Marchés des produits et environnement des affaires: nouvelle législation en septembre pour les secteurs miniers.

56. Cadastre: nouvelle législation en septembre pour les bureaux du Registre Foncier.

57. Énergie-gaz naturel: Conformément à la recommandation de l’Autorité Énergétique (RAE), le Conseil gouvernemental pour la politique économique (ΚΥΣΟΙΠ) adoptera le plan à moyen terme (2017-2020) pour le marché du gaz.

58. Réseaux d’Approvisionnement en eau: nouveaux plans d’activités pour la Sté d’approvisionnement en eau et assainissement de Grèce ( ΕΥΔΑΠ) et la Sté d’approvisionnement en eau de Thessalonique (ΕΥΑΘ).

59. Privatisations (Route Egnatia): Soumission pour approbation de la nouvelle politique de péage de la Route Egnatia et axes verticaux.

60. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Remplacement des membres du Conseil d’administration de la Société de la Propriété Publique (ΕΤΑΔ ) si nécessaire.

61. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): Transfert du premier «paquet» d’immeuble en accord avec les autorités.

62. Administration publique (mobilité): mise en place du nouveau cadre de mobilité en septembre.

63. Administration publique (modernisation): inviter tous les secrétariats ministériels à se moderniser.

64. Administration publique: Sélectionnez les directeurs généraux au cours de Septembre.

65. Justice: Modification du Code de procédure civile, la Loi sur la faillite et d’ autres lois pour garantir les droits des créanciers conformément aux meilleures pratiques dans E. E.

66. autorités indépendantes: Personnaliser la législation sur les autorités indépendantes , y compris la Commission de la concurrence, l’Autorité Énergétique-RAE et l’Autorité de Régulation du Transport de passagers.

67. Les finances publiques: achèvement de la comptabilité du gouvernement central et la présentation des textes juridiques.

68. Protection sociale: Rationalisation des allocations scolaires en Octobre.

69. Marché du travail: en tant que condition préalable de base pour la prochaine évaluation, 50% des membres des sections syndicales de base devront voter pour une grève.

70. Approvisionnement en eau: Préparation pour le développement du système d’information intégré par le Secrétariat spécial pour l’ eau.

71. Privatisations ( Société Hellénique d’Actifs et de Participations -Superfund): achèvement du Règlement intérieur sur les dividendes et la politique d’investissement en Octobre.

72. Administration publique – Coordination: Mettre en place un mécanisme de coopération entre les ministères avant de soumettre des propositions législatives.

73.Santé (Mise en œuvre de la récupération): Compensation pour 2013-2015 avec une estimation des arriérés (achèvement du processus en Novembre).

74. Protection sociale: réforme des allocations familiales en Novembre.

75. Protection sociale: réforme des prestations d’invalidité – une nouvelle législation pour la détermination des conditions de délivrance des prestations d’invalidité.

76. Protection sociale: réforme des allocations de transport en Novembre avec effet à partir de 2018 suivant le billet électronique.

77. Éducation: Modification des heures d’enseignement par enseignant et ratio élèves par classe et élèves par enseignant, basés sur les meilleures politiques de l’OCDE.

78. marché des produits et l’ environnement des affaires (Outil 1): Adopter toutes les propositions de matériaux de construction: un total de 372 spécifications techniques dans les matériaux de construction.

79. Industries de réseau (énergie): Les mesures structurelles pour la cession du secteur due la lignite de la Sté de Production électrique ΔΕΗ- PPC seront finalisées par le dépôt formel de l’offre contraignante acceptée par la République grecque à la DG COM.

80. Privatisations (Superfund): L’Assemblée générale approuvera le plan stratégique.

81. Lutte contre la corruption. Les autorités modifieront leur législation pour répondre aux recommandations du GRECO sur le financement des partis politiques et des campagnes électorales dans le mois suivant le dépôt du rapport du GRECO.

82. codes fiscaux: Les autorités d’ici Décembre 2017 devraient: a) procéder à un examen à l’aide d’un soutien technique de toutes les incitations fiscales pour les entreprises et l’intégration des exonérations fiscales, abrogeant celles qui sont déjà inefficaces ou inégales, b) examiner avec le soutien technique en utilisant le cadre fiscal pour les véhicules d’investissement collectif et aux participants sur les meilleures pratiques dans E. E., c) codifier et simplifier la législation de la TVA, la mettre en conformité avec le code des procédures fiscales et abroger les lacunes en suspens, y compris celles mentionnées dans la révision de la législation sur la réécriture et la remise TVA, d) entreprendre un examen technique des prévisions après leur mise en œuvre triennale, l’identification des problèmes et des lacunes, des propositions d’amendements en vue d’une meilleure mise en œuvre et suppression de prévisions contradictoires; e) examiner le traitement fiscal privilégié pour l’industrie du transport maritime à la lumière de la Commission européenne d’ici Janvier 2018.

83.Les impôts fonciers. Les autorités , avec l’ aide de soutien technique, devront légiférer pour assurer l’alignement des valeurs objectives aux valeurs réelles du pays d’ici Décembre 2017.

84.Les recettes publiques (AADE): Tous les membres du personnel transférés à l’AADE seront évalués et seront placés dans des niveaux bien adaptés.

85.Gestion des finances publiques. Préparer un plan d’action pour améliorer la gestion des garanties d’Etat suite à une enquête diagnostic réalisée auparavant.

86.Retraites: le recalcul individuel des pensions en vertu des nouvelles règles sera finalisé d’ ici la fin de Décembre.

87. Retraites: Les autorités devront veiller à ce que, jusqu’en Décembre, l’EFKA puisse maintenir automatiquement les dossiers électroniques des carrières ouvrant droit à la retraite.

88. Retraites: À paraître jusqu’en Décembre 2017 les décisions ministérielles Article 70 VEN. 2e et P. D. Article 52 de N. Katrougkalou. L’ article 52 concerne le fonctionnement de EFKA (transfert du personnel, la création de nouveaux emplois, les responsabilités des Directions Générales , etc.). Article 70 VEN. 2ème la séparation des biens appartenant à l’EFKA.

89. Enseignement et formation professionnelle (EEK): Le gouvernement adoptera un plan global pour le développement du capital humain (avec assistance technique) jusqu’en Décembre 2017.

90. Professions: Levée des restrictions pour les autres professions jusqu’en Décembre 2017.

91. Industries de réseau (énergie): capacité d’allocation et de la gestion de la congestion. Pour le couplage du marché le lendemain (Italie – Grèce et Bulgarie – Grèce), la Grèce rejoindra le projet de couplage du marché européen d’ici Décembre 2017.

92. Les compagnies des eaux: Les autorités ont jusqu’à Décembre 2018 pour élaborer un plan stratégique pour renforcer la gouvernance, la capacité administrative et l’ autonomie économique des entreprises.

93. Privatisations (Helliniko): Les autorités publieront le projet de décret présidentiel pour le Plan de développement intégré au plus tard six mois après sa présentation formelle, conformément à la disposition pertinente de la loi 4062/2012..

94 Administration publique : Achèvement des évaluations du personnel d’ici Décembre 2017.

95. Administration publique: Finalisation des engagements des directeurs généraux d’ici Décembre 2017.

https://unitepopulaire-fr.org/2017/08/24/armageddon-social-en-grece-les-95-conditions-prealables-3-eme-memorandum/

Ephémère finissant : la rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Éphémère finissant

L’été grec bat son dernier plein. Sur certaines plages du… Grand Péloponnèse le camping libre rappelle à sa juste manière toute la force du royaume de l’éphémère finissant. Même aux alentours de la grande fête du 15 août, au demeurant dès lors derrière nous, ces vacanciers héroïques des classes pressées peuvent encore se dire que (seule) la nature leur réserve enfin un supposé quelque part. Illusion ?

Plage du Péloponnèse le 15 août 2017

Août si possible travaillé, et “Greece Terra Incognita” mon autre activité disons cousine de ce blog, m’éloigne ainsi souvent d’Athènes en ce moment. C’est de… saison comme on dit.

Au soir du 15 août dans le Péloponnèse, seule la taverne de la plage affichait fermée car réservée par les circonstances. “L’établissement est fermé, il est entièrement réservé. Nous ne servons plus. Nous vous remercions”. Les intéressés auraient pu comprendre et ils ont effectivement compris. Et quant au patron de l’établissent, agité devant sa cuisine, il n’avait que ses bras (ceux des employés plus exactement) pour préparer, servir et accueillir les trois cent personnes de la classe moyenne suffisamment plus aisée que le reste, arrivées vers 22h jusqu’au bout de la baie à bord de leurs voitures récentes.

Effectivement, la crise n’a jamais été celle de tout le monde, on l’aurait même un peu oublié sous le soleil et sous les quelques nuages de ce 15 août 2017. Été si possible travaillé, mais… alors moutons et chèvres occupent parfois ces même plages à l’aube, bien avant l’arrivée des premiers vacanciers. C’est aussi de saison.

Péloponnèse, août 2017
Établissement réservé. Péloponnèse, le 15 août 2017
Moutons et chèvres. Péloponnèse, août 2017

Seules les nouvelles qui tombent (c’est bien l’expression) n’auront jamais tombé finalement si mal. Car autour du 15 août en Grèce, près d’une centaine d’incendies de grande envergure et en série, ont sévi dans le pays réel… de la guerre ainsi faite par d’autres moyens, y compris dans la région d’Athènes. De ce fait, dans de nombreux quartiers la capitale, ceux qui n’ont pas été près des plages, ils ont aussitôt fermé portes et fenêtres à cause de la fumée et des cendres qui dominaient le ciel durant près de trois jours.

Alors que plusieurs milliers d’hectares ont été ravagés cette dernière semaine, les politiciens bronzés et requinqués encore de leur été eternel, ils ont de coutume “polémiqué” dans l’indifférence totale au sujet des moyens qui manquent. Plus de la moitié des avions existants, conçus pour lutter contre les incendies que compte la Grèce sont cloués au sol par manque de moyens et d’entretien. La presse ironise certes, sauf que l’ampleur… sérigraphique du “phénomène” est déjà si énorme cet été en Grèce, mais aussi ailleurs, par exemple en France et en Italie. Temps d’un été alors brûlant.

Une fois détournés provisoirement de leurs baignades et sortis de leurs tentes, les Grecs discutant entre eux, ils utilisent l’expression d’usage consacrée au “phénomène”, et cela depuis bien des années: “Ils ont encore brûlé le pays”. Sauf que ces “ils”, ne sont jamais désignés avec précision, et cela pour cause.

Moyens… anti-incendie. “Quotidien des Rédacteurs” du 16 août 2017
Alexis Tsipras et ses illusions… brûlées. Quotidien “Kathimeriní” du 18 août 2017
Vision athénienne. Août 2017

On scrutera alors volontiers ces nouvelles si possible de loin, avant de retrouver toute la vérité enveloppante provisoire de sa tente de camping encore libre. Visite guidée au pays sans guidon !

Et pourtant. Les îles touristiques croulent sous les flots et sous les flottilles de voiliers, certaines Cyclades, Hydra, Póros notamment. Les moins suivistes, iront plutôt se baigner tranquillement ailleurs, par exemple sous la grotte préhistorique de Frachti en Argolide (Péloponnèse toujours), habitée comme on sait depuis plus de quarante mille ans… avant les algorithmes de la finance contemporaine. Oui, le monde avait-il déjà existé avant que les dites agences de notations ne se décident “d’augmenter la note de la Grèce en ‘B-‘”, à l’instar de Fichte cette semaine, d’après la presse.

Dans la grotte de Frachti. Août 2017
Certains aspects de la vie agropastorale du passé. Frachti, août 2017

La seule note de la vie, comme de la durée perceptible c’est alors à Frachti, sous les honorables quarante mille ans de cette grotte, située et cela seulement après élévation du niveau de la mer… devant la petite île appartenant à la famille de l’armateur Livanos, laquelle a partiellement financé les fouilles des paléontologues et des archéologues.

Les éclaircissements écrits et illustrés proposés aux rares visiteurs montrent autant les différentes phases des fouilles entreprises entre les années 1970 et nos jours, ainsi que certains aspects de la vie “agropastorale en Grèce”, sachant que la grotte abritait encore un troupeau de mouton et de chèvres dans les années 1950, c’est-à-dire… peu avant les algorithmes de la finance contemporaine !

La grotte de Frachti (à gauche). Août 2017
Fouilles dans les années 1970. Frachti, août 2017
Fouilles, hommes et matériel dans les années 1970. Frachti, août 2017

Pendant qu’à Athènes les gens auront moins pu partir en vacances en ce mois d’août 2017 aux dires des voisins, et pendant que les récupérateurs aguerris… inspecteront toujours les bennes à ordures, ceux qui ont cependant pu, ils passeront encore quelques nuits sous leurs tentes colorées.

Toujours dans les faubourgs de la capitale touchés par les incendies, un programme d’assistance appuyé par la Région d’Attique vient d’être lancé afin d’apporter secours aux animaux adespotes retrouvés blessés suite aux incendies ayant sévi dans l’Est de l’Attique. Histoire surtout de leur trouver un abri temporaire et les soins vétérinaires dispensés bénévolement, voilà pour les autres nouvelles, disons rassurantes du moment (“Quotidien des Rédacteurs” du 18 août).

Au même moment, les animaux adespotes des îles comme du Péloponnèse bénéficient de la saison et des restaurants pleins (sans incendies), ou suffisamment fréquentés pour encore un petit mois. L’été grec bat ainsi son dernier plein et seuls les… contrôleurs du “fisc grec” sont si mal accueils près des plages… par certains restaurateurs et autres professionnels de l’héliotropisme. Insultes, agressions, menaces, et parfois même passage à tabac et coup de fusil tirés en l’air. Été… chaud !

Récupérateurs… aguerris. Athènes, août 2017
Camping libre. Péloponnèse, août 2017
Péloponnèse, août 2017
Péloponnèse, août 2017

Dans l’urgence, le “gouvernement grec” cherche à endurcir la législation et surtout les peines encourues. “On ne peut pas punir de la même manière l’agression que subit un simple citoyen et celle dont il est victime un agent du fisc dans l’exercice de sa mission”, déclare à la presse (quotidien “Kathimeriní” du 19 août) Yórgos Pitsilis, celui qui dirige la dite “Agence Indépendante des recettes Publiques”.

Sauf que cette dite “Agence Indépendante” imposée par la Troïka et contrôlée par elle, ôte tout contrôle des finances et surtout des recettes publiques à l’État grec (?) comme autant au ministère des Finances ou au “Parlement”. La boite de Pandore est ouverte, et les… usages d’en haut… provoqueront ou donneront prétexte aux comportements d’en bas, été d’ailleurs comme hiver. Décidément, il vaut mieux parfois en Grèce être animal adespote qu’agent du… fisc indépendant !

Animal adespote. Restaurant de l’île de Póros, août 2017

L’été grec bat son dernier plein. Grand Péloponnèse, camping libre, et le… “Président” qui navigue, voilà en tout cas pour la peinture des apparences. Les tristes nouvelles de Barcelone et d’ailleurs circulent pourtant, et alors sont commentées entre Grecs, tout comme plus amplement, visiteurs du pays compris. Les vacanciers héroïques des classes pressées auraient pu encore se dire que (seule) la nature leur réserve enfin un supposé quelque part (bref et provisoire), et ce n’est peut-être pas qu’une Illusion.

Et à propos de Barcelone (comme de Venise), la presse grecque évoque également les récents signes du malaise profond ressenti par une partie des populations locales subissant ainsi un tourisme de masse, sans contreparties disons positives. Hausse des prix, salaires de misère, logement devenu inaccessible aux jeunes (et moins jeunes) habitants à cause notamment de la déferlante Airbnb, entre autres (“Kathimeriní” du 18 août), voilà pour l’essentiel. Le phénomène est déjà en cours aussi dans certains quartier d’Athènes il faut dire. L’uberisation c’est tant probablement la tiers-mondisation citoyenne… plus internet.

Barcelone et le tourisme de masse. du 18 août
Le “Président” qui navigue. Golfe Saronique, août 2017

Un peu moins concernée par le tourisme de masse mais cela seulement (encore) par endroits, la Grèce héliotropique ne donne pas l’impression de réfléchir sur la question de son… avenir touristique. Et pourtant…

En attendant, les plages où l’on respire existent, et… la connectivité des Grecs envers YouTube devient alors la deuxième mondiale après celle des Saoudiens d’après la presse grecque (“To Pontíki”, 27 juillet 2017). La plage… plus l’électricité !

La plage… plus l’électricité. Péloponnèse, août 2017

La plage… plus l’électricité certes, les animaux adespotes des tavernes et des guignettes. Camping libre au royaume de l’éphémère finissant.

Animal adespote sur la terrasse d’une guinguette. Péloponnèse, août 2017
* Photo de couverture: Camping libre. Péloponnèse, août 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

A Micropolis: autogestion et démocratie directe face à la crise grecque

A Micropolis: autogestion et démocratie directe face à la crise grecque 16.08.2017 sur France culture

Grèce : incendie criminels ?

GRÈCE : INCENDIES CRIMINELS ? UN PLAN ORGANISÉ ? LES AUTORITÉS ONT DES DOUTES :

Comme chaque été , l’été est meurtrier pour la Grèce en termes d’incendies. De nombreux feux ont eu lieu ces derniers temps. Un total de 53 incendies de forêts ont éclaté samedi en Grèce et environ 91 depuis dimanche, y compris sur Kalamos, une station balnéaire près d’Athènes.
Mais l’intensité , la répétition et la synchronicité des feux tant à Zakynthos qu’aux abord d’Athènes inquiètent les autorités qui commencent à envisager non seulement l’idée de feux volontaires mais carrément d’un plan de destruction sciemment organisé pendant ce weekend férié du 15 août. Telles sont les déclarations des Services officiels de lutte contre les incendies du ministère de la Protection Civile et du Ministre de la Justice Stavros Kontonis. Ces incendies font d’ailleurs l’objet d’un vif débat politique avec l’opposition de droite Nouvelle Démocratie qui accuse le gouvernement de « négligence criminelle » et les accuse de « théories de complots » …mais aussi avec l’opposition de gauche et du centre avec le PASOK et le Potami qui parlent d’un manque de préparation et de coordination entre les autorités compétentes.
Un ras le bol citoyen s’exprime aussi sur les murs de Grèce cf Tag : « Si les forêts étaient des banques, on les auraient sauvées ! »

Suite à la parution du texte ci-dessus et aux diverses réactions je reprend ici un point de vue donné notamment par la presse syndicale ( ici le site de META courant syndical « radical » au sein des fédérations syndicales grecques) sous le titre:

« Un plan organisé par les pyromanes… ou le gouvernement, les prêteurs et les intrus »
« Et cet été, malheureusement, en regardant le pays et les forêts brûlées , les dirigeants nous parlent d’un plan organisé par les pyromanes (on n’a pas encore entendu parler du « Général vent », mais on est pas loin…), dans une tentative de cacher les véritables causes : le plan organisé du gouvernement et les prêteurs privés – transgresseurs contre l’environnement naturel du pays .
Il ne serait pas exagéré de dire à l’occasion de ces jours où le pays brûle, que les pompiers se battent héroïquement, dans des circonstances défavorables , et seulement avec un sandwich et une bouteille d’eau, à travers le tourbillon de feu, pour sauver la fortune des citoyens et les forêts. Pour nous, cependant, Il n’est pas plus exagéré de dire que le gouvernement et les autres parties de l’ arc mémorandaire qui font référence aux pompiers héroïques, se moque d’eux sans aucune honte .
En effet , les travailleurs subissent tous les jours , eux et leurs familles, les mesures anti-travailleurs et les politiques anti populaires et qui doivent payer de leurs propres sacrifices, la sécurité incendie du pays . Les travailleurs ont des maigres salaires en rapport de ce qu’offrent la plupart des entrepreneurs pour les saisonniers et sont les otages de chaque décision.
Ces travailleurs sont sur le pied 24 heures sur 24 heures , avec le non paiement des heures supplémentaires , aucune prime de dangerosité et pour un travail pénible et aucune mesure de protection de la personne . Ils n’ont pas droit à un travail permanent et régulier, comme cela est arrivé en Février dernier avec l’ amendement pour les pompiers d’engagement de cinq ans voté par SYRIZA-ANEL et TO POTAMI et dans lequel les « engagements » pour la permanentisation ont été détournés … avec des relations clientélistes.

Ces travailleurs subissent les transferts illégaux et injustifiés (par exemple, PC II / A New Anchialos, CA zone industrielle de Volos, KP Kassandra) au même moment où on envoie les pompiers prévus pour les incendies de forêts pour la lutte contre l’incendie des aéroports – notamment dans les aéroports récemment privatisés avec l’ argent des contribuables grecs pour les intérêts de l’ Etat allemand et du groupe « Fraport Grèce » (qui a demandé 500 pompiers , pourquoi ne serait il pas capable de se « protéger » lui même?).
Tout cela afin de détourner l’ attention de l’ opinion publique des vrais problèmes : le manque de fonds pour la sécurité incendie, l’absence de politique de feu, le manque de pompiers , etc., le décret sur la « densité de logements » dans la zone forestière. Cette loi de déclassification de millions d’acres de forêts et la vente de terres forestières publiques a un effet dévastateur quand à l’action des pyromanes des forêts et des terres boisées
En bref , le sens de la responsabilité, le zèle et le sacrifice de soi, que présentent les pompiers, les fonctionnaires au fil des ans, luttant pour garder entier la vie et les biens de nos citoyens est face à des manques de besoin en personnel et en équipement, en raison des politiques menées par nos dirigeants.
Ce gouvernement mémorandaire affaiblit le sécurité incendie et de la protection civile du pays, outre la ruine du travail, l’ assurance et les droits sociaux, et le pillage des biens publics et les résidences populaires … avec son engagement de mutation, avec les prêteurs, avec le privé , et favorise les « transgresseurs pyromanes » .
Les partis au pouvoir tentent de dissimuler leurs responsabilités pour les politiques d’austérité des coupes et la liquidation, et les partis d’opposition mémorandaires à récolter des voix – car ils auraient fait la même chose, s’ils étaient au pouvoir. Et tout cela, sur les cendres des maisons brûlées , les efforts de vie des employés, et sur les cendres des forêts brûlées. »

Sur le dessin d’Araks:  » l’absence du premier ministre (seulement un « twitt ») et il n’y avait pas eu une déclaration du représentant du gouvernement pour les grands incendies. Il leur a suffit, Jeudi, le premier ministre a décidé de voler en hélicoptère au-dessus de l’est de l’Attique brûlé et le second à faire des déclarations aux médias afin de montrer qu’il est … là! »

Constant Kaimakis

Lavage complet ! la rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Lavage complet !

Synchronies, canicule, comme tempêtes passagères. Temps actuel. Les medias évoquent pêle-mêle, la ruée vers les plages, les incendies du moment (l’île de Cythère brûle depuis près d’une semaine), l’autosatisfaction débordante du gouvernement, voire enfin, la visite officielle (déjà annoncée) en Grèce et en septembre du président Macron.

Petite tempête passagère. Large d’Égine, juillet 2017

Samedi 5 août, près de trente ferrys ont largué leurs amarres à destinations des îles depuis le Pirée, rêve alors concentré. “À partir du 18 août, tout ce beau monde rentrera à Athènes, voilà pour les vacances des Grecs, lorsqu’ils partent”, entend-on sur les ondes (Radio Alpha, 5 août, zone matinale). Visiblement on radote, comme on se répète un peu, autant sur les ondes.

Au large de l’île d’Égine l’un des deux ferrys de la matinée, gêné par une tempête qui n’a pas duré, n’a pas pu accoster de sa première tentative. Petite histoire du jour alimentant tout juste les conversations. Dans le temps et dans le vent actuel également, une certaines presse… formatée très “bas niveau”, évoque “ces OVNI vus dans le ciel de Crète”, miracle toujours actuel, spectacle et alors vérité sans doute mensongère.

Athènes, au marché aux puces. Août 2017

Lundi 7 août, et depuis le Troisième Programme (culturel et musical) de notre (presque) bien seule radio, l’émission de l’après-midi (sous les 40° C il faut aussi le signaler), elle avait été consacrée à l’œuvre de Guy Debord , à l’occasion d’une nouvelle (et quatrième) version traduite de son œuvre: “La Société du spectacle”. Un oasis fort apprécié par si peu d’auditeurs en réalité, au pays de l’archipel Égéen où la moitié de l’Europe s’y rend très volontiers pour y réaliser ses baignades.

Société du spectacle toujours, ainsi, une autre fraction de la presse ironise alors sans réserve, au sujet des “gouvernants”: “Les marchés financiers jouent de leur musique, et de ce fait, Tsipras et les siens dansent”. Événements, politiquement et copieusement déshydratés, et qui n’impressionnent guère les ultimes lecteurs de la presse. Les Grecs d’ailleurs n’en rient même plus du tout.

Touristes et Grecs. Póros, juillet 2017
Les ferrys arrivent à l’heure. Golfe Saronique, août 2017
Les voiliers affrontent les éléments. Golfe Saronique, juillet 2017

Pays pour autant comme on sait piloté… automatiquement, danse ou pas. Les ferrys arrivent néanmoins plutôt à l’heure, les voiliers affrontent les éléments, puis, les touristes et certains Grecs, profitent des îles ; à l’exemple de Póros. Synchronies parallèles. L’été et ses ambiances en rajoutent d’ailleurs à cette impression de fausse fluidité. Faux mouvements… à travers les débris de toute une civilisation comme le dirait sans doute le regretté Guy Debord.

“L’argent, c’est notre liberté battue en monnaie”, nous dit-il par son unique manière, ce clown comme on sait figé, il est placé devant une boutique “vieux jeu”, située derrière le bâtiment du premier Parlement grec (1875-1935).

“Athènes c’est de la lave”. Athènes, Août 2017
Animal (presque) adespote, heureux sous l’Acropole. Athènes, août 2017
Athènes, commerce à l’ancienne. Août 2017

Ou autrement, ce slogan bien actuel: “Athènes c’est de la lave” (“donc quittons-la”, pour ce qui est du sens entier du message). Avertissements échaudés de ce mois d’août, les plages en plus. Le pays expire, le pays transpire, et les apparences alors dominent, on dirait à l’exacte manière, exposée et analysée par Guy Debord, il y a pourtant plus d’un demi siècle.

Sauf que derrière le lustre touristique, les visages se figent parfois en cachette, car les professionnels ne s’en sortiront pas forcément… victorieux de l’embellie estivale. Comme partout dans ce bas monde, il va falloir finalement gratter un peu, pour accéder à la moelle sociale alors lésée.

Porte… fermée. Athènes, août 2017

“Je vais mettre la clef sous la porte, je ne peux plus et je ne veux plus payer pour cet État-zombi, celui qui nous suce le sang pour alimenter sa clientèle politique, ses sbires, tous ces bons à rien. Je laisse plus de 75% de mon chiffre d’affaires en impôts, taxes et cotisations. Je travaillerai en informel désormais, que tout s’effondre… qu’ils crèvent”. Lámbros, petit imprimeur d’Athènes et ses états d’âme en ce mois d’août.

Une certaine presse… “Les ONVI”. Athènes, juillet 2017
“L’argent c’est…” Athènes, août 2017
“Les gouvernants dansent”. Presse grecque, juillet 2017

De l’autre côté du miroir helléno-centrique, l’ami Mários, fonctionnaire attitré comme attristé, il dépeint également la situation, sa situation: “Ils ne nous laissent pas travailler honnêtement”.

“Toutes ces cliques, ces partis, dont nouvellement la caste Syriziste, ces syndicats, puis enfin ces collègues… aux nombreuses ‘relations’. Comme nos salaires dans la fonction publique ont été réduits de 30% à 40%, les pratiques mafieuses se multiplient… aussi sous prétexte de crise. On m’a rapporté qu’un tel, vétérinaire d’État, ne délivre pas de certificat de conformité aux éleveurs, faisant logiquement suite à l’abatage de leurs bêtes sans… percevoir un bakchich, allant parfois de 20€ à 30€ par tête… animale abattue, et pourtant tout se déroule en respectant les normes les plus strictes.”

“Les confrères, aussi fonctionnaires en sont décidément outrés, seulement, l’intéressé appartient à un large réseau politique local… réellement très existant, l’amoralisme et le cynisme en plus. Ceci explique aussi cela, et les honnêtes gens alors se tairont encore et toujours. Je fais mon travail comme je peux, je ferme les yeux ou plutôt je fais semblant, je ne me mêle pas aux ‘affaires’ et encore moins aux magouilles. Enfin, nous sommes pour l’instant normalement et régulièrement rémunérés, contrairement à ceux du secteur privé. C’est déjà une sécurité. Et c’est aussi la vie, sans espoir, sans renouveau, sans goût ! Le pays ne s’en sortira plus.”

Synchronies, tempêtes passagères et ainsi… vérité enfin tangible. En Thessalie Occidentale, sous les montagnes du Pinde, on y lave encore tapis, couettes, draps et couvertures presque à l’ancienne, aux quelques lavoirs de rivière subsistants. Beauté, clarté, et souvent lucidité, pour ce qui en sort des discussions engagées. La Grèce en immersion complète. Lavage aussi complet garanti !

Au lavoir. Thessalie Occidentale. Août 2017
Au lavoir. Thessalie Occidentale. Août 2017
Au lavoir. Thessalie Occidentale. Août 2017
Près du lavoir. Thessalie Occidentale, août 2017

En Thessalie toujours, la presse régionale (à l’instar du quotidien historique “Elefthería” de sa capitale, Larissa), titrera… sur les “Nouveautés en taxes et impôts à découvrir à la rentrée”, et à acquitter avant la fin de l’année. Rien de très extraordinaire il faut dire. Mais entre Grecs, la spontanéité des discussions estivales engagées entre vacanciers et résidents (près des plages comme dans les montagnes), est définitivement sortie des pseudologies des faits et gestes prétendument “politiques”. L’été étant déjà un “ailleurs” dans un sens, crise ou pas.

Fort honorablement, le même quotidien dans sa ‘Une’, il rapporte aussi cette si bonne nouvelle: “Près de Makrychori (au Nord de Larissa), les vestiges d’une localité récemment découverte avait été habitée vers 5.300 avant notre chronologie. Les fouilles archéologiques se poursuivent. Dans une couche datant de la période de l’Helladique récent, nous avons découvert une demeure où sous son sol, un très jeune enfant avait été inhumée, tandis que la construction avait été habitée par la suite et cela sur plusieurs générations.” Autres temps !

Mais aujourd’hui, nous sommes inlassablement traversés par une époque coulée, coulante et ainsi collante. À Trikala, chef-lieu de l’ex-département homonyme (les départements ont été supprimés en Grèce suite à la réforme jugée “nécessaire”, initiée par la Troïka et par ses serviteurs Grecs lors du premier mémorandum à l’automne 2010), le Syrizisme local a co-organisé en ce début août, une opération de promotion politico-médiatique de sa députée européenne et européiste Konstantína Koúneva (originaire de la Bulgarie voisine, lâchement et sauvagement agressée en 2008 par des inconnus, probablement en lien avec son action de syndicaliste).

La ‘Une’ du quotidien “Elefthería” de Larissa. Août 2017

La députée a voulu… ainsi célébré le renouvellement en CDI d’un certain nombre de contrats des femmes de ménage travaillant à l’hôpital public de Trikala. “Elle se fout très largement de notre gueule cette femme, elle touche ses seize mille euros par mois de l’eurodéputée, puis, elle vient soi-disant soutenir nos faibles d’ici”, pouvait-on entendre en ville, dialogues entre passants, très exactement à la vue des affiches que SYRIZA y avait placé pour promouvoir l’événement, “suivi d’un concert de musique grecque donné dans la cour de l’hôpital”.

Et comme prévu… ce fut le vide total. Les musiciens abattus, très probablement rémunérés trois sous, se produisant devant un public de… fauteuils en plastique quasiment vides. Belle musique populaire pourtant, chansons de la gauche et autant de jadis. Du Theodorakis qu’une vielle dame Syriziste reprenait alors avec penchant… le tout, dans un certain situationnisme de la diagonale du vide politique comme ontologique. Le pays (et sa gauche) n’est plus, sauf alors pour le ridicule en images.

En face de l’hôpital de Trikala et en même temps, sur les terrasses des cafés et des tavernes, l’autre public y était en tout évidence plus nombreux… car en train de suivre un match de football, l’équipe d’Olympiakós du Pirée y jouait.

Événement… organisé par SYRIZA à l’hôpital de Trikala. Août 2017
Le même soir… en suivant le match de football. Tríkala, août 2017
Commerçant sceptique et ‘son’ animal adespote. Athènes, août 2017

Société du spectacle, plus certaines vérités évidentes. Pendant qu’à Athènes les commerçants se montrent sceptiques, chez ceux rencontrés dans les montages du Pinde, la colère qui en ressort est plus claire et plus limpide que jamais: “Les politiciens ont tous trahi, le pays est vendu, les jeunes sont partis, nos villages sont vides et nos écoles se ferment les unes après els autres. La Grèce n’est plus”, voilà pour les témoignages à chaud… sous les platanes.

D’autres montagnards se montrent au contraire plus modérés: “Nous en avons vu bien d’autres, nos parents et nos grands-parents surtout. Alors patience…”. Oui, patience. En Crète, certains agents de l’aéroport d’Héraklion ont récemment perçu une partie de leurs salaires en… bons d’achats, pratique illégale et néanmoins réellement existante (presse grecque du 7 août 2017) . Ainsi… et certes patience.

Sauf que depuis les montagnes grecques, Il est cependant possible de prendre plutôt de la hauteur et de la distance par rapport à la trivialité ambiante. On s’y attardera volontiers par exemple devant ces grottes transformées en chapelles, car au royaume des montagnes du Pinde, les moines Orthodoxes ont très historiquement investi ces cavernes propices au recueillement. Ces cathédrales de roches où trônent des fresques, à mi-chemin entre la peinture naïve et l’iconographie byzantine, ont toutes leurs légendes et leurs secrets.

Grotte transformée en chapelle. Thessalie Occidentale, août 2017
Gare… en ruine et sans train. Thessalie Occidentale. Août 2017
Fresque à l’intérieur d’une chapelle. Thessalie Occidentale, août 2017

Comme autant à la vue de cette gare en ruine, construite entre 1938 et 1939. Les voies ferrées n’ont jamais été posées, le train n’est jamais arrivé jusque là. Encore une des modernisations du siècle dernier en Grèce, définitivement stoppées par la Deuxième Guerre mondiale.

Chemin faisant, on se rend parfois compte que le souvenir de ceux qui appartiennent définitivement au passé, est parfois évoqué à travers les récits des habitants actuels (lesquels ne sont plus permanents): “Regardez cette photo prise ici-même en 1930, devant la demeure d’une famille puissante et riche aux normes de l’époque. De cette si belle maison, il ne reste actuellement que l’entrée externe, tout le reste, comme pratiquement le village dans son ensemble a été brûlé par les Allemands en Octobre 1943. Les habitants avaient fuit se cachant dans la montagne, ensuite, notre village a été partiellement reconstruit, mais seulement plusieurs années après.”

“Nous, descendants des anciens des années 1940, nous y demeurons désormais uniquement durant l’été. Nos familles, elles sont alors éparpillées entre Athènes, Larissa, Trikala, Thessalonique, voire même l’Australie. Nos retrouvailles, entre juillet et août, incarnent surtout le moment le plus heureux et le plus attendu de notre existence durant toute l’année. Nous en sommes fiers… même si cela ne dure que deux à trois mois par an.”

“Regardez cette photo, prise en 1930…” Thessalie Occidentale, août 2017
“Seule l’entrée extérieure a été conservée.” Même endroit, août 2017
Vieillard au village. Thessalie Occidentale, août 2017

Temps actuel. Les medias évoquent toujours pêle-mêle, la ruée vers les plages, les incendies du moment, ou sinon “l’effondrement” des droits des travailleurs: “Les plus anciens des employés sont actuellement licenciés à la pelle. Chaque employé ainsi renvoyé est remplacé par deux jeunes payés au mieux 350€ par mois chacun, pour un travail à temps plein et sous un contrat dit ‘révocable’. Il arrive parfois que même ces salaires de misère ne soient pas versés normalement.”

“Pourtant, les jeunes employés ne disent souvent rien, ils ne se plaignent pas, ils acceptent leur sort ; ils sont beaucoup plus dociles que les ainés. La Grèce connait déjà ce nouveau régime du Moyen-âge… des travailleurs. Le recul en quelques années (y compris sous SYRIZA) est sans précédent”, représentant de la Confédération Générale des Travailleurs Grecs – GSEE, interviewé en direct (Radio 90.1 FM, le 8 août 2017, zone matinale).

Dans ces montagnes du Pinde on s’y baigne parfois. Thessalie Occidentale, août 2017

Sauf que dans ces montagnes on s’y baigne parfois le temps d’un été, histoire de se purifier comme on aime le dire parfois. Chômeurs, travailleurs, éleveurs, ainsi que les rares voyageurs éclairés s’y retrouvent pour ainsi dire loin, si loin des villes. Loin également de la ruée vers les plages, Guy Debord aurait peut-être apprécié ce… situationnisme.

Synchronies toujours et tempêtes passagères. Nos animaux adespotes (sans maître) se disputent imperturbables le charme d’une femelle par exemple. C’est aussi de saison. Août 2017. Temps actuel. Lavage complet !

Nos animaux adespotes se disputent… Athènes, août 2017
* Photo de couverture: Au lavoir. Thessalie Occidentale. Août 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Grèce. Le Pirée, un port chinois au cœur de l’Europe

Publié par Alencontre le 5 – août – 2017

Par Alexia Kefalia

Cosco, l’armateur pékinois, contrôle désormais l’ensemble des activités du plus grand port de Méditerranée. Il est à peine 7h30 et déjà la température flirte avec les 38°C, en ce matin de juillet sur le port du Pirée. La mer se charge de reflets dorés au gré du soleil levant. S’amorce alors le ballet de ferrys bondés de vacanciers, voguant vers les îles des Cyclades ou du Dodécanèse. Au loin, on aperçoit de luxueux bateaux, voiles au vent, évoquant ces clichés en noir et blanc de marins grecs immortalisés par le célèbre photographe américain Robert McCabe dans les années 1950.

Yannis ne s’attarde que quelques minutes sur cette vue idyllique, qu’il peut observer depuis l’embarcadère numéro 1 de la zone de fret du port mythique. Cet homme de 44 ans, au visage buriné, aux mains rocailleuses et à la carrure d’Hercule, est calier depuis plus de dix ans. Il fait partie des dockers qui escaladent les coursives des navires pour charger de marchandises les cargos. Un métier intenable dans la chaleur émolliente. «Quand il y a plus de 40°C, la direction m’autorise à quitter le travail à 10 heures, au lieu de 14 heures, mais je le rattrape en heures supplémentaires par la suite», lance-t-il. Au vu de la conjoncture, il se sent privilégié. Bien que son salaire ait été amputé il y a trois ans, il perçoit néanmoins 1550 euros par mois, soit deux fois plus que le salaire moyen du pays. «C’est bien mieux que mes collègues du 2, payés 50 euros par jour, qui n’ont pas droit aux heures supplémentaires et ne peuvent s’arrêter qu’entre 13 heures et 16 heures en période de canicule», poursuit-il.

Le «2», c’est l’embarcadère mitoyen du sien, racheté par les Chinois de Cosco en juin 2008. Il se distingue par ses grues bleues imposantes qui s’étalent sur un troisième embarcadère, récemment construit par la compagnie pékinoise. Aucun des employés de l’armateur chinois, dont 80% sont Grecs, ne se plaint de ses revenus, mais les dockers de l’embarcadère 1 en doutent. Ces derniers viennent pourtant, depuis un an, de passer aussi sous la bannière de Cosco. Le colosse chinois a, en effet, acquis l’intégralité du port du Pirée à l’Etat grec, dans le cadre du programme de privatisations. Le port de marchandises, le terminal des voyageurs et celui des paquebots de croisière, l’ensemble est passé sous contrôle chinois.

«Mais il faut distinguer les conditions de travail», assène Giorgos Gogos, secrétaire général du syndicat du port de fret. «Les employés du 2 et du 3 sont salariés de PCT, Cosco Pacific Limited. C’est une société différente de Cosco Holding, celle qui a racheté l’OLP, la société de gestion du port du Pirée en 2016. Nous relèverons peut-être tous de la maison mère, Cosco, à la fin, mais nous, au moins, nous gardons nos conventions collectives et nos salaires», souligne-t-il.

Les ambitions de «Captain Fu» 

Si Cosco semble avoir gagné la paix sociale avec les dockers grecs dont les mobilisations ont, à plusieurs reprises, totalement paralysé l’activité du Pirée, c’est parce que ses projets pour le port sont titanesques. D’ici au printemps 2018, le très emblématique «Captain Fu», président de PCT, voudrait avoir transformé les embarcadères des ferrys et bateaux de croisières. Le défi est de taille, car le Pirée est le plus grand port en nombre de visiteurs de la Méditerranée avec 16,5 millions de passagers, selon l’étude annuelle de l’Union des ports de croisière méditerranéenne (MedCruise). Il se classe devant Naples, Messine (Sicile), les Baléares (Espagne) et Split (Croatie). Fu Changqiu veut développer des hôtels, rénover les immeubles, des centres commerciaux, pour changer la physionomie du port et satisfaire les vacanciers, en croissance exponentielle.

Près de 1 million de visiteurs sont passés par le Pirée en 2016, soit 12% de plus qu’en 2015, et les chiffres de cette année semblent exploser. Quant aux touristes chinois passant par la Grèce, selon les prévisions des professionnels du secteur, leur nombre pourrait atteindre le million en 2021, contre 150’000 en 2016. De facto, mis à part certains dockers, qui – peut-être à juste titre – regrettent de voir les bénéfices du port aller dans d’autres caisses que celles de l’Etat grec, rares sont ceux qui contestent les ambitions des Chinois. «Leurs résultats sur le port de fret font foi, explique Petros Machas, avocat d’affaires associé à Yingke, le plus grand cabinet d’avocats de Pékin. L’activité des navires de marchandises a triplé en quelques années. Les bénéfices sur les terminaux 2 et 3 ont augmenté de 8,7 %, soit 31,4 millions de dollars.» Le transport en Europe s’accélère grâce aux lignes ferroviaires sur lesquelles Pékin investit. «Ce sont aussi des revenus pour l’État, insiste Petros Machas, parce que Cosco paye ses taxes et crée aussi des emplois.» Cet avocat travaille notamment avec les Chinois pour le rachat du distributeur d’électricité (Admie), mais se diversifie aussi dans les services et le tourisme. Comme beaucoup, Petros Machas voit une opportunité de sortie de crise pour son pays, grâce aux investissements de l’empire du Milieu, même s’il distingue les catégories d’investisseurs venus de Chine. «Il y a des entreprises chinoises qui sont, sans conteste, occidentalisées, disposent de conseillers européens et avec qui il est aisé de travailler. Mais il y a ceux, venus chercher des golden visas, qui souhaitent acheter un appartement et obtenir un visa européen.» Ces derniers ne sont pas familiers du «mode d’emploi occidental», pointe l’avocat. Certaines entreprises chinoises s’apprêtent d’ailleurs à construire des immeubles en Grèce, «pour vendre des appartements à leurs compatriotes désireux d’un visa», assure encore Petros Machas.

Tsipras, défenseur de l’empire du Milieu 

A Athènes, l’engouement des Chinois pour la Grèce est encouragé au plus haut niveau. Alexis Tsipras fait partie des grands défenseurs de l’empire du Milieu en Europe. Le Premier ministre grec est allé jusqu’à mettre son veto sur la déclaration commune du Conseil des droits de l’homme des Nations unies qui condamnait les abus du régime chinois. «N’oublions pas qu’Alexis Tsipras a fait ses classes chez les communistes et ne peut s’en éloigner totalement», estime l’un de ses détracteurs, sous couvert d’anonymat. Plus prosaïquement, le chef du gouvernement grec sait son pays étranglé par la dette (180% du PIB) et connaît le besoin vital d’investissement pour faire redémarrer l’économie, dont la valeur s’est contractée d’un quart en neuf ans.

D’ailleurs, la majorité des Grecs ne conteste pas les investissements chinois. Elle s’insurge plus contre les déclarations d’Angela Merkel à la presse allemande sur la collaboration entre la Chine et la Grèce. La chancelière s’interroge sur l’importance des investissements de Pékin en Europe, via les «pays les plus faibles économiquement, comme la Grèce». Athènes occupe en effet une place de choix pour les stratèges chinois, car elle constitue une porte d’entrée vers l’Europe.

C’est pourquoi les nouvelles routes de la soie, grand œuvre de Xi Jinping rebaptisé dernièrement «l’initiative de la ceinture et de la route», aboutissent à Athènes. Loin de se contenter du port du Pirée, les Chinois étendent leurs investissements aussi dans les transports terrestres, les télécommunications, l’énergie et le tourisme.

Ce n’est pas le marché grec, en crise profonde, qui les intéresse, mais bien la perspective de rayonner en Europe. Alors que les investisseurs internationaux sont en train de retrouver le chemin de la Grèce, les Chinois, eux, travaillent à y ancrer leur hégémonie. (Publié dans Le Figaro, en date du 5 août 2017)

Le Parthénon autrement…. en livres censurés

Martha_Minujín_The_Parthenon_of_Books_ ©_Roman_Maerz_008

Édifié à l’initiative de documenta14 sur la place Fréderich à Kassel, le Parthénon dans ses dimensions réelles composé de livres qui sont ou ont été censurés. Une œuvre de Marta Minujín.

Un beau clin d’œil de soutien à ce peuple grec qui souffre et pour qui la « démocratie » est censurée par les politiques imposées par l’EU.

Au sujet de l’œuvre de Marta Minujín

Le Parthenon a été construit à Athènes à linstigation de Péricles, sous la direction du sculpteur Phidias, entre 447 et 38 avant JC. La structure fait dix mètres de haut sur soixantedix mètres de long et trente mètres de large. Le temple a été conçu pour abriter une statue monumentale en or dAthéna, aussi bien que le trésor de Delos et les réserves d’argent de la cité – dans léventualité dune attaque des Perses, le métal précieux pouvait être fondu et transformé en nouvelles pièces de monnaie pour financer la guerre. Transformé en église chrétienne au Moyen Âge, puis en mosquée pendant la Renaissance, le Parthenon a été déconsacré à la période moderne et est devenu un symbole de démocratie et de suprématie culturelle occidentale.

Marta Minujín, née à Buenos Aires en 1943, a saisi cet archétype esthétique et politique de démocratie pour sa propre situation : corrompue par la «  dictature catholique » nationale qui a régné en Argentine jusqu’en 1983, elle a remis  en vigueur lidéal démocratique après la chute de la junte militaire. Son projet artistique faisait partie des séries « La caída de los mitos universals »  ou « Lautomne des mythes universels«  qui se sont appropriés les monuments considérés comme des icônes, pour les reproduire, les diviser, et les remettre dans le domaine public. Dune certaine manière, lartiste rend à ces symboles (réifiés et confisqués par les institutions ou le capitalisme) leur statut d’offrandes. Pour « El Partenón de libros » (le Parthenon des Livres, 1983), 25.000 livres, récupérés dans des caves elles avaient été enfermées par les militaires, ont recouvert une reproduction à l’échelle de lédifice grec. Construit en tubes de métal et élevé d’un seul côté, ce Parthenon a été placé sur une place publique du sud de Buenos Aires.

Les monuments de Minujín à la démocratie et à léducation par lart font revivre les cérémonies des temps anciens (en opposition à linterdiction des livres par la junte et d’une manière différente de la privatisation de la propriété publique qui, par la spéculation sur la dette de létat, encourage la suppression des services du secteur public et crée les pénuries sociales. Dans ses projets de participation collective, Minujín redécouvre la valeur initiale dun trésor collectif ; elle crée avec un  capital partagé une valeur culturelle sans surplus. Elle remet à plat la verticalité des monuments publics, incarnations d’une connaissance culturelle confisquée et d’un héritage limité. Elle dilapide la fortune que ces mythes représentent. En heurtant littéralement ces symboles, Minujín donne non seulement une nouvelle signification à ces monuments, mais elle leur offre aussi une nouvelle sensualité.

Pierre Bal-Blanc

(traduction militante du texte en anglais)

plus d’infos : http://www.documenta14.de/en/news/21124/marta-minujin-s-the-parthenon-of-books-is-taking-shape-in-kassel on y trouve un recensement de 60 000 livres censurés avec le nom de l’auteur, le titre, le pays de censure, l’année, et la source de l’information http://www.documenta14.de/en/calendar/1061/groundbreaking-for-the-parthenon-of-books (fichier pdf 3844p)

autres photos

Union européenne : Une réforme est-elle possible ?

publié le 29/7/17 sur NPA2009  Union européenne : Une réforme est-elle possible ?

Les articles de la rubrique Idées n’expriment pas nécessairement le point de vue de l’organisation mais de camarades qui interviennent dans les débats du mouvement ouvrier. Certains sont publiés par notre presse, d’autres sont issus de nos débats internes, d’autres encore sont des points de vue extérieurs à notre organisation, qui nous paraissent utiles.

Après le choc du Brexit, les dirigeants de l’Union européenne et de la zone euro avaient affiché des velléités d’autoréforme dans un sens supposément plus « protecteur » des salariés et des populations. Un an plus tard, ces annonces n’ont pas connu le moindre début de traduction. Quant aux politiques d’austérité, elles ne se sont nullement desserrées, au contraire. 

«L’Europe n’est pas le Far West, c’est une économie sociale de marché », avait ainsi déclaré Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui à titre d’exemple signalait deux réformes nécessaires : celle de la directive sur les travailleurs détachés, en vue de mettre fin ou au moins limiter les « abus » auxquels ce dispositif peut donner lieu ; des mesures qui contraindraient les multinationales à payer leurs impôts dans les pays où elles travaillent, afin de limiter les pratiques dites d’optimisation (en réalité, d’évasion) fiscale qui jouent sur la localisation et les rapports entre maisons-mères (qui ne sont parfois que de simples « boîtes aux lettres ») et filiales. Un an après, rien n’a été fait, sur aucun de ces deux points.

Un projet de directive élaboré par la commissaire belge à l’emploi et aux affaires sociales, qui limitait un peu le recours aux travail détaché et en alourdissait un peu le coût (en prévoyant une égalité avec les travailleurs locaux non seulement salariale, comme c’est en principe le cas aujourd’hui, mais aussi en termes de primes et d’indemnités), avait été déposé en mars 2016. Mais il avait aussitôt suscité un veto de 11 des Etats de l’Union. Plus récemment, au sommet de Bruxelles de juin 2017, Macron a présenté une proposition plus modeste – également rejetée.

En matière de fiscalité des grands groupes, l’UE s’est bien dotée d’une directive, adoptée en février dernier, mais elle ne concerne que les rapports entre les établissements situés dans l’Union européenne et ceux de la même entreprise qui se trouvent hors-UE. Toute mesure dans ce domaine exigeant l’unanimité des Etats membres, on peut être certain que l’Europe des 27 restera un paradis de l’optimisation fiscale des multinationales.

On peut ajouter que le dernier sommet de Bruxelles a écarté une autre proposition française, visant à instaurer un contrôle sur les investissements étrangers dans des secteurs stratégiques de l’économie de l’Union (la Chine est notamment visée) : les conceptions les plus ultralibérales du « laisser faire, laisser passer » l’ont à nouveau emporté, malgré le soutien que Juncker avait en l’espèce prodigué à Macron (en déclarant « je veux avoir une Europe ouverte, pas une Europe offerte »).

Dans le même temps, la commission européenne et les gouvernements qu’elle représente entendent visiblement faire payer au Royaume-Uni le prix de son Brexit – quitte à placer son actuel gouvernement, dont les promesses apparaissent de plus en plus irréelles, dans une situation intenable. Quant aux politiques d’austérité, toujours impulsées et coordonnées par les institutions européennes, elles continuent à prévaloir dans tous les pays. Avec toujours, comme exemple emblématique, la situation dramatique imposée au peuple grec.

L’exemple grec

La Grèce, nous disent les dirigeants de l’UE, aurait désormais « retrouvé la croissance » et une « dynamique de créations d’emploi » grâce aux « réformes » auxquelles elle « s’est astreinte »… Mais si l’on observe un petit rebond (fragile d’un trimestre à l’autre) de l’activité provoquant peut-être quelques embauches sur des postes précaires et mal payés, c’est d’abord parce que le PIB du pays s’est effondré de près de 25 % depuis le début de la crise, en 2009. Et ensuite, sur la base de destructions massives d’emplois, de réductions drastiques des salaires et des retraites (baisse de 26 % du revenu annuel médian, et de 27 % pour la consommation alimentaire), d’un appauvrissement général de la population (diminution de 40 % des actifs des ménages), d’une liquidation générale des services sociaux, d’un bradage à de grands groupes étrangers des entreprises anciennement publiques et même du patrimoine culturel du pays.

Outre cette catastrophe sociale, les plans d’austérité successifs (« mémorandums ») imposés par l’Union européenne ont aussi eu pour conséquence de sérieusement aggraver les déficits structurels sur lesquels ils étaient pourtant censés avoir un effet positif. C’est le cas, en premier lieu, de la dette publique qui est passé de 126 % du PIB en 2009, et 146 % lors de l’engagement du premier plan d’« aide » en 2010, à 179 % en 2016 (par comparaison, le chiffre français, jugé élevé, est de 96 %).

Lors de l’eurogroupe (réunion des ministres des finances des Etats membres et des responsables économiques et financiers de l’UE) de juin 2017, en récompense de ses « efforts », avec en particulier la réalisation d’un excédent budgétaire de 3,9 % pour l’année 2016 (par comparaison, la France a fait la même année un déficit de 3,4 %), la Grèce s’est vue accorder le versement (déjà prévu à la suite du mémorandum signé en 2015 par Tsipras) d’une nouvelle tranche de prêt de 8,5 milliards… qui va lui permettre de rembourser cet été plus de 7 milliards de prêts… dus principalement aux banques et institutions de l’Union européenne.

Mais sa demande d’une restructuration de la dette – la grande promesse de Tsipras, censée justifier tous les sacrifices de son peuple – a été une nouvelle fois ignorée. Le gouvernement allemand et les institutions de l’UE, qui veulent au sens propre « faire un exemple », refusent notamment toute réduction du capital de la dette grecque. La seule solution envisageable – suggérée par Bruno Le Maire – serait de moduler le montant des remboursements annuels en fonction de la croissance, mais à condition que l’Etat grec continue de dégager des excédents budgétaires considérables (3,5 % jusqu’en 2022, 2 % au-delà), et cela jusqu’en… 2060 voire encore davantage, autrement dit qu’il impose à son peuple une austérité perpétuelle. L’eurogroupe s’est accordé pour étudier cette proposition… d’ici un an, à la condition que la Grèce ait alors accompli une autre bonne année super-austéritaire.

Un contre-exemple portugais ?

Il y aurait pourtant un contre-exemple, montrant que tout en restant dans l’Union européenne, et même en se conformant « avec intelligence » à ses conditions, il serait possible de rompre avec les politiques d’austérité. Il faudra revenir plus en détail sur la geringonça (un mot portugais difficilement traduisible, qui désigne le montage a priori improbable de la majorité parlementaire formée, depuis fin 2015, entre le PS, le PCP et le Bloc de gauche), parfois présentée comme la « quatrième voie » incarnant l’avenir d’une social-démocratie rénovée, mais quelques mots doivent en être dits ici à propos de son rapport à l’Union européenne et ses politiques.

Après  une crise très sérieuse qui l’avait contraint à passer sous les fourches caudines des programmes d’« aide » de l’UE, le Portugal a renoué avec une croissance soutenue, + 2,8 % à la mi-2017 sur les douze derniers mois. Dans le même temps, il a réduit son déficit budgétaire à 2 % du PIB (contre 4 % sous le gouvernement de droite précédent), se conformant ainsi à une exigence essentielle de l’UE et de la zone euro – raison pour laquelle la commission européenne a levé la procédure de surveillance qu’elle avait mise en place envers ce pays.

La raison de ce succès, nous disent des secteurs à gauche (comme Benoit Hamon, qui s’était ainsi rendu au Portugal pour son premier – et seul – déplacement international de candidat à la présidentielle1), est que le gouvernement portugais, en augmentant le salaire minimum (+ 15 % entre 2014 et 2017, en partant du niveau certes très bas de 485 euros) et les retraites, a su relancer la confiance et la consommation, ce qui s’est traduit par un regain de l’activité, une baisse du chômage (tombé à 10 %), une amélioration des recettes fiscales et en général l’enclenchement d’un « cycle vertueux » de type keynésien ou néokeynésien.

Peut-être est-ce vrai en partie – même si une série d’autres facteurs ont joué (le fait que l’on partait de très bas, la purge austéritaire des gouvernements précédents qui avait redressé les taux de profit, le fait que le Portugal maintienne un très haut taux d’émigration). Mais il faut aussi entendre les critiques qui s’expriment à gauche, comme celle de l’économiste de la CGTP (principale centrale syndicale du pays), Eugénio Rosa, qui affirme :

« La réduction du déficit a été obtenue au détriment de la sécurité sociale, de la fonction publique, de l’investissement public et des dépenses du Service national de santé. » Par « le maintien du blocage des rémunérations et des carrières des travailleurs de la fonction publique », ainsi que « des coupes significatives dans l’investissement public. » « Le fort excédent de la sécurité sociale a été atteint grâce à une réduction du nombre des bénéficiaires de prestations sociales – aujourd’hui, seuls 28 % des chômeurs reçoivent des indemnités de chômage. »2 Selon cette interprétation, tout ne serait donc pas si rose.

Le « deal » Merkel-Macron et ses conséquences

Dans tous les cas, l’austérité est là en Europe pour rester, mais cela ne signifie pas que les principaux dirigeants européens, au-delà de leurs intérêts nationaux immédiats, ne manifestent pas des inquiétudes quant à l’avenir de l’Union. Pour empêcher ou contrecarrer de nouvelles crises, différentes hypothèses sont à l’étude en vue d’avancer enfin vers une meilleure coordination des politiques économiques. Notamment, celle d’un « gouvernement économique de la zone euro », voire d’un « parlement de la zone euro » (doublant un parlement européen qui deviendrait alors encore plus décoratif), disposant et discutant d’un budget pour des investissements communs et des actions de solidarité entre les régions de l’UE. C’est le projet qui est porté, notamment, par Emmanuel Macron et par le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, le « socialiste » français Pierre Moscovici.

A Bruxelles, Angela Merkel a indiqué à Macron qu’elle pourrait accepter de faire des pas dans ce sens, mais à une condition : que les autres Etats européens, en particulier la France, se conforment enfin aux critères de Maastricht et, plus généralement, réalisent les réformes que l’Allemagne a menées à bien de longue date – à travers les lois Hartz, décidées sous la présidence du social-démocrate Schröder.

C’est une des clés de la politique économique de Macron et ce qui explique sa frénésie de coupes budgétaires afin de parvenir, dès 2017, à passer sous la barre des 3 % de déficit budgétaire. Ces « efforts » seront évidemment pour notre bien à toutes et tous, puisqu’au bout du bout cela générera une période de nouvelle croissance… Comme avec la loi Travail XXL qui, en rassurant et sécurisant nos patrons, permettra de réduire le chômage… On connaît la chanson.

Jean-Philippe Divès 

1. Lire aussi cet article enthousiaste de Rachel Knaebel sur le site de Bastamag : https ://www.bastamag.net/Comment-l-union-des-soc… (le mot qui manque à la fin est austérité). Et, sur l’accord de coalition, la formation du nouveau gouvernement et ses tout premiers pas, l’article « Au Portugal, un gouvernement anti-austérité ? » dans notre revue n° 73 de février 2016.

source https://npa2009.org/idees/international/union-europeenne-une-reforme-est-elle-possible

Grèce : salaires moyens des jeunes

GRÈCE, SALAIRES MOYENS DES JEUNES: 380€ POUR LES 24 ANS, 265€ POUR LES 18 ANS!

Selon le journal Kathimerini, des données récentes établies via les déclarations sociales, en ce qui concerne les jeunes de moins de 30 ans, donnent des chiffres qui reflètent simplement la dure réalité: le jeune âgé de 24 ans est payé aujourd’hui en Grèce à 380 euros par mois en moyenne, alors que celui de 18 ans touche 265 euro par mois en moyenne ! ( Ces données sont issues des états analytiques périodiques soumis au EFKA-sécurité sociale).

L’année 2016 a vu une nouvelle détérioration des salaires du secteur privé et cela se répétera cette année et dans les années à venir. Étant donné que la priorité de la politique gouvernementale sous pression des « prêteurs » est de réduire le nombre de chômeurs, même avec une augmentation massive des salariés à temps partiel, le niveau moyen des salaires diminuera de plus en plus bas.

Les prêteurs, en particulier le Fonds monétaire international (FMI), ont montré leurs désirs lors de la période après la fin du troisième mémorandum, ce qui nécessite pratiquement de ne rien changer dans les relations de travail. Cela se traduit par un maintient du salaire minimum au même niveau, ce qui se traduira par une association d’une augmentation des temps partiel et d’ une compression supplémentaire du salaire moyen vers le bas.

Pour les retraités :
Le tableau est complété par la retraite: pour les retraités actuels ce qui les attend d’abord c’est une « coupe » (celle de 2019), puis un « gel » jusqu’en 2022, même dans des conditions d’inflation. Ceux qui prendront leur retraite d’ici là, verront un salaire de 1200-1300 euros en moyenne aujourd’hui , remplacé par une retraite qui aura du mal à dépasser les 500-600 euros. Conclusion? Tout cela mène à la prédiction que les gains moyens continueront de diminuer indépendamment du fait que l’économie va croître et ce dans les années à venir.

Le salaire selon la pyramide des âges :
Les dernières données disponibles sur la répartition des salaires, en fonction de l’âge des employés, résultant du traitement des déclarations périodiques analytiques soumis à l’IKA en Juin 2016 ( car on estime qu’il y a eu de nouvelles réductions principalement en raison d’une augmentation de la part du temps partiel dans l’emploi total) donnent l’état des salaires selon la pyramide des âges suivant:

  1. Dans la pire des positions, comme on pouvait s’y attendre, sont les jeunes travailleurs âgés de 19 ans et moins. Les personnes assurées du groupe d’âge 15-19 sont seulement 33 000 personnes et les montants de leurs salaires moyens à 315.34€ brut ou 264.88€ net. Bien sûr, par rapport au niveau précédent, ils représentent la plus forte réduction du pourcentage de tous les groupes d’âge. En 2009, les jeunes âgés de 18 ans ont empoché 548€ brut (en moyenne), ce qui signifie que depuis lors, ils ont perdu 42% de leur salaire.
  2. Une image similaire existe chez les jeunes âgés de 20 ans. Dans le groupe d’âge 20-24, le salaire moyen est tombé à 454€ brut ou 381€ net. Sur un total, environ deux millions de salariés assurés à l’IKA, on trouve dans le groupe d’âge de 20-24 actuellement 178.000 personnes, soit environ 8%. Et pour l’âge de 20 ans, la réduction du salaire moyen équivaut à 42% par rapport à décembre 2009.
  3. Le groupe d’âge 25-29 ans compte 257 198 personnes, avec un salaire moyen de 606€ brut ou 509€ net. En raison de la montée des temps partiel et du « naufrage » du salaire de base, il a enregistré la diminution de 36,49% par rapport à Décembre 2009.
  4. Pour le groupe d’âge de 30-34 ans, le salaire moyen atteignait 1.146€ brut en Décembre 2009 pour diminuer en Juin 2016 de 31% à 785,82€ brut ou 660€ net.
  5. Pour les 35-39 ans, le salaire net moyen est de 796€ (ce qui équivaut à un salaire brut de 968€). Avant la crise, le salaire brut moyen atteignait 1.310 euros.

Les quadragénaires avaient en 2009, un salaire brut moyen d’environ 1422 euros (pour ceux qui appartenaient à la première moitié de la décennie) jusqu’ à 1.530 euros. Ils semblent avoir subi de plus petites diminutions que les plus jeunes.

Une vie difficile pour les chefs de famille
En termes de pourcentage, pour les quadragénaires, la réduction a atteint 25% au niveau du salaire brut, soit de 1422-1530 euros en 2009 pour arriver aujourd’hui à 1059-1153 euros. Ce qui est complexe pour ce groupe d’âge est qu’en plus de cette réduction de revenu, ils doivent faire face à l’augmentation des versements pour les impôts.
Les quadragénaires sont maintenant payés avec bien moins de 1000 euros net sur une période très difficile de leur vie – ils ont créé une famille avant la crise et sont désormais contraints de supporter les responsabilités familiales face à des obligations fiscales supplémentaires et un salaire inférieur. Ils sont environ 548 000 personnes.

Les plus de 50 ans sont environ 335 000 personnes. Ils ont subi une perte de salaire d’environ 16% à 20% par rapport à 2009 et maintenant leur salaire brut est de 1.260 à 1.320 euros. Avant la crise, des milliers d’entre eux avaient franchi la barre des 1 600 €.

– 51,6% des travailleurs du secteur privé touchent un salaire mensuel brut inférieur à 799 euros, selon une étude de l’Institut du travail de la GSEE (syndicat du secteur privé). Selon la même étude, seulement 17,3% des travailleurs du secteur privé touchent un salaire mensuel brut entre 800 et 999 euros. L’étude souligne que 40% du revenu brut en Grèce est consacré au paiement des impôts et des cotisations sociales (Ta Nea)

CK

Translate »