Publications par catégorie

Archives de catégorie Europe

Grèce : Berlin remporte une victoire décisive sur le dossier de la dette

Par Romaric Godin La tribune

 Le FMI pourrait rester en dehors du programme grec, ce qui enterre sa demande d’une restructuration d’envergure de la dette hellénique. Un succès pour Wolfgang Schäuble et une défaite au pire moment pour Alexis Tsipras.

La restructuration de la dette hellénique (176 % du PIB dont 70 % détenus par la zone euro) est, semble-t-il, renvoyée aux… calendes grecques. Certes, les discussions sur l’entrée dans le troisième programme d’aide à la Grèce (signé en août 2015) du Fonds Monétaire International (FMI) ne sont pas encore terminées officiellement. Et une décision devrait être prise par l’institution de Washington en décembre. Mais il paraît désormais évident que le gouvernement allemand est resté ferme sur sa position de rejet de toute restructuration de la dette grecque.

Le ministre fédéral allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a fait son choix. Après avoir tenté d’obtenir la participation financière du FMI au programme grec signé en août 2015 et l’absence de coupes dans le stock de dette grecque , il a finalement renoncé à son premier vœu pour se concentrer sur le second. Aussi le FMI devrait-il ne rester que comme « conseiller » dans le cadre de la troïka, si l’on en croit une information publiée dimanche 9 octobre par Reuters (et officiellement démentie par le FMI). Une situation qui, in fine, convient le mieux du monde à la Wilhelmstrasse, siège du ministère fédéral des Finances allemand.

Des concessions « gérables » pour le gouvernement allemand

Certes, la facture sera plus élevée pour les contribuables allemands et européens puisque c’est le Mécanisme européen de Stabilité (MES) qui devra assumer le versement complet du programme. Mais c’est un moindre mal pour Wolfgang Schäuble dans la mesure où il ne s’agit que d’une garantie donnée au MES. Ce dernier se contentera, grâce à ladite garantie, dans un premier temps, de lever de l’argent sur les marchés pour le reverser à Athènes. Le gouvernement grec utilisera ensuite largement cet argent pour rembourser le FMI (sur les prêts versés dans le cadre des programmes précédents), la BCE et… le MES. Bref, c’est un circuit quasi fermé que Wolfgang Schäuble pourra prétendre indolore. Du reste, comme la recapitalisation des banques grecques a coûté moins cher que prévu, le MES devra sans doute verser moins que les 86 milliards d’euros prévus, ce qui compensera la non-participation financière du FMI.

La fin de la discussion sur la dette grecque

Moyennant cette petite concession politiquement gérable, Wolfgang Schäuble obtient beaucoup. Le FMI sera officiellement exclu du champ des négociations sur la dette grecque. Certes, il restera créancier pour 13 milliards d’euros sur les 294,4 milliards d’euros de la dette grecque. Certes, il pourra toujours prétendre qu’il faut des coupes franches dans le stock de dette grecque pour le rendre « soutenable ». Mais, dans les faits, il n’aura plus de moyens de pression sur les principaux créanciers, les pays de la zone euro. Ceci clôt, de facto, toute possibilité d’une réduction du stock de dette pour la Grèce puisque, sur ce point, le pouvoir réside dans l’Eurogroupe et que l’Eurogroupe est largement dominé par Wolfgang Schäuble. Il y aura sans doute quelques aménagements qui, in fine, ne régleront pas l’essentiel et ne seront que des éléments cosmétiques qui ne modifieront pas la nécessité pour la Grèce de dégager des excédents considérables.

Le FMI restera un gendarme utile

Mais, parallèlement, comme le souligne la source officielle citée par Reuters, le FMI demeurera dans la « troïka » et sera plus qu’un « simple conseiller ». L’institution de Washington pourra donc jouer le rôle qu’elle a joué en juin 2015 : celui de l’agent de la fermeté contre la Grèce. En juin 2015, le FMI avait rejeté un projet d’accord avec les créanciers en insistant sur la coupe des retraites. Une position « logique » : en l’absence de réduction dans les dettes à rembourser, Athènes doit dégager des excédents primaires (hors service de la dette) considérables et donc pratiquer une forme d’austérité permanente. Le FMI « conseiller » de la troïka sera une instance technique. Quelles que soient ses idées sur la « soutenabilité » de la dette grecque, l’institution de Washington devra, dans les conditions qui se présentent, recommander des politiques basés sur la fiction de sa « soutenabilité ». Autrement dit, Wolfgang Schäuble conserve seulement ce qu’il pense être le « bon » FMI, celui qui promeut l’austérité et les « réformes » en Grèce.

Préoccupations électoralistes à Berlin

Le succès est donc total pour le ministre allemand dans le contexte électoral allemand actuel. Avant des élections fédérales dans un an qui s’annoncent difficiles pour la CDU/CSU, il ne saurait être question d’accorder une restructuration de la dette grecque à Athènes. Ceci serait perçu comme un « cadeau à Athènes » par les partis qui grignotent l’électorat chrétien-démocrate : les Libéraux de la FDP et les Eurosceptiques de l’AfD.

Avec cette solution, Wolfgang Schäuble peut justifier l’adoption d’un nouveau « plan d’aide » moyennant une position ferme sur les « réformes » envers Athènes. Le message envoyé aux contribuables et épargnants allemands, si inquiets ces jours-ci est donc que « leur » argent est sous bonne garde. En passant, la Wilhelmstrasse maintient une dernière illusion : celle que la Grèce pourra rembourser sa dette avec les seules « réformes », ce qui flatte directement un électorat conservateur allemand qui est persuadé de la « magie des réformes ». Bref, le ministre des Finances pourra prétendre défendre parfaitement les intérêts allemands dans un sens allemand.

L’impasse de la stratégie Schäuble

Peu lui importe donc que, désormais, la nécessité d’une restructuration importante de la dette grecque apparaisse comme une évidence, non seulement par le FMI, mais par la plupart des économistes. Même le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, peu susceptible de sympathies « gauchistes » et en conflit ouvert avec le gouvernement grec, a réclamé une coupe « équivalente » à celle de 2012. En réalité, cette absence de restructuration va à l’encontre même des objectifs affichés par le programme.

Comment attirer des investissements bien valorisés lorsqu’un tel stock de dette laisse planer sur l’économie grecque la nécessité d’excédents primaires considérables jusqu’en 2054 ? Comment donner envie d’entrer dans un marché intérieur soumis à une si longue « ponction » qui, du reste, ne peut qu’augmenter ? En effet, si, par un hasard extraordinaire, la Grèce retrouve un accès au marché, comme c’est l’objectif de la troïka et du gouvernement grec, elle refinancera une partie de la dette due à des conditions d’intérêts bas aux Etats de la zone euro par une dette de marché qu’elle devra payer bien plus cher. Or, la dynamique des intérêts est la première source de croissance de la dette. Bref, c’est une spirale infernale qui assure à la Grèce une croissance faible, des ressources de privatisations dérisoires et le maintien d’une dette insoutenable. Au final, c’est bien l’assurance d’un défaut à moyen terme. Wolfgang Schäuble fait donc peser sur les générations futures de contribuables allemands sa stratégie politique à court terme.

Le gouvernement grec, grand perdant de l’accord FMI-Berlin

Pour finir, le choix de Berlin ne fait qu’un perdant : le gouvernement grec. Ce dernier, il est vrai, n’a guère brillé dans cette affaire. Alexis Tsipras a défendu longtemps une position assez contradictoire : chasser le FMI du programme pour ne pas subir ses exigences tout en réclamant une restructuration de la dette. Son calcul était que les partenaires européens, impressionnés par la volonté de réformes du gouvernement grec allaient lui accorder de meilleures conditions et une coupe dans la dette. Vains espoirs alors qu’Angela Merkel a entièrement laissé le dossier grec à Wolfgang Schäuble. Du coup, lorsque le débat entre le FMI et Berlin est entré dans le vif du sujet, Athènes s’est retrouvée désarmée et contrainte à rester passivement spectatrice. Désormais, Alexis Tsipras perd un argument de poids dans sa rhétorique : son « obéissance » envers la troïka devait donner à la Grèce une restructuration de la dette grecque. Ce ne sera pas le cas.

Des « efforts » pour rien…

Tout ce qui reste du programme de Syriza de janvier 2015 a donc désormais disparu. C’est une très mauvaise nouvelle pour le premier ministre grec qui, en fin de semaine, va devoir faire face à un très difficile congrès de son parti Syriza. Il est vrai que la justification de la politique du gouvernement, réalisé sous la dictée des créanciers est de plus en plus difficile. La Grèce dégage un excédent budgétaire primaire désormais considérable (3,3 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2016), un excédent obtenu par des rentrées fiscales record, mais ces « efforts » ne paient pas : les créanciers ne sont guère plus « compréhensibles » et ont réclamé en mai un système « d’ajustement automatique » des dépenses en cas de non-respect des  objectifs de 2018. Comment alors justifier auprès de Syriza et de l’opinion l’utilisation, comme jeudi dernier, de la force publique de façon assez violente contre les retraités qui manifestaient ?

Situation critique pour Alexis Tsipras

 Alexis Tsipras compte beaucoup sur la reprise économique annoncée l’an prochain. Mais outre que cette reprise demeure incertaine compte tenu des mesures d’austérité décidée pour l’an prochain, la situation sociale est si critique en Grèce que les effets politiques de cette reprise risquent de ne pas se faire sentir dans la population. Désormais, une grande partie de la population grecque ne croit plus en la politique, une autre considère qu’il est de meilleure politique de redonner le pouvoir aux « vrais amis » des créanciers, les Conservateurs de Nouvelle démocratie, désormais largement en tête dans les sondages. D’autant que Syriza, toujours engluée dans une attribution peu claire des licences de télévisions, s’est montrée incapable de renouveler la politique grecque. L’accord entre le FMI et Berlin sur le dos de la Grèce n’est donc qu’une mauvaise nouvelle de plus pour un premier ministre à qui la situation semble désormais totalement échapper.

Article original http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-berlin-remporte-une-victoire-decisive-sur-le-dossier-de-la-dette-606241.html

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme

Traduction d’un extrait du blog de Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique. Il a été également rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal, chroniqueur pour Business Week, Scripps Howard Nouvelles Service et Creators Syndicate, enseignant dans plusieurs universités et il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Après avoir utilisé avec succès l’UE pour conquérir le peuple grec en transformant l’ « aile gauche » du gouvernement grec en un pion des banques allemandes, l’Allemagne doit maintenant faire face au FMI qui l’empêche de piller la Grèce dans l’oubli général.

 Les règles du FMI empêchent l’organisation de prêter aux pays qui ne peuvent pas rembourser le prêt. Le FMI a conclu sur la base de faits et d’analyses que la Grèce ne peut pas rembourser. Par voie de conséquence, le FMI refuse de prêter à la Grèce l’argent destiné à rembourser des banques privées.

La position du FMI est que les créanciers de la Grèce, dont beaucoup ne sont pas des créanciers, mais ont tout simplement acheté de la dette grecque bon marché dans l’espoir de faire des profits, doivent effacer une partie de la dette grecque afin de réduire celle-ci à un montant compatible avec l’état de l’économie grecque.

 Les banques ne veulent pas que la Grèce soit en mesure de rembourser sa dette, parce qu’elles ont l’intention d’utiliser l’incapacité de la Grèce à rembourser pour dépouiller le pays de ses actifs et de ses ressources et pour démanteler le filet de sécurité sociale mis en place au cours du 20e siècle. Le néolibéralisme a l’intention de rétablir la féodalité : un petit nombre de seigneurs prédateurs et une multitude de serfs. Les 1% contre les 99%.

Le point de vue de l’Allemagne est que le FMI est censé prêter à la Grèce l’argent nécessaire au remboursement des banques privées allemandes. Ensuite le FMI se fera rembourser en forçant la Grèce à réduire ou supprimer les pensions de vieillesse, à réduire les services publics et l’emploi et à consacrer les recettes ainsi dégagées au remboursement de sa dette.

Étant donné que ces montants seront insuffisants, des mesures d’austérité supplémentaires sont imposées, obligeant la Grèce à vendre ses actifs nationaux – tels que les sociétés publiques d’eau, les ports et les îles grecques protégées – à des investisseurs étrangers, principalement aux banques elles-mêmes ou à leurs principaux clients.

Jusqu’à présent, les soi-disant «créanciers» ont seulement promis à une certaine forme d’allégement de la dette, pas encore décidée, d’ici deux ans. D’ici là, la fraction la plus jeune de la population grecque aura émigré et aura été remplacés par des immigrants fuyant les guerres menées par Washington au Moyen-Orient et en Afrique, ce qui fera exploser le système de protection sociale sous-financé de la Grèce.

En d’autres termes, la Grèce est en train d’être détruite par l’UE qu’elle a intégrée avec autant de confiance que d’imprudence. La même chose se passe au Portugal et est également en cours en Espagne et en Italie. Le même genre de pillage a déjà dévoré l’Irlande et la Lettonie (et un certain nombre de pays d’Amérique latine) et est en cours en Ukraine.

Les titres des journaux actuels stipulant qu’un accord avait été conclu entre le FMI et l’Allemagne sur la réduction de la dette grecque à un niveau supportable sont mensongers. Aucun «créancier» n’a encore accepté d’effacer un seul centime de la dette. Tout ce que le FMI a obtenu des soi-disant «créanciers» est une vague «promesse» de diminution de la dette d’un montant non précisé qui pourrait intervenir dans deux ans.

Les titres des journaux ne sont qu’un tissu d’âneries destiné à fournir un prétexte au FMI pour céder à la pression et violer ses propres règles. Il permet au FMI de dire qu’un effacement (futur et non précisé) de la dette permettra à la Grèce de s’acquitter du reste de sa dette et que, par conséquent, le FMI peut prêter de l’argent à la Grèce pour rembourser les banques privées.

 En d’autres termes, le FMI est devenu une autre institution occidentale sans loi dont la charte ne signifie rien de plus que la Constitution des États-Unis ou que la parole du gouvernement américain à Washington.

 Les médias persistent à appeler le pillage de la Grèce un «plan de sauvetage».

 Appeler «plan de sauvetage» le pillage d’un pays et de son peuple est proprement orwellien. Le lavage de cerveau est un tel succès que même les médias et les politiciens de la Grèce livrée au pillage appellent «plan de sauvetage» l’impérialisme financier auquel est soumis leur propre pays.

 Partout dans le monde occidental un grand nombre de mesures, prises à la fois au niveau des entreprises qu’au niveau du gouvernement, ont abouti à la stagnation de la croissance du revenu. Afin de continuer à afficher des bénéfices, les méga-banques et les multinationales se sont lancées dans le pillage. Les systèmes de sécurité sociale et les services publics – et aux États-Unis, même le système de sécurité des transports aériens – sont devenues des cibles pour la privatisation. Et l’endettement décrit si précisément par John Perkins dans son livre Les Confessions d’un assassin financier est mis en place pour préparer le pillage pays entiers.

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme. La dévastation en sera le résultat.

 Source : http://www.paulcraigroberts.org/2016/05/25/we-have-entered-the-looting-stage-of-capitalism-paul-craig-rober

Pourquoi l’Union européenne ne parvient pas à sortir de sa logique perdante

Article de Romaric Godin  publié le 12/9 sur La tribune

Si la classe ouvrière et ses organisations ne prennent pas la tête de la lutte contre l’UE, en opposant à celle-ci une perspective internationaliste, le champ sera libre pour tous les démagogues droitiers ou fascisants.

Le refus de l’UE de faire face aux insuffisance des politiques économiques menées conduit à une incapacité à construire un projet pour l’avenir. Le sommet de Bratislava qui se tiendra le 16 septembre prochain s’annonce déjà comme un échec.

Souvenez-vous, c’était au lendemain du 23 juin dernier. Les Britanniques venaient de voter en faveur d’une sortie de l’Union européenne (UE). Sous le choc, l’ensemble des dirigeants européens promettait une nouvelle orientation pour l’Europe et une réponse forte pour empêcher l’exemple britannique de se répandre. Pour réaliser cette réforme nécessaire de l’UE, un sommet extraordinaire avait été convoqué. Il se tiendra vendredi 16 septembre à Bratislava. Et d’ores et déjà, il semble évident qu’il n’en débouchera que des bonnes paroles et peu d’actes, du moins en matières économiques.

La situation est pourtant doublement préoccupante. En matière économique, les derniers mois viennent de confirmer l’échec des politiques menées jusqu’ici, notamment dans l’espace le plus intégré de l’UE, la zone euro. La croissance y est faible et devrait le demeurer. L’inflation est sans dynamique et reste trop faiblement modérée pour conduire à des dynamiques d’investissement. La confiance des ménages s’est renforcée dans les enquêtes, mais elle s’est affaissée, car ces ménages continuent d’épargner trop pour les besoins de l’économie. Enfin, les zones de croissance existantes, comme l’Irlande, l’Espagne ou l’Allemagne, sont des zones où les inégalités se creusent, causant les mêmes déstabilisations politiques que la faible croissance ailleurs…

Une situation économique préoccupante
Cette situation est intenable. Sur le plan strictement économique, cette politique est une politique de courte vue qui laisse l’Europe face à un déficit d’investissement préoccupant pour l’avenir, confiant à la seule BCE la gestion de la politique économique de la zone euro. Or, cette dernière ne peut plus rien faire seule, comme l’a confirmé Mario Draghi lors de la réunion du 8 septembre. Sans actions coordonnées des gouvernements, sans vraie relance, la BCE injectera des centaines de milliards d’euros pour empêcher la déflation en créant les conditions d’une future crise financière. Le réflexe consistant à réclamer un respect des règles budgétaires et des « réformes structurelles » conduit à aggraver la menace déflationniste et, partant, joue contre la BCE.

Pire même, ces « réformes » ont partout aggravé les inégalités. Leur échec social alimente la montée des mécontentements et des partis contestataires, y compris à l’extrême-droite. Le FN en France, AfD en Allemagne, le PVV aux Pays-Bas devraient être les grands gagnants des scrutins prévus l’an prochain. Le Brexit n’a, en réalité, été rendu possible que parce que les populations des zones industrielles dévastées du nord de l’Angleterre et du pays de Galles ont voté massivement (par exemple à 65 % à Middlesbrough) en sa faveur. Si l’UE n’est plus capable de montrer son utilité pour ces classes les plus fragiles, elle sera en danger à chaque référendum ou à chaque élection, car si elles ne sont pas majoritaires, ces populations sont souvent décisives. Et, évidemment, en cas de nouvelle crise, la situation deviendra encore plus délicate.

Sur le plan économique, sauver l’Europe consiste donc à trouver un nouveau mode d’action de politique économique et permettre de « protéger » davantage ces populations. Deux éléments qui supposeraient une forte action publique par de vrais plans d’investissement, notamment de réindustrialisation, et une inversion des politiques de « réformes » et de « consolidation budgétaire ». Or, cette double exigence ne semble pas d’actualité.

Division nord-sud
Une des raisons souvent avancée est la traditionnelle division entre « fourmis » du nord et de l’est de l’Europe et « cigales » du sud de l’Europe. Mais la division n’est, en réalité, pas si simple. Certes, la réunion à Athènes, ce vendredi 9 septembre 2016, des sept pays du sud de l’UE s’est terminée sur la demande d’un doublement des moyens attribués au plan Juncker et sur une politique « de promotion de l’emploi et d’amélioration des conditions de vie et des conditions de travail ». Cette demande a immédiatement provoqué une réaction de mépris des ministres des Finances du nord, lors de l’Eurogroupe du samedi soir. Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, a ainsi jugé que « rien d’intelligent ne sort jamais » de ce type de réunion. Ceci prouve assez que les demandes des sept pays ont peu de chance d’être entendues.

Faibles ambitions au sud
Mais, en réalité, ces demandes mêmes semblent trop floues et trop timides pour réellement apporter des réponses à la crise de l’Europe. Il semble désormais établi, comme le soulignait en juin le think tank bruxellois Bruegel, que le plan Juncker est insuffisant et mal construit. Le doubler ne nuirait certes pas, mais il ne saurait apporter le souffle suffisant pour apporter l’air nécessaire à la politique de la BCE. Quant à la « promotion de la croissance », il s’agit du vocabulaire typique de ces sommets européens qui ne décident rien et affichent des objectifs rayonnants sans s’en donner les moyens. Cette réunion d’Athènes n’a pas échoué par le seul mépris de Wolfgang Schäuble, mais aussi parce que les sept pays n’ont pas été capables de fixer un agenda clair et précis de la réforme de l’UE et de la zone euro.

Division au sud
Rien d’étonnant à cela. L’Espagne est sans gouvernement, et son gouvernement en fonction, celui de Mariano Rajoy, ne cesse de prétendre que sa politique d’austérité est à l’origine de la croissance. Comment pourrait-il défendre une position radicalement opposée au niveau européen ? Madrid, qui n’a envoyé à Athènes que son secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, est, en réalité, un appui de Berlin en Europe. Ce n’est pas un hasard si, comme l’a révélé El País, c’est Wolfgang Schäuble lui-même qui a refusé toute amende pour déficit budgétaire excessif. Comme la France, l’Espagne soutiendra pour obtenir des sursis de Bruxelles, le maintien du statu quo. Du reste, François Hollande a imposé son agenda sécuritaire à la déclaration commune de la réunion d’Athènes qui réduit l’économie à la portion congrue. Là encore, le président français n’a pas abandonné sa stratégie habituelle, la même que Mariano Rajoy : s’assurer la bienveillance sur ses déficits en laissant à l’Allemagne l’initiative des réformes de la zone euro. Ni Matteo Renzi, qui a parlé vendredi de « l’Europe de la beauté », ni Alexis Tsipras, qui utilise ce sommet pour se refaire une image alors que l’austérité continue de ravager son pays sous sa direction, ne peuvent prendre la tête d’un quelconque « front uni ».

L’alternative est morte en Grèce

En réalité, l’option d’une vraie relance et d’une politique alternative en zone euro n’est simplement plus envisageable parce qu’elle a été refusée avec la plus grande clarté en Grèce voici un an. Les propositions du premier gouvernement Syriza visaient précisément à ouvrir la possibilité d’une politique économique débarrassée des simplismes de l’austérité et du mythe de la « neutralité ricardienne » afin de promouvoir un investissement paneuropéen par le financement de projets de la BEI par la BCE. Ces propositions ont été balayées et la Grèce a ouvertement été punie de son audace. Dès lors, la réflexion économique est forcément bornée en zone euro et dans l’UE, réduisant les outils. Le sommet d’Athènes, comme celui de Bratislava, sont incapables de lever ces tabous imposés en 2015 par les Allemands et leurs alliés avec la complicité des gouvernements français et italiens. L’échec s’annonce d’avance : le 13 juillet 2015, date de l’humiliation d’Alexis Tsipras, ce n’est pas seulement la Grèce, mais aussi l’Europe qui a est sortie perdante.

Rejet de toute « socialisation » des dettes
De fait, toute réforme ambitieuse de l’Europe est exclue. On sait qu’une intégration fédérale est souhaitable en théorie. Mais, en réalité, nul n’en veut. L’Europe de l’est la rejette. La France craint d’y voir un carburant pour le FN. Mais l’Allemagne n’est pas capable de porter ce projet, quoi qu’en dise Angela Merkel. La chancelière a fait du refus de « l’union des transferts » une de ses priorités et la montée de la contestation sur sa droite renforce sa dureté sur ce point : elle ne peut se permettre de prendre le risque de rompre davantage les ponts avec l’électorat conservateur. D’autant que toute avancée vers une Europe fédérale supposera un changement de constitution outre-Rhin. Tout mouvement vers la « socialisation » des dettes est donc exclu, comme le montre le refus du « troisième pilier de l’Union bancaire », la garantie européenne des dépôts bancaires. Mais, plus largement, ce sont tous les efforts pour réduire les excédents allemands qui sont exclus. La proposition Ayrault-Steinmeier du 25 juin, qui prévoyait la fin des « ajustements unilatéraux » des Etats de la zone euro, a ainsi été rapidement mise au placard. Or, sans un tel mouvement vers un effort partagé et une union des transferts, les discours sur davantage d’intégration européenne sont des mots creux. Et les limites de la zone euro ne vont cesser d’apparaître au grand jour, donnant plus de poids aux arguments eurosceptiques.

Crainte des élections
Les gouvernements sont partout paralysés par la crainte des élections. Tout changement de traité – préalable à toute réforme ambitieuse, même si certaines mesures, comme le plan d’investissement européen, peuvent s’en passer – est exclu par cette crainte même d’un référendum perdu. Le Brexit, pour lequel l’argument de la crainte de l’inconnu, jusqu’ici un des piliers les plus solides en faveur de l’UE, n’a pas suffi, a encore renforcé cette peur. De même, les deux plus grands pays de l’UE résiduelle après le Brexit, la France et l’Allemagne votent l’an prochain. L’Italie peut-être aussi après le référendum sur les réformes institutionnelles prévu en octobre où Matteo Renzi a mis son mandat dans la balance. Pourquoi ne pas utiliser ces élections pour porter un projet de renforcement de l’UE et de la zone euro devant les 105 millions d’électeurs français et allemands ? Parce que les dirigeants européens sont persuadés que porter un tel projet devant leurs électeurs conduira à un renforcement des Eurosceptiques aux élections.

Mais ne rien faire conduira évidemment au même renforcement puisque les conditions actuelles jouent dans ce sens. Mais du moins préfère-t-on ne pas tendre le bâton pour se faire battre. La gifle reçue par Angela Merkel aux élections régionales de Mecklembourg-Poméranie Occidentale le 4 septembre dernier a rendu limpide l’issue du sommet de Bratislava : aucune réforme ne sera portée en matière économique et financière. C’est un paradoxe préoccupant, car il traduit en réalité une vision négative de l’Europe de la part des dirigeants actuels qui sont persuadés que placer ce sujet au cœur du débat sera un choix perdant. Aussi préfèrent-ils les incantations de bonne volonté et le maintien d’un statu quo pourtant intenable.

Priorité à la sécurité et au contrôle des frontières
Pour séduire les déçus de l’Europe, les dirigeants européens vont préférer mettre l’accent sur la sécurité et le contrôle des frontières, plaçant ainsi, comme les Eurosceptiques de droite et d’extrême-droite, la question migratoire au centre du problème. C’est ce que laisse entendre l’action de François Hollande au sommet d’Athènes, qui a beaucoup insisté, avec l’Espagne, sur ce sujet, mais aussi le projet de défense commune qui pourrait être engagé. L’espoir est que, en montrant que l’UE agit sur ses domaines, les électeurs déçus de l’Europe et tentés par le vote d’extrême-droite reviendront à l’adhésion à l’Europe. Mais c’est un pari doublement dangereux. D’abord parce que la mauvaise situation économique et le rejet des migrants se nourrissent souvent l’un l’autre et ensuite parce qu’une telle stratégie entre dans la logique des partis d’extrême-droite qui, sur le plan sécuritaire, sont toujours prêts à jouer la surenchère avec succès.

Logique perdante
L’incapacité européenne de dépasser sa logique du rejet de toute action publique pour soutenir directement l’économie réelle, de « politiser l’économie », est donc lourde de conséquence. Elle provoque une incapacité de l’Europe à se donner les moyens de combler le fossé avec une partie de la population qui est cruciale pour sa survie. Cette incapacité entretient la peur de la sanction démocratique, qui paralyse, à son tour, tout projet de réelle réforme et alimente une focalisation sur les questions sécuritaires, là, précisément, où l’extrême-droite veut emmener le débat politique. C’est donc une logique perdante dans laquelle se trouvent l’UE et la zone euro. Et l’origine de cette logique perdante est bien d’origine économique.

 

Europe: Jean-Claude Juncker, toujours aussi crépusculaire

Par Ludovic Lamant publié sur Médiapart le 15/9

Le Luxembourgeois, malmené par le Brexit, a prononcé mercredi à Strasbourg un discours de rentrée en forme de plaidoyer pour une « Europe qui protège ». C’est une première étape pour « réunir l’Europe » menacée d’éclatement après le Brexit, en attendant le sommet de Bratislava vendredi.

Le commissaire européen Pierre Moscovici s’en était pris, la semaine dernière, à « une nouvelle pensée unique, défaitiste et paresseuse [selon laquelle] le projet européen est en train de mourir ». Il s’était vivement opposé, devant des journalistes français réunis à Bruxelles, à ce discours en vogue sur la « sclérose lente » de l’Europe dont se délectent les « populistes » de tout bord, convaincu que l’UE reste « une idée d’avenir ».

À écouter son patron, Jean-Claude Juncker, prononcer mercredi à Strasbourg les premières lignes de son traditionnel discours sur l’état de l’Union, il semble que le « défaitisme » menace de gagner aussi les plus hautes sphères du pouvoir bruxellois. « Je n’ai jamais vu aussi peu de bases communes entre États membres. Et si peu de secteurs dans lesquels ils acceptent de travailler ensemble », a prévenu d’entrée de jeu le président de la Commission, qui navigue pourtant dans les sphères européennes depuis une trentaine d’années.

« Je n’ai jamais vu des gouvernements nationaux à ce point affaiblis par les forces du populisme, et paralysés par le risque d’une défaite lors de prochaines élections », a poursuivi Juncker, alors que la France, les Pays-Bas et l’Allemagne organisent l’an prochain des élections législatives et/ou présidentielle. Le Luxembourgeois a évoqué une « crise existentielle » du projet européen. « Nous respectons et regrettons la décision du Royaume-Uni, mais l’existence de l’UE, en soi, n’est pas menacée », a-t-il toutefois nuancé plus loin, pour couper court aux prophètes de mauvaise augure.

Le patron de la commission, qui a pris la tête en octobre 2014, selon ses propres mots, de la « commission de la dernière chance », est passé maître dans l’art du diagnostic lugubre. Cela n’a pas échappé à Marine Le Pen, qui a raillé cet « éloge funèbre » de l’UE, tandis qu’Harlem Désir, secrétaire d’État aux affaires européennes, a parlé quant à lui d’un « constat lucide de la crise de l’Europe ». En janvier 2016, le Luxembourgeois avait déjà étonné des journalistes en évoquant sans détour les dégâts d’« une Europe en polycrise », en référence tout à la fois au terrorisme, à la crise de l’euro, à la poussée des extrêmes droites ou encore à celle des migrants.

Ces sorties déprimées de Juncker, qui ont le mérite de la franchise, font écho aux propos tenus par Frans Timmermans, numéro deux de la Commission, dans un bref essai publié en septembre en France, Fraternité (éditions Philippe Rey). Le Néerlandais, très proche de Juncker, y va lui aussi de son état des lieux dévastateur : « À cet enchevêtrement de crises, qui touchent spécifiquement, et très durement, la classe moyenne dans le monde occidental, voici que vient s’ajouter maintenant la crise des réfugiés. C’est presque ce qu’on appelle en anglais a perfect storm, une “tempête parfaite”. Toutes les plaies d’Égypte semblent s’être donné rendez-vous. Voilà où nous en sommes. »

Les 45 minutes du discours de rentrée de Juncker étaient très attendues dans la « bulle » bruxelloise. Elles constituent la première étape, dans l’attente du sommet de Bratislava vendredi (où les 27 chefs d’État et de gouvernement se retrouveront, en l’absence de la Britannique Theresa May), pour enclencher une dynamique collective après le séisme du Brexit fin juin. Ce travail de fond – qui reste encore flou – est censé déboucher sur une contribution qui pourrait marquer les esprits, au moment des cérémonies des soixante ans du traité de Rome de mars 1957, ce texte qui avait donné naissance à la Communauté économique européenne (CEE).

Ce discours devait aussi lui permettre de reprendre la main, alors que la commission Juncker a perdu beaucoup de sa splendeur au cours des derniers mois. La crise des réfugiés, et les « quotas » qu’elle a proposés, ont braqué nombre de capitales à l’est. Lors du Brexit, Juncker a été mis directement en cause par certaines capitales, qui ont évoqué sa démission. Quant à ses relations avec la CDU-CSU, le puissant parti conservateur d’Angela Merkel en Allemagne, elles ne sont pas au beau fixe, alors que Juncker plaide pour le maintien de Martin Schulz, un social-démocrate allemand, à la tête du Parlement européen jusqu’à 2019 (Schulz est censé quitter son siège de président à mi-mandat, en janvier 2017, conformément à l’accord de la « grande coalition » entre conservateurs et sociaux-démocrates à Bruxelles).

Sur le fond, Juncker a changé de stratégie, par rapport à son discours bien plus virulent de 2015, devant les mêmes eurodéputés. Il a pris soin, cette fois, de n’évoquer qu’à la marge les sujets qui fâchent, par exemple la relocalisation des migrants (que certains États boudent) ou encore les dossiers très sensibles de libre-échange (préférant, plutôt que de s’appesantir sur les négociations de libre-échange pourtant considérées comme des priorités au sein de la Commission, mais qui cristallisent les oppositions, mettre en avant la lutte contre le dumping dans le secteur de l’acier chinois…). Pas un mot non plus sur le départ de son prédécesseur José Manuel Barroso à Goldman Sachs, Juncker ayant annoncé quelques jours plus tôt qu’il avait enfin demandé l’avis du comité d’éthique interne à la Commission.

Afin de « réunir l’Union », le Luxembourgeois a préféré insister sur les chantiers d’une Europe sociale encore à construire, à même de « protéger » les citoyens : « Il faut nous mettre au travail » pour éviter le délitement de l’Union, a-t-il lancé aux élus, oubliant peut-être qu’il est déjà en poste depuis deux ans. Sur le fond, Juncker, en pro-européen convaincu, continue de miser, sans surprise, sur le renforcement des régulations européennes pour sortir le continent du marasme, quand son partenaire (et concurrent) Donald Tusk, le président du Conseil européen (qui représente la voix des États membres à Bruxelles), n’hésite plus de son côté à parler d’éventuels rapatriements de pouvoir, de Bruxelles vers les capitales, en réponse au Brexit (lire sa lettre d’invitation pour le sommet de Bratislava (pdf, 88.7 kB)). Le débat devrait s’intensifier dans la capitale belge dans les semaines à venir.

« Toute entreprise doit payer ses impôts là où ses bénéfices sont générés »

Voici certaines des priorités pour l’année à venir, plutôt consensuelles, énumérées par Juncker mercredi, censées prémunir l’Europe du risque d’éclatement :

  • Le « plan Juncker » doublé. À l’origine, c’était une enveloppe de 315 milliards d’euros (en fait une vingtaine de milliards d’argent public) qui devait réveiller l’économie européenne et créer des emplois. Mercredi, Juncker a proposé de doubler le fond, pour un total de 630 milliards d’euros d’ici à 2022 (lire notre décryptage de la mécanique du premier « plan Juncker » ici).
  • La lutte contre l’évasion fiscale. « Toute entreprise doit payer ses impôts là où ses bénéfices sont générés », a déclaré Juncker, qui a pourtant dirigé pendant 18 ans un pays très connaisseur des techniques d’« évitement fiscal ». Quoi qu’il en soit, après la spectaculaire décision de la commission sur Apple, qui devra payer 13 milliards d’euros d’impôts à l’Irlande (lire l’article de Dan Israel), il y a de fortes chances pour que l’exécutif européen tente de maintenir cette dynamique constructive. « Nous avons un momentum sur les sujets fiscaux qu’il ne faut pas lâcher », juge de son côté Pierre Moscovici, l’un des commissaires chargés du dossier, qui devrait présenter de nouveaux textes sur le sujet à l’automne.
  • La flexibilité du « pacte de stabilité ». Juncker est revenu entre les lignes sur sa décision, durant l’été, de ne pas sanctionner l’Espagne et le Portugal, qui sont pourtant largement hors des clous des sacro-saints déficits publics. « Nous devrions essayer de soutenir, et non de punir, ceux qui s’efforcent d’accomplir des réformes », a-t-il dit, s’en prenant à certaines capitales (Berlin et ses alliés) qui feraient une lecture « dogmatique » des règles budgétaires. En interne, le sujet continue de diviser les commissaires (ils sont cinq à plaider pour des sanctions, contre une vingtaine sur la ligne Juncker plus souple, dont Moscovici).
  • La révision de la directive sur les travailleurs détachés. Juncker a réaffirmé la nécessité d’avancer, même s’il sait le terrain miné, sur ce dossier très sensible en France comme en Allemagne à l’approche des élections. La commissaire aux affaires sociales, Marianne Thyssen, a décidé cet été d’ignorer une première « alerte » des pays d’Europe centrale et orientale, qui sont eux très opposés au texte. Le dossier va faire son entrée, cet automne, au Parlement européen (lire notre article).
  • Moins de bureaucratie. La politique du « mieux réguler » (better regulation, dans le jargon), martelée par Juncker et son numéro deux Timmermans depuis l’automne 2014, reste une priorité. Mais elle est toujours aussi contestée par ses nombreux adversaires, en particulier chez les eurodéputés, qui y voient surtout une manière de vider l’activité du Parlement européen, voire de renforcer la dérégulation à travers l’Europe… Sur ce point, Juncker semble décidé à ne pas changer de cap (lire notre enquête)
  • Vers une Europe de la défense? Juncker a fait allusion à une disposition du traité de Lisbonne, qui autorise la mise en commun de certaines des capacités de défense des États membres. Le Luxembourgeois n’a fait que reprendre une idée déjà avancée par le couple franco-allemand en septembre, et qui pourrait être débattue lors du sommet de Bratislava.

Il reste, si Juncker veut être crédible, à concrétiser au plus vite certaines de ces annonces. Au-delà des discours, les Européens exigent désormais des « preuves d’amour » concrètes, selon l’expression de l’eurodéputée socialiste Isabelle Thomas. Juncker va devoir en donner, s’il ne veut pas rester associé à ses seules sorties déprimées et lucides sur le marasme européen.

Avoir le courage de dire que l’austérité ne fonctionne pas

Il faut avoir le courage de dire que l’austérité ne fonctionne pas

A l’occasion de la parution de son portrait dans son numéro du 7 septembre, lesinrocks publie l’entretien que le rédac chef adjoint à “La Tribune”, Romaric Godin, leur a accordé. Échec de l’économie classique, irrationalité des politiques d’austérité, traitement médiatique de la crise… L’”éconoclaste” se lâche.

http://www.lesinrocks.com/2016/09/07/actualite/romaric-godin-faut-courage-de-dire-lausterite-ne-fonctionne-11860227/

Scènes de guerre en zone de paix

ARIS MESSINIS PRIMÉ À VISA POUR L’IMAGE :   Le photographe de l’Agence France-Presse (AFP) Aris Messinis, de nationalité grecque, a remporté le Visa d’or « News » du festival international de photojournalisme Visa pour l’image de Perpignan, pour son travail sur l’arrivée massive de migrants sur l’île de Lesbos (Grèce) en 2015. « J’ai documenté leur lutte pour une vie meilleure », a déclaré Aris Messinis en recevant le prix samedi 3 septembre à Perpignan, lors de la soirée de clôture de la semaine professionnelle du festival.

Aris termine par cette phrase : « Il faut que le monde entier voie cela. Ça ne va pas s’arrêter. Ils vont continuer à arriver, en risquant tout. La météo ne va pas tarder à s’aggraver, et ça va devenir bien pire avec l’hiver. Peut-être que si on continue à montrer ces images, quelque chose changera. C’est mon espoir. »

Voir le site : https://making-of.afp.com/scenes-de-guerre-en-zone-de-paix    Cela vaut la peine d’y aller

Il faut avoir le courage de lire en totalité cet article et le diaporama et après les larmes… la honte et la colère

 

 

Translate »